La prévention des conflits dans la dynamique de l'intégration sous-régionale en Afrique centrale( Télécharger le fichier original )par Abel Hubert MBACK WARA Université de Yaoundé II-Soa - DEA/Master II en Science Politique 2006 |
Paragraphe 8 : La crise Santoméenne de Juillet 2003Le coup d'Etat qu'a connu la presqu'île de Sao Tome et Principe n'est pas très différend de ceux qui ont traversé le reste de la sous-région. Il est mu par les mêmes considérations et par le même type d'acteurs. A l'origine de ce coup d'Etat, on retrouve l'extrême pauvreté de la majorité de la population et la prégnance de malversations visant à fausser le jeu politique. En fait, Sao Tomé et Principe, une ancienne colonie portugaise d'environ 140 000 habitants, est constituée de plusieurs îles situées au large de l'Afrique de l'Ouest dépendant essentiellement de l'aide internationale et de l'agriculture, et où le revenu moyen est de 280 dollars par an31(*). Comme on peut le voir, le pays croule sous une misère prégnante. Mais, en face de cette misère extrême, on trouve aussi une richesse extrême, détenue par une poignée de personnes qui conservent le pouvoir. Au surplus, il est fait état de quelques malversations visant à bloquer ou détourner le fonctionnement des institutions démocratiques. Enfin, la découverte de nombreux gisements pétroliers dans ce pays a eu pour effet d'aiguiser les appétits des nationaux partisans de la méthode forte, et des états voisins qui entrevoient ici une cause de projection dans cette presqu'île. En effet, de grandes compagnies pétrolières, dont Exxon Mobil et Royal Dut Shell, tout comme le Nigeria, s'intéressent à l'exploitation de cette zone. Dans les fait, on observe une cassure politique entre le pouvoir et le peuple, cassure accentuée par les facteurs socio-économiques énoncés plus haut. A titre d'illustration, le Président, Fradique de Menezes, a dissout en janvier 2003 le Parlement, en raison d'un désaccord sur le droit de négocier des contrats d'exploitation avec les compagnies pétrolières. Le Parlement a repris ensuite ses activités, mais une nouvelle querelle a éclaté après que le Président eut affirmé avoir utilisé, pour sa campagne, de l'argent que lui aurait versé une compagnie pétrolière. Dans le cours de l'année 2003, le pouvoir en place devra faire face à plusieurs incidents, des émeutes qui constituent en fait des manifestations de la grogne et du mécontentement des populations. Le mouvement d'humeur atteint son paroxysme le 16 juillet 2003, lorsque, profitant de l'absence du Président Fradique de Menezes en visite privée au Nigeria, des putschistes, dirigés par le Chef du Centre d'Instruction Militaire de Sao Tomé, le Major Fernando Pereira connu sous le nom de « Cobo », ont pris le pouvoir sans effusion de sang certes, mais de façon antidémocratique. Le plaisir de cette junte sera de très courte durée car elle tombera sous le coup de la critique internationale et sous la pression des institutions internationales, avec en première place l'action en diplomatie préventive de la DAPD du COPAX, ce qui finira par aboutir à une restauration de la légalité constitutionnelle. * 31 Source : Estimation CEEAC |
|