1.5. Symptômes positifs et symptômes
négatifs
Il me semble essentiel de détailler une subdivision,
établie à la suite d'une publication de Strauss, Carpenter et
Bartko (1974), que l'on exerce entre divers symptômes que l'on relie
à deux groupes distincts de symptômes dits positifs et de
symptômes dits négatifs. On regroupe d'un côté les
symptômes positifs témoins d'une désinhibition
fonctionnelle (Bottéro, 2008, p.188) se caractérisant par
une sémiologie productive, par exemple les délires, les
hallucinations, les illusions, les interprétations et les intuitions et
de l'autre côté les symptômes négatifs accompagnant
à l'inverse une restriction fonctionnelle (Bottéro,
2008, p.188) comprenant un émoussement de l'affectivité, une
alogie (difficulté de converser), une avolition (perte
d'intérêt et d'énergie), une anhédonie, une
asocialité et un déficit d'attention (Aucour, 2009, p.7-8). Parmi
les symptômes négatifs,
on distingue les symptômes dits primaires, directement
liés à la maladie et à ses conséquences
pathologiques, des symptômes dits secondaires, liés à des
conséquences neuro-psycho-sociales de la schizophrénie et de ses
traitements, notamment des effets indésirables des neuroleptiques. Les
symptômes négatifs primaires sont soit transitoires lorsqu'ils
sont liés à une décompensation psychotique, soit
permanents lorsqu'ils témoignent d'un déficit neurocognitif ou
neuro-développemental, parfois prémorbide (antédatant le
début de la maladie). Au départ, cette distinction entre
symptômes positifs, en sus du fonctionnement psychique habituel, et
symptômes négatifs, en manque par rapport au fonctionnement
psychique usuel, a été dictée pour des impératifs
de recherche, notamment pharmacologique.
1.6. Formes cliniques
Les formes de schizophrénie les plus fréquemment
rencontrées en clinique et dans les manuels de psychiatrie comprennent :
la schizophrénie paranoïde, la schizophrénie
hébéphrénique ou désorganisée, la
schizophrénie catatonique, la schizophrénie « simple »,
la schizophrénie dysthymique ou schizo-affective, la
schizophrénie pseudopsychopathique (ou
héboïdophrénique), la schizophrénie
pseudo-névrotique, la schizophrénie indifférenciée
et la schizophrénie résiduelle (Aucour, 2004, p.37).
1.6.1 Schizophrénie paranoïde
Elle est reconnue comme la forme la plus répandue et la
plus productive quant à la symptomatologie. Le délire
paranoïde est à l'avant scène du tableau, et cette forme de
schizophrénie débute de manière plus tardive que les
autres, notamment hébéphrénique et catatonique. La maladie
s'installe souvent suite à une ou plusieurs bouffées
délirantes aigües. L'évolution se fait par poussées
dites processuelles, entrecoupées de rémission plus ou moins
complète du délire. Cependant, elle peut aussi présenter
une évolution continue avec incrustation du délire. Cette forme
répond bien aux neuroleptiques et permet au sujet de maintenir une
certaine qualité de vie psychique, malgré des modalités
hallucinatoires intuitives et imaginatives qui envahissent souvent tout le
champ de
conscience de l'individu. La schizophrénie paranoïde
est répertoriée dans le DSM-IVTR (295.30) et dans la
CIM-103 (F20.0).
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