CONCLUSION
Il convient à présent de répondre à
l'hypothèse suivante : la créativité en
musicothérapie auprès de personnes schizophrènes
permet-elle une re-création de soi ?
Au regard des différents éléments
théoriques et cliniques amenés, on tend à penser
qu'effectivement, en musicothérapie, les différentes formes de
créativités (instantanée/sonore et amenée/musicale)
permettent une re-création de soi.
Pour les personnes schizophrènes, l'aïda musical
entre ces deux formes de créativités permet le lien entre l'une
et l'autre. Certaines personnes évolueront en traversant cet aïda
musical, ils passeront de la créativité sonore intérieure
vers l'ouverture musicale à l'autre, se transformant. D'autres personnes
se baladeront périodiquement dans cet aïda, dans une confusion
entre soi et l'autre. Et certains se maintiendront dans une conscience auditive
de soi, sans recherche de l'autre. Néanmoins, toutes, par la fulgurance
d'un son, auront connu la re-création de soi, la projection sonore de
soi, une vibration interne jetée dans le monde par
l'intermédiaire de la musicothérapie.
On aurait pu imaginer ce travail différemment,
peut-être moins philosophique et davantage scientifique. Il aurait
été intéressant de compléter le processus
créatif qui amène l'homme à la création, en ayant
pour support les neurosciences.
L'aspect musicothérapeutique et les différentes
techniques amenant à être créatif pourraient, eux aussi,
être davantage développés. L'improvisation et quelques jeux
nommés ici en font partie, mais il en existe d'autres et de nombreux qui
mériteraient d'être cités et exploités.
La complexité du son, de l'acte musical, de l'acte de
créer, du concept de la schizophrénie et de l'apport de la
phénoménologie ne rendent pas ce sujet aisé, et l'auteur,
maniant avec peu de recul des concepts métaphysiques, s'en excuse.
Néanmoins, la théorie amenant à une réflexion
personnelle est un atout quant à une recréation de soi dans sa
pratique quotidienne, et l'auteur en est conscient. Aussi, au sortir de cette
écriture, se sent-elle prête à être créative
et à poursuivre, peut-être différemment, peut-être
exactement à l'identique, son travail en musicothérapie.
EPILOGUE Sans a priori ni jugement
Un homme tomba dans un trou et se fit mal.
Un cartésien se pencha et lui dit : « Vous
n'êtes pas rationnel, vous auriez dû voir ce trou ».
Un spiritualiste le vit et dit : « Vous avez dû
commettre quelque péché ».
Un scientifique calcula la profondeur du trou.
Un journaliste l'interviewa sur ses douleurs.
Un yogi lui dit : « Ce trou est seulement dans ta
tête, comme ta douleur ». Un médecin lui lança deux
comprimés d'aspirine.
Une infirmière s'assit sur le bord et pleura avec
lui.
Un thérapeute l'incita à trouver les raisons
pour lesquelles ses parents le préparèrent à tomber dans
ce trou.
Une pratiquante de la pensée positive l'exhorta :
« Quand on veut, on peut ! » Un optimiste lui dit : « Vous
auriez pu vous casser une jambe ».
Un pessimiste ajouta : « Et ça risque d'empirer !
»
Puis un enfant passa et lui tendit la main pour l'aider
à sortir...
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