Application du modele systeme de depense lineaire sur le riz au benin( Télécharger le fichier original )par Djalalou-Dine A.A. Arinloye Universite d'Abomey-Calavi, FSA/UAC Benin - Ingenieur Agro-Economiste 2006 |
2-2- Les importations commerciales de riz au BéninEn dépit de l'évolution remarquable observée dans la production de riz ces dernières années, le Bénin n'a pas encore atteint l'autosuffisance alimentaire en riz. La présence du riz local dans les grands centres de consommation est marginale et ne représente que 10 à 15% des importations de riz (Abiassi, 2006). Ainsi pour combler le déficit du solde vivrier, le Bénin a recours chaque année aux importations par le biais des entreprises importatrices dont cinq mobilisent la quasi-totalité des quantités importées. Il s'agit de SHERIKA, ABC, SONAM, DIFEZI et TUKIMEX qui agissent comme des oligopoles régionaux avec une forte influence sur les prix. Les importations commerciales du riz au Bénin proviennent des pays asiatiques (Inde, Chine, Pakistan, Japon, Thaïlande, Viêtnam, Hong-Kong, etc.), des pays européens (Espagne, France, Danemark, Italie, Royaumes Unis, Belgique etc.), des Etats-Unis d'Amérique et de certains pays africains (Côte d'Ivoire, Togo, Egypte, etc.). Les différents types de riz importés sont le riz non décortiqué (paddy), le riz décortiqué (cargo ou brun), le riz semi blanchi et le riz brisé. Le Bénin importe globalement une cinquantaine de marques de riz qu'on peut répertorier en trois grandes catégories en tenant compte des critères de la douane à savoir : - la couleur, (riz blanc ; riz jaune ou riz étuvé) ; - le parfum ; - les taux de brisures (5%, 10%, 15%, 30 % etc.). Selon les données de la douane, la première catégorie représenterait 80% des volumes de riz importé en 2000 et 2001 contre moins de 15 % pour le riz en brisures. Les enquêtes conduites en Février 2003 par le LARES ont permis de dénombrer sur le marché de Cotonou, porte d'entrée des importations, la présence de 55 différentes marques de riz pour un éventail de 12 qualités. Il est important de noter qu'en 2000, les importations commerciales faisaient encore plus du double de la production nationale en volume. Pire encore, à partir de la même année, on constate une croissance progressive du niveau des importations d'environ 48% en volume et de 60% en valeur par an en moyenne. Les dépenses d'importation sont passées d'environ 12 millions de dollars à 20 millions de dollars entre 2000 et 2002. En somme, la tendance observée pour les importations du riz au Bénin n'est pas loin de celle observée pour les exportations au niveau international. De manière précise, le premier exportateur de riz (la Thaïlande) sur le plan mondial est aussi le premier fournisseur du Bénin. 2-3- La réexportation du riz au BéninEn dehors des importations supposées être destinées à la consommation sur le territoire national, le Bénin constitue aussi une zone de transit par excellence. En effet, un volume non négligeable du riz transite par le Bénin à destination des pays voisins (Burkina Faso, Nigeria, Niger, Togo). Les statistiques de la réexportation doivent être considérées avec une grande prudence compte tenu de la perméabilité de nos frontières et donc du volume important des transactions avec le Nigeria qui échappent aux statistiques officielles. Si les flux de réexportation vers le Nigeria ont représenté en 2001 près de 50 000 tonnes, ils sont loin des volumes réexportés au milieu des années 1990 où ils pouvaient atteindre 300 000 tonnes. D'une manière générale, trois principaux facteurs sont à la base de la réexportation de produits tels que le riz en direction du Nigeria : - tout d'abord, les divergences dans les politiques commerciales (surtout tarifaires) entre le Nigeria et le Bénin ; - ensuite, les volumes importés directement au Nigeria sont parfois insuffisants pour faire face à la demande nationale ; - enfin, les limitations d'offre de devises, notamment de dollars, peuvent inciter les commerçants à acheter au Bénin en ayant recours au marché parallèle des changes. Ainsi, la réexportation du riz en direction du Nigeria est la conséquence principale de la divergence des politiques commerciales adoptées dans les deux pays frontaliers. La mise en oeuvre de politiques douanières différenciées crée ainsi des opportunités d'arbitrage pour les commerçants au Nigeria. En effet, les taxes douanières sur le riz au Nigeria sont passées de 100% en 1995 à 50% en 20001(*) entraînant ainsi une baisse de la demande auprès des importateurs béninois. Néanmoins, il faudrait relativiser cette analyse en tenant compte de la lenteur des opérations de déchargement au port de Lagos, de l'insécurité (coût élevé des assurances) et des difficultés d'accès aux devises pour les opérateurs Nigérians. De plus, la vente de riz est souvent couplée avec l'achat de produits manufacturés venant du Nigeria. Il y a donc des intérêts commerciaux de part et d'autre de la frontière bénino-nigeriane qui incitent au maintien des flux commerciaux (importation/ réexportation). Les statistiques sur les échanges de riz au Bénin sont présentées dans le tableau1. Tableau 1 : Statistiques sur les échanges de riz au Bénin de 1994 à 2004 en tonnes
Source: Port Autonome de Cotonou 2006 ND=non disponible * 1 Ces taxes douanières sont passées à 110% à partir de 2003. |
|