II.2. Présentation de l'estuaire du Fleuve
Sénégal
Né des régions montagneuses guinéennes,
le fleuve Sénégal parcourt 1.700km avant de se jeter en mer au
sud de la ville de Saint Louis par une embouchure unique. Dans sa partie
terminale communément appelée estuaire, le bassin fluvial est
envahi par les eaux marines qui remontent son lit naturel en saison
sèche jusqu'au barrage de Diama avant d'être refoulées par
les eaux de crue en hivernage. I1 faut dire que l'utilisation de la notion
d'estuaire pour le cas spécifique du fleuve Sénégal est
trop controversée.
Selon PRITCHARD (1955) cité par DIA (2000), l'estuaire
est "une zone de mélange entre l'eau douce et l'eau salée".
I1 convient d'ajouter à cette définition trop
simple que le terme d'estuaire recouvre une grande diversité
d'interfaces qui ne sont en aucune façon comparables entre elles.
D'après JOUANNEAU (1981) cité par DIA (2000), la classification
des estuaires se base sur trois critères principaux que sont :
le rapport de compétence du fleuve sur l'énergie
de la marée, la plus ou moins grande maturité de
l'écosystème et la charge solide.
En ce qui concerne le fleuve Sénégal, il faut
signaler que la notion d'estuaire y est discutée par certains
spécialistes en géomorphologie littorale. La controverse
réside en effet sur la nature de la partie terminale du fleuve :
s'agit-il d'un delta ? d'un pseudo-delta ? d'un delta fossile ? ou tout
simplement d'un estuaire ?
DUBOIS (1955) cité par DIA (2000),
défendait la thèse d'un pseudo-delta en soulignant notamment
l'unicité de l'embouchure du fleuve, la présence d'une côte
à peu prés rectiligne, l'intrication entre les dunes
parallèles à la direction générale de
l'écoulement et les bras qui se faufilent dans leurs intervalles et
enfin l'importante remontée de l'eau salée dans le cours du
fleuve.
Pour ce dernier le fleuve Sénégal se termine par
un véritable delta en raison d'une construction alluviale de niveau de
base édifiée dans une nappe d'eau, du colmatage de l'ancien golf
nouackchottien fermé en lagune et l'arrivée des alluvions
jusqu'au au niveau de la côte.
Toutefois nous convenons avec KANE (1997) que le cours
inférieur du Sénégal se termine par un véritable
estuaire. Les raisons pour lesquelles le fleuve se déverse en mer par un
chenal unique sont à rechercher dans le régime hydrologique et
dans le jeu de la dynamique littorale.
Avant l'aménagement du barrage hydro agricole de Diama,
la marée remontait le cours du fleuve jusqu'au village de Diouldé
Diabé à 450 km de l'embouchure, et la langue
salée jusqu'à Podor. La zone estuarienne était alors plus
vaste qu'aujourd'hui. Depuis 1986, elle est limitée en amont par le
barrage de Diama, et en aval par son embouchure caractérisée par
une
extrême mobilité. Ce milieu est constitué
de deux marigots en rive droite en aval du barrage, du Djeuss barré au
niveau de Dakar-Bango, de petits affluents comme le Khor et le Marméal
qui recoupent le Sénégal en amont de Gandiole, du petit bras du
fleuve entre la Langue de Barbarie et l'île de Saint-Louis et enfin du
complexe lagunaire situé entre Saint Louis et Gandiole.
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