à‰thique et pratiques communicationnelles de l' Eglise catholique pour la pacification de l'espace public au Burkina Faso( Télécharger le fichier original )par Anicet Laurent QUENUM Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maà®trise en sciences de l'information et de la communication 2003 |
CHAPITRE IIJUSTICE, VREITE ET RECONCILIATION : MODELE DE PACIFICATION DE L'ESPACE PUBLIC AU BURKINA FASO, de 1998 à ce jour2.1 Contribution de l'archidiocèse de Bobo-Dioulasso à l'arbitrage des conflits socio-politiques et à la pacification de l'espace public, au Burkina FasoLa démocratie n'est pas un système sans histoires. Loin s'en faut ! Son avènement en Afrique a déglingué le fonctionnement des structures existantes et exposé les citoyens à de nouvelles turpitudes : violences post-électorales, alternance difficile, blocage de la vie institutionnelle, guerres tribales et ethniques, etc. L'exercice de la démocratie comprise comme expression des contradictions idéologiques et politiques et mode de gestion des tensions sociales et politiques exige en permanence un arbitrage transparent et un système équitable de délibération politique. C'est une très lourde responsabilité qui est souvent revenue ces dernières années à l'Eglise catholique qui s'est donnée pour vocation d'apporter une culture de paix dans un monde si heurté. Le Burkina Faso n'y a pas échappé ainsi qu'on a pu le constater à l'occasion du règlement de la crise socio-politique née de l'assassinat le 13 décembre 1998, du journaliste et directeur de publication de « l'indépendant », Norbert ZONGO et de trois de ses compagnons. La fracture sociale qui en résulte a profondément ébranlé la stabilité et la cohésion sociales après sept mois de perturbations dans tous les secteurs de la vie nationale. C'est dans ce contexte et dans une perspective de sortie de crise qu'il a été décidé la création d'un organe dénommé Collège de Sages60(*) chargé d'oeuvrer à la réconciliation nationale en vue de rétablir la paix sociale gravement menacée. Le traitement proposé par le collège des sages repose essentiellement sur le triptyque Vérité, Justice et Réconciliation : une démarche d'apaisement assortie cependant de quelques préalables énoncés en ces termes : « la recherche de paix passe par la manifestation de la vérité et l'expression de la justice. Aussi, concernant les crimes de sang, est il nécessaire que les coupables soient identifiés et les mobiles établis. L'aveu ou la reconnaissance des faits et la demande de pardon faciliteront la mise en oeuvre des réparations qui font de la démarche humaine pour réconciliation. Il faudra de la volonté, du courage et de l'humilité tant du coté des victimes que du coté des coupables. Le collège de Sages prenant en compte tout ce dont notre peuple a souffert, recommande la non application de la peine de mort comme sanction »61(*) Chacun aura compris le souci de ne pas reproduire le schéma de Caïn et d'Abel dans la bible62(*). Ainsi qu'on peut le lire sous la plume du théologien congolais Ka Mana, « il est d'ailleurs significatif que Dieu refuse de livrer Caïn à la vengeance des hommes, c'est-à-dire au cycle infernal d'une violence qui se perpétuerait elle-même et se multiplierait à l'infini »63(*) A travers cette thérapie, on reconnait peu ou prou la main de l'Eglise catholique représentée dans cette instance par deux prélats : Anselme T. SANON archevêque de Bobo-Dioulasso, et Paul OUEDRAOGO, évêque de Fada. Cette expérience du Collège des Sages a révélé et inauguré au pays des hommes intègres, une démarche d'arbitrage politique et de pacification de l'espace public fondée sur les trois valeurs suivantes : justice, vérité et réconciliation. * 60 Suite aux violentes aux violentes réactions suscitées par le drame de Sapouy le 13 décembre 1998, il a été institué une commission d'enquête indépendante chargée de mener toutes les investigations devant permettre de déterminer les causes de la mort de Nobert ZONGO ET DE SES COMPAGNONS ; Cette commission a déposé ses conclusions le 07 mai 1999. Mais loin de participer à la description escomptée du climat social, les résultats de l'enquête déclencheront davantage de troubles. Pour faire face à la situation, le président du Faso a adressé un message à la notion le 21 mai 1999 en vue de livrer son analyse des évènements les mesures qu'il a décidé aux fins d'endiguer la crise. Parmi ces mesures la décision de créer un Collège des Sages chargés de passer en revue, dans les meilleurs délais, tous les problèmes pendants de l'heure et de proposer des recommandations à même d'emporter l'adhésion de tous les protagonistes de la scène politique nationale. Faisant suite à son message, le chef de l'Etat a pris le décret n099-158/PRES du 1er juin 1999 instituant le collège des sages composé : de trois anciens chefs d'état, huit notabilité religieuses et coutumières et cinq personnes ressources. * 61 Rapport du collège des Sages * 62 Abel et Caïn sont les deux fils d'Adam et Eve. Caïn le premier né « cultivait le sol », « Abel devint pasteur de bétail » le temps passa et il advint que Caïn présenta les produits du sol en offrande à Yahvé et qu'Abel de son coté offrit les premiers né de son troupeaux et même de leur graisse. Or, Yahvé agréa Abel et son offrande. Mais, il n'agréa pas Caïn et son offrande, et Caïn en fut très irrité et eut le visage abattu. Caïn dit à son frère Abel : «allons dehors et, comme ils étaient en pleine compagne, Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua (Genèse 4, 1-9) * 63 M.KA, Théologie africaine pour temps de crise, christianisme et reconstruction de l'Afrique, Karthala, 1993 |
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