III. Caractérisation de l'élevage bovin
:
Afin d'identifier et caractériser la diversité
de l'élevage bovin dans la région enquêtée, les
variables concernées ont été subdivisées en deux ou
trois modalités pour être soumises à une analyse
factorielle des correspondances multiples (AFCm) (annexe 4).
les variables retenues pour cette analyse sont : la surface
agricole utile (SAU), la surface irriguée (SI), la surface
fourragère (SF), l'offre fourragère (OFB), l'existence de la
prairie (Pr), les ressources hydriques (RH), la taille du troupeau bovin (EB),
le nombre de vaches laitières (VL), la nombre de taurillons (TX), le
nombre de génisses de renouvellement (GS), l'effectif ovin (EO), les
races bovines exploitées (RC), la quantité de concentré
consommée / vache / jour (Qcc), le mode de reproduction (TL), la
production laitière par jour et par vache (PL) et le nombre de
têtes vendues par an (TV).
1. Résultats de l'AFCm :
L'analyse effectuée sur les 48 exploitations de
l'étude montre que les deux premiers axes factoriels 1 et 2 expliquent
respectivement 48,68% et 10,71% des résultats, soit 59% de la
variabilité totale (tableau 19).
Tableau 19 : Les valeurs propres obtenues par
l'AFCm
|
F1
|
F2
|
Valeur propre
|
0,07
|
0,02
|
Variabilité (%)
|
48,68
|
10, 71
|
% cumulé
|
48,68
|
59,39
|
La figure 16 représente la répartition des
modalités sur le plan F1 x F2. Le premier axe est exprimé par les
variables relatives à la taille du troupeau bovin (EB, VL), par les
variables relatives à l'offre alimentaire (SAU, SI, SF, PR, Qcc et OFB)
et par celles relatives aux productions (TV, PL) alors que le deuxième
axe est expliqué par les variables relatives à la vocation du
troupeau (GS, TX, EO, TL et RC).
Une classification ascendante
hiérarchique (CAH) a permis de distinguer trois types d'élevage
bovin (figure 17) selon les modalités évoquées
précédemment (figure 18).
Figure 16 : Projection des variables sur le plan F1 x
F2
Figure 17: Projection des exploitations sur les plans
formés par les axes F1 et F2 et délimitation des
groupes
Figure 18: Dendrogramme de la classification
automatique des exploitations (AFCm)
2. Types d'élevages identifiés :
Les principales caractéristiques des groupes
identifiés sont présentées dans le tableau 20 :
Tableau 20: Caractéristiques
générales des groupes identifiés
Variables
|
Groupe01
|
Groupe02
|
Groupe03
|
SAU (ha)
|
28,28 #177;13,86
|
2,89 #177; 2,07
|
13,40 #177; 11,60
|
SI (ha)
|
4,36 #177; 4,55
|
0,07 #177; 0,17
|
3,43 #177; 3,65
|
SF (ha)
|
7,11 #177; 5,89
|
0,22 #177; 0,44
|
3,90 #177; 4,31
|
Pr (ha)
|
2,07 #177; 2,13
|
0,11 #177; 0,33
|
0,48 #177; 0,81
|
EB (têtes)
|
22,44 #177; 7,42
|
5,33 #177; 3,08
|
12,20 #177; 4,84
|
VL (têtes)
|
11,06 #177; 5,75
|
3,00 #177; 1,32
|
6,71 #177; 2,47
|
TX (têtes)
|
2,00 #177; 2,59
|
0,56 #177; 1,33
|
0,52 #177; 1,03
|
GS (têtes)
|
2,72 #177; 2,16
|
0,56 #177; 0,73
|
1,76 #177; 2,70
|
EO (têtes)
|
43,00 #177; 44,00
|
2,22 #177; 6,66
|
20,10 #177; 33,00
|
Qcc (kg / vache / j)
|
9,11 #177; 2,00
|
7,11 #177; 1,53
|
6,67 #177; 1,85
|
OFB (ha/ tête)
|
0,33 #177; 0,23
|
0,03 #177; 0,06
|
0,39 #177; 0,53
|
PL (litres / vache / j)
|
14,88 #177; 3,28
|
8,75 #177; 2,45
|
12,80 #177; 2,98
|
TV (têtes)
|
7,50 #177; 4,65
|
1,89 #177; 1,36
|
5,38 #177; 5,98
|
Nombre d'exploitation
|
18 exploitations
|
9 exploitations
|
21 exploitations
|
SAU : Surface agricole utile, SI : surface
irriguée, SF : surface fourragère, Pr : existence de la
prairie, EB : la taille du troupeau bovin , VL : le nombre des
vaches laitières, TX : le nombre des taurillons, GS : le
nombre de génisses de renouvellement, EO : effectif ovin,
Qcc : quantité de concentré consommée / vache / jour,
OFB : Offre fourragère, PL : la production laitière
(litres par jour par vache), TV : nombre de têtes vendues par an.
· Groupe 1 : Elevages de grande taille
à orientation mixte
Constitué de 18 exploitations (37% de
l'échantillon), ce type dispose de troupeaux de grande taille et
possède de grandes surfaces, avec une SAU moyenne de 28,28 ha dont 15,4%
conduite en irrigué. Le troupeau de bovin est en moyenne de 22,44
têtes, dont la moitié est des vaches laitières et 2,72
têtes sont des génisses de renouvellement. On note l'exploitation
de la race Montbéliarde élevée seule ou associée
à des populations locales et croisées ou à la race pie
noire. Ainsi, 67% de ces troupeaux bovins sont associés aux ovins dont
la moyenne est de 43 têtes.
L'engraissement des taurillons est pratiqué dans la
moitié des élevages, ce qui explique l'orientation productive
mixte. Ainsi, la moyenne des têtes vendues par an est de 7,5 têtes
alors que la productivité laitière journalière est de
14,88 L par vache.
La culture des fourrages occupe une superficie moyenne de
7,11 ha soit seulement 25% de la SAU alors que les prairies sont absentes chez
33% des éleveurs. Cependant, l'offre fourragère moyenne est de
0,33 ha de fourrage par tête. La ration alimentaire quotidienne de chaque
vache est composée de foin et de paille complémentée par
9,11 Kg de concentré qui est généralement constitué
de son de blé mélangé avec du maïs, d'orge et du
soja.
Le mode de reproduction pratiqué est la monte
naturelle dans 83% des cas et l'insémination artificielle dans 17% des
cas.
· Groupe 2 : Elevages de petite taille
à orientation laitière
Ce groupe renferme 19 % des troupeaux
étudiées (9 exploitations), appartenant aux petites exploitations
ayant une SAU moyenne d'environ 3 ha conduit en sec (à l'exception d'une
seule exploitation) car ce type n'a pas l'accès aux ressources
hydriques. La taille du troupeau est de 5,33 têtes dont 3 têtes
sont des vaches laitières. La part des femelles laitières au sein
du troupeau bovin d'environ 67% montre clairement la spécialisation
laitière de ce groupe. Ces élevages atteignent une production
laitière moyenne de 8,75 L par vache et par jour.
Les races bovines exploitées sont diverses. En effet,
22% des éleveurs exploitent la race locale seule et 45% d'entre eux
exploitent soit la Montbéliarde seule ou associée avec les races
croisées ou la pie noire, alors que 33% des éleveurs ont les
trois types raciaux. Parmi les éleveurs de ce groupe, 33% pratiquent
l'insémination artificielle, alors que le reste pratique la monte
naturelle.
Concernant les cultures fourragères, seulement deux
exploitations réservent une superficie de 1 ha aux cultures
fourragères alors qu'une seule exploitation possède une prairie
de taille très réduite de 1 ha. En effet, l'offre
fourragère dans ce type d'élevage est très réduite
soit 0,03 ha par tête. Pour couvrir le déficit fourrager, les
éleveurs font recours à l'achat des fourrages. Ainsi,
l'alimentation du troupeau est à base de paille des
céréales dans 70% des troupeaux ou à base de paille et de
foin chez 30%, complémenté par 7,11 kg de concentré par
vache par jour. Le concentré est composé
généralement de son de blé, maïs, orge, soja avec ou
sans CMV.
· Groupe 3 : Elevages de taille moyenne
à orientation laitière
Ce type d'élevage regroupant 21 troupeaux soit 44% de
l'échantillon enquêté, dispose d'une SAU moyenne de 13,4 ha
dont 26% des surfaces sont irriguées. Les troupeaux de ce groupe sont
caractérisés par une taille moyenne de l'ordre de 12,2
têtes dont 55 % (soit plus de la moitié) sont des vaches
laitières avec une moyenne de 6,71 têtes. Les taurillons ne
représentent que 4% du cheptel et sont absents dans 76% des
exploitations. Cela explique l'orientation de la majorité des
exploitations vers la production laitière qui est estimée en
moyenne à 12,8 L par vache et par jour. On note également que les
génisses de renouvellement représentent 15% du cheptel. La race
Montbéliarde est fortement dominante ; elle est élevée
seule et rarement associée avec les races croisées ou pie noire.
La pratique de l'insémination artificielle demeure
faible même pour ce type d'élevage, elle est adoptée par 29
% des éleveurs alors que les 71% qui restent préfèrent la
monte naturelle.
La sole réservée aux cultures
fourragères représente 30% de la SAU soit près de 4 ha
Aussi, les prairies sont présentes dans 29% des exploitations mais d'une
surface moyenne de 0,48 ha. L'offre fourragère est en moyenne de 0,39 ha
par tête bovine.
Ces exploitations se caractérisent par un
système alimentaire basé sur la paille et le foin
complémenté par le son de blé seul ou
mélangé avec le maïs, l'orge et le soja dont la
quantité distribuée est de 6,67 kg par vache et par jour. Lors
des pâturages, la quantité des fourrages secs distribuée
est moins importante voire limitée chez certains éleveurs.
Le nombre de têtes vendues est de 5,38 par an, ils sont
composés essentiellement des taurillons mais aussi des génisses,
des veaux, des vêles et des vaches de réforme.
3. Conduite de l'élevage bovin :
3.1. Structure des troupeaux bovins :
Les exploitations enquêtées dans la
région d'étude présentent un effectif de taille variable.
Tout d'abord, les troupeaux de grande taille ayant un effectif supérieur
à 20 têtes représentent seulement 25% de
l'échantillon enquêté. Généralement, ils sont
répartis géographiquement sur toute la région
d'étude. Alors que, les troupeaux de petite taille se localisent dans la
région du Nord et celle du Centre. Par contre, les exploitations
représentant la région du Sud ont des troupeaux de tailles
différentes et atteignent rarement moins de 5 têtes.
En effet, on distingue deux formes de structures pour
l'atelier bovin. La première concerne huit exploitations (17% de
l'échantillon enquêté) qui n'exploitent que des vaches
laitières accompagnées parfois de vêles ou de
génisses de remplacement. Ce sont généralement des
troupeaux de petite taille. La deuxième caractérise 83% des
élevages bovins formés en plus des vaches laitières et des
génisses, par des taurillons et des veaux. Ces derniers sont
destinés soit à l'engraissement soit à la vente
après le sevrage. En effet, parmi ces exploitations ; 40%
pratiquent l'engraissement des mâles et 52% ont des mâles
reproducteurs.
En revanche, les unités enquêtées
exploitent trois types raciaux représentés principalement par les
races importées, la race locale et les races issues de croisement. En
effet, la Montbéliarde domine dans 82% des élevages dont elle est
exploitée seule au sein de 33% de ceux-ci et en association avec la pie
noire, les races croisées et la race locale dans 67% de ces
élevages. Par contre, seulement, 11% des élevages exploitent la
race locale exclusivement. Enfin, 7% exploitent cette race associée avec
des races croisées ou avec la pie noire.
3.2. Conduite de l'alimentation :
La conduite de l'alimentation est l'aspect principal des
pratiques mises en oeuvre par les éleveurs dans les processus de
production animale (Benamara, 2001). Les données de l'enquête ont
montré que l'alimentation du cheptel bovin repose sur l'utilisation des
fourrages grossiers (foin, paille), pâturage (prairie, jachère,
chaumes) ou fourrages verts (Orge en Vert, Sorgho, Maïs et luzerne
parfois) et sur le concentré (composé ou simple).
3.2.1. Alimentation des vaches
laitières :
L'alimentation de la vache laitière est
différente d'un type d'élevage à un autre et même
d'une exploitation à une autre selon la nature des ressources
alimentaires disponibles, la région, et aussi selon la saison. En effet,
on distingue deux périodes qui déterminent le régime
alimentaire pour les vaches laitières :
· La période de stabulation durant l'hiver : les
animaux reçoivent la paille de céréales, le foin de
prairie ou d'avoine comme ration de base. Les quantités
distribuées sont variables d'une exploitation à l'autre et plus
importantes par rapport aux autres saisons. En plus du fourrage grossier, les
vaches reçoivent des quantités de concentré à
l'étable comme complémentation tout le long de l'année.
Les quantités distribuées de concentré sont variables en
fonction de la saison et selon l'exploitation. En effet, elles sont en moyenne
de 7,7 #177; 2,17 kg / vache / jour avec un maximum de 12 kg / vache / jour.
Les concentrés utilisés sont soit simples (son de blé),
soit composés essentiellement de son de blé, d'orge, de soja et
de maïs avec ou sans CMV.
· La période de pâturage des prairies et des
jachères en printemps, des chaumes en été et des repousses
d'herbes en automne : Durant cette période qui s'étale du mois de
Mars jusqu'à Septembre en général, les vaches
reçoivent des quantités très faibles du fourrage grossier
ou ne reçoivent plus auprès de quelques unités.
Généralement la ration est basée sur l'herbe de
pâturage au printemps et les chaumes en été. Les fourrages
verts font partie de l'alimentation des vaches durant cette période au
sein des exploitations ayant un potentiel fourrager et des
périmètres irrigués. Pour les cultures estivales, le
sorgho fait partie de la ration de base durant la période allant du mois
de Juillet au mois de Septembre. Alors que, le maïs contribue à la
ration de base aux mois de Juillet et d'Août. Le concentré est
distribué à l'étable comme aliment
complémentaire.
Chez tous les éleveurs enquêtés,
l'abreuvement des animaux se fait une seule fois pendant les périodes
hivernales, et deux à trois fois pendant les périodes chaudes
à partir des eaux souterraines ou superficielles.
Il faut noter que la conduite de l'alimentation des vaches
des exploitations enquêtées est différente d'un type
d'élevage à un autre. En effet, l'alimentation chez les
exploitants n'ayant pas de surfaces fourragères (groupe2) est
basée sur la paille comme fourrage grossier distribué tout le
long de l'année et le pâturage des jachères au printemps et
des chaumes en été (tableau21).
Tableau 21: Calendrier fourrager du groupe
02
|
Oc
|
Nv
|
Dc
|
Jv
|
Fv
|
Ms
|
Av
|
Ma
|
Jn
|
Jt
|
At
|
Sp
|
paille
|
|
Concentré (son de blé)
|
|
Pâturage sur jachère
|
|
Package des chaumes
|
|
Par contre, ceux qui possèdent des surfaces
réservées aux fourragères, utilisent les fourrages verts
dans le rationnement des bêtes. Pour les exploitations du premier groupe,
l'alimentation en vert utilisée est l'orge en vert et l'herbe de prairie
et de la jachère (tableau 22).
Tableau 22: Calendrier fourrager du groupe
01
|
Oc
|
Nv
|
Dc
|
Jv
|
FV
|
Ms
|
Av
|
Ma
|
Jn
|
Jt
|
At
|
Sp
|
paille
|
|
foin
|
|
Concentré composé
|
|
Pâturage sur jachère
|
|
Pâturage sur prairie
|
|
Orge en vert
|
|
Package des chaumes
|
|
Alors que pour les exploitations formant le troisième
groupe, l'alimentation en vert est basée sur l'herbe de la
jachère, l'orge en vert exploité au printemps et les fourrages
estivaux (sorgho et maïs) (tableau 23).
Tableau 23: Calendrier fourrager du groupe
03
|
Oc
|
Nv
|
Dc
|
Jv
|
FV
|
Ms
|
Av
|
Ma
|
Jn
|
Jt
|
At
|
Sp
|
paille
|
|
foin
|
|
Concentré composé
|
|
Pâturage sur jachère
|
|
Orge en vert
|
|
maïs
|
|
sorgho
|
|
Package des chaumes
|
|
|
|