Sacerdoce du Christ comme sacrement de la miséricorde divine( Télécharger le fichier original )par Joseph TEMGA Grand Séminaire de Maroua - Fin cycle deThéologie 2006 |
II.1.2. Le grand prêtre, un ambassadeur des hommes auprès de Dieu (5,1b)Participant de la nature humaine et mis à part, le grand prêtre est « établi au bénéfice des hommes pour ce qui concerne Dieu » (He5,1b). Le verbe « ÷áèéóôáôù » utilisé par l'auteur, appelle une activité rituelle. Être établi, c'est faire un rite officiel qui confère à la personne « établie » une mission particulière. Le grand prêtre, autrement dit, est constitué, consacré officiellement pour une charge, par une institution authentique . C'est cette institution qui lui confère son statut particulier, son identité propre. Par elle, il participe au sacerdoce de Yahwé. C'est ainsi que la deuxième condition pour être grand prêtre selon l'auteur, est la consécration. Aaron après sa mise à part, fut consacré par Moïse à Dieu (Ex29). Il vit dans un cadre social différent, ayant des objectifs propres et de privilèges particuliers. Pour devenir grand prêtre, en effet, Aaron était soumis à de rites de consécration17(*) afin de passer du monde profane à celui du sacré. Et c'est par ce qu'il est « saint » qu'il peut s'approcher de la sainteté de Dieu représenté par le Saint des saints. Il etait soumis à un bain rituel en signe de séparation, de purification et de dépouillement. Ensuite il était revêtu de nouveaux vêtements et des ornements sacerdotaux qui témoignent de sa transformation et de son élévation vers Dieu. L'onction d'huile enfin l'imprégnait dans la sainteté même de Yahwé et sa prééminence sur tous ses frères : « Quant au prêtre qui a la prééminence sur ses frères, lui sur la tête duquel est versée l'onction d'huile et qui reçoit l'investiture en revêtant les habits sacrés, il ne déliera pas ses cheveux, il ne déchirera pas ses vêtements » (Lv 21,10). Tous ces rites faisaient du prêtre un homme séparé du reste et soumis à des règles de conduite plus rigoureuses. C'est ainsi qu'observe VANHOYE : « toutes ces cérémonies mettaient une distance infranchissable entre l'élu de Dieu et le commun des hommes, et cette distance devait ensuite être scrupuleusement maintenue, grâce à l'observation des règles strictes »18(*). Cette distance, loin de gommer la solidarité avec ses frères, était nécessaire pour garder la proximité de Dieu qui est trois fois saint. Étant considérés comme des premiers-nés offerts à Dieu, les prêtres sont les représentants de l'ensemble du peuple auprès de Dieu (cf. Nb3,12). Le signe le plus palpable est le port par le grand prêtre du pectoral contenant les pierres taillées au nom des douze tribus d'Israël (Ex 39, 14). Ainsi, « on n'est pas prêtre pour soi, tout de même qu'on n'est médiateur pour soi » observe DILLENSCHNEIDER19(*). Pour être un véritable médiateur ou mieux un intermédiaire, le grand prêtre doit être « accrédité auprès de Dieu » (3,2). Il est comme le pont qui relie les hommes à Dieu pour qu'ils bénéficient des grâces divines. Le grand prêtre doit par conséquent être un homme du peuple, c'est à dire rempli de compassion pour ses semblables et un homme de Dieu, accepté dans l'intimité de Dieu. « Seul est prêtre celui qui est à la fois lié intimement aux hommes par toutes les fibres de la nature humaine et pleinement accrédité auprès de Dieu » 20(*). Cette situation intermédiaire du prêtre est loin d'être son mérite, elle lui est conférée par Dieu. * 17 cf. Ex 29,4-9 ;40,12-15 * 18 VANHOYE A, op. cit., p 90. * 19 DILLENSCHNEIDER C, Le christ, l'unique prêtre et nous ses prêtres, t.1, Paris, Alsatia, 1960, p.38 * 20 VANHOYE A, in Cahiers Évangile n°19, op. cit., p. 40 |
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