Le secteur informel et le relachement de la contrainte budgétaire des ménages des fonctionnaires de l'état à Goma. Cas du quartier Katindo de 2005 à 2006( Télécharger le fichier original )par Blaise KIBALONZA KABWENDE Université de Goma - 2005 |
CHAPITRE I : CONCEPT ET DIMENSION DE L'ECONOMIE INFORMELLEI.1. LE CONCEPT D'ECONOMIE INFORMELLEIl est difficile de définir l'économie informelle car ce concept relève d'un phénomène relativement flou. C'est pourquoi, dans la littérature, il n'y a pas de consensus chez les auteurs. Sur les traits particuliers qui le distinguent. Néanmoins, certains attributs de cette économie sont récurrents dans les écrits. Pour l'auteur Gauthier de Villers, les activités du secteur informel seraient des activités pratiquées généralement par les pauvres, exercées plus ou moins en marge des lois et des institutions officielles et relève des normes spécifiques par rapport à celles de la modernité.4(*) Constitué par toutes les activités autres qu'agricoles, industrielles ou commerciales (au sens du grand commerce), le secteur Informel regroupe essentiellement les activités du type artisanal (production et service) ou commercial (petit commerce de détail) dont l'éventail s'étend sur des petits métiers occasionnels jusqu'aux petites entreprises employant moins de cinq personne.5(*) Il s'agit d'un secteur regroupant des unités de production où la production est réalisée à petite échelle, le capital avancé faible, le salariat limité mais ou il y a vente des biens et des services.6(*) I.2. EVOLUTION DE LA NOTION ECONOMIE INFORMELLE1.2.1. Historique7(*)Durant les années cinquante, de nombreux migrants des pays du tiers monde quittent la campagne pour s'établir autour des centres urbains. Les premiers signes d'une «informalisation» apparaissent. La théorie de la modernisation fait alors une analyse dualiste de l'économie du développement. Elle distingue le secteur traditionnel, caractérisé par le sous- emploi d'une main-d'oeuvre excédentaire du secteur moderne marqué par un capitalisme urbain. Pour les tenants de la théorie de la modernisation, les migrants de la campagne seront, tôt ou tard, intégrés au secteur capitaliste moderne. Ces derniers seraient seulement dans une phrase de transition entre secteur non capitaliste et rural ·et une prolétarisation. Les adeptes du point de vue marxiste tiennent sensiblement le même discours lorsqu'ils affirment que la masse des ruraux constitue une «armée industrielle de réserve» qui sera absorbée par le « formel », et procurera des ouvriers salariés à l'industrie. Dans, les années 'soixante, un nouveau regard est porté sur le phénomène de migration. Certains économistes de la «commission économique pour l'Amérique Latine» constatent que la majorité des nouveaux urbains n'adhèrent pas au modèle du salariat moderne. Le processus d'incorporation se fait long et on définit comme marginale la population' périurbaine. L'anthropologue O. LEWIS reprend cette idée dans les enfants de Sanchez en 1961. Pour ce dernier, la marginale sociale et économique de la population, supposée transitoire, sera en fait à l'origine d'une culture de la pauvreté qui se transmettra de génération en génération. Gaspard B. Muheme (1995) estime parallèlement, qu'entre 1960 et 1972, les approches du «secteur informel» rejoignent l'expression d'un «chômage déguisé». Ce concept englobe l'ensemble des petits commerces, artisans et petites exploitations familiales ou sociétaires. Ceux-ci constituent péniblement un moyen d'existence et sont caractérisés par un certain parasitisme, un quasi-salariat, un métayage urbain et une pluriactivité. Dès 1972, le rapport du Bureau International du Travail (BIT) portant sur la situation de l'emploi- urbain au Kenya, dans le cadre du « Programme mondial de l'emploi » lancé en 1969, .nomme une réalité qui ne cesse de susciter de l'intérêt de la part des experts en développement. Le concept d'économie informelle prend naissance. Il englobe des travailleurs pauvres, exerçant un travail pénible, mais dont les activités économiques ne sont ni reconnues, ni enregistrées, ni protégées, ni réglementées par les pouvoirs publics. L'informalité économique est alors: «une façon de faire les choses », caractérisé par: une facilité d'entée, un recours aux ressources locales, une appropriation familiale des ressources, une production à petite échelle, une technologie adaptée et une main-d'oeuvre importante, dans un marche de concurrence sans réglementation. En fin, les qualifications sont acquises en dehors du système scolaire officiel. Selon Bruno Lautier (1994), un consensus se fait alors: le salariat moderne n'absorbera pas la population urbaine des pays du tiers monde. On se résigne 'ad fait que dans ces régions du monde, les formes de l'emploi ne ressembleront pas inévitablement à ceux des pays développés. Contrairement à ces derniers, les taux d'emplois salarié et formel sont faibles et le salariat comporte peu ou pas d'avantages sociaux. Jusqu'au milieu des années quatre-vingts, l'économie informelle se définit comme un secteur parallèle au secteur formel. Il existe alors deux manières d'analyser l'informel. La première associe la pauvreté à l'informalité. Elle est centrée sur le ménage et précise que les ressources des familles proviennent à la fois de l'économie formelle et de l'économie informelle. La seconde analyse est plutôt centrée sur l'unité de production. Les gouvernements et les institutions internationales mettent l'accent sur une évaluation quantitative de la production. De l'aspiration à faire évaluer les petites entreprises formelles découle I'aide aux micro-entreprises, par le crédit à l'investissement' et l'aide à la formation Au cours de ces années, les organismes d'aide internationale supposent que les micro-entreprises sont dotées d'une logique d'accumulation propice au développement. A partir des années quatre-vingt, les politiques d'ajustement structurel font croître le taux de chômage dans les pays en développement. Plusieurs Etats abandonnent leur politique de subsides aux denrées de première nécessité en milieu urbain. Le discours des organismes internationaux change. L'informel a maintenant un rôle plus social que productif. Il est alors qualifié: k< d'épong à emploi ». Grâce à ses qualités de créativité, de dynamisme et de flexibilité, l'informel devient alors un outil d'adaptation aux politiques d'ajustement structural. * 4 G. de Villers, Le Pauvre, le hors-la-loi, le Métis. La question de l'économie informelle en Afrique, CEDAF, Bruxelles, 1992, p.5 * 5 GAGER, Comprendre l'économie africaine, Harmattan, Paris, 1995, p.308 * 6 X. SEBAKUNZI, Cours d'économie des pays en développement, inédit, CUEG, G2 Economie, 2004-2005 * 7 Site Internet : www.theses.ulaval.ca |
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