IV.2. Analyse et
interprétation des informations obtenues
IV.2.1. Résultats obtenus lors de la
vérification de la première hypothèse
IV.2.1.1. Recherche documentaire
Les facteurs explicatifs du lien entre l'expansion du secteur
informel et la lutte contre le chômage sont d'une part, la
croissance de la population active suite à des facteurs
démographiques et, d'autre part, l'incapacité du secteur
d'économie moderne de fournir du travail à une population active
en plein essor. Les possibilités d'emploi offertes par le secteur formel
étant très faibles, la population se retrouve donc par contrainte
dans le secteur informel.
En effet, le S.I. n'a cessé d'enregistrer de nouvelles
recrues appartenant à toutes les tranches d'âge et provenant des
villes comme des campagnes. De plus, la part de l'emploi informel est plus
élevée dans les régions les plus pauvres des pays en
développement, notamment l'Asie du Sud, l'Afrique subsaharienne et
l'Asie du Sud-Est. En Inde par exemple, en 1999-2000, la part de l'emploi
informel était de 76,7 pour cent en région urbaine et de 94,8
pour cent en zone rurale (SAKTHIVEL S.; JODDAR Pinaki, 2006, pp.2107-2114). En
RDC, en 2000, les statistiques ont fait état de 98% de la population
active qui était directement frappée par le chômage, le
S.I. a réussi pour sa part à prendre en charge 72% de la
population active en lui offrant un emploi ou auto-emploi précaire
soit-il (P. LUWANSANGU, 2006, p.12). Au Cameroun en 2006, les emplois sont tous
autant prépondérants dans ce secteur, plus de 90% des actifs
occupés y étaient employés.
Au Burundi, la population active était estimée
à 2 765 945 en 2000. Elle est probablement près de
3 000 000 en 2007 (BIHUTE D., 2007, p.8). Le marché de
l'emploi au Burundi est caractéristique d'une forte pression
démographique où le secteur parapublic aussi n'est pas
très dynamique: de 1990 à 2004; il n'a créé que
7587 emplois ne représentant que 0,89% de la population active (MUZANEZA
V., 2007, p.8).
Les 47.785 unités de production informelles des
activités marchandes non agricoles de Bujumbura emploient 83.332
personnes (ISTEEBU, op.cit, p.4). Ainsi,
l'enquête sur l'emploi a permis de dénombrer qu'au début de
2006, Bujumbura Mairie comptait environ 57.000 unités de production
informelles représentant près de 80% des emplois de la capitale
(ISTEEBU, ibidem, p.22).
IV.2.1.2. La description
des unités d'observation et la méthode des proportions
a) selon l'origine des répondants
Au total, 92 questionnaires ont été posés
aux opérateurs, 40 aux bénéficiaires et 10 aux
autorités administratives. Toutes les questions n'ont pas
été répondues. Chez les opérateurs, seuls 84 sur 92
répondants ont donnés leurs feed-back (soit un taux de 91,3%). 3
sur 10 soit 30% côté administratifs et 22 sur 40 soit 55%
coté bénéficiaires.
Tableau no 6:
Questionnaires posés répondus et non répondus
Catégories d'interlocuteurs
|
Taux de réponses
|
Facteurs explicatifs de faible/ forte taux de
réponses
|
Rép.
|
Non Rép.
|
Tot.
|
« Opérateurs » ou
propriétaires des unités de production
|
84
|
8
|
92
|
- Suspicion,
- Manque d'ouverture,
- Manque de temps,
- Peur d'être attrapés par les agents
policiers,
- La persécution par la loi,
- L'instabilité
|
Autorités administratives
|
3
|
7
|
10
|
- Ne disposent pas assez d'informations
pertinentes ou fiables sur les activités
informelles,
- Indisponibilité quasi-permanente des
informateurs (occupation constante).
|
Bénéficiaires
|
22
|
18
|
40
|
- N'acceptent pas de donner les informations
sur les factures payées;
- La peur d'être attrapé par leurs patrons;
- Fréquentation des lieux
soir (marché), ou
en cachète pour les uns.
- Problème d'emplacement,
|
Toutes catégories
|
109
|
33
|
142
|
|
TAUX MOYEN:
|
58,8%
|
41,2%
|
100%
|
|
Source: Les auteurs
Légende : Rép:
Répondants, Non Rép : Non Répondants, Tot :
Total
Le tableau no7 montre que le total de 142
questionnaires qui ont été distribués, 109
représentant 58,8% ont été récupérés,
ce qui nous a encouragé à continuer notre travail et à
analyser les données. Pour analyser correctement les données
recueillies, nous avons chiffré les réponses obtenues dans les
tableaux, la fréquence des répondants étant retranscrits
en colonnes et leurs réponses en lignes. Les réponses sont
analysées et interprétées statistiquement en termes de
pourcentage.
En tout état de cause, l'échantillon
observé présente les caractéristiques principales
suivantes :
b) selon le genre
Concernant les opérateurs interviewés (92
unités), le premier constat est que le monde informel dans le domaine
production, commerce et service présente une prédominance
masculine à hauteur de 57,61% contre 42,39% du sexe féminin
(où elles font de la coiffure, de la couture, transformation
alimentaire, etc.). La présence féminine est plus manifeste dans
le domaine commercial avec 70,45% où les femmes s'activent le plus dans
les activités de la restauration, de la gestion de tables de
petit-déjeuner, beignets, dans la vente de légumes et de
condiments, de produits maraîchers, etc.
L'enquête, comme en témoigne le tableau qui suit,
fait ressortir le caractère hétérogène du secteur
informel. La diversité se manifeste à tout point de vue.
Tableau no7 : La
composition du secteur informel du point de vue genre.
Sexe
|
Effectif
|
Total
|
%
|
Opérateurs
|
Bénéficiaires
|
Aut. adm.
|
Prod.
|
Comm.
|
Serv.
|
Prod.
|
Comm.
|
Serv.
|
Féminin
|
4
|
31
|
4
|
4
|
17
|
3
|
2
|
65
|
45,8
|
Masculin
|
17
|
13
|
23
|
5
|
3
|
8
|
8
|
77
|
54,2
|
Total
|
21
|
44
|
27
|
9
|
20
|
11
|
10
|
142
|
100
|
Source : Les auteurs
Légende: Prod.: production ;
Comm.: commerce ; Serv.: service ; Aut. adm.: Autorités
administratives
En ce qui concerne les bénéficiaires, les femmes
sont demandeuses des biens et services du S.I. à l'échelle de 24
sur 40 soit 60% que les hommes avec 16 sur 40 soit 40%. La prédominance
féminine est très remarquable dans le domaine commercial alors
que les hommes dominent dans le domaine « production et
services». Des revenus additionnels sont nécessaires
pour subvenir aux besoins des familles et contrer l'augmentation du coût
de la vie et ce sont eux qui s'occupent de sa gestion. Le marchandage est un
rite qui joue sur la mouvance des prix. L'utilité du secteur est
observable aussi bien au niveau des populations de la mairie que des familles
des acteurs.
|