Paragraphe 7 : La
rébellion Tchadienne
L'histoire politique de la république Tchadienne
semble être l'une des plus tumultueuse d'Afrique centrale, marquée
qu'elle est par la récurrence des rébellions et la
fréquence des coups d'Etats. En fait, à l'exception de
François Tombalbaye, le premier Président de cet Etat, tous ses
dirigeants ont employé la voie des armes pour parvenir au pouvoir.
Devenu République autonome en 1958, le Tchad accéda à
l'indépendance le 11 août 1960, sous la présidence de
François Tombalbaye qui est assassiné en 1975. Après
l'assassinat de Tombalbaye, le pouvoir échoit au général
Félix Malloum, lui-même renversé par Goukouni Oueddei
à la suite de la première bataille de Ndjamena en 1979. En 1980,
la seconde bataille de Ndjamena permit à Goukouni Oueddei
d'évincer son rival, Hissène Habré. En 1982, Goukouni
Oueddei est renversé à son tour par Hissène Habré.
En 1990, Hissène Habré fut chassé du
pouvoir par Idriss Déby Itno. L'arrivée au pouvoir du MPS
(Mouvement Patriotique du Salut), d'Idriss Déby va inaugurer un nouveau
cycle de la vie politique tchadienne. Il annonce très rapidement la
nécessité de rompre avec les vieilles habitudes des partis
uniques et des seigneurs de guerre, prend des mesures de libéralisation,
dissout la Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS),
la police politique crée par son prédécesseur
Hissène Habré et crée une commission d'enquête sur
les crimes de ce dernier. Il annonce la rédaction d'une nouvelle
constitution et fait formellement adopter le multipartisme en octobre 1991.
Toutes ces mesures ne suffiront pourtant pas à
dégriser l'atmosphère politique : dans les faits, les
pouvoirs du président restent immenses et inégalés et on
assiste à un foisonnement de groupes d'opposition armée dont les
plus représentatifs sont l'Union des Forces pour la Démocratie et
le Développement(UFDD) de Mohamad Nourri, le Rassemblement des Forces
pour le Changement (RFC) de Timan Erdimi et de son frère, tous deux
d'ethnie Zaghawa étant neveux d'Idriss Déby, le Front Uni pour
le Changement (FUC) et l'UFDD-fondamentale dirigée par Makaye. En fait,
le déséquilibre dans la répartition des pouvoirs et la
duplicité dans la pratique démocratique ne sont pas les seuls
facteurs explicatifs de l'instabilité qui prévaut au Tchad car,
elle est renforcée par la prégnance d'une corruption abyssale, de
la pauvreté, du favoritisme et du néo-patrimonialisme. Une autre
raison de l'instabilité tchadienne est à rechercher dans
l'antagonisme avec le soudan voisin qui se traduit par une guerre par
procuration, que se livrent ces deux pays. Ainsi, Le Tchad soutiendrait les
rebelles au régime de Khartoum, alors que le Soudan servirait de base
arrière aux opposants d'Idriss Déby. Dans cette guerre non
conventionnelle, le Tchad semble bénéficier du soutien de la
France, des Etats-Unis et de la Libye, face au Soudan soutenu par l'Iran et la
Chine.
Malgré quelques initiatives qui, du reste, ne tendent
qu'à assurer la sécurité des réfugiés dans
la zone frontalière Tchad/Soudan/RCA, l'instabilité reste
prégnante au Tchad et appelle encore une intervention opportune du
COPAX.
|