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La chanson comme mode d'expression policier

( Télécharger le fichier original )
par Charles NGOY LWAMBA BIN
Université de Lubumbashi - Licence en criminologie 2011
  

Disponible en mode multipage

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INTRODUCTION GENERALE

La chanson comme un mode d'expression policier, telle est notre préoccupation scientifique en élaborant ce travail.

En effet, les chansons constituent l'une des manifestations de la culture. Celle-ci est un construit de la société. Ainsi, les chansons en tant que construction, sont porteuses des messages. Dans cette perspective, les chansons véhiculent les différents messages dont le contenu est destiné à eux-mêmes et à la société.

Notre réflexion nous a conduit à parler des chansons policières pour décortiquer les messages qu'elles véhiculent et leurs effets sur le comportement des policiers. Ainsi, après une réflexion approfondie et filtrage, l'étude a comme question pivot ou fil conducteur formulée en ces termes :

« Quelle analyse faire des chansons comme mode d'expression policier ? »

L'étude a comme champ d'analyse le Bataillon Police Groupe Mobile d'Intervention Est, Situé au quartier Bel air dans la commune de Kampemba, ville de Lubumbashi, province du Katanga en République Démocratique du Congo. Le choix de ce site est dicté par la logique des atouts qu'il présente au regard de notre objet. En effet, dans ce bataillon, les chansons sont d'usage au quotidien de par ses missions spéciales dont le noyau central est l'intervention. Celle-ci est souvent ponctuée des chansons.

Dans le but d'élucider l'objet, l'étude a mobilisé deux approches : notamment l'interactionnisme symbolique qui constitue l'approche théorique à laquelle s'abreuve cette étude. Elle est complétée et enrichie par la grille de l'acteur social.

L'approche interactionnisme symbolique nous a permis d'interpréter les chansons policières en fonction des interactions des policiers qu'ils ont entre eux-mêmes, entre eux et leurs chefs, entre eux et les autorités politico-administratives, les agents de l'auditorat militaire et du parquet civil ainsi qu' avec la population.

Tandis que celle dite grille de l'acteur social illumine le sens et les effets des chansons sur le comportement du policier. Cette grille tient compte des points de vue des acteurs, de leurs histoires et de leurs expériences. En tant qu'acteur social, la production des chansons policières tient compte de la rationalité, de l'intention et des stratégies qui n'ont des sens que pour les concernés ou les acteurs impliqués.

Pour la récolte des données, nous avons recouru à l'observation in « situ ». Elle nous a permis de les recueillir au moment de leur production. L'observation a été complétée et enrichie par les entretiens semi directif. Ce type d'entretien permet au chercheur d'orienter par moment ses interlocuteurs dés lors qu'ils dévient ou se livrent à des verbiages.

Quant au traitement des données, nous avons exploité l'analyse thématique sous ses deux angles , à savoir vertical et transversal (Blanchet et Gotman, 1992 ;18)

Le premier a consisté à repérer et à dégager les différents thèmes découlant des données de l'observation et des entretiens. L'analyse elle-même a consister à la recherche des ressemblances et des dissemblances pour dégager les thèmes principaux et secondaires.

Le deuxième a consisté à chercher les liens entre les différents thèmes élaborés à partir de l'analyse verticale.

Outre cette introduction, le corps de ce travail reposera sur trois chapitres clôturés par une conclusion générale.

Le premier chapitre porte sur le cadre théorique de la recherche.

Il comporte quatre volets : le premier cerne l'objet et la question de recherche, le deuxième épingle la problématique, le troisième reprend l'état de la question et le quatrième l'intérêt du sujet.

Le deuxième chapitre cerne les dispositifs méthodologiques.

Il est question dans ce deuxième chapitre, de fixer le choix du sujet, la démarche méthodologique à mobiliser, les techniques à utiliser, le terrain, la mise en oeuvre des techniques de recueil des données, les facilités et les difficultés rencontrées, ainsi que l'éthique de recherche telle qu'observée.

Le troisième enfin est une interprétation des données de cette étude sous forme des résultats. Analyse les chansons d'une manière criminologique, c'est ce chapitre qui présente les résultats de notre recherche. Ainsi, après la lecture systématique des données d'observations et d'entretiens, nous avons jugé utile de présenter les résultats de cette étude d'une manière hétéroclite, c'est-à-dire, composé d'éléments variés et disparates en trois clichés ou tableaux pour fin d'interprétation: le contexte de production des chansons policières, les principales thématiques ainsi que les différentes fonctions que remplissent ces chansons.

La conclusion et la bibliographie exploitée mettent un terme à cette étude.

CHAP I. CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE

Toute recherche scientifique exige une démarche particulière qui dépend de l'objet de recherche, de la visée du chercheur et de la situation du champ d'analyse. Ce chapitre que nous avons l'opportunité d'aborder est essentiellement théorique. Il montre la manière dont nous nous sommes investi pour construire l'objet d'étude.

Ce chapitre contient cinq volets : le premier est une esquisse définitionnelle des concepts clefs se rapportant à l'étymologie et à la structure de la chanson, le deuxième cerne l'objet et la question de recherche, le troisième épingle la problématique, le quatrième est la base théorique ou l'état de la question et le dernier concerne l'intérêt du sujet.

Avant d'entrer dans le vif de notre travail, il sied d'abord de préciser le sens de certains termes qui font l'objet de notre travail car un terme peut revêtir plusieurs sens selon qu'il est employé dans tel ou tel autre domaine. Il dépend aussi du contexte ou il est utilisé pour revêtir un sens bien déterminé.

§.1. ESQUISSE DEFINITIONNELLE DES CONCEPTS CLEFS

1. La chanson

a) Etymologie

Etymologiquement , le concept « chanson » vient d'une part du latin « cantare » qui signifie chanter ou faire entendre un chant, une chanson ; le chant ainsi perçu comme une suite de sons modelés émis par la voix humaine ; et d'autre part du Grec « cantio » qui signifie une petite composition musicale de caractère populaire, sentimental ou satirique divisée en couplets et destinée à être chantée. Cette deuxième définition décrit mieux ce qu'est la chanson et permet la compréhension de la réalité liée à son univers de production et aussi par rapport à sa finalité (sentimentale et satirique).

Pour L.J. Calvet (1968), la chanson est cet « air que l'on fredonne, des mots qui s'impriment dans nos mémoires et dont, suprême hommage, on oublie le plus souvent l'auteur »

D'une manière générale, la chanson peut être conçue comme « une combinaison d'éléments, comme une synthèse active réunissant : un texte, une mélodie, une voix, une orchestration et la performance physique du chanteur.

Notons cependant que la compréhension du terme chanson dépend de l'époque et de la société dans laquelle est évoquée la chanson.  Du XIème siècle au XXIème siècle, le terme chanson a des traits spécifiques qui le définissent autrement. C'est ici l'occasion de signaler l'évolution et la révolution qu'a subit depuis des années, la chanson notamment avec la modernisation de sociétés grâce aux nouvelles technologies.

b) Structure de la chanson

« La chanson (L.J. Calvet 1968), contrairement aux autres genres textuels, ne se réduit pas à une simple virtualité mais constitue une performance, un « acte de parole » dans lequel le texte est d'emblée interprété et mis en mouvement». Ceci pour dire que la chanson est un texte comme nous l'envisageons étudier dans ce travail.

En sémiologie, le concept « texte » est utilisé pour se référer à des unités linguistiques plus larges que le signe, et désigne les mots et phrases qui constituent un écrit. Umberto Eco(2006) fait remarquer au sujet du texte qu'il est celui qui convient mieux ou qui remplace le concept traditionnel message ; autrement dit, ce qui autrefois était appelé « message » est en réalité le texte.

Ainsi, passons à l'étape suivante de ce travail.

§ 2. QUESTION DE RECHERCHE

La question de recherche détermine ce que le chercheur voudrait spécifiquement comprendre en faisant son étude. Raymond Quivy et Luc Van Campenhoud (2006-26) notent qu'une bonne manière de s'y prendre dans la recherche scientifique, est de « s'efforcer d'énoncer son projet de recherche sous forme d'une question de départ par laquelle le chercheur tente d'exprimer le plus exactement possible ce qu'il cherche à savoir, à élucider, à mieux comprendre ».

Dès le départ, nous avons été animé par le souci de mener une étude sur l'encadrement des enfants de la rue par les organismes non-gouvernementaux au Katanga. Lors de la discussion dans le cadre du cours séminaire d'encadrement des étudiants finalistes concernant les techniques de recueil et analyse des données, ce sujet a été rejeté car déjà étant mené par plusieurs chercheurs. C'est notamment par le professeur Norbert Lupitshi wa-Numbi (2009), « les trajectoires de sortie de la rue des jeunes à Lubumbashi » (thèse de doctorat en criminologie de l'Université de Lubumbashi) et par le professeur Ildéphonse Tshinyama Kadima (2005), « la rencontre entre policiers et les jeunes `'délinquants'' »(mémoire du Diplôme d'Etudes Approfondies , Ecole de Criminologie de l'Université de Lubumbashi).

En plus, visant la posture constructiviste, réfléchir sur les facteurs qui mènent les enfants sur la rue, c'est faire une étude étiologique. La science anthropologique qui explique l'origine d'un fait ou d'une institution c'est une raison de plus qui nous a conduit à abandonner cet objet.

Nous nous sommes intéressé aussi à la reforme de la Police pour centrer l'étude sur le syndicat policier. Il ressort de projet sur la réforme de la Police en République Démocratique Congo, la non prise en compte de l'aspect revendicatif.

Nous n'allons pas centrer notre étude sur quelque chose qui n'existe pas. C'est pourquoi, il fallait faire la même gymnastique intellectuelle pour fixer notre objet. C'est ainsi que notre réflexion nous a conduit à parler des chansons policières pour décortiquer les messages qu'elles véhiculent et leurs effets sur le comportement des policiers.

Ainsi, après une réflexion approfondie, notre question de départ se présente de manière suivante :

« Quelle analyse faire des chansons comme mode d'expression policier ? »

S'inscrivant dans une démarche inductive, la compréhension de cette question de recherche se fixe par une série de sous questions qui constituent donc notre ancrage théorique.

Il s'agit des questions du genre :

· Quels sont les contextes de leur production ?

· Quelles en sont les principales thématiques ?

· Quelles fonctions remplissent ces chansons ?

· Quel est le sens profond véhiculé au travers de chaque thématique ?

Ces différentes questions serviront des points d'ancrage dont l'essentiel de réponse seront intégrés directement dans le corpus de l'étude. La question centrale étant fixée et l'objet cerné, il est opportun de répertorier les études antérieures sur cet objet d'étude.

La recension de la littérature antérieure permet au chercheur d'améliorer sa question pivot et de la préciser. Elle permet également de réperer quelques concepts susceptibles d'être mobilisés qu'un trou pour produire un savoir nouveau différent des connaissances déjà épluchées. ci nous permet de scruter l'étape exploratoire.

§ 3. ETAT DE LA QUESTION

Le domaine des chansons policières, notre champ d'étude nous parait original. Comme l'un parmi les moins exploités étant donné les difficultés connues lors de l'exploitation documentaire.

Cependant, il est important de signaler quelques ouvrages trouvés lors de notre exploitation. .

Quelques publications antérieures ont abordé superficiellement ou en profondeur l'objet de notre étude.

Parmi elles, retenons les suivantes :

- GINZANZA J.L(2004), la chanson congolaise moderne, ...

L'auteur présente la chanson congolaise moderne dans ses différents aspects : le Congolais chante dans la tristesse comme dans la joie, de jour comme de nuit, dans le beau comme dans le mauvais temps. La chanson joue un rôle introspectif, éducatif et quelquefois judiciaire.

L'auteur tente de définir la chanson par rapport à son identité culturelle partant de son origine jusqu'à son implication socioculturelle actuelle. Il décrit son mode de production et jauge son impact sur la société congolaise. C'est cet aspect qu'intéresse cette étude.

- KITA MASANDI. P (2001), la chanson scolaire coloniale, ...

Son ouvrage explicite la manière dont l'école missionnaire a massivement entrepris l'endoctrinement moral, spirituel et politique des colonisés à travers la chanson.

Celle-ci était surement le vecteur le plus répandu et d'une redoutable efficacité. Cet ouvrage est une anthologie de chansons scolaires utilisée en divers endroit du pays et en diverses langues régionales. Il s'inscrit dans une perspective interdisciplinaire intégrant la pédagogie, l'histoire, la culture et l'Anthropologie.

Il nous intéresse sur le mode d'analyse et l'aspect endoctrinât de la chanson.

Ces ouvrages, bien qu'abordant l'objet de notre étude, ne se sont pas intéressé aux chansons policières qui constituent l'apport et la spécificité de cette étude.

Ceci dit, nous trouvons utile de réfléchir sur les approches théoriques en terme de discussion pour opter celle ou celles qui sont susceptibles d'élucider notre objet de recherche.

§ 4. PROBLEMATIQUE

Elle s'entend selon Quivy R et Van Campenhoudlt L (2006 :75) comme «  l'approche ou la perspective théorique qu'on décide d'adopter pour traiter le problème posé sur la question de départ. Elle est l'angle sous lequel les phénomènes vont être étudiés, la manière dont on va interroger la problématique fait donc le lien entre un objet d'étude et des ressources théoriques que l'on pense adéquates pour l'étudier ».

Après avoir examiné plusieurs approches qui ont traversé notre esprit dans la tentative d'éclairer les chansons policières, par le tri, nous avons pu retenir l'interactionnisme symbolique qui constitue l'approche théorique à laquelle s'abreuve cette étude. Elle est complétée et enrichie par la grille de l'acteur social.

L'interactionnisme symbolique comme approche adaptée à cette étude a été exploitée dans l'optique de Goffman E, (1973 :23 ; repris par Van Campenhaudt, 2001 :50-51)

En effet, le courant accorde une importance cruciale à la manière dont les interactions quotidiennes produisent des situations sociales. Ce courant repose sur le postulat selon lequel les acteurs sont en interaction dans une situation sociale donnée, ici un corps de Police institué.

Ils interprètent cette situation et la gèrent en fonction de leur interprétation élaborées dans ces mêmes interactions.

Ce qui nous intéresse dans cette approche, c'est la manière dont la vie se déroule dans ce corps et l'expérience vécue par les acteurs à travers les interactions internes.

Abordant l'expérience vécue par les acteurs nous renvoie à l'acteur social dans l'optique de Debuyst (1990). Cette grille de lecture recommande au chercheur de tenir compte dans son analyse, de l'expérience des acteurs, de leur point de vue et de leur expérience propres.

Ces approches considèrent le sujet comme acteur qui construit son univers de sens par une activité délibérée de donation de sens. Par ailleurs, elles valorisent les ressources de sens dont dispose l'acteur, sa capacité d'interprétation lui permettant de tirer son épingle du jeu face aux normes ou aux règles.

La pertinence de ces deux approches est qu'elle permet de découvrir le sens que voile les chansons qui sont porteuses de messages à découvrir et à expliciter selon le sens que les acteurs leur donnent.

Elles permettent aussi de mettre en lumière la capacité créatrice et invocatrice des acteurs qui devant l'organisation hiérarchique imposante, recourent aux chansons pour exprimer leur joie ou leur tristesse, leur besoin ou leur revendication. La chanson devient un moyen de s'exprimer et de réclamer leurs droits.

En effet, les policiers interprètent les chansons en fonction des interactions qu'ils ont entre eux-mêmes, entre eux et leurs chefs, entre eux et les autorités politico-administratives, l'Auditorat Militaire, parquet et avec la population.

Les sens des chansons dépendent donc des interactions des policiers avec le monde. Ils produisent un sens symbolique à travers des messages véhiculés par des chansons soit pour revendiquer soit encore pour se plaindre, soit pour dévier un comportement sous forme d'animation. Jusque là, la Police Nationale Congolaise n'a pas un syndicat.

Il ressort du projet sur la réforme de la police en République Démocratique du Congo, la non prise en compte de l'aspect revendicatif. Ces mêmes sens des chansons produisent aussi des dédicaces.

Ce courant accorde une importance cruciale à la manière dont les interactions quotidiennes produisent des situations sociales. Ce courant repose sur le postulat selon lequel les acteurs sont en interaction dans une situation sociale donnée, ici un corps de Police institué. Ils interprètent cette situation et la gèrent en fonction de leur interprétation élaborées dans ces mêmes interactions. Cette approche est complétée par la grille de l'acteur social.

En complétant l'approche interactionnisme symbolique par la grille de l'acteur social, nous avons pu constater que le policier n'est pas un être passif dont le comportement résulte du jeu du déterminisme.

Pour dire que la façon d'agir ou de se conduire ; l'ensemble des attitudes et des réactions objectivement observables d'un policier ne se contente pas de subir ou d'observer les différentes situations-problèmes sans agir ni réagir. Bien que la revendication ou la réclamation collective est punissable, les policiers s'expriment à travers les chansons.

Le policier est porteur d'un point de vue propre qui dépend de sa position dans la police. Pour dire qu'un policier a une conception ou une idée qui correspond concrètement avec la réalité. L'action de l'esprit du policier ne consiste pas à isoler un élément de l'ensemble.

Ainsi, il s'agit d'une étude microsociologique fondée sur des interactions de la vie quotidienne des acteurs (policiers) au regard des chansons produites ayant des effets sur leur conduite. Il s'agit également d'examiner les perceptions qui découlent de ces chansons. L'étude s'inscrit dans une approche qualitative.

Selon Faget (2002 :76-77), la perspective interactionniste symbolique est une posture méthodologique. En tant que tel, précise cet auteur, elle consiste : « à tenir compte dans l'analyse du point de vue des acteurs et non pas comme dans de nombreuses recherches passées qui se penchaient sur les institutions. »

Ce courant interactionniste considère que la conception que les acteurs se font du monde social est l'objet essentiel de la recherche sociologique. Si les individus définissent des situations réelles, elles le sont aussi dans leur conséquence. Dans cette optique, la société ou les institutions n'ont pas de réactions indépendantes des interactions sociales.

Le même auteur précise ce qui suit au regard de cette perspective comme démarche d'éclairage des données : « Nous vivons dans un environnement à la fois physique et symbolique et c'est nous qui construisons à l'aide de symbole, les significations du monde et de nos actions » (2002 :77).

Ceci étant, nous passons à l'intérêt du sujet et les finalités de cette étude.

§5. INTERET DU SUJET

Si nous choisissons de traiter un sujet donné, à l'instar de Quivy et Van Campenhoudt (2006 :17) « C'est forcément parce qu'il nous intéresse. Aussi parce que nous en avons une expérience concrète. Peut-être même sommes-nous désireux de réaliser notre recherche pour mettre au jour un problème social ou pour défendre une cause qui nous tient à coeur. »

Faisant notre cette pensée, l'objet d'étude nous a captivé du point de vue professionnel étant Officier de la Police. En effet, lors de notre formation policière la plupart des exercices physiques accompagnaient des chansons pour non pas seulement rythmer les mouvements mais aussi pour encourager les acteurs à préserver ou à endurer physiquement et moralement.

Lors de notre initiation des différents formateurs ne cessaient de répéter ceci « soldat a vivraka na morale », ce qui se traduit comme :le policier vit du moral. C'est le moral qui fait vivre. Même si le policier n'a rien, il est encouragé sur le plan moral à persévérer dans cette profession.

Mener une étude sur la problématique des chansons policières relève de notre curiosité scientifique de la questionner fait de notre expérience professionnelle.

Ce thème défraye la chronique, quoi de plus intéressant que de l'exploiter pour confronter l'expérience professionnelle à la réalité empirique.

De même sur le plan professionnel, chaque samedi de la semaine est consacré aux activités sportives. Les chansons sont présentes. Aussi, chaque fois qu'il y a parade, nous assistons à l'animation ponctuée par les chansons de diverses natures sans oublier celles liées à la religion.

Il arrive que l'Inspection Provinciale de la Police au Katanga organise le « MUTSHAKA » ce qui se traduit  :'' marches ou exercices physiques accompagnaient des chansons `'pendant lequel, les acteurs (policiers) animent, marchent, chantent les diverses chansons ,voire celles dites obscènes. Et la majorité se comportent de la même façon sans tenir compte de l'âge ni de grade. C'est une manifestation où tout est permis.

Les policiers en profitent pour braver les interdits ,c'est-à-dire, ils se livrent à des chansons parfois « obscènes »,voire celles qui s'attaquent à leur hiérarchie.

Sur ce, c'est cette amalgame des chansons qui a attiré notre curiosité scientifique pour mener l'étude sur les chansons policières. L'objectif poursuivi est d'examiner les différentes chansons produites par les policiers pour dégager ou cerner leurs effets sur le comportement policier. En plus nous cherchons à connaitre les différentes représentations qui en découlent de par leur contenu sans oublier les différents messages que les chansons véhiculent.

L'intérêt de l'étude a été celui de prendre au sérieux les connaissances et les compétences intellectuelles des acteurs et à les mobiliser dans le processus même de la recherche. Le souci qui nous a animé à choisir ce sujet n'est pas de juger la problématique, mais plutôt de la décrire avec le plus d'objectivité possible.

Il s'agira de fournir un effort pour dégager les enjeux autour de l'examen des chansons policières, les messages véhiculés par les auteurs et les représentations y afférentes.

L'intérêt et les différentes finalités de la recherche étant précisé, nous avons l'opportunité de présenter dans les lignes qui suivent l'unité d'analyse en termes de champ microscopique. Par champ microscopique, nous entendons le site de recherche perçu comme la plus petite unité d'analyse microscopique exigeant des interactions de face à face. Le champ microscopique s'oppose au champ macroscopique opérationnel sur de grandes échelles et obligeant beaucoup de moyens pour sa faisabilité.

²

Ceci étant, nous venons de présenter d'une manière succincte ce qui a constitué l'essentiel du premier chapitre, nous trouvons important de passer au chapitre suivant.

CHAP II . CADRE METHODOLOGIQUE

Ce chapitre centré sur le cadre méthodologique présente le site d'investigation ou les données ont été récoltées et les dispositifs méthodologiques exploités à cette fin.

SECTION I : LE SITE D'INVESTIGATION

Cette partie du travail présente trois volets : le choix du site, la description du site de recherche ainsi que l'organisation et fonctionnement de l'unité.

§.1 LE CHOIX DU SITE

Notre travail s'intitule l'analyse criminologique des chansons policières lors des rassemblements. Cette étude porte sur le bataillon de police Groupe Mobile d'Intervention Est, GMI EST en sigle.

Le choix de ce site s'est fait par rapport à sa spécificité. Celle d'intervenir a toute éventualité à travers toute l'étendue de la province du Katanga. En tant que telle, cette unité est différente d'autres du point de vue qui concerne l'objet de recherche. Par rapport à d'autres unités, celle-ci offre les atouts pour récolter les informations utiles à l'élaboration de cette étude. Sa particularité est qu'elle organise au quotidien la parade qui s'accompagne souvent des chansons susceptibles d'être analysées. En plus, en tant qu'unité d'intervention, celle- ci s'accompagne des chansons. C'est pourquoi nous nous y sommes intéressé en occupant une position de stagiaire dans cette unité aux fins d'enquêtes.

§.2. LA DESCRIPTION DU SITE DE RECHERCHE

La délimitation de notre étude est fonction de l'espace, du temps, des acteurs concernés et des situations-problèmes. A ce propos, ALBARELLO.L (2004 :25), précise ce qui suit :

« Le chercheur choisit un champ dans lequel il se « sent bien » qui l'intéresse, qui motive et le passionne selon sa propre psychologie, sa propre histoire personnelle et professionnelle, son propre état d'avancement, intellectuel et selon sa sensibilité aux interprétations ».

Le champ qui nous intéresse, c'est le Groupe Mobile d'Intervention Est (GMI Est). Au départ, nous avions voulu mener l'étude au sein du Bataillon Police de Circulation Routière (PCR) où nous sommes actif, mais pour raison de rupture et de fécondité des données, nous avons opté pour le site ci-haut cité. Il est important de signifier que le chercheur peut aussi mener une étude de l'intérieur, c'est-à-dire, dans son propre bataillon dans le cas d'espèce. Mais néanmoins, le site choisi offre beaucoup d'opportunités ou d'atouts de saisir les données au moment de leur production parce que les chansons y sont manifestes.

En effet, du point de vue espace, le Groupe Mobile d'Intervention est localisé au camp préfabriqué sur la chaussée de Kasenga, quartier Bel air, commune Kampemba dans la ville de Lubumbashi, chef lieu de la province du Katanga.

Ce site est appelé GMI EST par opposition à GMI WEST. Il s'agit des deux unités d'intervention qui sont opposées du point de vue géographique. Le GMI Est se trouve à l'est , c'est-à-dire, du côte du soleil levant en d'autres termes, vers la commune de la Ruashi. Tandis-que le GMI WEST était localisé au camp Est jadis camp COHE mais aujourd'hui opérationnel à Kisanga , quartier situé dans la commune annexe, à l'ouest de la ville de Lubumbashi. Du point de vue temps, la récolte des données s'est effectuée pendant la période allant du 24 janvier au 24 mars 2011, soit une période de deux mois.

Toutefois, il est utile de noter que les chansons ont été produites au-delà de cette période. Il y en a qui ont des racines plongées ou enracinées dans la nuit de temps. Quant aux acteurs, ce site renferme les acteurs qui découlent des différents groupes tels que les MAÏ-MAÏ sans oublier les veuves, les orphelins et les baptisés de la Police (les remplacements des déserteurs qui sont formés sur le tas) et les autres sont issus des différentes forces qu'a connues notre pays : les éléments de la force publique, de l'armée de la République du Zaïre (Division Spéciale Présidentielle, la Gendarmerie Nationale et la Garde Civile), ceux issus des différentes forces belligérantes pendant le conflit d'agressions tels que les KADOGO et les Forces d'Auto-défense Populaire qui n'ont subi aucune formation.

A noter que c'est précisément au Bureau 2 du Bataillon Groupe Mobile d'Intervention que nous avons bénéficié de l'encadrement. Sur ce, parlons de la présentation de ce Bureau :

L'entrée principale du Camp préfabriqué, que couvre un portail métallique à deux ouvrants donne tout droit au mail du drapeau à 40m duquel l'on sait apercevoir le bâtiment abritant au centre le Corps de garde, ou se trouve la cellule servant d'amigo de l'Etat-major Bataillon Groupe Mobile d'Intervention Est, à l'extrémité gauche le bureau de la 2é Compagnie et au flanc droit celui de la 3è Compagnie, le magasin des vivres et d'autres matériels.

A droite du mail du drapeau, il y a deux blocs abritant, le premier, les bureaux du commandant Bataillon, de son adjoint en charge des opérations, du chargé de l'instruction, du chargé des relations publiques, le secrétariat et la pharmacie de fortune du bataillon ; le second , les bureaux du commandant second en charge de l'administration, du chargé de la logistique, du chargé des ressources humaines, de la compagnie Etat-major et services, de la première compagnie et du centre de transmission.

Tandis qu'à gauche de ce mail on trouve, derrière la parade ou les policiers se tiennent chaque matin pour les appels, la montée du drapeau et la réception des directives du travail, le bloc abritant le Bureau 2 du Bataillon Groupe Mobile d'Intervention Est (GMI-E). Ce bloc, faudra-t-il le souligner, avait servi, pendant la Deuxième République, de cantine troupe de l'ex-bataillon mobile de la défunte Gendarmerie Nationale et mesure environ 15m de longueur et de 10m de largeur.

Le signe qui témoigne encore de cet ancien usage est le dispositif du comptoir situé dans le fond gauche de la grande pièce d'environ 10m/7m dénommée pool O.P.J. Ce bloc, qui est l'unique cadre de ce bataillon ou sont instruits les dossiers judiciaires, contient cinq pièces, dont le pool O.P.J ,parmi lesquels deux tournaient les dos au mur de la véranda et trois autres à celui séparant le pool O.P.J de l'office du commandant bureau 2. A coté du comptoir, se trouve le bureau du commandant second en charge des opérations, une pièce d'environ, 5m/3m. Un peu plus excentrée par rapport à l'entrée principale du pool O.P.J, une autre porte donne accès au secrétariat, ou l'administration du bureau était tenue par un deuxième adjoint.

Au coin gauche de la pièce du secrétariat se trouve la porte donnant l'accès aux toilettes intérieures, une pièce d'environ 2,5m sur 2m. Ces toilettes, faudra-t-il le souligner, arrosaient tout le bloc du bureau d'une odeur nauséabonde lorsqu'elles n'étaient pas bien entretenues, ce qui était tellement fréquent que les visiteurs, qui en étaient indisposés, préféraient sortir prendre de l'air aussi bien sur la véranda de ce bureau que dans la cour, chose que les agents de ce bureau tout comme d'ailleurs les O.P.J ne toléraient pas du tout question de ne pas faire voir au commandement de bataillon que le bureau 2 est plein de monde, ce qui était perçu par moment à tort, comme le signe d'une abondante entrée financière.

Outre la porte de toilettes, il y avait au secrétariat deux autres portes, celles permettant la sortie par derrière et celle de l'entrée au bureau du chef bureau 2. La description de ce bureau permet de présenter dans les lignes qui suivent le cadre fonctionnel et organisationnel de cette unité.

§.3. ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DE L'UNITE

La police étant une structure fortement hiérarchisée, elle a besoin, pour réussir dans sa mission primordiale, qui est celle de protéger les personnes et leurs biens dans les domaines multiples de la vie nationale, d'une certaine organisation susceptible de lui assurer un bon fonctionnement. C'est de cette organisation fonctionnelle qu'il sera question dans ce point.

1. Organisation

En effet, l'Inspection Provinciale de la Police Nationale Congolaise au Katanga comprend, outre son Etat-major composé de cinq départements traditionnels à savoir les départements 1,2.3,4et 5, s'occupant chacun des taches spécifiques ayant respectivement trait aux ressources humaines qui s'occupent de la gestion du personnel, de la justification permanente des effectifs, du contrôle des effectifs, du contrôle du régime disciplinaire et du respect de la réglementation en la matiére ainsi que de la paie du personnel ; les renseignements généraux, dont l'exploitation donne lieu à l'ouverture des enquêtes et l'élaboration des procès-verbaux , à l'instruction , organisation et planification, à la logistique et gestion du matériel et aux relations publique ; auxquels il convient d'ajouter les services techniques tels que le service de génie, la santé, la transmission, le transport, les budgets et finances,

Les aumôneries catholique et protestante, un conseil juridique, une compagnie administrative dénommée QG (quartier général ), sept unités du rang d'un bataillon et une qui venait d'être élevée au rang d'une brigade, évoluant toutes dans la garnison de Lubumbashi.

En dehors des unités territoriales et des unités spécialisées dont dispose l'Inspection Provinciale de la Police Nationale Congolaise au Katanga. Elle dispose aussi de deux unités mobiles d'intervention, dont l'une, dénommée bataillon Groupe Mobile d'Intervention Est (GMI-E) par rapport à sa position géographique à l'Est de la ville de Lubumbashi, a son Etat-major au camp Préfabriqué, situé au quartier Bel-air dans la commune de Kampemba.

Les policiers de cette unité portent le brassard vert avec inscription GMI en rouge bardeau ; et l'autre, appelé bataillon Groupe Mobile d'Intervention Ouest (GMI-W), par rapport à son orientation géographique située à l'ouest de la ville de Lubumbashi, a son Etat-major au quartier Kisanga dans la commune de Katuba, plus précisément à 100m en face de la bifurcation des routes Kasumbalesa et Kipushi . Les policiers de cette unité portent le brassard bleu avec inscription GMI-W en blanc.

2. Fonctionnement

Dans chaque province, les forces de la Police Nationale Congolaise sont constituées en inspection provinciale placée sous le commandement d'un inspecteur provincial de la police assisté de deux inspecteurs provinciaux adjoints, dont l'un chargé de l'administration et logistique et l'autre chargé des opérations et renseignements généraux .L'Inspection Provinciale de la Police Nationale Congolaise au Katanga comprend :

- Des unités territoriales ;

- Des unités ou services spécialisés

- Des unités d'intervention

Le Bataillon Police Groupe Mobile d'Intervention est l'une des ces unités d'intervention de l'inspection provinciale de la police nationale congolaise au Katanga.

Comme tout système social, la Police Groupe Mobile d'Intervention Est a son organisation et sa structure. Le décret-loi 002/2002 du 26 Janvier 2002 dispose dans son article 48 : L'organisation détaillée et le cadre organique sont définis par voie de Décret du Président de la République.

Ce texte, comme tous les autres qui devaient compléter le décret-loi précité n'a jamais été publié. Cependant, les commandants d'unité ont mis en place des structures permettant aux unités de fonctionner dans un cadre formel. La structure est composée d'un commandement, d'un état-major et des compagnies.

a) Le commandement

Il est composé d'un commandant de bataillon et de deux commandants en second : le premier chargé des opérations et renseignements ; et le deuxième chargé de l'administration et logistique. Son rôle est de coordonner et d'orienter toutes les activités de l'unité. Le commandement a sous son autorité un état-major et des compagnies subordonnées.

b) L'état-major

L'état-major est composé des services généraux et techniques qui aident le commandement à prendre des décisions intéressant l'ensemble de l'unité et à assurer, entre les sous-unités à l'intérieur du bataillon unité d'action.

Il est composé des bureaux appelés bureau 1,2,3,4 et 5.

(1)      Bureau 1

Appelé aussi bureau des ressources humaines. Il est chargé de la gestion du personnel sur le plan des effectifs, des affectations, rémunérations, pension et retraite, discipline, distinctions honorifiques

(2)      Bureau 2

Ce bureau est aussi appelé bureau des renseignements généraux et services spéciaux. Il est particulièrement chargé de la récolte de l'information, de son exploitation et de sa transmission vers le haut et vers le bas. Il mène les enquêtes et investigations.

(3)   Bureau 3

Le bureau 3 est chargé de l'organisation, instruction et opérations. Dans le quotidien, il étudie les besoins en effectifs et en matériels et fixe les priorités pour l'affectation du personnel et du matériel. Il élabore le programme d'instruction, organise l'instruction des cadres et de la troupe et établit le rapport d'instruction.

(4)    Bureau 4

Il est chargé de la logistique. Il gère le matériel existant et établit les demandes pour les approvisionnements. Son domaine d'intervention s'étend au ravitaillement (Vivres, Carburants...), au transport, à l'armement et munitions, au matériel de bureau etc. 

(5)      Bureau 5

Il est chargé des relations publiques et du protocole. Il s'occupe de la réception des visiteurs du commandement de bataillon, ainsi que de l'organisation des manifestations touchant à la vie de l'unité.

c.  Les compagnies

Elles n'ont pas d'attribution particulière en rapport avec les missions dévolues à cette unité. Signalons que le Bataillon police Groupe Mobile d'Intervention Est compte trois compagnies. Le commandant de compagnie est donc investi d'une responsabilité générale, tant du point de vue administratif et logistique que du point de vue opérationnel. Cependant, l'articulation des hommes, l'organisation de la garde, des causeries morales et autres activités de l'unité font l'objet des rôles de service établis par l'état-major et signés par le commandant de bataillon.

Cette étape nous permet de montrer la manière dont nous avons récolté les données. Ceci étant, passons au dispositif méthodologique.

SECTION II : DISPOSITIFS METHODOLOGIQUES

§.1. ENTREE SUR TERRAIN

Il s'agit de la préparation de l'équipe, l'immersion sur terrain et la construction de l'échantillon .

1. Echantillon

La démarche mobilisée étant qualitative et inductive, elle impose un échantillon qualitatif axé sur la diversité des acteurs en vue de produire les résultats nuancés et diversifiés. La sélection des acteurs n'a pas pour but la représentativité de la population à étudier, mais plutôt la catégorisation des acteurs qui rentre dans l'univers de l'enquête. Nous avons opté pour l'échantillon à cas multiples dans l'optique de Dépelteau (206 :27). Il permet de sélectionner les acteurs pertinents qui constituent la matrice de l'univers de l'enquêté du point de vue diversification. Celle-ci a été réalisée en fonction de grades policiers : Agent de Police, sous Officiers, Officiers Subalternes et Supérieurs.

Ce type d'échantillon ne met pas seulement l'accent sur la diversité des acteurs, mais également sur la situation. Celle-ci d'après Michielli (2004 : 37) est un signal montrant la fin de récolte des données puisque les nouvelles entrevues ne produisent pas de nouvelles connaissances.

Cette saturation désigne le moment pendant lequel le chercheur réalisant que l'ajout des données nouvelles dans la recherche n'occasionne pas une meilleure compréhension du phénomène étudié (Mucchielli, 2004 : 237-238). « Elle constitue un signal d'alarme ou une alerte pour le chercheur qu'il peut cesser la collecte des données ou leur analyse ou encore mieux les deux actions vécues simultanément. »

Si, dans la posture positiviste, le point de saturation constitue un signal de représentativité des données dont la visée est la généralisation des résultats. Par contre, dans le modèle d'analyse inductif et constructiviste, la saturation permet la production d'un savoir riche, adéquat, nuancé, intimement lié aux contextes à l'intérieur desquels ils avaient été produits.

L'échantillon étant construit, nous trouvons opportun de montrer comment nous avons fait l'entrée sur le terrain et la mise en oeuvre des dispositifs de recueil des données

2.Le terrain

1°) Préparation de l'enquête

La récolte des données exige un minimum de préparation matérielle et financière. C'est dans ce contexte que Beaud S. et WeberR F. (2008 : 101), précisent que « l'enquête exige une préparation sérieuse : avoir le moyen de déplacement, un logement, la restauration, bref, une préparation matérielle et financière. »

Concernant cet aspect, les moyens matériels et financiers nous ont permis de bien mener notre enquête.

Les auteurs précités renchérissent ces mots : « pas de bonnes enquêtes sans un minimum de confort, non pas pour le confort en tant que tel, mais comme condition de travail » (Beaud et Weber, 2008 : 101).

Cette préparation n'est pas seulement matérielle et financière mais également psychologique puisque la recherche transforme le chercheur. Dans cet ordre d'idée, devenir enquêteur implique au chercheur d'avoir un nouveau rôle social à tenir. C'est devenir un peu « bizarre » pour autrui dans la vie sociale ordinaire (Beaud et Weber, 2008 : 98-99).

La situation d'enquête est leur meilleur moyen de vivre l'activité de celle-ci comme un vrai travail : tenir un journal de terrain, faire régulièrement les observations, réaliser les entretiens, se documenter...

Toutes ces tâches exigent au préalable une préparation matérielle, documentaire et la connaissance du terrain.

2°) Immersion sue le terrain

Cette partie du travail présente deux volets : la négociation du terrain et l'insertion.

a. La négociation du terrain.

C'est le lundi 24 Janvier 2011, que nous avons été autorisé d'aller effectuer notre stage au bataillon d'Intervention Mobile Est de Lubumbashi. Cette unité d'intervention constitue la réserve stratégique de l'Inspection Provinciale de la Police Nationale congolaise au Katanga.

Notre Stage de recherche recommandé par l'Ecole de criminologie de l'Université de Lubumbashi, au début a suscité de la confusion dans l'esprit des observés, car ce stage est différent de celui organisé par d'autres institutions et facultés. En effet, les stagiaires venant d'autres institutions ou facultés poursuivent un objectif de professionnalisation. Cependant, la notre vise la récolte des données.

Suite à cette confusion qui régnait autour de nous, nos interlocuteurs ne répondaient pas clairement à nos questions relatives aux messages véhiculés ainsi qu'aux contextes de production de chansons policières.

Nous avons même connu plusieurs cas où certains officiers ainsi que d'autres éléments de cette unité et même des civils nous évitaient pour leur avoir posé des questions sur l'interprétation des chansons policières.

En effet, il n'est pas rare de rencontrer chez les personnes contactées une certaine réticence à accepter l'entretien. Communiquer des opinions ou des informations sur un sujet peut paraitre une opération délicate.

Il faut donc s'attendre à certains refus RUQUOY ; D 1995. Ici, le rôle de l'interviewer s'avère crucial : plus il prend à coeur la réalisation de son étude, et plus il sera amené à convaincre. Cette pensée a été réalisée aux fins d'enquêtes en nous insérant dans le milieu d'études.

b. L'insertion dans un milieu d'études

Pour ce qui concerne notre étude, outre les relations personnelles avec le numéro deux du Bataillon, l'élément accrocheur a été plus l'objet de recherche ; la plupart des personnes interrogées (pour notre insertion dans le milieu d'étude : le Commandant second, Le Chef S2 et le Chef S3, tous du même Bataillon) se sont senties concernées par l'étude en s'imaginant qu'elle pourra amener les solutions aux problèmes persistants dans l'organisation. Tout étant catalysée, la recommandation de stage nous a été offerte par l'école de criminologie de l'université de Lubumbashi. Au-delà des raisons évoquées ci-haut, une autre non négligeable et occasionnelle a été militée pour notre acceptation et insertion dans le milieu de recherche.

En effet, de par notre ancienne fonction du secrétaire particulier de l'Inspecteur Provincial de la Police au Katanga, l'accès nous a été vite accordé sous réserve de privilégier les relations qui existent déjà. Cette acceptation qualifiée « d'hypocrisie », a été pour nous un feu vert d'accès aux informations dans le site de recherche, le Bataillon Police d'intervention Mobile Est.

Ainsi, le concours de toutes ces raisons a été pour nous la clé pour l'ouverture de la porte du camp préfabriqué.

En tant que Policier chercheur, il nous a fallu un effort pour nous détacher de notre qualité d'officier et nous engager dans le champ de la recherche.

Ceci, pour répondre à la logique selon laquelle, « si on a l'intention de faire oeuvre scientifique, un seul chemin serait possible se faire adopter par ce champ, l'intégrer et fonctionner selon ses normes » (ALBERELLQ L (2004).

Cela étant, il nous a fallu des stratégies pour confirmer cette distinction par rapport à notre position sociale parmi lesquelles, le fait de faire disparaitre autour de nous, tous les indices policiers durant notre séjour dans les milieux de recherche sur terrain. Ce qui nous a permis de mener nos recherches en toute liberté intellectuelle par rapport à notre position sociale et dans un climat de sérénité et de réflexivité.

Cette étape nous permet de montrer la manière dont nous avons récolté les données empiriques.

§.2. LA RECOLTE DES DONNEES

Au regard de l'observation, nous avons adopté deux postures. A ce propos, CESSARD H, GOYEFFE G, BOUTING,1977 :102 ,sous la plume de TSHINYAMA KADIMA Ildephonse, précisent ce qui suit :

« l'interaction-observateur-observé pose un problème de dosage entre observation et participant. Selon le niveau d'implication du chercheur, l'observation peut prendre une forme active (en insider) ou forme passive en (en outsider) »(2009 :72)

Nous avons été à la fois « insider » et « outsider ». Cette position nous a permis de récolter les données sur les interactions observables entre deux types d'acteurs ainsi que les pratiques qui en émergent.

L'enregistrement des données de l'observation n'a pas posé de problème au sein de cette unité de police. Il nous arrivait aussi à prendre note d'une manière fictive, c'est-à-dire, cachée et codée, les messages véhiculés par les chansons des acteurs concernés.

Quant aux entrevues, il nous fallait fixer le rendez-vous avec le concerné. La tache nous avait été facilitée par les officiers de la police qui sont nos collègues. Pour être à l'abri des curieux, les entretiens se déroulaient dans d'autres endroits éloignés du camp préfabriqué ou nous avons eu l'opportunité d'enregistrer avec le dictaphone tout en prenant note de l'essentiel en vue de parer à toute éventualité pouvant sugir lors de l'enregistrement.

Parmi les enquêtés, un seul a refusé l'enregistrement parce qu'il croyait être arrêté aussitôt et nous avons noté dans notre bloc note d'entretien. Nous avons réalisé nos entretiens par contact face à face. Bien que la tache nous soit facilitée lors du contact, les entretiens se déroulaient entre nous et les enquêtés à l'absence des facilitateurs. C'est dans cette ambiance que nous avons réalisé la récolte des données.

1. Le choix des méthodes et techniques

a . Choix des méthodes

La présente recherche consiste à analyser les messages véhiculés par les chansons policières. La méthode en tant que démarche, dépend de la visée de chaque chercheur.

Les choix des méthodes comme outils de recherche s'est incliné sur deux points à savoir : la démarche qualitative et la démarche participante. L'étude s'inscrit dans une approche qualitative. Pour expliquer les messages contenus dans des chansons policières, la démarche analytique est appropriée pour mieux appréhender ce fait sous examen.

Ainsi, il s'agit d'une étude microsociologique fondée sur des interactions de la vie quotidienne des acteurs (policiers) au regard des chansons produites ayant des effets sur leur conduite. Il s'agit également d'examiner les perceptions qui découlent de ces chansons. Dans le cadre de cette étude, notre choix s'est incliné sur la méthode ethnographique. Celle-ci impose à un chercheur d'être dans son milieu d'étude, d'y mener un temps assez long et d'occuper une place dans la communauté en vue d'observer les faits relatifs à son objet. Il fait de l'observation participante. Sous cet angle, nous avons utilisé ce type de méthode en nous insérant dans le milieu concerné à titre de stagiaire dans le but de récolter les données.

Ceci étant, il nous est utile de préciser les techniques de recueil des données.

b .Choix des Techniques

L'étude fait recours à deux techniques de recueil des données notamment l'observation directe sous sa forme dite « in situ » et l'entretien avec séquence directive.

1. Observation directe

La démarche méthodologique mise en exergue dans cette recherche étant essentiellement ethnographique, elle nous renvoie ipso facto à l'observation « in situ ». Elle offre l'avantage de saisir les interactions à chaud , c'est-à-dire, elle permet au chercheur de récolter les données au moment de leur production. Il s'agit de récolter les différentes chansons auprès des acteurs concernés.

Elle est dite directe puisqu'elle s'opère sans intermédiaire d'aucun instrument. Elle exige la présence du chercheur sur le site de recherche. A ce propos, Laplatine (2006 :8) précise ce qui suit : « l'observation exige la présence du chercheur sur le terrain en vue de procéder à la récolte des données relative, à l'objet de recherche tout en prenant place dans le milieu d'observation ». Cette technique étant limitée à la vision du chercheur, elle est complétée et enrichie par les entrevues.

2 .L'entrevue

Blanchet A. et Gofman A. distinguent deux types d'entretiens :

a. Entretien à usage Exploratoire

Celui-ci a été utile dans la phase exploratoire pour fixer certains concepts, améliorer et préciser le fil conducteur. Il s'agit de l'entretien à usage exploratoire avec des personnes ressources de la police de certains services que nous préférons garder l'anonymat et ayant l'expérience sur la question d'étude.

A ce propos, ces auteurs montrent l'utilité de cette forme d'entretien en ces termes :

« Il a pour but de mettre en lumière les aspects du phénomène auquel le chercheur ne peut penser spontanément et de compléter les pistes de travail suggérées par ses lectures. Il est l'outil de prédilection de la phase exploratoire d'une enquête..., il est lui-même un processus exploratoire »  (1992 :43).

b. Entretien à usage complémentaire

Mobilisant l'approche ethnographique par l'observation « in situ », celle-ci ne permet pas de saisir le sens et les rationalités découlant des interactions. C'est en cela que ce type d'entretien vient compléter et enrichir l'observation pour découvrir les représentations.

Sur ce, les mêmes auteurs précisent ce qui suit : « Selon qu'elle est postérieure, parallèle ou corrélative à d'autres moyens d'enquête, l'enquête par entretien ne remplit pas la même fonction. Soit elle enrichit la compréhension des données, soit elle les complète ou bien encore, elle contribue à leur construction et à leur interprétation » (1992 :54)

L'entretien en tant que technique complémentaire, son choix a été dicté par l'avantage qu'il offre. Il est moins coûteux et d'utilisation souple et relativement aisée. Il est un mode d'investigation utile pour une analyse qualitative des données. Il permet de découvrir le sens et les finalités que les acteurs associent à leur situation ou leurs actions (François DEPELTEAU, 2000 : 334)

L'entretien ou l'interview se réalise sous trois formes : directive, non directive et semi directive.

- Elle est dite directive lorsque le chercheur procède par des questions fermées qui enferment l'enquêté à répondre selon les directives de l'enquêteur.

- Elle est non directive lorsque le chercheur utilise les questions ouvertes et laisse la latitude, à l'enquêté de donner ses avis ou ses opinions.

- Elle est semi directive lorsque le chercheur utilise les questions ouvertes et intervient pour orienter l'enquêté lorsqu' il se perd ou se livre à des verbiages.

La présente étude a préconisé les entrevues avec séquences directives pour éviter le « bavardage » et ramener l'interlocuteur à l'objet de recherche. C'est en cela qu'apparaît l'importance de la séquence directive puisqu'elle offre la latitude à l'interlocuteur de parler librement sur la question.

§ 3. MISE EN OEUVRE DES TECHNIQUES DE RECUEIL DES DONNEES

Le dictionnaire Dicos Encartas définit la technique comme étant un procédé ou un ensemble des procédés mis en oeuvre pour obtenir un résultat déterminé (dans un domaine particulier).

L'observation participante et l'entretien ou l'observation indirecte, telles sont les techniques ciblées et mobilisées pour cette recherche. Elles indiquent deux manières de recueillir les données :

1. L'Observation

Rien n'est dans l'intelligence qui ne soit entré par le sens. La vue est un instrument qui nous permet d'acquérir les connaissances, c'est par l'observation qui consiste à regarder attentivement et d'une manière raisonnée que se réalise cette acquisition. Il s'agit de l'observation comme porte d'entrée de la connaissance. Celle-ci, peut -être directe ou indirecte selon le cas.

- L'observation directe, c'est lorsque le recueil des données accède à l'objet de connaissance directement sans biais. Elle est dite indirecte lorsqu'elle accède à la connaissance par l'instrument (informateurs, enquêtés ou acteurs, participants, les documents).

- L'observation directe a été d'application dans cette recherche dans la mesure où pour recueillir les données nous avons été obligé de descendre sur terrain au camp préfabriqué notre site d'observation situé sur la chaussée de Kasenga, quartier Bel -air II, commune de Kampemba, ville de Lubumbashi dans la province du Katanga en République Démocratique du Congo. Cette descente nous a permis de nous approcher des réalités du terrain en rapport avec différents messages véhiculés à travers les chansons.

- Par cette technique, nous avons eu à participer à plusieurs activités organisées par le commandement de ce bataillon. Parmi elle, nous signalons la participation aux causeries morales quotidiennes, aux parades hebdomadaires, aux séances d'instructions journalières, cross matinal, aux activités sportives de chaque samedi de la semaine, au maintien et rétablissement de l'ordre public et autres rassemblements organisés par différents échelons.

L'observation participante consiste à participer réellement à la vie et aux activités des sujets observés, selon la catégorie, les Agents de police, les sous-officiers, officiers subalternes et supérieurs ou de statut dans lequel en fonction de ses propres considérations ou de la place que ceux-ci consentent à lui faire (Mucchielli, A Op-cit. P.213)

Ce type d'observation nous a convaincu dans cette étude dans la mesure où, elle nous a permis de nous investir en participant activement aux activités.

2. Entretien

Il y a « entretien » et « entretien »

« Un premier type d'entretien peut-être qualifié d'informatif : je me rends chez une personne ressource parce que je sais qu'elle dispose d'informations qui seront utiles à ma recherche. Ce n'est pas son avis en tant que tel où son mode de pensée personnelle qui m'intéresse, c'est l'information factuelle, objective, dont cette personne dispose en fonction du rôle qu'elle joue et de la fonction qu'elle remplit. Le second type d'entretien est dit qualitatif sensu stricte ou « entretien de recherche ». (Albarello. L, Op cit P62)

La clé de la méthodologie de l'entretien repose sur la technique de l'écoute, sa préparation et son explication, une écoute instruite par des objectifs précis et un cadre de référence théorique explicites. (Blanchet, A, Gotman A (2004).

Pour ce qui concerne notre recherche, nous avons plus privilégié l'entretien individuel à l'entretien collectif. Par celui-là nous avons été dans une situation de face à face avec nos interviewés, ce qui nous a permis d'accéder aux informations même celles qui ne pouvaient pas être mises à notre disposition si l'entretien se faisait de façon collective. Cette catégorie nous a permis d'obtenir des révélations sur certaines pratiques auxquelles se livrent les acteurs dans leur vie quotidienne, pratiques qui font objet des chansons.

Il a permis aux interviewés une liberté de la parole parce que la contrainte sociale y a été moins grande. C'est l'usage de l'entretien semi directif plus ouvert et plus libre. La technique de l'entretien semi directif consiste à soumettre un champ ou un aspect du champ à la réflexion et la discussion.

Le chercheur présente un champ de réflexion assez large et il s'insère ensuite dans la logique exprimée par la personne interrogée (Albarello 2004, P64).

Il importe de signaler que nos entretiens se sont déroulés en trois langues, à savoir la langue française, le lingala et le swahili. Ces deux dernières langues sont du milieu dont la traduction en français faites par nous même.

Le dictaphone et un carnet de bord sont des outils qui nous ont servi de support dans cette opération de récolte des données.

Comment les avons utilisés ?

- Le dictaphone, nous a été d'une importance capitale dans la mesure où tous nos entretiens y étaient enregistés. Ces entretiens étaient souvent entrecoupés parce que nous avons sélectionnés des personnes ressources. Après enregistrement, intervenait le rôle des carnets.

- Le carnet de bord, après les auditions, les entretiens sont transcrits dans le carnet. Celui-ci a deux parties, la première reprend les entretiens intégralement tandis que la seconde transcrit nos analyses et interprétations de contenus des chansons policières.

C'est dans cette partie que nous avons synthétisé les points communs à tous nos entretiens. Il convient de souligner qu'au Camp préfabriqué tout comme à l'Escadron mobile du District Ville Police Lubumbashi, la plupart des entretiens réalisés ont été directement transcrits dans le carnet.

Nos entretiens ont été articulés sur les thèmes ci-après :

· Les sentiments des acteurs

· Leurs critères de sélection des chansons

· La destination des messages

· Les phénomènes abordés

· Les obstacles que les acteurs rencontrent dans la production de ces chansons

· Leurs attitudes vis - à -vis des chefs avertis

· Les représentations, signification de point de vue.

· Relation avec l'autorité politico-administrative, judiciaire civile, militaire et la population.

Le contrat selon lequel les informations recueillies commençaient à se répéter et que les nouvelles informations devenaient rares et moins pertinentes par rapport à l'objectif de notre recherche nous conduit à clôturer notre travail de terrain.

C'est pour nous une solution de bon sens lorsqu'on s'oriente dans une recherche basée sur les méthodes qualitatives. L'observation en tant que procédé de recherche qualitative implique l'activité d'un chercheur qui observe personnellement et de manière prolongée des situations et des comportements auxquels il s'intéresse, sans être réduit à ne connaitre ceux -ci que par le biais des catégories conversationnelles ou conventions ordinaires. Elles ont été profitables puisque les acteurs nous livraient les faits dans leur état naturel sans qu'ils ne se rendent compte que nous étions chercheur à qui ils livraient les informations ponctuelles utilisées par ceux qui vivent ces situations. (Poupart, Deslauriers, Groux La Perriere, Mayer, Pires 1997). forme in « situ », ainsi que des entretiens, nous avons ainsi exploité les entrevues de la population à étudier, mais plutôt la catégorisation des acteurs qui rentre dans l'univers de l'enquête. C'est cette dernière technique qui a été exploitée.

§.4. TECHNIQUE D'ANALYSE DE DONNEES EMPIRIQUES

Dans le cadre de cette étude, nous avons recouru à la méthode d'analyse du contenu sous sa variante dite thématique. Cette analyse opère par deux volets dont le premier procède à dégager les thèmes véhiculés par les chansons en cherchant le noyau de sens, tandis que le deuxième cherche à établir les liens entre les différents thèmes. Le premier volet est appelé analyse verticale, tandis que le deuxième est appelé analyse horizontale (Blanchet et Gotman, 1992 : 98).

Cette grille d'analyse permet de dégager les catégories conceptuelles appelées thèmes principaux et secondaires permettant ainsi de séparer les éléments factuels des éléments significatifs tout en minimisant les interprétations non contrôlées. C'est dans cette vision que cette grille s'affirme comme un outil explicatif visant la production des résultats.

C'est dans cette vision que nous avons fait ressortir les différents thèmes principaux et secondaires tels qu'ils apparaissent dans le corpus du travail. A cet effet, il faudra retenir que l'analyse consistait à regrouper les différents thèmes au regard de deux critères à savoir : la ressemblance et la différence.

Les thèmes retenus étaient regroupés sous forme d'un chapeau ou d'un sac comme thème principal où émergent les thèmes secondaires.

En effet, pour répondre à cette préoccupation, nous avons opté pour l'analyse du contenu comme méthode de référence. Celle-ci, est la méthode qui cherche à rendre compte de ce qu'ont dit les interviewés de la façon la plus objective et la plus fiable possible BEAUD, S et WEBER,F (2008 :107 ). Elle se définit comme une technique de recherche pour la description à la fois objective, subjective, systématique et qualitative du contenu manifeste de la communication.

Nous rappelons qu'en réalisant les entretiens avec les policiers concernés, la visée n'est pas de vérifier si les discours produits par nos interlocuteurs sont exacts ou faux, en d'autres termes vérifier l'objectivité des discours produits, mais de chercher les sens que recèlent ces discours.

Son objectif est d'analyser le matériel d'enquête collecté à l'occasion d'observations, d'entretiens de groupe ou d'entretiens individuels : les messages véhiculés par les chansons, les comportements, les mots, les cris, les gestes, ce qui n'est pas dit et qui est sous entendu. QUIVY,R et LUC VAN CAMPENHOUDT,L(2006 :176 )

En réalité, l'analyse du contenu est une méthode très large et globalisante. Elle s'opérationnalise sous plusieurs versions comme l'analyse documentaire, l'analyse thématique... Nous nous sommes intéressé dans le cadre de cette étude à la version thématique sous ses deux versions à savoir verticale et horizontale ou transversale.

A ce propos, l'analyse thématique consiste à chercher les thèmes semblables et les thèmes divergents, les thèmes principaux et les thèmes secondaires. Les grands thèmes englobent les thèmes secondaires qui deviennent des sous-points et en constituent les indicateurs. QUIVY et VAN CAMPENHOUDT (2006 :178)

L'analyse verticale, procède à décrypter chanson par chanson. Dans le cadre de cette analyse thématique verticale, nous avons procédé par le regroupement des données de l'observation et les entretiens de chaque chanson pour dégager les thèmes tout en construisant le grand titre, chapeau ou panier. Ces différents paniers ont été regroupés sous forme des thèmes autour desquels nous nous sommes investi pour faire des interprétations.

L'analyse horizontale ou transversale nous a conduit à la recherche des liens entre les différents thèmes. A travers cette analyse, nous avons trouvé en recoupant les différents thèmes, «  la revendication » et « l'interpellation » comme deux thèmes apparents qui reviennent pour engloutir d'autres thèmes dans les chansons policières que nous avons décortiquées. Ces thèmes constituent les résultats de l'analyse transversale de toutes les données recueillies à partir des entretiens et observations de terrain.

L'analyse en soi consiste à rechercher le noyau de sens dans les données des chansons, observations et entretiens en vue de dégager les différents thèmes que nous avons soumis à la comparaison pour les classer ou les regrouper en fonction de deux critères, comme dit précédemment, la ressemblance et la différence. BLANCHET et GOTMAN (1992 :98)

Selon cette méthode, les particularités tombent pour laisser la place au thème qu'il faut exploiter. Néanmoins, lors de l'analyse, nous avions pris soin de cerner certains discours qui serviront de restitution contextuelle en vue de rendre lucide le contenu des chansons ou des données observées.

Pour illustrer notre propos, l'analyse nous a permis de chercher le noyau de sens dans chaque chanson et entretien, et ensuite en recoupant tous les entretiens pour chercher les différents liens entre les thèmes. C'est dans cette posture que nous avons retenu comme thème principal à titre purement exemplatif, la problématique des chansons policières.

Comme thèmes secondaires, nous avons retenu la chanson comme mode de revendication et de communication policier.

Voilà au moins illustrée, d'une manière concrète, la manière dont nous avons procédé pour analyser les données dont les tenants et les aboutissants apparaissent clairement dans le corpus de deux derniers chapitres qui sont empiriques.

§.5. ETHIQUE DE RECHERCHE

Nous nous somme référé au site wikipédia consulté le 02 février 2011, lorsqu'il écrit ce qui suit sur l'éthique de recherche :

« ... Le chercheur ne doit pas empiéter sur les droits des personnes participants aux recherches et de ne pas affecter leur bien -être ; les participants ne doivent pas être maltraités ni lésés en prenant part à une recherche ».

Nous avons respecté ce protocole et utilisé l'anonymat par l'usage des pseudonymes au chaque acteur nous donnait à la fin d'entretien.

En plus, la participation à l'enquête n'a pas été forcée, mais sollicitée volontairement. Chaque participant acceptait librement de participer à l'enquête après négociation et explicitation des buts de l'enquête.

Nous pensons avoir respecté avec minutie les principes méthodologiques dont les résultats de la recherche est transférable dans le contexte similaire.

Ceci nous renvoie à présenter les difficultés rencontrées.

§.6. DIFFICULTES RENCONTREES ET COMMENT LES CONTOURNER

- La première difficulté s'est située au niveau des policiers auprès desquels les enquêtes ont été menées. Ceux-ci nous considéraient comme « Tif tif » c'est -à-dire,espion au service en vue de déceler le nombre de poste de gardiennage pourtant déjà défendu par l'inspecteur provincial de la Police Nationale Congolaise au Katanga.

Pour surmonter cette difficulté, il fallait d'abord procéder par les sensibilisations du Commandant Bataillon ainsi que du Chef S3. Cette sensibilisation était axée sur le fait que notre présence parmi eux était pour leur intérêt et c'est dans le but d'interpréter les différentes chansons policières en vue d'une analyse criminologique.

- La deuxième difficulté rencontrée était celle de la sélection des chansons et des enquêtés. La manière de la surmonter était de bien choisir les enquêtés qui ont eu à bien parler.

- La troisième difficulté était d'ordre financière, car les policiers étaient exigeants. D'où, il fallait leur payer de la bière pour chaque entretien.

Ainsi, après avoir présenté les dispositifs méthodologiques mis en oeuvre pour réaliser cette étude et son cadre référenciel, notre préoccupation dans le chapitre suivant va porter sur l'analyse et la présentation des résultats.

CHAPITRE III. ANALYSE DES CHANSONS COMME MODE

D'EXPRESSION POLICIER

Ce chapitre analyse les données de notre recherche, les interprète et en présente les résultats. De ce fait, il répond à notre question de départ à savoir : « Quelle analyse faire des chansons comme mode d'expression policière? »

Après la lecture systématique des données d'observations et d'entretiens, nous avons jugé utile de présenter les résultats de cette étude d'une manière hétéroclite, c'est-à-dire, composé d'élément variés et disparates en trois clichés ou tableaux pour fin d'interprétation:

1.    Le contexte de production des chansons policières

2. Les principales thématiques

3.    Les fonctions des chansons

SECTION I : LES CONTEXTES DE PRODUCTION DES CHANSONS

IDENTIFIES

L'environnement structurel et évènementiel sert de cadre à l'élaboration aux moyens de règles linguistiques , à la présentation de quelque chose pour servir de témoin ou de preuve.

En effet ,les chansons policières s'inscrivent aussi dans l'environnement textuel permettant de préciser le sens des messages qu'elles véhiculent.

Ainsi, les chansons sont produites en fonction des situations liées aux différents contextes :

· La situation de guerre

· Lors du maintien et rétablissement de l'ordre public

· Lors de réjouissance (divertissement et détente)

§.1. SITUATION DE GUERRE

`'La Police Nationale Congolaise est née dans un contexte de guerre. En effet, vers les années 1997, le pouvoir de l'AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la libération) vient mettre fin au règne du régime Mobutu. Et Laurent Désiré Kabila qui dirige l'Alliance reprend le projet d'instituer ou de réhabiliter une Police Nationale Congolaise, alors que Mobutu l'avait déjà créée en 1966 pour la dissoudre en 1972 selon le contexte de la zaïrianisation.''

`'En 1998, il est crée de fait un corps de police qui va être institué en 2002 par le décret-loi n° 002/2002 du 26 Janvier 2002. Il s'agit bien de La Police Nationale Congolaise. Et parce qu'elle est le fruit de la fusion de la Gendarmerie Nationale du Zaïre , les Forces Armées Zaïroises et de la Garde Civile, elle hérite, non seulement de tout le patrimoine matériel, mais aussi des hommes et des femmes qui composaient ces forces.''

`'Comme ces anciennes forces qu'elle supplante, la nouvelle police nationale est un corps militarisé et centralisé. Et donc, l'idéologie qui la sous-tend est restée inchangée, c'est-à-dire celle d'ordre, l'enjeu demeurant celui de pouvoir'' comme le renseigne bien le Prof Tshinyama Kadima Ildéphonse (2009) dans son portefeuille de lecture, première licence école de criminologie de l'université de Lubumbashi.

La police est considérée comme «  BAKOLO MABELE » ce qui se traduit en français  en ces termes : les propriétaires du sol. Ici, le sol c'est l'espace territorial géré par ce corps. Celui-ci est perçu comme un cheval de parade et non de bataille. En cas d'attaque de l'ennemi c'est la police qui intervient pour freiner l'avancement de l'ennemi , le pousser ou le freiner de progresser à l'intérieur du territoire en attendant que l'armée intervienne.

Cette tache ou mission de protéger l'intégrité de l'espace national n'est pas seulement dévolue à l'armée mais à la police. Née dans un contexte de guerre et évoluant dans une situation de post-conflit, la police a produit les chansons qui cadrent avec la guerre.

Nous allons ici, à titre illustratif présenter quelques chansons traduisant la guerre.

1. Moto ,moto ,inawaka , moto ee

Ina waka Moto inawaka .

Moto , moto , ina waka moto ee

Ina waka, moto ina waka

Iliwaka lemera ,

Moto, moto inawaka , moto ee

Umewaka, moto umewaka.

moto iliwaka kalemi kawaka moto, ee

kawaka moto ee , kawaka moto.

Tradution française :

La situation s'est enflammée à Lemera

Feu, feu, s'allume, feu

S'allume, feu s'allume La situation s'envenime à Lemera

2. Simba watembeya muzeituni

Simba watembeya muzeituni

Simba mkali

Simba watembea mzeituni.

Traduction en français :

Le lion se promène dans la forêt

Le lion se promène dans la forêt

Le lion méchant

Le lion se promène dans la forêt

3. Ali ona madoa doa

Ali ona madoa doa mama

Aduyi aka funga miziko (2X)

Traduction en français

Il a vu des tâches tâches (tenues militaires de camouflage)

Il a vu des taches tâches, l'ennemi a eu peur da la présence de KADOGO

Il a vu des taches tâches, l'ennemi a emballé ses colis pour prendre la fuite.

4. Moto iliwaka majeshi yawaka

Songa mbele yawaka moto

Ili waka Baraka ya waka

Ili waka uvira yawaka moto ee yawaka moto

Ili waka na Goma songa mbele ya waka moto.

Traduction en français :

Le feu s'est allumé , les troupes ennemies sont brulées

Avancez les troupes, le feu s'allume

Le feu s'est allumé à Baraka

Il s'est allumé à Uvira

Le feu s'est allumé à Goma, les troupes avancent.

5. Biso bana ya m'zéee a yoyo

Butu mobimba tobetaki masasi a yoyo

Butu mobimba tobetaki masasi a yoyo

Biso bana ya m'zéee a yoyo.

Traduction en français :

Nous les enfants de m'zée a yoyo

Toute la nuit, nous avions combattus a yoyo

Toute la nuit, nous avions combattus a yoyo

Nous les enfants de m'zée a yoyo.

6. Zambele , zambele , zambele ,Zambele

Zambe likolo ba yanke nanse

Zambele ,zambele , zambele ,zambele

Zambe likolo ba yanke nanse.

Masta masta oyo , Ho masta , masta akimi combat,

Ho masta oyo , masta abundaka te ho masta

Likolo ya bombe ho masta ,likeke ho ho

Likake ho ho tambusa likeke

Banyangu bamela , lundi ho , mardi ho ,mercredi ho ,jeudi ho , vendredi , samedi ho , Mokolo to kokutana na terrain , to kobetana ma sasi

Traduction en français :

Le tout-puissant, tout-puissant, tout-puissant .DIEU au ciel et les hommes sur terre. Ces messieurs , messiers , ho ces messiers , ces messiers ne combattent pas , ho ces messiers combattent avec des bombes , du chanvre ho ho du chanvre, faites circuler du chanvre pour que les autres fument. Lundi ho, mardi ho, mercredi ho , jeudi ho, vendredi ho , samedi le jour de rencontre sur terrain, nous combattons , nous allons faire usage d'arme à feu .

Ces quelques chansons illustrent bien le contexte de guerre qui les a engendrées. L'analyse de ces chansons nous permet de saisir d'autres faits qui vont au-delà de la guerre et qui peuvent être coulés en d'autres thèmes comme la toxicomanie, le courage ; l'animation...

Ceci nous permet d'aborder le contexte du maintien de l'ordre.

§.2. SITUATION DU MAINTIEN DE LA DISCIPLINE POPULAIRE ET DU MAINTIEN ET RETABLISSEMENT DE L'ORDRE PUBLIC

Par l'entremise de la police administrative, la Police Nationale Congolaise est une force relevant du ministère ayant en charge les affaires intérieures et sécurité. Dans son fonctionnement, elle est placée sous l'autorité civile locale responsable de l'ordre public. Et dans ses activités judiciaires, la police est placée sous surveillance de l'officier du ministère public.

La police est utilisée par le canal de la réquisition en vue de veiller à l'application des lois. A ce propos, deux mémoires ont été produits en criminologie abordant cette thématique comme cadre servant d'expliciter notre discours sur les chansons.

- Le premier est celui de Musthipayi Kadiebwe (2OO8) sur le maintien et rétablissement de l'ordre public à Lubumbashi, cas de l'expérience de Kalukuluku. Mémoire d'Etudes Approfondies en Criminologie de l'Université de Lubumbashi. L'étude révèle que le maintien et rétablissement de l'ordre public s'effectue souvent par le bain de sang. L'affrontement entre les policiers et les manifestants traduit l'animosité qui existe entre les deux catégories d'acteurs.

Les premiers considèrent ceux-ci comme des `'civils'' en termes d'adversaires qu'il faudra mater par l'usage de la force adaptée pendant que ces adversaires considèrent les policiers comme des ennemis en les traitant des `'scouts''. Avant l'affrontement, les policiers entonnent de chansons pour avertir les manifestants qu'ils en ont assez. C'est comme cette chanson qui illustre mieux notre propos :

« maseki eleki, maseki eleki, à l'assaut, à l'assaut.... » : (Les blagues exagèrent, les blagues exagèrent, dispersons-les maintenant, à l'attaque).

A l'antipode, les manifestants sont aussi des acteurs qui ont leur point de vue différent de celui des policiers et peuvent mêmes braver la mort. Ils retorquent aussi par les chansons comme celle-ci qui tombent à point : « hiyi ya leo, masashi italia.... » : (Pour le cas d'aujourd'hui, les cartouches vont crépiter...)

C'est dans cette ambiance que les policiers interviennent dans le maintien et rétablissement de l'ordre public. Parfois, les policiers sont surpris par le jeu des cailloux et les manifestants comptent jusqu'à trois et procèdent au jeu des cailloux.

- L'étude de Jules Zebino (2009) sur l'application de l'arrêté urbain interdisant le marché pirate, mémoire de licence de l'école de criminologie de l'université de Lubumbashi. La lutte contre ce marché dit `'pirate'' n'est pas aisée pour les policiers car elle est souvent émaillée des échanges des cailloux ponctués par des chansons stimulants l'animosité de part et d'autre.

Ainsi, la police a aussi produit les chansons qui rentrent dans ce contexte. Surtout lors de la répression des manifestants qu'elle considère comme adversaires et non comme ennemi dans l'optique de l'armée. A titre illustratif, nous présentons dans les lignes qui suivent les chansons qui rentrent dans cette catégorie :

1. Ba zobanga, ba zobanga, ba zobanga

Banga ma kambo

Ba zobanga , ba zobanga

Ba civils ba zobanga

Traduction en français

Ils ont peur, ils sont effrayés, ils ont eu vraiment peur

Evitez de troubler l'ordre public

Ils ont peur, ils sont effrayés, ils ont eu vraiment peur

Les civiles ont peur de la police.

2.  Maseki eleki, to kobeta bino

Maseki eleki , to kokanga bino

Maseki eleki , tolérance zéro

Maseki eleki, to kokanga bino

Traduction en français

Fini la récréation, nous allons procéder par la brutalité

Fini les désordres, nous allons procéder par des arrestations

Fini les troubles, nous allons appliquer la tolérance zéro

Fini la recréation, nous allons vous arrêter

3. Bana nko na kati ya elanga iya ho

Bana nko nakati ya elanga iya ho

Bana ba leliye eee civil aliye bibwabwa etali biso te

Bana nko nakati ya ebale iya ho

Nani eleliye eee, civile aliye bibwabwa etali biso te.

Traduction en français

Les enfants prodigues sont dans le désert iya ho

Les inciviques sont dans le désert iya ho

Les enfants pleurent que les civils sont en train de fuir et ça ne nous concerne pas.

Les enfants prodigues sont dans le fleuve iya ho

Qui pleure ! eee, les civils sont dans la détresse et ça ne nous concerne pas.

Après avoir décrit le contexte de guerre et du maintien de l'ordre, abordons à présent les chansons qui rentrent dans le cadre d'animation.

§.3. SITUATION DE REJOUISSANCE (DIVERTISSEMENT ET DETENTE)

Plusieurs chansons policières sont nées dans le contexte d'animation, de détente, de réjouissance et de divertissement. Dans l'animation, ce sont des chansons qui cadrent avec l'organisation ou la coordination d'activités de loisir et le divertissement. Ces chansons accompagnent aussi les différents exercices physiques des policiers pour rythmer la cadence , éviter la paresse , la fatigue et favorisent l'endurance et la performance.

Nous présenterons quelques chansons purement à titre exemplatif.

1.    Kulukeke k.O

Kulukeke K.O

Ba masta K.O

To baye K.O

Likaya K.O

Traduction en français

En prenant du chanvre, vous serez K.O

En prenant du chanvre, vous serez K.O

Messiers K.O

En fumant c'est K.O

Avec du chanvre, c'est K.O.

Commentaire :

Cette chanson montre les méfaits du chanvre. En effet, la consommation du chanvre n'est pas mauvaise en soi. Elle dépend de l'organisme de chaque acteur. Pour certains, le chanvre leur procure de la force et du courage pour affronter n'importe quel problème auquel ils se butent. Néanmoins, l'excès conduit au dérapage qui est fustigé dans cette chanson. Il y a des chansons aussi qui explicitent l'aspect positif du chanvre comme celle-ci : « likaya epesaka courage : le chanvre fortifie, donne du courage. Ici, il ya toute la question de la délinquance policière relative à la toxicomanie éducative.S

2.    La chanson MUSHIYA HE

Mushiya hé, he, kuya twende twende

Mushiya hé, he, kuya twende,twende

Kwetu mbali, twende

Twende pamoya, twende

Traduction en français

Mushiya he, he , viens et partons

Partons très loin d'ici.

Chez nous, c'est très loin

Partons ensemble, allons-y

C'est une chanson d'animation qui donne du courage aux policiers pendant le « MUTSHAKA ». Elle amuse et permet aux policiers de se détendre. Cette chanson renforce aussi le moral. Certaines chansons peuvent être rangées dans deux ou plusieurs contextes.

Les contextes de leur production étant ainsi analysés, abordons une autre section celle de centrer les sujets aborder.

SECTION II : LES THEMATIQUES

Il sera question dans cette partie du travail de centrer les sujets abordés de façon récurrente. Il transparait de nos cinq thèmes : l'exaltation, la condition policière, la sexualité, la toxicomanie et l'appel au patriotisme.

§.1. L'EXALTATION DE LA TOUTE PUISSANCE DE LA POLICE

Ce paragraphe interprète toute la surexcitation émotionnelle et intellectuelle sur la suprématie de la police. Il comporte six volets : police comme un métier de pouvoir, police comme `'mosala kitoko `', civil comme un perreux, civil comme `'moto pamba'', la concurrence avec les structures de la justice et enfin la séparation d'avec les siens ou les proches.

1. Police « un métier de pouvoir »

La police ici, est perçue comme un métier de pouvoir qui lui est investie par le Décret n°002/2002 du 26 janvier 2002 portant organisation, fonctionnement et institution de la police nationale congolaise. Qu'à travers ses différentes missions : ordinaires, extraordinaires et spéciales.

C'est à travers ces missions que les acteurs qui animent la police jouissent du prestige et se considèrent comme nobles puisqu'ils sont revêtus du pouvoir régalien.

C'est dans ce contexte que les policiers à travers leurs chansons se considèrent non pas seulement l'Etat, mais aussi comme les représentants de Dieu sur la terre comme le montre cette chanson :

Zambele, zambele, zambele, zambele

Nzambe likolo ba yanke nanse

Zambele, zambele, zambele, zambele

Nzambe likolo ba yanke nanse.

Masta masta oyo, ho masta

Cet extrait de la chanson se traduit comme ceci : Le tout puissant, le tout puissant, le tout puissant, Dieu au ciel et les hommes sur terre...

Ceci montre que la police est un métier noble par le pouvoir qu'il confère aux acteurs.

2. La police : « mosala kitoko »

La police est un métier noble parce qu'elle permet le contact avec le monde. C`est ainsi que la police permet aux acteurs qui l'animent de se considérer comme nobles dans ce sens que cette institution ou organisation leur donne beaucoup d'avantages. C'est notamment : la gratuité du logement, l'eau et l'électricité ; le fait d'être policier permet à cet acteur de se déplacer facilement et gratuitement concernant le transport en commun, voire le train et par voie aérienne aussi.

Ce métier de police insiste l'officier TATU, « est le plus noble métier du monde que j'ai choisi. C'est-à-dire celui de travailler au profit des uns et des autres et au détriment de soi même. »

Le policier se représente non seulement son métier mais aussi la population qu'il est appelé à protéger et à sécuriser.

3. Civil : « un Perreux »

Ici, les policiers considèrent les civils comme des Perreux dans le sens qu'ils les prennent pour adversaires et sont réprimés facilement lorsqu'ils se soulèvent. Il arrive aussi que la population civile oppose une résistance, mais les policiers revêtus de leur pouvoir régalien font tout pour la maitriser par fois par des bains de sang.

Le civil n'est pas seulement Perreux mais aussi considéré comme « un vaurien » ou « moto pamba » par les policiers.

4. Civil : « moto pamba »

C'est depuis l'époque coloniale, lors des différentes formations, les instructeurs inculquaient aux policiers l'esprit de la suprématie sur la population civile.

Dans ce contexte, l'idée était centrée sur l'usage de la force en vue de mater la population. C'est ce qu'on appelle aujourd'hui police britality. Pour bien mater la population, il faut la maitriser, la réduire en chose. C'est comme les génocidaires, pour tuer leurs ennemis, ils les considèrent comme des insectes ou des animaux.

C'est dans ce contexte que la population est considérée comme « MUSENDJI » qui se traduit « non civilisé » puisqu'elle ne maitrise pas la loi. Il faut la rééduquer.

C'est dans ce contexte que la population est considérée comme une chose, elle n'a pas de valeurs. C'est aussi une manière de marquer la différence entre police et population.

5. La concurrence avec les structures de la justice

Certaines chansons sont des lieux privilégiés d'une concurrence, pas toujours déloyale, entre les membres de différentes unités de Police, l'armée et la société (la population), dont la police voudrait se montrer supérieure aux autres.

C'est le standing de vie du policier qui semble être le critère d'adhésion.

A travers la description que la chanson policière fait de la police, le service le plus important de la vie tout en se présentant comme une préoccupation réelle et même comme condition nécessaire pour se sentir « le meilleur » dans la société, et s'afficher comme tel.

Exemple 1 : O olo wolo oyaye

O olo wolo, oyaya civil solo

O olo wolo, oyaye audimil solo

Traduction en français

O olo wolo victoire

O olo wolo honneur, les civils s'étonnent

O olo wolo honneur, l'auditorat militaire s'étonne

2. Etre policier ce n'est pas facile, endurance, morale hé !

Etre policier ce n'est pas facile, endurance, morale, intelligence !

Commentaire :

Ces deux chansons sont purement exaltantes. Elle donne des leçons aux policiers concernant le profile d'un bon policier. Un policier doit avoir la capacité de résister à une souffrance physique et morale. Il doit faire preuve des aptitudes individuelles à réfléchir et à comprendre ; un policier doit avoir la faculté propre à l'être humain d'apprendre et d'établir des liens entre les choses.

Mais aussi, un policier doit avoir la connaissance de règles de conduite et de moeurs considérées comme bonnes et devant être appliquée en société.

5.1. La concurrence avec la justice militaire

a. Auditorat militaire « sangsue »

L'auditorat militaire est perçu par les policiers comme un « sangsue » c'est-à-dire, personne dont on ne peut pas se débarrasser, personne toujours prête à soustraire de l'argent.

Même pour les affaires civiles, l'auditorat militaire intervient pour arrêter les policiers. C'est comme le cas des disputes entre le policier et sa femme si celle-ci saisit l'auditorat, le policier se verra mis dans le verrou. Le cachot est une stratégie pour solliciter une caution. C'est ici où nous rejoignons la « mashambalisation » (tshinyama kadima 2009) la police par l'auditorat militaire.

C'est comme le cas de cette chanson :

Audimil boko kanga, boko lemba

Tolérance zéro, ba kokanga bino

Traduction en français

Audimil vous allez nous arrêter et vous vous fatiguerez

Tolérance zéro, vous aussi, vous serez arrêter

Commentaire :

Dans cette chanson, l'auditorat militaire considéré comme un « sangsue » arrêtera toujours les policiers et se fatiguera tout en leur rappelant qu'il n'est pas au-dessus de la loi. La tolérance zéro existe et ils sont aussi passible à des peines.

Il n'est pas seulement considéré comme un « sangsue » mais aussi un lieu de discipline pour certains et pour d'autres, un lieu de repos.

b. Auditorat militaire « maison de discipline »

Il est une maison de discipline dans le cadre du règlement militaire. La police n'a pas son règlement propre. Dans son fonctionnement, le recours au règlement militaire est d'application. C'est pourquoi les policiers sont justiciables devant la justice militaire pour des faits purement militaires.(Article 53 du Décret loi n 002 du 26 janvier 2002 portant organisation, institution et fonctionnement de la Police Nationale Congolaise.)

En réalité, l'auditorat militaire s'occupe de toutes les infractions civiles et militaires qu'il applique aux policiers. C'est dans ce contexte que les policiers considèrent comme une maison de « tracasserie ». Toute fois, sa visée est de remettre à l'ordre les policiers qui vont à l'encontre de la discipline militaire.

Malgré cette prétention disciplinaire, les policiers sont considérés comme de « shindikana » (incorrigible). C'est comme nous le montre l'extrait de cette chanson « audimil, audimil, audimil bo kokanga boko lemba . Biso na bino tembe na tembe ». Ce qui se traduit en ces termes : l'auditorat militaire, auditorat militaire, vous allez nous arreter et vous allez vous fatiguer car c'est un pari.

Cet extrait traduit le pari entre les policiers et l'auditorat militaire chargé de les redresser quoi que l'auditorat fasse, il doit se fatiguer. C'est dans ce contexte que l'auditorat c'est un lieu de repos.

c. Auditorat militaire «  lieu de repos »

Pour les policiers, l'arrestation constitue un repos puisque la police est un travail dur et fatigant. Après avoir beaucoup travaillé et épargné l'argent pour la survie, si le policier est arrêté, il s'en fout. Pour lui, c'est un repos dont il bénéficie. Il en est de même pour la prison si la détention est de courte durée. Elle devient pénible si l'enfermement est de longue durée. C'est comme nous le montre cet extrait : « poso ya policier etikalaka te na mabusu , eza nde kopema kaka ». Cet extrait montre que le corps du policier ne reste pas dans le cachot, il finira par sortir et entre temps le policier bénéficie du repos.

Apres avoir parlé de la justice militaire, ceci nous renvoie à la justice civile.

   

5.2. Concurrence avec le parquet civil

L'étude révèle deux types de représentations : la première est celle qui consiste à le considérer comme « PWILAMAMBWE », c'est-à-dire, la dernière instance ou se clôture un problème. La deuxième représentation est celle qui établi les liens entre le parquet et la prison. A cet effet, la prison est perçue comme « NZELA YA GRAND MONDE » c'est-à-dire le chemin de la prison.

Néanmoins, les policiers entretiennent de bonnes relations avec les applicateurs de la loi dans le sens que ce sont des policiers qui assurent la garde du parquet.

Sur le plan judiciaire, les OPJ sont les yeux et les oreilles des Magistrats qui sont leurs chefs hiérarchiques.

Ainsi en cas de situations-problèmes, les peines sont atténuées à cette juridiction par rapport à l'auditorat militaire ou les relations entre policiers et magistrats sont tendues.

Les relations de collaboration entre policier et magistrat, sont de façade plus que tissées selon les intérêts ou les enjeux de gain. Ce sont des relations de conflictualité qui priment.

6. La séparation d'avec les siens ou les proches

Les policiers expriment leurs impressions ressenties de douleurs, pesantes et provoquées par un chagrin lors d'une séparation ou lors d'un décès ou un événement malheureux ou pénible. Parfois, ils le manifestent dans des événements qui procurent la tristesse.

Ils expriment le sentiment douloureux qui dénote le chagrin, l'abattement ou la mélancolie. C'est comme les chansons qui sont entonnées pendant le départ d'un séjour en brousse ou dans une autre contrée pour une opération de grandes envergures.

A titre illustratif, quelques chansons ont retenu notre attention.

1. Faut-il nous quitter sans espoir de nous revoir un jour !

Faut-il nous quitter sans espoir de nous revoir un jour !

Commentaire :

Lors d'une séparation ou à l'occasion d'un décès, les policiers entonnent aussi cette chanson pour exprimer le souci de séparation avec les leurs. Ils partent parfois avec la nostalgie de l'incertitude de revenir.

§2. LA CONDITION POLICIERE

Comme chaque chose à ses facilités et ses difficultés. De même, le métier du policier a aussi ses facilités et ses difficultés. Ainsi, ce point aborde la condition difficile de ce métier. Il comporte quatre sous-points : police comme un métier difficile, police comme un métier de sacrifice, la précarité de la vie policière et enfin la souffrance.

1. Police « un métier difficile »

La police est un métier difficile puisqu' elle exige l'intelligence, la formation, l'adaptation, l'endurance physique et la moralité. En plus des exigences, la pratique elle-même du métier exige l'observation de la procédure et de la loi.

Le contraire peut entrainer les sanctions non pas seulement disciplinaires mais également judiciaires ou pénales.

A ce propos ; le policier ZAU nous confie ce qui suit : « Eza facile kosala na Armée que na la police. Biso to sala kala, tozali ba ex FAZ. Armée eza kaka phase moko ya formation oyo tubengi phase Militaire. Par contre, musala ya la police eza na ba phase mibale : militaire na judiciaire »

Ce qui se traduit comme cela : « C'est très facile de faire l'armée que de faire la police. Moi je suis un ancien militaire de la défunte République du Zaïre et j'ai beaucoup travaillé sous ce régime. Pendant la formation, pour l'armée c'est uniquement une seule phase celle dite militaire. Par contre, la formation policière exige deux phases : militaire d'abord et en fin, la phase judiciaire ».

Cet extrait montre que la formation policière n'est pas du tout facile puisqu'elle exige deux phases. La phase militaire permet, comme la police est militarisée de maitriser l'usage de l'arme les techniques et tactiques militaires. Tandis que la phase judiciaire permet aux policiers d'acquérir les notions de la procédure et de la loi qui cadrent avec la police judiciaire. En plus, les policiers doivent aussi connaitre les préalables de la police administrative qui est mise en mouvement par l'autorité politico-administrative de qui elle dépend. La police n'est pas seulement un métier difficile, mais aussi impliquant les sacrifices.

2. La police «  un métier de sacrifice »

La police est un métier de sacrifice puisque pour y intégrer, le candidat doit sacrifier sa vie pour la cause noble et juste pour sa patrie.

C'est dans ce contexte, que le salaire est perçu par les acteurs comme «  BONGO YA MAKILA ». En plus, certains policiers meurent ou trouvent la mort dans le cadre de service telle que l'intervention lors du maintien et du rétablissement de l'ordre public, la patrouille, l'accident de circulation pour les acteurs de la Police de Circulation Routière et même les accidents lors du déplacement pour différentes interventions.

A ce propos, voici ce que nous renseigne le policier MATAFARI : « soki obimi ndako na tongo il faut oliya puisque oyebi te tango okeyi mosala soki okozonga to okozonga te. Ba mususu ba zongakate.

Cet extrait montre non pas seulement le sentiment d'insécurité du métier mais aussi l'idée de sacrifice. Cette idée de sacrifice est aussi montrée par le policier ZAU en ces termes : «  tangu tokota mosala ya police, to komi batu ya drapeau na mokolo ya liwa bazo kunda biso na drapeau ».

Cela montre que dés qu'un candidat est admis à la police, il n'appartient plus à sa famille biologique. Sa famille devient la nation. Nous n'avons pas de famille, notre famille c'est l'Etat. Même dans la mort, le policier est enterré avec le drapeau, symbole de la nation.

Ceci explique mieux comment le policier ne fait plus partie de sa famille, mais appartient à la grande famille qui est la nation ou l'Etat qui doit l'enterrer. Puis qu'il a sacrifié sa vie pour la nation.

3. La précarité de la vie policière

Pour Monjardet (1996), la police n'est pas un organe en soi, isolable de l'ensemble des rapports sociaux dont elle est l'enjeu et le produit. La police est à la fois : un instrument de pouvoir (une institution- valeurs), un service public (une organisation- travail), une profession - intérêt ).Ces trois dimensions de la police sont toutes présentes lorsque l'activité se met en branle. Il n'existe donc pas de rupture entre ces trois dimensions.

Les activités professionnelles policières constituent un moyen de subsistance et exigeant une formation ou de l'expérience. Ce savoir -faire acquis dans l'exercice policier s'accompagne parfois des certains risques ou hasard dommageables.

C'est pourquoi, certaines chansons sont liées aux aléas du métier. Un métier difficile, compliqué et très dur, dangereux........

1.  Oyo mosala te, oyo mosala te bandeko

Oyo masala te, oyo mosala te bandeko

Oyo eza liwa, oyo eza liwa bandeko.

Tigre a bangaka te, tigre a bangaka te bandeko.

Traduction en français

Ce métier, mes frères c'est pas un bon.

Ce métier, mes frères c'est pas un bon

Ce métier est une souffrance, mes frères

Le tigre n'a jamais eu peur et ne craint rien, mes frères.

Commentaire1 :

Cette chanson traduit les aléas du métier. La police est un métier difficile par son caractère de formation et la discipline implique les sanctions en cas des `'bavures policières''. La sanction n'est pas toujours le cachot ni l'auditorat, mais aussi les exercices physiques comme nous le renseigne à bien d'égard la suite de cette chanson :

« kipande kiloko kundja ngumi, kipande kiloko viringika, kipande kiloko kota na cachot » : ( Dans l'intervalle du temps fermez les poings, un temps roulez-vous sur le sol et dans la boue, un temps après entrez au cachot.»

En plus le métier de la police implique la souffrance à endurer. Les policiers travaillent sur la pluie ou sous un soleil ardent sans moyen de protection.

Elle est aussi un métier dangereux dans ce sens que les acteurs sont susceptibles de s'affronter à une bande des `'mains armées, aux manifestants lors du maintien et rétablissement de l'ordre public qui se livrent au jeu des cailloux et qui blessent certains d'entre-eux. Ceci pour montrer que la police est un métier dangereux.

1. Koudou na mileli mama, oya ye

Koudou na mileli mama, oya ye

Motema mosi mobeti, oya ye

Elumbe lumbe lumbe, oya ye

Traduction en français

Policiers se posent des questions sur leurs misères, oya ye

Policiers se posent des questions sur leurs misères, oya ye

Leurs coeurs sont brisés, oya ye

Garçons aguerris, garçons aguerris, garçons aguerris, mama oya ye.

Commentaire 2 :

Cette chanson traduit la misère du métier de police. En entonnant cette chanson, les policiers pleurent sur leur misère. Celle-ci s'explique par la formation que les acteurs ont subie lors de leur initiation au métier ainsi que la misère découlant du salaire sans oublier l'endurance concernant le travail qui implique un travail de nuit et de jour sans tenir compte de conditions climatiques. A ce propos, la pluie tout comme le soleil ardent ne constituent pas un obstacle pour les policiers.

2. Kazi raisi alileta eee

Ina omba muda murefu

Muke usi umike eee

Traduction en français

Le travail que le président a donné, eee

Ça demande du temps

Les femmes ne regrettent pas, eee.

Commentaire 3:

Les policiers, dans cette chanson expliquent l'importance de ce métier qui nécessite beaucoup de patience. Car le président de la République, commandant suprême des Forces Armées et de la Police Nationale Congolaise, Chef de l'Etat et garant de la constitution dans chaque adresse à la nation ne cesse jamais d'encourager, de féliciter et de se soucier de la police. «  Même si, aujourd'hui nous n'avons pas un salaire décent, nous devons patienter et attendre l'avenir », nous renseigne le policier MAWAZO.

Il est de même aussi pour les épouses des policiers de faire preuve de patience, puis que ce métier occupe presque totalement le temps de leurs époux. Il y en a qui font des séjours en brousse, d'autres sont mobilisés pour des interventions qui prennent beaucoup de temps. Enfin, le travail policier lui-même prend du temps aux policiers par exemple quarante-huit heures de garde. C'est pourquoi les femmes doivent patienter pendant l'absence de leurs maris.

4. La souffrance

Le thème : « souffrance » semble liée au destin « pasi ya mokili ». (La souffrance d'ici-bas). L'attitude à adopter face à cette souffrance est celle de la résignation. La seule dimension spirituelle qui lui est liée et quelques fois le mauvais sort jeter aux hommes par les esprits maléfiques contre lesquels on ne peut rien.

Voici l'extrait du policier « NGUMA » qui traduit la souffrance policière : le salaire est insignifiant et payé souvent avec retard. Moi qui vous parle, malgré mon grade et ma fonction, je n'ai que 44.800 francs congolais avec 12 enfants et mes petits fils. (...), pour résister, nous faisons la ristourne avec mes collègues. Comme pour ce mois, c'était mon tour. Cela m'a permis d'acheter ces quelques cassiers de bière que tu as vus dans la jeep de la police. Après vente, je me sers de l'intérêt que je vais gagner. A part ça, nous n'avons pas d'autres moyens pour nous débrouiller. Certains font le prêt à intérêt communément appelé banque Lambert, mais ça ne résout pas le problème... »

De l'analyse de cet extrait, il se révèle plusieurs réalités dans le vécu des policiers : insuffisance de salaire  et surtout les mauvaises conditions de travail. Ce thème est éclaté en deux sous thèmes :

a. Souffrance comme un fait surnaturel

La croyance en la sorcellerie est donc de mise dans la chanson policière. Ces exemples constituent en soi un fait parlant :

« Baliya ngai kala » (on m'a déjà ensorcelé) « nakufa na ngai kala, nazela se kopola » (je suis déjà mort et je n'attends plus que pourrir).

b. Souffrance comme un fait religieux

- La notion d'un Dieu puissant et miséricordieux, un Dieu qu'on adore et qu'on loue, un Dieu qui sauve et qui libère les captifs, intervient toujours à la fin. Car les policiers savent qu'a chaque jour finie sa peine.

Ce sous thème revient très souvent en force dans la mesure où les policiers ont l'espoir de bénéficier de quelque grâce de la part du Très haut devant des situations difficiles comme le cas du Maintien et rétablissement de l'ordre public...

C'est comme le cas de cette chanson :

Mama maria maria heee

Mama maria maria heee

Mama maria mama wa yesu

Traduction en français

Maman marie, marie heee

Maman marie, marie heee

Maman marie, la mère de Jésus

Sur le plan judiciaire, les OPJ sont les yeux et les oreilles des Magistrats qui sont leurs chefs hiérarchiques.

Ainsi en cas de situations-problèmes, les peines sont atténuées à cette juridiction par rapport à l'auditorat militaire ou les relations entre policiers et magistrats sont tendues.

Les relations de collaboration entre policier et magistrat, sont de façade plus que tissées selon les intérêts ou les enjeux de gain. Ce sont des relations de conflictualité qui priment.

Après l'analyse de la condition difficile du policier, commençons par analyser la sexualisation avant celle de la délinquance policière.

§.3. LA SEXUALISATION DES RELATIONS

Il est question dans ce paragraphe, d'analyser l'ensemble des traits physiques, psychiques et affectifs se rapportant à l'identité sexuelle humaine. Il comporte deux volets : les femmes vues par les policiers et la masculinisation de la femme.

3.1. Les femmes vues par les policiers

Pour les policiers, toutes les femmes les appartiennent. C'est comme aussi tous les biens appartenant aux civils.

Cette conception repose sur le fait que ce sont les policiers qui en assurent la garde. Quand il ya tension, les policiers peuvent s'en servir comme ce fut le cas à l'avènement de l'Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo ou les policiers et militaires utilisaient la femme comme bouclier et objet de plaisir.

En fait, la femme est considérée comme une prostituée. Telle que le montre certaines chansons policières comme :

Mama rosa, mama rosa, ndumba molaso.

Ce qui se traduit comme « maman rose, c'est une femme prostituée.

Cet extrait montre que certaines femmes des policiers, en absence de leurs maris partis soit au front soit de garde ou encore en mission ; se livrent à la prostitution pour la survie de leurs enfants.

Par ailleurs, la femme n'est pas seulement considérée comme « MOLASO », mais aussi comme confidente de l'homme qui garde ses secrets.

L'homme est jaloux de la femme. A ce propos, le policier DJAFAR nous dit ce qui suit : « policier a koki koboma soki akuti mwasi na yé na moto mususu to soki baliye mbongo nayé ».

Ce qui se traduit en ces termes comme ceci :

Le policier peut tuer facilement lorsqu'il trouve sa femme avec quelqu'un d'autre en situation d'adultère, aussi lorsqu'il victime de vole d'argent.

Cet extrait montre que le policier est aussi jaloux de la femme et peut même tuer ou braver sa vie.

Ceci nous conduit à parler de la drogue.

certaines chansons policières comme :

Mama rosa, mama rosa, ndumba molaso.

Ce qui se traduit comme « maman rose, c'est une femme prostituée.

Cet extrait montre que certaines femmes des policiers, en absence de leurs maris partis soit au front soit de garde ou encore en mission ; se livrent à la prostitution pour la survie de leurs enfants.

Par ailleurs, la femme n'est pas seulement considérée comme « MOLASO », mais aussi comme confidente de l'homme qui garde ses secrets.

L'homme est jaloux de la femme. A ce propos, le policier DJAFAR nous dit ce qui suit : « policier a koki koboma soki akuti mwasi na yé na moto mususu to soki baliye mbongo nayé ».

Ce qui se traduit en ces termes comme ceci :

Le policier peut tuer facilement lorsqu'il trouve sa femme avec quelqu'un d'autre en situation d'adultère, aussi lorsqu'il victime de vole d'argent.

Cet extrait montre que le policier est aussi jaloux de la femme et peut même tuer ou braver sa vie.

3.2. La masculinisation de la femme

C'est toute une exhortation à des comportements civiques et héroïques que la femme policière doit adhérer pour servir courageusement le pays. C'est aussi une incitation de la femme à la masculinisation du comportement et en temps de guerre que pendant le MDP ou le MROP, d'où la socialisation à la culture policière. Illustrons cela par cette chanson :

Mushiya hé, he, kuya twende twende

Mushiya hé, he, kuya twende,twende

Kwetu mbali, twende

Twende pamoya, twende

Traduction en français

c

Mushiya he, he , viens et partons

Mushiya he ,he, viens et partons

Partons très loin d'ici.

Chez nous, c'est très loin

Partons ensemble, allons-y

C'est une chanson d'exhortation qui donne du courage aux femmes policières pendant le « MUTSHAKA », la période de guerre et même lors de MDP ou MROP. Elle amuse et permet aussi aux policiers de se détendre.

§.4. LA TOXICOMANIE ( la délinquance policière)

1. Quelques considérations sur le concept `'toxicomanie''

A l'origine la « toxicomanie »est un terme qui vient du grec toxikon, « poison » et mania, « folie » et qui signifie que quelqu'un use de manière répétée et excessive d'une ou plusieurs substances toxiques ( analgésique, stimulants et autres psychotropes) sans justification thérapeutique. Aujourd'hui on parle plus volontiers d' addictions au pluriel parce que les pratiques de consommation ont évolué du côté des poly toxicomanies (alcool, médicaments, drogues diverses, synthétiques ou naturelle, etc.). Les usages évoluent vers un besoin incontrôlable de continuer à consommer le produit, accompagné d' accoutumance puis de dépendance.

On reproche à ce terme d'être connoté sur le plan psychiatrique ( manie = folie) pour certains trop marquée et il est donc moins utilisé
. Ce reproche peut se comprendre mais on peut aussi opposer qu'il décrit finalement très bien la situation puisqu'il s'agit en effet de poison surtout aux doses consommées et qu'il s'agit bien d'une consommation "folle" (manie) puisqu'elle peut mener à tous les excès dérives et déchéances.

Certains le limitent strictement à l'usage de substances psychotropes interdites (ou drogues); d'autres l'utilisent pour désigner toute consommation de produits psychotropes sans distinguer les types de consommation (consommation problématique, consommation occasionnelle, etc.) tandis que d'autres s'attachent à la définition dans son ensemble sans distinction de produits et y attachent toute sorte de conduites de type compulsif comme l' alcoolisme, le tabagisme.

Dès 1960, l' OMS (Organisation Mondiale de la Santé) recommande de lui préférer le terme `' dépendance», selon les experts de cet organisme, moins imprécis.

En psychiatrie, ce sont les notions de recherche du plaisir et d' aliénation qui sont au centre de la définition, la toxicomanie se définit selon trois axes : plaisir, contrainte et toxicité. C'est la recherche de plaisir - ou l'évitement de la situation de déplaisir liée à l'absence de produit - qui pousserait à l'usage répété ; cet usage répété induirait, du fait de l'installation d'une accoutumance, un usage contraint subi par l'usager et cet usage contraint installé dans la durée révèlerait le caractère toxique du produit

Dans cette optique, plus que le produit, c'est la personnalité de l'usager qui détermine la toxicomanie, se définissant comme ayant « une appétence anormale et prolongée » dont l'origine serait à attribuer à des problèmes affectifs.

Ici, les policiers eux-mêmes considèrent que la drogue donne du courage, fortifie et aussi est considérée comme mauvais comportement du chef.

Passons à présent à la perception que les policiers ont de la prise des produits toxiques.

2. Drogue comme source de courage

C'est depuis des années que la drogue est considérée par les compagnons d'armes comme étant un produit qui donne du courage.

A ce propos, l'officier TATU nous renseigne ce qui suit : « omoni meme marechal mobotu na ba courages nyonso azalaki na yango, ezalaki kaka ba effets ya nziki. Nde omoni pe biso tozalaka kaka ba courageux, eza kaka bangi ezopesa vraiment courage ya mosala ».

Ce qui se traduit en ces termes : «  vous savez que même le maréchal Mobutu a son temps, il était toujours courageux, pensif et intelligent .C'est parce qu'il prenait de la drogue. Nous aussi nous prenons de la drogue et que nous toujours courageux et nous faisons correctement le travail ».

Cet extrait montre que la drogue c'est ne pas du tout mauvais comme les autres pensent. Elle donne de l'énergie morale face au danger, à la souffrance ou aux difficultés. La drogue c'est un élan nécessaire pour agir. Elle est une vigueur pour les policiers en exécutant une tache.

3. Drogue comme fortifiant

La police est un métier difficile puisqu'elle exige beaucoup d'effort physique et intellectuel. C'est pourquoi les policiers prennent de la drogue pour éviter la fatigue.

A ce propos, voici ce que nous le policier ZAU nous renseigne : «  nous travaillons beaucoup comme des robots chaque jour, une fois absent au travail, c'est la sanction. C'est pourquoi nous sommes obligés de prendre chaque jour de la drogue pour éviter la fatigue. »

Cet extrait montre que la drogue c'est un médicament dans la mesure où il augmente ou rétablit les forces physiques, il donne de l'énergie et de la force morale. Mais, il arrive que la drogue pousse les acteurs a avoir un comportement problématique.

4. Drogue et mauvais comportement 

Ici, les policiers donnent un autre sens à la drogue, tout en fustigeant un mauvais comportement du chef.

Comme nous montre cet extrait de la chanson :

« nani atinda kiyo mwana ko mela likaya mabe, ndingisa ya commandant ; commandant tika bangi ».

Ce qui se traduit comme cela : qui t'appris toi enfant de prendre la drogue ? C'est le commandant qui t'as appris ?

La drogue ou la toxicomanie, ici signifie la mauvaise manière de se comporter des certains chefs à des échelons différents vis-à-vis des policiers. Ces derniers fustigent vraiment le manque de responsabilité affiché par certains commandants, car selon toujours eux, il n'ya jamais eu des mauvaises troupes ; il n'ya que des mauvais chefs.

§.5. L'APPEL AU PATRIOTISME

Certains chansonniers policiers ont adopté une démarche philosophique, un sujet de réflexion ou thème patriotique.

Ici, les policières lancent toujours des appels très pressant et à la communauté policière et à tous ses concitoyens, leur disant soit que l'heure est grave tout en les invitant à resserrer les rangs, derrière une seule cause noble et juste : l'intégrité nationale, comme un seul homme pour bouter l'ennemi dehors. A titre illustratif, la chanson «congo ya biso »

Congo ! eyaya congo he,congo ya biso mabele ya mboka 

Congo, eyaya congo he, congo ya biso mabele ya mboka

Nous voulons la paix au congo, congo ya biso mabele ya mboka

Tolinga congo, congo ya biso mabele ya mboka

Traduction en français

Congo, eyaya Congo he, le Congo , notre terre et notre pays

Congo, eyaya Congo he, le Congo, notre terre et notre pays

Nous voulons la paix au Congo, notre terre et notre pays

Aimons le Congo, notre pays et notre terre.

La contribution des chansonniers est particulièrement soulignée. La police et la population sont donc mobilisées, au-delà de tous les clivages politiques, religieux et tribaux (claniques), pour défendre une cause juste. Ils exhortent les combattants à lutter jusqu'à la défaite de l'ennemi, qui ne vaincra pas.

Signalons que ces thèmes sont aussi abordés selon le contexte d'agression ou des enjeux électoraux. C'est le cas de cette chanson :

Siyasa ni muhimu iyo yo

Siyasa ni muhimu iyo yo

Afande ongeya ongeya ongeya

Traduction en français

La politique a ses réalités iyo yo

C'est la politique qui dirige touts

Commandant transmet l'idéologie du pouvoir

Cet extrait comment l'idéologie du pouvoir se communique. Ici, le commandant doit transmettre l'idéologie du pouvoir à ses troupes. Cet appel au patriotisme pousse les policiers à travailler avec zèle dans l'exercice de leur profession. Même si les policiers ne touchent pas un salaire décent, il vit et continue à travailler et servir le pays pour l'amour de ce dernier. A ce propos, les policiers eux-mêmes fustigent qu'ils vivent grâce à cet appel pathétique.

Ceci dit, examinons à présent les différentes fonctions que remplissent les chansons policières.

SECTION III : QUELQUES FONCTIONS DE CHANSONS POLICIERES

Les chansons policières remplissent plusieurs fonctions non seulement au sein du corps de la police, mais aussi dans la société. C'est ainsi que la chanson se présente comme un mode de communication notamment, la communication de masse. Ceci est un domaine vaste et complexe qui répond à plusieurs définitions selon qu'il s'agit de tel ou tel autre contexte. Nous essayons d'en retenir quelques uns.

D'après le Petit Larousse illustré (1998), la communication de masse est un « ensemble de moyens et techniques qui permettent la diffusion des messages écrits ou audio visuels auprès d'une audience vaste et hétérogène ». D'une manière générale, la communication consiste en un échange de messages chargé de signification.

En parlant de la communication de masse comme mode de diffusion, Denoël et Gonthier (2006) soulignent : « la communication peut s'appeler la diffusion, lorsqu'elle dépasse largement le cadre de l'échange entre deux individus ... lorsqu'elle consiste dans l'extension d'un message à partir d'un centre émetteur dans un ensemble social assez étendu. Elle implique dès lors des techniques de diffusion, que l'on appelle aussi les communications des masses ou mass média ».

Le média peut être compris comme « un équipement technique permettant aux hommes l'expression de leurs pensées, quelques soient la forme et la finalité de cette expression ».

Nous pouvons à ce titre considérer la chanson comme l'expression privilégiée de la culture d'un peuple, c'est-à-dire un moyen original de la communication de la pensée et des sentiments de l'homme à lui-même et à ses semblables. La chanson devient alors un moyen et une technique permettant de diffuser des messages en vue d'une certaine audience.

En ce qui concerne les sortes des médias, F. BALLE(2009) en distingue trois :

- Les médias de diffusion,

- Les medias de télécommunication, et

- Les medias autonomes.

La chanson constitue un média de diffusion, et parmi la forme de la communication, elle constitue un média à « audience ouverte » au sens de Begson (2006) ; « une audience virtuelle, qui correspond a un grand public »

Grosso modo, nous pouvons dire que la communication est un ensemble de moyens et de techniques de diffusion d'un message, et la chanson n'est pas seulement le moyen et la technique par lesquels un message est véhiculé, mais également un mode d'expression par lequel ce message est diffusé.

Point n'est besoin de signaler que nous n'allons pas parler de la dimension technique ni historique de la chanson policière par crainte de nous plonger dans une étude purement musicologique et théorique en sortant hors de notre cadre d'étude.

Ceci dit, dans leur fonction communicationnelle, les chansons véhiculent un certain message. Par exemple, en face des chefs hiérarchiques, la communication est directe. La troupe lui transmet, de manière parfois maquillée ou humoristique, un message. C'est le cas de cette chanson :

Balinga pete mama,

Balinga pete baboma mboka,

En en en balinga pete ,ba boma mboka

Kaka mbongo na basi,

Balinga pete mama,

Balinga pete ba boma mboka.

Traduction en français

Les ambitieux ou ceux qui aiment le grade maman,

Les ambitieux du grade tuent le pays,

En en en, les ambitieux de grade mettent le pays à genoux,

Ne pensent qu'à l'argent et aux femmes,

Les ambitieux ou ceux qui aiment le grade maman,

Les ambitieux du grade tuent le pays,

Commentaire :

La chanson balinga pete est une oeuvre qui exploite le thème communicationnel et dans laquelle le locuteur déclare ses soucis à ses chefs `'incompétents''. Qui ne travaillent pas, qui ne visent rien que l'argent et les femmes. Le discours verbal de cette chanson est de style « poétique », utilisant des métaphores, des comparaisons et d'autres figures de style.

A ce propos, voyons comment l'extrait de l'entretien réalisé avec `'MIKI''agent de police qui a réagit à cette préoccupation relative à l'incompétence des certains Officiers : « natango ya kala, avant ba pesa fonction ya chef peloton ou commandant compagnie, il fallait ko tanga ba cours . mais, lelo bazo besa ba fonction na ba grade na ndenge ya kindeko to kosomba fonction na grade » :

« A l'époque, avant d'occuper la fonction de chef peloton ou de commandant compagnie, il fallait suivre un certain nombre de cours et satisfaire. Même pour l'avancement en grade, il y avait des critères. Mais, aujourd'hui c'est le tribalisme et la corruption. On donne des fonctions et des grades à certains, sans tenir compte de leurs capacité tant intellectuelle que morale. Voilà ce qui tue le pays ».

Avec cette façon de voir les choses, il est donc inévitable que certains policiers se livrent aux pratiques qui soient contraires à la loi et au règlement militaire dans le souci de répondre à la question d'incompétence.

Mais au-delà de la revendication, les chansons permettent aussi d'exprimer différents sentiments :

§.1 : LA CHANSON, MODE DE REVENDICATION POLICIERE

La Police Nationale Congolaise jusque là n'est pas syndiquée. Elle ne prend pas en compte l'aspect revendicatif. La loi n?002/002 du 26 janvier 2002 portant institution, organisation et fonctionnement de la police nationale congolaise ne fait pas allusion au syndicat. Néanmoins le projet de la reforme de la police met en exergue le syndicat en privant les acteurs de l'action de la grève dans la logique d'éviter la dérive puisque si la police fait la grève, celle-ci est susceptible de régénérer plusieurs situations-problèmes.

A chaque fois qu'une occasion est offerte aux policiers soit par `'mutshaka'' soit par n'importe quels rassemblements, les policiers animent, marchent, chantent les diverses chansons voire celles dites revendicatrices et interpellatrices. Les policiers en profitent pour braver les interdits, c'est-à-dire, ils se livrent à des revendications et à des interpellations.

En face de la hiérarchie, la chanson constitue un mode de revendication et les policiers font passer le message sous forme humouristique.

C'est comme cet extrait : « Toko mela mayi na mapa ezanga sukali » :Nous allons prendre un déjeuner sans sucre.

Les policiers revendiquent à travers la chanson. Ainsi, les chansons véhiculent un certain message. C'est aussi un moyen de communication pour exprimer l'impression de revendication. Cette exigence exprimée par une protestation individuelle ou collective et orale est destinée à une personne, à une institution ou au public.

Exigence exprimée par une manifestation de leur indignation. Les policiers font une déclaration par laquelle ils s'opposent à ce qu'on considère illégitime ou injustice.

Parmi les chansons revendicatrices, nous avons retenu celle-ci :

« Moto nani, moto nani apesa nga fungulo

Na fungola likolo, na mona Nzambe. » :

(Quelle personne, quelle personne peut donner la clef

Pour ouvrir le ciel afin que je voie Dieu.)

Cet extrait traduit la revendication policière sous une forme indirecte en s'adressant à Dieu pour qu'il intervienne sur sa situation sociale et économique. Cette revendication se réalise sous forme poétique en atténuant l'aspect revendicatif et en masquant ce qui devrait être dit. Cette manière de s'exprimer permet aux policiers d'éviter la sanction qui rentre dans le cadre réglementaire.

Il en est de même concernant la chanson ci- après :

Koudou na mileli mama, oya ye

Koudou na mileli mama, oya ye

Motema mosi mobeti, oya ye

Elumbe lumbe lumbe, oya ye

Traduction en français

Policiers se posent des questions sur leurs misères, oya ye

Policiers se posent des questions sur leurs misères, oya ye

Leurs coeurs sont brisés, oya ye

Garçons aguerris, garçons aguerris, garçons aguerris, mama oya ye.

Cet extrait montre que les policiers revendiquent leurs misères d'une manière poétique afin que le gouvernement puisse en tenir compte. C'est une revendication masquée. Le supérieur est conscient, mais il ne peut punir collectivement les policiers puisque le règlement militaire qui régit la police ne le permet pas.

Parfois, ce sont les chansons qui s'adressent aux concernés dans le but de demander quelque chose sur un besoin ressenti. Elles suscitent un vif intérêt mêlé d'inquiétude pour quelqu'un.

Suivons à travers cet extrait d'une chanson revendicatrice :

« Commandant ya P.IR, he he, commandant ya P.I.R ,

To komela mayi na mapa ezanga sukali hin he.»:

(Commandant de P.I.R. he he , de commandant de P.I.R,

Nous consommons de l'eau sans pain et sucre hin he.)

Ce discours véhiculé à travers cet extrait montre comment les policiers revendiquent la nourriture qui n'est pas complète. Les policiers eux-mêmes raisonnent en termes de la ration ou effectif. Ce dernier terme ne désigne pas seulement l'effectif équivalent de nombre des policiers, mais aussi la part dont chaque policier doit bénéficier.

A ce propos, le policier Mafuta renseigne :

« Autre fois, nous avions des cantines et chaque policier bénéficiait de la nourriture gratuitement pendant qu'il était en faction. Pour le moment, c'est le principe de chacun pour soi. Même si l'on fait quarante-huit heures de garde, il faut que votre femme vous apporte à manger. »

Apres avoir discouru sur la chanson comme de revendication policière, parlons de la chanson comme mode d'interpellation.

§.2. : LA CHANSON COMME MODE D'INTERPELLATION

Les chansons véhiculent un certain message. C'est aussi un mode d'interpellation pour exprimer l'impression ressentie de revendication. Cette exigence exprimée par une protestation individuelle ou collective et orale est destinée à une personne, à une institution ou au public. Exigence exprimée par une manifestation de leur indignation. Les policiers font une déclaration en forme d'interpellation par laquelle ils s'opposent à ce qu'on considère illégitime ou injuste.

Demande de réparation pour une injustice subie ou imaginée chez l'enfant, l'interpellation est souvent de nature affective et peut se traduire par un comportement agressif. Délaissé, ou se sentant délaissé, suite à une nouvelle naissance au sein du foyer, il risque de devenir boudeur et de manifester des conduites régressives, telles que l'énurésie.

Le but inconscient étant d'attirer l'attention sur lui, pour combler le manque affectif ressenti.

Chez l'adulte, les interpellations font souvent office de surcompensation. Le sujet peut ainsi chercher inconsciemment à masquer un sentiment d'infériorité, du à son statut social. Chez les individus dont les valeurs du surmoi sont particulièrement strictes, les interpellations peuvent prendre une tournure obsessionnelle et confiner au délire.

C'est comme le cas de cette chanson :

Makambo mibale eboma mokili mobimba

Liboso nde likambo ya falanga

Ya mibale likambo ya basi, baninga botiya matoyi

Soki bana mibale balingani lokola bakufa,

Elenge ya mwasi akoki nde kokabola bango soki akoti na kati na

Bango

Nayebi te, soko bokodouter namaloba ma ngai, nakanisi mpe te.

Traduction en français

Deux problèmes (affaires) ont détruit ce monde.

Premièrement il s'agit de l'argent

Deuxièmement c'est le problème des femmes, mes amis prêtez vos

Oreilles :

Si deux jeunes gens s'aiment à mourir,

Une jeune fille peut les séparer si elle s'interpose entre eux.

Pour ce qui concerne l'argent, je pense que vous-mêmes en savez

Assez,

Mes amis, faites bien attention.

Je ne sais si vous douterez de mes propos, mais je pense que non.

Commentaire :

Cette chanson s'inscrit dans la tendance de contestation. Les policiers y stigmatisent les deux problèmes majeurs qui préoccupent le monde, à savoir : l'argent et la femme. Ils se limitent à une interpellation des autorités politico-administratives et policières face à ces problèmes et attirent leur attention là-dessus.

Mais il conviendrait de relever cet autre aspect qui est implicite et qui consiste à considérer les policiers comme des marchepieds du pouvoir. Les paroliers mettent en garde les autorités civiles et policières contre la non considération des mauvaises conditions de vie du policier.

Par fois, toute la question de la communication est présentée sous forme des pamphlets.

§. 3. LES PAMPHLETS « MBWAKELA »

Tiré du verbe lingala « kobwaka » qui signifie « jeter », « Bwakela » signifie l'action, le fait de jeter. Et, dans le cas d'espèce, il cite (le destinataire implicite).

Le terme « pamphlet » apparaît de manière officielle en 1824 dans l'oeuvre de Paul-Louis Courier : Le Pamphlet des pamphlets. Il se caractérise le plus souvent par une critique du pouvoir en place. Le verbe est violent, le ton virulent, la forme courte et élancée. Le caractère explosif du pamphlet tient du fait que son auteur a l'impression de détenir à lui seul la vérité ; il jette un regard indigné sur le monde.

Le pamphlétaire doit rétablir le vrai sens des mots qui, selon lui, a été dépouillé. Il veut faire éclater une évidence (d'où une absence de nuance) ; pour cela, il use d'un discours maximaliste et hyperbolisé. Ainsi, il se repose sur une vision du monde catastrophique annonçant la mort de quelque chose (une notion, une valeur...). Le pamphlétaire n'utilise ni argument ni preuve, il recherche l'action immédiate.

Le pamphlet a pour but d'inciter les personnes visées à agir en les poussant à l'indignation de vivre dans un « tel » monde.

La relative incertitude qui entoure l'origine étymologique du substantif pamphlet fixe d'entrée la teneur du terrain de recherche sur lequel nous nous engageons et la réputation de ses occupants : une ancienneté obscure et des praticiens infréquentables.

L'histoire démontre que le pamphlet, quoique toujours négligé dans son étude en sociologie policière, s'est manifesté chez les policiers comme un moyen de réaction et d'expression de leur révolte. Le pamphlétaire est porteur d'une vérité à ses yeux aveuglante, telle qu'elle devrait de toute évidence imprégner le champ où il prétend agir - et pourtant il se trouve seul à la défendre et refoulé sur les marges par un inexplicable scandale. 

Ce phénomène est souvent lié à la vie des policiers.

En tant que tel, il n'échappe pas aux conflits qui caractérisent toute l'humanité (la société).

Mais les paroliers de la chanson policière, dans leurs aventures sentimentales ou dans leur vie de tous les jours, rencontrent souvent des petits conflits ; des déceptions pourquoi pas, qui leur imposent des situations frustrantes dont ils ne peuvent se libérer qu'à travers la chanson, la seule arme à leur disposition.

Exemple :

Nani a tindaki yo mwana

Omela likaya mabe

Ndingisa ya commandant (2x)

Commandant tika bangi oyo omelaka

Commandant tika bangi oyo omelaka na se ya makusa

Traduction en français

Qui t'as appris toi enfant

De fumer du chanvre ?

C'est avec de l'autorisation du commandant (2X)

Commandant laisse du chanvre que tu fumes

Commandant laisse la drogue que tu prends juste après le repas

Commentaire :

Ici, les paroliers fustigent le mauvais comportement de la troupe. Or, il n'y a pas de mauvaises troupes, il n'y a que des mauvais chefs, pour dire que certains chefs sont « mauvais ». Dans cette chanson, les policiers sont en train de s'adresser indirectement à leurs chefs de prêcher par l'exemple. Car dit-on, tel fils telle mère.

§.4. FONCTION EDUCATIONNELLE

Les chansons véhiculent un certain message. C'est aussi un moyen éducationnel. En effet, les responsables de la police à des échelons différents communiquent l'enseignement des règles de conduite sociales, idéologiques et des facultés physiques, morales ainsi qu'intellectuelles qui président à la formation de la personnalité du policier. Et cela à travers les chansons tout en les initiant à un savoir-faire dans le métier.

Cette fonction est illustrée par la chanson

Etre policier ce n'est pas facile, endurance, morale hé !

Etre policier ce n'est pas facile, endurance, morale, intelligence !

Commentaire :

Cette chanson est purement éducative. Elle donne des leçons aux policiers concernant le profile d'un bon policier. Un policier doit avoir la capacité de résister à une souffrance physique et morale. Il doit faire preuve des aptitudes individuelles à r&fléchir et à comprendre ; un policier doit avoir la faculté propre à l'être humain d'apprendre et d'établir des liens entre les choses.

Mais aussi, un policier doit avoir la connaissance de règles de conduite et de moeurs considérées comme bonnes et devant être appliquée en société.

Cette chanson est purement éducative. Elle donne des leçons aux policiers concernant le profile d'un bon policier. Un policier doit avoir la capacité de résister à une souffrance physique et morale. Il doit faire preuve des aptitudes individuelles à r&fléchir et à comprendre ; un policier doit avoir la faculté propre à l'être humain d'apprendre et d'établir des liens entre les choses.

Mais aussi, un policier doit avoir la connaissance de règles de conduite et de moeurs considérées comme bonnes et devant être appliquée en société.

§.5. FONCTION RYTHMIQUE

Cette fonction intervient très souvent lors des marches policières. C'est pour rythmer la marche de la troupe de peur qu'elle ne se fatigue pas. Les policiers entonnent les chansons pour provoquer une succession régulière des mouvements.

Même chez les wagenia de la République Démocratique du Congo, province orientale, ces peuples voguent au rythme des chants pour chasser la fatigue et avoir un même mouvement et d'une manière régulière.

C'est le cas aussi de la chanson titrée Mushiya qui a été élaborée et conçue pour rythmer les pas cadencés lors de `'mushaka''. Ceci désigne un exercice militaire ou policier qui consiste à parcourir une grande distance au pas de course. Elle est aussi utilisée pour la marche forcée et tout mouvement qui engage la troupe. La visée est de réguler le rythme pour un mouvement d'ensemble et permet d'éviter la fatigue.

§.6. FONCTION ARTISTIQUE

La chanson c'est un art. En tant que tel, c'est une manière d'atténuer des faits considérés graves à travers la chanson. C'est aussi une manière propre à celui qui crée dans un but purement esthétique ou à ses oeuvres. Parfois, ces chansons sont présentées ou exécutées avec gout et talent .LA FONTAINE, BRIGITTE (1988). Elles assurent le suivi ou la promotion de la production esthétique.

La fonction de l'art se marie bien avec celle du rythme. En plus, l'expression artistique répond à la représentation des faits graves d'une manière adoucie ou humoristique. A ce propos, le poète rit au lieu de pleurer, manifeste la joie à la place de la tristesse. C'est une manière de voiler la réalité. Ici plusieurs chansons peuvent être illustrées.

§.7. CHANSON COMME MODE D'EXPRESSION DES SENTIMENTS

Ce point comporte quatre volets : le sentiment de joie, la chanson dédicacée, le sentiment de tristesse et enfin la haine.

1. Sentiment de Joie

Les policiers extériorisent soit leurs émotions soit leurs intentions sincères ; leurs impressions ressenties concernant quelques choses ou une situation .Ils misent sur leur assurance intuitive très agréable de bonheur intense , de gaieté ou de grand plaisir de soi à travers les messages véhiculés par les différentes chansons dites policières.

En faisant le `'mutshaka'' qui traduit l'exercice physique policier d'endurance en courant, ou la marche forcée, les policiers le font en chantant. Si cet exercice s'effectuait sans chansons, les policiers seraient mécontents et se fatiguraient vite. D'ailleurs, le passage des troupes se perçoit par le cri de chanson traduisant la joie. Les chansons peuvent évoquer dans le chef des policiers certains souvenirs, voire la nostalgie.

A titre illustratif, le jour de paie c'est le jour d'allégresse et de réjouissance pour tous les policiers, car chacun perçoit sa prime en guise de récompense pour les services nobles et loyaux rendus à la nation.

C'est le sentiment de joie extrême que les policiers partagent et qu'ils manifestent vivement. Ils expriment cette joie par les chansons qui cadrent avec le paiement. C'est dans cette perspective que la population envie le métier de policier.

C'est comme le cas de cette chanson :

Lelu leli le 20, mame mame ma

Lelu leli le 20, mame mame ma

O mama ye, O mama ye

Civil akoma kobanga, mame ma mema

Traduction en français

Aujourd'hui c'est le 20, mame mame ma

Aujourd'hui c'est le jour de paie, mame mame ma

O mama ye, o mama ye

Les civils commencent a craindre, mame ma mema.

Commentaire :

Cette chanson traduit la joie que les policiers éprouvent le jour de la paie. La police étant un corps d'élite et des disciplinés, elle a besoin des hommes et des femmes vertueux. Car, à la fin de chaque mois ils sont récompensés.

Par fois, cette joie se traduit aussi par une dédicace.

2. La chanson dédicacée

La chanson policière dédicacée est une forme de chanson dont le discours en un objectif précis, dédié à la mémoire d'un officier, d'un agent ou d'un personnage politique important dont les policiers déplorent soit la mutation soit la mort.

Elle est différente de la chanson publicitaire en ce que son objet est souvent une cause noble, une personne décédée dont on voudrait perpétuer la mémoire. Mais très souvent, les meilleures chansons policières dédicacées sont celles que peut chanter un élément à la mémoire de son commandant décédé ou muté. Voyons comment « MUTEKE » nous informe à ce sujet : «  (...) na jour wana ya remise et reprise, na yembaka zembo moko pona commandant Charles Malolokwa, mokonzi nabiso ya solo solo(...) »

...j'avais entonné une dédicace en l'honneur du colonel Charles Malolokwa lors de la cérémonie des remise et reprise entre le commandant entrant et celui sortant de notre bataillon...

Cet extrait illustre bien comment une chanson dont le discours n'avait qu'un seul objectif précis, de dédier en la mémoire d'un commandant qui a dirigé le bataillon avec bravoure, dont les officiers ainsi que la troupe déplorent sa mutation tout en restant dans l'incertitude de trouver un commandant pareil.

3. Sentiment de tristesse

Les policiers expriment leurs impressions ressenties de douleurs, pesantes et provoquées par un chagrin ou un événement malheureux ou pénible. Parfois, ils le manifestent dans des événements qui procurent une souffrance soit morale ou physique.

Ils expriment le sentiment douloureux qui dénote le chagrin, l'abattement ou la mélancolie. C'est comme les chansons qui sont entonnées pendant le départ d'un séjour en brousse ou dans une autre contrée pour une opération de grandes envergures.

A titre illustratif, quelques chansons ont retenu notre attention.

1. Faut-il nous quitter sans espoir de nous revoir un jour !

Faut-il nous quitter sans espoir de nous revoir un jour !

Commentaire :

Lors d'une séparation, les policiers entonnent aussi cette chanson pour exprimer le souci de séparation avec les leurs. Ils partent parfois avec la nostalgie de l'incertitude de revenir.

2. Ngambo na mema ngai na tiki papa, ee

Ngai na tiki mama ee

Nga na weli boulo oyo,

Nga na bebi nzoto olo olo hoo

Yo moko tombola liganku na yo ize ize

Mama ee , olo olo.

Traduction en français

J'ai choisi la souffrance en laissant papa, ee

En laissant maman ee

En choisissant le métier de souffrance,

Mon corps s'abime olo olo ho

Tu as choisis ton destin ize ize

Maman ee, olo olo.

Commentaire :

Pendant la formation policière, les recrues sont soumises à des traitements parfois inhumains. En choisissant ce métier, pour eux c'est le bonheur. Mais une fois au centre, c'est la souffrance. C'est pourquoi, les policiers pensent au bonheur qu'ils jouissaient chez leurs parents.

Après avoir parlé du sentiment de tristesse, parlons de la conflictualité.

4. La Conflictualité `'ZUWA''

Un autre fait sentimental, qui transparait dans la chanson policière, est la jalousie ou « zuwa ». La jalousie peut être présentée comme une conséquence normale de l'amour entre les membres d'un seul corps et revêt dés lors un caractère gratifiant.

Mais, il peut vite devenir un sentiment mal placé et peut alors entrainer beaucoup de conflits entre policiers eux-mêmes, subalternes et leurs chefs.

Selon Alain Touraine (1999 : 102-103), il ne peut y avoir du conflit la où il n'ya pas de rapports sociaux. Le conflit suppose ici, le rapport d'opposition entre des acteurs sociaux qui participent au même ensemble (système d'action historique, institution ou organisation). Dans le cadre de notre recherche, plusieurs types de conflits ont été constatés : notamment, les attributions créent le conflit de compétence entre sous unités, le conflit entre le commandement et la troupe et le conflit inter-troupe.

a. Conflit entre les attributions et leur application

Les observations et les entretiens réalisés nous ont montré qu'il y a conflit entre les attributions, lequel crée ce que nous qualifions de conflit de compétence entre les sous unités. La loi organique n?002/002 du 26 janvier 2002 portant institution, organisation et fonctionnement de la Police Nationale Congolaise en spécifiant les missions de chaque unité, chaque direction, département et bureau ou section.

Bien que cette loi ait conditionné les attributions, nous avons constaté que certaines attributions sont exercées par d'autres officiers n'ayant pas qualité.

Au regard de tout ce qui précède, nous nous rendons compte du conflit réel entre ces sections ou bureaux, conflit qui a pour noyau dur la recherche du gain, c'est-à-dire la capitalisation.

b. Conflit commandant - troupe

L'un des conflits qui nous a le plus marqué est celui qui oppose le commandant et certains policiers. De nos entretiens et de nos observations, il se révèle que le conflit dont ces deux couches font l'objet, aurait comme pomme de discorde une opposition dans la vision du monde et la perception que les uns et les autres se font du métier policier. Ce problème de perception touche à la question de représentation qui sera développée dans les lignes qui suivent.

En effet, le commandant se considère comme protecteur du bien et de la discipline du corps. Les policiers considèrent le commandement comme une source de malheurs et chaque fois, ils sont toujours arrêtés. D'où paradoxe. Suivons comment les uns et les autres se considèrent à travers les extraits des entretiens réalisés auprès d'eux quand ils réagissent à notre question de savoir comment étaient leurs rapports réciproques :

« ...vous voyez, cette unité est constituée des ex Faz, des intellectuels, des Kadogo, des jeunes...mais je vous assure que nos relations ne sont pas bonnes dans la mesure ou ce qu'ils font, c'est ce que nous interdisons.(...)ils font la tracasserie, l'indiscipline lors des patrouilles. Toutes ces activités sont prohibées par la loi, mais eux ne comprennent pas (...) ils disent que la population c'est leur «  champ. »

Le contenu de cet extrait d'entretiens réalisés avec `'COBRA'' et `'PITON'' deux cadres du bataillon Police Groupe Mobile d'Intervention Est nous éclaire sur les causes qui paralysent les relations entre le chef et certains policiers de cette unité. Le commandant, quelque soient les conditions de travail, cherche à sauvegarder la discipline et surtout l'image de la police en général.

Voyons comment l'extrait de l'entretien réalisé avec `'KIBAKURI'' élément du même bataillon qui réagit en ces termes :

« Ici chez nous, il n'ya pas d'autres moyens de survie en dehors de travailler la nuit comme patrouilleur. Nous faisons la patrouille sans manger ni être payé et attendre seulement le peu de la fin du mois ».

En effet, le contenu de cet extrait renforce l'idée selon laquelle l'opposition entre ces deux groupes repose sur la divergence des objectifs. Pour les uns il s'agit de protéger et pour les autres il faut coûte que coûte s'en servir pour répondre aux besoins de survie.

Apres avoir discouru sur le conflit entre commandant et certains policiers, parlons de conflit inter troupe.

c. Conflit inter- troupe

La pression démographique dans le camp ne peut être sans avoir des effets pervers dans la vie des policiers. Parmi ces effets, soulignons le tiraillement entre les familles policières. En effet, dans le Camp préfabriqué il n'y a pas seulement les policiers du bataillon Groupe Mobile d'Intervention Est qui y habitent ; mais aussi ceux d'autres unités de la garnison de Lubumbashi. Certains bâtiments y logent trois a quatre familles. Il arrive que la collaboration entre ces familles pose problème.

Nous renseigne `'MPITA'' en ces termes : les policiers ont exprimé la crainte de voir leurs maisons être spoliées par les « nomades », terme qui désigne les « suiveurs des chefs » ou les « malanda ngulu » Voici ce que disent les policiers ayant fait longtemps dans ce camp de la police : « les nomades » cherchent à nous spolier nos maisons. Nous leur donnons ce qu'il faut ; ils désirent de grandes maisons et nous , irons-nous ou ?

Les nomades rétorquent à ce propos ce qui suit : les « BAKOLO »,terme qui désigne les policiers ayant fait longtemps dans le camp, nous privent des maisons sous prétexte qu'il y en a plus. Ils ne veulent pas que nos enfants restent dans de bonnes conditions ... »

La chanson n'est pas seulement un moyen de communication, mais aussi c'est un mode de sécurisation.

§.8. CHANSON COMME MODE DE SECURISATION

En temps de guerre tout comme pendant le Maintien de la Discipline Populaire (MDP) et lors du Maintien et Rétablissement de l'Ordre Public (MROP), et dans plusieurs circonstances impliquant l'intervention policière, la Police avertit l'adversaire ou l'ennemi à travers la chanson.

Cet avertissement est une forme d'alerte et de démonstration de force. Le but poursuivi est de faire peur à l'ennemi ou à l'adversaire, mais aussi de le dissuader en vue d'éviter les affrontements de face à face. C'est en fait un mode de sécurisation, de dissuasion et de démonstration de force. Ce qu'avec peu de moyen, la Police peut facilement atteindre l'objectif à moindre effort. L'ennemi ou les manifestants peuvent fuir devant cette force de police qui se déploie en usant des chansons effrayant les concernés.

C'est analogue avec le mouvement `'muleliste'' à l'époque du premeir régime. Les partisants de cette milice attaquaient les troupes loyalistes en chantant : `'mulele mayi, mayi'' (mulele l'eau, l'eau ) et les troupes gouvernementales paniquaient et fuyaient en débandade.

La police aujourd'hui recourt aussi aux chansons pour faire fuir l'adversaire ou semer la panique ou la terreur dans le chef des manifestants. C'est comme l'extrait de cette chanson qui tombe à point :

« Bokima, makila ekopanzana liseki ezalissusu te, boza batomboki l'Etat ekofite. Bokima, makila ekopaza liseki ezalissusu te, boza batomboki l'Etat ekofite. » : (fuyez, le sang va couler car le temps de blague est révolu. Vous êtes des rebelles, l'Etat est là.)

Cet extrait montre comment la police en tant que force de dissuasion, avertit les manifestants de se replier puisque son intervention est musculeuse et est toujours comme l'a constaté Musthipay (2008), émaillée souvent de bain de sang comme ce fut le cas de kalukuluku (Lubumbashi). Il en est de même de kawama (Kolwezi) où nous avions autrefois assisté à la répression des creuseurs. C'est tout comme la répression des étudiants ou des marchands pirates. C'est comme l'a si bien montré également Kalend A Kabamb (2010) en parlant de dispositif sécuritaire dans les sites miniers d'exploitation artisanal de Lwisha, l'installation du guichet unique a nécessité la répression des creuseurs qui s'est soldée par un bain de sang et la victoire des policiers sur les creuseurs, une manière de montrer la manifestation de la force régaliènne.

Qu'il s'agisse de kalukuluku, de Kawama, de Mbola ou de la répression des étudiants, l'intervention policière s'est toujours accompagnée par les chansons qui constituent un atout sécuritaire dans le cadre de la persuasion. C'est dans ce contexte que les chansons constituent un mode de sécurisation.

Que retenir pour ce chapitre ?

Il nous a permis de fixer le contexte de production des chansons policières, de déterminer les thématiques qui en découlent pour enfin chuter sur les quelques fonctions que recèlent les chansons policières. Les principaux résultats de cette recherche son scrutés d'une manière plus synthétiques en présentant les grands traits dans la conclusion générale.

.

CONCLUSION GENERALE

Au terme de notre étude dont l'objet est l'analyse criminologique des chansons policières lors des rassemblements.

En effet, il a été pour nous question d'analyser de façon criminologique les messages véhiculés par les chansons policières.

Pour y arriver, l'approche théorique dite de l'acteur social dans sa perspective interactionniste est celle que nous avons mobilisée pour cette étude.

L'observation participante a été utilisée pour cette fin dans une posture ethnographique. La méthode ethnographique utilisée dans cette recherche nous a exigé de passer un temps assez considérable sur terrain en guise de récolter les données au moment de leur production en occupant une place de stagiaire au sein du bataillon police Groupe Mobile d'Intervention Est qui est notre champ d'étude.

Les données ont été analysées grâce à la méthode d'analyse thématique verticale et horizontale.

Nos observations et entretiens y ont été réalisés avec les officiers ainsi que les Agents de Police.

En effet, l'analyse du contenu dans sa perspective thématique est le moyen de traitement des données auquel nous avons fait recours pour arriver aux résultats de notre recherche.

De l'interprétation des données, les résultats suivants ont été faits et méritent d'être signalés au regard de notre question de départ, à savoir : « quelle analyse faire des chansons comme mode d'expression policier ? ».
En réponse à cette question, l'étude révèle trois fichiers ou paniers relatifs à notre objet, lesquelles sont de natures diverses. Le contexte de production des chansons, les principales thématiques ainsi que les fonctions que remplissent ces chansons.

Ø Le premier fichier cerne le contexte de production des chansons policières. A cet effet, l'exploitation thématique nous a permis de décortiquer trois contextes cadrant avec les chansons policières. Il s'agit des contextes de guerre, du maintien et rétablissement de l'ordre public et enfin le contexte de réjouissance ou de divertissement.

Ø Le deuxième quant à lui cerne les principales thématiques véhiculées par les chansons. A ce sujet, l'étude révèle cinq thèmes tels qu'ils émanent des chansons policières. C'est notamment l'exaltation de la toute puissance de la police (police ou métier de pouvoir, police mosala kitoko, civil ou un peureux ou encore mutu pamba et la concurrence avec la justice), les conditions policières (police ou métier difficile, métier de sacrifice, métier de précarité et de souffrance), la sexualisation des relations (femmes vues par les policiers et masculinisation de la femme), la toxicomanie(considération de la drogue, drogue source de courage, un fortifiant et traduit un mauvais comportement) et enfin l'appel au patriotisme.

Ø Le troisième fichier aborde les fonctions répertoriées dans les messages véhiculés par les chansons policières : la fonction communicationnelle, chanson comme mode de revendication, chanson comme mode d'interpellation, les pamphlets, fonction éducationnelle, rythmique et artistique ; chanson comme mode d'expression des sentiments (sentiments de joie, de tristesse, de haine) et enfin chanson comme mode de sécurisation.

Il importe de faire remarquer que le noyau dur de tous ces problèmes se situe dans la complexité de tous les facteurs cités. C'est comme le cas de la chanson qui se conçoit comme un mode de revendication et d'interpellation policière. Par ailleurs, la revendication dont les policiers réclament n'est pas autorisée ni par la loi organique ou le décret n° 002/2002 du 16 Janvier 2002 portant institution, organisation et fonctionnement de la police nationale congolaise, ni par la constitution de la République Démocratique du Congo.

Enfin, il faudra retenir que cette étude, loin d'être complète et parfaite, néanmoins elle s'estime le mérite d'avoir présenté l'essentiel des différents messages véhiculés par les chansons policières.

BIBLIOGRAPHIE

I. OUVRAGES

1. ALAIN TOURAINE, Une lumière qui s'allume dans la nuit sociale, 2010

2. ALBARELLO, L, Apprendre à chercher, Bruxelles, De Boeck, 2007

3. ALBARELLO, L, Devenir praticien chercheur. Comment réconcilier la recherche et la pratique sociale, Bruxelles 2004

4. ALBARELLO, et al, Pratiques et méthodes de recherche en science sociale. Paris, Arman Colin ,1995

5. BEGSON, La perception du changement, 2010

6. BEAUD.S et WEBER, Guide de l'enquête de terrain, la Découverte, Paris, 2008

7. BLANCHET et WEBER. F, L'enquête et ses méthodes : entretien, Nathan, Paris 1992

8. CROZIER M et FRIEDBERG, L'acteur et le système, Paris, éd. Seuil 1997

9. DEBUYST F, Cliniques criminologiques : modélisations intégratives, évaluations et prise en charge des auteurs, 2006

10. DENOEL R, Cartes virtuelles, contes et chansons, 2008

11. DEPELTEAU, La démarche d'une recherche en sciences humaines, 2006

12. F.BALLE, Médias et société, Ed Monchrestien, 2009

13. FAGET, Paroles de chanson, 2004

14. GOFFMAN, Portrait du sociologue en jeune homme `interaction'' ,1998

15. GINZANZA J.L, La chanson congolaise moderne, éd. Harmattan, Paris, 2004

16. L .J CALVET, Pour une linguistique du désordre et de la complexité, 1987

17. KITA MASANDA. P, La chanson scolaire coloniale, éd. Harmattan, 2001

18. LAFONTAINE, De plus en plus celtique, la chanteuse morlaisienne, 1954

19. LA PLATINE, La description ethnographique, Paris, éd. Armand Colin 2006

20. MOJARDET D, Ce que fait la police. Sociologie de la force publique, la Découverte, paris, 1996

21. MUCCHIELLI, A, Dictionnaire de Méthode qualitative en Sciences Humaines, Ed. Armand Colin 2005

22. PAUL LOUIS COURIERS, Epistolier, pamphlétaire, polémiste, 1998

23. PETIT LAROUSSE ILLUSTRE, Ed. 1998

24. RAYMOND QUIVY et Luc VAN CAMPENHOUDT, Méthodes de recherche en Sciences Sociales, Ed. Dumond 2006

25. UMBERTO ECO, « Le Cimetière de Prague », 2007

II. NOTES DE COURS

1. GABIN KABUYA BADY, Introduction Générale à la Criminologie, Syllabus, L1 ECOCRIM, UNILU 2009

2. NORBERT LUPITSHI et HONORE NGOIE MWENZE, Méthodologie de la recherche en Criminologie, Syllabus, L1 ECOCRIM, UNILU 2009

3. ILDEPHONSE TSHINYAMA, Histoire et organisation de la police, Syllabus, L1 ECOCRIM, UNILU 2009

III. MEMOIRES ET THESES

1. ILDEPHONSE TSHINYAMA (2005), La rencontre entre Policiers et les jeunes « délinquants », mémoire du Diplôme d'Etudes Approfondies, Lubumbashi, ECOCRIM, UNILU

2. NORBERT LUPITSHI (2009),  Les trajectoires de sortie de la rue des jeunes à Lubumbashi, Lubumbashi, Thèse de Doctorat en Criminologie, ECOCRIM, UNILU

3. MUTSHIPAYI KABIEBWE R. (2008), Evaluation du mandat Policier dans le maintien et rétablissement de l'ordre public à Lubumbashi (expérience de Kalukuluku en 2006), mémoire de Diplôme d'Etudes Approfondies en Criminologie, Lubumbashi , ECOCRIM, UNILU.

4. ILDEPHONSE TSHINYAMA (2009), L'observation ethnographique d'un commissariat à Lubumbashi. Une compréhension des pratiques policières en contexte Congolais, thèse de doctorat en Criminologie , Lubumbashi, ECOCRIM, UNILU

5. KALEND A KABAMB GUY (2010), Le dispositif sécuritaire dans les sites miniers d'exploitation artisanal de Luisha, mémoire de licence, Lubumbashi, ECOCRIM, UNILU

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION GENERALE 1

CHAP I. CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE 4

§.1. ESQUISSE DEFINITIONNELLE DES CONCEPTS CLEFS 4

§ 2. QUESTION DE RECHERCHE 5

§ 3. ETAT DE LA QUESTION 7

§ 4. PROBLEMATIQUE 8

§5. INTERET DU SUJET 12

CHAP II . CADRE METHODOLOGIQUE 15

SECTION I : LE SITE D'INVESTIGATION 15

§.1 LE CHOIX DU SITE 15

§.2. LA DESCRIPTION DU SITE DE RECHERCHE 15

§.3. ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DE L'UNITE 18

1. Organisation 18

2. Fonctionnement 19

SECTION II : DISPOSITIFS METHODOLOGIQUES 23

§.1. ENTREE SUR TERRAIN 23

1. Echantillon 23

a. La négociation du terrain. 25

b. L'insertion dans un milieu d'études 26

b .Choix des Techniques 28

§ 3. MISE EN OEUVRE DES TECHNIQUES DE RECUEIL DES DONNEES 31

1. L'Observation 31

2. Entretien 32

§.4. TECHNIQUE D'ANALYSE DE DONNEES EMPIRIQUES 35

§.5. ETHIQUE DE RECHERCHE 38

§.6. DIFFICULTES RENCONTREES ET COMMENT LES CONTOURNER 38

CHAPITRE III. ANALYSE DES CHANSONS COMME MODE 40

D'EXPRESSION POLICIER 40

SECTION I : LES CONTEXTES DE PRODUCTION DES CHANSONS 41

IDENTIFIES 41

§.1. SITUATION DE GUERRE 41

§.2. SITUATION DU MAINTIEN DE LA DISCIPLINE POPULAIRE ET DU MAINTIEN ET RETABLISSEMENT DE L'ORDRE PUBLIC 45

§.3. SITUATION DE REJOUISSANCE (DIVERTISSEMENT ET DETENTE) 48

SECTION II : LES THEMATIQUES 50

§.1. L'EXALTATION DE LA TOUTE PUISSANCE DE LA POLICE 50

1. Police « un métier de pouvoir » 50

2. La police : « mosala kitoko » 51

3. Civil : « un Perreux » 51

4. Civil : « moto pamba » 51

5. La concurrence avec les structures de la justice 52

5.1. La concurrence avec la justice militaire 53

a. Auditorat militaire « sangsue » 53

b. Auditorat militaire « maison de discipline » 54

c. Auditorat militaire «  lieu de repos » 55

5.2. Concurrence avec le parquet civil 55

6. La séparation d'avec les siens ou les proches 56

§2. LA CONDITION POLICIERE 56

1. Police « un métier difficile » 57

2. La police «  un métier de sacrifice » 58

3. La précarité de la vie policière 58

4. La souffrance 61

a. Souffrance comme un fait surnaturel 62

b. Souffrance comme un fait religieux 62

§.3. LA SEXUALISATION DES RELATIONS 63

3.1. Les femmes vues par les policiers 63

3.2. La masculinisation de la femme 65

§.4. LA TOXICOMANIE ( la délinquance policière) 66

1. Quelques considérations sur le concept `'toxicomanie'' 66

2. Drogue comme source de courage 67

3. Drogue comme fortifiant 67

4. Drogue et mauvais comportement 68

§.5. L'APPEL AU PATRIOTISME 68

SECTION III : QUELQUES FONCTIONS DE CHANSONS POLICIERES 71

§.1 : LA CHANSON, MODE DE REVENDICATION POLICIERE 73

§.2. : LA CHANSON COMME MODE D'INTERPELLATION 76

§. 3. LES PAMPHLETS « MBWAKELA » 78

§.4. FONCTION EDUCATIONNELLE 80

§.5. FONCTION RYTHMIQUE 81

§.6. FONCTION ARTISTIQUE 81

§.7. CHANSON COMME MODE D'EXPRESSION DES SENTIMENTS 81

1. Sentiment de Joie 82

2. La chanson dédicacée 83

3. Sentiment de tristesse 84

4. La Conflictualité `'ZUWA'' 85

a. Conflit entre les attributions et leur application 85

b. Conflit commandant - troupe 86

c. Conflit inter- troupe 87

§.8. CHANSON COMME MODE DE SECURISATION 88

CONCLUSION GENERALE 90

BIBLIOGRAPHIE 92

« La chanson comme mode d'expression policier »

Par NGOY LWAMBA BIN Charles

Commissaire de Police,

- Licencié en philosophie politique de l'Université de Lubumbashi.

La présente étude examine les chansons policières entonnée lors des différentes circonstances au sein du Groupe Mobile d'Intervention Est, GMI-E en sigle. Instrument de culture, les chansons transmettent le message à la société, et remplissent plusieurs fonctions : éducationnelle, artistique, rythmique, culturelle...

Les chansons policières constituent un mode d'expression des sentiments, un mode de revendication, d'interpellation et de sécurisation.

Aussi, les chansons sont produites selon les circonstances et le contexte bien déterminés.

Pour en savoir plus, ce mémoire expose d'une manière approfondie la chanson comme mode d'expression policier, telle qu'observée auprès des acteurs concernés.






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