Chapitre III : Matériels et méthodes
I. Présentation de la région d'étude
1. Situation géographique :
La wilaya de Sétif se situe dans les hautes plaines de
l'Est algérien. Elle occupe une position centrale et constitue un
carrefour entouré de 6 wilayas. Au nord, elle est limitée par les
wilayates de Bejaia et de Jijel, à l'Est par la wilaya de Mila, au sud
par les wilayates de Batna et M'sila et à l'Ouest par la wilaya de Bordj
Bou-Arreridj (figure 04).
Figure 04 : Carte représentative de la
wilaya de Sétif
Grâce à l'important réseau de
communication notamment les routes nationales, Sétif est devenue un
passage obligé des flux venant du Sud vers les ports de Jijel et de
Bejaia, et des trafics de l'Est vers l'Ouest (Constantine et Annaba vers
Alger).
Sétif s'étend sur une superficie de 6 549,64
km2. Elle est composée de 60 communes reparties en 20
daïrates. Son altitude est comprise entre 900 et 2000 m.
2. Le milieu
physique :
2.1. Les reliefs:
D'une manière générale la wilaya de
Sétif est un pays de hautes terres où 3 zones se distinguent
(figure 05) :
- La zone montagneuse :
Constituée de trois masses montagneuses :
· Les monts de Babor : Situés au Nord de la
wilaya et s'étend sur une centaine de kilomètres où
culmine à 2004m.
· Les monts des Bibans dont l'extrémité
orientale couvrent le Nord-Ouest de la wilaya.
· Les monts de Hodna s'étalent sur le Sud et
Sud-Ouest de la wilaya. L'altitude atteint jusqu'à 1890m au
Djebel-Afgane (Boutaleb). Cette zone occupe 2 871,61km² soit 43,84% de la
superficie de la wilaya.
- La zone des hautes Plaines : Cette
région s'enferme dans les limites naturelles qui sont les masses
montagneuses. Elle occupe la partie centrale de la wilaya d'une superficie de 3
217,19 km² soit 49,12%. L'altitude varie entre 900 et 1 200 m.
- La frange semi-Aride : Elle
coïncide avec le Sud et abrite des chotts :
- Chott El Beida (Hammam Sokhna),
- Chott El Ferraine (Ain-Lahdjar),
- Et Sebkhet Melloul (Guellel et Sebkhet Bazer (Sud
Bazer Sakra).
C'est une zone pratiquement plate ne dépassant
guère les 900m d'altitude. On retrouve 4 communes d'une superficie
460,84 km² soit 7,04% de la superficie de la wilaya.
Figure 05 : Carte des reliefs de la wilaya de
Sétif
Source : Mouffok, 2007.
2.2. La pédologie :
La zone nord, plus réduite en surface, comporte
majoritairement des sols pas ou peu calcaires, noirs, argileux, vertiques ; la
zone sud, plus importante en surface, comporte des sols essentiellement
calcaires avec, le plus souvent, des accumulations calcaires dures proches de
la surface (Lahmar et al., 1992).
2.3. L'hydrologie :
Les cours d'eau sont tributaires de l'inégalité
et de l'irrégularité des précipitations, ils sont
généralement secs en été et, en hiver, ils sont
souvent en crue. Les principaux cours d'eau superficiels sont Oued Bousselem
dans la partie Nord et Nord-Ouest, Oued Dehamcha et Oued Menaâ dans la
partie Nord-Est et Oued Ftissa et Ben Dhiab dans la partie Sud de la
région.
L'agriculture mobilise aussi des sources souterraines sous
forme de puits, de forages et de sources, dont les quantités
dépassent 115,05 Hm3 d'eau (tableau 04).
Tableau 04 : Origine et quantités des eaux
superficielles et souterraines
|
Origine
|
Quantités (Hm)
|
Eaux superficielles
|
Apport du Barrage (BBA)
|
22,07
|
Petits barrage
|
3,80
|
Retenues collinaires
|
4,69
|
Fils d'eau
|
12,72
|
Total eaux superficielles
|
42,22
|
Eaux souterraines
|
Puits
|
19,40
|
Forages
|
84,75
|
Sources
|
10,90
|
Total eaux souterraines
|
115,05
|
Total
|
|
157,27
|
Source : Direction d'hydraulique de Sétif (2008)
.
2.4. Le climat :
La wilaya se caractérise par un climat continental
semi-aride, avec des étés chauds et secs et des hivers rigoureux.
Les pluies sont insuffisantes et irrégulières à la fois
dans le temps et dans l'espace ; la moyenne de pluviométrie est de
400mm. En effet, il ressort de la figure 06 que la période de
précipitation est concentrée durant la période qui
s'étale de l'automne jusqu'au Printemps, alors que l'Eté est
sec. Si les monts de Babor sont les plus arrosés en recevant 700 mm par
an, la quantité diminue sensiblement pour atteindre 400 mm en moyenne
par an sur les hautes plaines par contre la zone Sud est la moins
arrosée, les précipitations ne dépassent pas les 300 mm.
Figure 06: Pluviométrie mensuelles dans la
wilaya de Sétif
Source : SRMS (2008).
Du point de vue thermique, l'accentuation des contrastes est
remarquée, les températures sont basses en hiver et
élevées au cours de la période estivale (figure 07). A
cela s'ajoute la médiocrité de l'humidité
atmosphérique dont les conséquences sur l'allongement de la
saison sèche sont apparentes (DPAT, 2006).
Figure 07 : Variations des températures
moyennes mensuelles en °C (1985 - 2007)
Source : SRMS (2008).
Il est à signaler le nombre élevé des
gelées blanches qui touchent notamment la zone des hautes plaines
.L'enneigement demeure médiocre. Enfin, les vents sont variables avec
une prépondérance des vents ouest et nord-ouest pendant
l'hiver alors que le sirocco se manifeste pendant l'été avec des
effets négatifs.
2.5. La végétation :
Les précipitations et l'altitude conditionnent en
grande partie l'importance et la variabilité de la
végétation. On distingue sur les monts les forêts d'Alep de
cèdre, le sapin de Numidie, le cyprès et le chêne vert et
le chêne-liège. Par ailleurs, la zone montagneuse demeure une
région de l'arboriculture notamment l'olivier et le figuier.
Les hautes plaines sont le domaine de la
céréaliculture et des cultures maraîchères. Par
contre pour la zone semi aride, et compte tenu de la qualité saline de
ses sols, la flore est généralement pauvre.
3. Les activités agricoles :
3.1. La répartition des
terres :
Le tableau 5 indique la répartition
et l'occupation des terres par l'agriculture pour la compagne 2006/2007. La
superficie agricole utile de la wilaya (SAU) est de 360 986 ha dont seulement
6,65% en irrigué.
Tableau 05 : Répartition
générale des terres de la wilaya de Sétif
Compagne agricole : 2006/2007
Répartition
|
Superficie
(ha)
|
Superficie
Agricole
Utile
(SAU)
|
Terres labourables
|
Cultures herbacées
|
199 902
|
Jachères
|
134 316
|
Cultures permanentes
|
Prairies Naturelles
|
1 957,50
|
Vignobles
|
54,81
|
Plantation d'arbres fruitiers (en masse)
|
24 756
|
Arbres fruitiers (en isolés)
Equiv. (HA)Non inclus dans la SAU
|
4 558
|
Total SAU
|
360 986
|
Dont SAU irriguée
|
23 995
|
Pacages et parcours
|
57 778
|
Terres improductives des exploitations
|
41 084
|
Total des terres utilisées par l'agriculture (SAT)
|
459 848
|
Superficies forestières
|
100 016
|
Terres improductives non affectées à
l'agriculture
|
95 100
|
Superficie totale de la wilaya (ST)
|
654 964
|
Source : DSA de Sétif (2008).
3.2. La production
végétale :
L'agriculture dans la région s'articule principalement
autour de la production céréalière qui occupe une grande
superficie de la SAU (173 455ha). La superficie réservée pour
les cultures céréalières est répartie en 93 630 ha
de blé dur, 26 455 ha de blé tendre, 47195 ha d'orge, et 6 160 ha
d'avoine. Pour les cultures maraîchères, la superficie
réservée est de 7 586,79 ha. Par contre, les légumes secs
sont limités (425 ha) ainsi que l'arboriculture qui est présente
sur 24 197 ha (Tableau 06).
Tableau 06 : la production
végétale
Spéculation
|
Superficie (ha)
|
Production (Qx)
|
Céréales : Total
Dont : - Blé dur
- Blé tendre
- Orge
- Avoine
|
173 455
93 630
26 455
47 195
6 160
|
2 316 135
1 114 406
345 995
750 480
105 185
|
Culture maraîchère
|
7 586,79
|
1 050 844
|
Cultures industrielles (Tabac)
|
881
|
12 975
|
Légumes secs
|
425
|
4 013
|
Arboricultures
|
24 197
|
105 486
|
Olivier
|
16 337,84
|
46 175
|
Source : DSA de Sétif (2008)
Pour les cultures fourragères, la superficie totale
réservée pour la compagne 2006/2007 est de 19 511,50 ha.
Durant ces dernières années, la mobilisation des eaux
souterraines dans la région de dépression a produit un
développement considérable des cultures fourragères
conduites en vert (Mouffok, 2007). En effet, la superficie
réservée aux fourrages secs a diminue de 18 553,50 ha durant la
compagne 1990/1991 à 12 965 ha durant 2005/2006, alors que la superficie
réservée aux fourrages verts passe de 1 475ha à 5 154 ha.
Enfin, la superficie occupée par les fourrages naturels est variable
d'une compagne à une autre (Annexe 01).
3.3. La production animale:
L'élevage ovin dont l'alimentation dépend de la
céréaliculture, occupe la première place avec 468 880
têtes (tableau 07). Il est suivi par l'élevage bovin dont
l'effectif est évalué à 112 980 têtes dont 61 485
vaches laitières alors que l'élevage caprin est de type
traditionnel. Celui-ci totalise un effectif estimé à 66 220
têtes, et associé généralement aux troupeaux
ovins.
Pour les petits élevages, les effectifs
évalués sont de 5 867 300 sujets de poulets de chair, de 1
409 750 sujets de poulets de pontes et de 92 685 sujets pour la dinde. Enfin,
pour l'apiculture on enregistre la présence de 32 944 ruches.
Tableau 07 : Les effectifs animaux
Espèces
|
Effectif (en têtes)
|
Ovins
|
468 880
|
Bovins dont :
vaches
|
112 980
61 485
|
Caprins
|
66 220
|
Equins
|
908
|
Poulets de chair
|
5 867 300
|
Poulets de ponte
|
1 409 750
|
Dindes
|
92 685
|
Ruches
|
32 944
|
Source : DSA de Sétif (2008)
II. Objectifs et
méthodologie :
1. Objectifs :
Ce travail est une étude des
systèmes d'élevage bovin dans la région semi aride de
Sétif. Il a pour objectifs principaux de :
· Identifier les différents types d'exploitations
ayant pratiquant l'élevage bovin.
· Caractériser les différents
systèmes de production et d'élevage bovin pratiqués dans
la région à l'aide d'une typologie.
· Connaître le fonctionnement des systèmes
d'élevage identifiés et les pratiques adoptées par les
éleveurs.
· Cerner les avantages et les contraintes qui entravent
le développement de la filière.
2. Démarche
méthodologique :
La démarche méthodologique retenue comporte
les étapes suivantes (figure 08) :
- La formulation du sujet et le choix de la région
d'étude.
- Recherche bibliographique.
- L'élaboration d'un questionnaire d'enquête.
- La collecte des informations et réalisation de
l'enquête auprès des éleveurs.
- Le dépouillement et l'analyse des données.
- Réalisation de la typologie.
- Discussion générale.
- Conclusion.
Formulation de sujet et choix de la région
d'étude
Recherche bibliographique
Elaboration
d'un questionnaire d'enquêtes
Collecte des informations
et réalisation des enquêtes
Dépouillement et l'analyse des données
Résultats et discussion
Conclusion
Figure 08 : Les étapes de la
méthodologie
2.1. L'élaboration du
questionnaire :
Ces enquêtes reposent essentiellement sur un
questionnaire (Annexe2) établi d'une façon assez large permettant
le recueil d'un maximum d'informations sur l'élevage bovin dans la
région d'étude. Ce questionnaire est composé de trois
volets qui sont :
- Le volet social qui regroupe toutes les informations
concernant l'éleveur et sa famille;
- Le volet technique qui comprend:
· la structure de l'exploitation agricole (foncier,
équipement agricole, la force du travail, ressources
hydriques,...etc.);
· la structure des bâtiments d'élevage, les
effectifs, la conduite du troupeau, les principaux cultures, l'élevage
des jeunes, l'hygiène,...etc.
- Le volet économique:
· les ventes et les achats effectués par
l'éleveur;
· les principales productions animales ou
végétales,
· les subventions bénéficiées.
2.2. Le choix des
exploitations :
Les exploitations visitées, sont choisies de
façons aléatoires, principalement orientées vers une
activité d'élevage bovin. Ce choix est effectué d'une part
à l'aide de listes des éleveurs obtenues auprès de la
direction des services agricoles (DSA) de la wilaya, et d'autre part en se
basant sur un certain nombre de critères qui sont :
- La disponibilité d'informations fiables ;
- L'accort de l'éleveur ;
- La disponibilité des moyens de transport.
2.3. L'échantillonnage :
L'étude s'appuie sur les
résultats de l'enquête qu'on a mené auprès de 48
exploitations dans la zone semi aride de la wilaya de Sétif. Ces
exploitations enquêtées se répartissent sur trois
sous-zones présentant des caractéristiques
agro-écologiques différentes telles que la
végétation, le type de sols, le gradient altitudinal, la
pluviométrie,...etc.
Parmi l'ensemble des communes de la wilaya, quatorze communes
ont été choisies pour faire les enquêtes (figure 09,
tableau 08). En effet, 39% des exploitations sont situées dans la
région sud (semi aride inférieure), 31% dans la zone semi aride
centrale et 30% dans la région nord de la wilaya (semi aride
supérieure).
Tableau 08: La répartition des exploitations
enquêtées par communes
Région
|
Commune
|
Nombre d'exploitations
|
Nombre d'exploitations/ région
|
Nord
|
-Beni fouda
-Ouricia
-Ouled Adouane
- Ain Arnet
-Ain Abassa
|
4
2
3
3
3
|
15 exploitations
|
Centre
|
-El-Eulma
- Sétif
-Bazar Sakhra
-Guelta Zerga
|
3
3
4
4
|
14 exploitations
|
Sud
|
-Hammam Sokhna
-Guellal
-Ain Oulemen
-Rasfa
-Baida Borj
|
4
5
3
3
4
|
19 exploitations
|
Total
|
14 communes
|
48 exploitations
|
48 exploitations
|
|
Figure 09 : La zone d'étude
3. Déroulement des
enquêtes :
Les enquêtes se sont
déroulées sur le terrain auprès des éleveurs du
1er Avril au 5 Mai de l'année en cours (2008). Lors des
visites sur sites des exploitations, des entretiens et des discussions ont
été réalisés avec les éleveurs à
l'aide du questionnaire d'enquête. L'enquête a durée environ
deux heures avec chaque exploitant. Malgré que les sujets abordés
dans le questionnaire répondent aux préoccupations des
éleveurs, la grande majorité des enquêtés n'ont pas
exprimé de la patience.
4. Traitements et analyses statistiques des
données :
4.1. Les outils :
L'analyse des données s'est fait d'abord par une
création d'une base de données sur Microsoft Excel version 2003
avec un codage des réponses afin d'en faciliter le traitement. Puis la
saisie des réponses du questionnaire d'enquête sur cette base de
données. En utilisant les outils statistiques avec les tableaux
croisés dynamiques de Microsoft Excel, nous avons calculé les
moyennes, les écart-types ainsi que les pourcentages.
Pour analyser les informations obtenues des enquêtes,
une analyse en composantes principales (ACP), suivie d'une classification
ascendante hiérarchique (CAH), et une analyse factorielle des
correspondances (AFCm) sont réalisées avec le logiciel XLstat
2008.
4.2. Les méthodes d'analyse :
Les méthodes d'analyse
utilisées sont les suivantes:
· Analyse en Composantes Principales
(ACP) :
L'ACP est une méthode statistique essentiellement
descriptive, son objectif est de présenter sous une forme graphique, le
maximum de l'information contenue dans un tableau de données
constituées d'individus et de variables quantitatives (Philippeau,
1986).
· Analyse Factorielle des Correspondances
multiples (AFCm) :
Comme pour l'ACP, l'AFCm vise à
représenter graphiquement un tableau de données en
réduisant le nombre de dimensions initiales, qui sont égales au
nombre de variables, à quelques axes, par des combinaisons
linéaires des variables de base. L'AFC traite par contre des
données qualitatives ou des variables quantitatives et ordinales
transformées. Cette méthode est utilisée pour valoriser
des enquêtes en mettant en évidence des relations entre
modalités de variables. Dans ce cas, les données quantitatives
sont transformées en données qualitatives (modalités) pour
les adapter à la nature de l'analyse (Mouffok, 2007).
· Classification Ascendante Hiérarchique
(CAH) :
La classification ascendante hiérarchique conduit
à regrouper et ranger les individus en classes en fonction de la «
distance » qui les sépare. Cette méthode de classification
se réalise sur le nombre d'axes jugés intéressants dans
l'analyse des composantes principales (Hostiou, 2003).
4.3. L'estimation de la production
laitière :
Pour toutes les exploitations
visitées, on n'a pas trouvé un contrôle laitier, donc on
n'a pas eu des données fiables et exactes pour ses productions
laitières annuelles, on a eu juste des estimations journalières
pour chaque saison. Pour calculer la moyenne journalière par vache on a
utilisé la méthode suivante :
MPL = MPL d'été + MPL d'automne + MPL
d'hiver + MPL de printemps / 4.
MPL : moyenne de la production laitière par jour
par vache.
5. Définition de La
typologie :
La typologie est une méthode de comparaison, dans le
sens où les individus d'un même type sont très
homogènes entre eux et très hétérogènes avec
les individus des autres types (Cerf et al., 1987).
|