I-1-2-1 Le modèle théorique (modèle de
Pagano, 1993)
Partant du modèle développé par Rebelo
(1991) dans lequel la production est une fonction du stock de
capital formulé comme suit ;
Y = AKt [E1]
Pagano y introduit une équation relative à
l'investissement brut It pour avoir l'équation
suivante :
It = Kt+1 - (1-ä)Kt
[E2] où le coefficient ä représente le
taux de dépréciation du capital sur une période.
Il suppose qu'une fraction (1-è) de l'épargne
totale est perdue dans le processus d'intermédiation financière
(il s'agit du coût d'intermédiation et des règles
prudentielles telles que les réserves obligatoires). Le volume
d'épargne disponible devient alors :
It = èSt [E3]
Le taux de croissance de l'année t+1 s'écrit en
tenant compte de l'équation [E1] tel que :
[E4a]
Les équations [E2] et [E3] permettent de déduire
le taux de croissance stationnaire g selon l'équation suivante :
g = [E4b] où s est le taux
d'épargne brut.
L'équation [E4b] indique les trois canaux par lesquels
le système financier peut affecter la croissance :
i) D'abord, en augmentant la proportion de l'épargne
è nationale allouée à des investissements productifs.
Selon Pagano, l'augmentation de è peut être due
à la baisse de l'inefficacité de la sphère
financière. Lors de la libéralisation du secteur bancaire, l'on
peut aussi penser à une baisse des réserves obligatoires ou des
taxes associées aux transactions.
ii) Ensuite en augmentant la productivité marginale A,
grâce à la collecte d'informations et à l'incitation des
investisseurs à replacer leurs avoirs dans des projets plus
risqués à cause d'un partage du risque plus significatif de la
part des intermédiaires financiers.
iii) Enfin, le secteur financier influence la croissance par
l'intermédiaire du taux d'épargne s de l'économie.
Théoriquement, la croissance est formulée
à partir d'une fonction de production Cobb-Douglas Yt
= AtKtLtâ où
Yt représente le niveau de la
production ; Kt : niveau du capital ;
Lt : travail (main d'oeuvre) et At est un
résidu.
En log-linéarisant cette équation de production
on obtient : yt = c + kt
+âlt
Malgré l'unanimité autour des modèles de
Pagano, il demeure moins utilisé que le modèle de King et Levine
(1993a, 1993b).
1-1-2-2 Le modèle de King et Levine
(1993)
C'est un modèle qui examine systématiquement
l'ensemble des facteurs financiers susceptibles d'affecter la croissance
à long terme, tout en mettant en exergue les meilleurs indicateurs pour
mesurer le niveau de développement financier.
En effet King et Levine (1993) intègrent dans leur
modèle une matrice de variables de contrôle associées
à la performance économique telles que le revenu par tête,
le taux de scolarisation au secondaire représentant le capital humain,
la stabilité politique, le degré d'ouverture des économies
et la politique fiscale et monétaire. Ils ont utilisé à
cet effet la structure théorique du modèle de Levine qui se
présente comme suit : G(i) =
á + âF(i) + uX(i) + åt où ; G(i) : indicateurs
de développement réel ( taux de croissance à long terme du
PIB par tête, du stock de capital par tête, de la
productivité.) ; F(i) : matrice des variables
financières ; X(i) : matrice des variables de contrôle
(log du revenu par tête, log du taux de scolarisation dans le
secondaire , ratio des dépenses publiques rapportées au PIB,
taux d'inflation, degré d'ouverture...) et åt la variable
aléatoire.
Nous utiliserons dans notre étude le modèle
utilisé par Boujelbène et Slim (2006) sur la Tunisie qui est une
version simplifiée du modèle de King et Levine. Ce modèle
et celui de Pagano mettent en évidence l'interaction entre le secteur
financier et le secteur réel dont l'évolution fera l'objet de la
sous-section suivante.
I - 2: Evoluition du Produit Intérieur Brut
(PIB)
L'évolution du PIB est
marquée au Tchad par des périodes de chute et de rebond entre
1982 et 2007.
A partir de 1982, le PIB a évolué pour
atteindre 14,2% en 1983 avant de connaître une chute de 1985 à
1987 de -7,5% à cause de la guerre civile dans le sud et le nord du
pays,qui ne permettait pas aux différentes structures d'exportations de
jouer leurs rôles. Mais à partir de fin 1987, le PIB
connaîtra un rebond malgré quelques périodes de chutes
observées pour atteindre un pic de 33,7 % en 2004 suite à la
concrétisation du projet pétrole et l'amelioration du climat des
affaires. Le PIB connaîtra une baisse à partir 2005 pour atteindre
-0,7% en 2006 suite aux problèmes liés à l'exploitation du
pétrole.
En 2007, le PIB a atteint 3,6% grâce la situation
macroéconomique du Tchad caractérisée par un
raffermissement de l'activité économique, sous l'effet
principalement d'un accroissement des dépenses d'infrastructures
publiques, d'une intensification des depenses d'exportation, de recherche, de
développement et de production des compagnies pétrolières.
L'économie tchadienne frappe aussi par la grande stabilité du
poids des composantes du tableau ressource emplois; ce qui révèle
une grande rigidité de la structure de l'économie. La production
de biens et services représente, bon an mal an 80 % des ressources de
l'économie, au moment où les consommations (
intermédiaires et finales ) représentent le même
pourcentage des emplois.
L'évolution du PIB est liée fortement à
l'évolution des ses différentes composantes notamment la demande
globale et l'offre globale.
1-2-1 : Evolution de la demande
globale
La croissance a été imputable à l'apport
positif de la demande globale, en raison notamment du dynamisme de la
consommation privée, des investissements publics et privés. En
revanche, les transactions avec l'extérieur se sont illustrées au
cours de la période sous étude, par la baisse simultanée
des exportations du pétrole et du coton fibre.
a- La consommation globale.
La consommation globale contribue à la croissance
à hauteur de 0,2 points, soutenue principalement par la fermeté
de sa composante privée ( 1,4 points ) en 2007 contre -0,3 en 1982.
Cette évolution favorable des dépenses des menages serait
liée à la revalorisation des salaires des agents de la fonction
publique qui a connu une augmentation de 15% sur l'indice à partir de
fin 2005 , aux recrutements dans les secteurs prioritaires notamment
l'éducation, la santé et les affaires sociales. Cette
évolution est aussi liée à la régularisation du
règlement des salaires des agents de l'Etat et à la poursuite des
créations d'emplois dans les secteurs d'hydrocarbures, du bâtiment
et des travaux publics. Le concours de la consommation plublique,
évalué à - 1,3 points, serait imputable à
l'augmentation des dépenses courantes primaire, notamment des
dépenses de biens et services, et des dépenses en matière
de sécurité. Par contre la masse salariale de la fonction
publique a continué à progresser passant de 15,6% en 1982 ou la
situation économique du pays était à plat, à 33,7 %
en 2007, en raison d'une conjoncture économique favorable.
b- Les investissements bruts.
Les investissements bruts contribuent à la
croissance à hauteur de 5,5 points en 2007, contre 0,5 point en 1982, du
fait de l'accroissement des dépenses d'équipements tant du
secteur public que du secteur privé pétrolier.
En effet, les investissements publics soutiennent la
croissance à concurrence de 3,4 points, en relation principalement avec
les surplus des revenus pétroliers destinés à financer les
dépenses en capital dans les secteurs prioritaires. Ces ressources
étaient consacrées à la mise en oeuvre des grands travaux
de l'Etat en matière d'infrastructures routières,
d'édification de nouveaux établissements scolaires, de
réhabilitation d'hôpitaux et de centres de soin de santé
primaire, ainsi que le développement des réseaux
électriques et hydrauliques.
Le concours de la formation brute de capital fixe du secteur
privé non pétrolier était de 1,2 point en 2007 contre 0,3
point en 1982, compte tenu de l'acquisition et du renouvellement de l'outil de
production dans les secteurs d'électricité et d'eau, de
l'accroissement des capacités de production des entreprises des
bâtiments et travaux publics, ainsi que l'extension des réseaux
de la téléphonie mobile couvrant desormais tout le
térritoire tchadien.
Les investissements privés du secteur pétrolier
participent positivement à la formation de la croissance à
hauteur de 0,9 point en 2007 contre 0,0 point en 1982, en liaison avec le
développement de la nouvelle concession de Maikeri ( 20 puits
prévus ) au sud-ouest de Miandoum, les travaux d'exploration dans une
partie du bassin du Lac Tchad, de Madiago, de Bongor, de l'ouest de Moundou, de
Pala et du Salamat.
c- La demande extérieure nette.
La demande extérieure nette pèse sur
la croissance à hauteur de 2,0 points, compte tenu de la participation
négative de 1,3 point des importations de biens et services, en rapport
avec l'accroissement des commandes à l'extérieur dans le cadre
des projets des secteurs pétroliers. Cette évolution était
neanmoins affectée par un apport négatif des exportations de
biens et services ( - 0,8 % ), avec notamment la chute des ventes du coton
Tchadien à l'extérieur, tandis que les exportations en volume de
pétrole brut enregistrent un léger recul en dépit de la
hausse des prix sur le marché mondial a cause de l' eau apparue
précocement dans les puits.
Figue 1: Graphique représentant
l'évolution de taux de croissance du BIP en terme réel
Source: Par l'auteur à partir des
données de la BEAC
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