Sacerdoce du Christ comme sacrement de la miséricorde divine( Télécharger le fichier original )par Joseph TEMGA Grand Séminaire de Maroua - Fin cycle deThéologie 2006 |
III.2. Le sacrifice du Christ : accomplissement du sacerdoce (vv. 7-8)L'auteur a défini plus haut que la caractéristique de l'office sacerdotal consiste à offrir des dons et des sacrifices pour le péché (He5,1). Dire que Jésus est grand prêtre suppose qu'il doit offrir lui aussi de sacrifice. Dans cette partie, nous nous pencherons d'abord sur l'activité sacrificielle de Jésus comme accomplissement du dessein de Dieu sur le sacerdoce. C'est ainsi qu'à la lumière de He 8-9, nous examinerons la vie terrestre de Jésus de Nazareth comme une révélation de la miséricorde divine, ensuite l'offrande dramatique et suppliante, enfin la souffrance du Christ comme une éducation à l'obéissance. III.2.1. Jésus, révélateur de la miséricorde divine.Avant de présenter le sacrifice du Christ, l'auteur le situe « aux jours de sa chair » c'est-à-dire au temps de la vie mortelle du Christ. Il évoque ainsi l'existence humaine de Jésus, marquée par la fragilité, les incompréhensions, les conflits et les doutes. Une existence qui ne connaît qu'un temps limité. Toutefois, les évangélistes nous présente Jésus dès sa naissance comme le salut que Dieu a préparé pour tous les peuples (cf. Lc2,30-32). L'enfant de la crèche, extrêmement pauvre sera présenté par son précurseur comme « l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde »(Jn 2,29). Verbe de Dieu, il s'est fait faible, fragile, objet de contradictions pour confondre les forts, ceux qui sont quelques choses (1cor1,27-28). Jésus a placé tout son ministère sous la venue du Royaume de Dieu, une révélation de la miséricorde et l'amour de Dieu pour les pécheurs. La nouveauté inattendue du message de Jésus apparaît surtout dans son comportement. Ses relations avec les pécheurs et les gens impurs selon les règles du culte (cf. Mc 2,16ss), la violation du commandement juif du sabbat (Mc2,23ss) et des prescriptions sur la pureté (Mc7,1ss) sont autant d'éléments qui ont suscité l'étonnement et voire le scandale. Une telle attitude a de toute évidence provoqué d'une part admiration, fascination et enthousiasme, et d'autre part scepticisme, scandale et haine (cf. Mc2,7ss). Il y a un renversement des valeurs. Son message d'un Dieu dont l'amour s'adresse même aux pécheurs, remet en question la représentation juive de la justice et de la sainteté de Dieu. En plus, sa conception d'un Dieu d'amour qui brise la barrière entre le juste et l'impie ne cadre pas avec les catégories juives. La solidarité du Christ avec les pécheurs (publicains et prostituées), son invitation au pardon mutuel, à l'amour de l'ennemi comme temps du Royaume de Dieu est autant plus revoltant qu' aimer Dieu et aimer le prochain comme soi-même vaut mieux que toutes les prescriptions de la loi (cf. Mc 12,32-33). Le salut du Royaume de Dieu pour lui consiste en premier lieu dans le pardon des péchés et dans la joie de rencontrer la miséricorde illimitée et imméritée de Dieu. Car éprouver l'amour de Dieu veut dire expérimenter que l'on est accepté absolument, accueilli et infiniment aimé, que l'on a la possibilité et le pouvoir de s'accepter soi-même et d'accepter les autres. Le salut est la joie en Dieu, qui a pour conséquence la joie auprès du prochain et avec lui. De telles conceptions n'ont attiré sur Jésus que haine et jalousie dont le prix sont la passion et la croix.42(*) * 42 cf. aux notes de cours de Christologie du P. Luciano BORDIGNON (2003) |
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