CHAPITRE I : Les OPA : Acteurs de
développement
Il n'y a de développement que d'hommes. De part la
qualité de leur savoir, savoir être et savoir faire, les hommes
contribuent au développement du monde en général et de
leur société en particulier. Au-delà des actes individuels
que pose chaque homme pour se promouvoir et promouvoir sa profession et/ou sa
société, des individus manifestent le besoin de mettre en commun
leurs forces pour mieux défendre leurs intérêts et ceux de
leur corporation. Ils se mettent ainsi en association. En effet, c'est un fait
universel de remarquer que dans presque toutes les corporations ou secteurs
d'activités, il existe des associations qui naissent pour diverses
raisons. Ces associations sont le signe de la volonté collective des
acteurs concernés de se prendre en charge. En tant que telles, elles
sont considérées comme acteurs de développement. Dans le
présent chapitre, nous essaierons d'appréhender la manière
dont les associations d'artisans de la commune de Kandi développent
certaines initiatives qui promeuvent leur commune.
Section 1 : La création et la gestion du
Groupement Mutualiste d'Epargne et de Crédits (GMEC) des artisans de la
commune de Kandi.
L'une des difficultés auxquelles sont
confrontés les artisans demeure le difficile accès aux sources de
financement et de formation. En effet, les investissements dans ce secteur sont
généralement réalisés hors du circuit bancaire
classique. Ils sont réalisés en majorité par
autofinancement, par prêt familial, avec la tontine ou le concours des
Institutions de micro-finance (IMF). Cet accès au financement est encore
plus difficile dans la mesure où la plupart des parcelles ne sont pas
loties et recasées. Les artisans ne disposant pas de titres de parcelle
(Convention de vente de parcelle, Permis d'habiter, titre foncier etc.), sont
donc dépourvus de garanties ; ce qui les empêche de recourir
aux institutions de financement classiques afin de bénéficier de
prêts. Or, la pratique courante dans le secteur de l'artisanat au
Bénin est celle de la micro-entreprise unipersonnelle.
Dans le cadre de la promotion de leurs micro-entreprises
artisanales, les artisans sont confrontés dans la majorité aux
problèmes sus cités. C'est donc pour trouver des solutions
à ces difficultés que les artisans à travers leurs
Associations et grâce au concours des partenaires au
développement, ont initié le Groupement Mutualiste d'Epargnes et
de Crédits (GMEC) de la commune de Kandi.
1. La création du GMEC.
A l'instar des OPA de certaines autres communes, celles de la
commune de Kandi ont aussi ressenti la nécessité de dynamiser
leurs associations en se dotant d'un GMEC.
Les premières initiatives de création du
Groupement Mutualiste d'Epargnes et de Crédits des artisans de la
commune de Kandi remontent aux années 2002-2003 avec l'appui financier
de la Fondation Hanns Seidel. En effet, suite aux multiples demandes en
formations exprimées par les artisans de Kandi, la Fondation Hanns
Seidel en partenariat avec ces derniers, a financé
une formation à eux donnée par La Jeune Chambre Soleil sur la
gestion des entreprises en Octobre 2003. Cette formation les a initiés
aux différentes procédures administratives, fiscales, juridiques
et économiques sous-jacentes à la création d'une
entreprise. Mais, c'est au début de l'année 2004 que les
artisans, avec l'appui institutionnel de la FeNAB, ont pu porter sur les fonds
baptismaux le Groupement Mutualiste d'Epargnes et de Crédits de leur
localité.
2. La gestion du GMEC.
Le Groupement Mutualiste d'Epargne et de Crédits des
artisans de Kandi se compose de deux (02) organes statutaires à
savoir :
1) L'Assemblée Générale :
Elle est l'instance souveraine de décision et de
délibération de l'association. Elle a pour attributions
de :
i. définir les orientations fondamentales du groupement,
examiner le bilan des activités du Bureau Exécutif, examiner et
approuver les comptes de résultats du Bureau Exécutif,
ii. délibérer sur l'octroi de micro-crédits
aux artisans, définir les tâches à accomplir par le Bureau
Exécutif, contrôler la gestion des fonds et du patrimoine du
groupement,
iii. définir le programme d'activités annuelles du
groupement sur proposition du Bureau Exécutif, élire les membres
des différents organes, délibérer sur l'admission de
nouveaux membres, les subventions, dons, legs, contrats de partenariat,
d'assistance, de prêt etc.
iv. statuer sur la suspension, la déchéance des
membres du Bureau Directeur et/ou sur leur remplacement, décider de la
dissolution du groupement, délibérer sur toutes questions
inscrites à son ordre du jour etc.
Elle se réunit en session ordinaire chaque mois sur
convocation du Bureau Exécutif. En cas de non respect de cette
périodicité sans raison valable, elle pourra se réunir en
session extraordinaire sur pétition signée du tiers (1/3) au
moins des membres en règle vis-à-vis du groupement.
2) Le Bureau Exécutif :
Il est l'organe d'exécution des décisions de
l'Assemblée Générale. Il anime les travaux individuels et
collectifs des membres du groupement, favorise les échanges
d'information sur les activités. De même, il exécute le
programme d'activités et le budget du groupement.
Il :
i. veille au suivi des objectifs et recommandations de
l'Assemblée Générale, examine et juge les contentieux,
autorise les dépenses et les activités prévues au budget
et dans le programme d'activités,
ii. décide des questions à soumettre à
l'Assemblée Générale, enregistre les épargnes des
artisans, monte, finalise et présente à l'Assemblée
Générale les dossiers des artisans ayant sollicité de
prêts, procède au déboursement des crédits et
à leur recouvrement etc.
Il assure la permanence au siège du groupement et
exécute quotidiennement les activités prévues dans son
programme. Tous ces organes jouent un rôle important dans la gestion de
la mutuelle.
En effet, l'accès à la mutuelle est
subordonné au paiement d'un droit d'adhésion de mille (1000)
francs CFA permettant d'avoir une carte de membre. Une somme de deux mille deux
cents (2200) francs CFA est payée par chaque membre adhérent
à la fin du mois. De cette somme, deux mille (2000) francs CFA sont
réservés à la caution pour crédit et deux cents
(200) francs CFA pour la participation aux frais de fonctionnement de la
mutuelle. Les cotisations versées par les membres sont réparties
selon un quota. Le tiers est détenu au siège de la mutuelle et
les deux tiers restant sont versés à la CLCAM de la
localité. Durant le mois, les membres du Bureau Exécutif
étudient les dossiers des artisans demandeurs de crédits qui
paient régulièrement leurs cotisations. A la session de
l'Assemblée Générale à la fin de chaque mois, ces
dossiers sont de nouveau étudiés et les
bénéficiaires de crédits retenus. Le délai d'octroi
des crédits varie entre une (01) et deux (02) semaines. Les
crédits varient de quinze mille (15000) francs CFA à trente mille
(30000) francs CFA.
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