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Internet à  Touba: approche géographique des usages du réseau dans les cybercafés de la ville

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par Paul Marie Benoit Mamadou DIOUF
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise 2009
  

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2. Niveau d'instruction et langues de communication des usagers

2.1 Niveau d'instruction

La ville de Touba se distingue par un faible niveau de scolarisation de sa population. Ce qu'il faut mettre en rapport avec ses caractéristiques socioreligieuses. L'éducation classique, c'est à dire celle géré par le l'Etat, ne semble pas trop enchanté les autorités religieuses de la ville. Au mois d'avril de cette année, lors de la deuxième assemblée générale du Réseau Africain de la campagne de l'éducation pour tous (Ancefa), le Président de la République annonçait à l'assistance  la décision qui a été prise par le khalife générale des mourides, Serigne Bara Mbacké, d'accompagner l'école sénégalaise. Ce en autorisant l'édification d'établissements scolaires classiques dans la ville. Pour Mr. Abdoulaye Wade, cet acte traduit une « véritable révolution » qui va permettre à la ville d'être au rythme des objectifs de l'Education pour tous (Ept). C'est le Ministre de L'Education chargé du préscolaire, de l'élémentaire et du moyen qui a transmis au Chef de L'Etat cette information, suite à un entretient que lui a accordé le khalife. Cependant cet espoir des autorités étatiques d'intégrer Touba dans leur système éducatif n'aura été que de courte durée. En effet aussitôt après cette annonce du Chef de l'Etat, le khalife général des mourides s'est lui-même chargé d'y apporter un démentit formel, en rappelant qu'il se situe dans le sillage de ses prédécesseurs et qu'il reste plus que jamais déterminé à combattre cette forme d'enseignement. Cette déclaration du khalife illustre parfaitement la «méfiance » des autorités de la ville vis à vis de l'école française. En outre, elle trouve une explication dans le fait que ce type d'éducation est assimilé par la communauté mouride à la civilisation occidentale. Or ce sont ces occidentaux qui ont fait subir à Bamba de nombreux exils et déportations qui l'on pendant longtemps éloigné de sa famille et de sa cité bénite, Touba.

Cependant, au sein de la population « toubienne » la volonté d'emmener son enfant à l'école française semble bien réelle comme en atteste les effectifs pléthoriques des établissements scolaires présentes tout autour de la ville. Sous ce rapport, il n'est pas surprenant de retrouver dans l'échantillon d'internautes certains qui n'ont fréquenté que l'école française ou l'école coranique, d'aucuns qui ont fréquenté tous ces deux types d'établissements scolaires, et d'autres qui n'ont reçus aucune formation.

Figure n° 2 : Les principaux types d'établissements scolaires fréquentés par les usagers

 

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

La figure n°2 tente une répartition des internautes en fonction du type d'établissement scolaire fréquenté. Son examen permet de saisir que les établissements scolaires classiques (écoles françaises) sont fréquentés par une partie de l'échantillon (20%). Ces écoles combinent souvent l'enseignement du français à celui de l'arabe ; ce qui fait qu'on les surnomme franco-arabe. Les écoles coraniques encore appelés daaras sont aussi des établissements scolaires fréquentés par 10% des internautes. En plus d'être des structures scolastiques où l'on enseigne les rudiments du Saint Coran, de la tradition islamique et de la langue arabe, les daaras constituent également à Touba des lieux où on inculque au jeune adepte mouride les fondements de base de sa confrérie (le respect du ndiguel, le travail, la soumission au marabout..). Leur nombre ne cesse d'augmenter dans cette ville, on n'en dénombre presque un dans chaque quartier. Ce qui témoigne du réel enthousiasme dont ils jouissent d'abord auprès des autorités de la ville et ensuite auprès d'une certaine frange de la population. C'est du moins ce qui explique le fait que ce type d'éducation soit associé par 48% des usagers à celui du français.

Le niveau d'instruction le plus fréquent chez ces internautes de Touba est de loin le secondaire (66%) suivi respectivement par le primaire (22%) et le supérieur (12%).

Les internautes qui n'ont reçus aucune formation occupent également une place relativement importante dans notre échantillon, 28%. Ces derniers sont donc en marge des établissements scolaires classiques d'acquisition des savoirs de bases que sont l'écriture, la lecture et le calcul. Pourtant cette situation ne les empêche point d'être des acteurs de la société de l'information c'est-à-dire des usagers du « réseau des réseaux ».

2.2 Langue de communication des usagers

Figure n° 3 : Les principales langues parlées des usagers

 

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

Les langues de communication des usagers concernent celles qu'ils parlent et écrivent. Elles jouent un rôle déterminant dans l'utilisation d'Internet, technologie qui utilise l'écrit comme support principal. La figure n° 3 révèle que le wolof est de loin la première langue parlée par les internautes suivi respectivement par le français, l'arabe et l'anglais. Les autres langues locales du pays (sérère, bambara, toucouleur, peulh et diola) sont peu utilisées par les internautes. Il en est de même pur les autres langues étrangères que sont l'espagnole, le portugais et l'italien. Toute fois, même si le wolof demeure la principale langue parlée de la majorité de l'échantillon, il semble que son utilisation par écrit pose d'énormes difficultés aux usagers. En effet la figure n° 4 montre qu'aucun d'entre eux n'est en mesure d'écrire cette langue. D'ailleurs aucunes des langues locales du pays n'est citées parmi les langues que les internautes savent écrire. Ce sont donc les langues étrangères qui constituent les principales langues de communication par écrit des usagers. Celles-ci sont par ordre d'importance le français, l'arabe, l'anglais, l'espagnole et l'italien.

Figure n° 4 : Les principales langues écrites des usagers

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

En somme, on peut retenir que ces internautes parlent aussi bien les langues locales qu'étrangères mais rare sont ceux d'entre eux qui parviennent à les écrire, surtout les locales. Et il y a même des internautes qui ne savent écrire aucune langue (quelles soit locale ou étrangère). Cette situation reflète bien la composition hétéroclite de l'échantillon, constituée d'individus alphabétisés et d'autre qui n'on été dans aucune structure scolastique permettant d'acquérir les savoirs de bases.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote