Rcherche fondamentale sur le dialogue interreligieux islamo-chrétien( Télécharger le fichier original )par Salem (ben lazher)OMRANI I.S.AJ.EC - Maitrise 2000 |
Intitulé de la recherche :Essai fondamentale sur le Dialogue interreligieux Islamo Chrétien.(abstract)Travail Elaboré par le chercheur Salem(ben lazher)OMRANI I.S.A.J.E.C-TUNIS Juin 2001 Email :omranisalem@yahoo.fr -Choix du sujet
Raisons objectives :
-L'idée erronée que l'on se fait du monde musulman, souvent associé au fanatisme et à l'obscurantisme. - Tentative de bien montrer le vrai visage de l'Islam. - Essayer de bien élaborer une vision globale sur la question du dialogue islamo-chrétien, tout en se penchant sur son historique, ses origines théologiques, ses difficultés. -Depuis quelques années, on parle beaucoup de l'Islam en Occident parfois avec respect et amitié, mais aussi très souvent encore avec beaucoup de préjugés et d'ignorance, une ignorance qui engendre la peur !
Introduction et problématique :L'homme est un phénomène très complexe. En plus de ces problèmes complexes que sa nature provoque à divers moments, à travers ses actes et ses activités, problèmes qui, de ce fait même, aussi bien les membres de son propre groupe que ceux des autres communautés, le plus fondamental est peut-être encore ce conflit perpétuel qui se joue en lui entre le bien et le mal. Ce conflit inhérent à la nature humaine, s'est manifesté sous des formes variées au cours de l'histoire. Depuis le temps de Caïn et Abel l'homme a vu la violence, la guerre, l'exploitation et la tyrannie ; les livres révelés nous rapportent « que la première guerre de l'humanité était une guerre de religion :la lutte des fils d'Adam, Caïn et Abel, autour d'un problème religieux :qui était le plus agréable à Dieu »*1(*). Autrefois, lorsque deux communautés religieuses se rencontraient, elles essayaient généralement de soumettre la communauté rivale par les armes, les idées, par la culture et si cela s'avérait impossible, elles finissaient par s'ignorer complètement l'une l'autre afin de garder intact leur particularisme religieux et culturel. C'est une exigence toute nouvelle que leur propose le monde d'aujourd'hui :il s'agit d'apprendre à vivre entre partenaires égaux dans une communauté à dimension universelle. De ce fait, nous allons essayer dans cette présente introduction, d'exposer clairement la nécessité et l'importance du dialogue, comme une des exigences dont on ne peut se passer dans notre vie quotidienne, sans parler de notre vie intellectuelle et culturelle. Peut-être pourrons nous ainsi préparer le terrain à l'exposition de plusieurs écueils sur lesquels bute le dialogue Interreligieux en ces temps difficiles de l'histoire humaine. Il faut également souligner l'importance du dialogue pour le développement intégral, la justice sociale et la libération humaine. Les deux religions majoritaires chrétienne et musulmane sont appelées à s'engager sur cette voie d'une manière désintéressée et avec impartialité. Il faut qu'elles se mobilisent en faveur des droits de l'homme, qu'elles dénoncent les injustices non seulement quand leurs propres membres en sont les victimes, mais aussi indépendamment de l'appartenance religieuse des personnes qui en souffrent. Il faut aussi que tous s'emploient à résoudre les graves problèmes auxquels les sociétés doivent faire face et à promouvoir la justice et la paix. Dans ce large processus devant impliquer Etats et peuples, la parole ne peut être du ressort exclusif des politiques, des diplomates, des économistes, des experts techniques : une part revient du plein droit au médiateurs par excellence que sont ou devraient être « les gens de l'écriture », les porteurs de messages révélés, tous ceux que l'islam désigne comme « les héritiers des prophètes ». C'est à ces divers serviteurs de la parole que revient la mission de maintenir la nécessaire et fraternelle communication entre hommes. C'est -à- dire qu'en marge sinon au sein même du dialogue et des échanges culturels, le dialogue islamo-chrétien a sa place tout indiquée. Loin de nous l'idée de mêler les genres et de confondre les choses. Mais il est des évidences qui s'imposent à l'esprit :comment négliger, nier ou sous-estimer la dimension spirituelle et religieuse de certains problèmes qui sollicitent chaque jour notre attention ou que nous rappelle une brûlante actualité lorsque nous tentons de les oublier la Palestine, la Bosnie, le Kosovo, la Tchétchénie, l'Inde, l'Afghanistan, le Liban, l'Indonésie, etc. Des régions où les événements qui s'y déroulent ont crée des ruptures dans les coeurs et les esprits. Nous ne sommes pas ici pour mener une enquête et nous demander qui a commencé ou quelles sont les causes de ces déchirements. Les relations islamo-chretienne sont caractérisés par des marques de Scepticisme et de méfiance que bien des chrétiens et musulmans n'hésitent pas à afficher lorsqu'il s'agit des perspectives de rencontre. Gageure, irréalisme et vague sentimentalisme pour les un, fort possible légitime et un devoir pour les autres, le dialogue Islamo - Chrétien paraît plutôt suspect au regard de beaucoup non pas certainement dans sa visée spirituelle mais en raison de ses inévitables incidences politiques. D'où l'interrogation : dans quelle mesure un tel rapprochement pourrait-il se faire ? S'agirait- il d'une sorte de front des deux grandes religions monothéistes contre les idéologies matérialistes, ou d'une forme de croisade contre les incroyants ? Certains se demanderont si la conjugaison de ces deux grandes forces religieuses ne sera pas en définitive récupérée par des régimes politiques à des fins exclusivement temporelles. Pour d'autres, le dialogue islamo-chretien n'a de sens que lorsqu'il se mobilise dans l'action au service des hommes, déshèrités, des opprimés et toutes les innocentes victimes des régimes tyranniques. Comment ne pas s'interroger sur les possibilités et les vertus d'un tel dialogue ? Et quelle crédibilité pourrait-il bien avoir si les partenaires eux-mêmes ne donnent pas l'exemple d'une totale détermination et disponibilité d'une part, et d'autre part s'ils ne se manifestent pas par des actes concrets ? Ce qui nous amène à nous poser la question la problématique de notre étude : le dialogue interconfessionnel christiano -musulman a t-il pu dépasser le stade verbal pour être traduit dans les faits ? peut-on parler de l'existence d'un véritable dialogue interreligieux ? Etymologie et signification des mots « religion » et « dialogue » :
-Ensemble d'actes rituels liés à la conception d'un domaine sacré distinct du profane et destinés a mettre l'âme humaine en rapport avec Dieu
La vie est inimaginable comme le dialogue entre les hommes. De ce fait le christianisme ou l'islam est une tradition ou un ensemble de traditions sociales du point de vue anthropologique, mais c'est un ensemble de traditions religieuses vivantes parce qu'il y a des chrétiens ou des musulmans qui en vivent et en font l'expérience. Wilfred Cantwell Smith*3(*) propose d'aborder le phénomène religieux de manière comparative, mais en particularisant précisément deux niveaux fort a) Le plan individuel, existentiel et "experientiel" de la foi vécue et personnelle: L'individu, à ce niveau, est conscient de se trouver confronté à une réalité transcendante, divine, avec laquelle il entretient une relation créatrice. On ne saurait conceptualiser ni systématiser cette relation créatrice originelle avec le Divin transcendant. On ne peut que l'exprimer à travers le symbole, le mythe, le rite, l'art, de façon toujours subjective, unique inattendue, neuve. Et il n'y a aucun sens à parler de cette foi personnelle en termes de foi chrétienne, musulmane, bouddhique, juive, hindoue. Car la foi personnelle transcende tous ces systèmes. D'après lui, le dialogue n'a de sens que dans cette confrontation entre la foi personnelle d'un individu et celle d'un autre, non entre des systèmes religieux. W.C.Smith est persuadé que le Divin transcendant appréhendé par la foi personnelle est essentiellement et toujours le même. Le dialogue inter religieux peut donc déboucher sur une expérience de profonde communion entre des hommes relevant de systèmes religieux fort différents. Ü) Le plan social institutionnel de la religion érigé en système mondain extérieur: ce que Smith nomme «la tradition cumulative» et qu'il refuse de dissocier du processus culturel lui-même. Ce processus de tradition cumulative varie bien entendu d'une société à l'autre et au sein d'une même société,il ne cesse de se modifier, de faire changer. Etudier une religion en tant que système social et institutionnel, c'est donc étudier un tout vivant, dynamique, en perpétuel processus de transformation auquel les individus ont toujours concouru. Si W.C.Smith distingue très clairement deux dimensions ou plans de la religion, il ne cherche donc ni à les séparer ni à les opposer. La Foi personnelle ne peut s'exprimer qu'a travers des supports sociaux, idéologiques, culturels. Il n'existe pas de foi sans tradition ou croyance,détachée d'un système. Mais l'élément qui est déterminant et créatif revient toujours à la foi personnelle. *3(*)Dialogue : n.m ( latin. dialogus ,entretien) 1-Conversation, échange de vues entre deux ou plusieurs personnes. 2-Ensemble des répliques échangées entre les personnages dune pièce de théâtre, d'un film, d'un récit. 3-Discussion visant à trouver un terrain d'entente. Il s 'agit dans le dialogue d'une oeuvre commune à deux où l'on se répond. C'est un processus de réciprocité entre deux ou plusieurs parties, ou bien une action qui se poursuit avec les autres. Ainsi dans cette étude, nous adoptons une large définition du dialogue qui intègre le terme « communication ». C'est pourquoi nous pensons que le dialogue consiste en un discours qui a lieu entre deux personnes ou deux groupes ou une personne d'un groupe. Il se réalise essentiellement par la parole mais aussi par des moyens de communication autres que le discours. C'est une méthode qui est enseignée aujourd'hui dans le cadre de la sociologie et qui est étudiée comme une science ou un art. Le dialogue comme phénomène de civilisation intègre le dialogue interreligieux qui lui aussi introduit dans l'autre contexte celui de la culture et de l'interculturel. Le concept de culture est plus large que celui de religion. Selon une certaine conception, La religion représente la dimension transcendante de la culture, elle est donc son âme. La culture est l'expression caractéristique de l'homme et de son histoire au niveau individuel et collectif. La culture et la religion sont des éléments liés à la définition même de l'homme ; être homme signifie nécessairement exister dans une culture déterminée. Les religions ont certainement contribué au progrès de la culture et à l'édification d'une société plus humaine. Cependant, les pratiques religieuses qui ont parfois aussi eu une influence aliénante sur des cultures autonomes sécularisées peut aujourd'hui jouer un rôle critique vis-à-vis de certains éléments caducs dans telle ou telle religion. La question est donc complexe car plusieurs religions peuvent coexister dans un seul et même cadre culturel, alors qu'une même religion peut trouver à s'exprimer dans des contextes culturels différents. Il arrive même que des différences religieuses amènent à des cultures distinctes dans une même région. Mais d'autre part, il ne faut pas perdre de vue la variété des formes du dialogue: a) Le dialogue des expériences de vie: où des personnes appartenant à des cultures différentes tentent de cohabiter au sein d'un même contexte. b) Le dialogue des oeuvres où il y'a collaboration en vue du développement intégral et de la libération totale de l'homme. c) Le dialogue des échanges théologiques où des spécialistes cherchent à approfondir la compréhension de leurs héritages religieux respectifs et à apprécier les valeurs spirituelles des uns et des autres. d)Le dialogue de l'expérience religieuse, où des personnes enracinées dans leur propres traditions religieuses partagent leurs richesses spirituelles par exemple par rapport à la prière et à la contemplation, à la foi et aux voies de recherche de Dieu ou de l'absolu. Aperçu sur les relations islamo- chrétiennes et le dialogue interconfessionnel. Le dialogue islamo - chrétien suscite toujours de vives passions. L'Islam, religion née après le christianisme, entretient des relations complexes avec ce dernier. Selon le coran, le christianisme fait partie de l'islam, c'est à dire la continuation authentique de la mission de Jésus. Le Coran prétend dire la vérité sur le christianisme. L'Islam semble particulièrement frappé et scandalisé par la division des chrétiens. Une sourate du Coran invite "les gens du livre" (juifs et chrétiens) au dialogue « Venez à une parole commune entre nous et vous... »(S.III ,64). Pour les chrétiens, l'islam n'a évidemment pas de place dans ses origines pour la simple raison qu'il est né six siècles après le Christ. L'Islam constitue d'abord un grand défi, il s'est répandu sur des terres qui, pour la plupart, non seulement étaient chrétiennes mais constituent les terres d'origines du christianisme. Il constitue aussi un défi théologique :comment comprendre et situer cette grande religion qui se veut la vérité du christianisme ? Au Moyen Age dans l'Europe chrétienne, le musulman était " l'autre" non chrétien par excellence, regardé de façon très négative suite aux nombreuses confrontations (les conquêtes musulmanes arrêtées à Poitiers (732), les Croisades (1095-1291). Ce dernier épisode continue à hanter l'imaginaire et la mémoire des musulmans aujourd'hui. Il faudra attendre le XX ème siècle pour que l'Eglise jette un regard positif sur l'Islam. La meilleur trace en est le concile Vatican II. En contrepartie, l'islam garde dès l'origine une estime considérable pour le christianisme.
* 1 De Epalza (Mikel), Islam christianisme et Incroyance, Maison tunisienne d'édition, Tunis,1973. p8
* *3 Professeur de philosophie de la religion a l'Université de Harvard et directeur de centre d'étude des religions mondiales. * 3Nouveau Larousse encyclopédique (vol 1) 1994 |
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