Université Nancy 2
UFR Administration Economique et
Sociale
Mémoire de stage
Première année de Master Science du Management et
Administration
Spécialité Gestion du Secteur Sanitaire et
Social
« Le suivi du travailleur handicapé
en milieu protégé »
Marion HOCQUART
Stage effectué à l'ESAT-CAT du Val de
Lorraine
À LIVERDUN-54
Du 14 avril au 13 juin 2008
Directeur de mémoire : Monsieur BALZANI
2nd membre du jury : Monsieur MEYER
Juin 2008
Sommaire
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Introduction
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P 3
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Première partie : Le milieu protégé,
un cadre adapté pour le travailleur handicapé mental
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P 8
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Chapitre 1 : La vocation des
établissements et services d'aide par le travail
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P 8
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Chapitre 2 : Les offres de services
de l'ESAT en réponse à la loi 2002-2
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P 20
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Chapitre 3 : L'emploi en milieu
protégé, les acquis et les innovations
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P 23
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Deuxième partie : Les moyens pour le travailleur
handicapé d'évoluer professionnellement et socialement
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P 24
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Chapitre 1 : Les outils des ESAT
pour permettre au travailleur handicapé de faire le point sur leur
parcours professionnels et social
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P 25
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Chapitre 2 : La
mobilité dans l'emploi
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P 33
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Chapitre 3 : De
l'amélioration des compétences au changement organisationnel
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P 41
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Troisième partie : Les enjeux de la valorisation
des compétences professionnelles et sociales
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P 47
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Chapitre 1 : Les conditions
d'élaboration des différentes alternatives au milieu
protégé
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P 48
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Chapitre 2 : Le travail
facteur d'émancipation et de lutte contre l'exclusion
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P 55
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Conclusion
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P 57
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Introduction
Le 13 juin 1957, quelques parents d'enfants handicapés
mentaux décident de créer une association de loi 1901 afin de
rassembler les familles préoccupées par l'éducation et
l'avenir de leurs enfants. Aucune structure officielle ne voulant les
accueillir, il fallut tout imaginer et créer. C'est le début
d'une liste assez longue de création d'établissements (IME,
IMPRO, ESAT-CAT, Foyers....).
Par décret du 31 décembre 1963, l'AEIM (adultes
et enfants inadaptés mentaux) est déclarée
d'utilité publique. Elle gère des établissements
accueillant des enfants, des adolescents et des adultes ayant un handicap
mental dominant.
L'AEIM n'est ni l'émanation d'un service public, ni
d'une association caritative mais une association familiale. Elle défend
des valeurs auxquelles elle est fortement attachée. Ce sont avant tout
celles qui figure dans la déclaration des droits de l'homme et du
citoyen.
L'ESAT-CAT (établissement et service d'aide par le
travail) du Val de Lorraine est un établissement appartenant à
l'AEIM. Les ateliers de LIVERDUN se situent 30, route de Frouard à
Liverdun.
Ouvert en 1977 ils accueillaient à cette époque
60 travailleurs handicapés. L'effectif s'élève aujourd'hui
à 195 pour les personnes handicapées et 43 pour les
salariés.
Historiquement le CAT de Pont à Mousson a
été successivement annexe des ESAT-CAT de Heillecourt, Ludres et
pour finir Liverdun. Il est autonome administrativement depuis le 12 avril 1994
avec un effectif de 60 travailleurs handicapés. A ce jour l'effectif de
72 personnes handicapées et 15 personnes salariées de cet
établissement est réparti sur deux sites :
- L'atelier intégré aux fonderies de Saint
Gobain PAM/SA
- Le Site de la ZAC du Breuil.
Le site de Liverdun effectue des activités de
câblerie, cartonnage, et d'entretien des espaces verts pour des clients.
Le site est divisé en 15 ateliers. Le site de PONT A MOUSSON propose des
activités de transformation des métaux et de conditionnement.
J'ai choisi d'effectuer mon stage dans cette structure car
elle permet par son implantation et son effectif d'étudier correctement
le travailleur handicapé en milieu protégé.Le taylorisme
qui s'est imposé comme modèle d'organisation du travail dominant
au 20ème siècle, est basé sur deux principes.
Le premier considère que la séparation scientifique entre
conception et exécution des tâches est un facteur de
productivité. Le second définit le salarié comme un
individu essentiellement intéressé par le gain.
A ce jour de nombreux psychologues et sociologues ont mis en
évidence les limites de ces principes. En particulier un sociologue
Renaud SAINSAULIEU intègre dans son analyse la dimension culturelle du
travail. A partir d'enquêtes dans des entreprises privées et
publiques, il repère des processus identitaires très
différents en fonction des moyens dont disposent les individus pour
obtenir la reconnaissance d'autrui.
Diverses typologies des identités de travail ont
été mises en évidence ainsi que le caractère
socialisateur du travail.
Il est aisé de voir l'ESAT-CAT comme un lieu central
socialisateur à l'instar d'une entreprise. L'établissement peut
être considéré comme un lieu d'intégration et de
dynamique collective ; le travail étant considéré
comme un moyen d'intégration et de construction d'identité.
Plusieurs évolutions législatives ont eu lieu depuis l'ouverture
des centres d'aide par le travail, qui sont devenu en 2005 des
établissements et services d'aide par le travail, avant d'entamer un
travail d'analyse il est pertinent de comprendre dans quel contexte
législatif se trouvent les ESAT.
Les ESAT sont régis par des textes de
référence, dont la loi n° 75-534 du 30 juin 1975
d'orientation en faveur des personnes handicapées, la loi 2002-2 et
celle du 11 février 2005. Ainsi que part la circulaire 60 AS du 8
décembre 1978 relative aux centres d'aide par le travail , qui
définit la vocation de centres d'aide par le travail, ces derniers ont
une double finalité : faire accéder, grâce à une
structure et des conditions de travail aménagées, à une
vie sociale et professionnelle, des personnes handicapées
momentanément ou durablement incapables d'exercer une activité
professionnelle dans le secteur ordinaire de production ou en ateliers
protégés, et permettre à celle d'entre ces personnes qui
ont manifestées par la suite des capacités suffisantes, de
quitter l'ESAT-CAT et d'accéder au milieu ordinaire de travail ou aux
établissements adaptés. Ils se rapprochent à cet
égard d'une entreprise dispensant les soutiens requis à la
personne handicapée qui conditionne pour elle, toute activité
professionnelle.
Comme il l'est spécifié dans les lois 2002-2 et
2005, l'ESAT -CAT est le lieu où la personne exerce des activités
à caractère professionnel. La mise en oeuvre du soutien
médico-social et éducatif a pour but de favoriser l'accès
à l'autonomie et l'implication dans la vie sociale.
La loi 2005-102 du 11 février 2005 pour
l'égalité des droits et des chances, la participation et la
citoyenneté des personnes handicapées, a une nouvelle approche
globale et sociétale c'est-à-dire que la primauté est
donnée à l'intégration ordinaire (principe de non
discrimination). Il est important d'en comprendre les mécanismes.
La personne est au centre des droits et libertés,
soit une centralité de la notion de projet de vie et de respect de
consultation du choix de vie. Il y a également une mise en place du
principe d'écoute et de consultation de la personne
handicapée.
Elle offre un cadre structurant avec une amélioration
des ressources par la conquête de la reconnaissance au revenu minimal
d'existence pour les personnes ne travaillant pas. L'allocation adulte
handicapée et ses compléments deviennent des revenus
d'existence.
Ce cadre structurant favorise le temps partiel
(assouplissement des règles de cumul), l'aide aux postes et une
amélioration des statuts pour la personne accueillie en ESAT.
La loi clarifie la situation des personnes handicapées
au regard de leur insertion professionnelle en ne retenant plus que deux
secteurs d'activité et non trois : le marché du travail
(milieu ordinaire) et celui du travail protège (secteur
médico-social). Le « milieu ordinaire » inclus
les entreprises adaptées (ex atelier protégé) et le
travail protégé en milieu ordinaire est supprimé.
La loi supprime le mécanisme de la garantie de
ressources et définit de nouveau ces structures, applicable à
compter du 1er janvier 2006(C.trav. Art L 323-33 modifié).
Les ateliers protégés sont transformés en entreprise
adaptées et les emplois dits « légers »
(emplois protégés en milieu ordinaire de travail) sont
supprimés.
Les entreprises adaptées ont un statut
intermédiaire entre une entreprise ordinaire et un établissement
médico-social : elles font l'objet d'un conventionnement,
bénéficient d'une aide aux postes, et perçoivent une
subvention spécifique.
Pour ce qui est du travail protégé, la loi
réaffirme la vocation médico-sociale des établissements et
service d'aide par le travail (ESAT) et insiste sur l'accompagnement social des
personnes accueillies, l'activité professionnelle représentant un
moyen de soutien et d'aide.
Les établissements recevront, pour chaque personne
accueillie, une aide aux postes financées par l'Etat. Les
intéressés bénéficieront d'un contrat de soutien et
d'aide par le travail et d'une rémunération garantie
versée par l'établissement. La loi accorde de nouveaux droits aux
personnes accueillies en ESAT : formation, droit à congé,
validation des acquis de l'expérience, bénéficie du
congé de présence parentale. Par ailleurs elle améliore
les passerelles entre le secteur médico-social et le milieu
ordinaire.
Cette approche législative à la fois sociale et
économique, constitue le fondement même des ESAT, aucun des deux
aspects ne saurait disparaître sans que la vocation de
l'établissement ne soit gravement altérée.
La production de l'ESAT s'intègre dans
l'économie de marché. Il peut avoir un fonctionnement propre,
soit une activité de sous-traitance. Dans le cadre de la mission
sociale, l'établissement et son personnel d'encadrement utilise le
travail comme moyen pour favoriser l'évolution des personnes
handicapées que la société lui confie, jusqu'à leur
permettre d'atteindre la plus grande autonomie possible.
Donc un ESAT -CAT, au regard de la loi, doit fournir des
activités à caractère professionnel adaptées aux
capacités et aux aspirations des personnes handicapées au
travail. La structure doit également favoriser le développement
des compétences professionnelles et du parcours professionnel des
personnes accueillies au sein du milieu protégé ou vers le milieu
ordinaire de travail. Pour finir l'établissement doit proposer aux
personnes accueillies des activités de soutien médico-social et
éducatif d'accès à l'autonomie et d'implication dans la
vie sociale correspondants à leurs aspirations et à leurs
besoins.
Il est utile d'étudier la manière dont les ESAT
mettent en place cette fonction de double activités qu'est la leur,
c'est-à-dire assurer à la fois le processus d'accompagnement du
travailleur handicapé mais également sa mise au travail afin
qu'il puisse gagner en autonomie. De plus avec ce mouvement législatif
dans le secteur médico-social, il est important d'étudier
l'impact que ces différentes lois ont eu ou auront sur les structures
médico sociales et plus particulièrement sur
l'établissement et service d'aide par le travail.
Il faut étudier également la manière dont
le travailleur va pouvoir évoluer, que se soit au niveau de son statut,
ou de sa place dans la structure qui l'accueille.
L'hypothèse à laquelle il est utile de
s'intéresser est avant tout de savoir quelle rôle va jouer la
personne handicapée dans son parcours professionnel mais aussi social,
puisque l'ESAT rempli cette double vocation de soutien, d'accompagnement et de
sphère productive. Est-il acteur de son parcours et de son
évolution professionnelle et sociale ?
Il est pertinent de se demander quelles sont les
possibilités du travailleur handicapé pour évoluer
professionnellement et socialement.
Tout d'abord il faut comprendre étudier le cadre dans
lequel les ESAT accueillent les adultes handicapés, cela constitue le
soubassement qui permettra à l'adulte de promouvoir ses capacités
professionnelles et sociales(I) ainsi grâce à des bases solides le
travailleur handicapé va se rendre acteur de son parcours professionnel
par diverses possibilités qui peuvent être mise en place(II). Il
faudra ensuite analyser les enjeux qui suivent les possibilités
d'évolution des compétences tant professionnelles que sociales
(III).
Ce mémoire à donc pour objectif de chercher et
d'analyser, par quels mécanismes la personne handicapée au
travail se rend décideuse de son parcours professionnel et social, et
quels sont les enjeux que cette évolution de parcours peut
entraîner.
Le lieu de stage a servi de base pour l'élaboration de
certaines idées, mais cette analyse n'est pas uniquement basée
sur les actions de L'ESAT du Val de Lorraine. En effet elle peut être
extrapolée à l'ensemble des établissements et services
d'aide par le travail.
J'ai effectué diverses missions lors de ce stage,
telles que le suivi des adultes handicapés en prestation de service, ou
encore l'étude des lois de 2002 et de 2005. C'est pourquoi j'ai choisi
d'étudier l'impact que la nouvelle législation a sur la place du
travailleur handicapé en établissement et service d'aide par le
travail.
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Première partie Le milieu
protégé : un cadre adapté pour le travailleur
handicapé mental.
Les établissements et services d'aide par le travail
représentent 85,6% des places de travail protégé en
France. Il s'agit donc de structures médico-sociales, relevant du
Ministère de l'emploi et de la solidarité, accueillant des
personnes handicapées dont la capacité de travail n'excède
pas le tiers de celle d'un travailleur valide. Mais leurs objectifs
dépassent la mise au travail de ces personnes : ils doivent leur
fournir également un soutien professionnel (éducation gestuelle,
formation, ergothérapie), une assistance psychologique, sociale,
médical, éducative (initiation à la vie sociale,
insertion, loisirs). Les lois récentes sur le secteur
médico-social et par la même sur les ESAT ont défini et
affirmer la vocation des ESAT (Chapitre 1), tout en leurs imposant d'offrir
à leurs usagers des services leurs permettant d'évoluer au sein
de la structure (Chapitre 2). Ces lois, et en particulier la loi du 11
février 2005, ont modifié la structure de l'emploi dans le milieu
protégé (chapitre3).
Chapitre 1 : La vocation des établissements et
services d'aide par le travail.
L'ESAT est avant tout un lieu de soutien et d'accompagnement
de la personne handicapée mentale, mais pour arriver à ce
constat, différentes législations ont été mis en
place et les ESAT comme lieu médico social ont mis un certain temps pour
arriver à être considérés à la fois comme un
lieu de soutien, mais aussi comme un lieu de production.
Section1 : Le long parcours de la reconnaissance des
ESAT.
Au cours de l'évolution du secteur
médico-social, le secteur des handicapés adultes s'organise plus
lentement que les autres dans l'après guerre avec la création des
premiers ateliers protégés, dont celui conçu par la
régie nationale des usines Renault pour les ouvriers
« diminués physiques ». Ce n'est qu'en 1964
qu'apparaît le premier centre d'aide par le travail.
Le CAT est une institution médico-sociale
gérée par une association de parents ou d'amis. Il permet aux
personnes présentant un handicap de pratiquer un travail dans des
conditions adaptées à leurs difficultés et de favoriser
leur intégration sociale et professionnelle.
Aujourd'hui appelés ESAT, il doit faciliter
l'évolution de la travailleuse ou du travailleur vers l'entreprise
ordinaire ou un atelier protégé. Il doit aussi présenter
un niveau de performance économique lui permettant de maintenir un
équilibre financier.
Sur le plan national, le secteur du handicap, si l'on en croit
certaines publications, a été interpellé sur son manque de
transparence, il fut même suspecter de concurrence déloyale. Il
pâtit selon certains spécialistes « d'une emprise
de la bonne volonté sur les compétences et qualification, d'une
insuffisance d'analyse de besoins. »
Pendant les vingt dernières années, la
reconnaissance des ESAT a porté principalement sur leurs
résultats économiques associés à la santé
financière, délaissant pour partie le caractère social de
leurs missions qui étaient pourtant le fondement de leur action.
Depuis quelques années les ESAT sont confrontés
conjointement à l'exclusion et à l'évolution des missions
des établissements. Les ESAT sont sans cesse questionnés sur les
finalités de leurs missions, du sens de leurs actions auprès des
adultes handicapés. L'exclusion du marché du travail des
personnes handicapées est un phénomène grandissant au sein
de la société française. Pour aider ces structures
à maintenir leur action en place, les lois 2002-2 et 2005-102 imposent
des principes à valeurs humanistes. D'où aujourd'hui cette
définition de la vocation des ESAT :
« Les établissements et services d'aide par
le travail, qui sont des institutions sociales et médico-sociales
relevant de la loi du 2 janvier 2002, ont une double vocation : une
vocation sociale d'intégration de la personne handicapée et une
vocation économique de production de biens ou de services.
Concrètement, ils accueillent et accompagnent des personnes
handicapées adultes qui n'ont pas pu acquérir un minimum
d'autonomie et leurs assurent un soutien médico-social et
éducatif permettant le développement de leurs
potentialités et des acquisitions nouvelles, ainsi qu'un milieu de vie
favorisant leur épanouissement personnel et social. Ils mettent
également en oeuvre ou favorisent l'accès à des actions
d'entretien des connaissances, de maintien des acquis scolaires et de
formations professionnelles, ainsi que des actions éducatives
d'accès à l'autonomie et d'implication dans la vie sociale, au
bénéfice des personnes handicapées qu'ils
accueillent. » (CASF, art.344-2-1)
Il a donc fallu attendre la loi de 2002 pour que la vocation
première de l'ESAT qu'est l'accompagnement et le soutien du travailleur
handicapé soit imposer comme principe fédérateur de ces
structures. C'est également par cette dynamique institutionnelle que la
fonction de moniteur d'atelier au sein des ESAT c'est considérablement
développée.
Section 2 : La fonction de moniteur d'atelier :
entre production et accompagnement.
La fonction de moniteur d'atelier est tendue entre la logique
productive et la dimension sociale qui règne au sein d'un ESAT. En effet
depuis les récentes lois de 2002 et 2005 le rôle du moniteur
à évoluer. Il était dans un premier temps
considéré comme simple contre maître afin d'encadrer les
travailleurs au sein des différents ateliers de production. Puis dans un
second temps il est devenu acteur de l'accompagnement et du soutien du
travailleur handicapé. Il clarifie à lui seul le positionnement
des ESAT. En effet, il a des quotas de production à tenir et à
une obligation d'aider la personne handicapée dans son parcours
professionnel, il doit être à l'écoute des demandes et des
besoins du travailleur. L'identité professionnelle des moniteurs s'est
transformée et renforcée grâce aux modifications
législatives.
Ainsi il est constaté depuis quelques années, un
investissement professionnel de la part du moniteur. En ESAT la charge de
production augmente au détriment de l'accompagnement
médico-social. Le moniteur se doit de rentrer dans l'aspect
éducatif, que la structure à parfois du mal à assumer. On
remarque également que de plus en plus de moniteurs s'investissent dans
la partie formation, soutien professionnel, ainsi ils revendiquent de plus en
plus le fait que le métier de moniteur n'est pas que de produire.
Le rôle de moniteur n'est pas uniquement de la
production mais aussi de l'aide au jour le jour. Ils peuvent et veulent
apporter autre chose que de la production. Le fait que les moniteurs
s'investissent de plus en plus dans le suivi et l'accompagnement des
travailleurs handicapés, entraine un travail collectif de toute la
structure. Les formations, les écrits professionnels provoquent de
l'entraide entre professionnels, ce qui permet d'arriver à la poursuite
d'un objectif.
A la suite d'entretiens avec deux moniteurs d'ateliers, il
ressort que le fait d'être « responsable en partie »
de l'épanouissement du travailleur handicapé, permet à ce
dernier d'être plus productif et de prendre en compte les aspects de la
qualité et le respect des délais. L'ouvrier n'est plus un simple
opérateur, mais une personne pour laquelle on prend en compte ses
besoins et ses attentes.
Après avoir déterminé le rôle du
moniteur il est essentiel de cerner l'environnement d'un établissement
et service d'aide par le travail, en prenant exemple sur l'ESAT-CAT du Val de
Lorraine.
Section 3 L'environnement de l'ESAT- CAT du Val de
Lorraine
3.1Le fonctionnement de l'ESAT
L'ESAT-CAT Val de lorraine, est réparti sur 4 sites et
comprend des locaux professionnels et des locaux collectifs et
d'activités pour les personnes accueillies :
- Site de Liverdun
- Site de Liverdun -annexe
- Site de pont à mousson- ZAC du breuil
- Site de Blénod- les -Pont à mousson- fonderies
st Gobain
L'action médico-sociale menée par l'ESAT- CAT du
Val de Lorraine, tend à promouvoir l'autonomie et la protection des
personnes, la cohésion sociale, l'exercice de la citoyenneté,
à prévenir les exclusions et à en corriger les effets.
Cette action repose sur une évaluation continue des besoins et des
attentes des membres de tous les groupes sociaux concernés par son
activité, notamment les personnes handicapées et sur la mise
à leur disposition de prestations en natures et en espèces par le
reversement d'une rémunération garantie.
L'action de l'ESAT, est conduite dans le respect de
l'égale dignité de tous les être humains avec l'objectif de
répondre de façon adaptée aux besoins de chacun d'entre
eux et en leurs garantissant un accès équitable, elle s'exerce
dans l'intérêt général et dans le cadre de
l'agrément conféré par les autorités de tutelle.
3.2 Les limites pathologiques
Il est important de comprendre quelle population est
accueillie au sein des ESAT.
§ Définitions
Pour bien comprendre le type de population accueillie, en
ESAT, il est préférable de commencer par une définition de
la déficience intellectuelle.
La déficience intellectuelle ou débilité
mentale est définie classiquement comme un état de
pauvreté et de faiblesse du psychisme dans son ensemble et plus
particulièrement de l'intelligence mettant les sujets en état
d'infériorité sociale. La débilité mentale ne doit
pas être considérée comme un simple déficit, mais
comme une organisation originale, aboutissement d'un processus, dont
l'intervention à un niveau précoce du développement
entrainerait un type de fonctionnement peu compatible avec une
appréhension directe de la réalité.
Les déficiences intellectuelles se caractérisent
par des difficultés particulières dans les processus
d'apprentissage et par une maladresse particulière à
élaborer et utiliser le langage en tant qu'outil et en tant que mode de
communication.
Il est important d'assimiler également les
différences entre handicap mental et maladie mentale, car cela comporte
des conséquences sur le choix de la personne et sur son suivi qui
découlera de son embauche.
Le handicap mental peut être considéré
comme une arriération de l'intelligence, qui n'est causé par
aucune maladie, c'est inné, l'individu l'acquiert au stade foetal. La
maladie mentale quant à elle peut être due à une source
pathologique que la personne peut acquérir bien après sa
naissance.
Selon la nomenclature des déficiences mentales de
l'organisation mondiale de la santé, la déficience principale
peut être définie comme celle qui apparait la plus invalidante.
§ Classement de déficiences mentales
rencontrées au sein de l'ESAT
La structure comporte un grand nombre de personnes
déficientes intellectuelles comprenant des retards mentaux moyens (cela
concerne des personnes pouvant acquérir des notions simples de
communication avec une habileté manuelle simple et léger),
Et légers (c'est-à-dire des personnes pouvant
acquérir des aptitudes pratiques et la lecture ainsi que des notions
d'arithmétique grâce à une éducation
spécialisée).
En outre, l'ESAT prend en charge des déficients du
psychisme c'est-à-dire des critiques de la conscience, des troubles de
la conduite et du comportement. Mais aussi des déficiences du psychisme
en rapport avec des troubles psychiatriques graves (personnes ayant des
troubles graves de la personnalité et des capacités
relationnelles, troubles psychologiques ou relationnelles sans connotation de
gravité).
On peut remarquer que les établissements et service
d'aide par le travail (du moins l'ESAT-CAT du Val de lorraine) recrutent
très peu d'individu atteint de déficiences motrices. Cela peut
être expliqué par le fait que l'activité de
l'établissement comporte de nombreux ateliers demandant des
capacités de travail assez élevées tel que les postes
adaptés sur les automates.
|
Répartition des personnes handicapées
par déficience principale (site de Liverdun)
|
Répartition des personnes handicapées
par déficience principale (site de PAM)
|
Retard mental léger
|
15
|
4
|
Retard mental moyen
|
86
|
34
|
Retard mental profond
|
76
|
8
|
Déficiences du psychisme
|
2
|
6
|
Déficiences de la communication
|
2
|
8
|
Autres déficiences du psychisme
|
7
|
1
|
Déficiences auditives
|
1
|
0
|
Déficiences visuelles
|
0
|
1
|
Déficiences motrices
|
0
|
1
|
Autres
|
0
|
6
|
Traitement médical pour déficience psychique
|
20
|
0
|
Effectif total
|
192
|
69
|
Tableau représentant les pathologies rencontrées
à l'ESAT-CAT du Val de Lorraine.
Ainsi les structures, pour embaucher leurs travailleurs, sont
en collaboration étroite avec plusieurs structures éducatives
pour les personnes inadaptées mentales.
3.3. Les partenariats de l'ESAT-CAT du Val de
Lorraine
L'adolescent inadapté mental effectue une
scolarité adaptée au sein des instituts médico
éducatif (IME), puis à partir de 16 ans, il rentre dans un
institut médico-professionnel (IMPRO). L'ESAT travail en priorité
avec les IMPRO de la région Lorraine, afin de gérer le flux de
population au sein des différentes structures. Son réseau
relationnel se compose de :
- L'IMPRO R.CAREL de saint Nicolas de port
- L'IMPRO G.FINANCE de Toul
- L'IMPRO C.MONET de Pont à Mousson
- L'IMPRO ST CAMILLE de Velaine- en- HAYE
- L'IMPRO de l'OHS de Flavigny sur Moselle
- L'institution des jeunes sourds de jarville
- Le foyer d'accueil médicalisé
- Les différents foyers de l'AEIM
- Le centre de soutien de l'espace
- Le foyer d'accueil spécialisé de
rosières aux salines
- Le foyer occupationnel Maison Michelet de Nancy
- Le foyer occupationnel de Liverdun
- Le CMP de Medreville
- Le centre Post Cure
- L'ESAT-CAT d'ALLAMPS
- L'ESAT-CAT du fin palais de Malzéville
- Les ESAT-CAT de l'AEIM.
Comme on peut l'observer le panel de partenaires est
très large, ce qui permet à la structure d'avoir une population
en renouvellement constant, et de satisfaire en partie la plus part des
demandes d'entrée en ESAT.
Tous les usagers de ces différentes structures sont,
selon leurs capacités, aptes à postuler pour une entrée en
milieu protégé au sein du site du Val de Lorraine. On compte
également parfois des demandes spontanées de la part des familles
d'adultes handicapés qui n'étaient pas insérés dans
le système médico-éducatif. Il arrive parfois de recevoir
des travailleurs reconnus handicapés pour qui le milieu ordinaire ne
convient plus.
Les structures se doivent de prendre en charge l'avenir de
leurs usagers le plus tôt possible, c'est pourquoi les stages en ESAT se
font le plus tôt possible, à partir de 17 ans malgré une
entrée définitive possible qu'à partir de 20 ans.
Section 4 : Offrir la possibilité de faire des
stages pour permettre un choix professionnel
4.1 Des stages pour évaluer les capacités
d'entrer en ESAT
Un stage constitue un complément nécessaire
à l'éducation et à la formation dispensée dans un
établissement médico-social, et doit permettre principalement
pour le stagiaire de vivres des réalités tant sociales que
professionnelles dans un contexte intégratif de travail, où il
doit réaliser des apprentissages. Cela permet également à
l'établissement de recueillir des informations utiles quant aux
compétences du stagiaire et à son adaptation.
L'une des caractéristiques de l'ESAT est d'accueillir
des jeunes adultes, ayant des déficits mentaux, très tôt
dans leur vie professionnelle. Ainsi cela permet à l'IMPRO où se
trouve le jeune adulte, de l'insérer au fur et à mesure de
l'année dans une démarche de placement. Les individus les plus
aptes à occuper des postes en ESAT seront intégrés au sein
de la structure selon des périodes plus ou moins courtes selon
l'âge. En effet une personne âgée de 17 ans effectuera
plusieurs stages de courte durée dans divers ESAT afin de trouver un
poste et une activité lui convenant pour sa vingtième
année. En posant un diagnostic par rapport à un projet
d'orientation, l'encadrement de l'ESAT-CAT permet au stagiaire et à
l'équipe de l'IMPRO, de valider une orientation suite à un cursus
en IMPRO.
Le stagiaire est accueilli dans un cadre favorisant son
intégration au sein de l'équipe de travail.
Le suivi tout au long du stage se fait à la fois par le
moniteur et par la conseillère technique et pédagogique. Le
stagiaire sera évalué sur plusieurs points, des fiches
d'évaluation seront établies, on y retrouve les différents
points évalués. Ainsi on contrôle si les exigences aux
postes sont remplies, par exemple la reconnaissance des formes des couleurs, le
positionnement des formes dans l'espace, le respect des consignes et la
dextérité manuelle qui est bien souvent très importante
puisque la plupart des postes en EAST sont des travaux
répétitifs et manuels. Puis on évalue réellement
ces capacités de travail : l'habileté dans les tâches
courantes simples, l'attention et la concentration. On observe par ailleurs les
attitudes face à la difficulté et les initiatives que l'adulte
prend.
Mais les capacités de travail ne sont pas prise en
compte de manière individuelle, le moniteur d'atelier, évalue
également les relations et les différents contacts qu'il a pu
établir avec son entourage. Ainsi on contrôle la stabilité
émotionnelle, le contact avec l'équipe de travail et les
relations avec le personnel d'encadrement.
Il y a ensuite des observations d'ordre général
sur les compétences que le stagiaire à montrer durant le stage.
Ces remarques contiennent la décision d'intégration ou non dans
la structure. On prend également en compte l'appréciation du
stagiaire par rapport aux activités proposées, au groupe et
à l'encadrement.
On peut résumer la valeur de stages en ESAT-CAT par des
éléments de découverte et de sensibilisation, une mise en
situation de travail, et par la suite une vérification des
hypothèses d'orientation. Il intéressant de voir maintenant
comment se passe l'entrée en ESAT si elle a lieu, ou tout simplement
comment s'étudie par la suite la réorientation de l'adulte
handicapé.
4.2 L'entrée en ESAT ou la réorientation.
Après la décision de l'équipe
d'encadrement et de la CDAPH, la personne peut être acceptée au
sein de la structure avec ou sans période d'essai, pour une
période déterminée.
Lors de sa première journée à l'ESAT-CAT
la personne accueillie assistera à une réunion de
présentation globale de la structure. Elle sera par la suite prise en
charge par son moniteur référant qui lui fera une
présentation des activités réalisées.
Il est important de souligner, comme il le sera
redéfini plus tard, que le stagiaire n'est pas forcément
affecté dans la structure dans laquelle il a effectué des stages.
En effet la CDAPH peut l'insérer dans la structure de son choix.
Le travailleur handicapé rencontrera par la suite la
psychologue pour qu'elle puisse déterminer les besoins d'écoute
de la personne, puis l'assistante sociale, et la coordinatrice technique et
pédagogique. Afin de définir les droits et les devoirs de la
personne accueillie un contrat de soutien et d'aide par le travail est
élaboré avec la participation de la personne accueillie et/ou de
son représentant légal. Ce contrat détermine les objectifs
et la nature de l'accompagnement dans le respect des principes
déontologiques, des recommandations de bonnes pratiques et du projet
d'établissement. Le non respect des conditions du contrat entrainera des
sanctions voir une exclusion prononcée par le directeur de
l'établissement. L'entrée en ESAT dans la plupart des cas se
fera avec une période d'essai de 6 mois.
Si à la suite du stage la personne ne peut être
accueillie au sein de la structure, à cause d'une insuffisance de ses
capacités de travail, la CDAPH peut la réorienter soit en IMPRO
si la personne n'a pas encore 20 ans, soit en foyer occupationnel.
Comme il est à remarquer, le stage est une
période très importante dans la vie professionnelle et sociale du
travailleur handicapé. Elle permet la détermination de son choix
professionnel ou non. Et ce stage pose les bases de l'évolution
professionnelle de la personne car c'est à partir de là qu'elle
pourra essayer de s'inscrire dans une démarche de promotion de son
parcours de travail. Il également important de souligner la
collaboration de la commission des droits et de l'autonomie de la personne
handicapée avec la structure d'accueil. La décision de
l'équipe technique n'est pas seule à être prise en compte
dans la décision d'orientation de l'adulte handicapé.
Section 5 Le rôle fondamental de la CDAPH : les
nouveautés de la loi 2005
La commission des droits et de l'autonomie de la personne
handicapée possède une compétence départementale
et, est établie en fonction du lieu de résidence de la personne.
C'est une instance de décision créée par la loi de 2005 au
sein de la maison départementale des personnes handicapées. Elle
reprend les attributions dévolues aux COTOREP et aux CDES (loi du 30
juin 1975), c'est la seule instance à exister désormais. Sa
composition rassemble des représentants de l'Etat, du
département, des organismes d'assurance maladie, et des organisations
syndicales.
La CDAPH est compétente dans un certains nombres de
domaines. Sa première mission est de se prononcer sur l'orientation de
la personne handicapée et sur les mesures propres à assurer son
insertion scolaire, ou professionnelle et sociale. Dans ce cas, la commission
est tenue de proposer à la personne handicapée, ou à ses
représentants légaux le choix entre plusieurs solutions
adaptées. En ce qui concerne l'adulte handicapé, elle doit donc
désigner les établissements ou les services correspondants
à ces besoins. Cette décision s'impose à tout
établissement ou service dans la limite de la spécialité
au titre de laquelle il a été autorisé ou
agréé, donc les ESAT dans ce cas. Si l'adulte handicapé ou
son représentant légal font connaitre leur
préférence pour un établissement ou un service entrant
dans la catégorie de ceux vers lesquels la CDAPH a décidé
de l'orienter et en mesure de l'accueillir, la commission est tenue de faire
figurer cette structure au nombre de celles qu'elle désigne, et ce
qu'elle que soit sa localisation. Il est important de souligner que cette
dernière ne peut mettre fin, de sa propre initiative, à
l'accompagnement sans décision préalable de la CDAPH.
Cette nouveauté par rapport à la loi
d'orientation de 1975 offre ainsi une certaine sécurité pour les
personnes handicapées et leurs familles, en évitant des
décisions unilatérales de la part des structures qui les
accueillent. De plus lorsque l'évolution de son état ou de sa
situation le justifie, l'adulte handicapé peut demander la
révision de la décision d'orientation prise par la commission.
(CASF, art.241-6).Il lui appartient de juger si la capacité de travail
de la personne handicapée justifie l'attribution du complément
de ressource associé à l'AAH.
Autre fonction assignée à la commission, la
reconnaissance, si il y a lieu de la qualité de travailleur
handicapé.
Désormais est considéré comme travailleur
handicapé « toute personne dont les possibilités
d'obtenir ou de conserver un emploi sont effectivement réduite par suite
de l'altération d'une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles,
mentales, ou psychiques » (C.trav. Art. L323-10).
Il est pertinent de reconnaitre ici l'importance de la CDAPH.
En effet c'est par cette structure que peut être établi la
reconnaissance de travailleur en tant que tel, sans cela l'individu n'a aucune
possibilité d'évoluer dans le milieu protégé.
La décision de la CDAPH doit être
motivée. Ainsi, a l'instar des CDES et des COTOREP, la CDAPH doit dans
tous les cas motiver ses décisions. Celles -ci sont notifiées par
le président de la commission de la personne handicapée ainsi
qu'aux organismes concernés. Les décisions de la CDAPH sont
prises pour une durée qui ne peut être inférieur à
un an et ne peut excéder cinq ans. Elles font l'objet d'une
révision périodique qui permet à la personne
handicapée de voir son cas évolué, si ses capacités
de travail se sont améliorées.
Le rôle de la CDAPH est fondamental dans le sens
où elle permet au travailleur handicapé une révision de sa
situation s'il y a évolution qu'elle soit négative ou positive.
En effet lorsque la décision invoque un changement de statut, par
exemple de celui de travailleur handicapé à celui de
résident dans un foyer occupationnel, cela est considéré
comme une mesure de protection de la personne. Ou bien cette décision
permet une évolution professionnelle, en augmentant par exemple le taux
de capacité de travail de l'individu.
Lorsque le travailleur handicapé est correctement
intégré au sein d'une structure, cette dernière se doit
d'offrir à l'individu un certains nombres de prestations. En effet il
faut avoir en tête que la structure reste du domaine médico-social
avant d'être une structure de production, la loi 2002 impose certains
principes permettant la reconnaissance du secteur médico-social.
CHAPITRE 2 Les offres de services de l'ESAT, une
réponse à la loi de 2002
Un ESAT -CAT au regard de la loi doit fournir des
activités à caractère professionnel adaptées aux
capacités et aux aspirations des personnes handicapées au
travail. L'établissement doit favoriser le développement des
compétences professionnelles et du parcours professionnels des personnes
accueillies au sein du milieu protégé ou vers le milieu ordinaire
de travail. Il doit également proposer à ses usagers des
activités de soutien médico-social et éducatif,
d'accès à l'autonomie et d'implication dans la vie sociale
correspondants à leurs aspirations et à leurs besoins.
La structure de ses services se décompose en deux
axes.
Section 1 : L'offre de service et l'offre de la
prestation de service
Ces offres de services et de prestations de services posent
les fondements sur lesquels le travailleur handicapé va pouvoir
s'appuyer pour élaborer son parcours professionnel. Il est donc
important d'en comprendre le fonctionnement.
Cette offre de prestation de service peut se scinder à
nouveau en deux « mondes » distincts. D'une part, il y a le
monde des personnes accueillies qui regroupe les objectifs que ces services
peuvent permettre aux personnes handicapées d'atteindre. Ces objectifs
sont généraux. Dans le cadre du projet personnalisé et de
l'avenant au contrat de soutien et d'aide par le travail, ces objectifs
généraux devront être déclinés en objectifs
spécifiques pour personnaliser cette offre et l'adapter à chaque
personne handicapée au travail.
D'autre part, le monde des professionnels représente
les offres de prestations de service des ESAT aux personnes handicapées
au travail. Cette partie regroupe les prestataires et leurs diverses
activités, l'engagement de qualité des prestations, les
contraintes éventuelles ainsi que le coût. Ces offres qui figurent
en principe dans le projet d'établissement, servent à la
communication externe et à la communication interne des ESAT. Elles
servent en particulier à élaborer le projet personnalisé
de prise en charge et d'accompagnement des personnes handicapées au
travail, mais également à rédiger les avenants au contrat
d'aide et de soutien par le travail.
La structure de ces offres répond respectivement aux
dispositions de la loi 2002-2 et à l'avant projet de décret
relatif au contrat de soutien et d'aide par le travail (26 avril 2006).
Le second axe de développement peut
s'appréhender sous forme d'objectifs que les services offerts vont
permettre d'atteindre.
Section 2 : Objectifs de ces offres de services.
Pour mettre en place les offres de services, les
activités ont été scindées en deux. Les
activités à caractères professionnelles d'un
côté et les activités socio éducatives de l'autre.
Pour la première activité, les services représentent
essentiellement les éléments de production de la structure
c'est-à-dire le câblage, le conditionnement, assemblage -montage
des différents éléments. Ces services vont permettre de
faire atteindre à la personne handicapée au travail un certains
nombre d'objectifs. Les observations montrent que les activités
à caractère professionnel offrent à l'adulte un poste de
travail adapté au sein de l'ESAT-CAT, ainsi qu'un travail porteur d'une
représentation valorisante. Le poste occupé prévient du
risque d'ennui et de démotivation par des facteurs de diversités
et d'intérêts.
Cette activité développe l'autonomie
professionnelle et sociale et permet d'avoir des responsabilités -
chaque fois que possible - dans la réalisation des prestations de ces
services. Mais également de pouvoir avoir une véritable gestion
de son parcours professionnel selon différents moyens qui seront
développés dans la deuxième partie.
La deuxième activité correspond au soutien
médico-social et éducatif. Ces différents services
servent à l'entretien et développement des compétences
sociales et à leurs évaluations. Les objectifs qui peuvent
être atteints par les adultes handicapés sont divers et
variés, ils permettent entre autres de faire le point sur les
compétences en matière de gestion de la santé, du budget,
de sa formation, de son activité professionnelle et de sa vie sociale et
de développer les motivations et les compétences pour
gérer ces différents actes de la vie courante. Il faut que
l'adulte prenne conscience des compétences qu'il conviendrait de
développer ou d'acquérir dans ces différents domaines afin
de déployer des aptitudes transversales telles que la capacité
d'anticipation, une image de soi positive et une certaines capacité
d'utilisation des acquis.
Les prestataires de ces différents services sont
multiples mais sont rattachés à la structure de l'ESAT. Se sont
pour la plupart des professionnels de l'établissement comme les
moniteurs d'atelier pour ce qui concerne l'évaluation des
compétences des personnes, cela se traduit sous forme d'observations, de
tests de mise en situation, de questionnements. L'ESAT utilise également
des sous traitant pour exécuter certains services. Ainsi pour
établir des bilans de compétences l'A.F.P.A rentre en jeu.
Les propositions de services ainsi que les prestations de
services offrent tout un panel d'objectifs possibles à atteindre. Le
travailleur handicapé va pouvoir développer son autonomie
professionnelle et sociale grâce à ces offres.
Après avoir vu le contexte dans lequel le travailleur
handicapé était accueilli et les possibilités de
développement personnel et professionnel, que l'établissement et
service d'aide par le travail mettent en oeuvre, il est approprié de
s'intéresser aux statuts de la personne handicapée au sein d'une
structure médico-sociale de travail et aux apports qui ont
été fait par les nouvelles dispositions de la loi du 11
février 2005.
CHAPITRE 3 L'emploi en milieu
protégé : les acquis et les innovations
La loi du 11 février 2005 a donné une nouvelle
appellation aux centres d'aide par le travail, lesquels sont désormais
connu sous le terme générique d'établissement et service
d'aide par le travail. Au-delà de cette nouvelle dénomination le
législateur a souhaité clarifier et valoriser le statut des
personnes handicapées accueillies dans ces établissements, en
particulier en modifiant leur mode de rémunération et en leurs
reconnaissant de nouveaux droits.
Section 1 : De nouvelles conditions à
remplir.
Cette loi garantit aux personnes handicapées
l'égalité des droits et des chances dans la
société. Elle leur assure la solidarité de l'ensemble de
la collectivité nationale. La loi est inscrite dans le projet plus
global de la loi de cohésion sociale. Elle se décline en deux
volets, le handicap et l'emploi, dont l'ambition est de répondre au
principe de l'accès à tout pour tous, et amène aussi un
changement de représentation du handicap et des handicapés et
permettre l'évolution de la non discrimination organisé autour de
3 axes : le libre choix du projet de vie, le principe d'accessibilité
généralisé et la pleine participation à la vie
sociale. Ce principe posé est de placer la personne handicapée au
centre du dispositif qui la concerne pour qu'elle puisse être actrice de
sa vie.
Comme le traite le premier chapitre de cette partie, c'est la
CDAPH qui oriente la personne handicapé en ESAT. La loi de 2005 reprend
et établi des critères d'entrée en ESAT.
La CDAPH oriente les personnes handicapées ayant une
incapacité de travail inférieur à un tiers de la
capacité normale, mais dont elle estime que l'aptitude potentielle
à travailler est suffisante pour justifier leur admission dans un ESAT.
Désormais la CDAPH peut également orienter vers les ESAT les
adultes handicapés dont la capacité de travail est
supérieure ou égal au tiers de la capacité normale lorsque
leurs besoins d'un ou plusieurs soutiens médicaux, éducatifs,
sociaux, psychologiques expressément motivé dans la
décision, le justifie et ne peut être satisfait par une
orientation vers le marché du travail ordinaire.
Section 2 : Le statut des travailleurs
handicapés en ESAT
La personne handicapée admise en ESAT n'a pas le statut
de travailleur soumis au code du travail ; elle n'a donc pas de contrat
de travail et ne peut être licenciée. En revanche la loi lui
reconnait désormais la qualité de travailleur handicapé et
lui accorde certains droits dont bénéficient les salariés
en milieu ordinaire. (Ces droits ont été applicables a partir du
1er janvier 2007 ils sont donc récents.) Mais comme ce qui
à été décrit plus haut, à l'instar des
autres établissements et services médico-sociaux, les ESAT
doivent conclure un contrat de soutien et d'aide par le travail avec les
personnes qu'ils accueillent.
Plusieurs droits ont été modifiés dont la
rémunération.
2.1 Le droit à congé
Les travailleurs handicapés en ESAT, ayant conclu un
contrat d'aide et de soutien par le travail, qui justifient d'un mois de
présence dans la structure ont droit à un congé annuel de
30 jours ouvrables au maximum, augmenté le cas échéant de
3 jours mobiles. Les travailleurs ont également droit, au congé
de maternité et d'adoption, de paternité, au congé
parental d'éducation et de solidarité familiale et
également au congé pour obtenir la validation des acquis de
l'expérience.
2.2 Les autorisations d'absence
Ils bénéficient également, sur
justification et à l'occasion de certains événements
familiaux d'une autorisation exceptionnelle d'absence.
2.3 La rémunération en ESAT
Le mécanisme de la garantie de ressources des
travailleurs handicapés a été remplacé par un
système de rémunération garantie. Sous réserve de
la conclusion de contrat de soutien et d'aide par le travail, celle-ci sera
versée par la structure d'accueil dès l'admission en
période d'essai en tenant compte du caractère à temps
plein ou partiel de l'activité exercée.
De plus la loi du 11 février 2005 rend possible le
cumul de l'AAH avec les revenus des personnes handicapées issus de leurs
activité en ESAT. L'exercice d'une activité à temps
partiel quelque soit sa durée, entraine une réduction
proportionnelle du montant de la rémunération garantie.
Les travailleurs handicapés sont réputés
avoir une activité à temps plein, englobant le temps
consacrés aux activités de soutien, lorsqu'ils effectuent la
durée correspondante fixée dans le règlement de
fonctionnement de l'ESAT.
Ces différents changements apportent une valorisation
du statut du travailleur handicapé. Ce nouveau statut se rapproche de
celui d'un travailleur de milieu ordinaire hors mis le fait que l'usager d'un
ESAT n'est pas soumis à un contrat de travail. Il est intéressant
de se poser la question : la personne handicapé est reconnu
travailleur handicapé mais pour la société il n'est pas
considéré en tant que tel. Dans ce cas comment l'adulte peut
s'identifier à son statut de travailleur ? En effet il est reconnu
travailleur auprès de sa structure mais pas au sein du milieu ordinaire
puisqu'il n'est pas soumis au code du travail.
Cette première partie a permis de situer le cadre dans
lequel le travailleur handicapé évolue. La situation
législative a fortement changé et a établi un contexte
différent. A partir de cette situation dans laquelle évolue le
travailleur handicapé, il est important de voir comment l'individu peut
évoluer dans son environnement, par quel moyen peut-il se rendre acteur
de son parcours professionnel, quels sont les initiatives qui peuvent
être mise en place afin de l'aider à obtenir des
compétences et de les valoriser par la suite. Ce qui lui permettrait
d'être enfin reconnu en tant que travailleur aux yeux de la
société.
Deuxième partie : Les moyens pour le
travailleur handicapé d'évoluer professionnellement et
socialement.
Dans le prolongement de la circulaire de 1978, les nouvelles
lois produites depuis 2002 dans le domaine de la formation professionnelle, du
handicap et de l'action sociale introduisent des changements profonds mais
stimulants. La loi de modernisation de l'action sociale du 2 janvier 2002
introduit la validation des acquis de l'expérience dans l'ensemble des
entreprises et dans le droit du travail. La loi du 4 mai 2004 introduit la
formation professionnelle tout au long de la vie et la loi du 11 février
2005 pour l'égalité des droits et des chances renforce la
participation et la citoyenneté des personnes handicapées.
Ces nouveaux cadres législatifs incitent les
établissements du secteur médico-social à se recentrer sur
la personne et son projet, et à inscrire les personnes
handicapées dans des dispositifs de droit commun, comme la VAE, la
formation à l'emploi. Ces évolutions modifient la place du
bénéficiaire au sein du dispositif organisationnel de
l'établissement. Cela signifie pour les ESAT ce que l'on peut appeler
un recentrage sur leur mission première c'est-à-dire
repositionné le bénéficiaire comme un acteur majeur du
système en développant le projet du travailleur
handicapé.
De manière générale, il devient
nécessaire pour chaque établissement d'évoluer dans ses
missions. Il s'agit de se désaxer un minimum des organisations de
travail des ESAT, qui sont surtout basé sur une dominante
économique, pour aller au plus prés de la personne
handicapée, de son projet d'évolution professionnelle, social, et
personnel.
Ces nouvelles lois qui surviennent ont poussé les
établissements et services d'aide par le travail à s'engager dans
de nouvelles démarches et de nouveaux processus d'approche du
bénéficiaire. Ces nouveaux outils permettrons t-il au travailleur
handicapé de devenir maître de son parcours tant professionnel que
social ? Pour répondre à cela il est pertinent de se rendre
compte des possibilités des mobilités professionnelles qui sont
mise en place dans les structures de mises au travail, et de comprendre les
nouveaux outils permettant à la structure et surtout à
l'individu, de faire le point sur ces capacités et ses
compétences professionnelles.
En France il est habituel d'observer différents projets
mis en oeuvre, il est important d'en expliciter certains afin de comprendre
les différentes approches de l'évolution du travailleur
handicapé mental selon des structures de mises au travail certes
semblables par leur dénomination mais différentes en termes
d'approche de la personne handicapée.
Chapitre 1 : Les outils des ESAT pour permettre
aux travailleurs de faire le point sur leurs parcours professionnels et
sociaux, et leurs possibilités d'évolution.
Le milieu du travail protégé est à la
croisée de réalités multiples et souvent contradictoires,
entre autonomie, accompagnement du travailleur handicapé et contraintes
de production accrues, il n'est pas évident de trouver la place
réelle de la structure. La loi 2002-2 rénovant l'action sociale
et médico-sociale, pose le principe d'une prise en charge et d'un
accompagnement individualisé permis par la conception et la mise en
oeuvre d'un projet d'accueil et d'accompagnement qui a pour objectif
d'élaborer les fondements du suivi de la personne
handicapée(section 2). Quant à la loi du 11 février 2005
pour l'égalité des droits et des chances la participation et la
citoyenneté des personnes handicapées, elle effectue une nouvelle
approche du handicap, la personne est au centre du dispositif (Section 1).
Pour mettre en place ces nouveaux procédés
plusieurs outils ont été mis en place.
Section 1 : Le principe d'écoute et de
consultation de la personne handicapée
La structure de travail protégé accueille des
travailleurs handicapés qui sont des bénéficiaires de
l'établissement. Elle se doit donc d'être à l'écoute
de la personne, la loi de février 2005 recentre alors la notion de
projet de vie et de respect du projet de choix de vie de la personne
handicapée et donc du travailleur handicapé.
Pour rentrer dans cette démarche, il est utile que
l'ESAT élabore un système de réponses aux demandes
courantes des bénéficiaires, en ce qui concerne le milieu
professionnel, et un modèle d'accompagnement personnalisé doit
être développé.
1.1 Traitements et indicateurs de suivi.
Le traitement et les indicateurs de suivi peuvent se
formaliser par des entretiens. L'individu vient exprimer ses attentes au sein
de l'équipe de l'encadrement. Cette dernière se doit de lui
donner des réponses concrètes. Les premières observations
de demande d'entretien sont souvent à l'origine d'une envie de changer
de groupe au sein de la structure ou de régler des conflits entre
travailleurs handicapés.
Pour cela il est pertinent de faire le point sur les limites
et les ressources du travailleur handicapé. Ainsi en collaboration avec
les professionnels de l'établissement l'adulte va évoquer
lui-même ses points forts et ses points faibles afin de se rendre compte
de ses propres capacités. En fonction du constat établi, une
réponse sera apportée à la personne. Ainsi l'adulte entame
de sa propre initiative les évolutions possibles au sein de sa structure
d'accueille. Il est seul à prendre la décision de changer de
groupe ou de moniteur d'atelier.
Par cette simple démarche d'entretien l'adulte devient
un élément actif dans son suivi par l'ESAT. Cela permet
également d'évacuer les tensions au sein d'un groupe de travail.
L'adulte est écouté et l'équipe pédagogique peut
se repositionner vis-à-vis de l'usager.
Le fait de changer de groupe est très important. D'une
part l'adulte peut se rendre compte du processus de fabrication du produit. En
effet la personne restant toujours au même poste ne peut visualiser la
finalité de la démarche productive, en variant les
activités le travailleur enrichi ses compétences. D'autre part,
cela permet à l'ensemble de la population accueillie de se connaitre car
si l'on prend l'exemple de l'ESAT du Val de Lorraine, les travailleurs sont
environ 200 sur le site. Il est dons souhaitable de procéder à
des roulements volontaires afin que les adultes soient en relations avec un
maximum de personnes.
1.2 Entretien régulier avec l'équipe
soignante
Le principe d'écoute et de consultation passe
également par la régularité des entretiens avec
l'équipe soignante et notamment avec la psychologue et le médecin
psychiatre. Ces rencontres permettent aux adultes d'exprimer certaines choses,
certains besoins qu'ils n'oseraient émettre devant l'équipe
technique. Mais cela n'est pas systématique et dépend des besoins
de la personne et de l'existence ou non d'un suivi en externe.
Pour élaborer au mieux le suivi et l'accompagnement de
la personne un modèle d'accompagnement personnalisé a
été organisé.
1.3 M.A.P.
Le modèle est « un instrument d'information
qui renseigne sur un processus inaccessible à une observation directe.
On l'utilise en particulier pour obtenir des informations concernant des
systèmes complexes dont on désir connaitre l'état ou
suivre l'évolution. Le modèle n'est donc jamais en mesure
d'embrasser l'ensemble du phénomène, mais seulement d'en
refléter certains aspects de façons significatives. »
(Guide pratique).
« En ce qui concerne les personnes ayant une
déficience intellectuelle, les méthodes existantes ne sont pas
suffisantes. Le handicap mental est un handicap de la compréhension, de
la communication et de la décision. Il nécessite une compensation
adaptée qui est essentiellement une aide humaine à la conduite de
sa propre vie, à laquelle peuvent s'ajouter des aides techniques et
financières. Cet accompagnement humain doit être adapté,
évolutif et durable. »(UNAPEI).
Ce modèle se construit à partir d'observation
consistant à définir le champ d'évaluation, les sous
ensembles d'information, et les ITEMS de chaque sous ensemble. L'objectif est
ici de prendre pour point de départ l'observation de la situation
réelle de la personne pour évaluer leurs besoins, comprendre
leurs particularités et ensuite déterminer les actions et les
solutions à mettre en oeuvre pour répondre le mieux possible
à leurs attentes. Ce modèle d'accompagnement vise surtout
à évaluer l'autonomie de la personne handicapée dans des
gestes de la vie quotidienne et sur son lieu de travail. Sont ainsi
observés les relations et comportements, les activités
domestiques et sociales, le pôle sensoriel, les aptitudes observés
dans l'exercice d'activités, ainsi que les activités mentales et
corporelles.
Une partie de ce modèle sera rempli par l'équipe
technique de l'établissement et service d'aide par le travail. Cette
évaluation va servir de base pour offrir aux travailleurs
handicapés des possibilités d'accéder à plus
d'autonomie dans sa vie sociale et professionnelle il servira également
de lien lorsque l'individu passera d'une structure à une autre. Ainsi
après avoir évalué la personne il pourra lui être
proposé les solutions les plus adaptées.
Ce modèle va également servir de soubassement
à l'élaboration du projet individualisé qui est cette fois
plus centré sur les besoins et les attentes de la personne en termes
d'avenir professionnel mais aussi d'avenir social.
Section 2 : Le projet individualisé
Le projet individualisé fait référence
à la fois à la loi 2002-2 et à la loi du 11 février
2005. En effet ces deux lois, l'une rénovant l'action sociale et l'autre
faisant référence à l'égalité des droits et
des chances des personnes handicapée, ont remis le
bénéficiaire des structures au centre du dispositif. La loi
2002-2 a pour orientation de diversifier les missions et les offres que les
différentes structures doivent élaborer pour leurs usagers. Donc
comme il l'a été examiné dans la première partie,
l'établissement et service d'aide par le travail a mis en place des
offres de services et de prestations de services. Se sont ces dernières
qui vont permettre l'élaboration du projet individualisé.
Il se doit tout d'abord d'être défini, car ce
projet entraine l'intervention de multiples acteurs et rend sa
réalisation compliquée car chaque intervenant se doit
d'être en phase avec le travailleur handicapé.
2.1 Définition
La notion de projet dans le secteur social est apparue au
début des années 70. Il avait pour objectif de présenter
un projet pédagogique, éducatif ou thérapeutique pour
appuyer leur budget prévisionnel. Les projets ont surtout
été mis en place dans les centres éducatifs et scolaires
ainsi que dans les foyers. En ce qui concerne les ESAT il a fallu attendre la
loi 2002-2 pour qu'il assure aux travailleurs handicapés un
accompagnement socioprofessionnel individualisé.
Le projet individuel est un document personnalisé
définissant l'accompagnement professionnel, social et
médico-social. Les travailleurs handicapés se doivent d'avoir au
sein de la structure et dans leur vie quotidienne, leurs propres objectifs et
les moyens pour les atteindre. Le projet prend en compte les besoins, les
attentes et les ressources de la personne. Il est composé d'objectifs
généraux et d'objectifs secondaires. Il précise la
répartition des rôles entre les différents intervenants.
2.2 Les acteurs du projet
individualisé
Les acteurs sont divers et multiples. Ils se doivent de tous
contribuer à l'élaboration du projet. Le premier contributeur est
bien sur le travailleur lui-même, puisqu'il est mis au centre du
dispositif d'accompagnement et l'on peut lui associer son moniteur d'atelier
référent, car c'est ce dernier qui va apporter sa part la plus
importante à l'élaboration du projet.
Puis les psychologues et psychiatre, les assistantes sociales
vont apporter leur pierre à l'édifice. Pour finir se sera le
conseiller technique chargé du projet de vie des personnes
handicapées au travail de l'ESAT qui rédigera les projets
individualisés. Et ce à partir des écrits de tous les
contributeurs.
2.3 La méthodologie
La construction du projet se fait en fonction des besoins et
des attentes de la personne. Il se décline en objectifs à
atteindre en précisant les moyens mis à la disposition, les
échéances éventuelles et l'évaluation de la
situation de la personne. Les différents acteurs vont examiner la nature
des soutiens professionnels et extraprofessionnels ainsi que les perspectives
d'avenir du travailleur handicapé.
Les acteurs doivent définir les éléments
constitutifs du projet de la personne. Il faut déterminer pour quelles
raisons la personne attend ou a besoin de ces services et quels services lui
conviendrait le mieux pour répondre à cette attente. Puis il
s'agira de déterminer les objectifs que ces services pourraient
permettre à la personne d'atteindre et les prestataires qui vont aider
la personne à atteindre ces objectifs.
Pour obtenir ces différents éléments, le
moniteur d'atelier ainsi que les autres acteurs devront réaliser
plusieurs actions. Il s'agira la plupart du temps de s'entretenir avec la
personne handicapée au travail, ainsi que d'interroger les perceptions
des différents acteurs quant aux besoins de services de l'individu. Les
protagonistes du projet proposeront les différentes actions en
choisissant dans le livret d'offre de service les prestations proposées
ainsi que les objectifs qui peuvent être atteints au travers de ces
services.
Le projet individualisé est adapté aux
capacités de la personne et tient compte en premier lieu du projet de
vie de la personne.
2.4 L'évaluation
L'évaluation est une étape importante au sein du
processus du projet individualisé. Il ne s'agit pas de contrôler
mais d'améliorer la prise en charge des usagers. La démarche
d'évaluation permet d'une part, de s'assurer non seulement de la
cohérence entre objectifs et d'autres parts de l'adaptation du service
de soutien à la prise en charge des usagers.
L'évaluation se fait à plusieurs niveaux. Tout
d'abord celui de l'efficacité générale, en se posant la
question de savoir combien d'usager ont été
bénéficiaire de telle activité, puis celui de
l'efficacité particulière de l'établissement sur le projet
de chaque personne.
2.5 L'impact du projet individualisé et du
suivi
Le projet individualisé met le
bénéficiaire de l'ESAT au coeur du dispositif d'accompagnement et
de suivi. L'individu devient le moteur de la mise en place de son suivi, en
définissant avec l'équipe encadrante les objectifs qu'il voudrait
atteindre. En se sens le travailleur handicapé est réellement
acteur de son parcours professionnel mais aussi social puisque le projet
individualisé ainsi que l'accompagnement général qui est
mis en place lui permet d'atteindre des objectifs tant en termes
d'efficacité au travail qu'en autonomie dans la vie quotidienne.
Les différents outils développés au sein
des structures de travail protégé vont permettre ou ont permis
aux travailleurs handicapés d'acquérir les fondements
méthodologiques pour faire évoluer leurs parcours de vie. Il est
intéressant d'étudier ce que ces outils vont permettre à
la personne et aussi à la structure d'accueil, de mettre en place pour
atteindre un objectif d'évolution.
Chapitre 2 : La mobilité dans l'emploi
En matière de gestion de l'emploi des travailleurs
handicapés, l'hétérogénéité des
pratiques est dominante. Ainsi les établissements possèdent des
mises en oeuvre de leurs missions très différentes. Il est
important de situer les objectifs de la structure en terme de valorisation des
compétences qu'elles soient professionnelles ou sociales. Pour cela, il
est adéquat d'examiner les possibilités que peut avoir le
travailleur handicapé en termes de formation professionnelle (section
1). Il est pertinent de remarquer quels impacts ces formations ont sur la
personne handicapée et sur son parcours professionnel. La loi de 2005 a
quant à elle, posé le principe d'écoute et de consultation
du travailleur handicapé, ce qui laisse à penser que le
travailleur handicapé trouve une place au centre du dispositif le
concernant, et lui permet de faire certains changements en ce qui concerne son
poste de travail. (section2). Ainsi après la mise en place de ces
instruments, il est aisé de voir la mobilité professionnelle en
oeuvre, en observant ses avantages au travers de la mobilité inter-CAT.
Section 1 : La formation professionnelle des personnes
handicapées : source de mobilité au sein de leurs
parcours.
Avant d'évaluer l'impact de la formation
professionnelle sur la mobilité du bénéficiaire, il est
aisé de poser son environnement politique et réglementaire.
1.1 Le cadre réglementaire et politique
La formation professionnelle est un des objectifs essentiels
de la politique d'insertion des personnes handicapées quelles soient en
milieu protégé ou en milieu ordinaire. Ces formations doivent
permettre de mettre en adéquation les besoins du marché du
travail avec la qualification, le potentiel et l'aspiration des personnes
handicapées. La formation professionnelle est assurée le plus
souvent après orientation de la CDAPH soit par les centres de
rééducation professionnelle, soit dans le cadre de l'offre de
droit commun.
Au plan local il convient aussi de souligner le rôle
croissant en matière d'orientation et d'emploi des programmes
départementaux d'insertion des personnes handicapés.
La formation professionnelle telle qu'elle est décrite
était accessible au milieu protégé mais uniquement de
manière individuelle c'est-à-dire que les adultes
handicapés y avaient accès uniquement si ils étaient
dirigés par la suite vers le milieu ordinaire.
En effet les dispositions du livre IX du code du travail
relatives à la formation professionnelle ne sont pas applicables aux
personnes handicapées qui exercent une activité à
caractère professionnel dans un ESAT, dans la mesure où ces
individus ne sont pas soumis à un contrat de travail et ne sont pas
salariés mais usagers des structures médico-sociales qui les
accueillent.
La loi du 11 février 2005 qui vise à promouvoir
l'égalité des droits et des chances des personnes
handicapées ainsi que leur formation professionnelle en ESAT, renforce
leurs droits à la formation professionnelle. A cet effet, les
contributions versées par les ESAT, vont permettre de dégager des
masses financières importantes au profit des actions de formation
professionnelle des travailleurs handicapés en ESAT. Ainsi depuis le
1er janvier 2007 l'article L 344-2 du CASF précise que les
ESAT mettent en oeuvre ou favorisent l'accès à des actions de
formation professionnelle au bénéfice des travailleurs
handicapés qu'ils accueillent. Les ESAT doivent donc présenter
chaque année à la DDASS un rapport sur la mise en oeuvre des
actions de formation en faveur des travailleurs handicapés, et par la
suite une convention annexée à ce rapport doit définir des
orientations en matière de formation.
Les actions de formations prise en charge par l'OPCA
(organisme recevant les contributions globales versées par les ESAT)
correspondent à une à la typologie suivante : maintien des
acquis scolaires et actions de formation professionnelle comprenant la
préformation et la préparation à la vie professionnelle,
les actions d'adaptation et de développement des compétences, de
promotion professionnelle, de prévention, d'entretien et de
perfectionnement des connaissances.
Ces différentes démarches mentionnent
également la mise en oeuvre d'actions permettant aux travailleurs
handicapés accueillis en ESAT d'accéder à l'autonomie et
de s'impliquer dans la vie sociale.
La convention cadre qui met en place ce nouveau dispositif
n'est pas encore appliqué et ne rentrera en vigueur qu'à partir
de l'année 2009. En effet la collecte de fonds n'ayant
démarré qu'en avril 2008.
Malgré cette législation tardive, certaines
expériences de formations professionnelles ont été mise en
place, il est pertinent d'en évoquer les effets sur les travailleurs
accueillis en ESAT et l'impact que cela peut avoir sur leurs parcours
professionnels.
1.2 La formation professionnelle en ESAT : pratique et
expérience
Les établissement et services d'aide par le travail ont
mis en place des actions de formations toutes différentes, chaque
situation est unique, car des démarches différentes
apparaissent.
L'ESAT de SENS à développer un service
d'accompagnement social qui suit 45 personnes. Un atelier de soutien
pédagogique encadré par un conseiller pédagogique et deux
instituteurs spécialisés est ouvert à ceux qui le
souhaitent. Il se définit comme un centre de soutien, de formation et de
ressource. Les objectifs sont de maintenir, de faire progresser les
capacités et les performances intellectuelles de chacun ; faciliter
l'intégration sociale par la maîtrise des outils de
communication ; favoriser l'adaptation à la vie
professionnelle ; mettre en place des formations intellectuelles et
professionnelles qualifiantes avec un accès à des certificats
officiels. Pour atteindre ces objectifs, la structure met en place un
dispositif d'évaluation de formation où chacun trouve sa place
d'après ses possibilités et ses capacités. Il va de soi
que pour l'atelier de soutien pédagogique, évaluer les
capacités intellectuelles est une nécessité. Il ne peut y
avoir d'activités pédagogiques sans évaluation initiale
pour cerner les niveaux d'intervention régulière, pour ensuite
poursuivre l'évolution et déterminer les activités
à proposer.
Cette évaluation des capacités intellectuelles
s'inscrit donc dans un cadre général du travail
d'évaluation et de suivi entrepris à l'ESAT. Les individus
suivant cette formation ont pour but de se présenter au certificat
d'aptitude professionnelle agricole. Les objectifs de la formation sont
l'acquisition d'une certification professionnelle du niveau V apportant les
connaissances et développant les aptitudes nécessaires pour
effectuer les travaux relevant de la profession, telle qu'elle est
définie par le référentiel national CAPA. Cette formation
permettrait sur le long terme l'intégration d'ouvriers de l'ESAT en
milieu ordinaire de travail ou le renforcement des connaissances et des
aptitudes des travailleurs handicapés restant en milieu
protégé avec peut être pour objectif la mise à
disposition de ces personnes par le milieu protégé dans un milieu
ordinaire de travail.
Ainsi pour que cette formation soit valorisante, elle
possède un système de validation sécurisante.
La préparation aux diplômes est effectuée
par unité capitalisable de qualification qui est autant de partie du
diplôme national, car tous les travailleurs handicapés ne pourront
sans doute pas obtenir les sept unités capitalisables.
Cette expérience montre que par la volonté de
l'équipe encadrante, l'adulte handicapé va pouvoir exprimer ses
besoins, ses envies et faire valoriser ses capacités tant
intellectuelles que professionnelles. Lorsque l'adulte aura assimilé le
contenant de la formation, il sera apte à prétendre à
d'autres postes d'abord en milieu protégé et plus tard en milieu
ordinaire de travail si les conditions se réunissent.
Cette évolution que peut posséder, si il le
désir, le travailleur handicapé peut également passer par
un changement de postes d'un ESAT à un autre. En effet afin de favoriser
l'obtention de compétences autres que celles déjà
acquises, certaines structures favorisent la mobilité entre ESAT d'une
même région ou d'un même secteur.
Section 2 : la mobilité inter-ESAT
2.1 La mise en place d'inter-CAT 35
Ce projet a été mis en place en 1999, il n'est
plus d'actualité mais représente une nouvelle forme de
mobilité pour les travailleurs handicapés. Plusieurs structures
l'on prise pour modèle. Cinq ESAT (appelé encore CAT) d'Ille et
Vilaine élaborent un projet autour de « l'échange et
l'idée de parcours entre les établissements avec une mise en
commun de leurs moyens : faire découvrir, par des stages et des
formations d'autres environnement professionnels pour éventuellement
envisager par la suite une évolution professionnelle des travailleurs.
Ce système permettait également à l'équipe
encadrante de prendre de la distance par rapport aux problématiques
individuelles ».
Plus de quatre-vingt personnes ont
bénéficié de ce dispositif. L'objectif du comité de
pilotage sera alors de s'engager dans « une formation action
commune » entre les structures actrices de ce projet.
Cette exemple a été suivi en partie en lorraine
et en particulier au sein de l'ESAT -CAT du Val de Lorraine.
2.2 Une mobilité pour casser la routine
Au sein de l'ESAT -CAT de LIVERDUN la mobilité à
l'intérieur des structures de l'AEIM sont encourager. Depuis un certains
temps, les travailleurs handicapés peuvent accéder aux autres
ESAT de la région lorraine.
Cette approche se fait en termes de stages, après
avoir affirmé leurs volontés de changer de structure, les adultes
sont accueillis pour une durée de quatre semaines dans un
établissement de travail protégé. Le plus souvent cela
reste des ESAT.
Cette action à permise à un bon nombre d'usagers
de découvrir un autre milieu, de nouvelles règles de
fonctionnement, et de nouveaux postes de travail. Ce projet représente
une dimension valorisante dans le sens où les adultes se rendent
comptent qu'ils sont capables d'évoluer ailleurs que dans leur structure
d'origine et donc dans leur parcours professionnel. Cela renforce leurs
compétences et leur estime de soi et les rends acteurs de leurs parcours
d'évolution en renforçant cette volonté d'évoluer
professionnellement et socialement.
Mais un constat probant peut être faits, ces
différents stages ne sont suivis d'aucune évaluation ou mise en
perspective. En effet après avoir effectué leurs stages les
individus réintègrent la plupart du temps leur structure
d'origine sans pour autant bénéficier d'un rapport leurs
permettant un accès à un autre poste ou pourquoi pas une
entrée dans la structure qui les a accueilli en stage. Ceci peut
être expliqué par le manque de place au sein des différents
ESAT ou encore aux problèmes d'hébergement. Les foyers de l'AEIM
étant saturés. Il serait souhaitable de développer et
surtout d'élaborer une continuité de cette mobilité
« inter-CAT » au sein des ESAT de l'AEIM et même de
la lorraine. Il faut un suivi plus précis et poussé dans la
période qui suit le stage. Ce serait une démarche de base pour
favoriser le développement des compétences des travailleurs
handicapés, qui sont la plupart du temps fortement volontaires à
ce type de démarche.
La mobilité au sein même d'une structure voir
entre structure de fonctionnement comparable est un fondement indispensable
à l'évolution du travailleur handicapé en milieu
protégé. Si ce type de démarche n'est pas mise en place de
manière régulière cela est un frein pour la personne
handicapée. Cette dernière peut être actrice dans ses
décisions si on lui accorde certaines démarches, sans cela elle
se trouve bloquée malgré une volonté bien présente.
Ainsi la législation évolue pour ce qui la
formation professionnelle en milieu protégé, donc il serait
favorable que les établissements commence également à
développer sérieusement cette fameuse mobilité inter-CAT
afin d'enchainer par la suite sur les formations professionnelles
valorisantes.
Cela amène à évoquer le rôle des
parcours qualifiants et certifiants, les adultes ont besoin de faire
reconnaître leurs expériences qu'ils ont acquises tout au long de
leurs parcours professionnel.
Section 3 Des parcours qualifiants et
professionnalisants : un long chemin à parcourir
En milieu ordinaire les moyens de reconnaissance des
compétences des travailleurs sont vastes et multiples. En ce qui
concerne le milieu protégé les choses s'avèrent
différentes et complexes. Ainsi la loi de modernisation sociale de 2002
introduit la validation des acquis de l'expérience :
« Toute personne engagée dans la vie active est en droit de
faire valider les acquis de son expérience, notamment professionnelle,
en vue de l'acquisition d'un diplôme, d'un titre, à
finalité professionnelle, ou d'un certificat de qualification figurant
sur une liste établie par la commission paritaire nationale de l'emploi,
d'une branche professionnelle, enregistrés dans le répertoire
national des certifications professionnelles »
La caractéristique des travailleurs handicapés
est d'exercer un métier depuis plusieurs années, mais de ne pas
disposer de titre reconnaissant leurs compétences, leurs
expériences, et les formations auxquelles ils ont participé.
C'est pourquoi la loi du 11 février 2005 à insérer la
validation des acquis de l'expérience pour les travailleurs
handicapés. Cela va leur permettre de se faire reconnaître au sein
de la société et d'affirmer leurs compétences au sein des
structures qui les accueillent. La loi fournie alors peut être un
soubassement de départ qui permettrait au travailleur handicapé
en milieu protéger d'obtenir un parcours qualifiants et
professionnalisant.
Il faut que les adultes handicapés puissent se
réaliser dans une démarche de positionnement.
Il faut qu'ils acquièrent de l'expérience en
entrant dans des situations ordinaires de travail, cela peut passer par des
stages en entreprises ordinaires ou bien comme on l'a vu, par la
mobilité entre les différentes structures, et par le
développement des formations professionnelles. Il faut bien entendu
rester dans un contexte de volontariat et proposer ces actions à des
personnes dont les capacités permettent de telles démarches.
D'après le témoignage d'adultes
handicapés ayant bénéficié de cette action, le
processus d'accompagnement dans la reconnaissance des acquis et la construction
des reconnaissances professionnelles leurs permets de faire des choix, de
prendre des décisions pour leur avenir et aussi de se trouver acteur de
leur parcours professionnel.
Hélas ce dispositif pour amener les adultes
handicapés à obtenir un parcours qualifiant ou du moins
professionnalisant, est loin d'être mis en place dans toutes les
structures de travail protégé. Certains auteurs comme A.BLANC
estiment, que cela peut être du au fait que mettre en place une telle
démarche, que se soit les parcours qualifiants ou encore la formation
professionnelle, suppose du temps, de l'argent, et l'improductivité des
personnes concernées, et ce pour des résultats probablement
aléatoires car les capacités d'apprentissage des personnes
handicapées sont bien souvent limitées.
Cette pensée évoque un sous entendu, le
problème principal des ESAT, qui est de trouver un équilibre
entre leurs fonctions de soutien et d'accompagnement de la personne
handicapée et le maintien économique de la structure au sein de
marché concurrentiel. Il faut prendre en compte également le
contexte économique de la structure. Ainsi le tissu social en Lorraine
force les structures de types ESAT comme les autres d'ailleurs, à
être de plus en plus performants pour acquérir des nouveaux
marchés et cela laisse peu de temps parfois pour mettre en place les
différents types d'actions développées ci-dessus.
Pour que l'adulte handicapé puisse accéder
à des parcours qualifiants, professionnalisant ou même certifiant
(pour ce qui est de l'ESAT de SENS), et par là même se rendre
acteur de sa vie professionnelle et même sociale, puisque les formations
ne sont pas que des actions professionnelles, elles possèdent aussi des
volets de développement de l'autonomie, il faut que les structures dans
lesquelles ils sont accueillis s'engagent dans ce type de démarche et
trouve de l'assurance dans l'accompagnement et le suivi de l'individu qu'ils
accueillent.
La mise en place de ces parcours permettraient aux structures
et donc aux travailleurs handicapés, de développer de nouvelles
possibilités pour faire évoluer ou maintenir les capacités
professionnelles et sociales des bénéficiaires.
Certaines structures de travail protégé sont
innovatrices dans ce domaine, que se soit les ESAT de Bretagne pour mettre en
place de nouveaux types d'organisations ou l'ESAT du Val de Lorraine qui permet
l'élaboration d'un soutien deuxième type.
Chapitre 3 : De l'amélioration des
compétences au changement organisationnel
Les établissements et services d'aide par le travail
ont été obligé d'élaborer et de mettre en place les
outils tel que le projet individualisé ou encore le modèle
d'accompagnement personnalisé. Se sont les lois qui se sont
imposées aux structures. L'ESAT-CAT du Val de Lorraine a
développé fortement son soutien 2ème type en
collaborant avec le centre de soutien de SAINT NICOLAS DE PORT. Des structures
bretonnes quant à elles ont totalement changé leurs modes
d'organisation du travail pour permettre aux personnes handicapées au
travail de développer totalement leurs compétences
professionnelles.
Les deux innovations sont opposées dans le sens
où l'une développe les compétences professionnelles et
l'autre surtout les capacités sociales, mais se rapprochent au final
puisqu'elles permettent toutes les deux de rendre la personne handicapée
au travail actrice de son développement quotidien.
Section 1 : L'amélioration des
compétences grâce au centre de soutien.
Les soutiens et activités de second type sont
définis par la circulaire du 8 décembre 1978, cela correspond aux
activités extra-professionnelles. Il peut s'agir d'organisation de
loisirs, d'activités sportives, d'ouverture sur l'extérieur,
d'initiation à la vie quotidienne. Ces activités peuvent
assurément avoir leur importance dans un projet global
d'épanouissement professionnel et social. Ainsi la loi 2005-12 dispose
« que les ESAT mettent en oeuvre ou favorisent l'accès
à des actions d'entretien des connaissances, de maintien des acquis
scolaires et de formations professionnelles, ainsi que des actions
éducatives d'accès à l'autonomie et d'implication dans la
vie sociale, au bénéfice des personnes handicapées qu'ils
accueillent. »
Au-delà du cadre législatif, le personnel
éducatif du centre de formation et de soutien considère que le
maintien et le développement de la vocation médico-sociale des
ESAT représentent un enjeu majeur.
Les ESAT feront difficilement front aux mutations
liées à la concurrence, à l'évolution
démographique s'ils n'anticipent pas sur une véritable politique
de ressource humaine.
L'AEIM dont dépend l'ESAT-CAT du Val de Lorraine, a
fait le choix d'externaliser le soutien deuxième type en dehors des ESAT
pour le confier à une équipe éducative
spécialisée. Le CFS de l'AEIM décline le soutien
deuxième type en deux modes de prise en charge différents. On
repère les sessions de soutien et les sessions à thème.
Les objectifs des sessions de soutiens sont principalement de
consolider les compétences, expérimenter différentes
situations d'apprentissage et faciliter l'accès à l'information
et à l'environnement. Quant aux sessions à thème elles ont
pour objectifs de contribuer à optimiser le projet individuel,
responsabiliser la personne dans ses choix et lui proposer des apprentissages
par des apports théoriques et des mises en situations.
Les sessions à thèmes permettent de couvrir
trois types de demandes. Des demandes individuelles, la personne peut
s'inscrire à seule fin d'enrichissement personnel, pour
développer des connaissances ou des compétences personnelles. On
observe des demandes liées au projet personnalisé, la personne
peut suivre une session à thème en cohérence avec un
projet plus global comme par exemple avoir des informations sur la vie en
appartement.
Les sessions de soutien sont choisies en fonction d'un
événement local, d'un sujet d'actualité ou encore d'un
besoin pressenti par rapport au groupe accueilli. Ces sessions sont notamment
l'occasion pour les stagiaires de confronter leurs point de vue. Ils sont
incités à s'exprimer mais aussi à respecter l'opinion des
autres. C'est également un moyen pour eux d'être confrontés
à de nouvelles expériences, à des situations et des
sollicitations inhabituelles.
Ces deux modes de prises en charges se révèlent
complémentaires dans le sens où les cessions de soutien servent
de laboratoire d'essai pour tester des supports et outils pédagogiques
qui seront développé et affinés en sessions à
thèmes. Elles correspondent à une réalité dans la
mesure où, pour certains travailleurs, la démarche volontaire
d'inscription est un gage de leurs implications. Pour d'autres, la forme du
soutien est plus rassurante car elle offre un cadre préétabli,
tout en laissant une marge d'initiative et de souplesse.
Le soutien deuxième type permet à la personne
d'être considérée dans sa globalité, avec ses
moyens, ses aspirations. L'ensemble de ses préoccupations est pris en
compte et pas seulement sa situation de travailleur.
Concernant le soutien deuxième type qui serait plus
accès sur l'autonomie sociale du travailleur handicapé une
remarque peut être abordée. La circulaire 60 AS de 1978 bien
qu'innovatrice et toujours actualisée, comprend des limites. Elle ne
fait que proposer des activités sans y adjoindre une exigence
d'objectif, de telle sorte que les ESAT peuvent parfaitement s'y conformer par
des activités purement occupationnelles. Ce manque d'exigence autorise
absolument tout. Aussi il est à supposer que, dans les meilleurs des cas
seulement, les actions de soutien deuxième type peuvent
assurément avoir leur importance dans un projet global
d'épanouissement professionnel et social.
Dans ce contexte, l'AEIM s'est montrée
particulièrement ambitieuse en créant dès 1984 le foyer
d'hébergement et de soutien, doté d'objectifs, de moyens et de
personnel spécialisé.
D'autres structures ont innovés pour la reconnaissance
des compétences des travailleurs handicapés mais cette fois ci
dans le domaine de l'organisation du travail au sein même du milieu
protégé.
Section 2 : Le projet « différent et
compétent »
Vingt quatre ESAT de la région Bretagne ont
décidé de se regrouper pour atteindre un objectif commun :
reconnaître et développer les compétences acquises par les
personnes handicapées au travail et valoriser avec les entreprises, les
acquis de leurs expériences, quelque soit leur niveau de performance
économique.
Pour élaborer un tel projet, les initiateurs ont
constaté la faible évolution professionnelle des individus au
cours de leur vie. Ils s'interrogent donc sur la reconnaissance dont
bénéficient les travailleurs handicapés en milieu
protégé, dans la société. Ils ont donc mis en place
à partir de 2002, une forme d'organisation apprenante au sein même
des ateliers afin que les ouvriers puissent se former à partir des
situations de travail. (cf. projet « différents et
compétent »)
Le concept d'organisation apprenante provient du milieu
ordinaire, il vise à repenser l'organisation du travail à partir
d'une gestion par les compétences, où l'adaptation constante se
fait en misant sur le potentiel des collaborateurs et l'intelligence
collective.
L'organisation apprenante repose sur plusieurs principes.
Tout d'abord la réappropriation du travail par les travailleurs, la
mise en cause de « l'objectivation taylorienne des actes du travail
(les tâches) et le développement d'une vision sociale du
travail ».
L'élément qui unifie toutes les dimensions de
l'organisation apprenante consiste à apprendre de l'instabilité
et des mutations, et de devenir actifs face à ces changements.
Une organisation est dite apprenante quand la structure et le
fonctionnement favorisent les apprentissages collectifs, dans une logique de
développement des compétences, d'autonomie et de
responsabilisation.
Malgré sa difficulté de mise en oeuvre, ce
concept est apparu pertinent au regard de la double finalité
économique et sociale des ESAT. Les initiateurs ont jugés que ce
concept avait également l'avantage de s'intéresser au sujet
apprenant.
La mise en oeuvre d'une organisation apprenante ou qualifiante
requiert quelques conditions. Tout d'abord il faut déterminer les
objectifs que les différentes structures vont partagés que se
soit économique et intégratif à tous les niveaux
hiérarchique de la structure. L'organisation qualifiante
appliquée aux ESAT requiert pareillement des ajustements pour plusieurs
raisons : « la gestion des ressources humaines se réalise
par les compétences et non à travers le handicap ou les
incapacités, et l'apprentissage est intégré à
l'organisation dans les ESAT et entre les ESAT ». (Patrice Leguy)
S'inspirant de l'organisation apprenante, la volonté de
ce projet est que la structure serve de progression pour les travailleurs. Pour
comprendre comment apprendre par les situations de travail, des groupes de
travailleurs avec les moniteurs ont été constituées. Ces
formations permettent d'identifier les différentes modalités
d'apprentissage et de créer des outils pédagogiques (apprendre
plusieurs termes techniques par semaine, construire un tableau à double
entrée pour organiser la polyvalence des ateliers etc....). Ces
situations de travail ont permis de faire tourner les travailleurs sur
différents postes de travail de la structure, ce qui c'est traduit par
une demande des bénéficiaires de tourner dans les
différents ateliers ou de faire des stages dans d'autres structures mais
avec des objectifs précis d'acquisition de compétences.
Le bénéficiaire est de nouveau le
décideur de son parcours professionnel mais aussi social, car il va
identifier, repérer avec l'équipe encadrante les
compétences formalisées dans son projet individuel qu'il lui
reste à parfaire et à acquérir.
Après cette identification de compétences un
parcours est alors formalisé. C'est utiliser l'opportunité du
chantier, de la production pour en faire une situation de formation.
Ce projet amène un regard nouveau, il s'agit de
se fixer sur les compétences acquises et celles potentiellement
accessibles par le travailleur handicapé. L'ESAT passe d'un concept de
prise en charge à celui de bilan de compétences, de projet
à élaborer, d'objectifs à atteindre, des capacités
à mobiliser.
Ces différentes innovations relèvent de la
propre initiative de ces structures, même si elles ont pour origine la
législation, ces projets ne sont pas étendus à toutes les
structures de travail en milieu protégé. Ainsi chaque
établissement peut ne pas mettre en place de tels systèmes de
reconnaissance de compétences du travailleur handicapé.
Il est pertinent de constater que ces dispositifs sont
exclusivement centrés sur le développement de la personne. Par
cet élément de remise au centre des actions, les travailleurs
handicapés sont acteur de leurs parcours professionnels et social.
Ainsi dés leur insertion dans le milieu
protégé ils sont inscris dans un processus de choix et de
questionnement sur leur avenir. Mais se positionnement au centre des actions,
ne peut avoir lieu que si les établissements et les structures mettent
tout en oeuvre pour construire des projets. Ce n'est qu'à partir des
lois de 2002 et 2005 que le milieu protégé à mis en place
des actions de reconnaissance et de valorisation des compétences. La
double vocation des ESAT est définie depuis 1975, et pour certaines
structures le soutien deuxième type n'a été mis en place
que depuis 2000.
Les personnes handicapées au travail sont actrices de
leur évolution professionnelle et sociale, puisque grâce à
leurs projets individualisés puis par la suite aux actions mis en oeuvre
par les différentes structures, elles peuvent s'inscrire dans une
démarche de prise de décisions. Les différents projets mis
en place par les établissements que se soit le centre de soutien
2ème type ou la mise en place d'organisation apprenante, ont
au final le même objectifs qui est de faire des travailleurs
handicapés des individus comme les autres, qui sont aptes à
prendre des décisions, et qui sont capables d'évoluer dans leur
autonomie sociale, et d'acquérir de nouvelles compétences
professionnelles.
Tout se suivi et cette mise en perspective de l'autonomie du
travailleur dans ces choix est objectif. Il est impératif d'avoir en
tête que cette évolution professionnelle ne peut se faire sans une
évolution sociale grâce au soutien deuxième type. Pour
certains il paraît logique que ces travailleurs qui ont réussi une
évolution professionnelle grâce au projet individualisé,
à la mobilité et aux formations mises en places, vont
accéder au milieu ordinaire. Cette pensée est une idée
reçu car bon nombre de travailleurs handicapés accueillis en
milieu protégé ne sont pas aptes à être
insérer en milieu ordinaire de travail. Mais des alternatives sont
possibles, pour que ces efforts d'évolution ne restent pas vains.
Troisième partie : Les enjeux de la
valorisation des compétences professionnelles et sociales.
On estime généralement que l'intégration
professionnelle et sociale des personnes handicapées doit pouvoir passer
par le milieu ordinaire de travail. Mais nombreuses sont les personnes
handicapées qui ne peuvent malgré leur volonté et leurs
efforts de formation et de développement des compétences
être inséré en milieu ordinaire de travail ou du moins ne
sont pas prêtes à y rentrer. Il a fallu trouver des modèles
« d'antichambre » au milieu de travail ordinaire.
Plusieurs alternatives sont possibles. Elles vont permettre
à l'adulte handicapé de travailler hors des murs de l'ESAT tout
en restant protégé par celui-ci. Les alternatives vont être
la mise à disposition d'un travailleur handicapé d'un ESAT pour
une entreprise de milieu ordinaire ou encore les prestations de services
accompli par les personnes handicapées au travail pour des entreprises
extérieur.
Il faut étudier comment se mettent en place ces
nouvelles formes de travail protégé. Permettent-elles
réellement de continuer le développement des compétences
qui ont été entrepris par les différentes actions des
ESAT ? Il sera pertinent de voir qu'est ce que cette insertion entre le
milieu protégé et le milieu ouvert amène sur le
développement des compétences et sur l'autonomie du travailleur
handicapé.
Pour finir et élaborer un bilan, il faudra constater de
manière générale si le travail en milieu
protégé reste source d'émancipation pour les travailleurs
handicapés. Il est également intéressant d'étudier
la dynamique des reconnaissances pour lutter contre les discriminations et
l'exclusion.
Chapitre 1 : Les conditions d'élaboration
des différentes alternatives au milieu protégé.
Il faut distinguer le passage des travailleurs de structures
de travail protégé vers le milieu ordinaire de travail, de
façon définitive, avec changement d'employeur et quasiment sans
soutien, du détachement de ces mêmes travailleurs en milieu
ordinaire de travail, mais restant sous la responsabilité des ESAT, et
étant rémunérés par eux. Cette pratique est
fréquente et se rencontre souvent. On rencontre surtout deux types
d'alternatives au milieu protégé : la mise à
disposition en milieu ordinaire et les prestations de services, qui
s'apparentent alors comme des postes protégés en milieu
ouvert.
A.TOBIASZ-ZALEWSKA à étudier le profil type du
déficient mental inséré en milieu de travail semi
protégé voir ordinaire après un séjour à
l'intérieur des murs d'un ESAT : il a été
scolarisé à l'école primaire puis orienté en IMPRO,
il sait lire et écrire. La moitié d'entre eux n'ont pas de
trouble du comportement, et sont capables de gérer son budget.
Pratiquement tous sont autonomes dans les transports et ne portent pas les
stigmates de leurs handicaps.
Section 1 Le travail semi-protégé
1.1 La mise à disposition.
Le travail semi protégé à
été définit par G.ZIBRI. Il le définit ainsi dans
le dictionnaire du handicap (ENSP) « Il recouvre des formules
d'exercice professionnel intermédiaires entre l'emploi
protégé intra-muros et l'emploi ordinaire. Il s'agit de
modalités d'emploi ponctuelles ou permanentes, stables ou transitoires.
Les emplois semi-protégés sont exercés en milieu ordinaire
de travail et bénéficient selon leur rattachement administratif,
d'aide publique différenciées. Les emplois
semi-protégés sont rattachés aux établissements de
travail protégé sous la forme de détachement individuel ou
collectif en entreprises ou au sein de collectivités locales ou
d'ateliers intégrés en entreprise. »
La mise à disposition dans une entreprise est
considérée comme du travail semi- protégé.
Les articles L323-32 du code du travail précisent les
modalités de mise à disposition dans une entreprise de
travailleurs appartenant à un ESAT ou atelier protégé en
vue d'une éventuelle embauche. Les travailleurs handicapés
employés dans un établissement protégé peuvent
être mis à disposition provisoire d'un autre employeur dans
certaines conditions prévue à l'article L 125-3 du code du
travail. Cette mesure est destinée à favoriser
l'intégration professionnelle en milieu ordinaire de travailleurs
handicapés puis qu'elle doit être réalisée en vue
d'une embauche éventuelle. La mise à disposition nécessite
l'accord de travailleur handicapé intéressé qui se
matérialisera par la signature d'un contrat.
En effet, les conditions de la mise à disposition sont
fixées par des contrats que l'organisme gestionnaire de l'ESAT passe
d'une part avec l'employeur utilisateur, d'autre part avec le travailleur
handicapé. Le contrat liant l'ESAT avec le travailleur handicapé
doit préciser notamment la qualification professionnelle du
salarié, la nature le lieu et l'horaire, et la caractéristique du
travail à accomplir ainsi que les conditions de l'offre de
l'embauche.
Le contrat de mise à disposition est conclu pour une
durée maximale de un an renouvelable une fois. Ce terme vise à
éviter que la mise à disposition se prolonge indéfiniment
sans aboutir à un contrat de travail de droit commun. Il n'existe aucun
lien contractuel entre l'employeur utilisateur et le travailleur
handicapé. Celui-ci reste donc sous la responsabilité et
l'autorité de l'ESAT ou de la structure de travail
protégé.
Une autre alternative peut également être mise
en place, c'est la prestation de service des travailleurs handicapés
à l'extérieur de la structure de travail. Il sera utile de
remarquer que cette solution qui peut avoir le même impact sur le
travailleur handicapé à un impact économique
différent pour l'établissement.
1.2 Les prestations de services
Les travailleurs handicapés admis en ESAT peuvent
être autorisés à exercer leur activité à
l'extérieur de celui-ci. Dans le cas où une activité
à caractère professionnel exercée à
l'extérieur, est susceptible de favoriser l'épanouissement
personnel et l'intégration sociale des travailleurs handicapés.
Cette activité professionnelle extérieure constitue une voie de
transition entre le milieu protégé et le milieu ordinaire.
Ces activités peuvent être de plusieurs ordres et
sont effectuées pour le compte d'un donneur d'ouvrage.
Cela concerne les entretiens d'espaces verts, entretiens des
locaux, détachement permanant d'une équipe de travailleurs en
milieu ordinaire. Les ESAT disposent d'une grande marge de manoeuvre quant
à l'appréciation des activités pouvant être
exercées en prestation de service à l'extérieur, ceci afin
de faciliter et d'encourager leur développement.
Il est évident que les travailleurs handicapés
exerçant leurs activités à l'extérieur de
l'établissement doivent pouvoir continuer à
bénéficier des soutiens médicaux, éducatifs, et
sociaux.
Ce type d'activité peut revêtir deux formes, soit
c'est un détachement à la journée d'une équipe de
travailleurs handicapés chez le donneur d'ouvrage pour
l'exécution d'une prestation ponctuelle, soit cela peut être un
détachement continu chez le donneur d'ouvrage pour l'exécution
d'une prestation à caractère permanent. Ceci est le cas pour
l'ESAT-CAT du Val de Lorraine, une équipe est détachée aux
transports Michel de Champigneulles.
Ces deux activités ont un impact différent sur
le coût de financement des ESAT-CAT. Ainsi lorsqu'un
bénéficiaire ou une équipe de bénéficiaire
est mise à la disposition d'une entreprise, l'ESAT doit payer les
travailleurs alors qu'ils n'ont aucune production à l'intérieur
même de la structure et l'entreprise usagée
bénéficie d'une main d'oeuvre à un coût très
faible. Alors que lorsqu'il s'agit de prestations de services l'entreprise
où est effectuée la prestation, paye l'ESAT pour cette
dernière ce qui permet de compenser la non productivité des
individus en détachement. De plus la mise à disposition
entraîne logiquement une embauche au bout de deux ans, si le travailleur
ne convient pas il peut être renvoyé au bout de ce temps. Avant
d'établir la mise à disposition il faut être sur de
l'individu et de ses capacités car un retour à l'intérieur
des murs de l'ESAT est très décourageant et dévalorisant
pour le travailleur handicapé. Les contrats de mise à disposition
sont donc délicats à élaborer.
1.3 L'impact valorisant du travail
semi-protégé.
Pour le travailleur handicapé n'ayant connu que les
murs de L'ESAT comme lieu de travail, le fait d'être insérer dans
une entreprise ordinaire le valorise énormément. En effet il se
sent comme tous les autres employés de l'entreprise. Il arrive aux
mêmes horaires et effectue les mêmes tâches. De plus il
découvre de nouvelles règles de fonctionnement, et se rend compte
qu'il est capable d'effectuer le même travail qu'une personne n'ayant pas
de handicap.
Après s'être entretenu avec des travailleurs
effectuant de la prestation de service, il en ressort qu'aucun d'entre eux ne
veut retourner travailler à l'intérieur de l'ESAT.
Le travail qui leur est confié à
l'extérieur est beaucoup plus intéressant pour leur niveau de
compétences que celui proposer au sein de l'établissement. De
plus cela entretien les acquis sociaux et les compétences
professionnelles.
Il est donc important de saisir les enjeux de ces
alternatives au milieu ordinaire de travail. Ils ont impact fort sur
l'évolution professionnelle du travailleur handicapé, cette
évolution peut aller dans le bon sens comme dans le mauvais, car les
freins et les accélérateurs à cette possible
évolution du travailleur handicapé sont multiples.
Section 2 : Des alternatives avec des enjeux
multiples.
Plusieurs enjeux interviennent dans l'évolution
professionnelle et sociale de la personne handicapée au travail. Ces
enjeux peuvent lui retirer une partie de son autonomie qu'il avait auparavant
lorsqu'il assurait des décisions qui ne sortaient pas du cadre du milieu
protégé. Trois enjeux sont à prendre en
considération, d'une part les freins à son évolution vers
un milieu semi-protégé et d'autre part le rôle des
opérateurs d'insertion dans le suivi de ces travailleurs. Et pour finir
l'autonomie du travailleur comme pivot central de la mise à disposition
ou de la prestation de service.
2.1 Le passage vers un milieu
semi-protégé.
Les structures de travail protégé et en
particulier les ESAT, apportent à ces travailleurs une
sécurité de l'emploi, de rémunérations et des
conditions de travail qui sont transférables lors d'activités de
mise à disposition ou de prestation de service. Cela est important pour
ces individus car malgré leur évolution ils ont encore besoin
d'être dans un cadre qui leur offre un minimum de protection. Mais l'on
constate également que les entreprises ordinaires qui accueillent ce
type de prestations n'ont pas forcément une image très positive
des travailleurs handicapés. Elles redoutent une insuffisance
professionnelle, des réactions imprévisibles et
l'intolérance de leurs propres employés. Il est donc difficile
parfois de collaborer avec certaines entreprises et de leur faire accepter les
travailleurs handicapés avec parfois des individus ayant des
capacités de rendements aussi élevée que les ouvriers de
milieu ordinaire.
De plus les travailleurs handicapés eux même
parfois redoutent le milieu de travail semi protégé. La perte de
leurs repères ne les incite pas à s'y engager malgré le
soutien qu'ils peuvent y trouver pour évoluer.
2.1.1 La place des familles
Les familles quant à elles peuvent à la fois
être un frein mais aussi une source de motivation pour que le travailleur
handicapé accède au milieu semi-protégé.
Le constat est général, les personnes
handicapées au travail qui arrive à évoluer
professionnellement et socialement ont des familles qui les soutiennent
fortement, et qui suivent leur évolution de prés tout en les
laissant prendre les décisions les plus importantes pour leur avenir. De
plus se sont des familles qui ont toujours refusé un travail
dégradant pour leurs enfants. Ces éléments qui peuvent se
révéler positif pour un individu peuvent être vécus
comme de manière négative pour un autre.
En effet certaines familles ou tuteurs légaux pensent
que la personne handicapée au travail sera beaucoup mieux dans un milieu
semi protégé voir même un milieu ordinaire, alors que cette
personne malgré un effort de formation n'atteindra probablement jamais
le niveau requis pour accéder au milieu semi protégé et
encore moins au milieu ordinaire. Le cas des familles peut aussi poser
problème, lorsque l'adulte handicapé possède les
capacités d'accéder à des mises à disposition ou
à des prestations de service, mais la famille possède une
certaine réticence à voir l'adulte handicapé
évoluer dans un milieu ouvert, elle n'a pas envie de changer son mode de
fonctionnement, et a des craintes sur la capacité d'autonomie de
l'adulte.
C'est pourquoi le plus souvent les familles sont
prévenues des actions que l'adulte veut mettre en place, mais leurs
accords n'ont aucunes valeurs. Cela permet à l'adulte d'être libre
dans ses choix malgré qu'il puisse être fortement influencé
par les personnes qui l'entourent.
La place des familles dans les choix de l'adulte
handicapé est un problème récurrent. Les
établissements et services d'aide par le travail ne veulent pas
impliquer les familles pour ne pas dévier de leur logique d'action, car
si tous les avis étaient pris en compte, le développement
professionnel et social de l'adulte serait fortement perturbé.
2.1.2 Le niveau d'autonomie
Un autre élément est fédérateur de
l'insertion dans un milieu semi protégé c'est l'autonomie du
travailleur handicapé. L'autonomie est le facteur principal du passage
du milieu protégé à un milieu semi protégé
et surtout pour l'insertion en milieu ordinaire si cela est possible.
C'est pourquoi le soutien deuxième type est
très important il va permettre, comme il a été dit dans la
deuxième partie, de développer son autonomie sociale
c'est-à-dire la gestion du temps, le déplacement en transport en
commun...etc.
Sans ce développement social, le milieu semi
protégé est inaccessible, car les travailleurs handicapés
doivent en principe conserver une totale autonomie pendant l'exécution
des travaux de mise à disposition ou de prestation de service, par
rapport aux autres salariés de l'entreprise.
C'est pourquoi si l'on prend l'exemple de l'ESAT du Val de
Lorraine, malgré un large panel d'individu bénéficiant du
développement de l'autonomie par le centre de soutien, peu sont capables
d'évoluer en autonomie dans la vie quotidienne et professionnelle, c'est
pourquoi une seule équipe est détachée en entreprise, et
seulement une dizaine de personnes sont en prestation de service à
l'extérieur. L'autonomie est donc un pivot de l'insertion en milieu semi
protégé.
Mais il ne faut pas occulter le rôle des
opérateurs d'insertion dans les enjeux de la valorisation des
compétences.
2.2 Les opérateurs d'insertion
L'insertion dans le milieu semi protégé et
même l'accompagnement dans le développement des compétences
de la personne handicapée au travail est fortement corrélé
avec le rôle des différents opérateurs d'insertion. Les
missions des intervenants travaillant dans ce champ entre l'insertion et le
suivi, occupent une place à la fois capitale et discrète. Ces
opérateurs servent à la fois de passage et de modification d'un
état ou d'une situation initiale.
Comme il a été décrit plus haut, on
observe une certaine évolution dans le développement des
compétences du travailleur handicapé et par là même
une dynamique des opérateurs d'insertions, basées sur une
méthodologie rigoureuse, comme le projet individualisé ou le
modèle d'accompagnement personnalisé.
En effet la personnalisation des parcours implique de
mobiliser des compétences et des ressources diversifier. Autrement dit,
rendre la personne acteur de son parcours, repose sur la qualité des
contributions fournies par l'opérateur d'insertion en matière de
méthodes et de moyens.
En effet l'opérateur d'insertion doit découvrir
des potentialités et l'implication participative, de tout individu
porteur d'une demande même encore discrète, de recomposer ou
restaurer des liens distendus avec la vie collective c'est à dire
« de participer à la modification de la situation de
désinsertion vécue » (Dynamique d'insertion).
Ces acteurs ont un rôle à part entière,
ils ont pour principe d'accepter la personne telle qu'elle est, avec ses
désirs, ses acquis, ses manques, ses préférences et dans
le même temps que la personne accepte d'être aidée
c'est-à-dire qu'elle approuve l'intervention externe.
Le travailleur handicapé peut de lui-même
développer et valoriser ses compétences en devenant acteur de son
parcours professionnel et social, mais aussi grâce aux opérateurs
d'insertions comme les moniteurs d'atelier, la coordinatrice technique et
pédagogique, qui élaborent avec eux tout un schéma
d'évolution possible. Ainsi par son travail l'opérateur va
pouvoir permettre au travailleur handicapé d'entamer peut être une
phase en milieu semi protégé. L'opérateur va pouvoir
repérer les individus en capacité d'évoluer dans ce
milieu.
Les enjeux de ces alternatives professionnelles (la mise
à disposition et la prestation de service) n'ont pas uniquement que des
impacts sur le travailleur handicapé, ils ont des conséquences
sur la place des familles et les opérateurs d'insertion. Le milieu semi
protégé est donc une conséquence possible aux
évolutions des formations et des compétences professionnelles et
sociales de la personne handicapée.
Ces différentes dynamiques pour recentrer les
travailleurs au coeur du dispositif de l'action sociale, médicosocial et
professionnelle portent à croire que le travail est un facteur
d'émancipation et qu'il sert de dynamique contre la discrimination.
Ainsi les enjeux de la valorisation des compétences
professionnelles et sociales seraient également la reconnaissance du
travailleur handicapé au sein de la société
française.
Le travailleur se rendant acteur de son parcours et donc de
son avenir serait lui-même un acteur principal de la lutte contre
l'exclusion.
Chapitre 2 : Le travail facteur
d'émancipation et de lutte contre l'exclusion.
Le développement des compétences de la personne
handicapée au travail peut être vécu par celle-ci de
plusieurs manières. Maintenant que l'individu est replacé au
centre du dispositif et qu'il a été démontré qu'il
est bien acteur de sa vie professionnelle et sociale, il est intéressant
de voir quels effets peuvent avoir ces améliorations des
compétences sur le ressenti des personnes handicapées à
propos de leurs places au sein de la structure de travail
protégé. Il est pertinent aussi de constater ce que la
valorisation des compétences, et donc l'évolution du parcours de
vie dont l'auteur est la personne handicapée au travail, a comme effet
général sur la lutte contre l'exclusion dans la
société.
Section 1 : Le développement des
compétences, un facteur d'émancipation.
L'idée de travail émancipateur introduit un
discours différent au fil du temps. Dans l'ensemble, les travailleurs
handicapés paraissent satisfaits d'avoir une place où - comme
les autres- ils se rendent utiles, de gagner un salaire qui leurs permet de
satisfaire leurs désirs sans avoir de compte à rendre, et surtout
de retrouver leurs collègues, travailleurs handicapés, comme eux,
avec des problèmes similaires, qui en font des interlocuteurs valables
et compréhensifs.
Mais si d'après certaines enquêtes ou
entretiens, il peut être constaté que les personnes
handicapées au travail ne disent pas exactement que le travail les
épanouit. Au contraire certains relevaient le caractère
aliénant de leurs activités au sein de l'ESAT.
Mais la réalité est difficile à cerner,
quand l'adulte se déclare satisfait de son travail c'est parce qu'il
considère que c'est un acquis positif. Ce n'est pas le droit au travail
qu'il revendique mais autre chose, qui dans la société actuelle
passe par la mise au travail.
Ce qui ressort de cette revendication c'est surtout
l'accès à un pouvoir d'achat correct. Il veut choisir
lui-même ce qui agrémentera sa vie et donc la prendre en main. Ce
qui ressort de ces enquêtes c'est que l'adulte cherche des moyens pour ne
pas se faire imposer sa vie malgré lui, et l'argent qu'il gagne est un
de ses moyens.
Le travail est fait pour apporter de l'argent, mais il
représente un temps considérable dans la vie d'un adulte
handicapé ou non. La phrase type que l'on retrouve c'est « ce
que je fais au CAT est bien, mais je voudrais changer, j aimerais apprendre
autre chose pour trouver mieux ».
On rejoint donc tout ce qui à été
développé ci-dessus, il y a là pour certains le
désir d'accéder à un travail moins protégé
et donc plus valorisant, intéressant et mieux payer. Mais pour
l'essentiel des travailleurs handicapés, c'est avant tout d'avoir le
choix entre les travaux à effectuer et pouvoir continuer ou non tel ou
tel travail au sein du milieu protégé. Le marché du
travail ordinaire ne représentant que le stade ultime de la
diversité.
Il faut améliorer les formations professionnelles au
sein du milieu protégé mais également la forme
d'organisation du travail comme on l'a vu dans la deuxième partie. En
effet ce changement d'organisation peut permettre la création de
nouveaux postes. Il faut diversifier les tâches et la manière de
les concevoir pour que le travail soit intéressant et soit une source de
satisfaction pour la personne handicapée au travail.
Lorsque ces diverses actions seront réunies au sein du
milieu protégé, il pourra être dit que le travail est
source d'émancipation. Mais l'on ne peut pas l'affirmer que par la
présence d'un salaire et d'un poste de travail. Il faut une
diversité au sein des ESAT.
Et pour aller plus loin, c'est par cette diversité que
le travailleur handicapé va pouvoir lutter contre les exclusions et les
discriminations auxquelles il fait face. Cela va permettre de débloquer
la situation du travailleur handicapé mental.
Section 2 : Valoriser le travail et les
compétences pour lutter contre l'exclusion.
Le travailleur handicapé, acteur de son parcours
professionnel et social, permet de mettre en place une dynamique de
reconnaissance. La démarche de reconnaissance est en effet très
importante c'est l'une des clés de réussite auprès des
travailleurs. Cela récompense les personnes pour leurs engagements tout
au long de leur évolution professionnelle et sociale.
Ainsi cette démarche de valorisation des
compétences permet à l'adulte handicapé d'accéder
à un niveau de travail qui est reconnu par la société.
C'est pour cela qu'il faut absolument développer la formation
professionnelle, la mobilité au sein de la structure de travail et aussi
en dehors. Le milieu ordinaire de travail doit commencer à
reconnaître les compétences des travailleurs handicapés
pour essayer de leurs offrir des postes sur le marché économique
ordinaire. En effet si les ESAT mettent en place une véritable
démarche de reconnaissances des compétences, les travailleurs
pourront accéder à des niveaux de compétences égaux
à ceux que l'on peut trouver dans le milieu ordinaire. Ainsi certains de
ces travailleurs handicapés pourront être reconnu an tant que tel.
Les compétences et leurs validations par des certificats nationaux
servent de passeport pour l'accès au milieu ordinaire. Cela permet de
lutter contre les discriminations.
Mais la valorisation des compétences n'est pas
seulement un passeport pour l'accès au milieu ordinaire, c'est aussi un
moyen pour le milieu protégé de faire évoluer ses
structures en termes de marché économique à
conquérir. Si cela peut être mis en place les
établissements et services d'aide par le travail vont rencontrer une
certaine reconnaissance économique qui permettrait de ne pas être
exclu de certains secteurs ou de certains marchés. Cela est
également valorisant pour le travailleur handicapé. En terme
psychologique, il se sent en phase avec les attentes de la
société actuelle qui est de travailler mais aussi
d'évoluer tout au long d'une carrière professionnelle.
De plus la valorisation des compétences sociales
permet d'accéder à des connaissances utiles pour lutter contre
l'exclusion.
Ainsi le fait de savoir se déplacer seule et
gérer sa vie quotidienne sans aide permanente consent une moindre
exclusion de la personne handicapée au travail.
Conclusion
La personne handicapée au travail accueillie en milieu
protégé possède donc tout un panel de possibilités
pour évoluer professionnellement et socialement. Le milieu
protégé lui apporte le cadre nécessaire pour
s'épanouir. S'il le souhaite le travailleur d'un établissement et
service d'aide par le travail peut devenir acteur de son parcours de vie tant
au niveau du travail qu'il effectue que dans sa vie quotidienne. Le projet
individualisé lui permet de définir un axe d'évolution
possible, le soutien deuxième type invite le travailleur à se
prendre en main d'un point de vue santé, hygiène et condition de
vie.
Mais cela n'est pas suffisant, une évolution plus
grande est possible si les structures mettent en place d'autres systèmes
et si la législation évolue plus rapidement au niveau de la
formation professionnelle en milieu protégé et donc en ESAT. Si
l'établissement de travail protégé veut répondre le
mieux possible à ces missions économiques et sociales, il doit
promouvoir de nouvelles pratiques professionnelles comme c'est le cas pour le
projet « différents et compétents »,et doit
favoriser des nouveaux rapports sociaux mettant en jeux la responsabilisation
professionnelle du travailleur handicapé, leur formation, leur
qualification au travers des projets individualisés mais aussi
grâce à la reconnaissance de leurs compétences, tout en
associant l'ensemble des professionnels de l'établissement dans un
travail collectif, ouvert à des entreprises extérieurs qui
permettrait un enrichissement de la qualité du travail, où la
personne handicapée située au centre du dispositif est actrice de
son propre développement. Le travailleur handicapé est acteur de
ses évolutions si la structure qui l'accueille met tout en place pour
atteindre les objectifs déterminés dans le projet
individualisé, voir même développe d'autres dispositifs que
ceux cités dans la législation.
Mais certains éléments peuvent se
révéler un frein au fait que la personne handicapée soit
au centre de ses décisions. La famille et l'entourage de la personne
handicapée au travail cherche encore sa place dans le dispositif
médico-social qui entoure l'adulte handicapé mental. La loi du 11
février 2005 à affirmer l'accompagnement et le soutien des
familles et des proches mais n'apporte aucune précision quant au
rôle que doit effectuer l'entourage de la personne handicapée sur
les décisions prisent par celle-ci. Autant il paraît utile que
l'enfant et l'adolescent soit accompagner tout au long de sa scolarisation,
ceci ne doit pas nécessairement se poursuivre dans le milieu
professionnel. L'adulte handicapé mental doit être
considéré comme une personne capable de prendre des
décisions tout en étant entouré par les professionnels de
l'établissement. La famille devrait alors le soutenir et l'accompagner
dans ses décisions, mais ne doit en aucun cas décider à sa
place comme s'est hélas souvent le cas.
La personne handicapée au travail est donc actrice de
son parcours professionnel et social mais à condition qu'elle ne
connaisse pas d'obstacles et que les structures de travail
protégé soient enclin à cette évolution.
Pour finir, il est important d'évoquer le
problème du travailleur âgé en milieu
protégé. Tout au long de sa carrière la personne
handicapée va pouvoir décider de son évolution et faire
des choix. Mais qu'en est-il lorsque des phénomènes de
régression et de fatigabilité apparaissent ? En effet
l'inadaptation due au vieillissement dans la structure de travail conduit
à l'exclusion de la personne, non seulement de son lieu de travail mais
aussi de son lieu d'hébergement qui y est parfois rattaché. Tout
cela va remettre en cause le processus dans lequel la personne s'était
inscrit c'est-à-dire perte de l'autonomie financière, dissolution
du lien social. A l'heure actuelle il n'existe pratiquement aucune structure
adaptée pour accueillir les travailleurs âgés du milieu
protégé. Alors qu'il va pouvoir prendre des décisions tout
au long de sa vie, le travailleur handicapé sera incapable de
décider de son avenir une fois que ces capacités de travail
seront réduites, puisque rien n'est mis en place pour sa retraite. Il
apparait inacceptable qu'au moment même où sa
vulnérabilité augmente, la personne handicapée perd les
avantages attachés à son statut initial en devenant personne
âgée.
La législation traite peu de ce problème.
Après avoir remis la personne handicapée au centre des actions le
concernant, il serait utile d'élaborer différentes
démarches pour accueillir le travailleur handicapé
âgé qui n'a plus sa place dans un établissement et service
d'aide par le travail.
Bibliographie
BARDOULET C. (2007), Handicap et emploi. Vuibert (Social en
pratique), 183 pages.
BEAUJOLIN J-F (2001), Vers une organisation apprenante.
Liaisons, 167 pages.
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(Action social), 296 pages.
CROZIER, M et FRIEDBERG, E. (1977), L'acteur et le
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ROBICHON, T (2008), « Le travail
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Equipe technique, (2008) « projet
d'établissement du Val de Lorraine», 58 pages.
UNAPEI, (2008), Modèle d'accompagnement
personnalisé. Guide pratique, 58 pages.
Annexes
N°1 : Organigramme de l'unité
de gestion : LIVERDUN, PONT A MOUSSON
N° 2: Répartition des
présents par âge et par sexe
N° 3: Projet d'orientation
N°4 : Statistiques des provenances
N°5 : Les exigences de la
tâche
N° 6: Exemple de projet
individualisé
N° 7: Grille d'évaluation
MAP
N° 8: Carte de l'AEIM
N°9 : Carte des CFS
N°10 : Exemple des thèmes
développés au CFS
Table des matières
Introduction
P 3
Première partie : Le milieu
protégé un cadre adapté au travailleur handicapé
mental
|
P 8
|
Chapitre 1 : La vocation des
établissements et services d'aide par le travail
|
P 8
|
Section 1 : Le long parcours de la reconnaissance des
ESAT
|
P 8
|
Section 2 : La fonction de moniteur d'atelier entre
production et accompagnement
|
P 10
|
Section 3 : L'environnement de l'ESAT-CAT du Val de
Lorraine
|
P 11
|
3.1 Le fonctionnement de l'ESAT
|
P 11
|
3.2 Les limites pathologiques
|
P 12
|
3.3 Les partenariats de l'ESAT-CAT
|
P 14
|
Section 4 : Offrir la possibilité de faire des
stages pour permettre un choix professionnel
|
P 15
|
4.1 Des stages pour évaluer les capacités
d'entrée en ESAT
|
P 15
|
4.2 L'entrée en ESAT ou la réorientation
|
P 17
|
Section 5 : Le rôle fondamentale de la
CDAPH : les nouveautés de la loi de 2005
|
P 18
|
Chapitre 2 : Les offres de services de l'ESAT,
une réponse à la loi 2002-2
|
P 20
|
Section 1 : L'offre de service et l'offre de prestation
de service
|
P 20
|
Section 2 : Objectifs de ces offres de services
|
P 21
|
Chapitre 3 : L'emploi en milieu
protégé, les acquis et les innovations
|
P 23
|
Section 1 : De nouvelles conditions à
remplir
|
P 23
|
Section 2 : Le statut des travailleurs handicapés
en ESAT
|
P 24
|
2.1 Le droit à congé
|
P 24
|
2.2 Les autorisations d'absence
|
P 24
|
2.3 La rémunération en ESAT
|
P 24
|
|
|
|
|
Deuxième partie : Les moyens pour le
travailleur handicapé d'évoluer professionnellement et
socialement
|
P 26
|
Chapitre 1 : Les outils des ESAT pour
permettre aux travailleurs de faire le point sur leurs parcours professionnels
et sociaux
|
P 27
|
Section 1 : Le principe d'écoute et de
consultation du travailleur handicapé
|
P 27
|
1.1 Traitements et indicateurs de suivi
|
P 28
|
1.2 Entretien régulier avec l'équipe
soignante
|
P 28
|
1.3 M.A.P
|
P 29
|
Section 2 : Le projet individualisé
|
P 30
|
2.1 Définition
|
P 30
|
2.2 Les acteurs du projet individualisé
|
P 31
|
2.3 La méthodologie
|
P 31
|
2.4 L'évaluation
|
P 32
|
2.5 L'impact du projet individualisé et le
suivi
|
P 32
|
Chapitre 2 : La mobilité dans
l'emploi
|
P 33
|
Section 1 : La formation professionnelle des
personnes handicapées : source de mobilité au sein de leurs
parcours
|
P 33
|
1.1 Le cadre réglementaire et politique
|
P 33
|
1.2 Pratique et expérience
|
P 35
|
Section 2 : La mobilité inter-ESAT
|
P 36
|
2.1 La mise en place d'inter-cat 35
|
P 36
|
2.2 De la mobilité pour casser la routine
|
P 37
|
Section 3 Des parcours qualifiant et
professionnalisant : un long chemin à parcourir
|
P 38
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Chapitre 3 : De l'amélioration des
compétences au changement organisationnelP 40
Section 1 :L'amélioration des
compétences grâce au centre de soutienP 40Section 2 : Le
projet « différents et compétents »P
42
Troisième partie : Les enjeux de la
valorisation des compétences professionnelles et
sociales
P 46Chapitre 1 : Les conditions
d'élaboration des différentes alternatives au milieu
protégéP 47Section 1 : Le travail semi
protégéP 47 1.1 La mise à dispositionP 47 1.2
Les prestations de servicesP 48 1.3 L'impact valorisant du travail semi
protégéP 49Section 2 : Des alternatives avec des enjeux
multiplesP 50 2.1 Le passage vers un travail semi
protégéP 50 2.1.1 La place des famillesP 51 2.1.2 Le
niveau d'autonomieP 52 2.2 Les opérateurs d'insertionP 52
Chapitre 2 : Le travail facteur
d'émancipation et de lutte contre l'exclusionP 54
Section 1 : Le développement des
compétences, un facteur d'émancipation P 54Section2 :
Valoriser le travail et les compétences pour lutter contre l'exclusion.P
56Conclusion
P 57
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