Chapitre 3 :
Vérification des hypothèses,
simulation et prévision
Thème : « Analyse des déterminants de
la consommation des ménages au Bénin : une approche par le
modèle à correction d'erreur »
Section 1 : Interprétation des modèles et
vérification des
hypothèses
Paragraphe 1 : Interprétation et analyse comparative
des
modèles
Après l'estimation et la validation des modèles, il
est nécessaire d'évoquer leurs implications sur le plan
économique.
A- Interprétation des modèles
1) Modèle de la consommation des biens non
durables Le modèle obtenu s'écrit :
ALog(Cnt) = -0,66[Log(Cnt-1)- 4,41 - 0,38LogRt-1 +
0,53Log(Pnt-1) - 0,28Log(Pdt-1) - 0,06Logit-1 - 0,02trend] +0,64ALog(Cnt-1) +
0,27ALogRt - 0,42ALog(Pnt) + 0,24ALog(Pnt-1)+ ut
L'équation estimée traduit des dynamiques
d'ajustements à l'équilibre réalisé dans le long
terme. À long terme, la consommation des biens non durables
dépend du revenu disponible des ménages, des prix et du taux
d'intérêt auxquelles s'ajoute une consommation incompressible.
Lorsque le revenu augmente de 1%, la consommation des biens non durables
augmente de 0,3 8%. Une hausse de 1% des prix des biens non durables
(respectivement des biens durables) entraîne une baisse de 0,53%
(respectivement une hausse de 0,28%) de la consommation de ce type de biens. De
plus une augmentation de 1% du taux d'intérêt se traduit par une
augmentation de 0,06% de cette consommation.
À court terme, la consommation courante dépend
de celle de l'année précédente : une
accélération de 1% de la consommation d'une période
entraîne une accélération de 0,64% de celle de la
période suivante. On trouve également dans la dynamique le
revenu, et le prix relatif à ce type de biens. Une
Thème : « Analyse des déterminants de
la consommation des ménages au Bénin : une approche par le
modèle à correction d'erreur »
accélération de 1% du revenu provoque une
accélération de 0,27% de la consommation. Un
renchérissement de 1% des prix des biens non durables entraîne une
baisse de 0,42% de la variation de la consommation courante et une hausse de
0,24% de la variation de la consommation de l'année suivante.
2) Modèle de la consommation des biens durables
La représentation à correction d'erreur s'écrit
:
ALog(Cdt) = -0,96[Log(Cdt) - 0,70 - 0,40LogRt
-0,05Log(Pnt) +0,03Log(Pdt) -0,11Logit + 0,01trend] + 0,58ALog(Cdt-1) +
0,16ALogRt - 0,69ALog(Pnt) + 0,36ALog(Pdt) + 0,54ALog(Pdt-1) + ut
Le modèle traduit des dynamiques d'ajustements à
l'équilibre réalisé dans le long terme. À long
terme, la consommation des biens durables est déterminée par le
revenu disponible des ménages, les prix et le taux
d'intérêt auxquels s'ajoute une consommation autonome. Lorsque le
revenu augmente de 1% la consommation augmente de 0,70%. Une hausse de 1% des
prix des biens non durables (respectivement des biens durables) entraîne
une hausse de 0,05% (respectivement une baisse de 0,58%) de la consommation de
cette catégorie de biens.
À court terme, la consommation courante dépend
de celle de l'année précédente : un accroissement de 1% de
la consommation d'une période provoque un accroissement de 0,64% de
celle de la période suivante. On trouve également dans la
dynamique le revenu et les prix des deux catégories de biens. Une
augmentation de 1% de la variation des prix des biens non durables se traduit
par une diminution de 0,69% de la consommation. Une accélération
de 1% des prix des biens durables entraîne une hausse de 0,36%
(respectivement de 0,54%) de la consommation courante (respectivement de la
consommation de l'année suivante).
Nous constatons que le taux d'intérêt
n'apparaît pas dans les relations de court terme. Cela pourrait provenir
d'une raison fondamentale: les ménages en
Thème : « Analyse des déterminants de
la consommation des ménages au Bénin : une approche par le
modèle à correction d'erreur »
général n'ont pas tellement la culture
spéculative. L'une des caractéristiques des pays
sous-développés est la difficulté que les banques ont
à mobiliser l'épargne pour le financement de l'économie.
En effet les ménages ont plus de préférence pour la
thésaurisation (détention improductive de valeurs ou de
créances par un agent économique) et ceci en raison des
coûts et des formalités auxquels ils sont assujettis de la part
des institutions financières. En outre, le secteur informel occupant une
place importante dans les économies sous- développées, les
agents économiques ont tendance à développer les
activités informelles au détriment de l'épargne même
si le taux d'intérêt est attrayant.
B- Analyse comparative des modèles
Les résultats de l'estimation des modèles des deux
catégories de biens sont différents. L'analyse comparative se
fera au niveau de chaque déterminant.
1) Revenu
Les élasticités-revenu dans les deux
modèles sont positives. Les biens sont donc tous normaux.
Les résultats révèlent que
l'élasticité-revenu de la consommation des biens durables est
toujours plus importante et atteint, à long terme, le double de celle de
l'autre. Cela montre que les ménages, sous l'effet de l'augmentation de
leur revenu, s'intéressent plus aux biens durables qu'aux biens non
durables. Ce fait pourrait s'expliquer entre autre par l'importance
accordée au logement. En effet, l'un des premiers soucis des
Béninois après l'alimentation est l'acquisition d'une parcelle et
la construction d'un logement.
2) Les prix
Les modèles obtenus indiquent que toute variation du
niveau des prix d'un type de biens modifie la structure des dépenses des
ménages.
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la consommation des ménages au Bénin : une approche par le
modèle à correction d'erreur »
a) Prix des biens non durables
Les élasticités par rapport à ce
déterminant montrent qu'à court terme, sous l'effet d'une
augmentation du prix des biens non durables, les ménages restreignent la
consommation de chaque type de biens mais celle des biens non durables dans une
moindre mesure (-0,42 pour les biens non durables contre -0,69 pour l'autre).
Aucune substitution n'est donc faite à court terme.
A long terme, une hausse de 1% du niveau de cette variable est
suivie d'une réduction de la consommation des biens non durables
(-0,53%) et d'une légère augmentation (+0,05%) de la consommation
des biens durables. A ce niveau, il y a substitution des biens non durables aux
biens durables.
b) Prix des biens durables
A court terme, suite à l'augmentation des prix des
biens durables, les ménages augmentent leur consommation courante en
biens durables. Ces biens sont donc des biens de GIFFEN de manière
conjoncturelle.
A long terme, les ménages diminuent
considérablement leur consommation de ce type de bien et consacrent la
moitié de cette baisse à la consommation des biens non durables.
Cette faible substitution témoigne de l'importance accordée aux
biens durables à long terme.
3) Taux d'intérêt
Cette variable n'a aucun effet sur les consommations des
ménages à court. Mais à long terme, elle a un effet
positif sur la consommation des deux types de biens. Les ménages
béninois accroissent leur consommation des biens durables à un
niveau correspondant au double de l'augmentation de celle des biens non
durables.
Thème : « Analyse des déterminants de
la consommation des ménages au Bénin : une approche par le
modèle à correction d'erreur »
Au terme de cette analyse, deux remarques se
dégagent :
+ à court terme, les biens durables sont des biens
de GIFFEN ;
+ à long terme, l'analyse des effets du revenu et
du taux d'intérêt révèle une
préférence des ménages aux biens durables.
En dehors de ces variables, le terme de l'erreur explique les
effets des variables qui n'ont pas été pris dans le
modèle. La constante quant à elle, traduit les effets à
l'origine, c'est-à-dire ceux avant 1982.
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