Chapitre II : REVUE DE LA LITTERATURE
2.1. Définition de
quelques concepts
2.1.1. Le concept
d'efficacité technique
L'efficience est un attribut de toutes les actions humaines
faites pour obtenir l'effet désiré. C'est donc le meilleur usage
des moyens. Ainsi une solution efficiente est celle qui utilise le moins de
moyens, ou tout simplement la moins coûteuse. L'efficience est donc la
propriété d'un système d'obtenir des résultats
optimaux avec des dépenses ayant un niveau suffisamment petit
(réduit). Le concept d'efficience met alors en rapport
l'efficacité avec les moyens engagés pour atteindre les
résultats.
Tenant compte tant des résultats que des
dépenses l'efficience est donc un concept
plus complexe que celui d'efficacité qui ne prend en
considération que les résultats
En plus, l'efficience s'applique aux facteurs de production,
l'efficacité s'applique à des objectifs. Mais dans ce
présent document, l'efficacité ou l'efficience sera
employée sans équivoque.
S'inspirant de la revue de littérature de Amara et
Romain (2000), une unité de production est dite efficace si, à
partir du panier d'intrants qu'elle détient, elle produit le maximum
d'extrant possible ou si, pour produire une quantité donnée
d'extrant, elle utilise les plus petites quantités possibles d'intrants
(Atkinson et Cornwell, 1994). En d'autres termes, une entreprise est
techniquement efficace lorsqu'elle se situe sur sa frontière des
possibilités de production ; c'est-à-dire qu'avec une
quantité déterminée de facteurs, elle obtient le plus haut
niveau d'output réalisable (LESUEUR et PLANE, 1995). La mesure du
degré d'efficacité d'une unité de production permet donc
de cerner si cette dernière peut accroître sa production sans pour
autant consommer plus de ressources, ou diminuer l'utilisation d'au moins un
intrant tout en conservant le même niveau de production.
Il existe plusieurs formes d'efficience dont les quatre plus
utilisées sont : l'efficience technique, l'efficience allocative ou de
prix, l'efficience économique et l'efficience d'échelle.
- L'efficience technique
Elle met en relation les inputs réels ou les intrants
(mesure physique des ressources consommées) avec les résultats
obtenus (les outputs ou les produits).
- L'efficience allocative ou de prix
Elle consiste d'abord à déterminer le
coût de production total d'une unité de production ou entreprise
(plusieurs combinaisons sont possibles, sur la droite d'isocoûts), puis
à situer ce coût total par rapport à l'efficience
technique. Elle décrit l'ajustement des inputs et des outputs pour
refléter les prix relatifs, la technologie de production étant
déjà choisie.
- L'efficience économique
Elle prend simultanément en compte les efficiences
technique et allocative ; lorsque ces deux efficiences se recoupent,
l'établissement est économiquement efficient.
- L'efficience d'échelle
Elle cherche à déterminer dans quelle mesure une
unité de production ou entreprise fonctionne avec des rendements
d'échelle croissants ou décroissants, ce qui permet de
définir la taille optimale d'une unité de production ou
entreprise.
Les rendements sont croissants lorsque la production varie de
façon plus importante que la variation des facteurs de production
utilisés, en d'autres termes la production d'une unité
supplémentaire s'accompagne d'une baisse du coût unitaire
(économie d'échelle).
Les rendements sont décroissants si la variation de la
production est inférieure à la variation des facteurs de
production utilisés. En d'autres termes, le coût marginal va en
augmentant, c'est-à-dire que plus on produit et plus il est
coûteux de produire une unité
supplémentaire ( déséconomie
d'échelle).
Les premiers travaux sur le concept d'efficacité sont
attribués à Koopmans (1951) et Debreu (1951). Koopmans fut le
premier à proposer une mesure du concept d'efficacité et Debreu
le premier à le mesurer empiriquement.
Debreu proposa le coefficient d'utilisation des ressources
qui portait essentiellement sur des mesures de ratio extrant-intrant.
Farrell (1957) fut le premier à définir clairement le
concept d'efficacité économique et à distinguer les
concepts d'efficacité technique et d'efficacité
allocative.
La mesure d'efficacité proposée par Farrell est
la suivante : soit une fonction de production qui reflète, par exemple,
les combinaisons de capital et de travail pour produire un produit
donné.
L'isoquant SS' présenté à la Figure 1
représente les différentes combinaisons des facteurs de
production qu'une firme parfaitement efficace peut utiliser pour produire une
unité d'extrant. Ainsi, le point Q représente une firme
techniquement efficace, utilisant les deux facteurs de production dans le
même rapport que la firme située au point P. Supposons que la
firme Q produise la même quantité d'extrant que la firme P en
utilisant seulement une fraction OQ/OP des facteurs de production. Le ratio
OQ/OP est défini comme étant le niveau d'efficacité
technique de la firme située en P. Ainsi, ce ratio est de « 1
» pour une firme parfaitement efficace (située sur SS'), et diminue
indéfiniment lorsque les quantités d'intrants pour un même
niveau de production deviennent de plus en plus grandes.
Figure 1 : Illustration de
la mesure d'efficacité : cas de deux intrants
Source: Farrell, M. J., p. 254
En effet, et même si l'efficacité technique est
de 100% en ces deux points, les coûts de production à Q' ne
représentent que la fraction OR/OQ de ceux au point Q. Ce ratio est
alors défini comme une mesure de l'efficacité de prix, ou
efficacité allocative, au point Q. L' indice d'efficacité
allocative est donc donné par le ratio OR/OQ. Comparée à
la firme située en P, la firme parfaitement efficace, techniquement et
allocativement (celle située en Q') montre des coûts qui sont une
fraction OR/OP de ceux de cette première firme. Le ratio OR/OP, qui est
le produit des deux ratios qui définissent respectivement
l'efficacité technique et l'efficacité allocative, reflète
le niveau d'efficacité économique (totale) de la firme
située en P.
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