Section 1. Présentation de la méthode de
construction
Paragraphe1. Choix d'une
méthode pour la construction d'un indicateur synthétique pour
l'enquête semestrielle de conjoncture du SIAI
Chacune des méthodes de construction d'indicateurs
synthétiques de conjoncture exposées ci-dessus présente
des avantages, mais aussi quelques inconvénients majeurs.
Parmi ces méthodes présentées, celle de
DOZ et LENGLART est la plus pertinente du point de vue de la rigueur
scientifique. Nous allons nous inspirer de cette méthode pour la
construction d'un indicateur synthétique de conjoncture industrielle,
à partir des données de l'enquête de conjoncture du
SIAI.
Paragraphe2.
Présentation de la méthode d'analyse factorielle pour la
construction d'un indicateur de conjoncture
L'hypothèse sous-jacente à la construction de
ces modèles est l'existence d'un faible nombre de composantes communes
qui expliqueraient la majeure partie des évolutions de chacune des
variables sous étude. La finalité de notre étude en termes
d'analyse économique nous amène à nous limiter à la
recherche d'un seul facteur. Le but est de savoir si c'est possible d'obtenir
un indicateur du climat conjoncturel. Les méthodes exposées dans
ce chapitre se proposent d'extraire le facteur commun reproduisant
l'information commune contenue dans les soldes d'opinion des enquêtes de
conjoncture.
A. L'analyse factorielle
L'analyse factorielle décrit un ensemble de
données. Elle consiste à représenter linéairement
les variables étudiées en terme de plusieurs variables latentes
appelées facteurs ou facteurs communs. Le cas le plus intéressant
est celui où il existe un faible nombre de facteurs pouvant expliquer la
majeure partie de l'information contenue dans les variables initiales. Nous
nous intéresserons au cas où l'on pourrait se limiter à un
seul facteur appelé facteur commun.
B. La Présentation
du modèle
Soient I un nombre de variables sous étude,
T le nombre d'observations disponibles pour chacune de ces variables,
et yit la valeur prise par la variable yi à la
date t. Le modèle qui décrit les variables, yi , i=
1,.., I en terme du facteur commun F, s'écrit :
yit=äi Ft+uit , pour i=
1,.., I .
Les termes du processus (uit )tz sont les combinaisons linéaires des termes des autres
facteurs. Toutes les variables sont centrées et réduites pour
éliminer l'influence de
l'hétérogénéité en moyenne et en variance
des séries utilisées. L'analyse s'intéresse aux
corrélations entre les variables de départ et non entre les
individus car c'est cette corrélation entre les séries initiales
qui est la principale hypothèse justifiant l'existence d'un facteur
commun significatif.
Le modèle ainsi décrit peut se
réécrire sous la forme matricielle :
yt= ä Ft+ut
yt= (y1t,....yIt)'
E(Ft)= 0 E(ut)= 0
= (ä1....... äI)'
(i, t) E (Ftuit)= 0 ut = (
u1t....... uIt)'
C. L'interprétation
des composantes et des paramètres
L'analyse factorielle simple est applicable seulement dans le
cas où il existe une plus ou moins forte corrélation entre les
variables. Il donne dans ce cas un moyen d'analyser ces corrélations.
Plus précisément, le facteur commun explique les
corrélations entre les séries initiales tandis que chaque
uit représente d'autres variations affectant yit ;
chaque uit est appelé facteur unique, composante
idiosyncratique ou composante spécifique.
On interprète äi comme le poids du
facteur F dans l'explication de la variable yi On
considèrera que le facteur est représentatif de l'ensemble des
variables si les äi sont tous élevés. Aussi, dans
la recherche d'un indicateur du mouvement conjoncturel nous retiendrons
uniquement l'ensemble de variables qui satisfont ce critère. Il
apparaît dans une telle formulation que le facteur n'est pas
déterminé de manière unique. En effet, une transformation
linéaire opérée sur les poids modifie également le
facteur. Dans la plupart des modèles classiques, le facteur est
supposé de variance unitaire (ce qui ne nuit pas à la
généralité). Une solution unique serait donc obtenue en
imposant une contrainte sur ce dernier.
Le modèle de base dans le cas où le facteur est
de variance unité permet une simple interprétation en terme de
variances et covariances des variables. Nous avons dans ce cas :
yt=ä Ft+ut
E(Ft)= 0 E(ut)= 0
E(Ft2)=1
( i, t) E(Ftuit)= 0
D. L'estimation du
modèle
Il existe deux manières d'estimer le modèle
ci-dessus :
La première est une analyse factorielle en composantes
principales et ne nécessite pas d'hypothèses préliminaires
sur le nombre de facteurs à utiliser. On retient ensuite le premier
facteur toujours le plus explicatif.
La deuxième est une estimation par maximum de
vraisemblance sous l'hypothèse de normalité des composantes
idiosyncratiques (Lawley et Maxwell, 1971), considérées comme
résiduelles. Elle nécessite de spécifier au départ
qu'un seul facteur est censé résumer la plupart de l'information
contenue dans les variables d'origine. Elle donnerait alors une meilleure
estimation des paramètres contrairement à l'analyse en
composantes principales.
Il est important de signaler que les paramètres i
ä sont d'abord estimés et ensuite, les approximations des
valeurs du facteur commun sont obtenues par régression linéaire
de ce facteur sur les variables initiales. Cela a pour but de minimiser la
variance de l'écart entre le facteur et son approximation.
Le modèle linéaire suivant sera alors
estimé après extraction du facteur commun considéré
par la suite comme observé :
Ft = 1 y1t+2 y2t+............+I yIt+t
Une remarque importante est que cette méthode, bien que
rapide et facile à mettre en oeuvre, ignore la dynamique du facteur.
Elle n'est donc pas théoriquement utile à des fins de
prévisions, ce qui appelle à une analyse dynamique.
E. Le modèle
dynamique à facteur
L'analyse factorielle simple considère que les
variables sont statiques, c'est-à-dire qu'elle n'inclut pas dans sa
spécification le lien entre deux observations de la même variable
à deux dates différentes. Cette hypothèse est restrictive
d'autant plus qu'elle n'est pas justifiable dans la réalité
surtout concernant des séries temporelles.
Il convient alors de spécifier avant tout la dynamique
de ces variables. Le cadre adéquat semble être celui des
modèles à composantes inobservables car, les composantes commune
et spécifiques des variables d'origine ne sont pas directement
observées et peuvent suivre une dynamique temporelle ; dans ce cas, le
procédé d'analyse factorielle simple ne suffit plus à les
extraire.
F. Validation du
modèle
Une fois calculé, l'indicateur doit être
confronté avec l'histoire conjoncturelle passée dans le but
d'évaluer s'il reflète les phases précédentes de
l'activité économique. Dans le secteur de l'industrie, la courbe
de l'indicateur synthétique conjoncturel sera comparée à
celle des variables utilisées dans sa construction.
Section 2. CADRE METHODOLOGIQUE
Paragraphe1.
Présentation des enquêtes de conjoncture industrielles du
Système de l'Information et de l'Analyse Industrielle (SIAI)
Dans le cadre du suivi de la conjoncture industrielle au
Bénin, le Service de l'Information et de l'Analyse Industrielle (SIAI)
de la Direction Générale de l'Industrie réalise des
enquêtes de conjoncture industrielles dont une enquête qualitative
effectuée auprès des chefs d'entreprise. Ces enquêtes sont
réalisées périodiquement, depuis 1999. Son
échantillon est constitué de 10% des entreprises industrielles
enregistrées dans le répertoire des entreprises industrielles
du Bénin.
L'enquête est effectuée à partir des
questionnaires distribués aux entreprises et collectés à
dates fixes. Le questionnaire comprend une partie tendancielle où les
chefs d'entreprises sont amenés à apprécier
l'évolution du climat des affaires de leurs industries à partir
des variables telles que la production, les commandes, les prix de vente,
l'organisation institutionnelle, la corruption, le secteur informel...etc. Les
réponses à ces questions sont trimodales (hausse, stable ,
baisse).
Le questionnaire comprend aussi une partie chiffrée
où il est question de donner la production en une unité de mesure
appropriée (Tonne, Kilogramme....). Cette partie du questionnaire
mentionne également les ventes, les masses salariales ainsi que les
effectifs employés par les industries.
Paragraphe2. L'utilisation
des enquêtes de conjoncture
Le dépouillement des résultats de
l'enquête est effectué avec le logiciel statistique SPSS
(Statistical Package for Social Sciences). Chaque variable donne naissance
à un indicateur qui indique la proportion des entreprises ayant choisi
une modalité donnée.
Ces indicateurs permettent de suivre l'évolution de la
conjoncture industrielle globale et par branche d'activités.
L'enquête de conjoncture industrielle constitue donc un
outil de base du diagnostic conjoncturel dans l'industrie. Elle permet de
savoir a priori quels sont les facteurs pouvant expliquer
l'accélération ou le ralentissement de l'activité
industrielle. Toutefois, la multitude d'indicateurs calculés conduit
parfois le conjoncturiste à des réponses contradictoires. Ainsi,
pour pallier à cet état de chose, la mise en place d'un
indicateur de conjoncture à partir des soldes d'opinion serait la
meilleure approche pour mieux apprécier la conjoncture industrielle.
En effet, à partir des questions qualitatives et
trimodales (hausse, stable, baisse) une répartition des trois types de
réponse est faite en pourcentage et l'information relative à
chaque question est présentée sous forme de solde d'opinion qui
est la différence entre les pourcentages des modalités `'hausse''
et `'baisse''. Le solde d'opinion est considéré comme une bonne
synthèse des réponses et bien adapté à la
conjoncture. Son principal atout est qu'il élimine des réponses
qui pourraient être douteuses et correspondant à des opinions de
type « stable ».
Les indicateurs synthétiques sont construits en
combinant plusieurs soldes d'opinion dans le but de couvrir autant que possible
les différents aspects de l'activité économique.
L'agrégation de ces soldes en un indicateur unique réduit les
risques de faux signaux, c'est-à-dire des changements qui pourraient
affecter un solde d'opinion pris seul et qui sont dus à des mouvements
irréguliers ne correspondant pas à l'évolution
réelle de l'activité.
Les indicateurs synthétiques calculés doivent
satisfaire à un certain nombre de critères :
la signification économique :
ces séries doivent être relatives aux variables
qui causent les fluctuations de l'activité économique.
elles doivent exprimer les anticipations des agents
économiques
elles doivent s'ajuster rapidement suite aux changements dans
l'activité économique.
le comportement cyclique : elles doivent être des
indicateurs avancés des variables économiques réelles.
la qualité des données : elles doivent
être facilement disponibles et à temps, et ne doivent pas
être sujettes à des révisions fréquentes.
Ces critères expliquent que certains soldes d'opinion
de l'enquête de conjoncture soient retenus pour le calcul des indicateurs
synthétiques conjoncturels.
Une fois calculé, les indicateurs doivent être
confrontés avec l'histoire conjoncturelle passée dans le but
d'évaluer s'ils reflètent les phases précédentes de
l'activité économique.
Chapitre 2 : Analyse des
résultats
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