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La prévention des conflits dans la dynamique de l'intégration sous-régionale en Afrique centrale

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par Abel Hubert MBACK WARA
Université de Yaoundé II-Soa - DEA/Master II en Science Politique  2006
  

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Paragraphe 2  : Le conflit Burundais

Le conflit Burundais, tout comme le génocide du Rwanda voisin, résulte de la manipulation par la puissance coloniale et les gouvernements post-coloniaux, du facteur ethnique dans le cadre d'une politique de gestion hégémonique et démagogique du pays. C'est que l'histoire coloniale du Burundi, comme celle de l'Afrique en général, est faite de la manipulation et de la création de différences entre les peuples, là où elles sont le moins apparentes, voire inexistantes26(*).

Historiquement, le peuple Barundi, composé des Bahutu, des Batutsi et des Batwa se reconnaissait dans une communauté de langue, le Kirundi, qui véhicule un riche patrimoine culturel commun, la même sagesse et la même vision du monde. Avant la colonisation, les Barundi avaient une communauté de religion. Ils croyaient à un être supérieur «Imana» créateur, dispensateur de vie, maître du monde et de tous les êtres qui s'y trouvent. Ils célébraient le culte du Kiranga avec la cohésion caractéristique de tous ceux qui partagent une même religion27(*). Il aurait donc été probant, lorsqu'on sait que Bahutu, Batutsi et Batwa ont une même culture et qu'une ethnie s'identifie entre autre par sa culture et sa tradition, de convenir que l'usage du terme "ethnie" pour distinguer ces identités est inadéquat. Mais, les colons belges qui arrivèrent au Burundi en 1919 et qui furent émerveillés par l'organisation de la monarchie en conclurent à l'existence d'une race ou une ethnie supérieure qui ne pouvait être faite que pour diriger les autres. Ils projetèrent donc sur les tutsis le fantasme d'origine hamite qui participa à façonner l'imaginaire différentiel des ethnies. La première conséquence de cette classification fut la partialité dans l'accès à l'éducation de plus de tutsis que d'hutus, créant ainsi la première différenciation sociale entre les élites. L'arme de la division ethnique fut également utilisée et de façon déterminante par les colons contre les leaders nationalistes, afin de mater les velléités indépendantistes qui se manifestèrent dans les décennies 50 et 60 tant au Burundi qu'au Rwanda et au Congo voisins. De même, une partie de l'élite post-indépendance au Burundi fit un usage récurrent de l'arme du « diviser pour régner » comme moyen d'accès et de conservation du pouvoir. La conséquence la plus catastrophique de l'usage de ce mode de domination fut la radicalisation de la haine qui aboutit au massacre des Hutus en 1973 et à celui des Tutsis en Octobre 1993, date constituant le point de départ du conflit objet de notre étude.

Les négociations entreprises en vue de résoudre la crise ont abouti aux Accords de paix du 28 août 2000. Ces Accords prévoyaient un Gouvernement de transition avec deux présidents, l'un issu du FRODEBU (parti à majorité hutu) et l'autre de l'UPRONA (parti à majorité tutsi). Le Gouvernement de transition avait pour mission de rédiger une nouvelle Constitution avec les factions rebelles, et d'organiser de nouvelles élections démocratiques. Mais, le 7 juillet 2003,  les Forces Nationales de Libération (FNL), mouvement rebelle Hutu, lancent une attaque sur Bujumbura. Les combats avec les forces gouvernementales, qui durent une semaine, sont extrêmement violents, faisant plus de 200 morts, et marquent une nouvelle escalade dans la guerre civile du Burundi.

Le 16 novembre 2003, réunis à Dar es Salaam en Tanzanie, des dirigeants africains de la région donnent trois mois aux Forces Nationales de Libération (FNL) pour entamer des discussions de paix avec les autorités du Burundi. Les rebelles Hutus rejettent l'ultimatum, et multiplient les attaques contre plusieurs quartiers de Bujumbura.

Le 5 janvier 2004, les rebelles hutus Burundais des Forces Nationales de Libération (FNL), dernier mouvement en guerre contre le Gouvernement de transition du Burundi, acceptent de négocier avec le Président Burundais Domitien Ndayizeye, mettant ainsi un point final à près d'une décennie de violences. Au cours de la même année, une nouvelle Constitution est rédigée collégialement avec l'UPRONA, le FRODEBU et le CNDD-FDD. Cette Constitution prévoit un Gouvernement ouvert à toutes les composantes ethniques. Il comprend au plus 60% de ministres et vice-ministres hutus et au plus 40% de ministres et vice-ministres tutsis. . Il est précisé que ce gouvernement doit inclure un minimum de 30% de femmes. Le Ministre de la Défense et le Ministre de l'Intérieur doivent être d'une ethnie différente. L'article 164 de la nouvelle Constitution stipule que « l'Assemblée nationale est composée d'au moins cent Députés à raison de 60% de hutu et de 40% de tutsi, y compris un minimum de 30% de femmes élues au suffrage universel direct, et de trois députés issus de l'ethnie Twa (Pygmées) cooptés conformément au code électoral ». Le 1er Alinéa du même Article précise que « si les résultats des votes ne reflètent pas les pourcentages susvisés, il sera procédé au redressement des déséquilibres par cooptation ». Malgré l'appel de certains politiciens à boycotter cette nouvelle Constitution, elle a été adoptée par référendum populaire à plus de 90% de « OUI » le 28 mars 2005 et est ainsi entrée en vigueur.

* 26 Source : « Burundi guerre et paix » in Afrique XXI Publié le samedi 7 septembre 2002

* 27 Source : http://www.netpress.bi/hist/hstr.htm

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