Construction d'un indicateur synthétique de conjoncture industrielle( Télécharger le fichier original )par T.Théophile ZINSOU Université d'Abomey Calavi/Ecole Nationale d'Economie Appliquée et de Management - Diplome d'Ingénieur des Travaux Statistiques 2008 |
L'activité économique d'un pays se déploie suivant un certain nombre de phases (production, commercialisation, consommation,...) formant un mouvement continu et répété donc dynamique. Sur le long terme, on peut observer qu'aux phases de croissance succèdent les phases de dépression et vice-versa. Ceci rend de plus en plus délicate la description à court terme de l'économie. La réalisation d'études prévisionnelles et par conséquent la mise en place d'un diagnostic conjoncturel exhaustif devient alors complexe. Mais de plus en plus, la tendance s'améliore car comme les pays développés, les pays en voie de développement dont le Bénin mettent désormais en place quelques indicateurs de croissance de l'activité économique réelle tels que le taux de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) et l'indice de la production industrielle pour ne citer que ceux-là, et dont l'évolution peut sous-tendre celle de la conjoncture globale ou d'un secteur d'activité. C'est dans ce cadre de suivi de la conjoncture dans le secteur industriel béninois que le Service de l'Information et de l'Analyse Industrielle (SIAI) de la Direction Générale de l'Industrie béninoise mène depuis 1999 une enquête semestrielle de conjoncture industrielle auprès des chefs d'unités de production. Cette enquête se base sur les variables telles que la tendance de la production passée, les perspectives de la production future, la tendance passée et les perspectives futures des chiffres d'affaires, la tendance passée et les perspectives futures de l'emploi, la masse salariale, les matières premières utilisées, etc. afin de suivre la conjoncture dans le secteur industriel. Cependant, du fait de la pluralité des variables suivies par cette enquête, il est difficile de dégager une tendance globale de l'évolution de la conjoncture à partir des données obtenues car percevoir l'évolution d'un phénomène devient complexe et délicat, lorsque ce dernier est décrit, non pas par une variable unique, mais par plusieurs variables pouvant se comporter de manières différentes, dans les horizons spatial et temporel. Il est vrai que les changements qui surviennent à court terme dans l'économie peuvent être perçus à travers l'évolution d'un nombre élevé d'indicateurs ou d'agrégats économiques. Mais l'analyse de l'information commune conjoncturelle délivrée par ce groupe d'indicateurs est souvent difficile. Ainsi, pour faciliter l'appréciation d'ensemble de l'activité industrielle à l'aide des résultats de l'enquête de conjoncture du SIAI, il serait nécessaire de disposer d'un indicateur synthétique, résumant l'information contenue dans les différentes variables. Compte tenu de l'importance qu'il peut avoir en matière de prise de décision dans le secteur industriel, un indicateur synthétique conjoncturel nécessiterait d'être construit à l'aide d'informations statistiques disponibles dans de brefs délais par rapport aux agrégats économiques usuels. Les enquêtes de conjoncture sont de nature à fournir de telles informations. La confection d'un indicateur synthétique serait dans ce cas une des techniques pouvant servir à l'interprétation des données issues de ces enquêtes. Cet indicateur devrait permettre, en outre, d'apprécier périodiquement la tendance (amélioration, stabilité ou détérioration) de la situation de l'activité industrielle. Il peut constituer une sorte de résumé de l'information contenue dans les différentes réponses d'enquête de conjoncture industrielle et permettre ainsi aux décideurs et opérateurs économiques d'avoir une vision résumée et chiffrée de la conjoncture industrielle ; ce qui pourra les aider à faire des anticipations et à prendre de bonnes décisions en ce qui concerne le secteur. C'est ce qui justifie le choix de notre thème intitulé comme suit : « Construction d'un indicateur synthétique de conjoncture industrielle ». Pour atteindre cet objectif, le présent mémoire s'articule autour de deux points. Dans la première partie, nous présenterons le cadre d'étude et les principales méthodes couramment utilisées pour la construction d'indicateurs synthétiques de conjoncture. La comparaison des méthodes ainsi répertoriées permet de choisir celle qui apparaît la plus appropriée dans le contexte de l'enquête de conjoncture industrielle du SIAI puis l'application de la méthode retenue aux données de cette enquête et l'analyse des résultats obtenus font l'objet de la deuxième partie.
Chapitre 1 : CADRE INSTITUTIONNEL DE L'ÉTUDE Notre stage s'est déroulé à la Direction Générale de l'Industrie (DGI) du Ministère de l'Industrie et du Commerce (MIC) précisément au Service de l'Information et de l'Analyse Industrielle (SIAI) de la Direction des Etudes et des Stratégies Industrielles (DESI). Les attributions, l'organisation et le fonctionnement de cette direction sont contenus dans l'arrêté N°0021/MIC/DC/SG/DGI/SA du 26 mars 2007.
La Direction Générale de l'Industrie a pour mission de proposer la politique de développement industriel en rapport avec les objectifs du Gouvernement et d'initier toute action visant à en assurer la mise en oeuvre. A ce titre, elle est chargée :
La Direction Générale de l'Industrie (DGI) comprend :
La Direction des Etudes et des Stratégies Industrielles (DESI) a pour mission de réaliser ou de faire réaliser des études en vue d'élaborer et de mettre en oeuvre des stratégies de développement du secteur industriel. A ce titre, elle est chargée de :
La Direction des Etudes et des Stratégies Industrielles (DESI) comprend :
Le Service de l'Information et de l'Analyse Industrielle comprend :
Le Service de l'Information et de l'Analyse Industrielle a pour mission de suivre l'évolution du tissu industriel national. A ce titre, il est chargé de:
Le Bénin a connu de 1960 à 1972, de nombreuses péripéties politiques qui se sont traduites par des coups de forces répétés et de fréquents changements de régimes. Ceci a valu à notre pays le sobriquet d'enfant malade de l'Afrique surtout de l'Afrique au sud du Sahara. La stabilité politique qui a suivi cette période et qui a été marquée par le socialisme basée sur la prédominance de l'intervention de l'Etat dans l'appareil productif n'a pu résister à la grave crise des années 80. L'activité économique a évolué sur cette période en dents de scie. Les structures et infrastructures de base étaient totalement délabrées. Depuis l'historique conférence des forces vives de la nation en février 1990, le Bénin a opté pour le pluralisme politique et le libéralisme économique. La stabilité politique ainsi retrouvée dans un contexte de renouveau démocratique consolidé par le respect des différentes échéances électorales, devrait faire du Bénin le meilleur environnement politique propice à l'activité économique. Mais cette stabilité politique n'a pas empêché la mise à nu de la fragilité de l'activité économique nationale qui, conjuguée avec la crise économique mondiale des années 80, a fini par plonger le pays dans une catastrophe sans précédent. Il en est résulté un ralentissement de la production, un fléchissement des investissements productifs, bref une récession économique qui n'a guère épargné aucun secteur. Cette situation de morosité économique est dû en grande partie au faible niveau du tissu industriel du Bénin car l'industrialisation constitue la principale voie de développement économique et social durable pour un pays dans la mesure où elle permet de moderniser l'appareil de production, d'accroître la productivité, d'améliorer les conditions de vie des populations et de faire régresser la pauvreté1(*). L'industrie béninoise est en effet principalement dominé par les usines d'égrenages de coton, les industries alimentaires, les industries textiles, les industries de fabrication du ciment, les industries de métaux, les industries de bois, de papier, les industries fabriquant des objets en caoutchouc et plastique, une industrie productrice d'énergie, des industries d'eaux et des industries chimiques. La contribution du secteur au Produit Intérieur Brut (PIB) est faible et est en moyenne de 13% de 1990 à 20072(*). Face à cette dégradation de la situation économique, le désengagement de l'Etat du secteur productif et la prise de mesures idoines pour accompagner le secteur sont devenus les principaux axes de développement du gouvernement pour la promotion de ce secteur de relève. Pour véritablement accompagner ce secteur, le gouvernement a organisé en 1994 une table ronde sur la relance du secteur privé. A l'issue de cette assise,un Programme de Relance du Secteur Privé (PRSP) a été élaboré autour de quatre axes qui visent à améliorer l'environnement des affaires, à renforcer les institutions de dialogue, à dynamiser l'appui aux entreprises et à améliorer les capacités d'auto-développement des activités privées. La création, à la Direction Générale de l'Industrie, alors Direction du Développement Industriel (DDI), d'un Système d'Information et d'Analyse Industriel (SIAI) est une réponse à l'absence d'une banque de données sur le secteur industriel. Le SIAI est chargé de collecter, de traiter et d'analyser au profit de l'Etat et du secteur privé les informations relatives à l'industrie, indispensables à la prise de décisions pertinentes dans le secteur. Pour ce faire, le SIAI réalise des enquêtes auprès des entreprises industrielles et édite les documents suivants :
La note de conjoncture industrielle a pour objet d'informer les opérateurs économiques sur le secteur industriel mais également sur la santé de l'économie nationale et internationale. Les informations qu'elle véhicule leur permettent de prendre de bonnes décisions en vue de faire des anticipations en ce qui concerne l'évolution du secteur. Elle est réalisée après les enquêtes de conjonctures qui permettent de recueillir l'opinion des chefs d'entreprises sur leurs activités ainsi que leurs perspectives futures d'une part et les performances du secteur industriel d'autre part. Ces enquêtes initialement semestrielles sont trimestrielles depuis 2007. Elles permettent d'apprécier la conjoncture industrielle à partir des variables telles que : la production, le chiffre d'affaires, les charges d'exploitation, l'investissement, l'emploi et la masse salariale. Les changements qui surviennent à court terme dans l'industrie peuvent être perçus à travers l'évolution d'un nombre élevé d'indicateurs. L'analyse de l'information commune conjoncturelle délivrée par ce groupe d'indicateurs est souvent difficile. Le problème est alors de savoir comment construire à partir de ce groupe d'indicateurs, un indicateur unique susceptible à lui seul de renseigner sur l'état de la conjoncture ? La confection d'un tel indicateur soulève un certain nombre de questions, entre autres : Comment choisir les indicateurs à synthétiser ? Comment les agréger en un indicateur unique ? Comment interpréter l'évolution de l'indicateur synthétique obtenu et quel est le type d'information qu'il apporte ? L'information apportée est-elle bien contenue dans les principaux indicateurs industriels usuels ? Telles sont les interrogations qui ont suscité notre réflexion sur le thème.
Contribuer à la construction d'un indicateur synthétique de conjoncture industrielle pour permettre aux décideurs et opérateurs économiques d'apprécier plus aisément la conjoncture industrielle au Bénin. Pour atteindre cet objectif général, il nous faut :
La construction d'un indicateur synthétique de conjoncture industrielle permet d'avoir une vision résumée et chiffrée de la conjoncture.
Chapitre 2 : Revue de littérature Section 1. DEFINITION DES CONCEPTS :Nom féminin, la conjoncture désigne, selon Le Petit Larousse, l'état, la disposition, ou le résultat d'une rencontre de circonstances. La conjoncture c'est aussi la situation générale de l'économie d'un pays. Le terme de conjoncture fait référence aux évolutions économiques de court terme d'un ensemble économique (en général un pays). Elle s'apprécie à l'aide d' indicateurs économiques tels que le taux de croissance du PIB, le taux d' inflation, l'évolution du taux de chômage, la balance commerciale, etc. La conjoncture est liée aux cycles économiques, et ses durées types des changements conjoncturels vont de quelques mois à quelques années. Elle est étudiée au niveau d'un pays, d'une région, ou, à un niveau plus fin, au niveau d'un secteur économique particulier. On peut parler alors de la conjoncture économique d'une entreprise. Par ailleurs, la conjoncture désigne ce qui est changeant, ou susceptible de se modifier dans la courte période. Son étude repose sur l'observation des faits chiffrés, objectifs et des opinions, le diagnostic, et le pronostic ou prévision.
Jacky FAYOLLE, dans Pratique contemporaine de l'analyse conjoncturelle (1987) définit l'étude de la conjoncture comme l'estimation et l'analyse du mouvement économique sur le passé récent (six mois à un an) et le présent, et la prévision de ce mouvement sur un horizon qui peut aller également de six mois à un an. Il ajoute par ailleurs que le diagnostic conjoncturel est l'unité de ces deux mouvements. Quant à Jean-Pierre CLING dans L'Analyse de la Conjoncture (1990) : `'l'analyse conjoncturelle vise à connaître l'évolution récente de l'économie, sa situation présente et à prévoir son cheminement au cours des tous prochains mois''. Pour lui, l'analyse conjoncturelle est conduite à soulever les problèmes qui se posent au sein de l'économie et ceux qui risquent de se poser dans un avenir proche. Pour Nicolas CARNOT et Bruno TISSOT dans La Prévision Economique (2002) l'analyse conjoncturelle vise à rendre compte des évolutions économiques récentes afin de pouvoir appréhender l'activité dans l'horizon de court terme, de l'ordre de quelques trimestres. Dominique Ladiray et Gian Luigi Mazzi ont défini dans le recueil du symposium 2002 de Statistique Canada les enquêtes de conjoncture comme étant des enquêtes d'opinion, qualitatives, très simples et très légères réalisées mensuellement ou trimestriellement auprès des chefs d'entreprises et des consommateurs, lesquels sont interrogés sur leur appréciation de la situation économique récente et future du pays. Encore appelé par Piatier `' Statistiques sans chiffres'' les enquêtes de conjonctures sont selon Jean Pierre CLING dans L'analyse de la Conjoncture, des enquêtes légères et rapides conçues pour les besoins spécifiques de l'analyse et de la prévision conjoncturelles. Il ajoute que ces enquêtes résument, à l'aide d'indicateurs synthétiques, les réponses qualitatives des agents. Selon Jacky FAYOLLE, la rapidité et la légèreté sont les maîtres- mots de la technique des enquêtes de conjoncture. Elles sont faites pour donner des résultats selon des délais minimaux. Ces enquêtes devancent ainsi la statistique classique lorsque les deux outils portent sur un même objet. Cette rapidité est au demeurant une condition sine qua non pour que les enquêtes de conjonctures puissent fournir des séries susceptibles de jouer le rôle d'indicateurs avancés. La rapidité exige la légèreté. Celle-ci concerne le questionnaire : un nombre limité de questions principalement qualitatives (à deux ou trois modalités exclusives, c'est-à-dire di ou trichotomiques). Cette nature qualitative de la plupart des questions est une garantie de rapidité : il est plus aisé à un industriel de savoir si au cours des trois ou quatre derniers mois sa production a augmenté, est restée stable, ou a diminué plutôt que d'indiquer une variation quantifiée. Pour Bruno TISSOT et Nicolas CARNOT, les enquêtes de conjonctures sont des enquêtes menées auprès des agents économiques, qui sont questionnés sur la situation en cours, soit d'un point de vue `' général'' (par exemple les perspectives d'activités en France) ou au contraire, `' personnel `' ( par exemple les perspectives d'activités pour l'entreprise interrogée). Souvent les réponses sont qualitatives ; elles donnent aussi lieu parfois à des indications chiffrées sur certains aspects du comportement des agents interrogés. Pour interpréter les réponses aux enquêtes de conjonctures, on agrège celles-ci sous forme d'indices synthétiques appelés solde d'opinion pour les réponses trichotomiques. Le solde d'opinion est calculé comme la différence entre la proportion d'entreprise qui ont répondu que leur tendance est en hausse et celles pour lesquelles la tendance est en baisse. On néglige donc la proportion d'entreprises pour lesquelles la tendance est déclarée stable. (Jean Pierre CLING dans L'Analyse de la Conjoncture). D'une manière générale, un indicateur est un outil d'évaluation et d'aide à la décision (pilotage, ajustements et rétro-correction) grâce auquel on va pouvoir mesurer une situation ou une tendance, de façon relativement objective une activité, à un instant donné, ou dans le temps et/ou l'espace. Un indicateur se veut être une sorte de résumé d'une information complexe offrant la possibilité à des acteurs différents (scientifiques, gestionnaires, politiques et citoyens) de dialoguer entre eux. Un indicateur est donc une quantité (peut-être quantitative ou semi-quantitative) mesurable directement ou calculable indirectement à partir de données de terrain, et dont l'interprétation permet d'établir un diagnostic sur un effet étudié. Un indicateur doit « indiquer », par exemple un problème ou un effet qu'on veut suivre au cours du temps.
Un indicateur efficace doit répondre à plusieurs critères. Il doit être :
Ils sont de plusieurs types. On distingue :
Les indicateurs de confiance permettent qualitativement de sentir l'évolution psychologique des agents économiques confirmant ou nuançant les résultats d'analyses plus formelles.
Il est important de distinguer les indicateurs composés d'une série individuelle des indicateurs composites. En effet, les indicateurs composés d'une série individuelle sont des indicateurs partiels c'est-à-dire qu'ils ne rendent compte que de certains aspects de la réalité économique contrairement aux indicateurs composites qui caractérisent tout le domaine d'étude où ils sont calculés. Ce sont des séries chronologiques considérées comme représentative de la conjoncture ou supposées capables de décrire le mouvement conjoncturel dans un ou plusieurs secteurs d'activité économique voire dans l'ensemble de ceux-ci. Il s'agit de la matière première de l'analyse conjoncturelle.
De nombreuses études ont déjà eu pour but de confectionner des indicateurs synthétiques conjoncturels. Toutefois, les théories développées sur les méthodes d'élaboration d'indicateurs synthétiques permettant de résumer l'information contenue dans des soldes d'opinion issus d'enquêtes de conjoncture sont relativement peu nombreuses. Les principales méthodes recensées sont les suivantes :
L'Association Suisse pour l'Approvisionnement et l'Achat (ASAA) et le Crédit Suisse ont conjointement élaboré un indicateur synthétique du climat des affaires, dénommé indice PMI (Purchasing Manager's Index). Cet indicateur existe depuis 1995 et utilise les soldes d'opinion d'une enquête mensuelle de conjoncture dans l'industrie suisse. Chaque mois, plus de 200 chefs d'entreprises suisses sont interrogés sur leurs performances par rapport au mois précédent. Les questions posées sont qualitatives et consistent à demander si le niveau de l'activité est "supérieur", "inférieur" ou "égal" à celui du mois précédent. Elles portent sur les huit thèmes ci-après :
Les soldes d'opinion (ou indices ASAA) qui résultent de cette enquête mesurent ainsi le rythme et la tendance de chaque variable observée. L'indice PMI est un indice pondéré composé de cinq des huit indices dans les proportions suivantes : carnets de commandes (0,3), production (0,25), emploi (0,2), délais de livraison (0,15) et stocks de matières premières (0,1). L'indice corrigé des variations saisonnières est un bon indicateur des tendances de l'évolution conjoncturelle. Cette correction est effectuée indirectement par celle des sous indices qui le composent. Des facteurs influençant les résultats des différentes périodes d'observation sont déterminés pour chaque mois et pris en compte pour obtenir les valeurs corrigées. Le PMI est un indicateur d'une grande simplicité. En effet, il est déterminé par une simple pondération de soldes d'opinion. Par ailleurs, son concept est utilisé avec succès aux Etats-Unis depuis plus de 50 ans. En outre, son élaboration ne nécessite pas l'utilisation de méthodes statistiques compliquées ou d'applications informatiques sophistiquées. L'inconvénient majeur du PMI est la détermination presque arbitraire des pondérations attribuées aux soldes d'opinion qui le composent.
La Banque Nationale de Belgique publie, chaque mois, un indicateur synthétique de conjoncture dénommé "indicateur de confiance des chefs d'entreprises belges", élaboré à partir de soldes d'opinion issus d'une enquête mensuelle de conjoncture dans l'industrie manufacturière, la construction, le commerce et les services. Le principe de l'élaboration de cet indicateur est pratiquement identique à celui de l'indice PMI ci-dessus décrit. Toutefois, à la différence de ce dernier, le calcul consiste à appliquer une moyenne arithmétique simple des soldes d'opinion corrigés des variations saisonnières, pondérés et agrégés pour les principales branches d'activité. La Banque de France a élaboré un indicateur synthétique qu'elle utilise comme instrument de projection de l'activité, à fréquence mensuelle. Cet indicateur, dénommé "Indicateur Synthétique Mensuel d'Activité de la Banque de France (ISMA)" est publié depuis février 2000 dans la note d'analyse des résultats de l'enquête mensuelle de conjoncture et dans le bulletin de la Banque de France. A partir d'une Analyse en Composante Principale (ACP), l'information contenue de façon diffuse dans l'ensemble des variables de l'enquête de conjoncture dans l'industrie réalisée par la Banque de France a été transformée en un nombre restreint de facteurs. Dans un second temps, des étalonnages effectués entre le taux de croissance du PIB en variation trimestrielle et les facteurs issus de l'ACP ont permis d'obtenir un indicateur mensuel unique. L'ACP a été réalisée à partir de séries désaisonnalisées, disponibles de 1981 à 1999, portant sur l'évolution de l'activité du secteur industriel dans son ensemble et deux branches spécifiques considérées comme des indicateurs précurseurs de l'activité (les biens d'équipement et les biens intermédiaires), soit, au total, quarante-deux variables. Les principaux facteurs issus de l'ACP reflètent :
Ensuite, une série de régressions du taux de croissance du PIB a été effectuée sur les différents facteurs obtenus. Ces régressions ont été limitées à la période 1981-1996, afin d'éviter de prendre en compte les résultats de 1997 à 1999, qui étaient encore provisoires. En raison de la périodicité du PIB disponible au titre des comptes nationaux trimestriels, quatre équations ont été retenues. A chaque mois de chaque trimestre correspond une équation différente de prévision. Une estimation supplémentaire est en outre disponible pour prévoir le taux de croissance du trimestre suivant. Ainsi, pour chaque trimestre, quatre estimations différentes de la variation du PIB sont effectuées. L'ISMA permet de ce fait, de fournir chaque mois, la variation trimestrielle anticipée du produit intérieur brut. L'estimation réalisée au cours d'un mois est révisée le mois suivant. Il ressort de la description effectuée ci-dessus que l'indicateur synthétique obtenu est construit par une méthode combinant l'ACP et la régression, qui sont des techniques simples et relativement faciles à mettre en oeuvre. Par ailleurs, la méthode utilisée permet de prendre en compte une grande partie de l'information contenue dans l'ensemble des variables de l'enquête. Cependant, lorsque les données utilisées sont peu corrélées, le nombre de facteurs significatifs issus de l'ACP est généralement élevé, ce qui peut contraindre au choix des facteurs jugés les plus pertinents et conduire, par la suite, à une perte d'information.
Catherine DOZ et Fabrice LENGLART ont présenté dans un article publié en 1999, une méthode pouvant permettre de construire un indicateur synthétique à partir des soldes d'opinion issus des enquêtes de conjoncture. Cet indicateur, appelé "facteur commun", a pour objet de résumer en une variable quantitative, l'information relevée par ces enquêtes. Un test statistique permettant de vérifier la pertinence de cette approche est préalablement effectué. Le modèle utilisé fait partie des modèles factoriels dynamiques employés dans de nombreux domaines de l'économie, notamment l'économétrie financière (pour la modélisation des taux d'intérêt) et la macroéconomie. Dans de tels modèles, les variables temporaires observées sont supposées dépendre linéairement d'un petit nombre de variables sous-jacentes inobservables, appelées facteurs. Deux méthodes sont principalement utilisées pour l'estimation des modèles factoriels dynamiques. La première se situe dans le domaine des fréquences et revient à effectuer une décomposition particulière de la densité spectrale du processus vectoriel constitué par l'ensemble des variables étudiées. La seconde se situe dans le domaine des temps et suppose une modélisation de la dynamique des facteurs, puis une estimation par le filtre de KALMAN. La méthode de DOZ et LENGLART repose sur l'hypothèse sous-jacente de l'existence d'une composante commune qui expliquerait la plus grande partie des évolutions de chacune des variables utilisées. Ainsi, chaque variable est considérée comme la somme d'un facteur commun et d'une composante spécifique (propre à cette variable), ces termes étant inobservables. L'estimation du modèle utilisé est généralement réalisée à l'aide de deux méthodes : l'analyse factorielle principale (principal factor analysis) et la méthode du maximum de vraisemblance. Toutefois, en pratique, les deux méthodes sont employées en les combinant. En effet, dans une première étape, l'analyse factorielle principale est utilisée pour choisir un nombre de facteurs qui semble pertinent pour résumer toute l'information contenue dans les variables de départ. Ce choix, permet de mettre en oeuvre plus facilement la méthode du maximum de vraisemblance, dans la deuxième étape. Un test du rapport de vraisemblance est effectué, afin de vérifier si le nombre de facteurs retenus est correct. La méthode de DOZ et LENGLART a été appliquée aux données de l'enquête mensuelle d'activité dans l'industrie réalisée par l'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE). Les soldes d'opinion utilisés dans ce cadre proviennent des réponses à six questions de cette enquête, sur la période allant de mars 1976 à mars 1997. L'indicateur synthétique obtenu est publié par l'INSEE depuis juin 2000, sous la dénomination d' "indicateur synthétique du climat des affaires". DOZ, LENGLART et RIVIERE, ont par ailleurs utilisé la même méthode pour construire un indicateur équivalent pour la zone euro. Le principal avantage de la méthode développée par DOZ et LENGLART est qu'elle repose sur une base scientifique rigoureuse et une démarche bien structurée, fournissant des éléments permettant de juger la qualité des résultats obtenus. Au titre des inconvénients, il faut signaler que la méthode considérée ne peut conduire à un seul indicateur que lorsque les données utilisées sont fortement corrélées. Dans le cas contraire, une élimination de plusieurs variables peut s'avérer indispensable. Il convient aussi de souligner que sa mise en oeuvre requiert l'utilisation de logiciels statistiques spécialisés pour l'analyse factorielle. Cette même méthode a été utilisée par la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) pour construire en mars 2003 un indicateur synthétique d'opinion sur la conjoncture dans la zone UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine).
DOZ et LENGLART ont appliqué leur méthode aux données de l'enquête mensuelle d'activité dans l'industrie publiée par l'INSEE. Le test sur le nombre de facteurs a permis de montrer qu'un seul facteur pouvait résumer l'information contenue dans les séries (l'hypothèse nulle d'un modèle à un seul facteur n'ayant pas été rejetée). Un "indicateur résumé" de l'enquête a alors été estimé par le filtre de KALMAN. Ils ont ainsi montré que le cadre des modèles à facteurs dynamiques fournit une sorte de grille d'interprétation de l'enquête mensuelle, passant par l'analyse des évolutions de l'indicateur résumé et par l'utilisation, le cas échéant, des informations supplémentaires apportées par les composantes spécifiques de chaque solde d'opinion. Les données utilisées sont les réponses à six questions de l'enquête de conjoncture de l'INSEE dans l'industrie sur la période allant de mars 1976 à mars 1997. Ces questions concernent les opinions portant sur :
L'indicateur ainsi calculé, apparaît comme une sorte de climat général rendant compte de l'information commune contenue dans les différents soldes d'opinion. Il figure depuis juin 2000 dans les notes mensuelles de conjoncture publiées par l'INSEE sous la dénomination d'"indicateur synthétique du climat des affaires". Son évolution est utilisée pour résumer la phase conjoncturelle qui influe sur l'ensemble des soldes d'opinion de l'enquête. L'analyse factorielle présente également l'intérêt d'isoler la part de d'information spécifiquement apportée par chaque solde d'opinion (chacune des composantesspécifiques estimées ne pouvant être assimilée à un simple bruit blanc). Ce faisant, elle fournit une sorte de grille de lecture complète de l'enquête. Par ailleurs, Catherine DOZ, Fabrice LENGLART et Pascal RIVIERE ont utilisé la même méthode pour construire un indicateur équivalent pour la zone euro.
Chapitre 1 : Méthodologie de construction de l'indicateur * 1 Source:Répertoire des Entreprises Industrielles du Bénin page5 ; édition 2001 * 2 Source: INSAE séries de PIB * 3 http://fr.wikipedia.org/wiki/Indicateur * 4 Notes d'information et Statistiques n°534 de Mars 2003 * 5 Notes d'information et Statistiques n°534 de Mars 2003 * 6 Notes d'information et Statistiques n°534 de Mars 2003 |
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