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Essai d'analyse du fonctionnement du secteur informel dans la diminution du chômage au Burundi : cas des activités informelles à  Bujumbura mairie

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par Faustin MULINDAHABI
Université Martin Luther King - Licence en gestion et administration des affaires 2010
  

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IV.2.2.2. Réponses obtenues après le travail de terrain

a) Analyse des réponses obtenues à travers le contenu du tableau ci-dessous

Dans les tableaux ci-dessous, nous mettons en évidence quelques cas illustratifs qui, à notre avis, prouvent que les activités informelles ont continué à marquer leur présence, en dépit des contraintes et faiblesses liées à leur fonctionnement. Non seulement ont-elles participé à la résorption du chômage, mais aussi et, au cas échéant, ont-elles supplée à la carence de revenu des familles pauvres.

Pour mettre clairement en évidence cette pérennité ou survivance, nous mettrons en parallèle quatre colonnes de contenus sous la forme « conflictuelle »: de gauche vers à droite, identification des sous-unités observées, expression de la volonté politique, formes de résistances des acteurs, et enfin nos propres observations : avec description du conflit et solutions trouvées.

Tableau no 14 : Accueil des différentes opinions des différentes personnes en

rapport avec la pérennité des activités informelles33(*).

1. Commerce ambulant

Sous-unités

Expression de la volonté politique

Formes de résistances des acteurs

Observations : Description du conflit et solutions trouvées

Commerce ambulant (carton, panier sur la tête, vendre au bord de la route et couturiers etc.)

- Revendication du droit à l'espace public par l'administration municipale de Bujumbura. (kugabanya akajagari mu gisagara)

-Nous ne pouvons pas quitter cet endroit parce que c'est là où nous gagnons notre pain quotidien, pour nous et pour notre famille.

-Il y a moyen de gagner la vie grâce à ce métier car il fait vivre de nombreuses familles.

(Annexe no1).

Confrontation incessante entre la police et les vendeurs ambulants dans les rues se trouvant aux alentours de marché central de Bujumbura et dans des quartiers. Etre chassé pour revenir, il s'agit donc d'un conflit entre le droit à l'espace public et le droit de survie. (Annexe no2)

Pour que cette activité perdure, les acteurs du SI adoptent les stratégies de : mobilité, pots de vin aux agents policiers.

Source : Les auteurs

2. Commerce des fruits et légumes (Tableau 15 : suite)

Sous-unités

Expression de la volonté politique

Formes de résistances des acteurs

Observations : Description du conflit et solutions trouvées

Commerce des fruits et légumes. (vendeuses à la sauvette autour du marché central de Bujumbura)

-Selon l'Administrateur de la commune urbaine de Rohero, l'effectif de ces femmes vendeuses est allé croissant et de préciser qu'avant, elles étaient évaluées entre 13 et 14 et que aujourd'hui elles arrivent à 800 femmes vendeuses. (MISIGARO Déo, 2010, p.17). Il continue en disant que, «Si elles refusent de quitter les trottoirs, nous allons utiliser la force ». (NKURUNZIZA Lyse, 2010, p.13)

(Annexe no3)

- « Nous sommes traquées continuellement par la police et nous travaillons la peur au ventre, mais je ne suis pas prête à quitter cet endroit ».

La décision de nous envoyer dans les marchés périphériques de la municipalité de Bujumbura ne peut pas nous permettre de survivre ; donc la clientèle de fruit se trouve plus au centre-ville qu'à la périphérie de la capitale.

-Aménagement de nouveaux stands du coté nord du marché central de Bujumbura « Le grenier du Burundi» mais une grande partie se voit inoccupé. (Annexe no4)

-Elles ne sont pas inquiétées par l'administration municipale. (Annexe no5)

Remarquons que ce n'est pas la première fois que la mairie accorde une trêve à ces vendeuses. La mesure de les chasser aux alentours de ce marché a toujours évolué en dents de scie. Tantôt, elles bénéficient de la compréhension de la mairie, tantôt elles souhaitent que les conditions dans lesquelles elles travaillent aujourd'hui soient perçues comme une approbation définitive de la mairie. Ainsi, elles auront fini d'être des acrobates.

Dans le cadre de pérenniser leurs activités, les commerçants, restent chaque fois prêts à fuir à l'arrivée des agents policiers de peur de confisquer leurs biens (marchandises).

3. Transport : vélos et de taxis-motos (Tableau 15 : suite)

Sous-unités

Expression de la volonté politique

Formes de résistances des acteurs

Observations : Description du conflit et solutions trouvées

Transport : vélos et de taxis-motos

- En 2006, le Ministre des Transports a tenté d'interdire leurs activités mais cette mesure a suscité une vague de colère ainsi que des troubles sociaux au point que le Président du Burundi a été contraint de l'annuler (TRANS-AFRICA, 2009, p.18). En réalité, cette activité génère des revenus significatifs pour de nombreux Burundais dans un pays qui tente de se remettre de plusieurs années de guerre civile.

Nous sommes des chômeurs, nous n'avons pas d'autres moyens pour vivre. On nous a envoyé dans les banlieues de la ville, mais pas de clientèle. «Privés de moyens de subsistance, nous préférons travailler le matin avant que la police envahisse les routes » ont-ils déclaré.

Depuis des mois, les anciens conducteurs de taxi-vélo, accusés par les autorités, comme ses collègues, d'être la cause de trop nombreux accidents. Il leur interdit de circuler en ville. Malgré la décision prise, en sillonnant les routes de la ville, on remarque que ces transporteurs continuent à fonctionner.

4. Petits Restaurants (Tableau 15 : suite)

Sous-unités

Expression de la volonté politique

Formes de résistances des acteurs

Observations : Description du conflit et solutions trouvées

Petits Restaurants

Les commerçants alimentaires ignorent les règles élémentaires d'hygiène et de salubrité.

 (Annexe no6)

La vie n'est pas du tout facile pour certaine famille vivant en mairie de Bujumbura. Ainsi pour pouvoir vivre et faire vivre nos familles, nous nous débrouillons en plantant des petits restaurants sur des lieux où passent et travaillent beaucoup de gens même si ce n'est pas permis par le service d'hygiène. Bien que cela soit fatiguant, nous parvenons à assurer la vie de nos familles.

Dans des quartiers comme au côté de marché central de Bujumbura et celui de Ruvumera, des restaurants poussent comme des champignons. Condition d'hygiène précaire: utilisation de récipients très impropres comme nous l'avons constaté dans certains restaurants et cabarets. Les propriétaires travaillent dans la clandestinité, en mettant les repas dans des petits sceaux avant de les acheminent vers le lieu de travail de leurs clients.

5. Droit d'auteur (audiovisuel) (Tableau 15 : suite)

Sous-unités

Expression de la volonté politique

Formes de résistances des acteurs

Observations : Description du conflit et solutions trouvés

Droit d'auteur (La lutte contre la contrefaçon et la piraterie34(*): cas des oeuvres musicales et films)

La législation relative au droit d'auteur est la Loi N°1 / 021 du 30 décembre 2005 portant protection du Droit d'auteur et des droits voisins au Burundi.

- « Depuis deux ans, j'étais sans emploi. Aujourd'hui Dieu merci, je travaille et je ne peux pas arrêter cette activité. Pour moi, c'est une passion et ça donne beaucoup d'argent sans que je ne sois obligé de faire beaucoup d'effort. et je sens que ça va continuer à bien marcher ».

Les vendeurs des produits sur le marché illégal des oeuvres musicales ou films sont observés dans les rues de la ville de Bujumbura, d'autres sont installés dans le marché central, d'autres dans les kiosques.

La majorité des « vendeurs »35(*) sont en général les plus jeunes. Ils n'exercent que cette activité au quotidien et sont des vendeurs ambulants. Un sac au dos et des CD, DVD,VCD en main, ils écument tous les milieux à la recherche des clients (bars, restaurants, domiciles, marchés, etc). De temps en temps, ils sont interpellés par quelque passant intéressé. A l'interpellation, ils s'arrêtent et vont vers le passant. Celui-ci leur demande s'ils ont le produit qu'il souhaiterait acheter, ou encore il parcourt les différents produits disponibles, et s'il est intéressé, il en achète. Au cas contraire, il passe la commande ou laisse le vendeur s'en aller, attendant un prochain vendeur qui passerait par là. Ils font des déplacements incessants pour échapper aux agents de la police tout en gardant leur produit dans des petits sacs.

6. Les changeurs de monnaie (Tableau 15 : suite)

Sous-unités

Expression de la volonté politique

Formes de résistances des acteurs

Observations : Description du conflit et solutions trouvées

Les changeurs  de devises de la zone dite "d'échange préférentiel", située au centre-ville de Bujumbura, sur le boulevard du Prince Louis Rwagasore et autour du marché central.

La loi de 2006 de la BRB oblige les changeurs à opérer dans des bureaux officiels« Bureaux de change : FOREX » et à verser des redevances à l'État.

«L'économie informelle est principale cause des fuites fiscales, ses mouvements monétaires sont invisibles, ces opérations ne laissent aucune trace. La majorité de leurs opérations ne sont pas enregistrées et donc non imposables. L'Etat y perd beaucoup car les bureaux de change ne déclarent que les devises qu'ils retirent de la BRB ».( MADIRISHA Edouard, 2009, p.7)

Il nous est difficile de louer un bureau de change faute de moyens, et nous préférons rencontrer nos clients à leurs lieux de travail, par exemple au parking des agences de transport international des biens et des personnes.

Chaque jour, du matin au soir, on rencontre un grand nombre des changeurs de monnaie en tenant des sachets noirs pleins de devises guettant en tous sens, en quête d'un client potentiel. Et pour surveiller l'arrivée des éléments de la police nationale qui ramassent les liasses de billets et emprisonnent les changeurs.

Certains de ces bureaux sont vides. On n'y voit que des chaises et un tableau noir où s'affiche le cours de change du jour de la Banque centrale qui sert de référence. Ils travaillent en clandestinité, en se métamorphosant en commerçants ordinaires ou en se déguisant comme s'ils sont des simples passants. La coopération avec ceux des banques leur permet de trouver facilement du capital.

7. Eleveurs (Tableau 15 : suite)

Sous-unités

Expression de la volonté politique

Formes de résistances des acteurs

Observations : Description du conflit et solutions trouvés

Eleveurs 

Les Propriétaires des vaches en situation de « déplacées de guerre » dans la Municipalité de Bujumbura.

L'Ordonnance ministérielle n° 730/710/770/307/CAB/2006 du 11/04/2006 portant « Mesures d'évacuation du bétail dans les Communes urbaines de la Municipalité de Bujumbura » à compter du premier mai 2006 ; elle donne ordre aux éleveurs d'acheminer leur bétail (près de 15 000 bêtes selon le gouvernement)36(*)au site aménagé entre les transversales 13 et 16 à Maramvya, Commune Mutimbuzi, avec double motif que la présence de leurs bovins constituerait un facteur de pollution du Lac Tanganyika et détruirait en même temps l'environnement.

(Annexe no7)

De leur avis, les éleveurs disent que, rien ne justifie l'acharnement contre les vaches qui viennent de passer plus de 12 ans dans la Capitale, et cela, par les autorités qui devraient normalement s'investir pour protéger le peu de vaches ayant survécu à la guerre.

Nous devons absolument le dire, cette attitude contredit le programme annoncé par le Gouvernement actuel qui place le repeuplement du Cheptel parmi les priorités des priorités, déclarent les éleveurs.

Malgré l'interdiction d'installation du Cheptel bovin dans la zone de la Rukoko historiquement réservée à cette activité et la demande à l'Administration et au Commandant de la police de l'Environnement, tous les deux en charge de la gestion de cette zone d'agir pour faire respecter cette loi(remise en état des espaces naturels et de la biodiversité).

Les éleveurs tiennent à rappeler qu'avant la crise, leur Cheptel occupait, pour la plupart, la partie de la réserve RUKOKO aménagée, depuis l'époque de la Monarchie, pour l'élevage.

Les éleveurs sont convaincus que rien ne justifie le déplacement systématique des vaches en stabulation permanente. Certains éleveurs n'ont pas acheminé leurs bétails vers Maramvya en préférant de les garder dans leur clôture dans la Capitale qui semblait plus rassurante.

8. Exploitations de gravier et moellon. (les extracteurs de gravier et de moellon dans les rivières) (Tableau 15 : suite)

Sous-unités

Expression de la volonté politique

Formes de résistances des acteurs

Observations : Description du conflit et solutions trouvés

Extraction du gravier, du moellon de rivière et du sable

Au Burundi, l'Etat est préoccupé par la protection et l'amélioration de l'Environnement, d'où la promulgation de la Loi n°1/010 du 30/06/2000 portant Code l'Environnement de la République du BURUNDI.

La prévention en vue de la protection de l'Environnement s'observe aussi, dans le domaine de la recherche minière et d'exploitation des carrières ou des mines. C'est ainsi que le Code pénal de l'Environnement prévoit, En outre, les travaux, ouvrages et aménagements le long des cours d'eau et des lacs doivent être conçus de manière à ne pas porter atteinte aux ressources naturelles situées dans les eaux sous juridiction burundaise.

Ce travail nous procure un revenu non négligeable afin de subvenir à nos besoins .Nous risquons de mourir de faim une fois arrêter ce travail malgré les conséquences.

Annexe no 8

Constatation des activités d'exploitations de gravier et moellon d'une manière désordonnée dans la rivière Ntahangwa devenue un véritable chantier. Arriver là, on est accueilli par des camions entrain de charger du moellon et du sable extraits sur place, malgré la destruction du lit de cette rivière causant d'érosion. Or, l'article 35, qui dit que les travaux de recherche minière et d'exploitation des carrières ou des mines, entrepris conformément à la législation minière, doivent être organisés dans le strict respect de l'équilibre environnemental et que les permis, autorisations ou concessions de recherche ou d'exploitation des carrières ou des substances concessibles ne peuvent être octroyés que dans le respect des exigences imposées par la procédure d'étude d'impact.

Les stratégies prises pour pérenniser cette activité malgré son interdiction, ils collaborent avec les autorités en place, en leur offrant de pot de vins.

* 33 Cas des activités informelles différentes existant depuis son interdiction dès 2000 jusqu'au mois de

Mars 2010.

* 34 · La piraterie : c'est la reproduction non autorisée d'enregistrements originaux, pour le gain commercial, sans le consentement du propriétaire des droits. La présentation des copies pirates diffère des albums originaux. Les copies pirates sont souvent des compilations, par exemple les «meilleurs tubes » d'un artiste spécifique, ou une collection d'un genre spécifique, comme les compilations « danse ».

Les contrefaçons : les contrefaçons sont copiées et présentées de façon à ressembler d'aussi près que possible à l'original. Les marques et logos du producteur original sont souvent reproduits pour abuser le consommateur et lui faire croire qu'il achète un produit légitime.

* 35. Le développement exponentiel des activités informelles et/ou illégales dans la mairie de Bujumbura, comme nous l'avons constaté, peut être appréhendé comme un indicateur de l'exode rural au profit de cette ville, et surtout comme une manifestation du dynamisme des jeunes qui s'y trouvent. Dans cette chaine de distribution et de vente, les distributeurs s'occupent du recrutement des vendeurs. Ils gèrent ces vendeurs suivant des contrats verbaux qui stipulent que le vendeur doit à la fin de chaque soirée, verser une certaine somme d'argent. Le recrutement de ces vendeurs est un recrutement basé sur des critères subjectifs de lien d'amitié, de lien de famille. En quelques mots, pour être recruté par un distributeur, il faut « passer par quelqu'un ». Selon E. (distributeur), «nous prenons ces précautions parce qu'il faut travailler avec des personnes de confiance. Si vous prenez n'importe qui, il peut vous faire foirer le business». Le lien social apparaît dans ce cadre comme un déterminant prégnant dans le marché illégal des oeuvres musicales et films.

* 36. http://www.syfia-grands-lacs.info, consulté le 25/5/2010

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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite