ü Le don américain
· Historique et importance
A l'instar du Japon, les Etats Unis apportent une assistance
alimentaire en riz à la République du Bénin. En plus du
riz, l'huile comestible, le blé et la farine de blé sont
également importés. C'est le Catholic Relief Services (CRS) qui
en assure la gestion. La structure s'est implantée au Bénin
depuis 1958. Pour ce qui concerne le riz, l'assistance alimentaire comporte
deux volets à savoir la distribution alimentaire et la
monétisation (vente de vivres). Si le programme de distribution
alimentaire date de plusieurs décennies, celui de la monétisation
n'a commencé qu'en 2001 pour une durée de cinq (5) ans.
Pour chacune des deux composantes, les volumes importés
varient très faiblement d'une année à l'autre. La
distribution alimentaire s'élève à environ 500 tonnes par
an. S'agissant de la monétisation, l'opération s'effectue sur
toute l'année. Son volume moyen est de 9000 tonnes par
an. La totalité de ces importations (monétisation et distribution
alimentaire) faisait près du tiers de la production nationale en
2000.
· Gestion des dons de riz
américain
Les bénéficiaires du programme de distribution
alimentaire sont principalement les écoles sous formes de cantines
scolaires destinés à assurer la fréquentation de
l'école par les enfants et à limiter les déperditions au
cours du cursus scolaire. Quant à la monétisation des vivres
reçus en aide, elle constitue un mécanisme de satisfaction des
besoins de fonds pour la réalisation des objectifs de
développement et un moyen de développement des capacités
des entreprises locales. Ainsi, les bénéficiaires sont les
sociétés, les associations et les groupements. Pour la vente, le
CRS lance un appel d'offre et c'est la structure la plus offrante qui est
retenue. On en déduit que la gestion des aides alimentaires
américaines est entièrement sous le contrôle du CRS.
ü Impact des dons et aides alimentaires sur la
riziculture locale
La monétisation des vivres reçus en aide
constitue un mécanisme de satisfaction des besoins de fonds pour la
réalisation des objectifs de développement et un moyen de
développement des capacités des entreprises locales. Ainsi, les
bénéficiaires sont les sociétés, les associations
et les groupements les plus offrants. Pour chacune des deux composantes, les
volumes importés varient très faiblement d'une année
à l'autre. Ces dons et aides alimentaires contribuent à combler
le déficit alimentaire en riz de la population. Cependant, leur
incidence sur la population agricole en particulier et sur le
développement du Bénin en général est loin
d'être négligeable. En effet, les risques et incidences à
court et à long terme sont nombreux. Ils se présentent comme suit
:
A court terme
o Discrimination sociale car un petit nombre de personnes
s'accaparent de la plus grande quantité qu'ils revendent sur les
marchés urbains et régionaux ;
o concurrence déloyale du don du riz vis-à-vis
du riz local. En effet, le don du riz est plus compétitif que le riz
local car il coûte deux fois moins cher que le riz local et il est vendu
à un prix inférieur au coût de production du riz local qui
est de 158 F/Kg ;
o manque de débouchés à
l'intérieur pour l'écoulement du riz local ;
o mévente de la part des producteurs nationaux ;
o bradage du riz local par les producteurs ;
o baisse des revenus des producteurs et productrices qui
s'adonnent particulièrement à cette culture ;
o manque de volonté pour l'investissement dans la
filière ;
o détérioration des conditions de vie des
populations rurales.
A long terme
o Découragement des riziculteurs ;
o découragement des efforts accomplis par les projets
et programmes de développement de la filière riz dont les effets
risquent d'être négligeable voire nul sur la vie des
producteurs ;
o baisse de la production locale du riz et des revenus des
producteurs ;
o faible valorisation des potentialités rizicoles
existantes ;
o insécurité alimentaire due à
l'incapacité du Bénin à faire face à la demande
locale en cas de suspension soudaine des dons et aides ;
o augmentation du degré de dépendance du
Bénin voire une souveraineté
nationale hypothéquée durablement ;
o agrandissement des inégalités entre les hommes
et les femmes car les femmes tirent une bonne partie de leurs revenus à
partir de la riziculture ;
o faible diversification agricole avec comme
conséquence le renforcement de la dépendance du pays à
l'égard de la monoculture ;
o problème sanitaire car la plupart des aides et dons
alimentaires sont constitués de réserves alimentaires datant de
plusieurs années et pourraient être de qualité
douteuse ;
o élargissement du déficit de la balance
commerciale et donc un produit intérieur brut de plus en plus faible.
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