III.5.
APPRECIATION CRITIQUE ET PERSPECTIVES
3.5.1.
Appréciation critique
La TNT offre beaucoup d'avantages, notamment le fait
qu'elle fonctionne même dans le monde rural dépourvu
d'électricité.
Cette avancée
technologique est la conséquence de plusieurs contraintes. La
première est liée au besoin du règlement de
l'épineux problème que nous pose l'occupation par nos entreprises
audiovisuelles de la quasi-totalité des bandes du spectre des
fréquences radio-télévisuelles du Pool Malebo que notre
capitale, Kinshasa, a pourtant en partage avec Brazzaville, capitale de la
République du Congo. Concrètement, la numérisation de la
radio et de la télévision congolaise permettra de réduire
sensiblement le nombre de fréquences actuellement utilisées afin
de faire droit aux revendications légitimes de Brazzaville, mais aussi
que soit rendue possible l'exploitation de la télédistribution
(télévision payante).
La deuxième contrainte est liée aux
engagements que la RDC a pris en adhérant aux objectifs de l'Union
internationale des télécommunications (UIT) à travers son
accord signé le 26 juin 2006 à Genève. Cet accord, fixe le
passage définitif de la télévision analogique à la
télévision numérique au 17 juin 2015 pour les
fréquences UHF, et au 17 juin 2020 pour les fréquences VHF. Pour
cela, le challenge que la RDC doit relever est de réussir cette mutation
qui concerne les entreprises audiovisuelles publiques et privées bien
avant ces échéances conventionnelles. Il en va aussi bien de sa
crédibilité internationale que de ses propres
intérêts nationaux, car la TNT est devenue un enjeu
socio-économique de grande envergure dans un contexte de
démocratisation des technologies de l'information et de la
communication.
Et pour la RDC, cela saute aux yeux au regard du boom
audiovisuel que connaît le pays. Il sied de reconnaître que
l'utilité sociale des médias audiovisuels en RDC n'est plus
à démontrer. Il est incontestable qu'ils ont été un
véhicule efficace de l'information, la formation, la culture et le
divertissement. Mais aussi le secteur de la télévision est
porteur d'une panoplie variée de nouvelles technologies qui constituent,
à ce jour, non seulement des indicateurs de croissance
économique, mais aussi et surtout des facteurs d'intégration des
peuples. La télévision génère d'importantes
ressources, crée des emplois et contribue activement à
l'achalandage d'une gamme variée de nouveaux services à plus ou
moins forte valeur ajoutée.
L'instauration du numérique aura ainsi un
impact qualitatif indéniable sur la qualité du produit
audiovisuel. Mais, cela implique que les opérateurs songent à
mettre leurs programmes au diapason de cette technologie au regard, par
ailleurs, de son coût assez élevé.
Inscrire la RDC au diapason technologique le plus "up
to date" valait donc le coup pour booster tous ces éléments
développementalistes. Et pour ne pas louper l'objectif de 2015, le
Gouvernement, a consenti de gros efforts pour équiper les
différents services concernés afin de faire passer la
télévision congolaise à l'ère de la
numérisation.
C'est pour cela, que le Gouvernement a conclu, depuis
2003, un contrat de partenariat avec le groupe italien Teleconsult pour
l'installation actuellement en cours des émetteurs TNT à
Kinshasa. L'opération va se poursuivre dans d'autres villes et centres
à l'intérieur du pays. Ces émetteurs serviront de
back-bone pour les opérateurs publics et privés qui n'auront
alors qu'à s'y connecter pour émettre après avoir
adapté leurs équipements de studio et antenne au système
numérique.
Pour autant, il reste à mettre en place les
procédures devant y mener. A cet effet, un projet de loi est
déjà en cours d'examen au niveau du Sénat et qui figure
parmi les différents textes qui doivent édicter les
règlements et principes fondamentaux applicables à la
radiodiffusion sonore et télévisuelle qui vont permettre
d'encadrer et harmoniser l'entrée des opérateurs congolais du
secteur dans l'ère de la TNT.
En outre, selon de source proche du ministère
des Postes, Téléphones et Télécommunications, ce
ministère de tutelle n'est associé ni de près ni de loin
à ce dossier d'intégration de la Télévision
Numérique Terrestre dans notre pays. Peut-on introduire cette nouvelle
technologie sans qu'on puisse l'associer étant donné que c'est le
ministère des PTT qui dispose des plans d'allotissement et de
fréquences ; c'est lui qui participe à toutes les
négociations et toutes les réunions de l'UIT.
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