3. Problématique et Objectif de
l'étude
La littérature développée sur le secteur
informel au Burundi se limite davantage aux aspects
économiques, notamment à l'élargissement de l'assiette
fiscale (ISTEEBU, op.Cit., p.4), d'une part, et son mal encadrement (CSLP,
2006, p.24; Rutake P. et Ranguza I., 1991 p.19) d'autre part.
Aussi à travers la lecture des
différents plans quinquennaux, ainsi que les
stratégies globales du développement du Burundi, il y a lieu de
remarquer que le gouvernement burundais n'a pas encore défini clairement
le rôle que joue le SI. Celui-ci n'a jamais été pris en
considération comme un domaine pouvant relever le niveau de
développement économique, social et technique du pays (KWIZERA
Bénita, 2009, p.17) alors qu'il peut être considéré
comme un moyen de diminuer le problème du chômage et de la
pauvreté grandissant (COREKE Jeanne, 2004, p.2). L'importance
accordée au S.I actuellement s'explique par le fort taux de croissance
de la population urbaine.
La population nouvellement installée doit trouver ses
propres moyens de survie, car ni la fonction publique, ni l'industrie ne sont
en mesure de l'accueillir (CURDES, 1987, p.16).
De plus, l'accroissement de l'emploi urbain, en attirant la
population rurale entraînerait une augmentation du chômage. Plus le
taux de création d'emplois urbain sera élevé, plus le taux
de chômage et de migration augmenteront (TODARO M., 1969, pp.138-148).
En nous appuyant sur les idées de K. Polanyi sur les
dynamiques de changement social ainsi que les mouvements de résistance
des acteurs populaires, notre approche du SI propose de mettre en
évidence son effort potentiel de créer des emplois, de
suppléer au revenu contribuant ainsi aux efforts de développement
endogène et autocentré.
En effet, les activités sur le marché du travail
sont profondément encastrées dans les relations sociales, la
majorité des individus trouvant leur emploi par relations (K. POLANYI,
1983, pp.77-79). Le développement par la modernisation, n'a pas
réussi à désencastrer l'économie de la
sphère sociale. La structure du lien social implique que les
interactions individuelles s'inscrivent dans des structures plus vastes,
créées par des normes et des institutions. Les individus ou les
ménages s'adonnent à des pratiques d'économie populaire
comme activités économiques d'appoint.
C'est donc par l'impossibilité pour l'Etat de
satisfaire une demande sociale forte en matière d'emploi au Burundi, que
le SI de par sa capacité réelle ou supposée à
générer des emplois et des revenus pour une frange importante de
la population, peut constituer aujourd'hui une solution au problème
récurrent du chômage et de la pauvreté.
Objectif de l'étude
Notre recherche vise à mieux approfondir la
connaissance du secteur informel, à comprendre leur contribution
réelle à l'économie en terme de création d'emplois
et de revenus pour pouvoir résorber le chômage et lutter contre la
pauvreté d'une part, à suggérer aux autorités de
maintenir le potentiel de création d'emplois du secteur informel d'autre
part.
Comme, on le dit le plus souvent, on ne peut espérer
faire reculer la pauvreté et le chômage sans créer des
opportunités économiques pour ceux qui se trouvent au bas de
l'échelle socio-économique et qui sont les plus nombreux.
Ce travail nous permettra en outre de
répondre aux questions suivantes :
§ Le SI permet-il la résorption du chômage
et le supplément de revenu à ses membres?
§ Est-il possible de le faire disparaître dans la
mesure où ceux qui y vivent ne peuvent aller ailleurs ?
La réponse à ces questions viendra comme une
conséquence et une réponse populaire aux réalités
du milieu, une adaptation aux réalités de l'environnement social,
économique et politique et l'importance de ce secteur dans ce milieu
où le chômage et le sous-développement sont
considérés comme étant endémiques.
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