Stratégie de délocalisation au Maroc( Télécharger le fichier original )par Bardhol Bristia OKIABOKAH Ecole Française de Commerce International - BAC+ 3 2008 |
Externalisation avec délocalisation :C'est le cas où non seulement l'entreprise fait faire mais aussi et surtout à l'étranger. Exemple : Fedex France a confié la gestion de sa relation clientèle à un prestataire offshore au Maroc. On remarque ici à la fois l'existence du concept de délocalisation de la France vers le Maroc et celui de l'externalisation du Fedex vers Webhelp. On parle alors : d'externalisation "offshore" ou délocalisée. II) Formes de la délocalisation d'une manière générale et au Maroc en particulier : A) L'externalisation ou l'offshoring : L'externalisation ou l'offshoring, aussi appelée outsourcing, désigne le transfert d'une fonction d'une entreprise vers un partenaire externe. Elle consiste très souvent en la sous-traitance des activités non essentielles et non stratégiques (celles qui sont les moins productrices de revenus pour l'entreprise initiale). Il s'agit d'un outil de gestion stratégique qui se traduit par la restructuration d'une entreprise au sein de sa sphère d'activités : ses compétences de base et son coeur de métier. B) La sous-traitance : La sous-traitance est un contrat par lequel une entreprise dite « mutuelle » demande à une autre entreprise dite "assujettie" de réaliser une partie de sa production ou des composants nécessaires à sa production. Ø Les entreprises sous-traitantes sont des entreprises auxquelles sont agréées certaines parties de travail. Ø Le sous-traitant est différent du simple fournisseur car il fabrique un produit conçu par le donneur d'ordres ou, souvent, en commun avec lui. Ø Le produit est fabriqué par le sous-traitant pour le compte exclusif du donneur d'ordre et ne porte pas son nom. Ø Le sous-traitant s'engage exclusivement sur la conformité de son exécution par rapport aux directives du donneur d'ordre. C) Joint-venture : La joint-venture ou co-entreprise offre la possibilité à une entreprise nationale de former une société commune et autonome avec un groupe étranger sur le territoire national ou à l'étranger tout en conservant son statut local. Elle peut également constituer l'occasion d'associer capitaux privés et capitaux publics dans des projets de coopération. C'est l'une des plus récentes formes de la délocalisation. D) Autres termes : Nearshore : Dans le secteur des logiciels et services informatiques, on distingue le nearshore de l'offshore. Le nearshore peut se situer soit sur le territoire national soit à proximité géographique et culturelle (Cas de la France, l'Espagne avec le Maroc) BPO : Le BPO (Business Process Outsourcing) est l'externalisation d'un pan entier de l'activité d'une entreprise, comme par exemple la paye, la gestion des relances, la comptabilité ... Homeshore : Aussi négligé par les spécialistes du secteur, ce concept importé des États-Unis et de l'Angleterre prend ces dernières années beaucoup d'ampleurs. Il consiste pour un téléopérateur (généralement une mère ménagère) qui a une certaine expérience dans le domaine et qui n'aimerait pas se déplacer chaque jour, de pouvoir rester à la maison pour y travailler. Conscient de la croissance de ce genre de centre, plusieurs spécialistes du marché sont en train de s'y intéresser. Downsizing : Le « downsizing » consiste simplement à céder une activité à une autre entreprise à l'étranger. La relation avec l'acheteur s'arrête après l'acte de vente. III) Les raisons :
Une entreprise transfert sa production vers des économies à bas salaire (Inde, Maroc, Sénégal) pour ensuite réimporter les produits ou les services (call centers, écriture d'algorithmes et de logiciels, recherche et développement, enseignement à distance...) vers l'espace national.
Une entreprise exportatrice décide d'investir dans un pays étranger pour rééquilibrer le couple production/distribution, et rapprocher l'origine de son chiffre d'affaires avec celle de son offre. Elle peut ainsi répondre aux besoins d'un marché local en croissance rapide (Inde, Chine, Corée, Brésil, Maroc) ; elle profite aussi de conditions salariales et fiscales attrayantes tout en éliminant ses coûts de transport et en s'émancipant d'une zone à taux de change défavorable (€ !)
Une entreprise investit dans un pays étranger en vue d'exporter la production vers un pays tiers, permettant d'éliminer les frais de transport et de contourner les barrières tarifaires ou non-tarifaires. Exemple : Une société marocaine qui sous-traite sa production de sardine au Sénégal pour des clients maliens
Une entreprise quitte le territoire national et ouvre un centre de production à l'étranger pour suivre ses donneurs d'ordres ; ce sous-traitant est alors la seconde étape d'une délocalisation initiale. IV) Les avantages et inconvénients : A) Les avantages :
Création de l'emploi : L'offshoring contribue très largement à la création d'emploi dans le Royaume. A titre d'illustration, webhelp, le leader des centres d'appel et deuxième français est devenu en 2007 l'un des premiers employeurs privés au Maroc avec près de 4000 emplois. À lui seul, le site de Casa Nearshore devrait permettre la création de 91 000 nouveaux emplois directs à l'horizon 2013. La culture de l'excellence : Au delà des entreprises, les jeunes marocains qui désirent s'intégrer sur le marché offshore doivent cultiver l'excellence s'ils comptent entrer en compétition avec ceux de la France et des autres pays offshore. C'est ainsi que l'État marocain a mis en place un programme de formation de 10000ingénieur par an dès 2007 jusqu'en 2010. L'économie : Le chiffre d'affaire du marché offshore fut estimé à 1,7milliard d'Euro en 2007. Ce qui reflètera sur le PIB du royaume grâces aux retombées fiscales, aux charges d'investissement et de réinvestissement etc.; par conséquent sur l'économie marocaine. Le transfert de technologie : A force d'être une terre de délocalisation, le Maroc devient un eldorado d'investissement local ; grâce à l'expérience acquise avec les multinationales, les professionnels du CRM marocain et les MRE ont tissé des partenariats pour prendre part aux investissements offshores. Par exemple : Parmi les 140 centres d'appels opérationnels, près de 40 sont maintenant marocains. A Marrakech le groupe marocain Data Ambassy est devenu en 2007 le leader offshore dans la gestion de la comptabilité et de la paie.
Les avantages sont nombreux : Le partage des tâches permet au donneur d'ordres de concentrer ses moyens sur les activités qu'il juge stratégiques ; L'entreprise donneuse d'ordres ne supporte que des charges variables. Elle évite ainsi d'élever son seuil de rentabilité. Elle n'a ni personnel à embaucher, ni matériel à acheter. Elle peut faire jouer la concurrence et baisser les prix ; La flexibilité est améliorée. L'externalisation permet de faire face aux pics d'activité ; La complexité organisationnelle est réduite ; La délocalisation avec sous-traitance de spécialité donne accès à des technologies ou à des procédés qu'il serait difficile à l'entreprise de se procurer (il faudrait embaucher des spécialistes, assumer des charges de formation, etc.). Dans le domaine des services l'externalisation permet de faire réaliser des tâches qui ne font pas partie du « métier » de l'entreprise (accueil, restauration, nettoyage, etc.) par des entreprises spécialisées.
Avoir un niveau de commandes assuré. Le sous-traitant obtient généralement des garanties et des contrats à plus long terme ; Avoir des services mercatiques limités : pas de marque à promouvoir, peu de frais de publicité, pas besoin d'un service commercial étoffé, etc. ; Les services de conception peuvent souvent être limités car les produits sont conçus par le donneur d'ordres ou en collaboration avec lui. Souvent il bénéficie d'appuis techniques de la part de son donneur d'ordres et parfois même d'appuis financiers (auprès des banquiers) ; Au total les services du sous-traitant étant moins diversifiés ses frais généraux sont moins élevés ; B) Les inconvénients : Il existe néanmoins des inconvénients et des limites 1) Pour le Maroc : Dégradation de la réglementation du travail et du tissu social dû à la large souplesse de ceux-ci en voulant se mettre au même niveau que les autres pays offshores. Baisse de main-d'oeuvre qualifiée dans des secteurs stratégiques dans le royaume ; quand on sait que dans les centres de contacts, les salariés sont des informaticiens, des ingénieurs, des logisticiens...qui, -faute d'emploi-, travaillent pendant plusieurs années comme télésecrétaire, téléopérateur. Ils perdent ainsi leur niveau dans leur spécialité. Autres inconvénients : (baisse en chute libre des salaires ; expériences en entreprise sans expériences professionnelles, pertes de taxes pour l'État...) 2) Pour le donneur d'ordre Les donneurs d'ordres choisissent leurs partenaires offshores pour des considérations de prix, de qualité et de délais. S'il est assez facile d'obtenir le respect des prix il n'en est pas toujours de même en ce qui concerne la qualité et les délais. Pour éviter les risques les donneurs d'ordres imposent souvent des inspections aux sous-traitant ou des certifications (du type ISO 9000) ; Une forme de dépendance se crée. Le donneur d'ordres est obligé de livrer certaines données (des "secrets de fabrication", etc.) au sous-traitant qui pourra alors les utiliser avec d'autres partenaires ou à son propre profit. Exemple : Certains produits dont la fabrication avait été délocalisée, notamment en Asie, sont aujourd'hui concurrencés par ceux des anciens sous-traitants qui sont parfois devenus les leaders du marché. 3) Limites pour l'entreprise sous-traitante : · Le sous-traitant est souvent dans une situation de dépendance technique et commerciale par rapport à son donneur d'ordres ; · Il est en position de faiblesse car il subit la concurrence de ses confrères et celle du donneur d'ordres lui-même qui peut toujours reprendre la production sous traitée ;
Pourquoi et comment le Maroc est-il un nouvel eldorado de l'externalisation ? Les raisons du leadership marocain :
Le Maroc dispose quantitativement d'une main-d'oeuvre supérieure à celui de tous les autres « pays offshores ». Ce qui entrain une concurrence entre les demandeurs d'emploi et joue par conséquent positivement sur la compétitivité en faveur des groupes étrangers qui se délocalisent au Maroc.
Exemples : Le Maroc dispose de : Ø Un centre de formation dédié aux métiers de l'offshoring. Ø Casablanca Near Shore Park, les pôles de Rabat, de Marrakech, Tanger et Tétouan (offshoring hispanique). Des loyers « à prix d'amis » 8 euros par mois le mètre carré. Ø Un volet fiscal : l'exonération
de l'impôt sur les sociétés pendant les cinq
premières années puis un abattement fiscal de 50 % par la suite ;
un impôt sur le revenu limité à 20 %, et des subventions
pour le recrutement et la formation de la main-d'oeuvre locale
Exemple : Le salon des centres d'appels chaque année à Casa et à Paris.
En effet, A la suite du voyage au Maroc du premier ministre français François Fillon, on a recensé 30000français au Maroc pour 25000contrats de travail. D'après Philip Jousset, le co-président de Webhelp, 4 critères permettent de choisir un pays : 1) La qualité et la robustesse de l'infrastructure télécoms 2) Le niveau de francophonie 3) La compétitivité de la réglementation du travail 4) La stabilité de l'environnement juridico économique Là, le Maroc présente :
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