Section II : Types et conséquences des
crises financières.
II-1 : Les types des crises
financières :
Rade let et Sachs(1998) identifient cinq types de crises
financières, même si elles sont souvent imbriquées en
pratiques.
· II.1.1 : Les crises liées à
la politique économique :
Dans le monde canonique de Kurgan(1979), un excès de
création monétaire (généralement liés
à la monétisation de déficits budgétaires
excessifs) rend le taux de change insoutenable. Les réserves de change
s'épuisent à tenter de le défendre, jusqu'au moment ou la
crise de change éclate. C'est un peu le scénario européen
de 1992-93.
· II.1.2 La panique
financière :
Elle peut intervenir lorsque les dettes à court
terme dépassent les actifs à court terme et s'il n'y a pas de
prêteur en dernier ressort crédible. Il devient alors rationnel
pour les prêteurs de retirer leurs capitaux, s'ils constatent que les
autres créanciers en font autant, et ce, même s'ils avaient
été disposés à maintenir leurs engagements. La
crise aurait donc pu être évitée. La crise mexicaine est
une illustration possible de ce type de crise. Il peut sembler illogique
d'associer le terme de panique à un comportement individuel rationnel,
mais l'irrationalité découle ici de l'addition de ces
comportements (effet de composition).
· II.1.3. L'éclatement d'une bulle
spéculative :
On parle de bulle lorsque le prix des actifs diverge de
manière de plus en plus prononcée de leur valeur fondamentale,
définie comme la somme actualisée des flux de revenus
anticipés que l'actif doit générer, par exemple, sur le
marché des actions, lorsque le PER (rapport
cours/bénéfice) ne cesse de progresser. Les bulles
révèlent un surendettement des agents analysé par Irving
Fischer dans un article de 1933 à propos de la crise de 1929. Reprenant
cette analyse, Minsky distingue trois structures possibles : hedge (dette
couverte par des revenus) spéculative (des revenus couvrent les
intérêts mais pas le capital à rembourser), et Ponzi
(couverture des engagements par la dette). Le passage de hedge à
spéculative s'explique par les opportunités de profit qui
naissent en période d'euphorie ; on passe à la structure Ponzi
lorsque les emprunteurs sont obligés de céder des actifs pour
solder leur dette, ce qui provoque une baisse du prix de ces actifs et
l'inversion des anticipations. C'est la situation étudiée par
Fisher sous le terme de debt-deflation. La crise japonaise en est une bonne
illustration dans sa première phase.
· II.1.4. Hasard moral :
Dans le modèle de Akerlof et D. Romer
(1996), lorsque des bues sous-capitalisées ou peu régulées
peuvent emprunter en bénéficiant de garanties publiques, elles
ont toutes chances de prendre des risques excessifs. Ils appliquent ce
modèle à la crise des caisses d'épargne
américaines. Paul Krugman (1998) présente les choses ainsi : si
un prêt ou un placement est très risqué, il peut rapporter
beaucoup, mais avec une faible probabilité; son espérance de
gain, guide normal de la décision, est donc faible. Mais, si les pertes
éventuelles sont couvertes par les autorités monétaires,
il est inutile de se préoccuper du cas où les choses tourneraient
mal. L'espérance de gain est alors remplacée comme guide de la
décision par la valeur du gain en cas de succès, que Krugman
appelle valeur "Pangloss". Vient cependant un moment où les risques
apparaissent pour ce qu'ils sont : de mauvais risques. Les agents envisagent
alors la mobilisation de la garantie implicite dont bénéficient
les intermédiaires financiers, et se rendent compte qu'elle ne pourra
pas être mobilisée compte tenu de l'importance des sommes en jeu.
Selon Krugman, ce mécanisme a joué un rôle essentiel dans
la crise asiatique.
· II.1.5. Sauvetage catastrophique (Disrderly
workout) :
Selon Sachs (1995), ce type de crise intervient
lorsque l'insolvabilité d'un emprunteur provoque une compétition
des créanciers pour tenter de limiter leurs pertes. L'assèchement
du marché des fonds qui peuvent être prêtés
entraîne alors l'accumulation de faillites.
Les crises ainsi définies et classées
constituent une vraie menace non seulement sur le plan économique mais
aussi sur le plan social.
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