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Développement financier et croissance économique au Tchad de 1982 à  2007

( Télécharger le fichier original )
par Ahamat Djabre Genson
Université de Douala - DEA 2008
  

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2-2-1 : Les Principales fonctions des systèmes financiers

Levine (1996) récence cinq arguments qui peuvent fonder théoriquement l'existence d'une liaison positive et forte entre le système financier et la croissance :

- Le système financier faciliterait la protection contre le risque et le partage de celui-ci ;

- Il permettrait une acquisition de l'information et une allocation optimale des ressources ;

- Il permettrait un meilleur contrôle des dirigeants et de l'entreprise par les actionnaires ;

- Il faciliterait la mobilisation de l'épargne domestique ;

- Enfin, la présence d'un système financier suffisamment développé faciliterait l'échange de biens et services.

2-2-1-1 : La facilitation de la protection contre le risque et son partage

Les institutions financières naissent du fait qu'elles devraient faciliter la gestion du risque lié aux coûts d'information et de transaction spécifique. Nous allons ici distinguer deux types de risques. Le risque de liquidité et le risque de diversification du portefeuille.

Levine définit la liquidité comme la facilité avec laquelle les agents économiques peuvent convertir leurs actifs non liquides en actifs liquides, notamment la monnaie. Le risque de liquidité naît donc à cause des incertitudes associées à la conversation des actifs. Ces incertitudes sont liées aux asymétries d'information et aux coûts de transactions.

Le lien entre la liquidité et le développement économique provient du fait que certains projets à rendement élevé nécessitent des financements de long terme. Or un tel comportement est incompatible a priori avec les intérêts des épargnants. Par conséquent, si les systèmes financiers n'augmentent pas la liquidité pour les investissements de long terme, il y aurait moins de projets à haut rendement qui apparaîtront. Levine soutient que cette gestion du risque de liquidité peut être faite en plus des marchés financiers par les banques. S'agissant de ces dernières, Diamond et Dybvig (1983) dans leur modèle montrent qu'il est excessivement coûteux d'observer les chocs qui affectent les individus, et par conséquent, il est impossible de passer des contrats financiers contingents (où tous les états de l'économie sont prévus). Sous de telles conditions, les banques peuvent offrir des dépôts liquides aux épargnants et entreprendre un mixage des investissements liquides et à faibles rendement pour satisfaire les besoins de liquidité des épargnants, et des investissements illiquides et à rendement élevé. En fournissant la demande de dépôt et en choisissant un mixage approprié des investissements liquides, les banques fournissent une assurance complète aux épargnants contre le risque de liquidité, pendant que simultanément elles facilitent les investissements de long terme à travers le financement des projets à rendement élevé. Ainsi, en éliminant le risque de liquidité, les banques peuvent accroître l'investissement en actifs illiquides, à haut rendement et accélérer la croissance économique (Bencivenga et Smith, 1991).

Cependant Pagano (1994) montrent dans un modèle avec un capital physique et externalité, qu'une liquidité accrue peut diminuer le taux d'épargne et la croissance économique.

En plus de la réduction du risque de liquidité, les systèmes financiers devraient aussi atténuer le risque de diversification du portefeuille. L'habileté des systèmes financiers à fournir des services de diversification du risque peut affecter la croissance économique de long terme en modifiant l'allocation des ressources et les taux d'épargne. Lorsque les épargnants sont généralement averses au risque, les projets à haut rendement deviennent plus risqués que ceux à faible rendement. Par conséquent, les systèmes financiers qui facilitent la diversification du risque tentent d'induire une modification du portefeuille vers des projets dont le rendement attendu est élevé (Saint-Paul, 1992). En plus du lien de la diversification et de l'accumulation du capital, elle peut également affecter le taux de changement technologique. L'habileté à détenir un portefeuille diversifié en projets innovateurs réduit le risque et encourage l'investissement en activités innovatrices porteuses de croissance. Par conséquent, tout système financier qui facilite la diversification du risque peut accélérer l'innovation technologique et la croissance économique (King et Levine, 1993a).

2-2-1-2 Acquisition de l'information et l'allocation des ressources

D'une part, les banques, à partir des informations recueillies sur la nature des chocs auxquels s'expose une économie, répartissent au mieux l'épargne collectée lorsqu'elles sont parties prenantes des projets d'investissements. Tant qu'il y a séparation nette entre actifs monétaires et actifs financiers, les banques continueront à remplir la fonction d'intermédiation financière. En atténuant les risques par la mobilisation de l'épargne, le système financier incite les épargnants à investir dans les projets à taux de rentabilité interne élevé (Saint Paul, 1992) et contribue à accélérer les changements technologiques. L'orientation des investissements est facilitée par l'existence d'un système financier qui est l'agent dont les coûts de transaction et d'information concernant un projet précis sont les plus faibles (information relative aux dirigeants, aux débouchés des produits, à la capacité technologique, etc...). Les intermédiaires financiers suppléent aux frictions du marché et rendent l'information, assimilable à un bien public (Stiglitz, 1985).

Par ailleurs, l'intérêt majeur d'un système financier est de rendre compatible dans le temps des projets qui ne le sont pas à une date donnée, et de réduire les risques et les asymétries informationnelles afin de favoriser l'investissement et donc la croissance (Laroche et al, 1995). A ce titre, Diamond (1984) montre que les coûts d'acquisition d'information créent des incitations à l'émergence des intermédiaires financiers. Pour illustrer cette idée, supposons qu'il existe un coût d'acquisition d'information à propos d'une production technologique.

En l'absence d'intermédiaires financiers, chaque investisseur doit payer ce coût fixe. En réponse à cette structure de coût d'information, les groupes d'individus pourraient se constituer en intermédiaires financiers afin d'économiser les couts de Traitement et d'acquisition d'information à propos d'investissement. Au lieu que chaque individu supporte seul ce coût, un intermédiaire peut le faire sur tous ses membres. Il en résulte donc une économie des coûts d'acquisition d'information qui facilite l'obtention d'information à propos des opportunités d'investissement, et par là, améliore l'allocation des ressources.

L'habileté avec laquelle les intermédiaires financiers acquièrent et traitent l'information devrait alors avoir d'importantes implications sur la croissance économique. Car plusieurs firmes sollicitent ce financement à travers les intermédiaires financiers et les marchés qui assurent mieux la sélection d'entreprises et des firmes prometteuses. Ainsi, ils induiront une allocation efficiente du capital et une croissance rapide (Greenwood et Jovanovic, 1990).

En dehors de l'identification de la meilleure production technologique, les intermédiaires financiers devraient aussi stimuler le taux d'innovation technologique en identifiant les entrepreneurs qui ont de bonnes chances d'initier avec succès de nouveaux processus de production des biens (King et Levine, 1993a).

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius