Paragraphe 3 :
L'intégration
Ainsi que nous l'avons vu un peu plus haut, le
phénomène d'intégration a fait l'objet d'une abondante
théorisation. Aussi, au moment d'arrêter une conception commune,
nous procèderons non par opposition mais plutôt par
dépassement des clivages entre les différentes approches alors
dénuées de leurs limites respectives pour aboutir à un
concept nouveau qui puisse, selon nous, mieux rendre compte de la
réalité que nous envisageons. Pour ce faire, nous nous appuierons
sur Madeleine Grawitz qui, dans son Lexique des sciences sociales,
attribue deux sens au terme intégration :
D'une part, elle décrit l'intégration comme
étant un état du système social. Une société
sera considérée comme intégrée si elle est
caractérisée par un degré élevé de
cohésion sociale. A l'intégration, on oppose donc l'anomie ou la
désorganisation sociale.
D'autre part, elle pense que l'intégration
désigne la situation d'un individu ou d'un groupe qui est en interaction
avec les autres groupes ou individus (sociabilité), qui partage les
valeurs et les normes de la société à laquelle il
appartient. A l'intégration, on oppose donc la marginalité, la
déviance, l'exclusion.
En rapportant cette définition, qui, pour nous,
à le mérite de tenir compte de la convergence des théories
à laquelle nous aspirons, à la réalité
sous-régionale, l'intégration apparaît pour nous comme un
processus de fédération d'entités nationales ou
étatiques distinctes passant par la création ou l'instauration
d'institutions politiques communes et aboutissant à la naissance d'une
identité culturelle, politique et sociale nouvelle. Nous pensons
particulièrement que le processus d'intégration apparaît
ainsi comme résultant de la concomitance de plusieurs courants dont les
plus significatifs sont les courants culturel, fonctionnel, et
sécuritaire.
a) Le courant culturel
Le courant culturel est constitué par l'ensemble des
représentations des symboles et des intentions qui permettent et qu'ils
soutiennent l'existence d'une identité culturelle. A la suite de Karl
Deutsch, nous pensons que ce courant se crée et est entretenu par la
fréquence des échanges de tous ordres entre les
sociétés nationales. Ce courant à pour aboutissement une
culture commune faite de représentations et de conceptions communes
à toutes les populations de la sous-région.
b) Le courant fonctionnel
Ce courant constitue un autre axe majeur du processus
d'intégration. Il consiste, pour nous, en la mise en commun par les
chefs d'Etat et de Gouvernement de certaines matières dont une meilleure
gestion est garantie par des initiatives communes. Nous nous inscrivons dans ce
sens à la suite des théories fonctionnalistes et
néo-fonctionnalistes en posant que certaines matières telles la
gestion des espaces et des ressources naturels communs, le marché
sous-régional, ne peuvent être efficacement administrées
que par des instances concertées ou communautaires. Ainsi, la
collaboration dans des matières techniques rapproche les acteurs par
l'adoption de normes et de règles de gestion communes et contribue
à l'instauration d'une culture commune.
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