INTRODUCTION GENERALE
La chanson comme un mode d'expression policier, telle est
notre préoccupation scientifique en élaborant ce travail.
En effet, les chansons constituent l'une des manifestations de
la culture. Celle-ci est un construit de la société. Ainsi, les
chansons en tant que construction, sont porteuses des messages. Dans cette
perspective, les chansons véhiculent les différents messages dont
le contenu est destiné à eux-mêmes et à la
société.
Notre réflexion nous a conduit à parler des
chansons policières pour décortiquer les messages qu'elles
véhiculent et leurs effets sur le comportement des policiers. Ainsi,
après une réflexion approfondie et filtrage, l'étude a
comme question pivot ou fil conducteur formulée en ces termes :
« Quelle analyse faire des chansons comme
mode d'expression policier ? »
L'étude a comme champ d'analyse le Bataillon Police
Groupe Mobile d'Intervention Est, Situé au quartier Bel air dans la
commune de Kampemba, ville de Lubumbashi, province du Katanga en
République Démocratique du Congo. Le choix de ce site est
dicté par la logique des atouts qu'il présente au regard de notre
objet. En effet, dans ce bataillon, les chansons sont d'usage au quotidien de
par ses missions spéciales dont le noyau central est l'intervention.
Celle-ci est souvent ponctuée des chansons.
Dans le but d'élucider l'objet, l'étude a
mobilisé deux approches : notamment l'interactionnisme
symbolique qui constitue l'approche théorique à laquelle
s'abreuve cette étude. Elle est complétée et enrichie par
la grille de l'acteur social.
L'approche interactionnisme symbolique nous a permis
d'interpréter les chansons policières en fonction des
interactions des policiers qu'ils ont entre eux-mêmes, entre eux et leurs
chefs, entre eux et les autorités politico-administratives, les agents
de l'auditorat militaire et du parquet civil ainsi qu' avec la population.
Tandis que celle dite grille de l'acteur social illumine le
sens et les effets des chansons sur le comportement du policier. Cette grille
tient compte des points de vue des acteurs, de leurs histoires et de leurs
expériences. En tant qu'acteur social, la production des chansons
policières tient compte de la rationalité, de l'intention et des
stratégies qui n'ont des sens que pour les concernés ou les
acteurs impliqués.
Pour la récolte des données, nous avons recouru
à l'observation in « situ ». Elle nous a permis de
les recueillir au moment de leur production. L'observation a
été complétée et enrichie par les entretiens semi
directif. Ce type d'entretien permet au chercheur d'orienter par moment ses
interlocuteurs dés lors qu'ils dévient ou se livrent à des
verbiages.
Quant au traitement des données, nous avons
exploité l'analyse thématique sous ses deux angles ,
à savoir vertical et transversal (Blanchet et Gotman, 1992 ;18)
Le premier a consisté à repérer et
à dégager les différents thèmes découlant
des données de l'observation et des entretiens. L'analyse
elle-même a consister à la recherche des ressemblances et des
dissemblances pour dégager les thèmes principaux et
secondaires.
Le deuxième a consisté à chercher les
liens entre les différents thèmes élaborés
à partir de l'analyse verticale.
Outre cette introduction, le corps de ce travail reposera sur
trois chapitres clôturés par une conclusion
générale.
Le premier chapitre porte sur le cadre théorique de la
recherche.
Il comporte quatre volets : le premier cerne l'objet et
la question de recherche, le deuxième épingle la
problématique, le troisième reprend l'état de la question
et le quatrième l'intérêt du sujet.
Le deuxième chapitre cerne les dispositifs
méthodologiques.
Il est question dans ce deuxième chapitre, de fixer le
choix du sujet, la démarche méthodologique à mobiliser,
les techniques à utiliser, le terrain, la mise en oeuvre des techniques
de recueil des données, les facilités et les difficultés
rencontrées, ainsi que l'éthique de recherche telle
qu'observée.
Le troisième enfin est une interprétation des
données de cette étude sous forme des résultats. Analyse
les chansons d'une manière criminologique, c'est ce chapitre qui
présente les résultats de notre recherche. Ainsi, après la
lecture systématique des données d'observations et d'entretiens,
nous avons jugé utile de présenter les résultats de cette
étude d'une manière hétéroclite,
c'est-à-dire, composé d'éléments variés et
disparates en trois clichés ou tableaux pour fin
d'interprétation: le contexte de production des chansons
policières, les principales thématiques ainsi que les
différentes fonctions que remplissent ces chansons.
La conclusion et la bibliographie exploitée mettent un
terme à cette étude.
CHAP I. CADRE THEORIQUE DE LA
RECHERCHE
Toute recherche scientifique exige une démarche
particulière qui dépend de l'objet de recherche, de la
visée du chercheur et de la situation du champ d'analyse. Ce chapitre
que nous avons l'opportunité d'aborder est essentiellement
théorique. Il montre la manière dont nous nous sommes investi
pour construire l'objet d'étude.
Ce chapitre contient cinq volets : le premier est une
esquisse définitionnelle des concepts clefs se rapportant à
l'étymologie et à la structure de la chanson, le deuxième
cerne l'objet et la question de recherche, le troisième épingle
la problématique, le quatrième est la base théorique ou
l'état de la question et le dernier concerne l'intérêt du
sujet.
Avant d'entrer dans le vif de notre travail, il sied d'abord
de préciser le sens de certains termes qui font l'objet de notre travail
car un terme peut revêtir plusieurs sens selon qu'il est employé
dans tel ou tel autre domaine. Il dépend aussi du contexte ou il est
utilisé pour revêtir un sens bien déterminé.
§.1. ESQUISSE DEFINITIONNELLE
DES CONCEPTS CLEFS
1. La chanson
a) Etymologie
Etymologiquement , le concept
« chanson » vient d'une part du latin
« cantare » qui signifie chanter ou faire entendre un
chant, une chanson ; le chant ainsi perçu comme une suite de sons
modelés émis par la voix humaine ; et d'autre part du Grec
« cantio » qui signifie une petite composition musicale de
caractère populaire, sentimental ou satirique divisée en couplets
et destinée à être chantée. Cette deuxième
définition décrit mieux ce qu'est la chanson et permet la
compréhension de la réalité liée à son
univers de production et aussi par rapport à sa finalité
(sentimentale et satirique).
Pour L.J. Calvet (1968), la chanson est cet « air
que l'on fredonne, des mots qui s'impriment dans nos mémoires et dont,
suprême hommage, on oublie le plus souvent l'auteur »
D'une manière
générale, la chanson peut être conçue comme
« une combinaison d'éléments, comme une synthèse
active réunissant : un texte, une mélodie, une voix, une
orchestration et la performance physique du chanteur.
Notons cependant que la compréhension du terme chanson
dépend de l'époque et de la société dans laquelle
est évoquée la chanson. Du XIème siècle au
XXIème siècle, le terme chanson a des traits spécifiques
qui le définissent autrement. C'est ici l'occasion de signaler
l'évolution et la révolution qu'a subit depuis des années,
la chanson notamment avec la modernisation de sociétés
grâce aux nouvelles technologies.
b) Structure de la
chanson
« La chanson (L.J. Calvet 1968), contrairement aux
autres genres textuels, ne se réduit pas à une simple
virtualité mais constitue une performance, un « acte de
parole » dans lequel le texte est d'emblée
interprété et mis en mouvement». Ceci
pour dire que la chanson est un texte comme nous l'envisageons étudier
dans ce travail.
En sémiologie, le concept « texte »
est utilisé pour se référer à des unités
linguistiques plus larges que le signe, et désigne les mots et phrases
qui constituent un écrit. Umberto Eco(2006) fait remarquer au sujet du
texte qu'il est celui qui convient mieux ou qui remplace le concept
traditionnel message ; autrement dit, ce qui autrefois était
appelé « message » est en réalité le
texte.
Ainsi, passons à l'étape suivante de ce
travail.
§ 2. QUESTION DE
RECHERCHE
La question de recherche détermine ce que le chercheur
voudrait spécifiquement comprendre en faisant son étude. Raymond
Quivy et Luc Van Campenhoud (2006-26) notent qu'une bonne manière de s'y
prendre dans la recherche scientifique, est de « s'efforcer
d'énoncer son projet de recherche sous forme d'une question de
départ par laquelle le chercheur tente d'exprimer le plus exactement
possible ce qu'il cherche à savoir, à élucider, à
mieux comprendre ».
Dès le départ, nous avons été
animé par le souci de mener une étude sur l'encadrement des
enfants de la rue par les organismes non-gouvernementaux au Katanga. Lors de
la discussion dans le cadre du cours séminaire d'encadrement des
étudiants finalistes concernant les techniques de recueil et analyse des
données, ce sujet a été rejeté car
déjà étant mené par plusieurs chercheurs. C'est
notamment par le professeur Norbert Lupitshi wa-Numbi (2009),
« les trajectoires de sortie de la rue des jeunes à
Lubumbashi » (thèse de doctorat en criminologie de
l'Université de Lubumbashi) et par le professeur Ildéphonse
Tshinyama Kadima (2005), « la rencontre entre policiers et les jeunes
`'délinquants'' »(mémoire du Diplôme d'Etudes
Approfondies , Ecole de Criminologie de l'Université de Lubumbashi).
En plus, visant la posture constructiviste,
réfléchir sur les facteurs qui mènent les enfants sur la
rue, c'est faire une étude étiologique. La science
anthropologique qui explique l'origine d'un fait ou d'une institution c'est une
raison de plus qui nous a conduit à abandonner cet objet.
Nous nous sommes intéressé aussi à la
reforme de la Police pour centrer l'étude sur le syndicat policier. Il
ressort de projet sur la réforme de la Police en République
Démocratique Congo, la non prise en compte de l'aspect revendicatif.
Nous n'allons pas centrer notre étude sur quelque chose
qui n'existe pas. C'est pourquoi, il fallait faire la même gymnastique
intellectuelle pour fixer notre objet. C'est ainsi que notre réflexion
nous a conduit à parler des chansons policières pour
décortiquer les messages qu'elles véhiculent et leurs effets sur
le comportement des policiers.
Ainsi, après une réflexion approfondie, notre
question de départ se présente de manière
suivante :
« Quelle analyse faire des chansons comme
mode d'expression policier ? »
S'inscrivant dans une démarche inductive, la
compréhension de cette question de recherche se fixe par une
série de sous questions qui constituent donc notre ancrage
théorique.
Il s'agit des questions du genre :
· Quels sont les contextes de leur production ?
· Quelles en sont les principales
thématiques ?
· Quelles fonctions remplissent ces chansons ?
· Quel est le sens profond véhiculé au
travers de chaque thématique ?
Ces différentes questions serviront des points
d'ancrage dont l'essentiel de réponse seront intégrés
directement dans le corpus de l'étude. La question centrale étant
fixée et l'objet cerné, il est opportun de répertorier les
études antérieures sur cet objet d'étude.
La recension de la
littérature antérieure permet au chercheur d'améliorer sa
question pivot et de la préciser. Elle permet également de
réperer quelques concepts susceptibles d'être mobilisés
qu'un trou pour produire un savoir nouveau différent des connaissances
déjà épluchées. ci nous permet de scruter
l'étape exploratoire.
§ 3. ETAT DE LA QUESTION
Le domaine des chansons policières, notre champ
d'étude nous parait original. Comme l'un parmi les moins
exploités étant donné les difficultés connues lors
de l'exploitation documentaire.
Cependant, il est important de signaler quelques ouvrages
trouvés lors de notre exploitation. .
Quelques publications antérieures ont abordé
superficiellement ou en profondeur l'objet de notre étude.
Parmi elles, retenons les suivantes :
- GINZANZA J.L(2004), la chanson congolaise
moderne, ...
L'auteur présente la chanson congolaise moderne dans
ses différents aspects : le Congolais chante dans la tristesse
comme dans la joie, de jour comme de nuit, dans le beau comme dans le mauvais
temps. La chanson joue un rôle introspectif, éducatif et
quelquefois judiciaire.
L'auteur tente de définir la chanson par rapport
à son identité culturelle partant de son origine jusqu'à
son implication socioculturelle actuelle. Il décrit son mode de
production et jauge son impact sur la société congolaise. C'est
cet aspect qu'intéresse cette étude.
- KITA MASANDI. P (2001), la chanson scolaire
coloniale, ...
Son ouvrage explicite la manière dont l'école
missionnaire a massivement entrepris l'endoctrinement moral, spirituel et
politique des colonisés à travers la chanson.
Celle-ci était surement le vecteur le plus
répandu et d'une redoutable efficacité. Cet ouvrage est une
anthologie de chansons scolaires utilisée en divers endroit du pays et
en diverses langues régionales. Il s'inscrit dans une perspective
interdisciplinaire intégrant la pédagogie, l'histoire, la culture
et l'Anthropologie.
Il nous intéresse sur le mode d'analyse et l'aspect
endoctrinât de la chanson.
Ces ouvrages, bien qu'abordant l'objet de notre étude,
ne se sont pas intéressé aux chansons policières qui
constituent l'apport et la spécificité de cette étude.
Ceci dit, nous trouvons utile de réfléchir sur
les approches théoriques en terme de discussion pour opter celle ou
celles qui sont susceptibles d'élucider notre objet de recherche.
§ 4. PROBLEMATIQUE
Elle s'entend selon Quivy R et Van Campenhoudlt L
(2006 :75) comme « l'approche ou la perspective
théorique qu'on décide d'adopter pour traiter le problème
posé sur la question de départ. Elle est l'angle sous lequel les
phénomènes vont être étudiés, la
manière dont on va interroger la problématique fait donc le lien
entre un objet d'étude et des ressources théoriques que l'on
pense adéquates pour l'étudier ».
Après avoir examiné plusieurs approches qui ont
traversé notre esprit dans la tentative d'éclairer les chansons
policières, par le tri, nous avons pu retenir l'interactionnisme
symbolique qui constitue l'approche théorique à laquelle
s'abreuve cette étude. Elle est complétée et enrichie par
la grille de l'acteur social.
L'interactionnisme symbolique comme approche adaptée
à cette étude a été exploitée dans l'optique
de Goffman E, (1973 :23 ; repris par Van
Campenhaudt, 2001 :50-51)
En effet, le courant accorde une importance cruciale à
la manière dont les interactions quotidiennes produisent des situations
sociales. Ce courant repose sur le postulat selon lequel les acteurs sont en
interaction dans une situation sociale donnée, ici un corps de Police
institué.
Ils interprètent cette situation et la gèrent
en fonction de leur interprétation élaborées dans ces
mêmes interactions.
Ce qui nous intéresse dans cette approche, c'est la
manière dont la vie se déroule dans ce corps et
l'expérience vécue par les acteurs à travers les
interactions internes.
Abordant l'expérience vécue par les acteurs nous
renvoie à l'acteur social dans l'optique de Debuyst
(1990). Cette grille de lecture recommande au chercheur de tenir
compte dans son analyse, de l'expérience des acteurs, de leur point de
vue et de leur expérience propres.
Ces approches considèrent le sujet comme acteur qui
construit son univers de sens par une activité
délibérée de donation de sens. Par ailleurs, elles
valorisent les ressources de sens dont dispose l'acteur, sa capacité
d'interprétation lui permettant de tirer son épingle du jeu face
aux normes ou aux règles.
La pertinence de ces deux approches est qu'elle permet de
découvrir le sens que voile les chansons qui sont porteuses de messages
à découvrir et à expliciter selon le sens que les acteurs
leur donnent.
Elles permettent aussi de mettre en lumière la
capacité créatrice et invocatrice des acteurs qui devant
l'organisation hiérarchique imposante, recourent aux chansons pour
exprimer leur joie ou leur tristesse, leur besoin ou leur revendication. La
chanson devient un moyen de s'exprimer et de réclamer leurs droits.
En effet, les policiers interprètent les chansons en
fonction des interactions qu'ils ont entre eux-mêmes, entre eux et
leurs chefs, entre eux et les autorités politico-administratives,
l'Auditorat Militaire, parquet et avec la population.
Les sens des chansons dépendent donc des interactions
des policiers avec le monde. Ils produisent un sens symbolique à
travers des messages véhiculés par des chansons soit pour
revendiquer soit encore pour se plaindre, soit pour dévier un
comportement sous forme d'animation. Jusque là, la Police Nationale
Congolaise n'a pas un syndicat.
Il ressort du projet sur la réforme de la police en
République Démocratique du Congo, la non prise en compte de
l'aspect revendicatif. Ces mêmes sens des chansons produisent aussi des
dédicaces.
Ce courant accorde une importance cruciale à la
manière dont les interactions quotidiennes produisent des situations
sociales. Ce courant repose sur le postulat selon lequel les acteurs sont en
interaction dans une situation sociale donnée, ici un corps de Police
institué. Ils interprètent cette situation et la gèrent en
fonction de leur interprétation élaborées dans ces
mêmes interactions. Cette approche est complétée par la
grille de l'acteur social.
En complétant l'approche interactionnisme symbolique
par la grille de l'acteur social, nous avons pu constater que le policier n'est
pas un être passif dont le comportement résulte du jeu du
déterminisme.
Pour dire que la façon d'agir ou de se conduire ;
l'ensemble des attitudes et des réactions objectivement observables d'un
policier ne se contente pas de subir ou d'observer les différentes
situations-problèmes sans agir ni réagir. Bien que la
revendication ou la réclamation collective est punissable, les policiers
s'expriment à travers les chansons.
Le policier est porteur d'un point de vue propre qui
dépend de sa position dans la police. Pour dire qu'un policier a une
conception ou une idée qui correspond concrètement avec la
réalité. L'action de l'esprit du policier ne consiste pas
à isoler un élément de l'ensemble.
Ainsi, il s'agit d'une étude microsociologique
fondée sur des interactions de la vie quotidienne des acteurs
(policiers) au regard des chansons produites ayant des effets sur leur
conduite. Il s'agit également d'examiner les perceptions qui
découlent de ces chansons. L'étude s'inscrit dans une approche
qualitative.
Selon Faget (2002 :76-77), la
perspective interactionniste symbolique est une posture méthodologique.
En tant que tel, précise cet auteur, elle consiste :
« à tenir compte dans l'analyse du point de vue des acteurs et
non pas comme dans de nombreuses recherches passées qui se penchaient
sur les institutions. »
Ce courant interactionniste considère que la conception
que les acteurs se font du monde social est l'objet essentiel de la recherche
sociologique. Si les individus définissent des situations
réelles, elles le sont aussi dans leur conséquence. Dans cette
optique, la société ou les institutions n'ont pas de
réactions indépendantes des interactions sociales.
Le même auteur précise ce qui suit au regard de
cette perspective comme démarche d'éclairage des
données : « Nous vivons dans un environnement à la
fois physique et symbolique et c'est nous qui construisons à l'aide de
symbole, les significations du monde et de nos actions »
(2002 :77).
Ceci étant, nous passons à
l'intérêt du sujet et les finalités de cette
étude.
§5. INTERET DU SUJET
Si nous choisissons de traiter un sujet donné, à
l'instar de Quivy et Van Campenhoudt (2006 :17) « C'est
forcément parce qu'il nous intéresse. Aussi parce que nous en
avons une expérience concrète. Peut-être même
sommes-nous désireux de réaliser notre recherche pour mettre au
jour un problème social ou pour défendre une cause qui nous tient
à coeur. »
Faisant notre cette pensée, l'objet d'étude nous
a captivé du point de vue professionnel étant Officier de la
Police. En effet, lors de notre formation policière la plupart des
exercices physiques accompagnaient des chansons pour non pas seulement rythmer
les mouvements mais aussi pour encourager les acteurs à
préserver ou à endurer physiquement et moralement.
Lors de notre initiation des différents formateurs ne
cessaient de répéter ceci « soldat a vivraka na
morale », ce qui se traduit comme :le policier vit du moral.
C'est le moral qui fait vivre. Même si le policier n'a rien, il est
encouragé sur le plan moral à persévérer dans
cette profession.
Mener une étude sur la problématique des
chansons policières relève de notre curiosité scientifique
de la questionner fait de notre expérience professionnelle.
Ce thème défraye la chronique, quoi de plus
intéressant que de l'exploiter pour confronter l'expérience
professionnelle à la réalité empirique.
De même sur le plan professionnel, chaque samedi de la
semaine est consacré aux activités sportives. Les chansons sont
présentes. Aussi, chaque fois qu'il y a parade, nous assistons à
l'animation ponctuée par les chansons de diverses natures sans oublier
celles liées à la religion.
Il arrive que l'Inspection Provinciale de la Police au Katanga
organise le « MUTSHAKA » ce qui se traduit :''
marches ou exercices physiques accompagnaient des chansons `'pendant lequel,
les acteurs (policiers) animent, marchent, chantent les diverses chansons
,voire celles dites obscènes. Et la majorité se comportent de la
même façon sans tenir compte de l'âge ni de grade. C'est une
manifestation où tout est permis.
Les policiers en profitent pour braver les interdits
,c'est-à-dire, ils se livrent à des chansons parfois
« obscènes »,voire celles qui s'attaquent à
leur hiérarchie.
Sur ce, c'est cette amalgame des chansons qui a attiré
notre curiosité scientifique pour mener l'étude sur les chansons
policières. L'objectif poursuivi est d'examiner les différentes
chansons produites par les policiers pour dégager ou cerner leurs effets
sur le comportement policier. En plus nous cherchons à connaitre les
différentes représentations qui en découlent de par leur
contenu sans oublier les différents messages que les chansons
véhiculent.
L'intérêt de l'étude a
été celui de prendre au sérieux les connaissances et les
compétences intellectuelles des acteurs et à les mobiliser dans
le processus même de la recherche. Le souci qui nous a animé
à choisir ce sujet n'est pas de juger la problématique, mais
plutôt de la décrire avec le plus d'objectivité
possible.
Il s'agira de fournir un effort pour dégager les enjeux
autour de l'examen des chansons policières, les messages
véhiculés par les auteurs et les représentations y
afférentes.
L'intérêt et les différentes
finalités de la recherche étant précisé, nous avons
l'opportunité de présenter dans les lignes qui suivent
l'unité d'analyse en termes de champ microscopique. Par champ
microscopique, nous entendons le site de recherche perçu comme la plus
petite unité d'analyse microscopique exigeant des interactions de face
à face. Le champ microscopique s'oppose au champ macroscopique
opérationnel sur de grandes échelles et obligeant beaucoup de
moyens pour sa faisabilité.
²
Ceci étant, nous venons de présenter d'une
manière succincte ce qui a constitué l'essentiel du premier
chapitre, nous trouvons important de passer au chapitre suivant.
CHAP II . CADRE
METHODOLOGIQUE
Ce chapitre centré sur le cadre méthodologique
présente le site d'investigation ou les données ont
été récoltées et les dispositifs
méthodologiques exploités à cette fin.
SECTION I : LE SITE
D'INVESTIGATION
Cette partie du travail présente trois volets : le
choix du site, la description du site de recherche ainsi que l'organisation et
fonctionnement de l'unité.
§.1 LE CHOIX DU SITE
Notre travail s'intitule l'analyse criminologique des chansons
policières lors des rassemblements. Cette étude porte sur le
bataillon de police Groupe Mobile d'Intervention Est, GMI EST en
sigle.
Le choix de ce site s'est fait par rapport à sa
spécificité. Celle d'intervenir a toute éventualité
à travers toute l'étendue de la province du Katanga. En tant que
telle, cette unité est différente d'autres du point de vue qui
concerne l'objet de recherche. Par rapport à d'autres unités,
celle-ci offre les atouts pour récolter les informations utiles à
l'élaboration de cette étude. Sa particularité est qu'elle
organise au quotidien la parade qui s'accompagne souvent des chansons
susceptibles d'être analysées. En plus, en tant qu'unité
d'intervention, celle- ci s'accompagne des chansons. C'est pourquoi nous nous y
sommes intéressé en occupant une position de stagiaire dans cette
unité aux fins d'enquêtes.
§.2. LA DESCRIPTION
DU SITE DE RECHERCHE
La délimitation de notre étude est fonction de
l'espace, du temps, des acteurs concernés et des
situations-problèmes. A ce propos, ALBARELLO.L (2004 :25),
précise ce qui suit :
« Le chercheur choisit un champ dans lequel il se
« sent bien » qui l'intéresse, qui motive et le
passionne selon sa propre psychologie, sa propre histoire personnelle et
professionnelle, son propre état d'avancement, intellectuel et selon sa
sensibilité aux interprétations ».
Le champ qui nous intéresse, c'est le Groupe Mobile
d'Intervention Est (GMI Est). Au départ, nous avions voulu mener
l'étude au sein du Bataillon Police de Circulation Routière (PCR)
où nous sommes actif, mais pour raison de rupture et de
fécondité des données, nous avons opté pour le site
ci-haut cité. Il est important de signifier que le chercheur peut aussi
mener une étude de l'intérieur, c'est-à-dire, dans son
propre bataillon dans le cas d'espèce. Mais néanmoins, le site
choisi offre beaucoup d'opportunités ou d'atouts de saisir les
données au moment de leur production parce que les chansons y sont
manifestes.
En effet, du point de vue espace, le Groupe Mobile
d'Intervention est localisé au camp préfabriqué sur la
chaussée de Kasenga, quartier Bel air, commune Kampemba dans la ville de
Lubumbashi, chef lieu de la province du Katanga.
Ce site est appelé GMI EST par opposition à GMI
WEST. Il s'agit des deux unités d'intervention qui sont opposées
du point de vue géographique. Le GMI Est se trouve à
l'est , c'est-à-dire, du côte du soleil levant en d'autres
termes, vers la commune de la Ruashi. Tandis-que le GMI WEST était
localisé au camp Est jadis camp COHE mais aujourd'hui
opérationnel à Kisanga , quartier situé dans la
commune annexe, à l'ouest de la ville de Lubumbashi. Du point de vue
temps, la récolte des données s'est effectuée pendant la
période allant du 24 janvier au 24 mars 2011, soit une période de
deux mois.
Toutefois, il est utile de noter que les chansons ont
été produites au-delà de cette période. Il y en a
qui ont des racines plongées ou enracinées dans la nuit de temps.
Quant aux acteurs, ce site renferme les acteurs qui découlent des
différents groupes tels que les MAÏ-MAÏ sans oublier les
veuves, les orphelins et les baptisés de la Police (les remplacements
des déserteurs qui sont formés sur le tas) et les autres sont
issus des différentes forces qu'a connues notre pays : les
éléments de la force publique, de l'armée de la
République du Zaïre (Division Spéciale
Présidentielle, la Gendarmerie Nationale et la Garde Civile), ceux issus
des différentes forces belligérantes pendant le conflit
d'agressions tels que les KADOGO et les Forces d'Auto-défense Populaire
qui n'ont subi aucune formation.
A noter que c'est précisément au Bureau 2 du
Bataillon Groupe Mobile d'Intervention que nous avons
bénéficié de l'encadrement. Sur ce, parlons de la
présentation de ce Bureau :
L'entrée principale du Camp préfabriqué,
que couvre un portail métallique à deux ouvrants donne tout droit
au mail du drapeau à 40m duquel l'on sait apercevoir le bâtiment
abritant au centre le Corps de garde, ou se trouve la cellule servant d'amigo
de l'Etat-major Bataillon Groupe Mobile d'Intervention Est, à
l'extrémité gauche le bureau de la 2é Compagnie et au
flanc droit celui de la 3è Compagnie, le magasin des vivres et d'autres
matériels.
A droite du mail du drapeau, il y a deux blocs abritant, le
premier, les bureaux du commandant Bataillon, de son adjoint en charge des
opérations, du chargé de l'instruction, du chargé des
relations publiques, le secrétariat et la pharmacie de fortune du
bataillon ; le second , les bureaux du commandant second en charge de
l'administration, du chargé de la logistique, du chargé des
ressources humaines, de la compagnie Etat-major et services, de la
première compagnie et du centre de transmission.
Tandis qu'à gauche de ce mail on trouve,
derrière la parade ou les policiers se tiennent chaque matin pour les
appels, la montée du drapeau et la réception des directives du
travail, le bloc abritant le Bureau 2 du Bataillon Groupe Mobile d'Intervention
Est (GMI-E). Ce bloc, faudra-t-il le souligner, avait servi, pendant la
Deuxième République, de cantine troupe de l'ex-bataillon mobile
de la défunte Gendarmerie Nationale et mesure environ 15m de longueur
et de 10m de largeur.
Le signe qui témoigne encore de cet ancien usage
est le dispositif du comptoir situé dans le fond gauche de la grande
pièce d'environ 10m/7m dénommée pool O.P.J. Ce bloc, qui
est l'unique cadre de ce bataillon ou sont instruits les dossiers judiciaires,
contient cinq pièces, dont le pool O.P.J ,parmi lesquels deux
tournaient les dos au mur de la véranda et trois autres à celui
séparant le pool O.P.J de l'office du commandant bureau 2. A coté
du comptoir, se trouve le bureau du commandant second en charge des
opérations, une pièce d'environ, 5m/3m. Un peu plus
excentrée par rapport à l'entrée principale du pool O.P.J,
une autre porte donne accès au secrétariat, ou l'administration
du bureau était tenue par un deuxième adjoint.
Au coin gauche de la pièce du secrétariat se
trouve la porte donnant l'accès aux toilettes intérieures, une
pièce d'environ 2,5m sur 2m. Ces toilettes, faudra-t-il le souligner,
arrosaient tout le bloc du bureau d'une odeur nauséabonde lorsqu'elles
n'étaient pas bien entretenues, ce qui était tellement
fréquent que les visiteurs, qui en étaient indisposés,
préféraient sortir prendre de l'air aussi bien sur la
véranda de ce bureau que dans la cour, chose que les agents de ce bureau
tout comme d'ailleurs les O.P.J ne toléraient pas du tout question de
ne pas faire voir au commandement de bataillon que le bureau 2 est plein de
monde, ce qui était perçu par moment à tort, comme le
signe d'une abondante entrée financière.
Outre la porte de toilettes, il y avait au secrétariat
deux autres portes, celles permettant la sortie par derrière et celle de
l'entrée au bureau du chef bureau 2. La description de ce bureau permet
de présenter dans les lignes qui suivent le cadre fonctionnel et
organisationnel de cette unité.
§.3. ORGANISATION ET
FONCTIONNEMENT DE L'UNITE
La police étant une structure fortement
hiérarchisée, elle a besoin, pour réussir dans sa mission
primordiale, qui est celle de protéger les personnes et leurs biens dans
les domaines multiples de la vie nationale, d'une certaine organisation
susceptible de lui assurer un bon fonctionnement. C'est de cette organisation
fonctionnelle qu'il sera question dans ce point.
1. Organisation
En effet, l'Inspection Provinciale de la Police Nationale
Congolaise au Katanga comprend, outre son Etat-major composé de cinq
départements traditionnels à savoir les départements
1,2.3,4et 5, s'occupant chacun des taches spécifiques ayant
respectivement trait aux ressources humaines qui s'occupent de la gestion du
personnel, de la justification permanente des effectifs, du contrôle des
effectifs, du contrôle du régime disciplinaire et du respect de la
réglementation en la matiére ainsi que de la paie du
personnel ; les renseignements généraux, dont l'exploitation
donne lieu à l'ouverture des enquêtes et l'élaboration des
procès-verbaux , à l'instruction , organisation et planification,
à la logistique et gestion du matériel et aux relations
publique ; auxquels il convient d'ajouter les services techniques tels que
le service de génie, la santé, la transmission, le transport, les
budgets et finances,
Les aumôneries catholique et protestante, un conseil
juridique, une compagnie administrative dénommée QG (quartier
général ), sept unités du rang d'un bataillon et une
qui venait d'être élevée au rang d'une brigade,
évoluant toutes dans la garnison de Lubumbashi.
En dehors des unités territoriales et des unités
spécialisées dont dispose l'Inspection Provinciale de la Police
Nationale Congolaise au Katanga. Elle dispose aussi de deux unités
mobiles d'intervention, dont l'une, dénommée bataillon Groupe
Mobile d'Intervention Est (GMI-E) par rapport à sa position
géographique à l'Est de la ville de Lubumbashi, a son Etat-major
au camp Préfabriqué, situé au quartier Bel-air dans la
commune de Kampemba.
Les policiers de cette unité portent le brassard vert
avec inscription GMI en rouge bardeau ; et l'autre, appelé
bataillon Groupe Mobile d'Intervention Ouest (GMI-W), par rapport à son
orientation géographique située à l'ouest de la ville de
Lubumbashi, a son Etat-major au quartier Kisanga dans la commune de Katuba,
plus précisément à 100m en face de la bifurcation des
routes Kasumbalesa et Kipushi . Les policiers de cette unité portent le
brassard bleu avec inscription GMI-W en blanc.
2. Fonctionnement
Dans chaque province, les forces de la Police Nationale
Congolaise sont constituées en inspection provinciale placée sous
le commandement d'un inspecteur provincial de la police assisté de deux
inspecteurs provinciaux adjoints, dont l'un chargé de l'administration
et logistique et l'autre chargé des opérations et renseignements
généraux .L'Inspection Provinciale de la Police Nationale
Congolaise au Katanga comprend :
- Des unités territoriales ;
- Des unités ou services spécialisés
- Des unités d'intervention
Le Bataillon Police Groupe Mobile d'Intervention est l'une des
ces unités d'intervention de l'inspection provinciale de la police
nationale congolaise au Katanga.
Comme tout système social, la Police Groupe Mobile
d'Intervention Est a son organisation et sa structure. Le décret-loi
002/2002 du 26 Janvier 2002 dispose dans son article 48 : L'organisation
détaillée et le cadre organique sont définis par voie de
Décret du Président de la République.
Ce texte, comme tous les autres qui devaient compléter
le décret-loi précité n'a jamais été
publié. Cependant, les commandants d'unité ont mis en place des
structures permettant aux unités de fonctionner dans un cadre formel. La
structure est composée d'un commandement, d'un état-major et des
compagnies.
a) Le commandement
Il est composé d'un commandant de bataillon et de deux
commandants en second : le premier chargé des opérations et
renseignements ; et le deuxième chargé de l'administration
et logistique. Son rôle est de coordonner et d'orienter toutes les
activités de l'unité. Le commandement a sous son autorité
un état-major et des compagnies subordonnées.
b) L'état-major
L'état-major est composé des services
généraux et techniques qui aident le commandement à
prendre des décisions intéressant l'ensemble de l'unité et
à assurer, entre les sous-unités à l'intérieur du
bataillon unité d'action.
Il est composé des bureaux appelés bureau
1,2,3,4 et 5.
(1) Bureau 1
Appelé aussi bureau des ressources humaines. Il est
chargé de la gestion du personnel sur le plan des effectifs, des
affectations, rémunérations, pension et retraite, discipline,
distinctions honorifiques
(2) Bureau 2
Ce bureau est aussi appelé bureau des renseignements
généraux et services spéciaux. Il est
particulièrement chargé de la récolte de l'information, de
son exploitation et de sa transmission vers le haut et vers le bas. Il
mène les enquêtes et investigations.
(3) Bureau 3
Le bureau 3 est chargé de l'organisation, instruction
et opérations. Dans le quotidien, il étudie les besoins en
effectifs et en matériels et fixe les priorités pour
l'affectation du personnel et du matériel. Il élabore le
programme d'instruction, organise l'instruction des cadres et de la troupe et
établit le rapport d'instruction.
(4) Bureau 4
Il est chargé de la logistique. Il gère le
matériel existant et établit les demandes pour les
approvisionnements. Son domaine d'intervention s'étend au ravitaillement
(Vivres, Carburants...), au transport, à l'armement et munitions, au
matériel de bureau etc.
(5) Bureau 5
Il est chargé des relations publiques et du protocole.
Il s'occupe de la réception des visiteurs du commandement de bataillon,
ainsi que de l'organisation des manifestations touchant à la vie de
l'unité.
c. Les compagnies
Elles n'ont pas d'attribution particulière en rapport
avec les missions dévolues à cette unité. Signalons que
le Bataillon police Groupe Mobile d'Intervention Est compte trois compagnies.
Le commandant de compagnie est donc investi d'une responsabilité
générale, tant du point de vue administratif et logistique que du
point de vue opérationnel. Cependant, l'articulation des hommes,
l'organisation de la garde, des causeries morales et autres activités de
l'unité font l'objet des rôles de service établis par
l'état-major et signés par le commandant de bataillon.
Cette étape nous permet de montrer la manière
dont nous avons récolté les données. Ceci étant,
passons au dispositif méthodologique.
SECTION II : DISPOSITIFS
METHODOLOGIQUES
§.1. ENTREE SUR TERRAIN
Il s'agit de la préparation de l'équipe,
l'immersion sur terrain et la construction de l'échantillon .
1.
Echantillon
La démarche mobilisée étant qualitative
et inductive, elle impose un échantillon qualitatif axé sur la
diversité des acteurs en vue de produire les résultats
nuancés et diversifiés. La sélection des acteurs n'a pas
pour but la représentativité de la population à
étudier, mais plutôt la catégorisation des acteurs qui
rentre dans l'univers de l'enquête. Nous avons opté pour
l'échantillon à cas multiples dans l'optique de Dépelteau
(206 :27). Il permet de sélectionner les acteurs pertinents qui
constituent la matrice de l'univers de l'enquêté du point de vue
diversification. Celle-ci a été réalisée en
fonction de grades policiers : Agent de Police, sous Officiers, Officiers
Subalternes et Supérieurs.
Ce type d'échantillon ne met pas seulement l'accent sur
la diversité des acteurs, mais également sur la situation.
Celle-ci d'après Michielli (2004 : 37) est un signal montrant la
fin de récolte des données puisque les nouvelles entrevues ne
produisent pas de nouvelles connaissances.
Cette saturation désigne le moment pendant lequel le
chercheur réalisant que l'ajout des données nouvelles dans la
recherche n'occasionne pas une meilleure compréhension du
phénomène étudié (Mucchielli, 2004 : 237-238).
« Elle constitue un signal d'alarme ou une alerte pour le
chercheur qu'il peut cesser la collecte des données ou leur analyse ou
encore mieux les deux actions vécues
simultanément. »
Si, dans la posture positiviste, le point de saturation
constitue un signal de représentativité des données dont
la visée est la généralisation des résultats. Par
contre, dans le modèle d'analyse inductif et constructiviste, la
saturation permet la production d'un savoir riche, adéquat,
nuancé, intimement lié aux contextes à l'intérieur
desquels ils avaient été produits.
L'échantillon étant construit, nous trouvons
opportun de montrer comment nous avons fait l'entrée sur le terrain et
la mise en oeuvre des dispositifs de recueil des données
2.Le terrain
1°) Préparation de
l'enquête
La récolte des données exige un minimum de
préparation matérielle et financière. C'est dans ce
contexte que Beaud S. et WeberR F. (2008 : 101), précisent que
« l'enquête exige une préparation
sérieuse : avoir le moyen de déplacement, un logement, la
restauration, bref, une préparation matérielle et
financière. »
Concernant cet aspect, les moyens matériels et
financiers nous ont permis de bien mener notre enquête.
Les auteurs précités renchérissent ces
mots : « pas de bonnes enquêtes sans un minimum de
confort, non pas pour le confort en tant que tel, mais comme condition de
travail » (Beaud et Weber, 2008 : 101).
Cette préparation n'est pas seulement
matérielle et financière mais également psychologique
puisque la recherche transforme le chercheur. Dans cet ordre d'idée,
devenir enquêteur implique au chercheur d'avoir un nouveau rôle
social à tenir. C'est devenir un peu
« bizarre » pour autrui dans la vie sociale
ordinaire (Beaud et Weber, 2008 : 98-99).
La situation d'enquête est leur meilleur moyen de
vivre l'activité de celle-ci comme un vrai travail : tenir un
journal de terrain, faire régulièrement les observations,
réaliser les entretiens, se documenter...
Toutes ces tâches exigent au préalable une
préparation matérielle, documentaire et la connaissance du
terrain.
2°) Immersion sue le terrain
Cette partie du travail présente deux volets : la
négociation du terrain et l'insertion.
a. La
négociation du terrain.
C'est le lundi 24 Janvier 2011, que nous avons
été autorisé d'aller effectuer notre stage au bataillon
d'Intervention Mobile Est de Lubumbashi. Cette unité d'intervention
constitue la réserve stratégique de l'Inspection Provinciale de
la Police Nationale congolaise au Katanga.
Notre Stage de recherche recommandé par l'Ecole de
criminologie de l'Université de Lubumbashi, au début a
suscité de la confusion dans l'esprit des observés, car ce stage
est différent de celui organisé par d'autres institutions et
facultés. En effet, les stagiaires venant d'autres institutions ou
facultés poursuivent un objectif de professionnalisation. Cependant, la
notre vise la récolte des données.
Suite à cette confusion qui régnait autour de
nous, nos interlocuteurs ne répondaient pas clairement à nos
questions relatives aux messages véhiculés ainsi qu'aux contextes
de production de chansons policières.
Nous avons même connu plusieurs cas où certains
officiers ainsi que d'autres éléments de cette unité et
même des civils nous évitaient pour leur avoir posé des
questions sur l'interprétation des chansons policières.
En effet, il n'est pas rare de rencontrer chez les personnes
contactées une certaine réticence à accepter l'entretien.
Communiquer des opinions ou des informations sur un sujet peut paraitre une
opération délicate.
Il faut donc s'attendre à certains refus RUQUOY ;
D 1995. Ici, le rôle de l'interviewer s'avère crucial : plus
il prend à coeur la réalisation de son étude, et plus il
sera amené à convaincre. Cette pensée a été
réalisée aux fins d'enquêtes en nous insérant dans
le milieu d'études.
b. L'insertion dans un
milieu d'études
Pour ce qui concerne notre étude, outre les relations
personnelles avec le numéro deux du Bataillon, l'élément
accrocheur a été plus l'objet de recherche ; la plupart des
personnes interrogées (pour notre insertion dans le milieu
d'étude : le Commandant second, Le Chef S2 et le Chef S3, tous du
même Bataillon) se sont senties concernées par l'étude en
s'imaginant qu'elle pourra amener les solutions aux problèmes
persistants dans l'organisation. Tout étant catalysée, la
recommandation de stage nous a été offerte par l'école de
criminologie de l'université de Lubumbashi. Au-delà des raisons
évoquées ci-haut, une autre non négligeable et
occasionnelle a été militée pour notre acceptation et
insertion dans le milieu de recherche.
En effet, de par notre ancienne fonction du secrétaire
particulier de l'Inspecteur Provincial de la Police au Katanga, l'accès
nous a été vite accordé sous réserve de
privilégier les relations qui existent déjà. Cette
acceptation qualifiée « d'hypocrisie », a
été pour nous un feu vert d'accès aux informations dans le
site de recherche, le Bataillon Police d'intervention Mobile Est.
Ainsi, le concours de toutes ces raisons a été
pour nous la clé pour l'ouverture de la porte du camp
préfabriqué.
En tant que Policier chercheur, il nous a fallu un effort pour
nous détacher de notre qualité d'officier et nous engager dans le
champ de la recherche.
Ceci, pour répondre à la logique selon laquelle,
« si on a l'intention de faire oeuvre scientifique, un seul chemin
serait possible se faire adopter par ce champ, l'intégrer et fonctionner
selon ses normes » (ALBERELLQ L (2004).
Cela étant, il nous a fallu des stratégies pour
confirmer cette distinction par rapport à notre position sociale parmi
lesquelles, le fait de faire disparaitre autour de nous, tous les indices
policiers durant notre séjour dans les milieux de recherche sur terrain.
Ce qui nous a permis de mener nos recherches en toute liberté
intellectuelle par rapport à notre position sociale et dans un climat de
sérénité et de réflexivité.
Cette étape nous permet de montrer la manière
dont nous avons récolté les données empiriques.
§.2. LA RECOLTE DES DONNEES
Au regard de l'observation, nous avons
adopté deux postures. A ce propos, CESSARD H, GOYEFFE G,
BOUTING,1977 :102 ,sous la plume de TSHINYAMA KADIMA Ildephonse,
précisent ce qui suit :
« l'interaction-observateur-observé pose un
problème de dosage entre observation et participant. Selon le niveau
d'implication du chercheur, l'observation peut prendre une forme active (en
insider) ou forme passive en (en outsider) »(2009 :72)
Nous avons été
à la fois « insider » et
« outsider ». Cette position nous a permis de
récolter les données sur les interactions observables entre
deux types d'acteurs ainsi que les pratiques qui en émergent.
L'enregistrement des données de l'observation n'a pas
posé de problème au sein de cette unité de police. Il nous
arrivait aussi à prendre note d'une manière fictive,
c'est-à-dire, cachée et codée, les messages
véhiculés par les chansons des acteurs concernés.
Quant aux entrevues, il nous
fallait fixer le rendez-vous avec le concerné. La tache nous avait
été facilitée par les officiers de la police qui sont nos
collègues. Pour être à l'abri des curieux, les entretiens
se déroulaient dans d'autres endroits éloignés du camp
préfabriqué ou nous avons eu l'opportunité d'enregistrer
avec le dictaphone tout en prenant note de l'essentiel en vue de parer à
toute éventualité pouvant sugir lors de l'enregistrement.
Parmi les enquêtés, un seul a refusé
l'enregistrement parce qu'il croyait être arrêté
aussitôt et nous avons noté dans notre bloc note d'entretien.
Nous avons réalisé nos entretiens par contact face à face.
Bien que la tache nous soit facilitée lors du contact, les entretiens se
déroulaient entre nous et les enquêtés à l'absence
des facilitateurs. C'est dans cette ambiance que nous avons
réalisé la récolte des données.
1. Le choix des méthodes et
techniques
a . Choix des méthodes
La présente recherche consiste à analyser les
messages véhiculés par les chansons policières. La
méthode en tant que démarche, dépend de la visée de
chaque chercheur.
Les choix des méthodes comme outils de recherche s'est
incliné sur deux points à savoir : la démarche
qualitative et la démarche participante. L'étude s'inscrit dans
une approche qualitative. Pour expliquer les messages contenus dans des
chansons policières, la démarche analytique est appropriée
pour mieux appréhender ce fait sous examen.
Ainsi, il s'agit d'une étude microsociologique
fondée sur des interactions de la vie quotidienne des acteurs
(policiers) au regard des chansons produites ayant des effets sur leur
conduite. Il s'agit également d'examiner les perceptions qui
découlent de ces chansons. Dans le cadre de cette étude, notre
choix s'est incliné sur la méthode ethnographique. Celle-ci
impose à un chercheur d'être dans son milieu d'étude, d'y
mener un temps assez long et d'occuper une place dans la communauté en
vue d'observer les faits relatifs à son objet. Il fait de l'observation
participante. Sous cet angle, nous avons utilisé ce type de
méthode en nous insérant dans le milieu concerné à
titre de stagiaire dans le but de récolter les données.
Ceci étant, il nous est utile de préciser les
techniques de recueil des données.
b .Choix des Techniques
L'étude fait recours à deux techniques de
recueil des données notamment l'observation directe sous sa forme
dite « in situ » et l'entretien avec séquence
directive.
1. Observation directe
La démarche méthodologique mise en exergue dans
cette recherche étant essentiellement ethnographique, elle nous renvoie
ipso facto à l'observation « in situ ». Elle offre
l'avantage de saisir les interactions à chaud ,
c'est-à-dire, elle permet au chercheur de récolter les
données au moment de leur production. Il s'agit de récolter les
différentes chansons auprès des acteurs concernés.
Elle est dite directe puisqu'elle s'opère sans
intermédiaire d'aucun instrument. Elle exige la présence du
chercheur sur le site de recherche. A ce propos, Laplatine
(2006 :8) précise ce qui suit : « l'observation
exige la présence du chercheur sur le terrain en vue de procéder
à la récolte des données relative, à l'objet de
recherche tout en prenant place dans le milieu d'observation ». Cette
technique étant limitée à la vision du chercheur, elle est
complétée et enrichie par les entrevues.
2 .L'entrevue
Blanchet A. et Gofman A. distinguent deux
types d'entretiens :
a. Entretien à usage Exploratoire
Celui-ci a été utile dans la phase exploratoire
pour fixer certains concepts, améliorer et préciser le fil
conducteur. Il s'agit de l'entretien à usage exploratoire avec des
personnes ressources de la police de certains services que nous
préférons garder l'anonymat et ayant l'expérience sur la
question d'étude.
A ce propos, ces auteurs montrent l'utilité de cette
forme d'entretien en ces termes :
« Il a pour but de mettre en lumière les
aspects du phénomène auquel le chercheur ne peut penser
spontanément et de compléter les pistes de travail
suggérées par ses lectures. Il est l'outil de prédilection
de la phase exploratoire d'une enquête..., il est lui-même un
processus exploratoire » (1992 :43).
b. Entretien à usage complémentaire
Mobilisant l'approche ethnographique par l'observation
« in situ », celle-ci ne permet pas de saisir le sens et
les rationalités découlant des interactions. C'est en cela que ce
type d'entretien vient compléter et enrichir l'observation pour
découvrir les représentations.
Sur ce, les mêmes auteurs précisent ce qui
suit : « Selon qu'elle est postérieure,
parallèle ou corrélative à d'autres moyens
d'enquête, l'enquête par entretien ne remplit pas la même
fonction. Soit elle enrichit la compréhension des données, soit
elle les complète ou bien encore, elle contribue à leur
construction et à leur interprétation »
(1992 :54)
L'entretien en tant que technique complémentaire, son
choix a été dicté par l'avantage qu'il offre. Il est moins
coûteux et d'utilisation souple et relativement aisée. Il est un
mode d'investigation utile pour une analyse qualitative des données. Il
permet de découvrir le sens et les finalités que les acteurs
associent à leur situation ou leurs actions (François DEPELTEAU,
2000 : 334)
L'entretien ou l'interview se réalise sous trois
formes : directive, non directive et semi directive.
- Elle est dite directive lorsque le chercheur procède
par des questions fermées qui enferment l'enquêté à
répondre selon les directives de l'enquêteur.
- Elle est non directive lorsque le chercheur utilise les
questions ouvertes et laisse la latitude, à l'enquêté de
donner ses avis ou ses opinions.
- Elle est semi directive lorsque le chercheur utilise les
questions ouvertes et intervient pour orienter l'enquêté
lorsqu' il se perd ou se livre à des verbiages.
La présente étude a préconisé les
entrevues avec séquences directives pour éviter le
« bavardage » et ramener l'interlocuteur à l'objet
de recherche. C'est en cela qu'apparaît l'importance de la
séquence directive puisqu'elle offre la latitude à
l'interlocuteur de parler librement sur la question.
§ 3. MISE EN OEUVRE DES
TECHNIQUES DE RECUEIL DES DONNEES
Le dictionnaire Dicos Encartas définit la technique
comme étant un procédé ou un ensemble des
procédés mis en oeuvre pour obtenir un résultat
déterminé (dans un domaine particulier).
L'observation participante et l'entretien ou l'observation
indirecte, telles sont les techniques ciblées et mobilisées pour
cette recherche. Elles indiquent deux manières de recueillir les
données :
1. L'Observation
Rien n'est dans l'intelligence qui ne soit entré par le
sens. La vue est un instrument qui nous permet d'acquérir les
connaissances, c'est par l'observation qui consiste à regarder
attentivement et d'une manière raisonnée que se réalise
cette acquisition. Il s'agit de l'observation comme porte d'entrée de la
connaissance. Celle-ci, peut -être directe ou indirecte selon le cas.
- L'observation directe, c'est lorsque le recueil des
données accède à l'objet de connaissance directement sans
biais. Elle est dite indirecte lorsqu'elle accède à la
connaissance par l'instrument (informateurs, enquêtés ou acteurs,
participants, les documents).
- L'observation directe a été d'application dans
cette recherche dans la mesure où pour recueillir les données
nous avons été obligé de descendre sur terrain au camp
préfabriqué notre site d'observation situé sur la
chaussée de Kasenga, quartier Bel -air II, commune de Kampemba, ville de
Lubumbashi dans la province du Katanga en République Démocratique
du Congo. Cette descente nous a permis de nous approcher des
réalités du terrain en rapport avec différents messages
véhiculés à travers les chansons.
- Par cette technique, nous avons eu à participer
à plusieurs activités organisées par le commandement de ce
bataillon. Parmi elle, nous signalons la participation aux causeries morales
quotidiennes, aux parades hebdomadaires, aux séances d'instructions
journalières, cross matinal, aux activités sportives de chaque
samedi de la semaine, au maintien et rétablissement de l'ordre public et
autres rassemblements organisés par différents
échelons.
L'observation participante consiste à participer
réellement à la vie et aux activités des sujets
observés, selon la catégorie, les Agents de police, les
sous-officiers, officiers subalternes et supérieurs ou de statut dans
lequel en fonction de ses propres considérations ou de la place que
ceux-ci consentent à lui faire (Mucchielli, A Op-cit. P.213)
Ce type d'observation nous a convaincu dans cette étude
dans la mesure où, elle nous a permis de nous investir en participant
activement aux activités.
2. Entretien
Il y a « entretien » et
« entretien »
« Un premier type d'entretien peut-être
qualifié d'informatif : je me rends chez une personne ressource
parce que je sais qu'elle dispose d'informations qui seront utiles à ma
recherche. Ce n'est pas son avis en tant que tel où son mode de
pensée personnelle qui m'intéresse, c'est l'information
factuelle, objective, dont cette personne dispose en fonction du rôle
qu'elle joue et de la fonction qu'elle remplit. Le second type d'entretien est
dit qualitatif sensu stricte ou « entretien de recherche ».
(Albarello. L, Op cit P62)
La clé de la méthodologie de l'entretien repose
sur la technique de l'écoute, sa préparation et son explication,
une écoute instruite par des objectifs précis et un cadre de
référence théorique explicites.
(Blanchet, A, Gotman A (2004).
Pour ce qui concerne notre recherche, nous avons plus
privilégié l'entretien individuel à l'entretien collectif.
Par celui-là nous avons été dans une situation de face
à face avec nos interviewés, ce qui nous a permis
d'accéder aux informations même celles qui ne pouvaient pas
être mises à notre disposition si l'entretien se faisait de
façon collective. Cette catégorie nous a permis d'obtenir des
révélations sur certaines pratiques auxquelles se livrent les
acteurs dans leur vie quotidienne, pratiques qui font objet des chansons.
Il a permis aux interviewés une liberté de la
parole parce que la contrainte sociale y a été moins grande.
C'est l'usage de l'entretien semi directif plus ouvert et plus libre. La
technique de l'entretien semi directif consiste à soumettre un champ ou
un aspect du champ à la réflexion et la discussion.
Le chercheur présente un champ de réflexion
assez large et il s'insère ensuite dans la logique exprimée par
la personne interrogée (Albarello 2004, P64).
Il importe de signaler que nos entretiens se sont
déroulés en trois langues, à savoir la langue
française, le lingala et le swahili. Ces deux dernières langues
sont du milieu dont la traduction en français faites par nous
même.
Le dictaphone et un carnet de bord sont des outils qui nous
ont servi de support dans cette opération de récolte des
données.
Comment les avons utilisés ?
- Le dictaphone, nous a été
d'une importance capitale dans la mesure où tous nos entretiens y
étaient enregistés. Ces entretiens étaient souvent
entrecoupés parce que nous avons sélectionnés des
personnes ressources. Après enregistrement, intervenait le rôle
des carnets.
- Le carnet de bord, après les
auditions, les entretiens sont transcrits dans le carnet. Celui-ci a deux
parties, la première reprend les entretiens intégralement tandis
que la seconde transcrit nos analyses et interprétations de contenus des
chansons policières.
C'est dans cette partie que nous avons
synthétisé les points communs à tous nos entretiens. Il
convient de souligner qu'au Camp préfabriqué tout comme à
l'Escadron mobile du District Ville Police Lubumbashi, la plupart des
entretiens réalisés ont été directement transcrits
dans le carnet.
Nos entretiens ont été articulés sur les
thèmes ci-après :
· Les sentiments des acteurs
· Leurs critères de sélection des
chansons
· La destination des messages
· Les phénomènes abordés
· Les obstacles que les acteurs rencontrent dans la
production de ces chansons
· Leurs attitudes vis - à -vis des chefs
avertis
· Les représentations, signification de point de
vue.
· Relation avec l'autorité
politico-administrative, judiciaire civile, militaire et la population.
Le contrat selon lequel les informations recueillies
commençaient à se répéter et que les nouvelles
informations devenaient rares et moins pertinentes par rapport à
l'objectif de notre recherche nous conduit à clôturer notre
travail de terrain.
C'est pour nous une solution de bon sens lorsqu'on s'oriente
dans une recherche basée sur les méthodes qualitatives.
L'observation en tant que procédé de recherche qualitative
implique l'activité d'un chercheur qui observe personnellement et de
manière prolongée des situations et des comportements auxquels il
s'intéresse, sans être réduit à ne connaitre ceux
-ci que par le biais des catégories conversationnelles ou conventions
ordinaires. Elles ont été profitables puisque les acteurs nous
livraient les faits dans leur état naturel sans qu'ils ne se rendent
compte que nous étions chercheur à qui ils livraient les
informations ponctuelles utilisées par ceux qui vivent ces situations.
(Poupart, Deslauriers, Groux La Perriere, Mayer, Pires 1997).
forme in « situ », ainsi que des entretiens, nous avons
ainsi exploité les entrevues de la population à étudier,
mais plutôt la catégorisation des acteurs qui rentre dans
l'univers de l'enquête. C'est cette dernière technique qui a
été exploitée.
§.4. TECHNIQUE D'ANALYSE DE
DONNEES EMPIRIQUES
Dans le cadre de cette étude, nous avons recouru
à la méthode d'analyse du contenu sous sa variante dite
thématique. Cette analyse opère par deux volets dont le premier
procède à dégager les thèmes
véhiculés par les chansons en cherchant le noyau de sens, tandis
que le deuxième cherche à établir les liens entre les
différents thèmes. Le premier volet est appelé analyse
verticale, tandis que le deuxième est appelé analyse horizontale
(Blanchet et Gotman, 1992 : 98).
Cette grille d'analyse permet de dégager les
catégories conceptuelles appelées thèmes principaux et
secondaires permettant ainsi de séparer les éléments
factuels des éléments significatifs tout en minimisant les
interprétations non contrôlées. C'est dans cette vision que
cette grille s'affirme comme un outil explicatif visant la production des
résultats.
C'est dans cette vision que nous avons fait ressortir les
différents thèmes principaux et secondaires tels qu'ils
apparaissent dans le corpus du travail. A cet effet, il faudra retenir que
l'analyse consistait à regrouper les différents thèmes au
regard de deux critères à savoir : la ressemblance et la
différence.
Les thèmes retenus étaient regroupés sous
forme d'un chapeau ou d'un sac comme thème principal où
émergent les thèmes secondaires.
En effet, pour répondre à cette
préoccupation, nous avons opté pour l'analyse du contenu comme
méthode de référence. Celle-ci, est la méthode qui
cherche à rendre compte de ce qu'ont dit les interviewés de la
façon la plus objective et la plus fiable possible BEAUD, S et WEBER,F
(2008 :107 ). Elle se définit comme une technique de recherche pour
la description à la fois objective, subjective, systématique et
qualitative du contenu manifeste de la communication.
Nous rappelons qu'en réalisant les entretiens avec les
policiers concernés, la visée n'est pas de vérifier si les
discours produits par nos interlocuteurs sont exacts ou faux, en d'autres
termes vérifier l'objectivité des discours produits, mais de
chercher les sens que recèlent ces discours.
Son objectif est d'analyser le matériel d'enquête
collecté à l'occasion d'observations, d'entretiens de groupe ou
d'entretiens individuels : les messages véhiculés par les
chansons, les comportements, les mots, les cris, les gestes, ce qui n'est pas
dit et qui est sous entendu. QUIVY,R et LUC VAN CAMPENHOUDT,L(2006 :176 )
En réalité, l'analyse du contenu est une
méthode très large et globalisante. Elle s'opérationnalise
sous plusieurs versions comme l'analyse documentaire, l'analyse
thématique... Nous nous sommes intéressé dans le cadre de
cette étude à la version thématique sous ses deux versions
à savoir verticale et horizontale ou transversale.
A ce propos, l'analyse thématique consiste à
chercher les thèmes semblables et les thèmes divergents, les
thèmes principaux et les thèmes secondaires. Les grands
thèmes englobent les thèmes secondaires qui deviennent des
sous-points et en constituent les indicateurs. QUIVY et VAN CAMPENHOUDT
(2006 :178)
L'analyse verticale, procède à décrypter
chanson par chanson. Dans le cadre de cette analyse thématique
verticale, nous avons procédé par le regroupement des
données de l'observation et les entretiens de chaque chanson pour
dégager les thèmes tout en construisant le grand titre, chapeau
ou panier. Ces différents paniers ont été regroupés
sous forme des thèmes autour desquels nous nous sommes investi pour
faire des interprétations.
L'analyse horizontale ou transversale nous a conduit
à la recherche des liens entre les différents thèmes. A
travers cette analyse, nous avons trouvé en recoupant les
différents thèmes, « la revendication » et
« l'interpellation » comme deux thèmes apparents qui
reviennent pour engloutir d'autres thèmes dans les chansons
policières que nous avons décortiquées. Ces thèmes
constituent les résultats de l'analyse transversale de toutes les
données recueillies à partir des entretiens et observations de
terrain.
L'analyse en soi consiste à rechercher le noyau de sens
dans les données des chansons, observations et entretiens en vue de
dégager les différents thèmes que nous avons soumis
à la comparaison pour les classer ou les regrouper en fonction de deux
critères, comme dit précédemment, la ressemblance et la
différence. BLANCHET et GOTMAN (1992 :98)
Selon cette méthode, les particularités tombent
pour laisser la place au thème qu'il faut exploiter. Néanmoins,
lors de l'analyse, nous avions pris soin de cerner certains discours qui
serviront de restitution contextuelle en vue de rendre lucide le contenu des
chansons ou des données observées.
Pour illustrer notre propos, l'analyse nous a permis de
chercher le noyau de sens dans chaque chanson et entretien, et ensuite en
recoupant tous les entretiens pour chercher les différents liens entre
les thèmes. C'est dans cette posture que nous avons retenu comme
thème principal à titre purement exemplatif, la
problématique des chansons policières.
Comme thèmes secondaires, nous avons retenu la
chanson comme mode de revendication et de communication policier.
Voilà au moins illustrée, d'une manière
concrète, la manière dont nous avons procédé pour
analyser les données dont les tenants et les aboutissants apparaissent
clairement dans le corpus de deux derniers chapitres qui sont empiriques.
§.5. ETHIQUE DE
RECHERCHE
Nous nous somme référé au site
wikipédia consulté le 02 février 2011, lorsqu'il
écrit ce qui suit sur l'éthique de recherche :
« ... Le chercheur ne doit pas empiéter sur
les droits des personnes participants aux recherches et de ne pas affecter leur
bien -être ; les participants ne doivent pas être
maltraités ni lésés en prenant part à une
recherche ».
Nous avons respecté ce protocole et utilisé
l'anonymat par l'usage des pseudonymes au chaque acteur nous donnait à
la fin d'entretien.
En plus, la participation à l'enquête n'a pas
été forcée, mais sollicitée volontairement. Chaque
participant acceptait librement de participer à l'enquête
après négociation et explicitation des buts de
l'enquête.
Nous pensons avoir respecté avec minutie les principes
méthodologiques dont les résultats de la recherche est
transférable dans le contexte similaire.
Ceci nous renvoie à présenter les
difficultés rencontrées.
§.6. DIFFICULTES RENCONTREES
ET COMMENT LES CONTOURNER
- La première difficulté s'est située au
niveau des policiers auprès desquels les enquêtes ont
été menées. Ceux-ci nous considéraient comme
« Tif tif » c'est -à-dire,espion au service en vue
de déceler le nombre de poste de gardiennage pourtant déjà
défendu par l'inspecteur provincial de la Police Nationale Congolaise au
Katanga.
Pour surmonter cette difficulté, il fallait d'abord
procéder par les sensibilisations du Commandant Bataillon ainsi que du
Chef S3. Cette sensibilisation était axée sur le fait que notre
présence parmi eux était pour leur intérêt et c'est
dans le but d'interpréter les différentes chansons
policières en vue d'une analyse criminologique.
- La deuxième difficulté rencontrée
était celle de la sélection des chansons et des
enquêtés. La manière de la surmonter était de bien
choisir les enquêtés qui ont eu à bien parler.
- La troisième difficulté était d'ordre
financière, car les policiers étaient exigeants. D'où, il
fallait leur payer de la bière pour chaque entretien.
Ainsi, après avoir présenté les
dispositifs méthodologiques mis en oeuvre pour réaliser cette
étude et son cadre référenciel, notre préoccupation
dans le chapitre suivant va porter sur l'analyse et la présentation des
résultats.
CHAPITRE III. ANALYSE DES
CHANSONS COMME MODE
D'EXPRESSION POLICIER
Ce chapitre analyse les données de notre recherche,
les interprète et en présente les résultats. De ce fait,
il répond à notre question de départ à
savoir : « Quelle analyse faire des chansons comme mode
d'expression policière? »
Après la lecture systématique des
données d'observations et d'entretiens, nous avons jugé utile de
présenter les résultats de cette étude d'une
manière hétéroclite, c'est-à-dire, composé
d'élément variés et disparates en trois clichés ou
tableaux pour fin d'interprétation:
1. Le contexte de production des
chansons policières
2. Les principales thématiques
3. Les fonctions des chansons
SECTION I : LES CONTEXTES DE
PRODUCTION DES CHANSONS
IDENTIFIES
L'environnement structurel et évènementiel
sert de cadre à l'élaboration aux moyens de règles
linguistiques , à la présentation de quelque chose pour servir
de témoin ou de preuve.
En effet ,les chansons policières s'inscrivent
aussi dans l'environnement textuel permettant de préciser le sens
des messages qu'elles véhiculent.
Ainsi, les chansons sont produites en fonction des situations
liées aux différents contextes :
· La situation de guerre
· Lors du maintien et rétablissement de l'ordre
public
· Lors de réjouissance (divertissement et
détente)
§.1. SITUATION DE
GUERRE
`'La Police Nationale Congolaise est née dans un
contexte de guerre. En effet, vers les années 1997, le pouvoir de
l'AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la libération)
vient mettre fin au règne du régime Mobutu. Et Laurent
Désiré Kabila qui dirige l'Alliance reprend le projet
d'instituer ou de réhabiliter une Police Nationale Congolaise, alors
que Mobutu l'avait déjà créée en 1966 pour la
dissoudre en 1972 selon le contexte de la zaïrianisation.''
`'En 1998, il est crée de fait un corps de police qui
va être institué en 2002 par le décret-loi n°
002/2002 du 26 Janvier 2002. Il s'agit bien de La Police Nationale
Congolaise. Et parce qu'elle est le fruit de la fusion de la Gendarmerie
Nationale du Zaïre , les Forces Armées Zaïroises et de
la Garde Civile, elle hérite, non seulement de tout le patrimoine
matériel, mais aussi des hommes et des femmes qui composaient
ces forces.''
`'Comme ces anciennes forces qu'elle supplante, la nouvelle
police nationale est un corps militarisé et centralisé. Et
donc, l'idéologie qui la sous-tend est restée
inchangée, c'est-à-dire celle d'ordre, l'enjeu demeurant celui
de pouvoir'' comme le renseigne bien le Prof Tshinyama Kadima Ildéphonse
(2009) dans son portefeuille de lecture, première licence
école de criminologie de l'université de Lubumbashi.
La police est considérée comme
« BAKOLO MABELE » ce qui se traduit en
français en ces termes : les propriétaires du sol.
Ici, le sol c'est l'espace territorial géré par ce corps.
Celui-ci est perçu comme un cheval de parade et non de bataille. En
cas d'attaque de l'ennemi c'est la police qui intervient pour freiner
l'avancement de l'ennemi , le pousser ou le freiner de progresser
à l'intérieur du territoire en attendant que l'armée
intervienne.
Cette tache ou mission de protéger
l'intégrité de l'espace national n'est pas seulement
dévolue à l'armée mais à la police. Née
dans un contexte de guerre et évoluant dans une situation de
post-conflit, la police a produit les chansons qui cadrent avec la
guerre.
Nous allons ici, à titre illustratif présenter
quelques chansons traduisant la guerre.
1. Moto ,moto ,inawaka , moto ee
Ina waka Moto inawaka .
Moto , moto , ina waka moto ee
Ina waka, moto ina waka
Iliwaka lemera ,
Moto, moto inawaka , moto ee
Umewaka, moto umewaka.
moto iliwaka kalemi kawaka moto, ee
kawaka moto ee , kawaka moto.
Tradution française :
La situation s'est enflammée à Lemera
Feu, feu, s'allume, feu
S'allume, feu s'allume La situation s'envenime
à Lemera
2. Simba watembeya muzeituni
Simba watembeya muzeituni
Simba mkali
Simba watembea mzeituni.
Traduction en français :
Le lion se promène dans la forêt
Le lion se promène dans la forêt
Le lion méchant
Le lion se promène dans la forêt
3. Ali ona madoa doa
Ali ona madoa doa mama
Aduyi aka funga miziko (2X)
Traduction en français
Il a vu des tâches tâches (tenues militaires de
camouflage)
Il a vu des taches tâches, l'ennemi a eu peur da la
présence de KADOGO
Il a vu des taches tâches, l'ennemi a emballé
ses colis pour prendre la fuite.
4. Moto iliwaka majeshi yawaka
Songa mbele yawaka moto
Ili waka Baraka ya waka
Ili waka uvira yawaka moto ee yawaka moto
Ili waka na Goma songa mbele ya waka moto.
Traduction en français :
Le feu s'est allumé , les troupes ennemies sont
brulées
Avancez les troupes, le feu s'allume
Le feu s'est allumé à Baraka
Il s'est allumé à Uvira
Le feu s'est allumé à Goma, les troupes
avancent.
5. Biso bana ya m'zéee a yoyo
Butu mobimba tobetaki masasi a yoyo
Butu mobimba tobetaki masasi a yoyo
Biso bana ya m'zéee a yoyo.
Traduction en français :
Nous les enfants de m'zée a yoyo
Toute la nuit, nous avions combattus a yoyo
Toute la nuit, nous avions combattus a yoyo
Nous les enfants de m'zée a yoyo.
6. Zambele , zambele , zambele ,Zambele
Zambe likolo ba yanke nanse
Zambele ,zambele , zambele ,zambele
Zambe likolo ba yanke nanse.
Masta masta oyo , Ho masta , masta akimi combat,
Ho masta oyo , masta abundaka te ho masta
Likolo ya bombe ho masta ,likeke ho ho
Likake ho ho tambusa likeke
Banyangu bamela , lundi ho , mardi ho ,mercredi ho
,jeudi ho , vendredi , samedi ho , Mokolo to kokutana na terrain , to
kobetana ma sasi
Traduction en français :
Le tout-puissant, tout-puissant, tout-puissant .DIEU au ciel
et les hommes sur terre. Ces messieurs , messiers , ho ces
messiers , ces messiers ne combattent pas , ho ces messiers combattent
avec des bombes , du chanvre ho ho du chanvre, faites circuler du chanvre
pour que les autres fument. Lundi ho, mardi ho, mercredi ho , jeudi ho,
vendredi ho , samedi le jour de rencontre sur terrain, nous combattons ,
nous allons faire usage d'arme à feu .
Ces quelques chansons illustrent bien le contexte de guerre
qui les a engendrées. L'analyse de ces chansons nous permet de saisir
d'autres faits qui vont au-delà de la guerre et qui peuvent être
coulés en d'autres thèmes comme la toxicomanie, le courage ;
l'animation...
Ceci nous permet d'aborder le contexte du maintien de
l'ordre.
§.2. SITUATION DU MAINTIEN
DE LA DISCIPLINE POPULAIRE ET DU MAINTIEN ET RETABLISSEMENT DE L'ORDRE
PUBLIC
Par l'entremise de la police administrative, la Police
Nationale Congolaise est une force relevant du ministère ayant en
charge les affaires intérieures et sécurité. Dans son
fonctionnement, elle est placée sous l'autorité civile locale
responsable de l'ordre public. Et dans ses activités judiciaires, la
police est placée sous surveillance de l'officier du
ministère public.
La police est utilisée par le canal de la
réquisition en vue de veiller à l'application des lois. A ce
propos, deux mémoires ont été produits en criminologie
abordant cette thématique comme cadre servant d'expliciter notre
discours sur les chansons.
- Le premier est celui de Musthipayi Kadiebwe (2OO8) sur le
maintien et rétablissement de l'ordre public à Lubumbashi, cas
de l'expérience de Kalukuluku. Mémoire d'Etudes Approfondies en
Criminologie de l'Université de Lubumbashi. L'étude
révèle que le maintien et rétablissement de l'ordre public
s'effectue souvent par le bain de sang. L'affrontement entre les policiers et
les manifestants traduit l'animosité qui existe entre les deux
catégories d'acteurs.
Les premiers considèrent ceux-ci comme des `'civils''
en termes d'adversaires qu'il faudra mater par l'usage de la force
adaptée pendant que ces adversaires considèrent les policiers
comme des ennemis en les traitant des `'scouts''. Avant l'affrontement, les
policiers entonnent de chansons pour avertir les manifestants qu'ils en ont
assez. C'est comme cette chanson qui illustre mieux notre propos :
« maseki eleki, maseki eleki, à l'assaut,
à l'assaut.... » : (Les blagues exagèrent, les
blagues exagèrent, dispersons-les maintenant, à l'attaque).
A l'antipode, les manifestants sont aussi des acteurs qui ont
leur point de vue différent de celui des policiers et peuvent
mêmes braver la mort. Ils retorquent aussi par les chansons comme
celle-ci qui tombent à point : « hiyi ya leo, masashi
italia.... » : (Pour le cas d'aujourd'hui, les cartouches vont
crépiter...)
C'est dans cette ambiance que les policiers interviennent dans
le maintien et rétablissement de l'ordre public. Parfois, les policiers
sont surpris par le jeu des cailloux et les manifestants comptent
jusqu'à trois et procèdent au jeu des cailloux.
- L'étude de Jules Zebino (2009) sur l'application de
l'arrêté urbain interdisant le marché pirate,
mémoire de licence de l'école de criminologie de
l'université de Lubumbashi. La lutte contre ce marché dit
`'pirate'' n'est pas aisée pour les policiers car elle est souvent
émaillée des échanges des cailloux ponctués par des
chansons stimulants l'animosité de part et d'autre.
Ainsi, la police a aussi produit les chansons qui rentrent
dans ce contexte. Surtout lors de la répression des manifestants
qu'elle considère comme adversaires et non comme ennemi dans
l'optique de l'armée. A titre illustratif, nous présentons dans
les lignes qui suivent les chansons qui rentrent dans cette
catégorie :
1. Ba zobanga, ba zobanga, ba zobanga
Banga ma kambo
Ba zobanga , ba zobanga
Ba civils ba zobanga
Traduction en français
Ils ont peur, ils sont effrayés, ils ont eu vraiment
peur
Evitez de troubler l'ordre public
Ils ont peur, ils sont effrayés, ils ont eu vraiment
peur
Les civiles ont peur de la police.
2. Maseki eleki, to kobeta bino
Maseki eleki , to kokanga bino
Maseki eleki , tolérance zéro
Maseki eleki, to kokanga bino
Traduction en français
Fini la récréation, nous allons procéder
par la brutalité
Fini les désordres, nous allons procéder par
des arrestations
Fini les troubles, nous allons appliquer la tolérance
zéro
Fini la recréation, nous allons vous arrêter
3. Bana nko na kati ya elanga iya ho
Bana nko nakati ya elanga iya ho
Bana ba leliye eee civil aliye bibwabwa etali
biso te
Bana nko nakati ya ebale iya ho
Nani eleliye eee, civile aliye bibwabwa etali
biso te.
Traduction en français
Les enfants prodigues sont dans le désert iya ho
Les inciviques sont dans le désert iya ho
Les enfants pleurent que les civils sont en train de fuir
et ça ne nous concerne pas.
Les enfants prodigues sont dans le fleuve iya ho
Qui pleure ! eee, les civils sont dans la
détresse et ça ne nous concerne pas.
Après avoir décrit le contexte de guerre et du
maintien de l'ordre, abordons à présent les chansons qui rentrent
dans le cadre d'animation.
§.3. SITUATION DE
REJOUISSANCE (DIVERTISSEMENT ET DETENTE)
Plusieurs chansons policières sont nées dans
le contexte d'animation, de détente, de réjouissance et de
divertissement. Dans l'animation, ce sont des chansons qui cadrent avec
l'organisation ou la coordination d'activités de loisir et le
divertissement. Ces chansons accompagnent aussi les différents
exercices physiques des policiers pour rythmer la cadence , éviter
la paresse , la fatigue et favorisent l'endurance et la performance.
Nous présenterons quelques chansons purement
à titre exemplatif.
1. Kulukeke k.O
Kulukeke K.O
Ba masta K.O
To baye K.O
Likaya K.O
Traduction en français
En prenant du chanvre, vous serez K.O
En prenant du chanvre, vous serez K.O
Messiers K.O
En fumant c'est K.O
Avec du chanvre, c'est K.O.
Commentaire :
Cette chanson montre les méfaits du chanvre. En effet,
la consommation du chanvre n'est pas mauvaise en soi. Elle dépend de
l'organisme de chaque acteur. Pour certains, le chanvre leur procure de la
force et du courage pour affronter n'importe quel problème auquel ils se
butent. Néanmoins, l'excès conduit au dérapage qui est
fustigé dans cette chanson. Il y a des chansons aussi qui explicitent
l'aspect positif du chanvre comme celle-ci : « likaya epesaka
courage : le chanvre fortifie, donne du courage. Ici, il ya toute la
question de la délinquance policière relative à la
toxicomanie éducative.S
2. La chanson MUSHIYA HE
Mushiya hé, he, kuya twende twende
Mushiya hé, he, kuya twende,twende
Kwetu mbali, twende
Twende pamoya, twende
Traduction en français
Mushiya he, he , viens et partons
Partons très loin d'ici.
Chez nous, c'est très loin
Partons ensemble, allons-y
C'est une chanson d'animation qui donne du courage aux
policiers pendant le « MUTSHAKA ». Elle amuse et permet aux
policiers de se détendre. Cette chanson renforce aussi le moral.
Certaines chansons peuvent être rangées dans deux ou plusieurs
contextes.
Les contextes de leur production étant ainsi
analysés, abordons une autre section celle de centrer les sujets
aborder.
SECTION II : LES THEMATIQUES
Il sera question dans cette partie du
travail de centrer les sujets abordés de façon récurrente.
Il transparait de nos cinq thèmes : l'exaltation, la condition
policière, la sexualité, la toxicomanie et l'appel au
patriotisme.
§.1. L'EXALTATION DE LA TOUTE PUISSANCE DE LA POLICE
Ce paragraphe interprète toute la surexcitation
émotionnelle et intellectuelle sur la suprématie de la police. Il
comporte six volets : police comme un métier de pouvoir, police
comme `'mosala kitoko `', civil comme un perreux, civil comme `'moto
pamba'', la concurrence avec les structures de la justice et enfin la
séparation d'avec les siens ou les proches.
1. Police « un
métier de pouvoir »
La police ici, est perçue comme un métier de
pouvoir qui lui est investie par le Décret n°002/2002 du 26 janvier
2002 portant organisation, fonctionnement et institution de la police nationale
congolaise. Qu'à travers ses différentes missions :
ordinaires, extraordinaires et spéciales.
C'est à travers ces missions que les acteurs qui
animent la police jouissent du prestige et se considèrent comme nobles
puisqu'ils sont revêtus du pouvoir régalien.
C'est dans ce contexte que les policiers à travers
leurs chansons se considèrent non pas seulement l'Etat, mais aussi comme
les représentants de Dieu sur la terre comme le montre cette
chanson :
Zambele, zambele, zambele, zambele
Nzambe likolo ba yanke nanse
Zambele, zambele, zambele, zambele
Nzambe likolo ba yanke nanse.
Masta masta oyo, ho masta
Cet extrait de la chanson se traduit comme ceci : Le tout
puissant, le tout puissant, le tout puissant, Dieu au ciel et les hommes sur
terre...
Ceci montre que la police est un métier noble par le
pouvoir qu'il confère aux acteurs.
2. La
police : « mosala kitoko »
La police est un métier noble parce qu'elle permet le
contact avec le monde. C`est ainsi que la police permet aux acteurs qui
l'animent de se considérer comme nobles dans ce sens que cette
institution ou organisation leur donne beaucoup d'avantages. C'est
notamment : la gratuité du logement, l'eau et
l'électricité ; le fait d'être policier permet
à cet acteur de se déplacer facilement et gratuitement concernant
le transport en commun, voire le train et par voie aérienne aussi.
Ce métier de police insiste l'officier
TATU, « est le plus noble métier du monde que j'ai
choisi. C'est-à-dire celui de travailler au profit des uns et des autres
et au détriment de soi même. »
Le policier se représente non seulement son
métier mais aussi la population qu'il est appelé à
protéger et à sécuriser.
3. Civil : « un
Perreux »
Ici, les policiers considèrent les civils comme des
Perreux dans le sens qu'ils les prennent pour adversaires et sont
réprimés facilement lorsqu'ils se soulèvent. Il arrive
aussi que la population civile oppose une résistance, mais les policiers
revêtus de leur pouvoir régalien font tout pour la maitriser par
fois par des bains de sang.
Le civil n'est pas seulement Perreux mais aussi
considéré comme « un vaurien » ou
« moto pamba » par les policiers.
4. Civil : « moto
pamba »
C'est depuis l'époque coloniale, lors des
différentes formations, les instructeurs inculquaient aux policiers
l'esprit de la suprématie sur la population civile.
Dans ce contexte, l'idée était centrée
sur l'usage de la force en vue de mater la population. C'est ce qu'on appelle
aujourd'hui police britality. Pour bien mater la population, il faut la
maitriser, la réduire en chose. C'est comme les génocidaires,
pour tuer leurs ennemis, ils les considèrent comme des insectes ou des
animaux.
C'est dans ce contexte que la population est
considérée comme « MUSENDJI » qui se
traduit « non civilisé » puisqu'elle ne maitrise pas
la loi. Il faut la rééduquer.
C'est dans ce contexte que la population est
considérée comme une chose, elle n'a pas de valeurs. C'est aussi
une manière de marquer la différence entre police et population.
5. La concurrence avec les
structures de la justice
Certaines chansons sont des lieux privilégiés
d'une concurrence, pas toujours déloyale, entre les membres de
différentes unités de Police, l'armée et la
société (la population), dont la police voudrait se montrer
supérieure aux autres.
C'est le standing de vie du policier qui semble être le
critère d'adhésion.
A travers la description que la chanson policière fait
de la police, le service le plus important de la vie tout en se
présentant comme une préoccupation réelle et même
comme condition nécessaire pour se sentir « le
meilleur » dans la société, et s'afficher comme tel.
Exemple 1 : O olo wolo oyaye
O olo wolo, oyaya civil solo
O olo wolo, oyaye audimil solo
Traduction en français
O olo wolo victoire
O olo wolo honneur, les civils
s'étonnent
O olo wolo honneur, l'auditorat militaire
s'étonne
2. Etre policier ce n'est pas facile, endurance, morale
hé !
Etre policier ce n'est pas facile,
endurance, morale, intelligence !
Commentaire :
Ces deux chansons sont purement exaltantes. Elle donne des
leçons aux policiers concernant le profile d'un bon policier. Un
policier doit avoir la capacité de résister à une
souffrance physique et morale. Il doit faire preuve des aptitudes individuelles
à réfléchir et à comprendre ; un policier doit
avoir la faculté propre à l'être humain d'apprendre et
d'établir des liens entre les choses.
Mais aussi, un policier doit avoir la connaissance de
règles de conduite et de moeurs considérées comme bonnes
et devant être appliquée en société.
5.1. La concurrence avec la justice militaire
a. Auditorat
militaire « sangsue »
L'auditorat militaire est perçu par les policiers comme
un « sangsue » c'est-à-dire, personne dont on ne
peut pas se débarrasser, personne toujours prête à
soustraire de l'argent.
Même pour les affaires civiles, l'auditorat militaire
intervient pour arrêter les policiers. C'est comme le cas des disputes
entre le policier et sa femme si celle-ci saisit l'auditorat, le policier se
verra mis dans le verrou. Le cachot est une stratégie pour solliciter
une caution. C'est ici où nous rejoignons la
« mashambalisation » (tshinyama kadima 2009) la police par
l'auditorat militaire.
C'est comme le cas de cette chanson :
Audimil boko kanga, boko lemba
Tolérance zéro, ba kokanga bino
Traduction en français
Audimil vous allez nous
arrêter et vous vous fatiguerez
Tolérance zéro, vous aussi,
vous serez arrêter
Commentaire :
Dans cette chanson, l'auditorat militaire
considéré comme un « sangsue » arrêtera
toujours les policiers et se fatiguera tout en leur rappelant qu'il n'est pas
au-dessus de la loi. La tolérance zéro existe et ils sont aussi
passible à des peines.
Il n'est pas seulement considéré comme un
« sangsue » mais aussi un lieu de discipline pour certains
et pour d'autres, un lieu de repos.
b. Auditorat
militaire « maison de discipline »
Il est une maison de discipline dans le cadre du
règlement militaire. La police n'a pas son règlement propre. Dans
son fonctionnement, le recours au règlement militaire est d'application.
C'est pourquoi les policiers sont justiciables devant la justice militaire pour
des faits purement militaires.(Article 53 du Décret loi n 002 du 26
janvier 2002 portant organisation, institution et fonctionnement de la Police
Nationale Congolaise.)
En réalité, l'auditorat militaire s'occupe de
toutes les infractions civiles et militaires qu'il applique aux policiers.
C'est dans ce contexte que les policiers considèrent comme une maison de
« tracasserie ». Toute fois, sa visée est de
remettre à l'ordre les policiers qui vont à l'encontre de la
discipline militaire.
Malgré cette prétention disciplinaire, les
policiers sont considérés comme de
« shindikana » (incorrigible). C'est comme nous le montre
l'extrait de cette chanson « audimil, audimil, audimil bo
kokanga boko lemba . Biso na bino tembe na tembe ». Ce qui se
traduit en ces termes : l'auditorat militaire, auditorat militaire, vous
allez nous arreter et vous allez vous fatiguer car c'est un pari.
Cet extrait traduit le pari entre les policiers et l'auditorat
militaire chargé de les redresser quoi que l'auditorat fasse, il doit se
fatiguer. C'est dans ce contexte que l'auditorat c'est un lieu de repos.
c. Auditorat militaire « lieu
de repos »
Pour les policiers, l'arrestation constitue un repos puisque
la police est un travail dur et fatigant. Après avoir beaucoup
travaillé et épargné l'argent pour la survie, si le
policier est arrêté, il s'en fout. Pour lui, c'est un repos dont
il bénéficie. Il en est de même pour la prison si la
détention est de courte durée. Elle devient pénible si
l'enfermement est de longue durée. C'est comme nous le montre cet
extrait : « poso ya policier etikalaka te na mabusu , eza
nde kopema kaka ». Cet extrait montre que le corps du policier ne reste
pas dans le cachot, il finira par sortir et entre temps le policier
bénéficie du repos.
Apres avoir parlé de la justice militaire, ceci nous
renvoie à la justice civile.
5.2. Concurrence avec le parquet
civil
L'étude révèle deux types de
représentations : la première est celle qui consiste
à le considérer comme « PWILAMAMBWE »,
c'est-à-dire, la dernière instance ou se clôture un
problème. La deuxième représentation est celle qui
établi les liens entre le parquet et la prison. A cet effet, la prison
est perçue comme « NZELA YA GRAND MONDE »
c'est-à-dire le chemin de la prison.
Néanmoins, les policiers entretiennent de bonnes
relations avec les applicateurs de la loi dans le sens que ce sont des
policiers qui assurent la garde du parquet.
Sur le plan judiciaire, les OPJ sont les yeux et les oreilles
des Magistrats qui sont leurs chefs hiérarchiques.
Ainsi en cas de situations-problèmes, les peines sont
atténuées à cette juridiction par rapport à
l'auditorat militaire ou les relations entre policiers et magistrats sont
tendues.
Les relations de collaboration entre policier et magistrat,
sont de façade plus que tissées selon les intérêts
ou les enjeux de gain. Ce sont des relations de conflictualité qui
priment.
6. La séparation d'avec les siens
ou les proches
Les policiers expriment leurs impressions ressenties de
douleurs, pesantes et provoquées par un chagrin lors d'une
séparation ou lors d'un décès ou un
événement malheureux ou pénible. Parfois, ils le
manifestent dans des événements qui procurent la tristesse.
Ils expriment le sentiment douloureux qui dénote le
chagrin, l'abattement ou la mélancolie. C'est comme les chansons qui
sont entonnées pendant le départ d'un séjour en brousse
ou dans une autre contrée pour une opération de grandes
envergures.
A titre illustratif, quelques chansons ont retenu notre
attention.
1. Faut-il nous quitter sans espoir de nous revoir un
jour !
Faut-il nous quitter sans espoir de nous
revoir un jour !
Commentaire :
Lors d'une séparation ou à l'occasion d'un
décès, les policiers entonnent aussi cette chanson pour exprimer
le souci de séparation avec les leurs. Ils partent parfois avec la
nostalgie de l'incertitude de revenir.
§2. LA CONDITION POLICIERE
Comme chaque chose à ses facilités
et ses difficultés. De même, le métier du policier a aussi
ses facilités et ses difficultés. Ainsi, ce point aborde la
condition difficile de ce métier. Il comporte quatre sous-points :
police comme un métier difficile, police comme un métier de
sacrifice, la précarité de la vie policière et enfin la
souffrance.
1. Police « un métier
difficile »
La police est un métier difficile puisqu' elle exige
l'intelligence, la formation, l'adaptation, l'endurance physique et la
moralité. En plus des exigences, la pratique elle-même du
métier exige l'observation de la procédure et de la loi.
Le contraire peut entrainer les sanctions non pas seulement
disciplinaires mais également judiciaires ou pénales.
A ce propos ; le policier ZAU nous confie ce qui
suit : « Eza facile kosala na Armée que na la police.
Biso to sala kala, tozali ba ex FAZ. Armée eza kaka phase moko ya
formation oyo tubengi phase Militaire. Par contre, musala ya la police eza na
ba phase mibale : militaire na judiciaire »
Ce qui se traduit comme cela : « C'est
très facile de faire l'armée que de faire la police. Moi je suis
un ancien militaire de la défunte République du Zaïre et
j'ai beaucoup travaillé sous ce régime. Pendant la formation,
pour l'armée c'est uniquement une seule phase celle dite militaire. Par
contre, la formation policière exige deux phases : militaire
d'abord et en fin, la phase judiciaire ».
Cet extrait montre que la formation policière n'est pas
du tout facile puisqu'elle exige deux phases. La phase militaire permet, comme
la police est militarisée de maitriser l'usage de l'arme les techniques
et tactiques militaires. Tandis que la phase judiciaire permet aux policiers
d'acquérir les notions de la procédure et de la loi qui cadrent
avec la police judiciaire. En plus, les policiers doivent aussi connaitre les
préalables de la police administrative qui est mise en mouvement par
l'autorité politico-administrative de qui elle dépend. La police
n'est pas seulement un métier difficile, mais aussi impliquant les
sacrifices.
2. La police « un
métier de sacrifice »
La police est un métier de sacrifice puisque pour y
intégrer, le candidat doit sacrifier sa vie pour la cause noble et juste
pour sa patrie.
C'est dans ce contexte, que le salaire est perçu par
les acteurs comme « BONGO YA MAKILA ». En plus,
certains policiers meurent ou trouvent la mort dans le cadre de service telle
que l'intervention lors du maintien et du rétablissement de l'ordre
public, la patrouille, l'accident de circulation pour les acteurs de la Police
de Circulation Routière et même les accidents lors du
déplacement pour différentes interventions.
A ce propos, voici ce que nous renseigne le policier
MATAFARI : « soki obimi ndako na tongo il faut oliya puisque
oyebi te tango okeyi mosala soki okozonga to okozonga te. Ba mususu ba
zongakate.
Cet extrait montre non pas seulement le sentiment
d'insécurité du métier mais aussi l'idée de
sacrifice. Cette idée de sacrifice est aussi montrée par le
policier ZAU en ces termes : « tangu tokota mosala ya police,
to komi batu ya drapeau na mokolo ya liwa bazo kunda biso na
drapeau ».
Cela montre que dés qu'un candidat est admis à
la police, il n'appartient plus à sa famille biologique. Sa famille
devient la nation. Nous n'avons pas de famille, notre famille c'est l'Etat.
Même dans la mort, le policier est enterré avec le drapeau,
symbole de la nation.
Ceci explique mieux comment le policier ne fait plus partie de
sa famille, mais appartient à la grande famille qui est la nation ou
l'Etat qui doit l'enterrer. Puis qu'il a sacrifié sa vie pour la nation.
3. La précarité de la vie
policière
Pour Monjardet (1996), la police n'est pas un organe en soi,
isolable de l'ensemble des rapports sociaux dont elle est l'enjeu et le
produit. La police est à la fois : un instrument de pouvoir (une
institution- valeurs), un service public (une organisation- travail), une
profession - intérêt ).Ces trois dimensions de la police sont
toutes présentes lorsque l'activité se met en branle. Il
n'existe donc pas de rupture entre ces trois dimensions.
Les activités professionnelles policières
constituent un moyen de subsistance et exigeant une formation ou de
l'expérience. Ce savoir -faire acquis dans l'exercice policier
s'accompagne parfois des certains risques ou hasard dommageables.
C'est pourquoi, certaines chansons sont liées aux
aléas du métier. Un métier difficile, compliqué
et très dur, dangereux........
1. Oyo mosala te, oyo mosala te bandeko
Oyo masala te, oyo mosala te bandeko
Oyo eza liwa, oyo eza liwa bandeko.
Tigre a bangaka te, tigre a bangaka te bandeko.
Traduction en français
Ce métier, mes frères c'est pas un
bon.
Ce métier, mes frères c'est pas un
bon
Ce métier est une souffrance, mes
frères
Le tigre n'a jamais eu peur et ne craint rien, mes
frères.
Commentaire1 :
Cette chanson traduit les aléas du métier. La
police est un métier difficile par son caractère de formation et
la discipline implique les sanctions en cas des `'bavures policières''.
La sanction n'est pas toujours le cachot ni l'auditorat, mais aussi les
exercices physiques comme nous le renseigne à bien d'égard la
suite de cette chanson :
« kipande kiloko kundja ngumi, kipande kiloko
viringika, kipande kiloko kota na cachot » : ( Dans l'intervalle
du temps fermez les poings, un temps roulez-vous sur le sol et dans la boue, un
temps après entrez au cachot.»
En plus le métier de la police implique la souffrance
à endurer. Les policiers travaillent sur la pluie ou sous un soleil
ardent sans moyen de protection.
Elle est aussi un métier dangereux dans ce sens que
les acteurs sont susceptibles de s'affronter à une bande des `'mains
armées, aux manifestants lors du maintien et rétablissement de
l'ordre public qui se livrent au jeu des cailloux et qui blessent certains
d'entre-eux. Ceci pour montrer que la police est un métier dangereux.
1. Koudou na mileli mama, oya ye
Koudou na mileli mama, oya ye
Motema mosi mobeti, oya ye
Elumbe lumbe lumbe, oya ye
Traduction en français
Policiers se posent des questions sur leurs misères,
oya ye
Policiers se posent des questions sur leurs misères,
oya ye
Leurs coeurs sont brisés, oya ye
Garçons aguerris, garçons aguerris,
garçons aguerris, mama oya ye.
Commentaire 2 :
Cette chanson traduit la misère du métier de
police. En entonnant cette chanson, les policiers pleurent sur leur
misère. Celle-ci s'explique par la formation que les acteurs ont subie
lors de leur initiation au métier ainsi que la misère
découlant du salaire sans oublier l'endurance concernant le travail qui
implique un travail de nuit et de jour sans tenir compte de conditions
climatiques. A ce propos, la pluie tout comme le soleil ardent ne constituent
pas un obstacle pour les policiers.
2. Kazi raisi alileta eee
Ina omba muda murefu
Muke usi umike eee
Traduction en français
Le travail que le président a donné, eee
Ça demande du temps
Les femmes ne regrettent pas, eee.
Commentaire 3:
Les policiers, dans cette chanson expliquent l'importance de
ce métier qui nécessite beaucoup de patience. Car le
président de la République, commandant suprême des Forces
Armées et de la Police Nationale Congolaise, Chef de l'Etat et garant de
la constitution dans chaque adresse à la nation ne cesse jamais
d'encourager, de féliciter et de se soucier de la
police. « Même si, aujourd'hui nous n'avons pas un
salaire décent, nous devons patienter et attendre l'avenir »,
nous renseigne le policier MAWAZO.
Il est de même aussi pour les épouses des
policiers de faire preuve de patience, puis que ce métier occupe
presque totalement le temps de leurs époux. Il y en a qui font des
séjours en brousse, d'autres sont mobilisés pour des
interventions qui prennent beaucoup de temps. Enfin, le travail policier
lui-même prend du temps aux policiers par exemple quarante-huit heures de
garde. C'est pourquoi les femmes doivent patienter pendant l'absence de leurs
maris.
4. La souffrance
Le thème : « souffrance »
semble liée au destin « pasi ya mokili ». (La
souffrance d'ici-bas). L'attitude à adopter face à cette
souffrance est celle de la résignation. La seule dimension spirituelle
qui lui est liée et quelques fois le mauvais sort jeter aux hommes par
les esprits maléfiques contre lesquels on ne peut rien.
Voici l'extrait du policier « NGUMA » qui
traduit la souffrance policière : le salaire est insignifiant et
payé souvent avec retard. Moi qui vous parle, malgré mon grade et
ma fonction, je n'ai que 44.800 francs congolais avec 12 enfants et mes petits
fils. (...), pour résister, nous faisons la ristourne avec mes
collègues. Comme pour ce mois, c'était mon tour. Cela m'a permis
d'acheter ces quelques cassiers de bière que tu as vus dans la jeep de
la police. Après vente, je me sers de l'intérêt que je vais
gagner. A part ça, nous n'avons pas d'autres moyens pour nous
débrouiller. Certains font le prêt à intérêt
communément appelé banque Lambert, mais ça ne
résout pas le problème... »
De l'analyse de cet extrait, il se révèle
plusieurs réalités dans le vécu des policiers :
insuffisance de salaire et surtout les mauvaises conditions de travail.
Ce thème est éclaté en deux sous thèmes :
a. Souffrance comme un fait
surnaturel
La croyance en la sorcellerie est donc de mise dans la chanson
policière. Ces exemples constituent en soi un fait parlant :
« Baliya ngai kala » (on m'a
déjà ensorcelé) « nakufa na ngai kala, nazela se
kopola » (je suis déjà mort et je n'attends plus que
pourrir).
b. Souffrance comme un fait
religieux
- La notion d'un Dieu puissant et miséricordieux, un
Dieu qu'on adore et qu'on loue, un Dieu qui sauve et qui libère les
captifs, intervient toujours à la fin. Car les policiers savent qu'a
chaque jour finie sa peine.
Ce sous thème revient très souvent en force dans
la mesure où les policiers ont l'espoir de bénéficier de
quelque grâce de la part du Très haut devant des situations
difficiles comme le cas du Maintien et rétablissement de l'ordre
public...
C'est comme le cas de cette
chanson :
Mama maria maria heee
Mama maria maria heee
Mama maria mama wa yesu
Traduction en français
Maman marie, marie heee
Maman marie, marie heee
Maman marie, la mère de Jésus
Sur le plan judiciaire, les OPJ sont les yeux et les oreilles
des Magistrats qui sont leurs chefs hiérarchiques.
Ainsi en cas de situations-problèmes, les peines sont
atténuées à cette juridiction par rapport à
l'auditorat militaire ou les relations entre policiers et magistrats sont
tendues.
Les relations de collaboration entre policier et magistrat,
sont de façade plus que tissées selon les intérêts
ou les enjeux de gain. Ce sont des relations de conflictualité qui
priment.
Après l'analyse de la condition difficile du policier,
commençons par analyser la sexualisation avant celle de la
délinquance policière.
§.3. LA SEXUALISATION DES
RELATIONS
Il est question dans ce paragraphe, d'analyser l'ensemble des
traits physiques, psychiques et affectifs se rapportant à
l'identité sexuelle humaine. Il comporte deux volets : les femmes
vues par les policiers et la masculinisation de la femme.
3.1. Les femmes vues par les policiers
Pour les policiers, toutes les femmes les appartiennent. C'est
comme aussi tous les biens appartenant aux civils.
Cette conception repose sur le fait que ce sont les policiers
qui en assurent la garde. Quand il ya tension, les policiers peuvent s'en
servir comme ce fut le cas à l'avènement de l'Alliance des Forces
Démocratiques pour la Libération du Congo ou les policiers et
militaires utilisaient la femme comme bouclier et objet de plaisir.
En fait, la femme est considérée comme une
prostituée. Telle que le montre certaines chansons policières
comme :
Mama rosa, mama rosa, ndumba molaso.
Ce qui se traduit comme « maman rose, c'est une
femme prostituée.
Cet extrait montre que certaines femmes des policiers, en
absence de leurs maris partis soit au front soit de garde ou encore en
mission ; se livrent à la prostitution pour la survie de leurs
enfants.
Par ailleurs, la femme n'est pas seulement
considérée comme « MOLASO », mais aussi comme
confidente de l'homme qui garde ses secrets.
L'homme est jaloux de la femme. A ce propos, le policier
DJAFAR nous dit ce qui suit : « policier a koki koboma soki
akuti mwasi na yé na moto mususu to soki baliye mbongo
nayé ».
Ce qui se traduit en ces termes comme ceci :
Le policier peut tuer facilement lorsqu'il trouve sa femme
avec quelqu'un d'autre en situation d'adultère, aussi lorsqu'il victime
de vole d'argent.
Cet extrait montre que le policier est aussi jaloux de la
femme et peut même tuer ou braver sa vie.
Ceci nous conduit à parler de la drogue.
certaines chansons policières comme :
Mama rosa, mama rosa, ndumba molaso.
Ce qui se traduit comme « maman rose, c'est une
femme prostituée.
Cet extrait montre que certaines femmes des policiers, en
absence de leurs maris partis soit au front soit de garde ou encore en
mission ; se livrent à la prostitution pour la survie de leurs
enfants.
Par ailleurs, la femme n'est pas seulement
considérée comme « MOLASO », mais aussi comme
confidente de l'homme qui garde ses secrets.
L'homme est jaloux de la femme. A ce propos, le policier
DJAFAR nous dit ce qui suit : « policier a koki koboma soki
akuti mwasi na yé na moto mususu to soki baliye mbongo
nayé ».
Ce qui se traduit en ces termes comme ceci :
Le policier peut tuer facilement lorsqu'il trouve sa femme
avec quelqu'un d'autre en situation d'adultère, aussi lorsqu'il victime
de vole d'argent.
Cet extrait montre que le policier est aussi jaloux de la
femme et peut même tuer ou braver sa vie.
3.2. La masculinisation de la femme
C'est toute une exhortation à des comportements
civiques et héroïques que la femme policière doit
adhérer pour servir courageusement le pays. C'est aussi une incitation
de la femme à la masculinisation du comportement et en temps de guerre
que pendant le MDP ou le MROP, d'où la socialisation à la culture
policière. Illustrons cela par cette chanson :
Mushiya hé, he, kuya twende twende
Mushiya hé, he, kuya twende,twende
Kwetu mbali, twende
Twende pamoya, twende
Traduction en français
c
Mushiya he, he , viens et partons
Mushiya he ,he, viens et partons
Partons très loin d'ici.
Chez nous, c'est très loin
Partons ensemble, allons-y
C'est une chanson d'exhortation qui donne du courage aux
femmes policières pendant le « MUTSHAKA », la
période de guerre et même lors de MDP ou MROP. Elle amuse et
permet aussi aux policiers de se détendre.
§.4. LA TOXICOMANIE ( la
délinquance policière)
1. Quelques
considérations sur le concept `'toxicomanie''
A l'origine la « toxicomanie »est un terme
qui vient du grec toxikon, « poison » et mania,
« folie » et qui signifie que quelqu'un use de
manière répétée et excessive d'une ou plusieurs
substances
toxiques (
analgésique,
stimulants et autres
psychotropes) sans
justification thérapeutique. Aujourd'hui on parle plus volontiers d'
addictions au pluriel
parce que les pratiques de consommation ont évolué du
côté des poly toxicomanies (alcool, médicaments, drogues
diverses, synthétiques ou naturelle, etc.). Les usages
évoluent vers un besoin incontrôlable de continuer à
consommer le produit, accompagné d'
accoutumance puis de
dépendance.
On reproche à ce terme d'être connoté sur
le plan psychiatrique (
manie =
folie) pour certains trop
marquée et il est donc moins utilisé . Ce reproche peut se
comprendre mais on peut aussi opposer qu'il décrit finalement
très bien la situation puisqu'il s'agit en effet de poison surtout aux
doses consommées et qu'il s'agit bien d'une consommation "folle" (manie)
puisqu'elle peut mener à tous les excès dérives et
déchéances.
Certains le limitent strictement à l'usage de
substances
psychotropes interdites
(ou
drogues); d'autres
l'utilisent pour désigner toute consommation de produits psychotropes
sans distinguer les types de consommation (consommation problématique,
consommation occasionnelle, etc.) tandis que d'autres s'attachent à la
définition dans son ensemble sans distinction de produits et y attachent
toute sorte de conduites de type compulsif comme l'
alcoolisme, le
tabagisme.
Dès
1960, l'
OMS
(Organisation Mondiale de la Santé) recommande de lui
préférer le terme `'
dépendance»,
selon les experts de cet organisme, moins imprécis.
En
psychiatrie, ce sont les
notions de recherche du plaisir et d'
aliénation
qui sont au centre de la définition, la toxicomanie se définit
selon trois axes :
plaisir,
contrainte et
toxicité. C'est
la recherche de plaisir - ou l'évitement de la situation de
déplaisir liée à l'absence de produit - qui pousserait
à l'usage répété ; cet usage
répété induirait, du fait de l'installation d'une
accoutumance, un usage
contraint subi par l'usager et cet usage contraint installé dans la
durée révèlerait le caractère toxique du produit
Dans cette optique, plus que le produit, c'est la
personnalité de l'usager qui détermine la toxicomanie, se
définissant comme ayant « une appétence anormale et
prolongée » dont l'origine serait à attribuer à
des problèmes affectifs.
Ici, les policiers eux-mêmes considèrent que la
drogue donne du courage, fortifie et aussi est considérée comme
mauvais comportement du chef.
Passons à présent à la perception que les
policiers ont de la prise des produits toxiques.
2. Drogue comme source de courage
C'est depuis des années que la drogue est
considérée par les compagnons d'armes comme étant un
produit qui donne du courage.
A ce propos, l'officier TATU nous renseigne ce qui
suit : « omoni meme marechal mobotu na ba courages nyonso
azalaki na yango, ezalaki kaka ba effets ya nziki. Nde omoni pe biso tozalaka
kaka ba courageux, eza kaka bangi ezopesa vraiment courage ya
mosala ».
Ce qui se traduit en ces termes : « vous
savez que même le maréchal Mobutu a son temps, il était
toujours courageux, pensif et intelligent .C'est parce qu'il prenait de la
drogue. Nous aussi nous prenons de la drogue et que nous toujours courageux et
nous faisons correctement le travail ».
Cet extrait montre que la drogue c'est ne pas du tout mauvais
comme les autres pensent. Elle donne de l'énergie morale face au danger,
à la souffrance ou aux difficultés. La drogue c'est un
élan nécessaire pour agir. Elle est une vigueur pour les
policiers en exécutant une tache.
3. Drogue comme fortifiant
La police est un métier difficile puisqu'elle exige
beaucoup d'effort physique et intellectuel. C'est pourquoi les policiers
prennent de la drogue pour éviter la fatigue.
A ce propos, voici ce que nous le policier ZAU nous
renseigne : « nous travaillons beaucoup comme des robots
chaque jour, une fois absent au travail, c'est la sanction. C'est pourquoi nous
sommes obligés de prendre chaque jour de la drogue pour éviter la
fatigue. »
Cet extrait montre que la drogue c'est un médicament
dans la mesure où il augmente ou rétablit les forces physiques,
il donne de l'énergie et de la force morale. Mais, il arrive que la
drogue pousse les acteurs a avoir un comportement problématique.
4. Drogue et mauvais
comportement
Ici, les policiers donnent un autre sens à la drogue,
tout en fustigeant un mauvais comportement du chef.
Comme nous montre cet extrait de la chanson :
« nani atinda kiyo mwana ko mela likaya mabe,
ndingisa ya commandant ; commandant tika bangi ».
Ce qui se traduit comme cela : qui t'appris toi enfant de
prendre la drogue ? C'est le commandant qui t'as appris ?
La drogue ou la toxicomanie, ici signifie la mauvaise
manière de se comporter des certains chefs à des échelons
différents vis-à-vis des policiers. Ces derniers fustigent
vraiment le manque de responsabilité affiché par certains
commandants, car selon toujours eux, il n'ya jamais eu des mauvaises
troupes ; il n'ya que des mauvais chefs.
§.5. L'APPEL AU
PATRIOTISME
Certains chansonniers policiers ont adopté une
démarche philosophique, un sujet de réflexion ou thème
patriotique.
Ici, les policières lancent toujours des appels
très pressant et à la communauté policière et
à tous ses concitoyens, leur disant soit que l'heure est grave tout en
les invitant à resserrer les rangs, derrière une seule cause
noble et juste : l'intégrité nationale, comme un seul homme
pour bouter l'ennemi dehors. A titre illustratif, la chanson
«congo ya biso »
Congo ! eyaya congo he,congo ya biso mabele ya mboka
Congo, eyaya congo he, congo ya biso mabele ya mboka
Nous voulons la paix au congo, congo ya biso mabele ya
mboka
Tolinga congo, congo ya biso mabele ya mboka
Traduction en français
Congo, eyaya Congo he, le Congo , notre terre et notre
pays
Congo, eyaya Congo he, le Congo, notre terre et notre pays
Nous voulons la paix au Congo, notre terre et notre pays
Aimons le Congo, notre pays et notre terre.
La contribution des chansonniers est particulièrement
soulignée. La police et la population sont donc mobilisées,
au-delà de tous les clivages politiques, religieux et tribaux
(claniques), pour défendre une cause juste. Ils exhortent les
combattants à lutter jusqu'à la défaite de l'ennemi, qui
ne vaincra pas.
Signalons que ces thèmes sont aussi abordés
selon le contexte d'agression ou des enjeux électoraux. C'est le cas de
cette chanson :
Siyasa ni muhimu iyo yo
Siyasa ni muhimu iyo yo
Afande ongeya ongeya ongeya
Traduction en français
La politique a ses réalités iyo yo
C'est la politique qui dirige touts
Commandant transmet l'idéologie du pouvoir
Cet extrait comment l'idéologie du
pouvoir se communique. Ici, le commandant doit transmettre l'idéologie
du pouvoir à ses troupes. Cet appel au patriotisme pousse les policiers
à travailler avec zèle dans l'exercice de leur profession.
Même si les policiers ne touchent pas un salaire décent, il vit et
continue à travailler et servir le pays pour l'amour de ce dernier. A ce
propos, les policiers eux-mêmes fustigent qu'ils vivent grâce
à cet appel pathétique.
Ceci dit, examinons à présent les
différentes fonctions que remplissent les chansons policières.
SECTION III : QUELQUES FONCTIONS
DE CHANSONS POLICIERES
Les chansons policières remplissent plusieurs
fonctions non seulement au sein du corps de la police, mais aussi dans la
société. C'est ainsi que la chanson se présente comme un
mode de communication notamment, la communication de masse. Ceci est un domaine
vaste et complexe qui répond à plusieurs définitions selon
qu'il s'agit de tel ou tel autre contexte. Nous essayons d'en retenir quelques
uns.
D'après le Petit Larousse illustré (1998), la
communication de masse est un « ensemble de moyens et techniques qui
permettent la diffusion des messages écrits ou audio visuels
auprès d'une audience vaste et
hétérogène ». D'une manière
générale, la communication consiste en un échange de
messages chargé de signification.
En parlant de la communication de masse comme mode de
diffusion, Denoël et Gonthier (2006) soulignent : « la
communication peut s'appeler la diffusion, lorsqu'elle dépasse largement
le cadre de l'échange entre deux individus ... lorsqu'elle consiste dans
l'extension d'un message à partir d'un centre émetteur dans un
ensemble social assez étendu. Elle implique dès lors des
techniques de diffusion, que l'on appelle aussi les communications des
masses ou mass média ».
Le média peut être compris comme « un
équipement technique permettant aux hommes l'expression de leurs
pensées, quelques soient la forme et la finalité de cette
expression ».
Nous pouvons à ce titre considérer la chanson
comme l'expression privilégiée de la culture d'un peuple,
c'est-à-dire un moyen original de la communication de la pensée
et des sentiments de l'homme à lui-même et à ses
semblables. La chanson devient alors un moyen et une technique permettant de
diffuser des messages en vue d'une certaine audience.
En ce qui concerne les sortes des médias, F.
BALLE(2009) en distingue trois :
- Les médias de diffusion,
- Les medias de télécommunication, et
- Les medias autonomes.
La chanson constitue un média de diffusion, et parmi la
forme de la communication, elle constitue un média à
« audience ouverte » au sens de Begson (2006) ;
« une audience virtuelle, qui correspond a un grand
public »
Grosso modo, nous pouvons dire que la communication est un
ensemble de moyens et de techniques de diffusion d'un message, et la chanson
n'est pas seulement le moyen et la technique par lesquels un message est
véhiculé, mais également un mode d'expression par lequel
ce message est diffusé.
Point n'est besoin de signaler que nous n'allons pas parler de
la dimension technique ni historique de la chanson policière par crainte
de nous plonger dans une étude purement musicologique et
théorique en sortant hors de notre cadre d'étude.
Ceci dit, dans leur fonction communicationnelle, les chansons
véhiculent un certain message. Par exemple, en face des chefs
hiérarchiques, la communication est directe. La troupe lui transmet, de
manière parfois maquillée ou humoristique, un message. C'est le
cas de cette chanson :
Balinga pete mama,
Balinga pete baboma mboka,
En en en balinga pete ,ba boma mboka
Kaka mbongo na basi,
Balinga pete mama,
Balinga pete ba boma mboka.
Traduction en français
Les ambitieux ou ceux qui aiment le grade maman,
Les ambitieux du grade tuent le pays,
En en en, les ambitieux de grade mettent le pays à
genoux,
Ne pensent qu'à l'argent et aux femmes,
Les ambitieux ou ceux qui aiment le grade maman,
Les ambitieux du grade tuent le pays,
Commentaire :
La chanson balinga pete est une oeuvre qui exploite le
thème communicationnel et dans laquelle le locuteur déclare ses
soucis à ses chefs `'incompétents''. Qui ne travaillent pas, qui
ne visent rien que l'argent et les femmes. Le discours verbal de cette chanson
est de style « poétique », utilisant des
métaphores, des comparaisons et d'autres figures de style.
A ce propos, voyons comment l'extrait de l'entretien
réalisé avec `'MIKI''agent de police qui a réagit à
cette préoccupation relative à l'incompétence des certains
Officiers : « natango ya kala, avant ba pesa fonction ya chef
peloton ou commandant compagnie, il fallait ko tanga ba cours . mais, lelo bazo
besa ba fonction na ba grade na ndenge ya kindeko to kosomba fonction na
grade » :
« A l'époque, avant d'occuper la fonction de
chef peloton ou de commandant compagnie, il fallait suivre un certain nombre de
cours et satisfaire. Même pour l'avancement en grade, il y avait des
critères. Mais, aujourd'hui c'est le tribalisme et la corruption. On
donne des fonctions et des grades à certains, sans tenir compte de leurs
capacité tant intellectuelle que morale. Voilà ce qui tue le
pays ».
Avec cette façon de voir les choses, il est donc
inévitable que certains policiers se livrent aux pratiques qui soient
contraires à la loi et au règlement militaire dans le souci de
répondre à la question d'incompétence.
Mais au-delà de la revendication, les chansons
permettent aussi d'exprimer différents sentiments :
§.1 : LA CHANSON, MODE DE REVENDICATION POLICIERE
La Police Nationale Congolaise jusque là n'est pas
syndiquée. Elle ne prend pas en compte l'aspect revendicatif. La loi
n?002/002 du 26 janvier 2002 portant institution, organisation et
fonctionnement de la police nationale congolaise ne fait pas allusion au
syndicat. Néanmoins le projet de la reforme de la police met en exergue
le syndicat en privant les acteurs de l'action de la grève dans la
logique d'éviter la dérive puisque si la police fait la
grève, celle-ci est susceptible de régénérer
plusieurs situations-problèmes.
A chaque fois qu'une occasion est offerte aux policiers soit
par `'mutshaka'' soit par n'importe quels rassemblements, les policiers
animent, marchent, chantent les diverses chansons voire celles dites
revendicatrices et interpellatrices. Les policiers en profitent pour braver les
interdits, c'est-à-dire, ils se livrent à des revendications et
à des interpellations.
En face de la hiérarchie, la chanson constitue un mode
de revendication et les policiers font passer le message sous forme
humouristique.
C'est comme cet extrait : « Toko mela mayi
na mapa ezanga sukali » :Nous allons prendre un déjeuner
sans sucre.
Les policiers revendiquent à travers la chanson. Ainsi,
les chansons véhiculent un certain message. C'est aussi un moyen de
communication pour exprimer l'impression de revendication. Cette exigence
exprimée par une protestation individuelle ou collective et orale est
destinée à une personne, à une institution ou au
public.
Exigence exprimée par une manifestation de leur
indignation. Les policiers font une déclaration par laquelle ils
s'opposent à ce qu'on considère illégitime ou injustice.
Parmi les chansons revendicatrices, nous avons retenu
celle-ci :
« Moto nani, moto nani apesa nga fungulo
Na fungola likolo, na mona Nzambe. » :
(Quelle personne, quelle personne peut donner la clef
Pour ouvrir le ciel afin que je voie Dieu.)
Cet extrait traduit la revendication policière sous
une forme indirecte en s'adressant à Dieu pour qu'il intervienne sur sa
situation sociale et économique. Cette revendication se réalise
sous forme poétique en atténuant l'aspect revendicatif et en
masquant ce qui devrait être dit. Cette manière de s'exprimer
permet aux policiers d'éviter la sanction qui rentre dans le cadre
réglementaire.
Il en est de même concernant la chanson ci-
après :
Koudou na mileli mama, oya ye
Koudou na mileli mama, oya ye
Motema mosi mobeti, oya ye
Elumbe lumbe lumbe, oya ye
Traduction en français
Policiers se posent des questions sur leurs misères,
oya ye
Policiers se posent des questions sur leurs misères,
oya ye
Leurs coeurs sont brisés, oya ye
Garçons aguerris, garçons aguerris,
garçons aguerris, mama oya ye.
Cet extrait montre que les policiers revendiquent leurs
misères d'une manière poétique afin que le gouvernement
puisse en tenir compte. C'est une revendication masquée. Le
supérieur est conscient, mais il ne peut punir collectivement les
policiers puisque le règlement militaire qui régit la police ne
le permet pas.
Parfois, ce sont les chansons qui s'adressent aux
concernés dans le but de demander quelque chose sur un besoin ressenti.
Elles suscitent un vif intérêt mêlé
d'inquiétude pour quelqu'un.
Suivons à travers cet extrait d'une chanson
revendicatrice :
« Commandant ya P.IR, he he, commandant ya
P.I.R ,
To komela mayi na mapa ezanga sukali hin he.»:
(Commandant de P.I.R. he he , de commandant de
P.I.R,
Nous consommons de l'eau sans pain et sucre hin he.)
Ce discours véhiculé à travers cet
extrait montre comment les policiers revendiquent la nourriture qui n'est pas
complète. Les policiers eux-mêmes raisonnent en termes de la
ration ou effectif. Ce dernier terme ne désigne pas seulement l'effectif
équivalent de nombre des policiers, mais aussi la part dont chaque
policier doit bénéficier.
A ce propos, le policier Mafuta renseigne :
« Autre fois, nous avions des cantines et chaque
policier bénéficiait de la nourriture gratuitement pendant qu'il
était en faction. Pour le moment, c'est le principe de chacun pour soi.
Même si l'on fait quarante-huit heures de garde, il faut que votre femme
vous apporte à manger. »
Apres avoir discouru sur la chanson comme de revendication
policière, parlons de la chanson comme mode d'interpellation.
§.2. : LA CHANSON COMME MODE D'INTERPELLATION
Les chansons véhiculent un certain message. C'est
aussi un mode d'interpellation pour exprimer l'impression ressentie de
revendication. Cette exigence exprimée par une protestation individuelle
ou collective et orale est destinée à une personne, à
une institution ou au public. Exigence exprimée par une
manifestation de leur indignation. Les policiers font une
déclaration en forme d'interpellation par laquelle ils s'opposent
à ce qu'on considère illégitime ou injuste.
Demande de réparation pour une injustice subie ou
imaginée chez l'enfant, l'interpellation est souvent de nature affective
et peut se traduire par un comportement agressif. Délaissé, ou se
sentant délaissé, suite à une nouvelle naissance au sein
du foyer, il risque de devenir boudeur et de manifester des conduites
régressives, telles que l'énurésie.
Le but inconscient étant d'attirer l'attention sur lui,
pour combler le manque affectif ressenti.
Chez l'adulte, les interpellations font souvent office de
surcompensation. Le sujet peut ainsi chercher inconsciemment à masquer
un sentiment d'infériorité, du à son statut social. Chez
les individus dont les valeurs du surmoi sont particulièrement strictes,
les interpellations peuvent prendre une tournure obsessionnelle et confiner au
délire.
C'est comme le cas de cette chanson :
Makambo mibale eboma mokili mobimba
Liboso nde likambo ya falanga
Ya mibale likambo ya basi, baninga botiya matoyi
Soki bana mibale balingani lokola bakufa,
Elenge ya mwasi akoki nde kokabola bango soki akoti na kati na
Bango
Nayebi te, soko bokodouter namaloba ma ngai, nakanisi mpe
te.
Traduction en français
Deux problèmes (affaires) ont détruit ce
monde.
Premièrement il s'agit de l'argent
Deuxièmement c'est le problème des femmes, mes
amis prêtez vos
Oreilles :
Si deux jeunes gens s'aiment à mourir,
Une jeune fille peut les séparer si elle s'interpose
entre eux.
Pour ce qui concerne l'argent, je pense que vous-mêmes
en savez
Assez,
Mes amis, faites bien attention.
Je ne sais si vous douterez de mes propos, mais je pense que
non.
Commentaire :
Cette chanson s'inscrit dans
la tendance de contestation. Les policiers y stigmatisent les deux
problèmes majeurs qui préoccupent le monde, à
savoir : l'argent et la femme. Ils se limitent à une interpellation
des autorités politico-administratives et policières face
à ces problèmes et attirent leur attention là-dessus.
Mais il conviendrait de relever cet autre aspect qui est
implicite et qui consiste à considérer les policiers comme des
marchepieds du pouvoir. Les paroliers mettent en garde les autorités
civiles et policières contre la non considération des mauvaises
conditions de vie du policier.
Par fois, toute la question de la communication est
présentée sous forme des pamphlets.
§. 3. LES PAMPHLETS
« MBWAKELA »
Tiré du verbe lingala « kobwaka »
qui signifie « jeter », « Bwakela »
signifie l'action, le fait de jeter. Et, dans le cas d'espèce, il cite
(le destinataire implicite).
Le terme « pamphlet » apparaît de
manière officielle en
1824 dans l'oeuvre de
Paul-Louis
Courier : Le
Pamphlet
des pamphlets. Il se caractérise le plus souvent par une critique du
pouvoir en place. Le verbe est violent, le ton virulent, la forme courte et
élancée. Le caractère explosif du pamphlet tient du fait
que son auteur a l'impression de détenir à lui seul la
vérité ; il jette un regard indigné sur le monde.
Le pamphlétaire doit rétablir le vrai sens des
mots qui, selon lui, a été dépouillé. Il veut faire
éclater une évidence (d'où une absence de nuance) ;
pour cela, il use d'un discours maximaliste et hyperbolisé. Ainsi, il se
repose sur une vision du monde catastrophique annonçant la mort de
quelque chose (une notion, une valeur...). Le pamphlétaire n'utilise ni
argument ni preuve, il recherche l'action immédiate.
Le pamphlet a pour but d'inciter les personnes visées
à agir en les poussant à l'indignation de vivre dans un
« tel » monde.
La relative incertitude qui entoure l'origine
étymologique du substantif pamphlet fixe d'entrée la teneur du
terrain de recherche sur lequel nous nous engageons et la réputation de
ses occupants : une ancienneté obscure et des praticiens
infréquentables.
L'histoire démontre que le pamphlet, quoique toujours
négligé dans son étude en sociologie policière,
s'est manifesté chez les policiers comme un moyen de réaction et
d'expression de leur révolte. Le pamphlétaire est porteur d'une
vérité à ses yeux aveuglante, telle qu'elle devrait de
toute évidence imprégner le champ où il prétend
agir - et pourtant il se trouve seul à la défendre et
refoulé sur les marges par un inexplicable scandale.
Ce phénomène est souvent lié à la
vie des policiers.
En tant que tel, il n'échappe pas aux conflits qui
caractérisent toute l'humanité (la société).
Mais les paroliers de la chanson policière, dans leurs
aventures sentimentales ou dans leur vie de tous les jours, rencontrent souvent
des petits conflits ; des déceptions pourquoi pas, qui leur
imposent des situations frustrantes dont ils ne peuvent se libérer
qu'à travers la chanson, la seule arme à leur disposition.
Exemple :
Nani a tindaki yo mwana
Omela likaya mabe
Ndingisa ya commandant (2x)
Commandant tika bangi oyo omelaka
Commandant tika bangi oyo omelaka na se ya makusa
Traduction en français
Qui t'as appris toi enfant
De fumer du chanvre ?
C'est avec de l'autorisation du commandant (2X)
Commandant laisse du chanvre que tu fumes
Commandant laisse la drogue que tu prends juste après
le repas
Commentaire :
Ici, les paroliers fustigent le mauvais comportement de la
troupe. Or, il n'y a pas de mauvaises troupes, il n'y a que des mauvais chefs,
pour dire que certains chefs sont « mauvais ». Dans cette
chanson, les policiers sont en train de s'adresser indirectement à leurs
chefs de prêcher par l'exemple. Car dit-on, tel fils telle
mère.
§.4. FONCTION EDUCATIONNELLE
Les chansons véhiculent un certain message. C'est
aussi un moyen éducationnel. En effet, les responsables de la
police à des échelons différents communiquent
l'enseignement des règles de conduite sociales, idéologiques
et des facultés physiques, morales ainsi qu'intellectuelles qui
président à la formation de la personnalité du
policier. Et cela à travers les chansons tout en les initiant
à un savoir-faire dans le métier.
Cette fonction est illustrée par la chanson
Etre policier ce n'est pas facile, endurance, morale
hé !
Etre policier ce n'est pas facile, endurance,
morale, intelligence !
Commentaire :
Cette chanson est purement éducative. Elle donne des
leçons aux policiers concernant le profile d'un bon policier. Un
policier doit avoir la capacité de résister à une
souffrance physique et morale. Il doit faire preuve des aptitudes individuelles
à r&fléchir et à comprendre ; un policier doit
avoir la faculté propre à l'être humain d'apprendre et
d'établir des liens entre les choses.
Mais aussi, un policier doit avoir la connaissance de
règles de conduite et de moeurs considérées comme bonnes
et devant être appliquée en société.
Cette chanson est purement éducative. Elle donne des
leçons aux policiers concernant le profile d'un bon policier. Un
policier doit avoir la capacité de résister à une
souffrance physique et morale. Il doit faire preuve des aptitudes individuelles
à r&fléchir et à comprendre ; un policier doit
avoir la faculté propre à l'être humain d'apprendre et
d'établir des liens entre les choses.
Mais aussi, un policier doit avoir la connaissance de
règles de conduite et de moeurs considérées comme bonnes
et devant être appliquée en société.
§.5. FONCTION RYTHMIQUE
Cette fonction intervient très souvent lors des
marches policières. C'est pour rythmer la marche de la troupe de
peur qu'elle ne se fatigue pas. Les policiers entonnent les chansons pour
provoquer une succession régulière des mouvements.
Même chez les wagenia de la République
Démocratique du Congo, province orientale, ces peuples voguent au
rythme des chants pour chasser la fatigue et avoir un même mouvement et
d'une manière régulière.
C'est le cas aussi de la chanson titrée Mushiya qui a
été élaborée et conçue pour rythmer les pas
cadencés lors de `'mushaka''. Ceci désigne un exercice militaire
ou policier qui consiste à parcourir une grande distance au pas de
course. Elle est aussi utilisée pour la marche forcée et tout
mouvement qui engage la troupe. La visée est de réguler le
rythme pour un mouvement d'ensemble et permet d'éviter la fatigue.
§.6. FONCTION ARTISTIQUE
La chanson c'est un art. En tant que tel, c'est une
manière d'atténuer des faits considérés graves
à travers la chanson. C'est aussi une manière propre à
celui qui crée dans un but purement esthétique ou à ses
oeuvres. Parfois, ces chansons sont présentées ou
exécutées avec gout et talent .LA FONTAINE, BRIGITTE (1988).
Elles assurent le suivi ou la promotion de la production
esthétique.
La fonction de l'art se marie bien avec celle du rythme. En
plus, l'expression artistique répond à la représentation
des faits graves d'une manière adoucie ou humoristique. A ce propos, le
poète rit au lieu de pleurer, manifeste la joie à la place de la
tristesse. C'est une manière de voiler la réalité. Ici
plusieurs chansons peuvent être illustrées.
§.7. CHANSON COMME MODE D'EXPRESSION DES SENTIMENTS
Ce point comporte quatre volets : le sentiment de joie,
la chanson dédicacée, le sentiment de tristesse et enfin la
haine.
1. Sentiment de
Joie
Les policiers extériorisent soit leurs
émotions soit leurs intentions sincères ; leurs
impressions ressenties concernant quelques choses ou une situation .Ils
misent sur leur assurance intuitive très agréable de
bonheur intense , de gaieté ou de grand plaisir de soi
à travers les messages véhiculés par les
différentes chansons dites policières.
En faisant le `'mutshaka'' qui traduit l'exercice physique
policier d'endurance en courant, ou la marche forcée, les policiers le
font en chantant. Si cet exercice s'effectuait sans chansons, les policiers
seraient mécontents et se fatiguraient vite. D'ailleurs, le passage des
troupes se perçoit par le cri de chanson traduisant la joie. Les
chansons peuvent évoquer dans le chef des policiers certains souvenirs,
voire la nostalgie.
A titre illustratif, le jour de paie c'est le jour
d'allégresse et de réjouissance pour tous les policiers, car
chacun perçoit sa prime en guise de récompense pour les services
nobles et loyaux rendus à la nation.
C'est le sentiment de joie extrême que les policiers
partagent et qu'ils manifestent vivement. Ils expriment cette joie par les
chansons qui cadrent avec le paiement. C'est dans cette perspective que la
population envie le métier de policier.
C'est comme le cas de cette chanson :
Lelu leli le 20, mame mame ma
Lelu leli le 20, mame mame ma
O mama ye, O mama ye
Civil akoma kobanga, mame ma mema
Traduction en français
Aujourd'hui c'est le 20, mame mame ma
Aujourd'hui c'est le jour de paie, mame mame ma
O mama ye, o mama ye
Les civils commencent a craindre, mame ma mema.
Commentaire :
Cette chanson traduit la joie que les policiers
éprouvent le jour de la paie. La police étant un corps
d'élite et des disciplinés, elle a besoin des hommes et des
femmes vertueux. Car, à la fin de chaque mois ils sont
récompensés.
Par fois, cette joie se traduit aussi par une
dédicace.
2. La chanson
dédicacée
La chanson policière dédicacée est une
forme de chanson dont le discours en un objectif précis,
dédié à la mémoire d'un officier, d'un agent ou
d'un personnage politique important dont les policiers déplorent soit la
mutation soit la mort.
Elle est différente de la chanson publicitaire en ce
que son objet est souvent une cause noble, une personne
décédée dont on voudrait perpétuer la
mémoire. Mais très souvent, les meilleures chansons
policières dédicacées sont celles que peut chanter un
élément à la mémoire de son commandant
décédé ou muté. Voyons comment
« MUTEKE » nous informe à ce
sujet : « (...) na jour wana ya remise et reprise, na
yembaka zembo moko pona commandant Charles Malolokwa, mokonzi nabiso ya solo
solo(...) »
...j'avais entonné une dédicace en l'honneur du
colonel Charles Malolokwa lors de la cérémonie des remise et
reprise entre le commandant entrant et celui sortant de notre bataillon...
Cet extrait illustre bien comment une chanson dont le discours
n'avait qu'un seul objectif précis, de dédier en la
mémoire d'un commandant qui a dirigé le bataillon avec bravoure,
dont les officiers ainsi que la troupe déplorent sa mutation tout en
restant dans l'incertitude de trouver un commandant pareil.
3. Sentiment de
tristesse
Les policiers expriment leurs impressions ressenties de
douleurs, pesantes et provoquées par un chagrin ou un
événement malheureux ou pénible. Parfois, ils le
manifestent dans des événements qui procurent une
souffrance soit morale ou physique.
Ils expriment le sentiment douloureux qui dénote le
chagrin, l'abattement ou la mélancolie. C'est comme les chansons qui
sont entonnées pendant le départ d'un séjour en brousse
ou dans une autre contrée pour une opération de grandes
envergures.
A titre illustratif, quelques chansons ont retenu notre
attention.
1. Faut-il nous quitter sans espoir de nous revoir un
jour !
Faut-il nous quitter sans espoir de nous
revoir un jour !
Commentaire :
Lors d'une séparation, les policiers entonnent aussi
cette chanson pour exprimer le souci de séparation avec les leurs. Ils
partent parfois avec la nostalgie de l'incertitude de revenir.
2. Ngambo na mema ngai na tiki papa, ee
Ngai na tiki mama ee
Nga na weli boulo oyo,
Nga na bebi nzoto olo olo hoo
Yo moko tombola liganku na yo ize ize
Mama ee , olo olo.
Traduction en français
J'ai choisi la souffrance en
laissant papa, ee
En laissant maman ee
En choisissant le métier de
souffrance,
Mon corps s'abime olo olo ho
Tu as choisis ton destin ize ize
Maman ee, olo olo.
Commentaire :
Pendant la formation policière, les recrues sont
soumises à des traitements parfois inhumains. En choisissant ce
métier, pour eux c'est le bonheur. Mais une fois au centre, c'est
la souffrance. C'est pourquoi, les policiers pensent au bonheur qu'ils
jouissaient chez leurs parents.
Après avoir parlé du sentiment de tristesse,
parlons de la conflictualité.
4. La
Conflictualité `'ZUWA''
Un autre fait sentimental, qui transparait dans la chanson
policière, est la jalousie ou « zuwa ». La jalousie
peut être présentée comme une conséquence normale de
l'amour entre les membres d'un seul corps et revêt dés lors un
caractère gratifiant.
Mais, il peut vite devenir un sentiment mal placé et
peut alors entrainer beaucoup de conflits entre policiers eux-mêmes,
subalternes et leurs chefs.
Selon Alain Touraine (1999 : 102-103), il ne peut y
avoir du conflit la où il n'ya pas de rapports sociaux. Le conflit
suppose ici, le rapport d'opposition entre des acteurs sociaux qui participent
au même ensemble (système d'action historique, institution ou
organisation). Dans le cadre de notre recherche, plusieurs types de conflits
ont été constatés : notamment, les attributions
créent le conflit de compétence entre sous unités, le
conflit entre le commandement et la troupe et le conflit inter-troupe.
a. Conflit entre
les attributions et leur application
Les observations et les entretiens réalisés nous
ont montré qu'il y a conflit entre les attributions, lequel crée
ce que nous qualifions de conflit de compétence entre les sous
unités. La loi organique n?002/002 du 26 janvier 2002 portant
institution, organisation et fonctionnement de la Police Nationale Congolaise
en spécifiant les missions de chaque unité, chaque direction,
département et bureau ou section.
Bien que cette loi ait conditionné les attributions,
nous avons constaté que certaines attributions sont exercées par
d'autres officiers n'ayant pas qualité.
Au regard de tout ce qui précède, nous nous
rendons compte du conflit réel entre ces sections ou bureaux, conflit
qui a pour noyau dur la recherche du gain, c'est-à-dire la
capitalisation.
b. Conflit
commandant - troupe
L'un des conflits qui nous a le plus marqué est celui
qui oppose le commandant et certains policiers. De nos entretiens et de nos
observations, il se révèle que le conflit dont ces deux couches
font l'objet, aurait comme pomme de discorde une opposition dans la vision du
monde et la perception que les uns et les autres se font du métier
policier. Ce problème de perception touche à la question de
représentation qui sera développée dans les lignes qui
suivent.
En effet, le commandant se considère comme protecteur
du bien et de la discipline du corps. Les policiers considèrent le
commandement comme une source de malheurs et chaque fois, ils sont toujours
arrêtés. D'où paradoxe. Suivons comment les uns et les
autres se considèrent à travers les extraits des entretiens
réalisés auprès d'eux quand ils réagissent à
notre question de savoir comment étaient leurs rapports
réciproques :
« ...vous voyez, cette unité est
constituée des ex Faz, des intellectuels, des Kadogo, des jeunes...mais
je vous assure que nos relations ne sont pas bonnes dans la mesure ou ce qu'ils
font, c'est ce que nous interdisons.(...)ils font la tracasserie,
l'indiscipline lors des patrouilles. Toutes ces activités sont
prohibées par la loi, mais eux ne comprennent pas (...) ils disent que
la population c'est leur « champ. »
Le contenu de cet extrait d'entretiens réalisés
avec `'COBRA'' et `'PITON'' deux cadres du bataillon Police Groupe Mobile
d'Intervention Est nous éclaire sur les causes qui paralysent les
relations entre le chef et certains policiers de cette unité. Le
commandant, quelque soient les conditions de travail, cherche à
sauvegarder la discipline et surtout l'image de la police en
général.
Voyons comment l'extrait de l'entretien réalisé
avec `'KIBAKURI'' élément du même bataillon qui
réagit en ces termes :
« Ici chez nous, il n'ya pas d'autres moyens de
survie en dehors de travailler la nuit comme patrouilleur. Nous faisons la
patrouille sans manger ni être payé et attendre seulement le peu
de la fin du mois ».
En effet, le contenu de cet extrait renforce l'idée
selon laquelle l'opposition entre ces deux groupes repose sur la divergence des
objectifs. Pour les uns il s'agit de protéger et pour les autres il faut
coûte que coûte s'en servir pour répondre aux besoins de
survie.
Apres avoir discouru sur le conflit entre commandant et
certains policiers, parlons de conflit inter troupe.
c. Conflit inter-
troupe
La pression démographique dans le camp ne peut
être sans avoir des effets pervers dans la vie des policiers. Parmi ces
effets, soulignons le tiraillement entre les familles policières. En
effet, dans le Camp préfabriqué il n'y a pas seulement les
policiers du bataillon Groupe Mobile d'Intervention Est qui y habitent ;
mais aussi ceux d'autres unités de la garnison de Lubumbashi. Certains
bâtiments y logent trois a quatre familles. Il arrive que la
collaboration entre ces familles pose problème.
Nous renseigne `'MPITA'' en ces termes : les policiers
ont exprimé la crainte de voir leurs maisons être spoliées
par les « nomades », terme qui désigne les
« suiveurs des chefs » ou les « malanda
ngulu » Voici ce que disent les policiers ayant fait longtemps dans
ce camp de la police : « les nomades » cherchent
à nous spolier nos maisons. Nous leur donnons ce qu'il faut ; ils
désirent de grandes maisons et nous , irons-nous ou ?
Les nomades rétorquent à ce propos ce qui
suit : les « BAKOLO »,terme qui désigne
les policiers ayant fait longtemps dans le camp, nous privent des maisons sous
prétexte qu'il y en a plus. Ils ne veulent pas que nos enfants restent
dans de bonnes conditions ... »
La chanson n'est pas seulement un moyen de communication, mais
aussi c'est un mode de sécurisation.
§.8. CHANSON COMME MODE DE SECURISATION
En temps de guerre tout comme pendant le Maintien de la
Discipline Populaire (MDP) et lors du Maintien et Rétablissement de
l'Ordre Public (MROP), et dans plusieurs circonstances impliquant
l'intervention policière, la Police avertit l'adversaire ou l'ennemi
à travers la chanson.
Cet avertissement est une forme d'alerte et de
démonstration de force. Le but poursuivi est de faire peur à
l'ennemi ou à l'adversaire, mais aussi de le dissuader en vue
d'éviter les affrontements de face à face. C'est en fait un mode
de sécurisation, de dissuasion et de démonstration de force. Ce
qu'avec peu de moyen, la Police peut facilement atteindre l'objectif à
moindre effort. L'ennemi ou les manifestants peuvent fuir devant cette force
de police qui se déploie en usant des chansons effrayant les
concernés.
C'est analogue avec le mouvement `'muleliste'' à
l'époque du premeir régime. Les partisants de cette milice
attaquaient les troupes loyalistes en chantant : `'mulele mayi, mayi''
(mulele l'eau, l'eau ) et les troupes gouvernementales paniquaient et fuyaient
en débandade.
La police aujourd'hui recourt aussi aux chansons pour faire
fuir l'adversaire ou semer la panique ou la terreur dans le chef des
manifestants. C'est comme l'extrait de cette chanson qui tombe à
point :
« Bokima, makila ekopanzana liseki ezalissusu te,
boza batomboki l'Etat ekofite. Bokima, makila ekopaza liseki ezalissusu
te, boza batomboki l'Etat ekofite. » : (fuyez, le sang va couler
car le temps de blague est révolu. Vous êtes des rebelles, l'Etat
est là.)
Cet extrait montre comment la police en tant que force de
dissuasion, avertit les manifestants de se replier puisque son intervention est
musculeuse et est toujours comme l'a constaté Musthipay (2008),
émaillée souvent de bain de sang comme ce fut le cas de
kalukuluku (Lubumbashi). Il en est de même de kawama (Kolwezi) où
nous avions autrefois assisté à la répression des
creuseurs. C'est tout comme la répression des étudiants ou des
marchands pirates. C'est comme l'a si bien montré également
Kalend A Kabamb (2010) en parlant de dispositif sécuritaire dans les
sites miniers d'exploitation artisanal de Lwisha, l'installation du guichet
unique a nécessité la répression des creuseurs qui s'est
soldée par un bain de sang et la victoire des policiers sur les
creuseurs, une manière de montrer la manifestation de la force
régaliènne.
Qu'il s'agisse de kalukuluku, de Kawama, de Mbola ou de la
répression des étudiants, l'intervention policière s'est
toujours accompagnée par les chansons qui constituent un atout
sécuritaire dans le cadre de la persuasion. C'est dans ce contexte que
les chansons constituent un mode de sécurisation.
Que retenir pour ce chapitre ?
Il nous a permis de fixer le contexte de production des
chansons policières, de déterminer les thématiques qui en
découlent pour enfin chuter sur les quelques fonctions que
recèlent les chansons policières. Les principaux résultats
de cette recherche son scrutés d'une manière plus
synthétiques en présentant les grands traits dans la conclusion
générale.
.
CONCLUSION GENERALE
Au terme de notre étude dont l'objet est l'analyse
criminologique des chansons policières lors des rassemblements.
En effet, il a été pour nous question d'analyser
de façon criminologique les messages véhiculés par les
chansons policières.
Pour y arriver, l'approche théorique dite de l'acteur
social dans sa perspective interactionniste est celle que nous avons
mobilisée pour cette étude.
L'observation participante a été
utilisée pour cette fin dans une posture ethnographique. La
méthode ethnographique utilisée dans cette recherche nous a
exigé de passer un temps assez considérable sur terrain en guise
de récolter les données au moment de leur production en occupant
une place de stagiaire au sein du bataillon police Groupe Mobile d'Intervention
Est qui est notre champ d'étude.
Les données ont été analysées
grâce à la méthode d'analyse thématique verticale et
horizontale.
Nos observations et entretiens y ont été
réalisés avec les officiers ainsi que les Agents de Police.
En effet, l'analyse du contenu dans sa perspective
thématique est le moyen de traitement des données auquel nous
avons fait recours pour arriver aux résultats de notre recherche.
De l'interprétation des données, les
résultats suivants ont été faits et méritent
d'être signalés au regard de notre question de départ,
à savoir : « quelle analyse faire des chansons comme mode
d'expression policier ? ». En réponse à cette
question, l'étude révèle trois fichiers ou paniers
relatifs à notre objet, lesquelles sont de natures diverses. Le contexte
de production des chansons, les principales thématiques ainsi que les
fonctions que remplissent ces chansons.
Ø Le premier fichier cerne le contexte de production
des chansons policières. A cet effet, l'exploitation thématique
nous a permis de décortiquer trois contextes cadrant avec les chansons
policières. Il s'agit des contextes de guerre, du maintien et
rétablissement de l'ordre public et enfin le contexte de
réjouissance ou de divertissement.
Ø Le deuxième quant à lui cerne les
principales thématiques véhiculées par les chansons. A ce
sujet, l'étude révèle cinq thèmes tels qu'ils
émanent des chansons policières. C'est notamment l'exaltation de
la toute puissance de la police (police ou métier de pouvoir, police
mosala kitoko, civil ou un peureux ou encore mutu pamba et la concurrence avec
la justice), les conditions policières (police ou métier
difficile, métier de sacrifice, métier de précarité
et de souffrance), la sexualisation des relations (femmes vues par les
policiers et masculinisation de la femme), la toxicomanie(considération
de la drogue, drogue source de courage, un fortifiant et traduit un mauvais
comportement) et enfin l'appel au patriotisme.
Ø Le troisième fichier aborde les fonctions
répertoriées dans les messages véhiculés par les
chansons policières : la fonction communicationnelle, chanson comme
mode de revendication, chanson comme mode d'interpellation, les pamphlets,
fonction éducationnelle, rythmique et artistique ; chanson comme
mode d'expression des sentiments (sentiments de joie, de tristesse, de haine)
et enfin chanson comme mode de sécurisation.
Il importe de faire remarquer que le noyau dur de tous ces
problèmes se situe dans la complexité de tous les facteurs
cités. C'est comme le cas de la chanson qui se conçoit comme un
mode de revendication et d'interpellation policière. Par ailleurs, la
revendication dont les policiers réclament n'est pas autorisée ni
par la loi organique ou le décret n° 002/2002 du 16 Janvier 2002
portant institution, organisation et fonctionnement de la police nationale
congolaise, ni par la constitution de la République Démocratique
du Congo.
Enfin, il faudra retenir que cette étude, loin
d'être complète et parfaite, néanmoins elle s'estime le
mérite d'avoir présenté l'essentiel des différents
messages véhiculés par les chansons policières.
BIBLIOGRAPHIE
I. OUVRAGES
1. ALAIN TOURAINE, Une lumière qui s'allume dans la
nuit sociale, 2010
2. ALBARELLO, L, Apprendre à chercher, Bruxelles, De
Boeck, 2007
3. ALBARELLO, L, Devenir praticien chercheur. Comment
réconcilier la recherche et la pratique sociale, Bruxelles 2004
4. ALBARELLO, et al, Pratiques et méthodes de recherche
en science sociale. Paris, Arman Colin ,1995
5. BEGSON, La perception du changement, 2010
6. BEAUD.S et WEBER, Guide de l'enquête de terrain, la
Découverte, Paris, 2008
7. BLANCHET et WEBER. F, L'enquête et ses
méthodes : entretien, Nathan, Paris 1992
8. CROZIER M et FRIEDBERG, L'acteur et le système,
Paris, éd. Seuil 1997
9. DEBUYST F, Cliniques criminologiques :
modélisations intégratives, évaluations et prise en charge
des auteurs, 2006
10. DENOEL R, Cartes virtuelles, contes et chansons, 2008
11. DEPELTEAU, La démarche d'une recherche en sciences
humaines, 2006
12. F.BALLE, Médias et société, Ed
Monchrestien, 2009
13. FAGET, Paroles de chanson, 2004
14. GOFFMAN, Portrait du sociologue en jeune homme
`interaction'' ,1998
15. GINZANZA J.L, La chanson congolaise moderne, éd.
Harmattan, Paris, 2004
16. L .J CALVET, Pour une linguistique du
désordre et de la complexité, 1987
17. KITA MASANDA. P, La chanson scolaire coloniale,
éd. Harmattan, 2001
18. LAFONTAINE, De plus en plus celtique, la chanteuse
morlaisienne, 1954
19. LA PLATINE, La description ethnographique, Paris,
éd. Armand Colin 2006
20. MOJARDET D, Ce que fait la police. Sociologie de la
force publique, la Découverte, paris,
1996
21. MUCCHIELLI, A, Dictionnaire de Méthode qualitative
en Sciences Humaines, Ed. Armand Colin 2005
22. PAUL LOUIS COURIERS, Epistolier, pamphlétaire,
polémiste, 1998
23. PETIT LAROUSSE ILLUSTRE, Ed. 1998
24. RAYMOND QUIVY et Luc VAN CAMPENHOUDT, Méthodes de
recherche en Sciences Sociales, Ed. Dumond 2006
25. UMBERTO ECO, « Le Cimetière de
Prague », 2007
II. NOTES DE COURS
1. GABIN KABUYA BADY, Introduction Générale
à la Criminologie, Syllabus, L1 ECOCRIM, UNILU 2009
2. NORBERT LUPITSHI et HONORE NGOIE MWENZE,
Méthodologie de la recherche en Criminologie, Syllabus, L1
ECOCRIM, UNILU 2009
3. ILDEPHONSE TSHINYAMA, Histoire et organisation de la
police, Syllabus, L1 ECOCRIM, UNILU 2009
III. MEMOIRES ET THESES
1. ILDEPHONSE TSHINYAMA (2005), La rencontre entre Policiers
et les jeunes « délinquants », mémoire du
Diplôme d'Etudes Approfondies, Lubumbashi, ECOCRIM, UNILU
2. NORBERT LUPITSHI (2009), Les trajectoires de sortie
de la rue des jeunes à Lubumbashi, Lubumbashi, Thèse de Doctorat
en Criminologie, ECOCRIM, UNILU
3. MUTSHIPAYI KABIEBWE R. (2008), Evaluation du mandat
Policier dans le maintien et rétablissement de l'ordre public à
Lubumbashi (expérience de Kalukuluku en 2006), mémoire de
Diplôme d'Etudes Approfondies en Criminologie, Lubumbashi , ECOCRIM,
UNILU.
4. ILDEPHONSE TSHINYAMA (2009), L'observation ethnographique
d'un commissariat à Lubumbashi. Une compréhension des pratiques
policières en contexte Congolais, thèse de doctorat en
Criminologie , Lubumbashi, ECOCRIM, UNILU
5. KALEND A KABAMB GUY (2010), Le dispositif
sécuritaire dans les sites miniers d'exploitation artisanal de Luisha,
mémoire de licence, Lubumbashi, ECOCRIM, UNILU
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION GENERALE
1
CHAP I. CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE
4
§.1. ESQUISSE DEFINITIONNELLE DES CONCEPTS
CLEFS
4
§ 2. QUESTION DE RECHERCHE
5
§ 3. ETAT DE LA QUESTION
7
§ 4. PROBLEMATIQUE
8
§5. INTERET DU SUJET
12
CHAP II . CADRE METHODOLOGIQUE
15
SECTION I : LE SITE D'INVESTIGATION
15
§.1 LE CHOIX DU SITE
15
§.2. LA DESCRIPTION DU SITE DE RECHERCHE
15
§.3. ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DE
L'UNITE
18
1. Organisation
18
2. Fonctionnement
19
SECTION II : DISPOSITIFS
METHODOLOGIQUES
23
§.1. ENTREE SUR TERRAIN
23
1. Echantillon
23
a. La négociation du terrain.
25
b. L'insertion dans un milieu
d'études
26
b .Choix des Techniques
28
§ 3. MISE EN OEUVRE DES TECHNIQUES DE
RECUEIL DES DONNEES
31
1. L'Observation
31
2. Entretien
32
§.4. TECHNIQUE D'ANALYSE DE DONNEES
EMPIRIQUES
35
§.5. ETHIQUE DE RECHERCHE
38
§.6. DIFFICULTES RENCONTREES ET COMMENT LES
CONTOURNER
38
CHAPITRE III. ANALYSE DES CHANSONS COMME MODE
40
D'EXPRESSION POLICIER
40
SECTION I : LES CONTEXTES DE PRODUCTION DES
CHANSONS
41
IDENTIFIES
41
§.1. SITUATION DE GUERRE
41
§.2. SITUATION DU MAINTIEN DE LA DISCIPLINE
POPULAIRE ET DU MAINTIEN ET RETABLISSEMENT DE L'ORDRE PUBLIC
45
§.3. SITUATION DE REJOUISSANCE
(DIVERTISSEMENT ET DETENTE)
48
SECTION II : LES THEMATIQUES
50
§.1. L'EXALTATION DE LA TOUTE PUISSANCE DE LA
POLICE
50
1. Police « un métier de
pouvoir »
50
2. La police : « mosala
kitoko »
51
3. Civil : « un
Perreux »
51
4. Civil : « moto
pamba »
51
5. La concurrence avec les structures de la
justice
52
5.1. La concurrence avec la justice militaire
53
a. Auditorat
militaire « sangsue »
53
b. Auditorat
militaire « maison de discipline »
54
c. Auditorat militaire « lieu de
repos »
55
5.2. Concurrence avec le parquet civil
55
6. La séparation d'avec les siens ou
les proches
56
§2. LA CONDITION POLICIERE
56
1. Police « un métier
difficile »
57
2. La police « un
métier de sacrifice »
58
3. La précarité de la vie
policière
58
4. La souffrance
61
a. Souffrance comme un fait surnaturel
62
b. Souffrance comme un fait religieux
62
§.3. LA SEXUALISATION DES RELATIONS
63
3.1. Les femmes vues par les policiers
63
3.2. La masculinisation de la femme
65
§.4. LA TOXICOMANIE ( la délinquance
policière)
66
1. Quelques considérations sur le
concept `'toxicomanie''
66
2. Drogue comme source de courage
67
3. Drogue comme fortifiant
67
4. Drogue et mauvais
comportement
68
§.5. L'APPEL AU PATRIOTISME
68
SECTION III : QUELQUES FONCTIONS DE CHANSONS
POLICIERES
71
§.1 : LA CHANSON, MODE DE REVENDICATION
POLICIERE
73
§.2. : LA CHANSON COMME MODE
D'INTERPELLATION
76
§. 3. LES PAMPHLETS
« MBWAKELA »
78
§.4. FONCTION EDUCATIONNELLE
80
§.5. FONCTION RYTHMIQUE
81
§.6. FONCTION ARTISTIQUE
81
§.7. CHANSON COMME MODE D'EXPRESSION DES
SENTIMENTS
81
1. Sentiment de Joie
82
2. La chanson dédicacée
83
3. Sentiment de tristesse
84
4. La Conflictualité `'ZUWA''
85
a. Conflit entre les attributions et leur
application
85
b. Conflit commandant - troupe
86
c. Conflit inter- troupe
87
§.8. CHANSON COMME MODE DE SECURISATION
88
CONCLUSION GENERALE
90
BIBLIOGRAPHIE
92
« La chanson comme mode d'expression policier
»
Par NGOY LWAMBA BIN Charles
Commissaire de Police,
- Licencié en philosophie politique de
l'Université de Lubumbashi.
La présente étude examine les chansons
policières entonnée lors des différentes circonstances au
sein du Groupe Mobile d'Intervention Est, GMI-E en sigle. Instrument de
culture, les chansons transmettent le message à la
société, et remplissent plusieurs fonctions :
éducationnelle, artistique, rythmique, culturelle...
Les chansons policières constituent un mode
d'expression des sentiments, un mode de revendication, d'interpellation et de
sécurisation.
Aussi, les chansons sont produites selon les circonstances
et le contexte bien déterminés.
Pour en savoir plus, ce mémoire expose d'une
manière approfondie la chanson comme mode d'expression policier, telle
qu'observée auprès des acteurs concernés.
|