Le secteur informel et le relachement de la contrainte budgétaire des ménages des fonctionnaires de l'état à Goma. Cas du quartier Katindo de 2005 à 2006( Télécharger le fichier original )par Blaise KIBALONZA KABWENDE Université de Goma - 2005 |
I.2.2. Les causes du développemt de l'économie informelle et son importance8(*)Avec l'exode rural, les villes du tiers monde deviennent le théâtre d'une population active en expansion. Or, le secteur formel moderne ne peut offrir un nombre suffisant d'emplois à cette population. Deux réalités expliquent cette situation selon Carlos Maldonado, les emplois dans le secteur formel sont souvent mal rémunérés, d'où une diminution du pouvoir d'achat des travailleurs. Sur le continent africain, l'exportation limite le marché intérieur qui devient, par conséquent, très faible. En décroissance depuis 1960, l'ensemble de l'industrie de l'Afrique Sub-Saharienne équivaut à peine à celles des Pays-Bas. Selon ce même auteur: « [...] l'Afrique est en ce moment un des rares continents où l'exploitation systématique des ressources par l'étranger se fait sans contre partie d'investissements productifs, de création d'emplois et d'exportation des biens manufacturés ». Parallèlement, la fonction publique offre de moins à moins d'emplois en raison, entre autre, des politiques d'ajustement structurel. Ces politiques ont été imposées à la suite de la crise économique des années quatre vingt. Selon Thaw Babacar (1993), cette crise a en effet provoquée un ralentissement de la croissance agricole, une chute de la production industrielle, des mauvais résultats en matière d'exportation, une augmentation de la dette et, bien entendu, une dégradation des indicateurs sociaux. Autrement dit, la stagnation du secteur moderne et des services entraîne le développement du secteur informel qui lui, offre un coût à la création d'empois beaucoup plus faible. Selon plusieurs auteurs, l'Etat est fortement mis en cause dans l'analyse du problème de l'informalité. Il semble en effet absent lorsqu'il s'agit de réguler la société. A ce sujet, Gaspard B. Muheme parle d'une faillite de l'Etat dans ses mécanismes de régulation de la crise et de la marginalisation. Lamine Diehdiou (2003) exprime sensiblement la même idée lorsqu'il écrit qu' « il a donc, quant au fond, une indéniable faillite de l'Afrique officielle ». Dans ce contexte, l'économie informelle concrétiserait les tentatives d'inspiration sociale pour corriger les manques de l'Etat. En sommes, l'Etat dans les pays africains serait incapable de répondre aux besoins de base de sa population et serait même responsable d'une tendance régressive dans la répartition, du revenu. Sommes nous devant un Etat démissionnaire? Pour Carlos Maldonado (2001), les pouvoirs publiques étant incapable d'offrir une alternative de développement, les citadins africains trouvent les moyens de survivre et de s'affirme, par leur propre initiative et leur propre ingéniosité. Si l'Etat des pays africains est inexistant dans le devoir de réguler et de distribution, il est parfois qualifié de « Monstre agonisant ». Le BIT fait état, dans les pays du tiers monde, d'obstacles juridiques et institutionnels rendant difficile la possibilité pour les travailleurs et les entreprises d'évoluer vers le secteur formel ou de s'y maintenir. Toujours selon le BIT, d'autres causes fondamentales permettent le développement de l'économie informelle: les politiques publiques nationales empêchant la création d'emplois dans l'économie formelle, l'accès limitée à des institutions fortes et efficace ainsi qu'une discrimination envers les femmes et autres groupes défavorisés. Les tendances démographiques, l'absence de représentation et de moyens d'expression pour les travailleurs du secteur informel sont, de la même façon, des causes de l' « informalisation ». Face à un Etat incapable de redresser la situation, l'économie informelle répond, pour la population, à une stratégie de survie. L'économie informelle est en mesure de créer des emplois, et même de contribuer au produit intérieur brut (PIB), donc au revenu national. Pour Carlos Maldonado (2001), les activités informelles deviennent la seule alternative pour les chômeurs et les nouveaux entrant sur le marché du travail. En dépit du fait que l'économie informelle ne peut, selon le même auteur, sortir les pays en développement de la crise, elle pourvoit à l'essentiel des emplois urbains et assure elle-même la formation. Productivité et facteur de redistribution, l'économie informelle a un rôle de première importance quant au maintien de l'équilibre du système social des centres urbains. Elle a des conséquences positives en terme d'intégration économique, de cohésion et de régulation sociale. Voilà une citation particulièrement pertinente de Arllano, Gasse ett Verna (1994) : Nous ne saurions longtemps ignorer la multitude de ces petits métiers qui, dans un environnement urbain ex- croissant, offrent des biens et des services peu coûteux et adaptés aux réalités socio- culturelles et aux besoins des populations. Ces entreprises sont essentielles pour susciter la richesse collective. Elles permettent de réaliser des revenus substantiels, de créer des emplois, de régler quelques problèmes de chômage [...]. Elles contribuent aussi aux efforts de développement endogènes et auto- centrés. Quoique le secteur informel soit constructeur, il est également paradoxal, voire négatif, selon Thiaw Babacar en 1993. Ainsi, si l'économie voire informelle ne paie pas d'impôt, l'assiette fiscale diminue et donc, avec elle, la puissance publique. Mais si l'assiette fiscale diminue, le développement des activités informelles est favorisé car il y a moins, D'emplois dans le secteur public. L'auteur nous dévoile ainsi un cercle vicieux propre à la dynamique informelle. |
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