II.2.2. Les fonctions
sociales
Tout grand prêtre est capable de commisération
pour les ignorants et les égarés du fait qu'il est lui aussi
faible et pécheur. Cette phrase de l'auteur souligne bien la relation de
solidarité qui doit exister entre le grand prêtre et les
pécheurs.
Néanmoins, le verbe
ìåôñéïðáèåéõ
est pour BONSIRVEN, emprunté au vocabulaire
philosophique et désigne la modération dans les sentiments, la
clémence. Chez Philon, il désigne la maîtrise de soi, la
résistance aux passions . Dans notre contexte, il
désignerait une attitude de compréhension, de modération
indulgente envers les coupables. Le prêtre doit par
conséquent accueillir avec ménagement et équité
les ignorants (ceux qui pèchent par ignorance ou inadvertance) et les
égarés (ceux qui se sont laissés séduire plus ou
moins volontairement par les tromperies du péché ou qui ont
succombé à leurs infirmités). Cet office d'accueil des
pécheurs, ignorants ou errants, fait du grand prêtre, une figure
« miséricordieuse ». Un pêcheur bien
accueilli est un pécheur guéri psychologiquement. Le prêtre
partage avec lui le poids de son péché et sa modération
donne au coupable le sentiment d'être encore utile, d'être
régénéré et aimé de Dieu. Le pécheur
peut ainsi se reconsidérer devant Dieu et devant ses frères. Le
prêtre a donc une fonction sociale de renouer les relations
interpersonnelles.
En tant qu'il est mieux placé pour discerner la
volonté de Dieu, il joue aussi un rôle judiciaire et politique. Le
prêtre ancien usait des objets sacrés pour trancher des cas
difficiles. L'usage des Ourim et des Toummin qui servaient par tirage au sort
de connaître la volonté de Dieu. Cette méthode étant
archaïque, le prêtre grâce à sa maîtrise de la
loi pouvait trancher des litiges et d'autres cas difficiles sans témoin
(cf. Dt 21,1-9 ; Nb5 ,11-31). Il était du devoir du grand
prêtre de faire taire les murmures d'Israël contre eux-mêmes
et contre Yahwé pour éviter le pire (cf. Nb17,25b). C'est ainsi
qu'investi de son pouvoir juridique et politique, le grand prêtre
Caïphe décide irrévocablement de la mort de Jésus. Il
éclairci la situation jusque-là demeurée confuse par son
interrogatoire dont le verdict final fut la condamnation à mort de
Jésus. Verdict que Pilate ne peut plus rien changer. C'est donc à
côté de toutes ces fonctions sociales que le prêtre doit
offrir des sacrifice pour les péchés.
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