Première partie (théorique) :
La performance bancaire et ses déterminants
Introduction :
Le modèle BANQUE-OPERA est un modèle importante
dont le but d`étudier la performance bancaire et ses
déterminants. Ce modèle a été propose vue les
lacunes dans plusieurs travaux ou la performance est toujours attachée a
son approche financière en négligeant les aspects
organisationnels. Or les aspects organisationnels permettent, au moins
analytiquement, aux managers d`améliorer leur compréhension et
leur représentation du processus conduisant a la performance et par la
même leur offre de nouveaux leviers d`actions et de contrôles.
Nous exposerons tout d'abord, dans un premier chapitre les
caractéristiques des dimensions du modèle BANQUE-OPERA avant
d'explorer au deuxième chapitre les liens unissant ces dimensions.
Chapitre 1 : Les dimensions du modèle
« BANQUE-OPERA »
Le modèle BANQUE-OPERA propose de mettre en relation
cinq catégories de dimension. Ces dimensions représentent:
l'environnement bancaire, la personnalité, les activités,
l'organisation/les moyens, le potentiel/les résultats. Au sein de
ces dimensions existent des différentes variables.
Section 1 : Environnement bancaire
De même que le modèle OPERA, le modèle
BANQUE-OPERA retient le caractère parfois auto-entretenu de certains
indicateurs de l'environnement (p.ex. croissance, inflation). Ces indicateurs
environnementaux ont aussi un impact sur les autres dimensions retenues dans le
modèle car comme le souligne Naylor (1995, p : 58) : «Une
banque est une firme multi-produits et multiservices qui fonctionne dans un
environnement (ou marché) caractérisé par l'incertitude et
la volatilité à long et à court terme en termes d'actifs
et de passifs».
On peut décrire la relation
«environnement-banque» de la manière suivante :
Figure 1 : la relation Banque-environnement
Environnement économique, démographique et
réglementaireEmprunteursStructure du
marchéBANQUEPréteurs
|
Source: d'après Capet, Causse et Meunier
(1986, p : 47)
Les indicateurs choisis comme représentants des
variables de l'environnement bancaire retenues dans le cadre du modèle
BANQUE-OPERA peuvent être :
- Environnement économique:
le taux d'intérêt réel ou nominal, la
croissance du produit intérieur brut, le produit intérieur brut
par personne, le taux d'inflation, les importations, les exportations, le taux
de change.
- Environnement démographique:
la population urbaine (ayant le potentiel d'affecter le taux de
bancarisation).
- Environnement réglementaire:
la garantie illimitée des dépôts par
l'État, la politique publique (p.ex. secteur de l'économie
faisant l'objet d'une aide de l'Etat).
- Structure du marché: le
ratio de concentration (le taux de bancarisation).
Section 2 : Pouvoir et
préférences/Personnalité
1. Pouvoir et préférences
La dimension «pouvoir et préférences»
du modèle OPERA est indissociable de la question de la structure de la
propriété et plus précisément du rapport entre
celle-ci et la manière dont est gérée une organisation.
Cette problématique est au centre de la théorie
de l'agence qui elle concernant la séparation entre les
propriétaires et les dirigeants. De cette séparation
émergente des gestionnaires et/ou dirigeants dont les objectifs peuvent
être éloignés de ceux des actionnaires et/ou
propriétaires. Cette divergence d'intérêt a conduit Jensen
et Meckling (1976) à formaliser cette relation
actionnaires-gestionnaires (principales-agents) au travers d'une relation dite
d'agence qui peut s'exprimer ainsi «Nous définissons une
relation d'agence comme un contrat par lequel une ou plusieurs personnes (le
principal) engage une autre personne (l'agent) pour exécuter en son nom
une tâche quelconque qui implique une délégation d'un
certain pouvoir de décision à l'agent».
Cependant, cette relation peut s'appliquer dans toute relation
contractuelle entre deux individus. En substance, une relation d'agence peut
survenir lorsque deux éléments sont réunis. Tout d'abord,
les intérêts des deux partis en présence divergent. D'autre
part, l'information n'est pas parfaite pour le principal
«asymétrie d`information». Dans ce cadre, l'objectif
du principal est de réduire la marge de manoeuvre de l'agent en mettant
en place un ensemble de dispositifs de contrôle/de surveillance. De plus,
le principal peut, au travers de mécanismes d'incitation
(accountability, stock option, salaire au mérite/mérite paie,
etc.), tenter d'amener l'agent à agir conformément à ses
intérêts. Donc on peut pose la question existe-t-il de dispositifs
d'incitation au sine des banque tunisienne ?
L'ensemble de ces dispositifs génèrent des
coûts d'agence. En conséquence, la dissociation de la
propriété et de la gestion dans le cadre de la firme
managériale conduirait donc à une situation sous-optimale. Dans
cette situation, pourquoi ne pas réunir les fonctions de
«dirigeant» et de «propriétaire»?
La réponse est apportée par Fama et Jensen
(1983). En effet, pour les organisations complexes, c'est-à-dire, dans
les organisations ou les informations sont réparties entre
différents agents, la séparation entre les propriétaires
qui assument le risque financier et les managers qui agissent au quotidien peut
être un facteur d'efficacité. Fondamentalement, l'un des objectifs
poursuivit par la théorie de l'agence consiste à rechercher
quel(s) sont la/les configuration(s) contractuelle(s) la/les plus
efficiente(s). Dans cette perspective, de nombreux travaux se sont
penchés sur la relation existant entre la performance des firmes et la
structure de propriété. Selon Charreaux (1991, p:522), en ce qui
concerne le lien performance-structure deux conceptions principales
s'affrontent :
Courbe de capital - intérêts
- la thèse de la convergence. Au terme de cette
première approche, plus la partie de capital détenue par les
managers est forte plus ces derniers tendent à se conformer aux
intérêts des actionnaires (Figure 2).
intérêts des actionnaires
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capital détenue par les managers
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Figure 2 : la thèse de la convergence
d'intérêts
|
- la thèse de l'enracinement consiste à dire que
les managers qui possèdent une majorité solide du capital peuvent
gérer en dehors de tout contrôle et donc de manière
contraire à la maximisation de la valeur (Figure 3).
intérêts des actionnaires
|
Courbe de capital - intérêts
Degré de solidité capital détenue par les
managers
|
Figure 3 : Thèse de l'enracinement
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Dernièrement, la théorie de l'agence a
été mobilisée dans le cadre du gouvernement d'entreprises
(corporate governance). Dans ce cadre, il existe de nombreuses
études, mais peu d'entre elles traitent des banques. Parmi celles
retenant comme objet de recherche les banques (Glassman et Rhoades, 1980; Allen
et Cebenoyan, 1991; Prowse, 1997; Visentini, 1997; Anderson et Campbell II,
2000), la plupart ne prennent pas en compte la spécificité de ces
établissements. Elles assimilent les banques à n'importe quelle
autre entreprise. Parmi ces études, nous pouvons mentionner les
résultats suivants:
- Saunders, Strock et Travlos (1990) estiment que les banques
contrôlées par les actionnaires sont moins adverses au risque que
les établissements contrôlés par les cadres et les
gestionnaires.
- Gorton et Rosen (1995) constatent que sous réserve
que le système bancaire soit sein, les cadres et les gestionnaires des
banques détenant des avantages non salariaux ont tendance à agir
d'une manière plus adverse au risque que les cadres et gestionnaires ne
bénéficiant pas de tels avantages.
Cependant, afin de traiter de manière plus pertinente
la question du «gouvernement des banques», il faut prendre en compte
la spécificité de ces établissements par rapport aux
autres entreprises. Selon Ciancanelli et Gonzales (2000, p:5), ce sont ces
spécificités qui rendent difficiles les études sur le
gouvernement des banques. Ciancanelli et Gonzales (2000, p:6) mettent en
lumière les incohérences qui existent entre les hypothèses
de la théorie de l'agence et les caractéristiques des entreprises
bancaires :
Tableau 1 : Les incompatibilités entre les
hypothèses de la théorie de l'agence et les
caractéristiques des banques
SUPPOSITIONS DE LA THÉORIES DES AGENCES
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LE CONTEXTE BANCAIRE
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en termes de l'environnement
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marché concurrentiel
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marché réglementé
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en termes de la structure organisationnelle
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Il existe une «asymétrie de l'information»
entre les propriétaires-actionnaires et les dirigeants-cadres
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la structure de l'asymétrie de l'information est plus
complexe:
· entre les déposants, la banque et le pouvoir
réglementaire;
· entre les propriétaires-actionnaires, les
cadres et le pouvoir réglementaire;
· entre les emprunteurs, les cadres et le pouvoir
réglementaire.
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en termes de la structure du capital
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relativement peu d'endettement
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beaucoup d'endettement
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Source: d'après Ciancanelli, P. et J. A. R.
Gonzalez (2000), «Corporate Governance in Banking: A Conceptual
Framework», paper submitted for presentation at the European Financial
Management Association Conference, Athens, June
2. Personnalité
Se définit par le statut de la banque,
c'est-à-dire que «la personnalité de la banque»
diffère selon que le capital appartient essentiellement à une
personne privée ou publique. L'appartenance du capital peut exercer une
influence non seulement sur la répartition du pouvoir mais aussi sur les
préférences. Par exemple, les banques publiques sont parfois
conduites à financer des projets ou des secteurs économiques
risqués ou peu rentables. Outre la distinction entre «banque
publique» et «banque privée», le concept de
«personnalité de la banque» permet d'opérer une
différence entre les banques locales et les banques
étrangères. Cet aspect est d'autant plus intéressant
lorsqu'on applique ce modèle à un pays émergent car il
peut exister des écarts importants (p.ex. en termes de taille, de
structure des actifs, etc.) entre les banques domestiques et celles originaires
de pays dans lequel le système financier est stable et
développé.
Un autre indicateur peut être utilisé pour
exprimer «la personnalité de la banque». Il s'agit du niveau
d'ouverture du capital au public. Cet indicateur peut être pertinent afin
de donner une idée sur la répartition du pouvoir dans le cas
où il existe un nombre suffisant d'établissements bancaires
côtés en bourse.
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