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Commercialisation des produits piscicoles et de l'élevage

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par Malloum BRAHIM MALLOUM MBODOU
Adam Barka Tchad - article 2011
  

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- Les circuits commerciaux de poisson

Grâce à la révolution issue de la diffusion du fil à nylon, de la technique du banda et des recyclages des Boudouma, le marché du Nigeria devient le grand centre d'intérêt de tous. Maiduguri (Nigeria) est devenu la plaque tournante du commerce de banda. On voit même apparaître une sorte de spécialisation sur certains marchés, entre banda de petits poissons, banda de gros poissons et banda de marigot, etc. Car toutes les espèces de poissons peuvent ainsi passer par le mode de conservation, à l'exception de l'hydrogon, impropre au fumage à cause de sa chaire trop cassante2(*).

Il va sans dire que, malgré l'accroissement considérable du nombre de nattes de banda introduites dans les circuits commerciaux, les contrôles fiscaux ou douaniers demeurent incapables de chiffrer l'ampleur de ce trafic. Les douanes de Baga-Sola parviennent à taxer quelques pirogues. Parfois les chauffeurs nigérians, profitant des marchandises manufacturées qu'ils apportent dans le département, embarquent pour leur propre compte une certaine quantité de poisson fumé qui échappe ainsi aux contrôles.

Mais l'essentiel du banda dans le département de Mamdi circule hors de toute surveillance et relève donc d'une organisation spontanée, à la fois dynamique et compliquée. Car, l'on constate que la jeunesse de l'activité de pêche et l'augmentation considérable des quantités mises en valeur ont conduit à la création de structures adaptées à cette situation nouvelle.

La période qui sépare les débuts du grand commerce de banda a elle-même donné lieu à quelques mutations. Au début des années soixante, le plus important point de collecte de banda était Woulgo. Woulgo est un village situé  à 15 km de Gambarou (Nigeria), relié à Maiduguri par une assez mauvaise piste coupée en saison des pluies. C'est à à Woulgo que sont testées et consolidées les structures commerciales qui vont s'imposer par la suite sur l'ensemble de la région tchadienne du lac Tchad3(*).

Les circuits commerciaux les plus importants par lesquels s'écoule la production du lac Tchad a pour destination le Nigeria. Quelques uns de ces circuits sont contrôlés par la douane tchadienne ou camerounaise.

Par ces circuits incontrôlés qui desservent le lac, s'écoule la production du Delta du Chari et du littoral camerounais. Cette production ne peut se séparer de celle des eaux nigérianes réalisées en partie par des pécheurs tchadiens (Boudouma). Inversement des pécheurs nigérians travaillent dans les eaux camerounaises ou dans le Delta du Chari (Tchad). Le lac, avec son prolongement, le Chari, constitue une entité indépendante, produisant du banda en vue d'un débouché spécifique. L'acheminement se fait essentiellement par voie fluviale, du moins jusqu'aux deux points de regroupement situés en territoire nigérian : Woulgo et Baga-Kawa. Mais le banda est transporté aussi en camion et à dos de chameau jusqu'à Maiduguri où il change de main. Cette convergence à Maiduguri des voies d'écoulement permet d'effectuer entre 1969-1970 des comptages routiers : 7 200 tonnes de banda, 20 000 tonnes de poisson frais ont transité par Maiduguri. Cette quantité doit être considérée comme minime, car la production ne cesse de croître.

Le Lac commercialise un peu de poisson à l'est, c'est-à-dire en territoire tchadien. Il s'agit du poisson séché, et les quantités commercialisées sont très faibles. Par leur caractère secondaire, ces circuits (Mao et Massakory) contrastent fortement avec les axes orientés vers le Nigeria.

En somme, il convient de faire une place aux circuits commerciaux du banda dans le lac Tchad. Ils présentent un degré d'organisation aussi élevé que les circuits de poisson séché au Tchad. Mais ces circuits ne sont pas sous la tutelle d'une coopérative plus ou moins administrative. Ils sont entièrement contrôlés par les commerçants nigérians.

Les circuits paraissent fonctionner à la satisfaction des usagers. Mais la longueur des circuits et la lenteur de communication suscitent localement des pénuries ou des engorgements imprévisibles. Cela provoque des fluctuations des prix désordonnés. Le commerce du banda a acquis de la sorte un aspect hasardeux qui, à vrai dire, a moins contrarié son développement que ne l'a fait l'action récente de la douane, surtout de la douane tchadienne. Par l'obstacle que celle-ci met à la sortie du banda et surtout à l'entrée des produits de contrepartie, la douane incite les pêcheurs à fuir les eaux tchadiennes pour les eaux camerounaises et nigérianes.

Mais derrière cette image d'une activité intense, il y a d'autres réalités qui ne peuvent être appréhendées qu'en suivant des ramifications parfois compliquées : le rôle socio-économique de l'élevage.

* 2 Mboulou Abdoulaye, entretien du 04/08/09, Fitina, Lac.

* 3 Rodier J., 1962, Résultats des études entreprises sur les phénomènes d'écoulement dans la dépression de Bahr el Gazal, Réunion des hydrologues des pays riverains du Lac Tchad, Fort-Lamy, Tchad, p. 5.

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