4.2. BOUCLAGE DU MODELE
« Appelées aussi règles de bouclage
macroéconomique ou contraintes de système, ces conditions
d'équilibre doivent être satisfaites mais ne sont pas prises en
compte par les agents au moment de leur décision. Ces contraintes vont
influencer les signaux envoyés aux agents (les prix) de manière
à rendre leurs décisions compatibles avec la cohérence
macroéconomique du modèle. En effet, puisque des rigidités
ont été introduites dans le modèle, les comportements
microéconomiques sont naturellement affectés et l'adoption de
règles d'allocation des ressources alternatives devient alors
nécessaire en vue de maintenir la cohérence
macroéconomique. Plus concrètement, il s'agit de
déterminer quelles sont les variables qui vont s'ajuster pour obtenir
l'équilibre ex post. Par exemple, l'investissement peut s'ajuster
au montant de l'épargne ou alors l'épargne (ou les taux
d'épargne) peut s'ajuster à un investissement fixe en terme
réel. Ces règles de bouclage sont essentielles car elles
déterminent la manière dont l'économie va s'ajuster
à la suite d'un choc exogène quelconque. D'après Suwa
(1991), il y a quatre grands types de spécification :
· Le bouclage keynésien
crée la possibilité de chômage. La demande de travail
devient alors endogène ;
· L'optique kaldorienne
suppose que les facteurs ne sont pas payés à leur
productivité marginale et l'équilibrage [entre épargne et
investissement] passe par une redistribution des revenus influant sur le taux
d'épargne ;
· Johansen accorde au contraire
un rôle déterminant à l'investissement ; la consommation ou
l'épargne s'ajuste alors de manière résiduelle ;
· Le bouclage néoclassique
donne un rôle moteur à l'épargne : l'investissement varie
pour assurer l'égalité ex post.»70
Pour notre cas, afin de mieux représenter
l'économie congolaise, nous faisons un bouclage de type
keynésien. Celui-ci est spécifié de la manière
suivante :
· Sur le marché des facteurs de production, le
salaire nominal est fixe, alors que le taux de salaire réel est
flexible. L'offre de travail est endogène, ce qui
70 Nicolas Hérault, op.cit., p 25
donne la possibilité de chômage. Le travail est
mobile entre les différentes branches. Le facteur capital est
spécifique à chaque branche ; l'offre est alors fixe et le
rendement flexible ;
· En ce qui concerne l'équilibre
Epargne-Investissement, le volume de l'investissement est fixe ; l'ajustement
se fait à travers l'épargne qui est flexible ;
· L'égalité entre emplois et ressources
pour le budget de l'Etat s'impose. L'ajustement se fait à travers le
déficit public qui fluctue pendant que les dépenses et les
recettes sont fixes ;
· Pour ce qui et des échanges avec
l'extérieur, le taux de change est flottant et l'épargne
étrangère fixe.
4.5. LIMITES DU MODELE
« Les résultats de tout MEGC sont toujours
à interpréter avec précaution. En effet, ils
prétendent reproduire le fonctionnement d'une économie et
être capables d'isoler les effets intrinsèques de telle ou telle
politique mais les choix du modélisateur influencent largement les
résultats. Selon Sand-Zantman (1995), la construction et l'utilisation
de MEGC constitue ainsi une procédure fort lourde, laissant une large
place à l'arbitrage du chercheur économiste comme du technicien
de la simulation. »71
La première limite est que le modèle est
statique et non dynamique. De ce fait, les effets dits de seconde
période n'y sont pas pris en compte : l'analyse ne se penche pas sur les
conséquences à moyen et long termes de cette adhésion
à l'UD du COMESA.
En outre, notre modèle ne prend pas en compte les
catégories des biens importés. Cette catégorisation aurait
permis de mieux interpréter les effets provoqués par le TEC
étant donné que celui-ci est comprend plusieurs taux pour
différentes catégories. Notre modèle prend en compte les
taux moyens.
71 Nicolas Hérault, op.cit., p. 28.
Notre modèle utilise deux facteurs de production :
travail et un facteur composite. Celui-ci comprend la terre et le capital. Leur
prise en compte ensemble limite l'analyse dans le secteur agricole pour qui la
terre est le principal facteur de production.
Une autre limite est la non prise en compte de la localisation
géographique (milieu urbain et milieu rural) des différentes
branches d'activité. En effet, cette spécification nous aurait
permis de mieux cerner l'impact des activités non agricole en milieu
rural sur le bien-être des populations.
Les données nécessaires faisant défaut,
notre modèle n'a pus aller plus loin que ces limites.
Enfin, « le MEGC ne doit pas être
considéré comme un outil de prévision mais plutôt
comme un outil permettant une analyse contrefactuelle. En effet, la simulation
d'une politique d'ouverture commerciale ne prédit pas, à
proprement parler, les effets d'une telle politique mais examine l'état
dans lequel aurait été l'économie si une telle politique
avait été mise en place durant l'année
étudiée (en 2005 dans notre cas). »72
4.6. ANALYSE DES RESULTATS DU
SCENARIO73
Après avoir fait la simulation, passons maintenant
à l'analyse des résultats. Ceux-ci sont présentés
suivant de grands groupes, soient : impact sur les activités de
production ; impact sur le commerce extérieur ; impact sur la demande ;
et impact sur le bien-être des ménages. Avant d'y arriver, voyons
d'abord comment se sont comporté les prix étant donné que
ce sont ceux-ci qui assurent l'équilibre sur les différents
marchés.
72 Nicolas Hérault, Idem, p. 29.
73 L'ensemble des résultats de la simulation se
retrouvent en annexe 5 de ce travail.
4.6.1. Impact sur les prix
Ce scénario a conduit à un réarmement
tarifaire, c'est-à-dire à une augmentation du taux moyen sur les
biens importés de 0,009 %. Cette variation étant très
faible, son impact sur les différentes grandeurs de l'économie
congolaise est aussi très négligeable.
Le taux des taxes à l'importation étant
relevé, la première conséquence est la hausse du prix
domestique des importations de 0,0484 % en moyenne. La hausse est plus
importante pour les importations de la branche Industries qui sont de 0,130 %
alors que pour tous les autres, elle est inférieure à 0,060 %.
Cette hausse a à son tour, influer sur les prix
à la consommation du bien composite qui augmente, mais très
légèrement, soit moins de 0,050 % pour toutes les branches. Cette
dernière variation est moins importante que la précédente,
à cause du prix domestique des produits locaux qui n'a presque pas
bougé.
Les autres prix marques aussi des variations très peu
significatives. Il s'agit : du prix à la production des biens qui est
resté inchangé pour l'Agriculture et les SM, alors qu'il augmente
de 0,020 % pour les autres branches ; du prix de la valeur ajoutée des
branches qui baissent pour l'Agriculture et les SM de, respectivement 0,011 %
et 0,022 %, alors les autres secteurs enregistre une amélioration de
moins de 0,020%.
Le taux de rendement du capital augmente de 0,19 % pour toutes
les branches à l'exception des SM où il diminue de 0,059 %,
pendant que le taux de rendement du travail est resté constant.
4.6.2. Impact sur les activités de
production
retrouvent en difficulté (Extraction et SM) ; et de
l'autre côté, celles qui tirent profit et voient leur situation
s'améliorer.
En ce qui concerne le premier groupe, les deux branches
enregistrent une détérioration de toutes les variables
représentant la production de, pour toutes les variables, 0,168 et
0,007, respectivement pour l'Extraction et les SM. Il s'agit des variables
suivantes : production, VA, consommation intermédiaire et demande du
travail. Soulignons néanmoins que cette dernière variable marque
une exception, car elle croît pour les SM 0,0 16 %, alors quelle baisse
de 0,747 % pour les APU.
Pour le deuxième groupe, l'Agriculture n'enregistre
aucune variation sur toutes les variables à l'exception de la demande de
travail qui croît de 0,026 %. Les deux autres branches, Industries et
APU, enregistrent pour toutes les variables, respectivement, une
amélioration de 0,0 15 % et 0,022 %, à l'exception de la demande
de travail pour laquelle les Industries augmentent de 0,03 9 % alors que les
APU baisse de 0,747 %.
Globalement, le PIB aux coûts des facteurs baisse 0,006
% pendant que le PIB exprimé au prix du marché augmente de 0,007
%. Cette situation peu favorable aux activités de production dans
l'ensemble, se répercute sur les firmes qui voient baisser leur revenu
de 0,070 %.
4.6.2. Impact sur le commerce
extérieur
L'augmentation du taux des taxes douanière à
l'importation a conduit une baisse des importations dans trois branches,
à savoir : l'Agriculture à raison de 0,077 %, les Industries pour
0,148 % et les APU pour 0,023 %. Pour les deux autres branches, ces
importations augmentent de 0,020 pour l'Extraction et 0,006 pour les APU.
Quant aux exportations, on remarque une situation inverse.
Elles augmentent pour l'Agriculture de 0,047 %, les Industries de 0,002 %
pendant qu'elles ne varient pas pour les APU.
4.6.3. Impact sur la demande
Il s'agit ici de la demande des biens locaux des ménages,
la demande d'investissement, la demande intermédiaire et la demande des
biens composites.
La demande des ménages pour les biens locaux diminue
pour toutes les branches à l'exception des APU pour qui elle est
restée inchangée. Pour tous les biens, la demande des
ménages ruraux baisse de façon plus importante que celle des
ménages urbains. Dans tous les cas, la baisse est inférieure
à 0,045 %.
En ce qui concerne la demande d'investissement, elle diminue
de 0,017 % ; tandis qu'elle augmente pour l'Agriculture de 0,031 % et de 0,0 10
% pour les SM, pendant qu'elle est restée inchangée pour
l'Extraction et les APU.
La même tendance est observée pour la demande
intermédiaire des produits. En effet, elle diminue pour les Industries
de 0,0 17 %, alors qu'elle croît pour les autres branches, mais
très peu significativement, soit en général moins de 0,015
%.
Enfin, la demande domestique des biens composites diminue pour
toutes les branches sauf pour les APU où elle est restée
constante. Cette diminution est plus importante pour la branche des Industries
où elle s'élève à 0,028 %. Pour les autres
branches, elle est inférieure à 0,005 %.
4.6.4. Impact sur le bien-être des
ménages
Le choc ayant été défavorable à la
sphère réel de l'économie congolaise, l'impact s'est
répercuté sur les revenus des ménages qui baissent alors
de 0,010 % pour tous les ménages quel que soit le milieu de
résidence.
Cette baisse se fait sentir à son tour sur le
bien-être des ménages qui s'est dégradé dans
l'ensemble de 0,024 %. Les ménages ruraux sont les plus touchés
car cette dégradation est plus importante que celle de leurs homologues
vivants e milieu urbain, soit 0,029 % contre 0,022 %.
4.7. INTERPRETATION DES RESULTATS OBTENUS
Le choc étudié étant lié au
commerce extérieur, les branches qui ont été les premiers
touchés par celui-ci, sont celles qui sont le plus en relation avec le
RDM. En effet, dans le chapitre 2 ci-dessus, il a été ressorti
que les Industries et l'Extraction sont les plus en affaire avec le RDM, le
premier pour les importations et le second pour l'Extraction.
Remarquons ici que les Industries sont la branche la plus
touchée par ce choc. En effet, toutes les variables représentant
la production, la demande intermédiaire, ou autres concernant cette
branche se sont dégradées.
Etant donné qu'il est le deuxième secteur
clé de l'économie après les SM (voir supra, le tableau 6),
le choc s'est transmis sur les autres branches qui ont soit baissé, soit
améliorer, mais pas du tout de façon significatif, leur
production. La plus touchée des branches est les SM parce que la branche
des Industries est son premier fournisseur en consommation
intermédiaire. Les Industries elle-même, ont tenu le coup
étant donné que dans leur consommation intermédiaire,
l'Agriculture est le plus important partenaire. Le fait que cette
dernière ne soit presque pas en contact avec l'étranger, l'a mis
à l'abri de ce choc.
Ce contre coup sur la structure de production s'est
répercuté sur la situation des firmes qui ont vu baisser leur
revenu. En fin de compte, ce sont les ménages qui congolais qui en
partissent, car la hausse des prix des biens composites alors que le revenu est
resté constant, a conduit ceux-ci à voir leur bien-être se
dégrader.
Les ménages ruraux sont les plus
pénalisés par cet accord de libre-échange. En effet, leur
bien être s'est dégradé de façon plus importante que
celui des ménages urbains.
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