2. Niveau d'instruction et langues de communication des
usagers
2.1 Niveau d'instruction
La ville de Touba se distingue par un faible niveau de
scolarisation de sa population. Ce qu'il faut mettre en rapport avec ses
caractéristiques socioreligieuses. L'éducation classique, c'est
à dire celle géré par le l'Etat, ne semble pas trop
enchanté les autorités religieuses de la ville. Au mois d'avril
de cette année, lors de la deuxième assemblée
générale du Réseau Africain de la campagne de
l'éducation pour tous (Ancefa), le Président de la
République annonçait à l'assistance la
décision qui a été prise par le khalife
générale des mourides, Serigne Bara Mbacké, d'accompagner
l'école sénégalaise. Ce en autorisant
l'édification d'établissements scolaires classiques dans la
ville. Pour Mr. Abdoulaye Wade, cet acte traduit une
« véritable révolution » qui va permettre
à la ville d'être au rythme des objectifs de l'Education pour
tous (Ept). C'est le Ministre de L'Education chargé du
préscolaire, de l'élémentaire et du moyen qui a transmis
au Chef de L'Etat cette information, suite à un entretient que lui a
accordé le khalife. Cependant cet espoir des autorités
étatiques d'intégrer Touba dans leur système
éducatif n'aura été que de courte durée. En effet
aussitôt après cette annonce du Chef de l'Etat, le khalife
général des mourides s'est lui-même chargé d'y
apporter un démentit formel, en rappelant qu'il se situe dans le
sillage de ses prédécesseurs et qu'il reste plus que jamais
déterminé à combattre cette forme d'enseignement. Cette
déclaration du khalife illustre parfaitement la
«méfiance » des autorités de la ville vis à
vis de l'école française. En outre, elle trouve une explication
dans le fait que ce type d'éducation est assimilé par la
communauté mouride à la civilisation occidentale. Or ce sont ces
occidentaux qui ont fait subir à Bamba de nombreux exils et
déportations qui l'on pendant longtemps éloigné de sa
famille et de sa cité bénite, Touba.
Cependant, au sein de la population
« toubienne » la volonté d'emmener son enfant
à l'école française semble bien réelle comme en
atteste les effectifs pléthoriques des établissements scolaires
présentes tout autour de la ville. Sous ce rapport, il n'est pas
surprenant de retrouver dans l'échantillon d'internautes certains qui
n'ont fréquenté que l'école française ou
l'école coranique, d'aucuns qui ont fréquenté tous ces
deux types d'établissements scolaires, et d'autres qui n'ont
reçus aucune formation.
Figure n° 2 : Les principaux types
d'établissements scolaires fréquentés par les usagers
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Source : Paul Diouf, enquête de terrain,
2009
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La figure n°2 tente une répartition des
internautes en fonction du type d'établissement scolaire
fréquenté. Son examen permet de saisir que les
établissements scolaires classiques (écoles françaises)
sont fréquentés par une partie de l'échantillon (20%).
Ces écoles combinent souvent l'enseignement du français à
celui de l'arabe ; ce qui fait qu'on les surnomme franco-arabe. Les
écoles coraniques encore appelés daaras sont aussi des
établissements scolaires fréquentés par 10% des
internautes. En plus d'être des structures scolastiques où l'on
enseigne les rudiments du Saint Coran, de la tradition islamique et de la
langue arabe, les daaras constituent également à Touba des lieux
où on inculque au jeune adepte mouride les fondements de base de sa
confrérie (le respect du ndiguel, le travail, la soumission au
marabout..). Leur nombre ne cesse d'augmenter dans cette ville, on n'en
dénombre presque un dans chaque quartier. Ce qui témoigne du
réel enthousiasme dont ils jouissent d'abord auprès des
autorités de la ville et ensuite auprès d'une certaine frange de
la population. C'est du moins ce qui explique le fait que ce type
d'éducation soit associé par 48% des usagers à celui du
français.
Le niveau d'instruction le plus fréquent chez ces
internautes de Touba est de loin le secondaire (66%) suivi respectivement par
le primaire (22%) et le supérieur (12%).
Les internautes qui n'ont reçus aucune formation
occupent également une place relativement importante dans notre
échantillon, 28%. Ces derniers sont donc en marge des
établissements scolaires classiques d'acquisition des savoirs de bases
que sont l'écriture, la lecture et le calcul. Pourtant cette situation
ne les empêche point d'être des acteurs de la société
de l'information c'est-à-dire des usagers du « réseau
des réseaux ».
2.2 Langue de communication des usagers
Figure n° 3 : Les principales langues parlées des
usagers
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Source : Paul Diouf, enquête de terrain,
2009
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Les langues de communication des usagers concernent celles
qu'ils parlent et écrivent. Elles jouent un rôle
déterminant dans l'utilisation d'Internet, technologie qui utilise
l'écrit comme support principal. La figure n° 3
révèle que le wolof est de loin la première langue
parlée par les internautes suivi respectivement par le français,
l'arabe et l'anglais. Les autres langues locales du pays (sérère,
bambara, toucouleur, peulh et diola) sont peu utilisées par les
internautes. Il en est de même pur les autres langues
étrangères que sont l'espagnole, le portugais et l'italien. Toute
fois, même si le wolof demeure la principale langue parlée de la
majorité de l'échantillon, il semble que son utilisation par
écrit pose d'énormes difficultés aux usagers. En effet la
figure n° 4 montre qu'aucun d'entre eux n'est en mesure d'écrire
cette langue. D'ailleurs aucunes des langues locales du pays n'est
citées parmi les langues que les internautes savent écrire. Ce
sont donc les langues étrangères qui constituent les principales
langues de communication par écrit des usagers. Celles-ci sont par ordre
d'importance le français, l'arabe, l'anglais, l'espagnole et l'italien.
Figure n° 4 : Les principales langues écrites des
usagers
Source : Paul Diouf, enquête de terrain,
2009
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En somme, on peut retenir que ces internautes parlent aussi
bien les langues locales qu'étrangères mais rare sont ceux
d'entre eux qui parviennent à les écrire, surtout les locales. Et
il y a même des internautes qui ne savent écrire aucune langue
(quelles soit locale ou étrangère). Cette situation
reflète bien la composition hétéroclite de
l'échantillon, constituée d'individus alphabétisés
et d'autre qui n'on été dans aucune structure scolastique
permettant d'acquérir les savoirs de bases.
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