Grégory JEANDOT Lundi 27 Août 2007
IICP - PUB 5
La PUBLICITE à l'ère du NUMERIQUE
(Mémoire de fin
d'études)
DIRECTEUR DE MEMOIRE INTERNE : Jean-Marie Gourlot
Enseignant en stratégie de communication à l'IICP -
Planner Stratégique
DIRECTEUR DE MEMOIRE EXTERNE : Denis Caminade
Enseignant en communication multimédia à l'IESA -
DG Décollage Vertical
Les médias numériques : des
supports publicitaires à part entière 6-31
I Les médias numériques, des
outsiders à prendre au sérieux 7
A) Audience des principaux médias numériques
adaptés à la publicité
B) Quel avenir dans la consommation des médias
numériques
II L'érosion des médias traditionnels
14
A) Le mode de consommation des médias en pleine
mutation
B) Des investissements publicitaires bousculés
C) L'utilisation du numérique au secours des
médias classiques
III Des possibilités inédites en terme
de communication 22
A) Un ciblage chirurgical
B) Une mesure d'efficacité en temps réel
C) Des supports interactifs jugés plus
créatifs
D) Une interactivité favorisant l'achat
IV Quand le destinataire du message devient caisse de
résonance 28
A) L'explosion du marketing viral
B) Dans chaque bloggeur sommeille un spécialiste
L'essoufflement prévisible de l'impact
publicitaire sur les TICN 32-51
I Publicité sur TICN : des messages pas
si facilement acceptés 33
A) Une offre de contenu qui dépasse la demande
B) Une saturation des consommateurs vis-à-vis de cette
publicité
II Les médias numériques, des supports
qui tendent à se standardiser 38
A) Les médias numériques, des terrains de
création déjà bridés ?
B) Une réglementation qui se durcit
III La remise en cause des grands annonceurs via les
médias numériques 43
A) Un pouvoir de dissuasion inédit entre les mains des
internautes
B) Vers une cacophonie publicitaire ?
IV Tout annonceur a-t-il intérêt
à communiquer via les TICN ? 47
A) Les motifs d'utilisation des TICN
B) Quel média pour quel objectif de
communication ?
L
a fin de la télévision... Tel est le
titre du dernier ouvrage de Jean-Louis Missika dans lequel le sociologue
prédit une fin imminente du média le plus regardé et du
loisir préféré des français. Son argumentation se
base sur l'explosion des ventes des Nouvelles Technologies de l'Information et
de la Communication.
Le développement accéléré des NTIC
sonnerait il le glas des médias traditionnels ? Si oui, cette
inexorabilité est elle proche ? Et enfin qu'adviendra-t-il du
modèle publicitaire actuel ?
Avant de tenter de répondre à ces questions,
penchons nous d'abord sur la terminologie des NTIC. Comme le souligne
Françoise Paquenséguy, professeur de sciences de l'information et
de la communication à l'Université de Paris, il serait
désormais préférable de remplacer cette expression
utilisée depuis les année 80 par le terme de TICN :
Technologie de l'Information et de la Communication Numérique.
Même si cette nouvelle terminologie semble insignifiante, elle a le
mérite de placer le numérique au coeur des bouleversements
technologiques par rapport à ses prédécesseurs
analogiques.
Depuis moins d'une décennie, le monde de la
communication a incontestablement été marqué par
l'émergence des médias numériques.
Avec Internet en chef de file, ces TICN ont investi les foyers
français, et tendent à devenir omniprésents.
Bien qu'il existe une multitude d'outils numériques,
nous concentrerons nos recherches sur le Web, la téléphonie
mobile, et les univers virtuels, qui sont devenus des supports de communication
à part entière et représentent une nouvelle
opportunité pour l'annonceur de toucher sa cible.
Aujourd'hui, l'onde de choc émise par l'explosion
d'Internet et la démocratisation de la téléphonie 3G
(suivie dans une moindre mesure par les autres supports numériques), se
ressent dans la sphère publicitaire, si bien que de nombreux
spécialistes prédisent le déclin des médias dits
« classiques » au profit des TICN.
Pour illustrer ce bouleversement annoncé,
l'édition 2006 de la semaine de la publicité, était
entièrement consacrée au numérique avec un titre
très explicite : REVOLUTION.
2 définitions du Petit Larousse peuvent
justifier ce nom : dans la première, la révolution est
définie comme « un changement brusque et soudain qui se
produit dans une société » alors que dans la seconde,
c'est « une agitation soudaine et passagère, provoquée
par un fait inhabituel »... Alors que la deuxième
définition aurait pu être choisie il y a encore 5 ans par les plus
sceptiques, aujourd'hui c'est à la première qu'il faut se
référer.
Les agences de publicité ont bien saisi
l'opportunité que représente les TICN vis-à-vis des
consommateurs et intègrent de plus en plus fréquemment ces
supports dans leurs plans médias. Le changement radical c'est que
désormais, les annonceurs sont beaucoup moins frileux pour les
adopter.
Il semble donc naturel de se demander, si à la vitesse
où vont les choses (de 1997 à 2006, le nombre de foyers
connectés à Internet a été multiplié par
100), les médias numériques vont révolutionner le panorama
actuel des médias, pour devenir les principaux supports publicitaires en
terme d'investissement mais également en terme de « potentiel
publicitaire ».
Il suffit de lire quelques magazines spécialisés
pour comprendre que les TICN ne sont plus des supports de communication
émergents mais bien des outils performants pour promouvoir une marque,
un service, une entreprise...
Ces « nouveaux » types de médias
trouvent donc naturellement une place dans un médiaplanning, mais peut
on dire pour autant qu'ils vont devenir les principaux supports publicitaires
de demain ?
Les médias numériques seront ils des
supports publicitaires principaux ou complémentaires dans les prochaines
années ?
Notre étude s'effectuera avec une projection de
quelques années (2015-2020). Inutile de faire des hypothèses
à long terme dans un secteur en constante évolution.
Dans une première partie, nous verrons que les
médias numériques doivent être considérés
comme des supports publicitaires à part entière.
Nous mettrons en parallèle l'évolution des
médias numériques par rapport à une certaine
érosion des médias traditionnels.
Ensuite nous observerons les nouvelles possibilités de
communication permises par ces nouveaux supports, ainsi que l'apparition de
nouvelles caisses de résonances.
Puis, dans une seconde partie, nous montrerons un
essoufflement prévisible de l'impact publicitaire sur les médias
numériques tels que nous les concevons aujourd'hui. Après avoir
démontré que la publicité via les TICN n'est pas
facilement acceptée par le consommateur, nous verrons que les supports
numériques tendent à se standardiser.
Enfin, nous montrerons, que le statut des plus grands
annonceurs peut être remis en cause via les médias
numériques et que tous les annonceurs n'ont pas forcément
intérêt à communiquer par ce type de médias.
LES MEDIAS NUMERIQUES :
DES SUPPORTS PUBLICITAIRES A PART ENTIERE
I Les médias numériques : des
outsiders à prendre au sérieux
Les médias numériques sont depuis peu
considérés comme des supports de publicité
crédibles à long terme. Leur audience ne cesse d'augmenter (A),
et ce phénomène tend à s'inscrire durablement dans le
temps (B)
A) Audience des principaux médias
numérique adaptés à la publicité
Nous ne dresserons pas ici une liste de tous les médias
numériques existants mais nous étudierons l'audience et le profil
de certains supports de communication numériques ayant un
intérêt réel pour les annonceurs à l'heure actuelle
ou dans les prochaines années.
3 supports « totalement
numérisés » semblent monopoliser actuellement la
quasi-totalité des investissement publicitaires dans les TICN :
ü Internet (blogs, sites, podcasting...)
ü Téléphonie mobile (sms, mms, web
mobile...)
ü Les mondes virtuels
Par le terme de supports « totalement
numérisés », nous excluons volontairement les
médias classiques récemment modernisés par des dispositifs
numériques (nous y reviendrons plus tard).
Internet, la téléphonie et dans une moindre
mesure les mondes virtuels sont (et seront) de toute évidence les
principales opportunités de communication pour les annonceurs, tant au
niveau de leur audience potentielle que du développement de ces
technologies.
D'autres supports auraient pu être observés dans
cette partie, comme les PDA (assistant personnel) par exemple, qui diffusent de
la publicité, cependant l'avenir de ces ordinateurs de poche semble
menacé à la fois par les ordinateurs portables mais aussi par les
téléphones mobiles (Smartphones, Iphone) qui
progressivement remplissent les mêmes fonctions et sont amenés
à faire disparaître les PDA.
1) Internet
Longtemps distancée par ses voisins européens,
la France a désormais rattrapé son retard et fait partie des
meilleurs élèves de l'Union.
Internet est en effet rapidement devenu LE média
numérique de référence. Alors que certains refusent encore
de le classer parmi les 5 grands supports de masse, la démocratisation
du web fait de celui-ci un 6ème acteur publicitaire.
Avec près de 28 millions d'internautes en
février 2007 et une croissance de 7% du nombre d'abonnés, ce sont
près de 53% des individus de plus de 11 ans qui surfent sur la toile
chaque mois.
Les internautes ont un profil très jeune par rapport
aux autres médias. Nouveauté de cette technologie, et contenu du
support peuvent ainsi expliquer la forte audience de ce média chez les
15-34 ans (49%), par rapport aux plus de 50 ans (22%).
L'utilisation d'Internet tend à s'affranchir des
barrières de classe. En 2006, on compte 38% de CSP+ contre 29% de CSP-
alors que l'écart était de 20 points 2 ans auparavant
(respectivement 45 et 25 % d'utilisateurs ).
En France, chaque Internaute passe en moyenne 24 heures
mensuelles sur le web. Ce chiffre semble relatif par rapport au nombre d'heures
passées devant la télévision par un
téléspectateur (plus d'une centaine d'heures) mais depuis 2002,
cette durée de consommation d'Internet augmente de 4 heures par mois.
L'utilisation d'Internet répond à de multiples
besoins :
ü Réaliser une recherche (91%)
ü Consulter ou envoyer des e-mails (84%)
ü Communiquer par messagerie instantanée (43%)
ü Regarder une vidéo (24%)
2) La téléphonie
mobile
1er support de communication devant la
télévision en terme d'audience potentielle car à
portée de main de son utilisateur plus de 16 heures par jour, le
téléphone portable est un vecteur de communication à
très fort potentiel publicitaire.
Au 1er trimestre 2007, la France comptait 52
millions de clients aux services de téléphonie mobile
principalement répartis chez les opérateurs suivants :
ü Orange : 47% de part de marché
ü SFR : 36% de part de marché
ü Bouygues Télécom : 17% de
part de marché
Le taux de pénétration en France approche les
81% chez les plus de 15 ans, contre 75% en 2005.
Le nombre d'utilisateurs de services multimédias ne
cesse d'augmenter. On compte aujourd'hui 14 millions d'abonnés à
ce genre de services (Internet mobile, envoi de MMS...), soit une croissance de
25% par rapport à l'année précédente.
La France compte près de 5 millions d'abonnés
à la 3G. Proposée par SFR dès 2004, cette
technologie est la 3ème génération de
téléphonie mobile et permet des débits bien plus rapides
en s'appuyant sur la norme UMTS.
Avec 8 français sur 10 qui possèdent un
téléphone portable, difficile de décrire un profil type de
l'utilisateur. Les premiers utilisateurs ont à peine plus de 10 ans, le
taux de possession approche les 90% à parti de 15 ans et seuls les plus
âgés n'en ont pas l'utilité pour la simple raison qu'ils
n'ont plus besoin de technologies mobiles.
La téléphonie mobile touche beaucoup plus
d'utilisateurs qu'Internet quel que soit le critère d'âge, de
catégorie socioprofessionnelle, de sexe. Comme pour Internet, le
téléphone portable n'est pas considéré comme un
média de masse alors qu'il couvre plus de 80% de la population
française, et il n'est pas rare que certains utilisateurs en
possèdent plusieurs.
Il peut d'ailleurs sembler étrange qu'on ne parle
jamais de « publicité mobile » mais de
« marketing mobile », ce qui contribue à enfermer la
téléphonie dans un rôle de communication interpersonnel, et
non de Média.
3) Les mondes virtuels
Hier marché publicitaire marginal, le monde virtuel
tend à devenir un support de communication de plus en plus prisé
par les annonceurs. Un monde virtuel peut être défini comme un
univers créé artificiellement par un programme informatique et
hébergeant une communauté d'utilisateurs présents sous
forme d'
avatars et
pouvant s'y déplacer et y interagir.
Inconnu par exemple il y a encore quelques mois, Second
Life est aujourd'hui devenu l'espace publicitaire tendance et le point de
rendez vous virtuel qu'il ne faut pas manquer (même les hommes politiques
ont créé leur QG de campagne sur cette plateforme). Aujourd'hui
les plus grands annonceurs mondiaux se bousculent pour toucher leurs cibles
à moindre coût sur Second Life en profitant ainsi
du buzz crée autour de ce nouveau mode de communication :
L'Oréal, Renault, Reebook, Toyota Microsoft, Nike, Jean-Paul
Gaultier, Lacoste, Adidas...
Aujourd'hui, les jeux vidéo sont des supports
numériques qui attirent de plus en plus d'audience. Près de 2/3
des individus jouent régulièrement sur leur console de jeux, ou
leur ordinateur. Des mondes virtuels comme Second Life ou Habbo
regroupent chacun plus 4 millions d'utilisateurs dans le monde.
Cette audience reste aujourd'hui relativement faible mais son
augmentation constante a de quoi susciter l'intérêt des
annonceurs. En effet, la courbe d'audience de ces nouveaux vecteurs de
communication n'est pas sans rappeler la croissance exponentielle de
l'utilisation d'Internet il y a quelques années.
En terme de profil, les membres de mondes virtuels sont
particulièrement jeunes (75% de moins de 34 ans), plutôt masculins
(même si ce fossé a tendance à se réduire) et de
tout niveau social (les plus aisés utiliseront un ordinateur, les autres
une console de jeux).
B) Quel avenir dans la consommation des médias
numériques ?
Alors que les plus réticents y voyaient un
épiphénomène, il faut bien se rendre à
l'évidence : les TICN sont installées durablement dans notre
quotidien et ne demandent qu'à se développer. Cette
démocratisation du numérique sera facilitée par des
améliorations technologiques, des efforts économiques et la
tendance à la mobilité. Les TICN sont ainsi devenues un
phénomène social durable à long terme.
1) Les améliorations
technologiques
Le prochain grand défi qui s'ouvre à Internet
est la rapidité du traitement des données. Il ne faut pas oublier
que c'est grâce à l'ADSL et l'Internet haut débit que la
bulle de la consommation a grossi, et que les foyers ont commencé
à s'abonner massivement aux différents fournisseurs
d'accès. En un an, le nombre d'accès haut débit s'est
enrichi de 3,5 millions de nouveaux clients.
La technologie FTTH (Fibre To the House), permettra dans les 2
ans à venir, de décupler la rapidité d'accès
à Internet grâce à la fibre optique. Ainsi, Erenis
et Noos proposent déjà une connexion à 100
Mégabits par seconde contre 60 actuellement pour les plus rapides.
Cette amélioration déjà
expérimentée avec succès dans certains quartiers parisiens
pourra ainsi bénéficier aux clients de tous les fournisseurs
d'accès pour un coût presque équivalent à l'offre
actuelle.
Par conséquent, le nombre de nouveaux abonnés
devrait continuer à augmenter de façon significative.
La téléphonie profite également de ces
améliorations technologiques pour proposer des contenus audiovisuels de
qualité.
A l'horizon 2008, la réception numérique sera la
norme pour la télévision mobile. En d'autres termes, la
qualité d'un film sera la même sur son téléphone
portable que sur sa télévision.
Cette nouvelle mesure qui entrera en vigueur dès
l'année prochaine permettra de lever les freins liés à la
souscription d'un abonnement à la télévision mobile.
2) Les efforts économiques
« Convergence », est sans aucun doute l'un
des mot clé des technologies de l'information et de la communication
numérique. De plus en plus de foyers possèdent une
« box », ce petit boîtier qui assure à
domicile la diffusion d'Internet, de la téléphonie et de la
télévision. Cette convergence a contribué très
largement à faire diminuer le prix d'accès à ces 3 offres
rassemblées en une seule.
La plupart des fournisseurs proposent désormais pour
moins de 30 € un accès illimité à Internet, à
la téléphonie en national et à la réception d'une
centaine de chaînes de télévision.
Cette convergence a été possible par le
regroupement de tous les canaux de diffusion entre les mains de quelques
géants du secteur. Au début des années 2000, ils
étaient plus de 200 fournisseurs d'accès Internet en France. Ils
sont tombés à moins de 5 avec 3 acteurs qui dominent le
marché : Orange, Free et Neuf Cegetel.
Ainsi, cette concurrence (qui semble avoir laissé place
à une entente illicite sur les prix comme c'était le cas avec
opérateurs téléphoniques pour le coût des sms) a
permis de faire baisser la facture moyenne mensuelle d'abonnement à
Internet haut débit passant de 30,9 € en 2004, à 23,5 €
en 2007.
3) La tendance à la
mobilité
Depuis la fin des années 90, la tendance est à
la mobilité. La nanotechnologie a permis aux utilisateurs de TICN de
s'émanciper des contraintes de lieux.
Aujourd'hui un ordinateur vendu sur deux est portable, les
mobiles rétrécissent à vue d'oeil, Internet devient
accessible dans de nombreux lieux publics, et les téléphones
portables sont conçus pour recevoir des appels dans le métro.
La mobilité est une tendance pérenne qui est
recherchée par la plupart des consommateurs. Les fabricants ont bien
compris les enjeux de ce phénomène et conçoivent des
appareils qui répondent à cette demande.
Le comble de la nanotechnologie est d'avoir réussi
à faire diminuer la consommation des supports papier au profit des
e-paper qui tendent à devenir de plus en plus mince : dans les
années à venir ces nouveaux supports d'information mesureront 1
mm d'épaisseur...aussi fin que du papier journal !
II L'érosion des médias traditionnels
Les supports numériques se sont inscrits durablement
dans le paysage médiatique français entraînant une mutation
du mode de consommation des médias (A), et des investissements
publicitaires (B). Ces bouleversements ont donc conduit les médias
traditionnels à se moderniser grâce au numérique (C).
A) Le mode de consommation des médias en pleine
mutation
2006 a été sans conteste l'avènement de
l'« egocasting ». Ce terme, s'oppose au
« Broadcasting » (télédiffusion de masse) et
consacre l'individualisation de la consommation des médias.
Désormais, grâce à l'arrivée de nouvelles
technologies, les individus peuvent s'affranchir des contraintes de lieux et de
temps. Pour Laurence Meyer, directrice d'étude à l'Institut de
l'Audiovisuel et des Télécommunications en Europe, L'egocasting
peut être défini comme « tout ce qui a trait à
l'individualisation de la société, l'envie très forte de
satisfaction de ses besoins personnels, la montée en puissance de
l'hédonisme, mais aussi l'émergence des NTIC et l'apparition de
l'économie participative. L'individu devient un "conso-acteur" qui veut
être maître de ses choix. Trois mots clés
caractérisent l'egocasting : la personnalisation, le contrôle et
la participation».
Rattachés à ce concept, le podcasting, la Web
TV, et la vidéo à la demande entre autres font de plus en plus
d'émules.
1) Le Podcasting
Ce nouveau mode de consommation des médias est le fer
de lance de l'egocasting. Le podcasting consiste à
télécharger (légalement et gratuitement) un fichier audio
ou audiovisuel sur un baladeur numérique, un ordinateur portable ou un
mobile.
Il se différencie de la radiodiffusion dans le sens
où ce n'est pas un mécanisme centralisé qui diffuse un
contenu de masse, mais l'utilisateur qui va chercher les fichiers qu'il
recherche pour les consommer quand il le souhaite.
Les principales stations de radio mettent ainsi à
disposition de leurs auditeurs ce genre de contenu qui pourra être
téléchargé directement dans son Ipod. De plus en
plus de chaînes de télévision leur emboîtent le
pas.
Les utilisateurs disposent ainsi de fichiers audio ou
vidéo utilisables à n'importe quel moment, s'affranchissant ainsi
des grilles de programmation des diffuseurs de contenu de masse.
2) Le partage de vidéo en
ligne
Hier il fallait attendre les 2 journaux
télévisés quotidien des chaînes de
télévision hertzienne pour voir des informations en image.
Aujourd'hui, le partage des vidéos en ligne bouscule cette habitude en
allant plus loin que les rédactions des principaux
JT et surtout en étant plus réactif :
l'internaute devient journaliste pour le meilleur et pour le pire.
L'exécution de Saddam Hussein, les déclarations de
Ségolène Royal sur le temps de travail des enseignants, le
succès du rappeur Kamini, ne doivent leur impact que grâce aux
services de vidéo en ligne.
Ce moyen de diffusion de contenu rencontre une audience de
plus en plus importante. Selon une étude du cabinet Comescore,
les internautes américains de 15 à 34 ans regardent en moyenne
2h30 de vidéos en ligne chaque mois, et cette tendance de consommation
semble débarquer en France.
En tête de ce phénomène, Youtube
est devenu un des sites les plus visités au monde avec plus de 100
millions de vidéos consultées chaque jour. Rachetée en
2006 par Google pour près d'1,5 milliard d'euros, cette
plateforme intègre depuis mai 2007 dans ses vidéos, un dispositif
publicitaire sous forme de lien ou parfois de texte. Parmi les principaux sites
de partage de vidéos, citons notamment Dailymotion (concurrent
français de Youtube avec 10 millions de visiteurs quotidien),
Google Vidéo et Yahoo Vidéo. L'intérêt
principal de ces sites pour les utilisateurs est de proposer des contenus
audiovisuels par catégorie, ainsi qu'une recherche de fichiers par mot
clé. Par conséquent, l'internaute jouit gratuitement d'une totale
autonomie dans sa consultation de vidéo, ce dont il ne dispose pas
devant sa télévision.
3) La vidéo à la
demande
Encore peu utilisée aujourd'hui, la vidéo
à la demande permet d'acheter un film à l'unité et de le
visionner sur un ordinateur, un téléphone mobile ou un simple
téléviseur. L'individu, dans sa quête d'autonomie voit
ainsi s'ouvrir devant lui un marché de masse : plus besoin de
rendez-vous imposé par la grille de programme des chaînes ou les
horaires des séances de cinéma.
Pour répondre à cette nouvelle demande,
Orange, Neuf Cegetel, Free et Club Internet proposent ce
genre de service.
B) Des investissements publicitaires
bousculés
Depuis 5 ans, comme à chaque début de nouvelle
d'année (période propice à toutes sortes de bilans), les
journalistes ne manqueront pas de titrer « Les investissements
publicitaires sur Internet explosent » (Figaro, le
15/01/07). Le mois de janvier 2007, n'aura pas échappé à
la règle (le mois de janvier 2008, n'y échappera pas non
plus...).
Effectivement, le budget des annonceurs sur le Web a atteint
près de 1,7 milliard d'euros bruts en 2006, soit une augmentation de 48%
(ce qui est malgré tout moins vertigineux que
« l'explosion » de 2005 avec +74%).
Avec plus de 21 milliards d'euros d'investissement
publicitaire l'année dernière, le marché français
progresse de 10,7%, en grande partie grâce au Web, à la presse et
la télévision. C'est cependant la forte croissance du
média numérique qui retient notre attention en
bénéficiant, par exemple de 8 fois plus d'investissements
publicitaires que le cinéma.
La communication holistique (utilisation simultanée par
un annonceur des médias traditionnels, hors médias et TICN),
profite donc largement au Web et cette tendance se confirmera très
probablement pendant plusieurs années. En effet, dans les 5 ans à
venir, 89% des annonceurs communiqueront davantage sur Internet et 57% (souvent
les mêmes) en feront autant sur les téléphones mobiles
(source TNS Sofres). En comparaison, seuls 13% des interrogés indiquent
qu'ils investiront plus en presse, radio, ou affichage, et 7% augmenteront
leurs dépenses sur le grand écran (contre 23% pour la
télévision qui se porte plutôt bien).
L'étude publiée par Stratégies
révèle également qu'aucun annonceur interrogé n'a
l'intention de se passer d'Internet : c'est le seul média qui peut
se targuer d'être indispensable.
Dans les 3 ans qui viennent, les investissements publicitaires
mondiaux sur Internet devraient passer de 16 à 45 milliards de dollars,
et les moteurs de recherche comme Google en absorberont la
moitié
Cependant la technologie numérique promise à la
plus forte croissance en terme d'investissement publicitaire semble
être la téléphonie mobile. Aujourd'hui, seulement 6,1
millions d'euros sont investis sur les mobiles (2 fois moins que sur les
médias tactiques), mais demain ?
Vodafone qui a choisi Yahoo ! comme
régie publicitaire pour lancer l'offensive n'en démord pas :
la croissance annuelle des investissements publicitaires sur la
téléphonie mobile sera de 60 à 70%.
Les recettes publicitaires se partagent de la façon
suivante :
Selon tous les acteurs de la publicité, 2007 est
l'année zéro de la téléphonie mobile :
l'année où la publicité sur les mobiles devraient se
démocratiser.
C) L'utilisation du numérique au secours des
médias classiques
Pour se renouveler et rompre avec l'image de
« vieux médias », les médias classiques
ont de plus en plus recours à des dispositifs numériques.
1) La presse
C'est incontestablement le média qui cherche le plus
à se renouveler. En perte de vitesse depuis plusieurs années, le
secteur doit se moderniser pour maintenir son audience et continuer d'attirer
les investissements publicitaires.
En 2006, le tag a fait son apparition dans la presse
française sur le mensuel gratuit Newzy. Le tag se
définit comme « une fenêtre d'information sur le monde
multimédia mobile » : c'est l'alliance entre la presse
écrite et le téléphone mobile.
Il permet en effet de recevoir sur son téléphone
portable des contenus audio ou vidéo apportant au lecteur du support un
complément d'information ludique et instantané sur un article, un
produit, une marque en scannant une sorte de code barre.
Ainsi, dans le numéro de mars 2006, Mediacom
et Paris Match ont utilisé cette technologie pour
présenter en avant 1ère la nouvelle Audi Q7. La
Société Générale a aussi utilisé ce
dispositif publicitaire dans les pages de Newzy (juin 2006).
Autre solution pour se relancer, les éditeurs misent
sur une plus grande complémentarité entre leur support et
Internet. Après leurs homologues européens (Wall Street
Journal, Daily Telegraph, Financial Times...) qui ont fusionné leur
rédaction Web et print, les médias français optent
progressivement pour un dispositif bimédia, c'est déjà le
cas pour Libération et La Tribune.
Cette solution principalement destinée à
séduire de nouveaux annonceurs (et conserver les actuels) permet de
capter une audience très puissante grâce aux Internautes, tout en
conservant l'aspect qualitatif des supports papier.
2) La télévision
L'arrivée de la TNT (Télévision
Numérique Terrestre), en mars 2005 a rencontré un succès
inattendu, début 2007, près de 10 millions de personnes
peuvent ainsi regarder le petit écran avec des chaînes
numériques, de bien meilleures qualité que la traditionnelle
télévision analogique. L'important renouvellement du parc TV en
2006 est la conséquence des avancées
technologico-esthétiques (écran plat, nouveaux design...) et de
l'intégration d'un récepteur TNT dans la plupart des nouveaux
modèles.
3) La radio
L'approche pluricanal de ce support ressemble à la
situation dans la presse où l'audience radio voit ses chiffres
d'audience améliorés par une écoute sur le Web.
Cette caractéristique de consommation a
multiplié les périodes d'écoute du média, à
domicile, au travail ou chez des amis.
Selon une étude de Médiamétrie,
sur les plus de 13 ans :
44% peuvent écouter la radio via un ordinateur
à domicile
26% peuvent écouter la radio via la
télévision à domicile
11% peuvent écouter la radio via un baladeur MP3
9% peuvent écouter la radio via un
téléphone mobile
Dans les faits, environ 1 personne sur 3 ayant la
possibilité d'écouter la radio par un autre canal utilise cette
possibilité. Cependant l'écoute de la radio en direct sur
Internet ou via un autre support est de plus en plus courante en France :
près de 20% des français ont déjà utilisé
cette possibilité
4) L'affichage
Dans le courant de l'année 2006, Insert,
spécialiste de l'affichage a lancé le 1er
réseau 100% interactif : TagAction.
Ce dispositif publicitaire alliant les caractéristiques
de l'affichage avec l'interactivité du numérique est
composé de 300 faces (60 x 80) et permet à tous types de
consommateurs équipés d'un GSM de se connecter à une
application ou un service : MMS, SMS, WAP, VOD (Bande originale de films,
extraits d'albums...).
Ce support de communication est beaucoup plus impactant et
rencontre de très bonnes retombées surtout chez les plus
jeunes : 15% des individus équipés d'un mobile adapté
ont téléchargé la bande annonce du film d'animation
Happy Feet.
Plus qu'une mise en relation directe entre l'annonceur et le
consommateur, ce système permet aux annonceurs de
bénéficier d'informations géo-localisées sur leurs
campagnes et d'intégrer dans une base de données opt-in les
usagers ayant été connectés
La PLV dynamique est également en pleine expansion.
Progressivement ce support alliant la vidéo et le son se retrouve dans
de plus en plus d'enseignes, et touche le consommateur sur son lieu d'achat.
L'affichage numérique et la PLV dynamique a un bel
avenir dans le paysage urbain, à l'image de ce qui se passe en Asie ou
aux Etats-Unis.
III Des possibilités inédites en terme de
communication
Si les TICN séduisent de plus en plus d'annonceurs
c'est qu'elles possèdent des caractéristiques très
intéressantes, notamment avec un ciblage très précis (A),
une efficacité en temps réel (B). De plus, l'interactivité
de ces supports permet une grande créativité (C), et favorise
directement l'achat (D).
A) Un ciblage chirurgical
Le ciblage est un critère déterminant dans le
choix du mix-média. Chaque support met en avant ses propres
caractéristiques afin de séduire tel ou tel type d'annonceur.
Les médias numériques n'échappent pas
à la règle et certains proposent des types de ciblage très
intéressants pour l'annonceur. La plupart de ces typologies existaient
depuis plusieurs années dans les supports traditionnels mais leur
application s'avère optimale sur les médias numériques.
1) Ciblage par affinité
C'est sans aucun doute l'un des ciblages les plus importants
pour l'annonceur. Il consiste à diffuser un message publicitaire sur un
support en relation avec les affinités de la cible. Le
référencement sur Google par l'achat de mots clés
fait partie intégrante du ciblage par affinité.
Parmi les médias traditionnels, c'est la presse
magazine, la radio, et depuis peu les chaînes
télévisées identitaires, qui permettent ce type de
ciblage.
Internet est désormais devenu maître dans l'art
de cibler un consommateur selon ses préférences
thématiques. En effet, il existe une multitude de sites communautaires
où des Internautes possédant les mêmes goûts, les
mêmes passions peuvent se retrouver. Par une simple bannière
publicitaire, l'annonceur est sûr de toucher des contacts utiles, et par
conséquent de limiter une déperdition d'audience. Des centaines
de sites communautaires se créent chaque jour, ils deviennent de plus en
plus professionnels, et surtout de plus en plus segmentants, ainsi, Internet
permet de toucher sans difficulté tous les marchés de niche.
2) Ciblage géographique
Hier, caractéristique principale de l'affichage et de
la presse locale, les médias numériques sont désormais en
mesure de toucher le consommateur en intégrant une notion de lieu
très précise.
Soit par un mode déclaratif (l'utilisateur donne
certaines informations personnelles permettant de définir sa situation
géographique), soit par un repérage en temps réel de
l'adresse IP de l'internaute, l'annonceur est en mesure d'afficher un
dispositif publicitaire en adéquation avec la localisation de sa
cible.
3) Ciblage comportemental
C'est une des spécificités propres aux TCIN qui
permet de mettre en avant telle ou telle publicité selon le
comportement, ou les actions de l'utilisateur du média
numérique.
Le principe de ce dispositif publicitaire est de toucher un
individu selon ses centres d'intérêt (déclarés ou
non), son historique de navigation sur un site Internet (cookies)... Il est
ainsi possible de toucher un passionné de sport ailleurs que sur les
sites spécialisés, très souvent encombrés par des
annonceurs du même secteur.
Ce ciblage trouve ainsi de nombreux avantages :
- Un ciblage plus précis car basé sur les
centres d'intérêts, et un historique
- Une augmentation du taux de clic (environ 20 fois
supérieurs à la moyenne des retours sans ce type de ciblage)
- La possibilité de ne pas encombrer
« publicitairement » des secteurs à forte
concurrence
4) Ciblage personnalisé
En souscrivant des abonnements, des garanties, en allant voir
les sites de leur fournisseurs, les utilisateurs de TICN laissent leurs traces
(âge, lieu d'habitation, sexe, hobbies, numéro de
téléphone, adresse mail...).
Toutes ces informations personnelles sur les consommateurs
peuvent ainsi être utilisées pour toucher une cible selon un
profil spécifique.
Autre système de ciblage personnalisé, l'Opt In,
un dispositif qui a vu le jour il y a près de 3 ans est sans conteste
celui qui bénéficie des meilleures retombées : un
taux de clic entre 30 et 70 fois supérieur à la moyenne (de 7
à 13%)
Le principe est très simple, c'est au consommateur de
s'abonner à la publicité d'un annonceur en particulier. Ainsi il
recevra les publicités de l'enseigne mais également des offres
promotionnelles exclusives.
L'avenir de cette démarche publicitaire reste cependant
incertain et lié à la quantité de publicités
reçues par l'intéressé. En effet, il est peu probable que
le consommateur souhaite à long terme voir sa boite e-mail ou sa
messagerie sms remplie de publicités...quelles quelles soient.
B) Une mesure d'efficacité en temps
réel
Nouveaux supports adaptés à la publicité,
les médias numériques ont eu beaucoup de mal à
bénéficier d'une légitimité auprès des
annonceurs, principalement en raison d'un calcul d'audience peu
compréhensible, voire même peu fiable.
Aujourd'hui, les TICN tendent à rattraper leur retard
dans ce domaine sur les médias classiques (annexe 1).
Nombre de visiteurs, de pages, et autres taux de clic, peuvent
ainsi être quantifiés, analysés puis transmis à
l'annonceur pour crédibiliser son investissement.
Pour Jérôme Labriffe, président de
l'Interactive Advertising Bureau : « Internet est
encore un média neuf qui permet d'avoir beaucoup d'informations. C'est
un moyen de rassurer les annonceurs et de l'ouvrir à de nouveaux
secteurs ».
Jérôme Labriffe
Il existe 2 principales méthodes pour mesurer
l'audience du web : la première est appelée « Site
Centric », la seconde « User Centric ». Comme
leurs noms l'indiquent, l'une enregistre les données au serveur, l'autre
à la source.
L'étude Site Centric (Xiti, Weborama,
Webtrends...) calcule le nombre de visiteurs au niveau du site Internet
proprement dit, et peut être comparée à la mesure de la
diffusion en presse.
La méthode User Centric
(Médiamétrie/NetRatings, Comscore...) est
réalisée à l'aide d'un panel d'Internautes dont on analyse
la navigation.
Ces outils de mesure peuvent cependant aboutir à des
résultats très différents, notamment en raison du nombre
de connexions depuis l'étranger sur des sites français.
Le dispositif de mesure le plus important pour les annonceurs
ayant investi sur la toile est appelé « Ad
Centric ». Celui-ci permet de connaître exactement le nombre
d'internautes qui ont cliqué sur une bannière, un
skyscrapper...
Cette mesure d'audience propre à Internet permet ainsi
une éventuelle modification de la campagne publicitaire en raison des
résultats obtenus.
C) Des supports interactifs jugés plus
créatifs
Les médias numériques, avec Internet en chef de
file ont incontestablement amené un souffle de créativité
dans le panorama publicitaire français. Certaines agences de
communication ont ainsi imaginé de véritables expériences
publicitaires pour le compte de leurs clients les moins frileux. Avec de tels
dispositifs, le spectateur devient spect-acteur. Nous observerons ci-dessous
quelques exemples de campagnes mises en place par certains annonceurs :
ü La bannière participative : l'internaute
est amené à interagir sur le dispositif publicitaire pour le
faire évoluer
Exemple : En tapant sur son clavier le numéro de
téléphone de la compagnie d'assurance Itaù,
l'internaute voit une voiture cabossée se réparer
progressivement.
ü La bannière hypervidéo : c'est un
vrai spot publicitaire qui peut être modifié en direct au
gré de l'internaute (exemple : Général
Motors).
ü L'appel à contribution : l'enseigne propose
aux internautes de participer directement au dispositif publicitaire
(réalisation du spot, envoi de photos, de témoignages...). Ce
type de contribution (souvent sous forme de concours) visant à impliquer
directement le consommateur a déjà été
utilisé en affichage (Le Mouv), ou au cinéma
(Converse), mais la flexibilité du web permet plus facilement
aux annonceurs d'associer concrètement le consommateur au message
publicitaire.
Exemple : Nikon a fourni son dernier
modèle d'appareil photo à des utilisateurs pour qu'ils se mettent
en scène avec.
ü La publicité dynamique en 3D :
appelée également Ingame Advertising, cette forme de
publicité peut être incluse directement dans le contenu du jeu, ou
filtrée selon le profil du joueur. Elle est acceptée par les
joueurs car elle contribue à crédibiliser leur monde virtuel.
L'annonceur payera selon le temps de passage.
En 2005, le jeu Everquest 2 permettait aux joueurs de
commander directement à domicile une pizza chez Pizza Hut sans
quitter sa manette.
D) Une interactivité favorisant l'achat
Une des caractéristiques les plus intéressantes
pour l'annonceur de recourir à un support numérique est la
possibilité d'accéder grâce à un simple clic
à un site lui permettant d'acheter en ligne : le e-commerce pour un
achat via le Web, ou le m-commerce depuis son mobile (annexe 2).
Ces dispositifs permettent de guider efficacement le
consommateur vers une page spécifique selon les objectifs de la
campagne :
ü Vendre site marchand, page de
téléchargement payant...
ü Se faire connaître site institutionnel
ü Créer une intéraction blog de marque
ü Connaître le consommateur page de demande de
renseignements
ü Informer le consommateur page spécifique
d'informations
Dans une optique mercantile, l'interactivité des TICN
est un élément primordial, favorisant l'achat impulsif. En effet,
le consommateur une fois séduit par le message publicitaire peut
commander à domicile le produit ou le service proposé en quelques
clics.
Par ailleurs, le profil des cyberacheteurs
évolue : les seniors et les femmes n'hésitent plus à
faire leurs courses sur Internet, et les plus jeunes téléchargent
de plus en plus de sonneries sur leur téléphones portables.
En 2006, plus de 6 000 sites marchands ont vu le jour en
France. Estimée à près de 10 milliards d'euros, la part du
e-commerce dans la vente à distance a atteint les 70% l'année
dernière, soit une progression de près de 40% par rapport
à l'année précédente.
La démocratisation de la vente à distance
contribue également à renforcer la confiance que les entreprises
ont dans l'e-commerce et par voie de fait, dans les moyens de promotion sur les
supports numériques.
IV Quand le destinataire du message devient caisse de
résonance
L'avènement du Web 2.0 change le modèle de
transmission du message publicitaire. Celui-ci ne passe plus directement du
média de masse au consommateur mais il peut désormais être
relayé grâce à un dispositif de marketing viral (A) ou
l'influence des blogs (B)
A) L'explosion du marketing viral
Le marketing viral, appelé également Buzz
Marketing est la forme numérisée du bouche à oreille.
Envoyé par la marque, le message publicitaire tombe entre les mains
d'internautes (ou plus rarement d'utilisateurs de téléphones
portables), qui le font suivre à leurs proches, qui eux même
l'envoient à leur carnet d'adresses, jusqu'à obtenir des
retombées parfois exceptionnelles.
L'un des plus grand succès de cette stratégie de
communication est le cas de Dove Evolutions. Diffusé sur le
site Youtube, ce film viral réalisé par Ogilvy &
Mather, où l'on suit la transformation d'un mannequin grâce
à Photoshop, a été visionné par plus de 2
millions de personnes. En terme de retombées directes, ce film aurait
drainé 3 fois plus de trafic sur le site de la marque qu'avec un spot
durant le Superbowl où l'investissement publicitaire par seconde le plus
cher du monde.
Le succès inattendu de Dove reste cependant une
exception dans le marketing viral. Le principal intérêt de ce
dispositif est la gratuité de l'achat d'espace. De plus, même si
les retombées sont en deçà des espérances de
l'annonceur, une telle campagne reste peu coûteuse car elle n'engendrera
que des frais de productions (très inférieurs à un spot
TV). Cependant, les retombées marchandes sont difficilement
quantifiables.
Outre l'envoi de spots publicitaires sur des sites de partage
de vidéos, de plus en plus d'e-pubs proposent de faire suivre le message
promotionnel à un ou plusieurs contacts du destinataire initial.
Souvent, cette sollicitation d'envoi est accompagnée
d'une incentive alléchante, pour amplifier le buzz.
En 2006, BNP Paribas proposait à des
internautes de gagner grâce à un tirage au sort, un an de loyer.
Pour multiplier les chances de gagner ? Rien de plus simple, il suffit
juste d'entrer le nom d'un contact dans l'espace prévu à cet
effet, pour retenter sa chance. Le nouveau contact inscrit recevra
également le message publicitaire et pourra le faire suivre,
créant ainsi une chaîne publicitaire de plus en plus grande.
Franck Desvignes, responsable marketing et communication des
canaux Internet & mobiles à la BNP est ravi des retombées
obtenues grâce à cette opération :
« Beaucoup d'agences nous vendent des opérations de viral avec
10% de retour. Mais le vrai marketing viral, c'est quand la pyramide
s'inverse : 200 000 envois pour un million de retour et 110 000
rendez-vous obtenus...qui dit mieux ».
Internet a révolutionné le bouche-a-oreille. Les
entreprises doivent être plus à l'écoute du buzz et saisir
l'intérêt d'intégrer une relation « C to
C » (de consommateur à consommateur) dans un plan de
communication globale (annexe 3).
B) Dans chaque blogger sommeille un
spécialiste
2 études auraient récemment
révélé que les français seraient les plus actifs
parmi leurs voisins européens à consulter ou créer des
blogs. Ainsi, plus d'un million de nos compatriotes tiendraient
régulièrement à jour le leur...et alors ?
Il est important de comprendre que les blogs ne sont pas de
simples journaux personnels en ligne. On se dirige incontestablement vers une
relative professionnalisation de ces interfaces afin de crédibiliser
leur contenu, car les Internautes ont bien compris que pour être lu il
faut intéresser le lectorat.
On assiste donc à une transformation socioculturelle
majeure dans le sens où il y a encore quelques années, les
grandes institutions (médias, politiques, entreprises...) prenaient la
parole, et le spectateur / citoyen / consommateur écoutait. Cette
structure qui semblait claire et immuable est en train d'être
bousculée avec l'arrivée des blogs. Avec le Web 2.0, nous entrons
dans une ère conversationnelle ou chacun doit écouter l'autre car
désormais celui qui écoute a aussi envie de parler. Et il est
évident que dans une société de consommation, l'un des
centres d'intérêt de ces discussions soit...la consommation.
Selon une étude de NOP world, les consommateurs
n'hésitent pas à faire des recommandations de produit, que ce
soit à leurs proches, amis ou famille (87,5%), aux personne partageant
les mêmes hobbies (66%), ou leurs collègues (61%).
Lorsqu'on sait que 62% des internautes français
seraient plus disposés à acheter un produit ou un service s'ils
lisaient un commentaire positif dans un blog, et qu'il se crée chaque
jour 175 000 blogs dans le monde, on comprend que les entreprises
prêtent attention à ce nouveau mode d'information.
Ainsi, les marques tendent l'oreille pour écouter ce
qui se dit sur les journaux personnels en ligne. Des moteurs de recherche de
blogs (BlogPulse, Technorati, Feedster...) sont autant d'outils qui
permettent de référencer ce qui se dit sur son produit.
En repérant les bloggers les plus influents, les
entreprises peuvent « instrumentaliser » les messages
on-line de ces nouveaux leaders d'opinion et crédibiliser la marque aux
yeux des cyberlecteurs.
Lors du lancement d'un blanchissant pour les dents en 2001,
Procter & Gamble s'engageait à rémunérer 3
dollars par contact, les individus tenant un blog dans lequel ils mentionnaient
positivement le produit.
Plus récemment encore, l'agence de Buzz Marketing
BzzAgent propose à l'annonceur des
« agents » prêts à vanter les mérites
d'un produit ou d'une marque selon le profil et les caractéristiques du
lectorat du blog de chaque agent.
Que ce soit avec sincérité ou contre
rémunération, le créateur d'un blog est souvent
amené à parler d'une marque, d'un produit ou d'un service. En
tant que rédacteur en chef de son propre journal, il acquiert une
légitimité aux yeux de son lectorat.
Il devient donc pour les consommateurs, un
« spécialiste » très certainement plus
crédible (étant censé être neutre) qu'un message
publicitaire.
L'ESSOUFFLEMENT PREVISIBLE DE L'IMPACT PUBLICITAIRE SUR
LES MEDIAS NUMERIQUES
I Publicité sur supports numériques, des
messages pas si facilement acceptés
Tout n'est pas toujours rose sur la planète
numérique. Malgré les efforts faits pour démocratiser
l'utilisation des TICN, et surtout de l'intégralité de leurs
contenus, l'offre reste bien supérieure à la demande (A), et
cette publicité est en passe de saturer les consommateurs (B)
A) Une offre de contenu qui dépasse la
demande
Reconnus comme des « contenants »
très intéressants d'un point de vue technologique,
esthétique, pratique... les médias numériques tendent
à diversifier leurs contenus pour attirer de nouveaux clients et
susciter l'intérêt des annonceurs.
Dans ce domaine, Internet peut être
considéré comme un média relativement mature car il
propose une multitude de contenus avec une audience à la clé.
Cependant l'équilibre offre de contenu / demande du consommateur ne se
retrouve pas sur tous les TICN.
L'exemple le plus flagrant concerne la
téléphonie mobile, qui malgré les efforts de tous ses
acteurs (opérateurs, moteurs de recherche, chaînes de
télévisions...) parvient très difficilement à
convertir ses abonnés en utilisateurs d'Internet ou de
télévision mobile. L'échec du WAP (Wireless Application
Protocol) en France en est l'illustration.
Grâce aux téléphones mobiles 3G, les
français devaient pouvoir surfer sur le Web comme ils le font de plus en
plus à domicile. Cependant les utilisateurs sont difficiles à
convaincre. Selon l'hébergeur de site Hostway, 73% des
utilisateurs ne vont toujours pas sur Internet en utilisant leur mobile.
Chargement trop long, navigation difficile, écran trop petit, prix
jugé trop élevé...les raisons sont nombreuses.
« Actuellement, les sites Web ne sont pas
conçus pour être consultés sur un mobile. Prenez le site
d'un grand distributeur de livres ou le site de vente de billets d'un grand
transporteur, leur utilisation sur le mobile est rédhibitoire. Un grand
chantier s'ouvre pour les acteurs de l'Internet : développer des
versions de leurs sites adaptées au mobile » explique
Jean-Noël Tronc, directeur général d'Orange
France.
La télévision mobile est également
très peu consommée par les utilisateurs 3G. Aujourd'hui, cette
sous-consommation par rapport à nos voisins anglais (8% des
abonnés français contre 12% des abonnés anglais), peut
s'expliquer par la qualité de réception médiocre des
contenus proposés (streaming). Cette caractéristique sera
résolue au printemps 2008 par la généralisation des normes
techniques, mais la consommation de vidéos via le mobile
décollera-t-elle pour autant ? On peut être sceptique quant
à l'explosion de la télévision mobile à court terme
pour au moins 2 raisons.
La première est d'ordre économique :
exceptés les programmes exceptionnels (évènements
sportifs, concerts privés...), le consommateur sera-t-il disposé
à payer une dizaine d'euros par mois en plus, soit près de 25%
d'une facture moyenne, pour consulter des vidéo qu'il pourra visionner
gratuitement chez lui sur Internet ou enregistrer à la
télévision ? L'utilisateur de la 3G se connecte très
rarement sur Internet, il y a donc peu de chance qu'il adhère rapidement
à la Télévision mobile.
La deuxième est d'ordre qualitatif : payer
plus...pourquoi pas, mais pour voir quoi ? Le CSA n'a pas encore
désigné les chaînes autorisées à diffuser sur
la Télévision Mobile Personnelle. Va-t-il privilégier les
grandes chaînes nationales pour rendre la TMP attrayante ou favoriser la
diversité des offres (ce qui est une de ses missions principales).
De plus, les différents acteurs de la TMP n'ont pas
tous les mêmes intérêts et ne semblent pas opter pour une
collaboration. Il y a de fortes probabilités pour que les conflits
d'intérêts freinent l'essor (déjà balbutiant) de la
télévision mobile.
Comme l'explique Michel Sasportes, consultant pour
OC&C : « Chacun défend ses
intérêts propres qui ne vont pas dans le sens du marché.
Les opérateurs penchent vers un modèle payant, veulent produire
leurs propres contenus et sont partisans d'une couverture indoor. Les
chaînes de TV sont tentées par le modèle gratuit et font
pression pour éviter une couverture indoor qui viendra concurrencer la
TV classique. Les opérateurs de diffusion ont des réticences
à amorcer la pompe: 300 millions d'investissements pour couvrir deux
tiers de la population en cinq ans ».
L'offre de contenu de la téléphonie mobile a du
mal à satisfaire les attentes de ses utilisateurs, et les acteurs de ce
marché tergiversent à trouver une offre qui puisse satisfaire
tout le monde (consommateur, fournisseur de contenu, diffuseurs...).
Dans ce contexte, il n'est pas étonnant d'observer un
désintérêt des annonceurs qui par conséquent
communiquent sur ce support sans grande conviction. Il existe donc un large
fossé entre l'opportunité que représente la
téléphonie mobile en tant que support publicitaire et
l'investissement qu'y consacrent les annonceurs, sans parler pour le moment des
problèmes liés aux autorisations légales de diffusion.
B) Une saturation des consommateurs vis-à-vis de
cette publicité
Il est souvent dit que les français sont chaque
année de plus en plus publiphobes. Faux ! 2006 marque une rupture
et les publiphiles reprennent le pouvoir. La publicité dans les
médias traditionnels est de mieux en mieux acceptée. Qu'en est il
de la publicité sur les téléphones mobiles et
l'e-pub ?
La publicité sur Internet est toujours plutôt
bien perçue mais elle est de moins en moins vécue comme une
« expérience » par les Internautes qui sont
lassés de tous ses formats et autres dispositifs standardisés.
Plus inquiétant, un nombre croissant d'Internautes ne
voit plus certaines publicités. Il a été
démontré récemment que 50% des individus qui se
connectaient régulièrement sur le Web ne voyaient même plus
les bannières.
Cette caractéristique se retrouve également chez
les internautes qui visitent régulièrement les mêmes sites
et connaissent l'endroit où se trouve l'information. Par
conséquent il naviguent rapidement sans se préoccuper des
dispositifs publicitaires quels qu'ils soient.
L'utilisation de
Mozilla
Thunderbird permet d'écarter le
spam du
courrier
électronique. Certains logiciels comme
proxomitron ou l'extension
AdblockPlus
pour Firefox permettent de bloquer directement les publicités
parasites des pages Web.
En outre, l'Internaute a désormais la
possibilité de lutter de manière très efficace contre les
spams, et les pop-ups. Sur Internet, l'emploi de
Mozilla
Firefox permet d'avoir un bloqueur de popups très performant,
et ainsi d'éviter de nombreuses publicités. Depuis d'autres
navigateurs (comme l'
Internet Explorer
de
Windows XP) ont
également intégré un bloqueur.
Cependant, recevant quotidiennement de plus en plus de
messages publicitaires, l'internaute risque à très court terme
d'être saturé par des messages qui ne sont pas ciblés (la
majorité des messages reçus).
Le message d'un annonceur, au milieu de nombreux spams,
risquera donc assez fréquemment d'être supprimé avant
d'avoir été consulté par son destinataire, même si
celui-ci aurait pu être intéressé par cette
publicité ciblée.
Ces dispositifs anti e-publicité sont bien plus
efficaces et plus inquiétants pour les annonceurs que ne l'était
pour la publicité télévisée le système
Tivo.
De son côté, alors que la
téléphonie mobile pourrait jouer un rôle majeur dans la
publicité à l'ère du numérique, les utilisateurs
semblent réfractaires à l'idée de recevoir des
publicités via leur portable : 70% des 15-24 ans refuseraient de
recevoir de la publicité sur leur mobile, même si des
réductions tarifaires leur étaient accordées sur leur
abonnement. Sachant que cette tranche d'âge d'utilisateurs est la plus
sensible aux économies, ce sondage n'est pas rassurant pour les
opérateurs qui voyaient dans la vente d'espace publicitaire un moyen
d'augmenter leur chiffre d'affaires à court terme.
Autre donnée prêtant à
réflexion : parmi les utilisateurs de téléphones
mobiles, plus de 50% déclarent être en désaccord profond
à l'idée de recevoir de la publicité. Et cela ne signifie
pas que l'autre moitié y soit favorable car il y a une grande part
d'indécis...
Aujourd'hui la publicité sur la
téléphonie mobile existe mais elle est insignifiante. La plupart
des messages publicitaires émanent des opérateurs
téléphoniques et des sociétés proposant tous types
de téléchargement (sonneries, logos...). De plus, si l'annonceur
connaît le nombre d'utilisateurs recevant son message, il ne sait pas qui
l'ouvre, et qui le lit.
Contrairement à Internet et ses organismes de mesure
d'audience, il est impossible de quantifier le nombre de contacts
« réels », et le retour sur investissement. Ces
informations ne sont pas communiquées par les opérateurs qui
savent bien que le nombre de « déchets » est
très important.
II Les médias numériques, des supports
qui tendent à se standardiser
Comme pour tout nouveau support de communication, une forte
attente est née des médias numériques. On peut cependant
se demander si quelques années après leurs naissances nos TICN
sont encore des terrains d'expression créatif (A). De plus, la
législation s'est très vite adaptée à ces supports
que l'on croyait incontrôlables (B).
A) Les médias numériques, des terrains de
création déjà bridés ?
Alors que les médias numériques devaient
apporter un renouveau créatif profond en tant que supports
publicitaires, on s'aperçoit très vite que la
réalité est bien en deçà des espérances.
Cependant la faute n'est pas unilatérale et doit être
partagée entre des annonceurs frileux et des supports aptes à la
créativité et la convergence mais qui ne savent pas se vendre.
1) Des annonceurs frileux
Pour une majorité d'annonceurs communiquant sur
Internet ou la téléphonie mobile, leur simple présence
suffit à montrer au consommateur qu'il est « dans le
coup »... Le raisonnement semble aujourd'hui simpliste, d'autant que
la plupart des entreprises sont présentes sur Internet par
défaut, car on peut y être visible à bas prix !
Rares sont donc les annonceurs qui, soit par le contenu du
message, soit par le format de la publicité sortent du lot. Seuls les
plus grands annonceurs se permettent de l'audace dans leur publicité, et
ceux sont les mêmes qui font preuve de créativité dans les
supports classiques, donc rien d'étonnant à cela.
Dans une note de l'IAB rédigée en 2007,
on observe que les annonceurs ont investi à 80% dans des formats
classiques, les moins impactants pour l'internaute. Les bandeaux sont les plus
prisés (480x60 et 728x90), suivis du skyscraper, du rectangle et du
carré.
Même si les formats originaux progressent (passant de
10% de l'e-pub en 2005 à 20% en 2006), ils restent très peu
utilisés, ce qui est regrettable sachant qu'on accepte beaucoup plus
facilement un spot vidéo Web bien réalisé qu'un pop-up
intrusif.
Le constat est sensiblement le même dans la
téléphonie mobile où les annonceurs privilégient
(en volume) le sms au mms et à l'Internet Mobile.
Et le moins qu'on puisse dire, c'est que concrètement
un sms n'offre que très peu de créativité à un
annonceur : un texte de 160 caractères, sans image n'est pas le
terrain le plus favorable à la création.
D'ailleurs, seuls les annonceurs les plus puissants qui optent
pour une stratégie à 360° (Coca-Cola, Reebok, Peugeot,
Air France...) investissent dans ce support alors que paradoxalement
envoyer un sms coûte moins cher qu'affranchir un mailing.
En 2006, à peine 2 millions d'euros bruts ont
été investis pour de la publicité via le sms.
2) Des supports publicitaires mal
commercialisés
L'un des freins au développement de la sphère
publicitaire numérique réside dans les difficultés
à commercialiser des espaces innovants et inventifs.
Trop de commerciaux pensent qu'à l'ère du
numérique, les espaces publicitaires se vendent d'eux-mêmes.
L'un des exemples de cette commercialisation balbutiante peut
être illustrée par Orange qui malgré une campagne
de communication dédiée à son offre Triple-play
déclinant une campagne sur son portail Internet, sa
télévision par ADSL, et ses téléphones mobiles,
propose un dispositif encore mal maîtrisé par ses
commerciaux : difficulté à obtenir un rendez vous pour
être conseillé sur cette offre, informations trop succinctes,
chiffres sur les performances incomplets ...
Il règne par conséquent un certain flou dans
l'esprit des commerciaux eux même qui ne parviennent pas à
conseiller de façon optimale leur clients, qui, par dépit
choisiront une alternative qui leur semblera moins risquée : le
skyscraper ou le sms...
En effet, comment l'annonceur peut il de lui-même opter
pour une solution inédite et originale de communiquer s'il n'est pas
orienté dans cette voie par les représentants du
support ?
Il est évident que ce phénomène (qui
devrait cependant s'estomper au fil des années), contribue à la
standardisation des dispositifs publicitaires. Alors que les médias
numériques devaient symboliser un renouveau de la
créativité publicitaire face à des médias
classiques jugés trop conventionnels (on pensait la même chose
à la création des radios libres), on s'aperçoit
qu'aujourd'hui le saut créatif manque d'élan.
B) Une réglementation qui se durcit
Alors qu'à ses prémices, les médias
numériques semblaient être espace de non droit où chacun
pouvait dire ce qu'il voulait (y compris les annonceurs), aujourd'hui tout le
monde est rentré dans le rang et les organes juridiques surveillent de
plus en plus efficacement les espaces publicitaires.
La législation française s'est vite
adaptée à ces supports de communication de manière
à les réguler comme n'importe quel média.
Dès lors que la publicité est reçue en
France, la législation française sur la publicité lui est
applicable. Cependant pour suivre l'évolution des NTIC et le
particularisme d'Internet, il sera nécessaire, loi après loi,
d'envisager certaines exceptions à ce principe (ces exceptions
paraissant néanmoins assez limitées).
Par conséquent, aujourd'hui, peu de différences
sont à distinguer entre la réglementation de la publicité
sur la toile et les messages publicitaires dans les médias classiques.
Contrairement aux a priori, la liberté d'expression publicitaire n'est
pas supérieure dans les TICN que dans les autres supports.
Citons quelques points juridiques illustrant
cette homogénéisation juridique imposée par le
législateur :
ü L'identification du message : la publicité
sur les TICN, surtout quand elle est présentée sous forme
d'article rédigé ou de sms est parfois difficile à
distinguer d'un simple texte informatif ou amical. C'est pour cette raison que
les annonceurs doivent préciser la nature du document
« Publicité » (comme c'est le cas dans les
médias classiques).
ü Le langage utilisé : lorsque la France est
le pays cible du site, le consommateur devra avoir la possibilité de
lire le message publicitaire en français.
ü Le secteur de l'annonceur : les secteurs interdits
de publicité ou extrêmement réglementés comme le
tabac ou l'alcool par exemple (Article L 3323 du code de la santé
publique) sont soumis aux même règles que dans les médias
traditionnels, pas de passe droit pour les annonceurs, même les plus
puissants.
Internet est même en passe de devenir le média le
mieux surveillé tant son influence et son audience sont grandissantes.
La Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de
la Répression des Fraudes n'hésite plus à sanctionner les
annonceurs qui profitent de la crédulité des Internautes (les
agences de voyages en ligne devront par exemple afficher des tarifs TTC) et les
tribunaux interdisent également la diffusion de certains spots (le
dispositif viral de Choc mettant en scène les délires
aériens de Jean-Luc Delarue). Ces décisions récentes
entravent la liberté créative des annonceurs et de leurs agences
qui prennent enfin conscience qu'on ne peut pas tout diffuser sur les
médias numériques.
L'autre point juridique très contraignant pour les
annonceurs est qu'ils ne peuvent plus envoyer des messages publicitaires
à tous les utilisateurs de TICN.
La France a opté pour une approche
« opt-in », plutôt favorable à la protection
des données personnelles. Elle prévoit que pour recevoir des
messages publicitaires (sur téléphone mobile ou Internet), le
destinataire doit préalablement donner son accord.
Concrètement, l'annonceur doit lui proposer de cocher
une case du type « je souhaite recevoir par courrier
électronique des informations sur votre
société ». Une fois cette case cochée (elle ne
peut l'être par défaut), l'annonceur pourra envoyer au
destinataire tous les messages qu'il souhaite, tout en lui donnant
l'opportunité d'interrompre ces envois.
Le moins qu'on puisse dire est qu'avec la
réglementation « opt-in » le nombre de destinataires
potentiels est nettement moins impressionnant que le nombre d'utilisateurs de
TICN. Sur les 50 millions d'utilisateurs de mobiles en France, seuls 6 millions
ont manifesté leur volonté de recevoir des messages publicitaires
leur étant personnellement adressés.
III La remise en cause des grands annonceurs via les
médias numériques
Alors que tout semblait sous contrôle, que les grands
annonceurs régnaient sans partage sur les « temps de cerveaux
disponibles », Internet est venu bouleverser cette hiérarchie.
Le consommateur dispose désormais grâce à Internet d'un
pouvoir de parole (A), et les petits annonceurs grignotent progressivement des
parts de voix aux géants (B).
A) Un pouvoir de dissuasion inédit entre les
mains des internautes
44% des internautes ont déjà renoncé
à un achat après avoir lu une critique négative sur un
blog. Cette donnée a de quoi donner des frissons aux annonceurs soucieux
de maîtriser totalement leur communication.
Comme nous l'avons vu précédemment, les blogs et
autres forums de discussions peuvent être des relais de communication
très efficaces, mais c'est également une arme à double
tranchant. Les blogs, menaces ou opportunités ?
Dans ce début de XXIème siècle, les
entreprises ne peuvent plus rester à l'écart de la
blogosphère, soit elles parviennent à l'utiliser à leur
profit (les exemples sont nombreux), soit elles la subissent.
Pour Sandrine Macé, professeur à
l'ESCP-EAP, ayant participé à l'adaptation
française de Blog Marketing (Jeremy Wright) :
« la principale implication pour les entreprises est l'obligation
d'apprendre à gérer les nouvelles caractéristiques de
l'information imposée par la blogosphère, à savoir :
universalité de l'information (les blogs ont encore de faibles
audiences, toutefois tout le monde a accès à
l'information) ; rapidité, viralité et puissance dans la
diffusion de l'information (chaque blog renvoie vers d'autres adresses
créant ainsi un réseau d'informations presque inextinguible, la
blogosphère) ; et enfin, forte crédibilité des
messages provenant d'autres blogueurs par opposition à une
méfiance vis-à-vis d'une communication
institutionnelle ».
2 exemples peuvent illustrer ce discours : le cas
Kryptonite et l'affaire Coca-Cola / Mentos.
En 2004, un blogueur découvre qu'il est possible de
forcer un modèle d'antivols de Kryptonite avec l'aide d'un
simple stylo bille. Relayée sur son blog avec vidéo à
l'appui, cette information est reprise et diffusée dans des centaines de
blogs (notamment par Engadget, un des blogs américains les plus
visités).
Quelques jours après, l'information était
déjà reprise par le New York Times et l'agence
Associated Press.
Autre exemple mondialement repris dans plusieurs milliers de
blogs : l'expérience Coca-Cola / Mentos.
L'année dernière, l'information a circulé
qu'un enfant serait mort après avoir bu du Diet Coke et
avalé quelques bonbons Mentos. Rumeur ou
réalité ?
Quoiqu'il en soit, l'information a été reprise
par les blogueurs du monde entier. Pour illustrer la réaction chimique
qui serait à l'origine du dramatique accident (qui s'avérera par
la suite être une pure invention), les internautes ont filmé leurs
propres expérience en mélangeant les dragées et la boisson
gazeuse : les résultats parlent d'eux-mêmes...
Ce qui pourrait prêter à sourire pour la
majorité des internautes, a été perçu de
façon très différente selon la direction
générale des 2 acteurs principaux :
Pour Mentos, ce buzz a permis d'économiser 10
millions d'euros en achat d'espace, et aurait regonflé les ventes du
groupe.
Pour le géant américain des soft drinks, le son
de cloche est totalement différent. Chez Coca on ne résonne pas
en terme de vente, mais en terme d'image. Toute cette agitation
médiatique est loin de correspondre à l'image que souhaite donner
l'annonceur à ses produits. En effet, alors que le groupe cherchait
à féminiser son Diet Coke, ce buzz tombe plutôt
mal.
Avec l'avènement du web 2.0 l'internaute s'est
libéré des contraintes techniques et peut désormais
s'exprimer librement sur la toile. Il n'hésite plus à prendre la
parole pour s'exprimer, donner son avis sur le monde qui l'entoure, et par
conséquent des marques qu'il consomme, des services qu'il utilise...
Cette prise de parole est devenue une forme de contre-pouvoir à
l'encontre des discours institutionnels des entreprises. Sans budget ils
peuvent déstabiliser une entreprise, plus que ne pourrait le faire
n'importe quel concurrent, et cela avec une légitimité reconnue
par une majorité d'internautes avec un raisonnement du type :
« pourquoi le blogueur critiquerait-il la marque si ce n'était
pas vrai ? »...
B) Vers une cacophonie publicitaire ?
En 2006, le web français aura vu ses investissements
partagés entre 5 400 annonceurs faisant la promotion de 10 000
produits. A titre de comparaison, moins de 1 400 annonceurs ont investi
les écrans publicitaires de la télévision pour mettre en
avant 5 500 produits ou services avec des budgets certes bien
différents.
On a souvent tendance à répéter (à
juste titre) qu'Internet est un nouveau média, il n'en est pas moins
qu'il compte déjà 4 fois plus d'annonceurs que le média
préféré des français.
Par conséquent il devient encore plus difficile pour un
annonceur d'émerger face à l'ensemble des autres acteurs du
marché. Il est en effet très fréquent d'observer plusieurs
dispositifs publicitaires concurrents sur un site consacré à une
thématique en particulier.
En se rendant par exemple sur des sites communautaires
dédiés aux voyages, ou en tapant le mot
« voyage » sur Google on se retrouve face à
de nombreux concurrents du même secteur (13 annonceurs
référencés grâce à Google Adwords),
ce qui n'est pas le cas dans les autres médias dits traditionnels.
Internet s'est tellement vendu auprès des annonceurs
comme un support de communication ouvert à tous (ce qui est presque
vrai), qu'aujourd'hui, effectivement, de plus en plus d'entreprises, dont de
nombreuses TPE, font du web leur unique dispositif média.
La conséquence de ce phénomène se
caractérise par une véritable cacophonie publicitaire où
les grands annonceurs qui optent pour une communication à 360° se
retrouvent en concurrence sur ce média avec des entreprises bien moins
importantes.
Cette configuration a donc pour effet de niveler par le bas
les annonceurs qui investissent sur ce média. Seules peuvent
émerger les entreprises audacieuses et créatives qui misent sur
de véritables expériences publicitaires interactives, ce qui est
malheureusement encore très peu le cas.
Persuadés qu'investir sur Internet (« un
média à la mode ») quel que soit le dispositif
proposé leur apportera inéluctablement des retombées,
aveuglés par des promesses d'audience mirobolante, les annonceurs
achètent des espaces publicitaires qui s'avèrent souvent
inefficaces.
Cette cacophonie risque d'empirer dans les prochaines
années, car les investissements publicitaires sur le web ne cessent
d'augmenter : toujours plus d'annonceurs, toujours plus de produits mis en
avant...
Le déséquilibre de ce système vient en
partie du fait que les annonceurs n'investissent que dans les sites
« leaders ». Ils sont très frileux à
l'idée de s'adresser aux marchés de niches (ce qui
autorégulerait le marché), même si leur coeur de cible s'y
trouve, préférant cibler « large » utilisant
la même stratégie que sur les autres médias et n'utilisant
pas les caractéristiques les plus intéressantes du web.
IV Tout annonceur a-t-il intérêt à
communiquer via les médias numériques ?
Un plan média uniquement
« on-line » semble aujourd'hui peut envisageable, tout
comme le serait également un plan média
« off-line » pour les plus grands annonceurs. Afin
d'envisager un médiaplanning qui intègre les TICN, il faut savoir
pourquoi les individus consomment les supports numériques (A), puis
envisager quels sont les médias les mieux appropriés pour
répondre à un objectif de communication précis (B).
A) Les motifs d'utilisations des médias
numériques
Les débuts du Web en tant que média publicitaire
ont été très laborieux. Après un départ
au-delà de toute espérance, la chute n'a été que
plus difficile.
Les start-up qui avaient fondé leur modèle
économique sur les recettes publicitaires (services gratuits avec
l'espoir d'une forte audience pour susciter l'intérêt des
annonceurs) ont du mettre la clé sous la porte car il était
encore trop tôt. Entre 2001 et 2002, nombreux spécialistes
considéraient Internet comme un support publicitaire mort-né.
5 ans plus tard, l'optimisme est de retour et toutes les
entreprises, si elles n'ont pas déjà franchi le cap,
s'interrogent sur l'opportunité d'investir sur la toile, d'une
manière ou d'une autre.
Pour connaître l'opportunité de communiquer
« publicitairement » via les médias
numériques (créer un site Internet est une chose, se mettre en
avant grâce à une publicité en est une autre...), il est
impératif de connaître les motifs d'utilisation de ces TICN.
Alors que ces raisons sont évidentes pour les jeux
vidéo et les mondes virtuels (besoin de distraction), elles tendent
à se diversifier en ce qui concerne la téléphonie mobile
(écouter de la musique, tchatter, consulter sa messagerie...).
En 2006, IPSOS a révélé les
catégories de sites visités par les internautes
français :
Catégorie de services
|
Ensemble internautes
|
Moteur de recherche
|
68.1%
|
Sites météo
|
51.2%
|
Comparateurs de prix
|
39.0%
|
Petites annonces d'emplois
|
31.9%
|
Petites annonces immobilières
|
26.2%
|
Streaming vidéo
|
24.4%
|
Enchères
|
22.1%
|
Téléchargement (mp3, div x...)
|
18.9%
|
Petites annonces automobiles
|
18.2%
|
Sites de rencontre
|
16.4%
|
Hébergement de pages personnelles et communautés
|
11.5%
|
Cette étude nous aide à comprendre l'explosion
des investissements dans le référencement ou tout autre
dispositif du type « Google Adwords » qui mettent
en avant des entités lorsqu'un Internaute tape certains mots-clé
(plus de 2 internautes sur 3 se rendent sur des moteurs de recherche).
On peut également observer la bonne tenue des petites
annonces (emploi, immobilier, automobile) qui offrent à des annonceurs
spécialisés l'opportunité d'être vus dans des sites
moins généralistes et par conséquent mieux
ciblés.
La troisième remarque est que les sites communautaires,
les blogs et autres pages personnelles ne sont consultées que par 11.5%
des individus connectés, ce qui explique que les annonceurs sont encore
frileux à l'idée de diffuser de la publicité sur des
supports avec une petite audience même relativement bien ciblée.
Ces espaces de communication sont pourtant des supports
très intéressants pour des marchés de niche.
B) Quel média pour quel objectif de
communication ?
Aujourd'hui, le modèle d'allocation des moyens de
communication évolue et les médias numériques cherchent
à concurrencer directement les médias traditionnels au lieu de
les compléter. Dans un contexte concurrentiel, ces derniers ont
néanmoins de sérieux arguments à faire valoir
auprès des annonceurs.
Pour Michel Gotlib, directeur commercial et marketing de
Coca-Cola : « Les médias dits traditionnels ont
de beaux jours devant eux. La télévision n'est pas morte, bien au
contraire ! Pour le lancement d'un produit, la diffusion en
télévision reste majeure, comme l'affichage ou la presse le sont
pour montrer le produit, ou la radio pour développer des habitudes de
consommation ».
Aujourd'hui, la tendance publicitaire se focalise sur les TICN
mais lorsque ces supports seront arrivés à maturité, les
annonceurs devront adopter une vraie réflexion quant au meilleur plan
média à adopter au lieu d'utiliser un discours du type :
« Tout le monde parle des médias numériques, moi aussi
je veux être vu en passant par ces supports ».
A chaque objectif de l'annonceur, et en fonction du budget
alloué, correspondent un ou plusieurs médias. Evidemment, opter
pour une stratégie publicitaire à 360° est le mix de
communication idéal, mais les contraintes budgétaires ne
permettent qu'à un nombre infime d'entités de l'utiliser. Le
tableau suivant met en avant l'opportunité d'investir dans tel ou tel
média selon l'objectif de l'annonceur.
Le premier enseignement est que la télévision et
la presse se détachent nettement des autres médias. Ce sont
incontestablement les supports à privilégier pour toute campagne
publicitaire quel que soit l'objectif. Ceci explique ainsi l'investissement
massif des annonceurs sur ces 2 supports (2/3 des investissements publicitaires
en 2007).
La radio et l'affichage restent intéressants mais
connaissent des lacunes sur certains objectifs : le cognitif pour
l'affichage et l'affectif pour la radio.
Le second enseignement à tirer est que les
médias numériques ne sont pas actuellement des supports en mesure
de répondre seuls à des objectifs de communication complexes.
Seul Internet pourrait apparaître comme un outil relativement efficace
pour résoudre certaines problématiques.
La situation évoluera très certainement dans une
dizaine d'années lorsque la publicité sur la
téléphonie mobile arrivera à maturité et qu'une
majorité de foyers seront connectés au web très haut
débit.
C
e début de 21ème siècle a
été un véritable tournant dans le mode de consommation des
médias qui se répercute logiquement sur un modèle
publicitaire relativement stable depuis des lustres (même si la
montée en puissance de la communication hors média et l'adoption
de la loi Sapin ont aussi modifié ce modèle).
L'adolescent du 3ème millénaire est en phase
avec cette brusque mutation : pendant qu'il fait ses devoirs, la
télévision est allumée, il tchatte avec ses amis en
téléchargeant des vidéos, écoute de la musique et
téléphone sur son mobile. Ce phénomène à
peine exagéré est appelé : « cross
média ».
Les médias numériques ont fait leur apparition
et ne sont pas prêts de disparaître. Internet a désormais
pris son envol et actuellement le gros chantier est de démocratiser la
publicité sur les téléphones portables, jusqu'ici
utilisée presque exclusivement par les opérateurs
téléphoniques et les sociétés de
téléchargement (logo, sonneries...).
Le téléphone portable est devenu un enjeu majeur
pour tous les acteurs de ce secteur, qui regardent avec envie les
investissements publicitaires sur mobile aux Etats-Unis ou au Japon. Cependant
ces pays ont plusieurs années d'avance dans ce domaine, ont une vraie
culture high-tech (alors qu'en France les consommateurs peinent à
utiliser la 3G), et ce n'est pas avant 2015 que les portables viendront jouer
les troubles-fêtes parmi les supports publicitaires français.
En 2007, les médias numériques sont
incontestablement des médias complémentaires, offrant des
opportunités exceptionnelles, mais ne pouvant pas, à l'heure
actuelle se substituer aux médias traditionnels, d'un point de vue
publicitaire (exception faite du cinéma).
Hormis pour certaines problématiques très
particulières (susciter l'achat en ligne, inciter au
téléchargement...), ou pour des petits annonceurs, les TICN ne
peuvent, pas être considérées comme des supports principaux
dans un plan média. Deux études réalisées par
GFK et TNS Sofres confirment ce statut en indiquant que
« Les médias numériques sont différents et
complémentaires. Autant la télévision s'impose pour faire
connaître une marque, renforcer sa notoriété, exprimer sa
personnalité, ou lui donner une dimension créative, autant les
TICN occupent des positions fortes quand il s'agit de promouvoir des discours
promotionnels interactifs, d'apporter des informations sur une marque ou
d'innover ».
Ayant conscience de cette complémentarité entre
médias numériques et classiques, les principaux acteurs de ces 2
univers cherchent à diversifier leur offre de contenu ou leurs
dispositifs publicitaires pour proposer des approches à 360°, et
surtout ne pas se laisser distancer par la concurrence (annexe 4).
Dans ce contexte, TF1 Publicité est parti
à l'offensive pour conquérir des parts de marché
publicitaires sur Internet. La régie publicitaire de la plus grande
chaîne de télévision d'Europe est désormais en
mesure de proposer une audience publicitaire de masse (7 millions de visiteurs
uniques) sur Internet à travers ses sites et ses plateformes
communautaires (tf1.fr, eurosport.fr, lci.fr, metro.fr, wat.tv et
overblog.com).
De l'autre côté de l'Atlantique, Google
fait la démarche inverse et tente d'exporter son approche dans la
publicité télévisée. En effet, le géant
mondial a signé un accord avec Echostar (le 1er
opérateur américain de chaînes payantes pour gérer
une partie de ses espaces publicitaires. Après avoir exporté son
modèle de commercialisation de publicité en radio et en presse,
Google tente une percée sur le petit écran dans un
marché très juteux (54 milliards de dollars investis par les
annonceurs à la télévision).
Google vendra ses espaces publicitaires
télévisés via des enchères en ligne, les annonceurs
surenchérissant sur le prix qu'ils sont prêts à payer pour
un millier de téléspectateurs. Le géant du web s'engagera
à calculer l'audience exacte des spots afin de facturer
précisément l'annonceur en fonction de sa visibilité.
Google, maître incontesté d'Internet
(moteurs de recherche et vidéo en ligne), place progressivement ses
pions dans le complexe échiquier médiatique :
téléphonie mobile, radio, presse et désormais
télévision. 8 ans après sa création, l'entreprise
est devenue la marque la plus puissante du monde et a pris la place de
Microsoft dans l'imaginaire collectif. Le groupe annonce vouloir
numériser l'ensemble du savoir de la planète pour le rendre
disponible au monde entier. Certain spécialistes pensent que
Google pourrait, à terme devenir un média à part
entière.
Autre support prédit à un bel avenir :
Joost. Joost est la dernière création des
inventeurs de Skype (téléphonie gratuite via Internet),
et de KaZa (échange gratuit de fichiers musicaux).
Cette technologie permettra dès 2008 aux Etats-Unis de
regarder gratuitement sur son ordinateur, son portable où sa
télévision une multitude de programmes vidéo à la
demande (en partenariat avec de grands fournisseurs de contenus du type
Warner) qu'il sera possible de commenter en direct avec d'autres
Internautes, de mettre le programme en pause, d'accélérer la
diffusion... «C'est quasiment l'avènement du marketing direct
en télévision ! Les annonceurs pourront toucher des millions
de personnes de façon différenciée. Si un utilisateur
regarde les émissions de golf et Desperate Housewives, il sera
possible de lui adresser des messages publicitaires pour des articles de golf
au milieu de sa série » explique Eric Clémenceau,
directeur commercial de Joost Europe.
A un échelon bien inférieur, on trouve des
innovations technologiques qui tendent à combiner les
caractéristiques de la télévision avec celle d'Internet.
En Belgique par exemple, Alcatel expérimente un service permettant
d'alimenter une chaîne de télévision locale via Internet.
Le principe est simple : des particuliers mettent en ligne des
vidéos qui, une fois contrôlées, sont diffusées sur
une chaîne de télévision, My own TV.
Tous ces rapprochements conduiront inévitablement
à une totale convergence des supports. Dans un futur proche (2015-2020),
les consommateurs auront alors à leur disposition à domicile un
écran sur lequel ils regarderont la télévision et des
vidéos gratuites à la demande, surferont sur Internet, liront la
presse et écouteront la radio. Cette technologie existe à l'heure
actuelle mais n'est absolument pas démocratisée en France. Et en
dehors de leur foyer ils possèderont un téléphone portable
grâce auquel ils pourront effectuer exactement la même chose...et
téléphoner. Les supports de communication deviendront
plurimédias. A côté de ça, les affiches
possèderont des dispositifs numériques permettant d'envoyer des
promotions aux passants, de télécharger des bandes
annonces...Seul le cinéma semble difficilement pouvoir se renouveler, ce
qui explique l'effritement des investissements publicitaires dont il
bénéficie.
Pour ce qui est du contenu publicitaire, la tendance ira au
pull (publicité sollicitée), plutôt qu'au push
(publicité imposée), et à toujours plus
d'interactivité.
Inévitablement on assistera à une
standardisation de la publicité puisqu'elle sera diffusée sur le
même support. Cependant les campagnes seront beaucoup mieux
ciblées puisqu'elles seront adressées à des destinataires
qui en ont fait la demande préalable ou qui ont déjà
montré un intérêt au produit, au service où à
la marque.
Dans les 5 prochaines années, les médias
classiques conserveront leur leadership, mais en terme d'investissement
publicitaire, Internet aura rattrapé l'affichage et la
téléphonie mobile deviendra un support de communication enfin
intéressant pour les annonceurs. Cependant les TICN resteront des
médias complémentaires.
Il faudra probablement attendre quelques années de plus
pour qu'elles deviennent des supports de communication principaux. La notion de
médias principaux et complémentaires sera alors devenue assez
floue puisque, convergence oblige, les médias seront devenus hybrides et
fragmentés.
ANNEXES
Annexe 1 : Le Figaro 18/01/2007
Annexe 2 : Economie Matin 12/02/2007
Annexe 3 : Les Echos - 30/11/2006
Buzz marketing et le pouvoir croissant du
consommateur
Annexe 4 : Le Figaro - 23/03/2007
Annexe 5 : 3 Couleurs - Juin 2007
Résumé du mémoire en anglais
Advertising companies have taken the opportunity to use NICT
for consumers and integrate more and more often these supports for their media
plan. They have definitely changed their methods and now, announcers are ready
to adopt them.
So these new types of media find a place in a mediaplanning,
but can we really say that they will become the main advertising support for
the future?
Will these digital medias be the main advertising support
or the adding advertising for the next years?
Internet, telephone and the virtual world (which is less
important) are, and will be, obviously the main opportunities of communication
for announcers, concerning the audience they can adopt as well as the
development of these technologies.
As they have been doing for 5 years for each new year,
journalists will untitled «advertising investissement on Internet
explode». January 2007, knows the same event (as well as January 2008 will
know that...).
In 2006, the budget of the announcers on the web reach at
least 1.7 billion euros gross indeed, that is 48% increase.
To renew and break the «old medias» image, classical
medias (press, TV, radio and bill) use more and more often digital
disposals.
Using digital media as advertising support give lot of
possibilities for the announcers: a better targeting, an audience mesure known
in the present time, an unbelievable creativity, and the interactivity increase
buying.
Viral marketing, also named buzz marketing (ears to ears in a
digital way) able to get results sometimes substantial with a minimum
investissement.
Besides, watching at bloggers who have a real influence,
companies can «instrumental» the new messages on-line of these new
leaders of opinion and make the brand credible for the cyber-readers.
However, the offer of the content, concerning mainly mobile
phone, is often over consumer demanding (WAP, 3G...) and then, the users of
digital medias are more and more overwhelming by ad on these type of support.
Even through digital medias would have given a real renew
creative as advertising support, we can notice quickly that reality is under
the hope. However this mistake cannot be explain with a unique reason but ti is
shared between announcers who are afraid and creative support who cannot be
sold.
At the beginning of the digital period, digital medias appears
as a world without rules in which everybody could say all that they wanted,
nowadays, everybody respect the rules and laws watches at advertising field
more and more efficiently.
As they are sure that they can invest in Internet
(«fashion media»), whatever the disposal proposed, they will obtain
results, be blind by substantial audience promises, announcers buy advertising
place which look often inefficient.
This advertising noise risk to be worst in the next years
because advertising investissement on the web increases each year: always more
and more announcers, always more and more products beloved.
Nowadays, advertising trend is focused on NICT but when these
supports will be matured, announcers will have to adopt a real reflexion
concerning the best media plan to adopt instead of using a speech saying
«everybody talks about digital media, I also want to be seen via these
supports».
Regarding each target of the announcer, and according the
budget of communication one or several specific media can fit.
Therefore, we can observe that these digital media can be
efficient to create traffic, there really less efficient to create notoriety or
favoured a corporate image.
Bibliographie - Sources
PRESSE / LIVRE
ü Stratégies
ü CBnews
ü Le Figaro
ü Les Echos
ü Metro
ü 3 Couleurs
ü Economie matin
ü Newzy
ü La Correspondance de la publicité
ü Le Publicitor
ü Francoscopie 2007
ü La fin de la télévision - Jean-Louis
Missika
INTERNET
ü www.wikipedia.org
ü www.aacc.fr
ü www.uda.fr
ü www.media-poche.com
ü www.mediametrie.fr
ü www.iabfrance.com
ü www.secondlife.com
ü www.journaldunet.com
ü www.zdnet.fr
ü www.bzzagent.com
ü www.20minutes.fr
ü www.tns-sofres.com
TELEVISION
ü TF1 : La vie des médias - La
publicité à l'ère du numérique
ü France 5 : C dans l'air - Le boom de la
TNT
ü Direct 8 : La pub et le beau temps
Remerciements
Denis Caminade (Directeur de mémoire externe)
Jean-Marie Gourlot (Directeur de mémoire interne)
Audrey Duffourd (Chef de publicité - Metro)
Gilles Douieb (Chef de publicité Web - Metro)
Florent Villalon (Chef de publicité - France
Télévisions Publicité)
Alain Guyard (Directeur commercial Publicité -
www.observatoiredelafranchise.fr)
P-E Meynier (Directeur commercial Publicité -
www.franchise-magazine.com)
Thierry Prignaud (Commercial - Orange publicité)
Mélanie Gigon (Directrice communication - Domino's
Pizza)
Marie Roussel (Directrice de création - Décollage
Vertical)
Sandrine Macé (Professeur IESA)
Kathia Moutou (Chargée de communication)
Olivier Sagne (Réalisateur - Mounprod)
Renata Dalmaso (Aide à la correction du
mémoire)
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