Les investissements internationaux et la diplomatie économique de la RDC( Télécharger le fichier original )par Joel KIONI Université Protestante au Congo - Licence en droit économique et social 2011 |
Section 2. Exigence d'un réel redimensionnement de l'ambition économique de la RDCComme l'a si bien dit Franz FANON : « L'Afrique est un continent qui a la forme d'un revolver dont la gâchette se trouve au Zaïre », nul ne peut ignorer la position stratégique de la RDC au développement du continent africain et la vocation de leadership qu'elle a. La RDC, de par sa population, constitue un grand marché. En tenant compte de ses potentialités ce pays (mines, population jeune, eaux, faune, flore, fertilité du sol...) ne peut en aucun cas dormir sur ses lauriers et attendre la manne du ciel. Par exemple en ce qui concerne l'agrobusiness le potentiel agricole de la RDC est colossal. Le pays possède 120 millions d'hectares de terres arables dont 4 millions sont irrigables. La diversité des bassins climatiques, l'abondance des pluies, et la présence d'eaux de surface en grande quantité permettent plusieurs récoltes par an pour de nombreux produits. La cassave et les cultures maraîchères en zone périurbaine ont le potentiel de nourrir la population locale. L'huile de palme, le caoutchouc, le thé, le café et le cacao peuvent fournir des recettes d'exportation substantielle. Les pâturages pourraient supporter environ 40 millions de têtes de bétail. Enfin, les eaux intérieures pourraient permettre la production de plus de 700.000 tonnes de poissons. Ce potentiel est, à l'heure actuelle, largement sous-utilisé50(*). Etant frontalier avec neuf pays, elle se trouve avoir autant des partenaires potentiels directs pour l'exportation de sa production. Cette position lui permet naturellement d'ajuster son économie au niveau sous-régional. En ce qui concerne l'insertion au niveau régional, l'OHADA se trouve être le cadre idéal pour autant que les décideurs congolais réfléchissent sur comment en tirer grand profit. Il est fort regrettable de constater que les décideurs ne saisissent pas des différentes opportunités que nous offrent nos différents partenaires. Le cas le plus scandaleux a notre avis est celui des accords commerciaux entre les Etats-Unis d'Amérique dits AGOA51(*). En effet, l'AGOA est une loi qui a été votée par le congrès américain consacrant la franchise douanière de quelques produits africains notamment les produits agricoles, les textiles et les oeuvres d'art. Une autre face de ces accords était l'expansion des entreprises américaines dans les Etats qui respecteraient la bonne gouvernance, les droits de l'homme et la démocratie. Malheureusement la RD Congo a été suspendue pour non respect des préalables pendant que bon nombre ont pu capitaliser cette opportunité. Par exemple : le Lesotho a pu renforcer son industrie textile ; les agriculteurs ghanéens ont su profiter de cette opportunité et exporter des produits agricoles vers les USA équivalent à 75 millions USD au cours de l'année 2010. La diplomatie économique étant très liée aux stratégies d'influences des Etats et des entreprises, dans un monde de plus en plus interdépendant dans lequel les logiques de coopération et de compétition sont inextricablement liées, celle-ci concerne en effet tous les aspects de la vie politique, économique, sociale et culturelle ; en tant que résultante de ces dimensions multiples, et en tant que force agissante dans le monde d'aujourd'hui et demain. §1. Une réalité omniprésentePrenons un exemple concret. Une entreprise congolaise grande ou petite qui souhaite se développer à l'étranger ou remporter des appels d'offre dans des pays éloignés est confrontée à une multitude de paramètres d'ordre géopolitique, économique ou encore culturel qu'elle ne maîtrise pas. Tout l'enjeu de la diplomatie économique consiste à trouver les bons leviers d'action, à identifier les bons décideurs et à les influencer dans un sens favorable aux intérêts de cette entreprise, tout en restant dans un cadre conforme aux valeurs éthiques généralement admises. C'est à dire en évitant tant que faire des pratiques ambigües, assimilables de près ou de loin à de la corruption. Un autre exemple concret concerne la diplomatie sportive, récemment illustrée par les succès de la Russie et du Qatar qui ont remporté haut la main l'organisation de la coupe du monde de football, respectivement en 2018 et en 2022. On a beaucoup glosé sur les moyens potentiellement utilisés par ces deux pays pour remporter la décision finale de la FIFA. Le fait est que ces deux pays émergents, que presque tout sépare, ont réussi par une combinaison avantageuse de goodwill, de concertation entre tous les acteurs impliqués et de marketing politique à asseoir la crédibilité de leur candidature, jusqu'à la victoire finale. A contrario, les échecs de la RDC en ce qui concerne l'attraction des investissements étrangers est qu'une approche trop institutionnelle et fragmentaire des problématiques géoéconomiques, couplée à un certain manque d'agressivité au bon sens du terme dans la promotion de nos intérêts pourraient condamner la RDC à n'être plus, à moyen terme, qu'un spectateur passif dans le nouveau Grand Jeu planétaire du XXIème siècle. En effet, la crise a accéléré le basculement du centre du monde vers l'Asie et toute la hiérarchie des rapports de force issue du XIXe siècle est en train de se redessiner. Dans ce contexte, notre but, c'est la maîtrise de notre souveraineté, c'est la maîtrise de notre liberté. La liberté d'être nous-mêmes, la liberté d'agir par nous-mêmes en suivant nos valeurs. La liberté face à une compétition qui dépossède de leur destin les pays insouciants. * 50 Business Plan de l'ANAPI (2010, 2011,2012) * 51 Africa Growth and Opportunity Act. |
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