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La dynamique associative dans le secteur de l'artisanat à Kandi: un enjeu de développement ?


par Hugues Tayé ADJOVI
Université d'Abomey-Calavi
Traductions: Original: fr Source:

Disponible en mode multipage

UNIVERSITE D'ABOMEY CALAVI

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FACULTE DES LETTRES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES

(FLASH)

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Département de Sociologie-Anthropologie

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Mémoire de Maîtrise

LA DYNAMIQUE ASSOCIATIVE DANS LE SECTEUR DE L'ARTISANAT A KANDI :

UN ENJEU DE DEVELOPPEMENT ?

Présenté par : Sous la direction de :

Hugues Tayé ADJOVI Dr. Elisabeth FOURN

Maître Assistant

Président du jury : Mr AGOSSOU Christian

Rapporteur : Mme FOURN Elisabeth

Membre : Mme HEDIBLE

Note : 16/20

Année Académique 2006-2007DEDICACE

A

Vous Claude ASSABA, pour votre contribution à notre formation et à la réalisation de ce travail.

Toi Miguel Précieux Médéssè ADJOVI et ta maman Ninon Sylvestra ADIFFON, pour tout l'amour et la joie que vous m'apportez.

REMERCIEMENTS

Que tous les Enseignants qui ont contribué à notre formation, en l'occurrence, ceux du Département de Sociologie-Anthropologie ;

Notre Maître de Mémoire qui a su, au-delà de ses multiples occupations, consacrer le temps et l'attention nécessaires pour la réalisation de ce travail ;

Nos parents qui ont assumé de façon honorable leur responsabilité et encouragé notre sensibilité à la sociologie ;

Notre chère fiancée dont la patience et la tolérance furent d'une précieuse utilité ;

Nos frères et soeurs dont la chaleur fraternelle nous a revigoré tout au long de ce travail ;

Les enquêtés pour leurs respectives contributions ;

Nos amis, camarades et tous ceux qui, de près ou de loin, nous ont aidé ;

Trouvent ici l'expression de notre profonde et sincère gratitude.

SOMMAIRE

Pages

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES ..........................................

6

CITATION ...........................................................................

8

RESUME ..............................................................................

9

 
 

INTRODUCTION GENERALE ....................................................

12

 
 

I- Problématique .....................................................................

16

II- Revues critiques de littérature et état de la question ........................

26

III- Justification du choix du thème et du cadre de l'étude ....................

31

IV- Approche méthodologique .......................................................

34

V- PLAN ..............................................................................

55

 
 

Première partie : LA PARTICIPATION DES OPA AU PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT A KANDI ...................................................

56

 
 

CHAPITRE I : LES OPA : ACTEURS DE DEVELOPPEMENT ............

58

 
 

CHAPITRE II : ANALYSE DE LA PLACE ET DU ROLE DES OPA DANS LE PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT LOCAL A KANDI......

66

 
 

Deuxième partie : LES LIMITES DE LA PARTICIPATION DES OPA AU PROCESSUS DU DEVELOPPEMENT SOCIAL ET ECONOMIQUE A KANDI .............................................................................

87

 
 

CHAPITRE III : LES LIMITES LIEES A LA STRUCTURE ET AU FONCTIONNEMENT DES OPA .................................................

89

 
 

CHAPITRE IV : LA GESTION DES CONFLITS AU SEIN DES OPA.....

101

 
 

Troisième partie : INCIDENCES DE L'ABANDON DES ATELIERS EN PERIODE DE CULTURE DU COTON SUR LE SECTEUR DE L'ARTISANAT A KANDI .......................................................

111

 
 

CHAPITRE V : L'ABANDON DES ATELIERS EN PERIODE DE LABOUR ..............................................................................

113

 
 

Conclusion générale ................................................................

126

Bibliographie ........................................................................

129

Annexes ...............................................................................

i

Table des matières ..................................................................

135

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES

AAA

Association des Artisans de Angaradébou

AAK

Association des Artisans de Kandi

AAK

Association des Artisans de Kassakou

AAS

Association des Artisans de Saah

ACCBK

Association des Couturiers, Couturières et Brodeurs de Kandi

ADK

Association des Dessinateurs de Kandi

AMCK

Association Montagne des Couturières de Kandi

AMK

Association des Menuisiers de Kandi

ASERK

Association des Electriciens et Rebobineurs de Kandi

ASK

Association des Soudeurs de Kandi

ATPK

Association des Tôliers et Peintres de Kandi

ATEIK

Association des Techniciens, Electroniciens et Informaticiens de Kandi

BAA

Bureau d'Appui aux Artisans

BIT

Bureau International du Travail

CA

Chef d'Arrondissement

CCF

Centre Culturel Français

CFAD

Centre pour la Formation et l'Appui au Développement à la Base

CLCAM

Caisse Locale de Crédits Agricoles Mutuels

DCC

Développement Conduit par les Communautés

DNA

Direction Nationale de l'Artisanat

DSRP

Document de Stratégies de Réduction de la Pauvreté

FeNAB

Fédération Nationale des Artisans du Bénin

FMI

Fonds Monétaire International

GMEC

Groupement Mutualiste d'Epargnes et de Crédits

IMF

Institution de Micro Finance

IDH

Indicateur de Développement Humain

INSAE

Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique

MCAT

Ministère de la Culture, de l'Artisanat et du Tourisme

ONG

Organisation Non Gouvernementale

OPA

Organisation Professionnelle d'Artisans

PDC

Plan de Développement Communal

UMMK

Union des Mécaniciens Motos de Kandi

« La société n'est point une simple agglomération d'êtres vivants dont les actions, indépendantes de tout but final, n'ont d'autre cause que l'arbitraire des volontés individuelles ni d'autre résultat que des accidents éphémères ou sans importance ; la société, au contraire, est surtout une véritable machine organisée dont toutes les parties contribuent d'une manière différente à la marche de l'ensemble ».

Saint - Simon

RESUME

Ces dernières décennies, le secteur de l'artisanat a connu au Bénin, un regain d'intérêt. A la faveur du processus stratégique de réduction de la pauvreté enclenché par le Bénin depuis bientôt une décennie et des initiatives promotionnelles engagées par les partenaires au développement, le secteur bénéficie d'une structuration et d'une représentativité certaines qui concourent à le sortir de l'informel. Cependant, l'analyse de la littérature montre que la conception d'un cadre stratégique de lutte contre la pauvreté et le partenariat multilatéral ne sont pas à eux seuls suffisants pour expliquer l'évolution actuelle du secteur. Il est donc nécessaire pour cerner tous les contours, de questionner aussi la dynamique associative et les changements induits par le processus de la décentralisation. Le présent mémoire intitulé : La dynamique associative dans le secteur de l'artisanat à Kandi : un enjeu de développement ? Se propose de réfléchir sur la problématique de la valorisation des ressources locales artisanales par les élus locaux.

Pour conduire à bien ce travail de recherche, nous avons formulé trois hypothèses de recherche pour répondre provisoirement à la question de recherche que nous nous sommes posée. De même, nous avons formulé trois objectifs décrivant de façon précise les actes que nous nous proposons de poser sur le terrain en vue d'atteindre les résultats escomptés dans le cadre de ce travail.

Une fois l'étape de formulation des hypothèses et objectifs achevée, le cadre méthodologique de la recherche a été présenté en indiquant tout d'abord qu'il s'agit ici, d'une recherche à la fois qualitative et quantitative. Elle s'inscrit dans le domaine de la sociologie des organisations et des conflits et peut être soutenu théoriquement par des approches telles que le structuralisme, le fonctionnalisme, le culturalisme etc. L'approche méthodologique nous a également permis de délimiter le cadre géographique de l'étude, de donner des informations sur les orientations de la recherche documentaire, le contenu et la répartition de la population cible, les méthodes et techniques de collecte utilisées, la durée de l'enquête sur le terrain, l'approche adoptée pour le traitement des données et les difficultés rencontrées.

Les données collectées sur le terrain ont permis d'étudier le phénomène sous plusieurs angles. Ainsi, dans une première partie, il a été procédé à l'étude des Organisations Professionnelles d'Artisans en tant qu'acteurs de développement de la commune de Kandi. Les résultats obtenus à ce niveau permettent de conclure qu'en créant un groupement mutualiste d'épargnes et de crédits et une mutuelle de santé, les artisans participent au développement de leur commune. Au niveau de la deuxième partie, les données recueillies ont permis de comprendre que les conflits associatifs sont une réalité permanente aux Associations d'artisans. Et que ces conflits pour la plupart du temps, détournent les efforts fournis par les artisans des objectifs qu'ils poursuivent.

Les données recueillies au niveau de la troisième et dernière partie ont permis de comprendre comment se manifeste le phénomène de l'abandon des ateliers par les artisans en période de culture du coton à travers, ses causes et conséquences sur la dynamique associative.

INTRODUCTION

Depuis l'aube des temps, les communautés humaines ont toujours pris à coeur les questions liées à leur développement. Au point où, les civilisations actuelles peuvent être perçues comme des produits améliorés d'une très vieille et progressive transformation de simples peuplades. Ce souci des hommes est encore plus prononcé à notre ère où on parle de développement planétaire, durable, technologique, communautaire etc. Autant d'expressions qui traduisent le progrès des sociétés humaines ou ce à quoi elles aspirent.

Cependant, il est à noter que toutes les sociétés humaines ne sont pas développées de la même manière. Il existe entre elles une énorme fracture que les plus développées tentent davantage de creuser et les moins développées de rattraper. Pays développés et en voie de développement sont des expressions qui traduisent le mieux cette fracture.

Le Bénin quant à lui appartient à la classe des pays en voie de développement. En effet, d'après une récente classification des Nations Unies, « le Bénin est classé 159ème sur les 175 pays figurant dans l'Indicateur de Développement Humain1(*) ». Cette place qu'occupe le Bénin montre qu'il fait partie des pays les plus pauvres et les moins développés du monde. Beaucoup d'indicateurs sociaux indiquent que le Bénin accuse encore un énorme retard notamment dans les domaines de la santé, de l'éducation, de l'emploi, de la sécurité et bien d'autres encore. Les faiblesses de l'économie béninoise illustrent davantage cette situation : l'insuffisance d'usines, la désaffection du secteur cotonnier, la corruption et les diverses difficultés liées aux initiatives de micro-entreprises sont autant de facteurs qui expliquent cet état de chose. Même si au cours des dix dernières années le Bénin a connu « une croissance économique annuelle de l'ordre de 5% »2(*), on ne note pas un réel décollage du pays. La stabilisation de l'économie a été une réussite, mais les réformes structurelles n'ont pas profité à l'agriculture qui demeure, jusqu'ici l'un des secteurs les plus pourvoyeurs de richesse.

Face à ce sinistre profil et sur l'initiative de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International (FMI), le Bénin s'est lancé dans un processus de réduction de la pauvreté qui se traduit par l'opérationnalisation de plusieurs stratégies. L'élaboration du Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP) d'une part, et du Document national de perspective de développement à long terme d'autre part, aide le Bénin à se doter d'une vision en terme de développement. Le contenu de ces documents expose, eu égard au diagnostic fait, les différents enjeux ainsi que les politiques générales et sectorielles envisagées. Mais plus décisif encore est le processus de décentralisation enclenché par le Bénin depuis l'an 2004.

En effet, par la décentralisation, le Bénin renforce ses acquis démocratiques et confère à ses stratégies de réduction de la pauvreté un profil plus participatif. Les populations à la base peuvent désormais être davantage mises à contribution dans la gestion des ressources locales et même exiger des comptes rendus. Mais l'aspect le plus important de cette participation demeure la réelle capacité de ces populations à se prendre en charge et à s'auto-développer. Cela passe nécessairement par la mise en valeur des ressources naturelles locales, mais aussi par la formation des ressources humaines et leur dynamisation dans des cadres bien précis. L'avènement de la décentralisation aide le Bénin à renforcer l'exploitation de ses ressources locales et donc à être plus économiquement compétitif.

Les secteurs de l'éducation, de la santé, de la culture, du tourisme etc. sont des secteurs qui emploient beaucoup de main d'oeuvre et qui, compte tenu de leur importance, exigent des réformes appropriées.

Le secteur de l'artisanat est, par exemple, l'un des secteurs qui emploient le plus de personnes de par sa capacité de production tant sur le plan de la fabrication des produits artisanaux, de la transformation des produits alimentaires que celui des services. En effet, la couture, la teinture, la boulangerie, la vannerie, la mécanique, la menuiserie, la soudure, la coiffure etc. sont des activités ou professions dont nous avons presque quotidiennement besoin. Les acteurs de ces professions jouent ainsi un rôle prépondérant dans la satisfaction de certains besoins élémentaires. Ayant pour la plupart précocement abandonné les études, ils n'ont eu pour seul recours que de se lancer dans une activité artisanale. Activité qui, à l'ère de la mondialisation connaît une évolution qu'ils n'arrivent pas à rattraper faute de formations ou de perfectionnements complémentaires. Pourtant, ce secteur malgré son état actuel, contribue pour beaucoup à la croissance économique du pays de même qu'il crée beaucoup d'emplois.

Ces problèmes qui minent le secteur de l'artisanat connaissent depuis un certain nombre d'années des solutions grâce à la coopération multilatérale entre le Bénin et ses partenaires au développement. Des structures de Coopération internationales et nationales ont joué un rôle non négligeable dans le processus de dynamisation de ce secteur. Les différentes actions promotionnelles engagées par ces dernières ont permis, dans un certain sens, la mise sur pied et le suivi des Organisations Professionnelles d'Artisans (OPA) qui, à un niveau primaire, sont des cadres de  concertation, de dialogue, d'identification des problèmes qui minent le secteur et de recherche de propositions alternatives. Ces associations constituent également des outils de négociation et de lobbying, un creuset d'analyse et de réflexion. Par ailleurs, elles représentent des instances d'élaboration de stratégies communes d'apprentissage et d'application des principes démocratiques élémentaires et surtout de mise en oeuvre d'instruments de lutte contre la pauvreté.

Comme tout document scientifique rigoureusement établi, le présent mémoire est échafaudé par un plan. Ce plan permet de suivre la progression des idées, la succession des différentes parties et leur lien et enfin, la démarche utilisée pour aborder le sujet de recherche. Ainsi, sur la base des hypothèses et objectifs de recherche, de la question de recherche et du type de recherche, nous avons adopté le plan suivant pour ce travail :

· Dans une première partie, nous étudierons la participation des Organisations Professionnelles d'Artisans (OPA) au processus de développement à Kandi. Deux chapitres permettront d'aborder et de discuter cette question.

· Une deuxième partie sera consacrée aux limites de la participation des OPA au processus de développement social et économique à Kandi. A travers les deux chapitres de cette partie, nous étudierons les différents aspects révélant les limites de la participation des OPA au développement de la commune de Kandi.

· Enfin, une troisième partie nous permettra d'évaluer l'incidence de l'abandon des ateliers par les artisans en période de culture du coton sur le secteur de l'artisanat. Un seul chapitre nous permettra ici, d'explorer les méandres de cette question.

I- PROBLEMATIQUE

Vouloir étudier le phénomène associatif en milieu artisan, c'est poser et aborder de façon indirecte une partie de l'histoire et de la structure des associations de ce secteur. Au Bénin, le phénomène revêt un caractère tout particulier du fait même de l'environnement fragile où s'exercent les activités et métiers artisanaux. De fait, l'artisanat est devenu un secteur où la règle est l'auto-emploi. Car, les initiatives individuelles ont été insuffisantes en ce qu'elles n'ont pu apporter des solutions durables aux problèmes qui minent la corporation. La création des Organisations Professionnelles d'Artisans (OPA) était donc devenue une condition sine qua non. «Ces associations sont pour ces femmes et hommes de métier, des cadres de concertation, de dialogues et d'échanges, des moyens de sauvegarde et de défense de leurs intérêts ».3(*)

Historiquement, le mouvement associatif en milieu artisan au Bénin a connu deux périodes d'évolution. La première période s'étend de 1960 à 1989. Au cours de cette période, l'organisation des artisans en association n'avait point connu un développement florissant. La première initiative de regroupement des artisans au Bénin remonte aux années 1950 avec les tentatives de mise en association des photographes de Cotonou. C'est bien des années plus tard et précisément à partir des années 1980 que d'autres professions telles que les habilleurs, les coiffeurs et les électroniciens ont manifesté un intérêt à s'organiser en association. La deuxième période quant à elle s'étend de 1990 à nos jours.

En effet, le mouvement associatif en milieu artisan a connu un véritable essor seulement à partir de l'inédite Conférence des Forces Vives de la Nation. Les artisans ont dès lors éprouvé le besoin de tirer profit de l'ère démocratique pour organiser leur milieu de travail. Ainsi, en novembre 1992 naquit l'Union Nationale des Plombiers du Bénin (UNPB) suivie en 1993, de la Fédération Nationale des Artisans du Bénin (FeNAB). Par la suite, l'appui technique et financier dans le cadre de certains programmes et projets de coopération sur les plans bilatéral et multilatéral a permis au secteur de se structurer davantage. On a assisté dans la deuxième moitié des années 1990 à l'émergence de nombreuses associations d'artisans. Le droit à la liberté d'association que garantit la nouvelle constitution était largement exploité. «Déjà en 2000, le secteur de l'artisanat au Bénin comptait plus de 500 associations à but non lucratif ».4(*)

La Commune de Kandi qui est ici notre cadre d'étude n'est pas restée en marge de cette dynamique.

1. Le problème.

A Kandi, comme dans la plupart des autres communes du pays, les toutes premières initiatives de mise en association des artisans n'ont pas tenu compte de la séparation entre les corps de métiers. L'inexistence du code de l'artisanat faisant défaut. C'est plus tard, avec les contraintes afférentes à la défense des droits de certains corps de métiers et le besoin de visibilité au niveau de la gestion de la grande association commune que la création des organisations professionnelles spécifiques à chaque corps de métiers a été rendue possible.

La publication en 2001 du document sur la Nomenclature des corps de métiers du secteur artisanal au Bénin par la Direction Nationale de l'Artisanat (DNA) sous l'égide de l'Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique (INSAE), a également constitué un facteur concourant dans le processus d'individualisation des associations.

Ainsi, dans la commune de Kandi, les artisans, après être restés plusieurs années au sein de l'Association des Artisans de Kandi (AAK) créée en 1992, s'en sont séparés pour constituer leurs propres associations selon leur appartenance professionnelle. Plus tard en 1994 les électriciens créèrent l'Association des Electriciens et Rebobineurs de Kandi (ASERK). Ils seront suivis un an plus tard par les mécaniciens moto qui créèrent également leur propre association dénommée l'Union des Mécaniciens Moto de Kandi (UMMK). Ensuite vinrent l'Association des Couturiers, Couturières et Brodeurs de Kandi (ACCBK) créée en 2001, celle des Techniciens, Electroniciens et Informaticiens de Kandi (ATEIK) créée en 2004 etc.

Cependant, toutes ces associations créées dans diverses conditions sont confrontées à de nombreux problèmes liés notamment à un déficit en gestion et à un défaut d'exploitation des opportunités d'affaires et de coopération. L'analphabétisme est considéré comme un fléau dans l'ensemble du pays. Et au niveau des artisans, cet analphabétisme est un facteur limitant à la fois pour l'apprentissage de certains cours de perfectionnement technique et pour l'utilisation d'outils de gestion : cela justifie ce besoin d'un programme d'alphabétisation.

En effet, « les artisans associés sont mal préparés voire, mal outillés pour assumer les tâches qui leur incombent dans la gestion de leurs organisations. Ces acteurs souffrent à la fois d'un manque de maîtrise du processus de création des associations et aussi d'un déficit dans la gestion des Organisations Professionnelles d'Artisans »5(*). La plupart des responsables d'association s'étant adaptés aux fonctions de responsables sans un minimum de formation au préalable, gèrent très difficilement les ressources humaines qu'ils ont à leur charge.

De même, les projets de partenariat élaborés avec la collaboration de la mairie dans le cadre de la coopération décentralisée, faute de ressources humaines qualifiées et de moyens suffisants sont jusqu'à présent inexécutés. A cela, il faut ajouter l'impact prépondérant de la culture du coton sur l'économie de la région qui fait que beaucoup d'artisans en période de pluies ferment leurs ateliers, soit temporairement, soit définitivement pour aller cultiver la terre. Cela a une incidence non négligeable sur la durée et la qualité de l'apprentissage et modifie les calendriers des rencontres au sein des associations. Il se pose donc aux associations un problème à la fois d'autonomie et de professionnalisation lié à un conditionnement culturel et économique.

Au regard de tous ces constats, une question centrale se pose : la dynamique associative en milieu artisan dans un contexte de décentralisation constitue t-elle un enjeu de développement dans la commune de Kandi ?

Pour trouver une réponse à cette question, il s'impose à nous, avec la force de l'évidence méthodologique, la formulation de quelques hypothèses.

2. Les hypothèses.

Elles constituent des réponses anticipées à la question de recherche posée plus haut.

· Hypothèse globale :

Les associations d'artisans participent au processus de changement social et économique.

· Hypothèses spécifiques :

1- Les Organisations Professionnelles d'Artisans développent certaines initiatives qui accompagnent le développement local à Kandi.

2- Les conflits internes aux associations ne permettent pas aux artisans d'atteindre facilement les objectifs de développement qu'ils se sont fixés.

3- L'abandon des ateliers par les artisans en période de culture du coton constitue un frein pour une réelle dynamisation des OPA.

3. Les objectifs.

· Objectif global :

Etudier la participation des OPA au processus de développement local et les problèmes auxquels elles sont confrontées.

· Objectifs spécifiques :

1- Analyser les différentes initiatives que développent les OPA pour accompagner à la base le développement de la commune de Kandi.

2- Identifier les différents obstacles liés à la structure et au fonctionnement des OPA.

3- Déterminer les causes de l'abandon des ateliers par les artisans à certaines périodes de l'année et mesurer son incidence sur la dynamisation des OPA.

.

4. Clarification conceptuelle.

La présente recherche s'articule autour de quelques concepts essentiels. La définition du contenu de ces concepts nous permet de mieux circonscrire leur cadre sémantique et ce faisant, d'éviter toutes équivoques. C'est donc à cet exercice que nous nous attellerons dans cette partie.

Le terme «dynamique associative« nous paraît très essentiel dans la compréhension de notre travail. Mais avant de définir à proprement parler ce terme, nous voudrions d'abord délimiter le cadre sémantique des concepts association et dynamique.

L'association, tout comme l'école, la famille, l'entreprise économique constitue une institution sociale ayant une place donnée et jouant un rôle précis dans le système social. Le développement d'une association repose en partie sur une division interne et une complémentarité des tâches dévolues à chacune de ses entités. A l'instar d'une équipe de jeu, chaque membre occupe une place précise et joue un rôle bien défini. Jusqu'à nos jours, la définition la plus précise et la plus citée qu'on a du mot association est celle énoncée dans l'article I de la loi du 1er juillet 1901 en vigueur dans le système de droit béninois.

D'après cette loi, une association est définie comme « une convention par laquelle, deux ou plusieurs personnes mettent en commun d'une façon permanente, leurs connaissances ou leurs activités dans un but autre que celui de partager des bénéfices. Elle est régie, quant à sa validité, par les principes généraux du droit applicables aux contrats et obligations »6(*). De cette définition, on peut retenir les éléments suivants :

· pour créer une association, il faut au moins deux (02) personnes,

· Le but ou l'objet de l'association doit avoir un caractère permanent,

· les personnes concernées doivent accepter et décider librement de se mettre ensemble, de mettre en commun leurs activités ou connaissances,

· L'association est une institution à but non lucratif,

· l'association doit être déclarée

Cependant, nous n'avons pas tenu grand compte de ce dernier facteur dans le choix des associations avec lesquelles nous avons travaillées étant entendu qu'en milieu rural les associations sont confrontées à d'énormes problèmes afférents à l'enregistrement des procès verbaux de réunions constitutives et à la conception de statuts ainsi que de règlements intérieurs. Hormis cet aspect, tous les regroupements de personnes de même corporation dont la constitution répond aux critères sus cités sont qualifiés d'Associations ou d'Organisations Professionnelles d'Artisans (OPA) dans le cadre de notre étude.

Si nous établissons donc que l'association est un regroupement hiérarchisé de personnes acquises à la même cause et unifiant toutes leurs énergies, savoirs et savoir-faire afin d'atteindre les objectifs qu'ils se sont fixés, nous pouvons donc considérer l'association comme un système dont les éléments font un tout et sont interdépendants.

Par le concept de dynamique nous désignons le mouvement ascendant qu'engendre une chose sous l'effet de sa propre force. Plus précisément, il s'agit de l'action conjointe d'éléments formant un tout organisé concourant au même résultat et dont l'interaction augmente le potentiel.

Sur la base de ces préalables, nous désignons par dynamique associative, le mouvement, le progrès engendré sur les plans social, économique, politique, culturel, sanitaire, écologique, technologique etc. par les actions concertées et coordonnées de tous les membres d'une association. Il s'agit donc d'un déploiement de forces à l'interne par les membres de l'association eux-mêmes. Cependant, cette définition de la dynamique associative serait incomplète si on l'entrevoyait seulement sur le plan interne. L'association est impliquée par ailleurs dans un réseau de relations avec d'autres associations ou partenaires externes sans lesquels le fruit de ses actions serait presque imperceptible.

Dans le cadre de ce travail, nous n'entrevoyons donc pas étudier la dynamique associative sous un angle quantitatif en procédant par exemple à une étude et explication de l'évolution des effectifs des OPA avec lesquelles nous avons travaillées ou en quantifiant le nombre d'associations créées sur une période donnée.

Contrairement à cette démarche, nous nous occuperons plutôt de l'étude des initiatives que développent ces OPA et les difficultés qu'elles rencontrent dans le sens de la lutte contre la pauvreté aussi bien au niveau des dispositions prévues dans le Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP) qu'au niveau du Plan de Développement Communal (PDC) de leur localité.

Et c'est précisément à ce niveau qu'apparaît toute l'importance du concept d'enjeu. Car dans ses divers partenariats avec les autres, l'association doit susciter des intérêts. Mais, il est à noter que ces intérêts ne doivent en aucun cas signifier profits pécuniaires ou bénéfices, ce qui serait juridiquement contraire à la nature même de l'association (Article 1er Loi 1901).

Nous désignons donc par enjeu, tout ce que l'association dans ses rapports avec les autres est susceptible de générer en terme d'intérêts à la fois pour les autres et pour elle-même. Ce n'est dans ce contexte d'équilibre mutuel que le développement est possible. En choisissant d'intégrer une association, l'artisan concerné est d'abord conscient de toute la responsabilité du choix qu'il effectue et de sa volonté de participer au développement de son secteur d'activité.

Par le concept de développement, nous entendons, l'extension sur les plans économique, social, politique, environnemental, culturel, technologique etc. que connaît une institution, un pays ou encore une chose. Cette définition appliquée à la commune de Kandi désigne le progrès que connaît ladite commune dans les domaines sus cités par la synergie des actions et stratégies de ses différentes composantes sociales et de ses partenaires au développement. Autrement dit, nous désignons par développement local, le processus traduisant le progrès économique, social et culturel d'une commune ou région. Ce progrès est directement lié à la création de richesse dans la commune, à la gestion de cette richesse et à sa répartition entre tous les acteurs.

Un autre concept très important à définir est celui de conflit. En effet, le concept de conflit est un concept difficile à définir parce qu'il revêt de nombreuses formes et survient dans des cadres différents. Il semble que le conflit soit, par essence, un désaccord, une contradiction ou une incompatibilité. Pour notre part, nous retiendrons dans le cadre de ce travail, que le conflit désigne `'toute situation dans laquelle se trouvent des individus ou des groupes dont les objectifs, les cognitions ou les émotions sont incompatibles et les conduisent à s'opposer''. De cette définition, nous pouvons alors retenir trois types de conflits :

§ les conflits d'objectifs  qui sont des situations dans lesquelles les buts ou les issues préférées par les parties semblent incompatibles.

§ Les conflits cognitifs qui sont des situations dans lesquelles les idées ou les pensées respectives des parties sont perçues comme opposées.

§ Les conflits affectifs qui sont des situations dans lesquelles les sentiments ou émotions respectives des parties sont incompatibles.

II. REVUE CRITIQUE DE LITTERATURE ET ETAT DE LA QUESTION

Il existe des travaux de sociologues, de géographes, d'historiens et d'économistes ayant traité des questions artisanales. Les auteurs de ces différents écrits n'ont cependant pas abordé la question de manière uniforme en ce qui concerne les contenus.

Dans cette partie consacrée à la revue critique de littérature et à l'état de notre sujet de recherche, nous adopterons la démarche ci-après : dans un premier temps, nous exposerons les ouvrages d'ordre général ayant abordé d'une façon ou d'une autre certaines des réalités du monde artisan ou celui des travailleurs et dans un deuxième temps, nous aborderons les ouvrages spécifiques ayant traité de l'artisanat au Bénin. Ce deuxième volet de notre démarche nous servira de transition pour montrer l'insuffisance des différents travaux référencés et en même temps justifier l'originalité et la pertinence de notre travail.

C'est ainsi que dans le cadre des ouvrages généraux lus, se trouve celui de l'historien africain Joseph KI-ZERBO intitulé, A quand l'Afrique ? Cet ouvrage pose et aborde à travers des interviews données par l'auteur, la problématique du réel développement d'une l'Afrique sortie épuisée de la colonisation, en quête de son identité socioculturelle et perpétuellement en proie aux pièges du néocolonialisme et de la mondialisation. La lecture de cet ouvrage présente l'avantage de faire connaître la façon dont les grandes figures de l'histoire africaine posent les problèmes liés au développement du continent.

Toujours dans le cadre des ouvrages généraux, nous avons lu Guy ROCHER, Introduction à la sociologie générale, Tome I. L'action sociale ; Tome II. L'organisation sociale et le Tome III. Le changement social. La lecture de ces trois essais nous a aidé à nous familiariser avec les concepts, théories et démarches courantes de la sociologie. A la suite de ces essais, nous en avons lu un autre de Alain TOURAINE, intitulé, Sociologie de l'action. Cet essai nous a permis de prendre connaissance des grands problèmes auxquels sont confrontées les sociétés industrielles tels que l'organisation du travail, des classes sociales, de la bureaucratie, le mouvement ouvrier, la démocratie, la culture de masse etc. Le choix de cet essai est fait à dessein, car le traitement de nos données doit être assorti de propositions conséquentes. Toujours dans la même veine, nous avons consulté les ouvrages suivants : De la division du travail social de Emile DURKHEIM ; The structure of society de Marion J. LEVY ; Anthropologie structurale de Claude LEVI-STRAUSS, Echantillons de civilisations de Ruth Benedict et enfin, Traité de sociologie générale de Pareto VILFREDO. Ces différents ouvrages présentent l'avantage de nous renseigner utilement sur les notions, théories et concepts clés du fonctionnalisme, du structuralisme, du culturalisme et du système social. Autant de pistes et d'éléments qui nous permettront de mieux appréhender les problèmes théoriques que soulève notre étude.

Cependant, si les ouvrages généraux présentent l'avantage de conférer une certaine ouverture au chercheur, ils ne posent pas les problèmes liés à la recherche dans leur spécificité. C'est donc pour pallier une telle insuffisance que nous avons recouru à des ouvrages spécifiques.

Au Bénin, le secteur de l'artisanat connaît depuis quelques années un regain d'intérêt. A ce titre, le secteur a jouit d'un certain nombres d'actions promotionnelles aussi bien sur le plan institutionnel que financier. La loi n° 98-037 du 22 novembre 2001 portant création du code de l'artisanat en République du Bénin en son article 10 a structuré le secteur de l'artisanat en 11 branches d'activités. L'édition de ce code a non seulement aidé à mieux organiser le secteur mais a également favorisé l'émergence des OPA spécifiques à chaque corps de métiers. De même, l'élaboration du Document de Politique Nationale de l'Artisanat (DPNA) en 2002 a-t-elle permis de doter le secteur d'un instrument officiel de référence.

La question de l'artisanat est aussi au centre des débats et demeure une préoccupation des structures de coopération et institutions internationales. La Coopération suisse de même que celle allemande apportent une contribution non négligeable au secteur notamment, sur les plans organisationnel, associatif, financier, formatif etc. Cet appui peut être perçu comme le fruit d'une série de travaux et rencontres sous-jacentes. Dans ce cadre, on peut citer l'étude commanditée par le BIT en 1991 ; étude réalisée par DOSSOU S. Antonin et TOMETY S. Narcisse. Intitulée Pratique et apprentissage au Bénin : Réalités et perspectives, cette étude révèlera que « l'apprentissage dans les ateliers artisanaux constitue pratiquement une institution dans la mesure où, par la pratique et les coutumes, l'entrée, les conditions de travail et la sortie des apprentis sont pratiquement codifiées, sans tenir compte outre mesure de la réglementation officielle »7(*). C'est aussi dans une perspective semblable que s'inscrit le colloque tenu à Cotonou les 13, 14 et 15 décembre 1994 par l'Université de TOURS (Paul BACHELARD) et l'Université de Cotonou (Denis AMOUSSOU-YEYE et Amédée ODUNLAMI) portant sur le thème, Apprentissage en Afrique Noire francophone et Madagascar : comment améliorer et valoriser les pratiques de transmission des savoirs manuels ? Ce colloque qui revêt une portée à la fois nationale et internationale a étudié à travers des thèmes variés les réalités économiques et sociales de l'apprentissage en Afrique Noire francophone. Les sous thèmes débattus lors de ces assises ont été assortis de recommandations pratiques de sorte à permettre l'amorce dans les différents pays de l'Afrique Noire francophone d'un apprentissage de développement prenant en compte les enjeux de l'emploi et de la modernisation.

Par ailleurs, dans le cadre de la dynamique associative, notre travail n'est pas nouveau. C'est là, une continuité d'autres travaux de recherche qui ont montré l'importance des OPA dans le développement du secteur de l'artisanat.

Ainsi, dans le cadre de notre étude, plusieurs documents nous ont permis d'approfondir nos recherches et nos connaissances. Plusieurs auteurs ont abordé ce sujet. Au nombre de ceux-ci, on peut citer :

Comlan Cyr DAVODOUN, dans son ouvrage intitulé La dynamique associative dans le secteur de l'artisanat au Bénin : Eléments d'informations statistiques, présente le secteur de l'artisanat dans sa généralité et fait le point sur la situation des OPA au Bénin. Le point fait par l'auteur intègre des données statistiques sur les Associations d'artisans affiliées à la Fédération Nationale des Artisans du Bénin (FeNAB), celles qui sont proches de la FeNAB et enfin, celles qui n'appartiennent pas à la FeNAB et qui n'en sont pas proches. Ces données ont été fournies par branches d'activités, par nombre et effectifs des Associations. Toujours dans le même ouvrage, l'auteur fournit des informations sur les Associations du système FeNAB à l'échelle de chaque département et sur les diverses activités que mènent celles-ci.

Dans un autre ouvrage écrit par le même auteur et intitulé Le secteur de l'artisanat au Bénin : développement de Pôles de Solidarité Economique, la dynamique associative a été étudiée sous l'angle des initiatives économiques interprofessionnelles. S'étant basé sur un certain nombre de cas étudiés, l'auteur a successivement mis l'accent sur leur historique, justification, objectifs, activités, impacts, organisation et fonctionnement de même que sur leurs perspectives et contacts.

Un troisième ouvrage toujours du même auteur et intitulé Renforcement des capacités en gestion des Organisations Professionnelles d'Artisans, aborde l'épineuse question des insuffisances et limites liées à la gestion des Associations d'artisans pour aboutir à un développement des profils et fonctions des responsables d'une association à travers les tâches et rôles qui leur sont dévolus. D'autres ouvrages écrits par l'auteur mettront en exergue le rôle économiquement important que jouent les OPA à travers les GMEC.

Cependant, si l'auteur a le mérite d'attirer l'attention du lecteur de façon générale sur l'importance de la dynamique associative dans le secteur de l'artisanat, et de façon spécifique, sur le rôle économique que jouent les artisans à travers leurs différentes initiatives, il n'a pas, à notre avis, su mettre en évidence les vrais enjeux que peut induire cette dynamique. Ces enjeux consistent en la discussion de la dynamique associative en tenant compte de la décentralisation et de la perspective qu'offre un secteur d'activités dont la majorité des auteurs sont encore sous le poids culturel et économique de l'agriculture, en l'occurrence, la culture du coton. L'originalité de notre travail réside donc dans le fait que nous traitons la problématique de la dynamique associative dans le secteur de l'artisanat en référence aux deux aspects précédemment énoncés.

III. JUSTIFICATION DU CHOIX DU THEME ET DU CADRE DE L'ETUDE.

1. Justification du choix du thème.

Le choix de ce thème de recherche se justifie par deux raisons fondamentales : une première qu'on pourrait qualifier de subjective et une deuxième d'objective.

1.1 Raison subjective.

Le choix du présent thème de recherche est motivé par une étude de prospection que nous avions réalisée pour le compte d'une institution de micro-finance dénommée Centre pour la Formation et l'Appui au Développement à la Base (CFAD-BENIN). Cette institution ayant gagné un appel d'offre lancé par le gouvernement béninois dans le cadre du projet Fonds d'Appui aux Artisans en début de l'année 2004, a diligenté une étude de prospection au cours du mois de mars de la même année pour cerner de plus près les réalités socio-économiques et professionnelles du secteur de l'artisanat et les zones d'implantation de ses agences d'octroi de services financiers aux artisans. C'est au cours du déroulement de cette étude de prospection dans les départements du Borgou, de l'Alibori, de la Donga et de l'Atacora, qu'est né cet intérêt que nous manifestons pour le secteur de l'artisanat et plus précisément la dynamique associative.

1.2 Raison objective

La formation reçue en Sociologie- Anthropologie permet de lire la réalité sociale avec une certaine objectivité. Et en vertu de cette capacité, nous ne sommes pas restés indifférents à certains problèmes constatés dans le secteur de l'artisanat. L'abord de ces problèmes d'un point de vue scientifique, pensons-nous, permettra de mieux comprendre le mode de fonctionnement et de gestion des OPA. De plus, la présente étude s'inscrit dans le cadre d'une recherche-action. Les résultats qui en découleront doivent contribuer à une amélioration significative de l'action. Il ne s'agit donc pas d'une recherche fondamentale dont les résultats permettent de nourrir les débats théoriques concernant une discipline scientifique donnée. Ainsi, par la présente étude, nous pensons conférer à ce mémoire une base pratique et mieux nous rapprocher de la sociologie des organisations laquelle peut nous permettre de comprendre davantage les raisons qui poussent les hommes à se mettre en association, comment ils le font, quelle forme de socialisation cela revêt, quels impacts cela a sur l'évolution de leur société etc.

2. Raisons du choix du cadre de l'étude.

La recherche est réalisée dans la commune de Kandi parce qu'au moment où nous réalisions l'étude de prospection pour le compte du CFAD-BENIN en mars 2004, la commune de Kandi était la seule commune où le secteur de l'artisanat présentait un statut particulier. En effet, à notre descente sur le terrain à Kandi, nous avions eu beaucoup de mal à contacter les responsables des associations et du collectif des associations car ils étaient partis dans les champs situés à des dizaines de kilomètres du centre ville pour la culture du champ.

Il nous a fallu attendre longtemps avant de les voir. D'ailleurs, les ateliers pour la majorité étaient fermés. Les apprentis et les patrons ayant rejoint leurs parents au village pour cultiver les champs. Cet état de chose ne nous a pas laissé indifférent. Contrairement aux autres localités visitées, la commune de Kandi présentait un environnement tout particulier. Ces constats constituent autant d'éléments déterminant le choix de notre cadre d'étude. Nous voudrions par ce choix, étudier beaucoup plus en profondeur l'environnement socio-économique, culturel et politique de ce cadre d'étude en relation avec la dynamique associative dans le secteur de l'artisanat.

IV. APPROCHE METHODOLOGIQUE.

La présente étude présente à la fois un caractère qualitatif et quantitatif. Qualitatif, parce que, certaines des données collectées sont d'une nature purement descriptive. Les variables ou les paramètres constituant ces données sont cernés seulement à partir des croyances, des points de vue, des sentiments ou autres éléments d'ordre théorique relatifs aux acteurs concernés. Quantitatif, parce que, l'étude de la dynamique associative suppose la collecte et l'analyse de données relatives au flux des effectifs au sein des OPA, des mutuelles de santé, du Groupement mutualiste d'épargne et de crédit et bien d'autres encore. Il est à noter que ces données permettent de faire une analyse et une interprétation chiffrées des informations disponibles. C'est donc en fonction de la nature de notre étude que nous avons choisi notre approche méthodologique.

Elle nous permettra de présenter les différentes étapes aussi bien théoriques que pratiques qui sous-tendent l'étude. Nous aborderons également les questions relatives à la démarche méthodologique suivie lors de l'enquête ainsi que les phases pratiques de l'enquête sur le terrain. De même, cette partie représente pour nous le lieu d'indiquer et de justifier l'emploi de nos outils de collecte de données. L'ensemble de ces processus se trouve résumés dans la figure ci-après.

Figure 1 : Principales étapes de la démarche méthodologique suivie.8(*)

1. Délimitation du cadre de recherche

La recherche s'est déroulée au Bénin. Elle a eu pour cadre spécifique d'analyse certains des arrondissements urbains et ruraux de la commune de Kandi située dans le département de l'Alibori au nord-est du Bénin.

En effet, la commune de Kandi couvre une superficie de 3.421Km2 et est délimitée au nord par la commune de Malanville, au sud par la commune de Gogounou, à l'est par la commune de Ségbana et à l'ouest par la commune de Banikoara. Elle compte une population totale de 90.640 habitants dont 52.192 habitants en milieu rural soit 58% contre 38.448 habitants en milieu urbain soit 42% d'après les données démographiques contenues dans l'Atlas Monographique des Communes du Bénin édité en 2001. Elle abrite une pluralité d'ethnies parmi lesquelles on note les Adja (0,6%); les Fon (2,3%) ; les Bariba (32,2%) ; les Dendi (10,4) ; les Peulh (30,3) ; les Yoruba (20,4) etc.

On y dénombre la religion traditionnelle (4,6%), le catholicisme (12,2%), le protestantisme (1,3%), l'islam (72,5%) etc. La commune de Kandi compte au total 10 arrondissements dont trois urbains à savoir : Kandi I, Kandi II et Kandi III et sept ruraux que sont : Angaradébou, Bensèkou, Donwari, Kassakou, Sam, Sonsoro, Saah. Elle est caractérisée par des sources d'eau, un sol ferrugineux, la végétation claire et des chaînes montagneuses. Cet environnement a permis le développement d'un certain nombre d'activités notamment : la chasse, la fonte, l'élevage, le commerce, la forge, l'artisanat et surtout l'agriculture (maïs, coton, arachide, mil). La recherche a eu lieu respectivement dans les arrondissements urbains et ruraux suivants qui ont été retenus sur la base d'un choix probabilisé afin de donner à tous les arrondissements d'avoir la même chance d'être tiré:

Arrondissements urbains : Kandi I et Kandi II.

Arrondissements ruraux : Angaradébou- Kassakou- Sonsoro et Saah.

La situation géographique de la commune de Kandi et de ses arrondissements se trouve présentée sur les cartes ci-après.

KANDI

SOURCE : ATLAS MONOGRAPHIQUE DES COMMUNES DU BENIN (2004)

2.

SOURCE : ATLAS MONOGRAPHIQUE DES COMMUNES DU BENIN (2004)

CARTE GEOGRAPHIQUE DE LA COMMUNE DE KANDI

2. La recherche documentaire.

Il est devenu une pratique courante de recourir à une revue de littérature dans le cadre de la rédaction du document de recherche d'un mémoire ou d'une thèse. Le caractère routinier que revêt une telle pratique empêche parfois de percevoir la portée combien significative qu'elle possède. Cependant, l'exigence d'une telle pratique tient au fait que la production d'un travail de recherche sérieux et scientifique participe de l'utilisation adéquate des oeuvres scientifiques d'autres chercheurs que l'on complète par ses propres idées et rend exploitables à d'autres personnes. Dans cette optique, « faire la recension des écrits, c'est faire le bilan critique de ce qui a été produit dans le domaine de recherche concerné....La recherche documentaire est donc nécessaire pour l'exploration du sujet. En se situant dans l'ensemble des études et travaux antérieurs sur un sujet donné, le chercheur se donne les moyens de circonscrire et de délimiter son problème de recherche et de cerner les concepts à l'étude ».9(*)

2.1 Les sources de documentation.

Commencée depuis mai 2004, la recherche documentaire a consisté en une étude des ouvrages dans les bibliothèques et centres de documentation. Ainsi, à la Direction Nationale de l'Artisanat (DNA), nous avons pu lire : le Document de Politique Nationale de Développement de l'Artisanat au Bénin. Bien qu'étant à sa phase provisoire, ce document qui apparaît comme un outil très important, présente le secteur de l'artisanat dans sa généralité, ses forces et faiblesses de même que les différentes stratégies que l'Etat béninois entend mettre en oeuvre pour mieux le structurer et le promouvoir. Toujours à la DNA, nous avons lu le Document provisoire du Code de l'artisanat. Ce document-ci, définit ce que c'est que l'artisanat, précise les normes et les termes en lesquels il peut s'exercer et énumère les différents corps de métiers qui le composent.

Au Bureau d'Appui aux Artisans (BAA), nous avons étudié certains ouvrages dont la richesse nous a permis de mieux circonscrire notre thème de recherche. Il s'agit notamment de l'ouvrage du socio-économiste Comlan Cyr DAVODOUN, intitulé Renforcement des Capacités en Gestion des Organisations Professionnelles d'Artisans au Bénin. Toujours au BAA, nous avons pu lire aussi du même auteur, Le Secteur de l'artisanat au Bénin : développement de pôles de solidarité économiques.. Notre recherche documentaire s'est achevée au BAA par la consultation d'un dernier ouvrage toujours du même auteur et intitulé, La Dynamique associative dans le secteur de l'artisanat au Bénin. La lecture de cet ouvrage nous a permis d'avoir une idée plus large de ce que c'est que la dynamique associative et la façon dont elle se manifeste notamment dans le milieu artisan.

A la bibliothèque du Centre Culturel Français (CCF), nous avons lu l'ouvrage de l'historien africain Joseph KI-ZERBO intitulé, A quand l'Afrique. Cet ouvrage d'ordre général pose et aborde à travers des entretiens faits par l'auteur, la problématique du réel développement d'une Afrique sortie épuisée de la colonisation, en quête de son identité socioculturelle et perpétuellement en proie aux pièges du néocolonialisme et de la mondialisation.

Toujours dans le cadre des ouvrages généraux, nous avons lu Guy ROCHER, Introduction à la sociologie générale, Tome I. L'action sociale ; Tome II. L'organisation sociale  et le Tome III. Le changement social. La lecture de ces trois essais nous a aidé à nous familiariser avec les concepts, théories et démarches courantes de la sociologie. A la suite de ces essais, nous en avons lu un autre de Alain TOURAINE intitulé Sociologie de l'action. Cet essai nous a permis de prendre connaissance des grands problèmes auxquels sont confrontés les sociétés industrielles tels que le travail, les classes sociales, la bureaucratie, le mouvement ouvrier, la démocratie, la culture de masse etc.

Notre recherche documentaire s'est achevée par la consultation du sens de certains mots clés de notre étude dans le Dictionnaire critique de la sociologie de Raymond Boudon et François Bourricaud et par la lecture des ouvrages méthodologiques suivants : Quivy (R.), et Van Campenhoudt (L.), Manuel de recherche en sciences sociales; Caplow (T.), L'enquête sociologique; Paul N'DA, Méthodologie de la recherche (De la problématique à la discussion des résultats).

Cependant, les sources d'information auxquelles nous avons eues recours ne sont pas que documentaires, elles sont aussi orales.

2.2 Les sources orales.

Nos sources orales sont constituées d'entretiens que nous avons eus avec des personnes ressources s'occupant à divers niveaux du secteur de l'artisanat. Ces personnes sont entre autres, le Coordonnateur du Bureau d'Appui aux Artisans (BAA), le Directeur national de l'artisanat, le Président du Collectif des Associations de Kandi, le Chef d'Arrondissement (CA) de Kandi I, le deuxième adjoint au Maire de la commune de Kandi chargé des affaires culturelles et sportives, certains membres des associations étudiées ainsi que les Gérants des Caisses Locales de Crédits Agricoles Mutuels (CLCAM) de Gogonou, Kandi I et Banikoara.

A partir de leurs expériences et connaissances, ces personnes nous ont fourni des éléments d'information sur la pertinence, les enjeux et les problèmes que soulève le thème que nous avons choisi d'étudier.

3. La population d'étude

La présente étude vise à cerner les contraintes de tout genre qui entravent une réelle dynamique des OPA à Kandi et les opportunités qu'exploitent ces dernières pour mieux contribuer au développement de leur commune. Pour cette raison, nous avons estimé intéressant que soient interviewés tous les acteurs qui, d'une manière ou d'une autre, interviennent dans le secteur de l'artisanat et qui sont en mesure de se prononcer utilement sur la question.

Les artisans quant à eux, ont été choisis en fonction de leur degré de d'apprentissage dans le secteur et de leur capacité à pouvoir apporter des éclairages significatifs sur les problèmes mis en cause. Les critères qui nous ont permis de constituer notre population sont les suivants :

a. La qualité d'artisan,

b. L'appartenance à une association pour certains artisans,

c. La reconnaissance comme un acteur intervenant dans le secteur,

d. La capacité à pouvoir fournir des informations pertinentes.

e. Avoir la charge ou être impliqué dans la gestion d'un service afférent au secteur.

3.1 Le groupe cible

Définir le groupe cible, c'est « sélectionner les catégories de personnes que l'on veut interroger et à quel titre, déterminer les acteurs dont on estime qu'ils sont en position de produire les réponses aux questions que l'on pose ».10(*)

Fort de cette affirmation, nous nous sommes basée sur la recherche de la qualité des réponses aux questions sur notre thème et notre objectif principal pour choisir notre groupe cible.

Ainsi, nous distinguons cinq (5) catégories de groupes cibles que sont :

· Les autorités municipales. Il s'agit de ceux qui, dans les structures formelles décentralisées ont en charge la gestion des arrondissements composant la mairie. Dans le cadre de notre étude, nous en avons enquêté trois (03).

· Les agents ministériels. Il s'agit des fonctionnaires en service dans les directions déconcentrées du pouvoir central. Pour les fins de notre étude, nous en avons enquêté cinq (05).

· Les agents de la FeNAB. Il s'agit du personnel choisi par les artisans eux-mêmes pour administrer leur structure faîtière. Dans le cadre de notre étude, nous en avons enquêté quatre (04).

· Les partenaires au développement. Il s'agit des acteurs externes qui interviennent dans le secteur par le canal de la coopération. Pour la circonstance, nous avons interviewé le Coordonnateur du Bureau d'Appui aux Artisans (BAA) à Cotonou.

· Les artisans eux-mêmes pris individuellement et collectivement. Pour les fins de notre étude, nous avons questionné cent (100) artisans et interviewé trente six (36) lors de nos séances de Focus Group.

· Les responsables du Collectif des artisans de Kandi. Il s'agit des membres du comité de gestion des associations au niveau local. Pour la circonstance, nous en avons enquêté deux (02) et interviewé également deux (02).

· Les responsables des Associations. Il s'agit des artisans élus au sein des Associations et ayant à charge, la direction des Associations. Dans le cadre de notre étude, nous en avons enquêté (02) et interviewé (03).

· Les agents d'Institutions de Micro-finance (IMF). Il s'agit des employés des IMF opérant dans la commune de Kandi. Pour la circonstance, nous avons interviewé le gérant de la Caisse Locale de Crédits Agricole Mutuelle (CLCAM) de Kandi.

Au total, certains de nos outils de collecte de données seront administrés à cent cinquante neuf (159) enquêtés selon une double répartition individuelle et collective.

3.2 L'échantillonnage

La présente étude est à la fois qualitatif et quantitatif. Cela a beaucoup compté dans le choix des individus de l'échantillon. Dans le souci de mieux circonscrire la variété des données à recueillir, il a été procédé à un choix raisonné des différents individus de notre échantillon.

Les artisans questionnés ont été choisis en fonction de leur corps de métiers, leur appartenance à une association et aussi leur qualification (métier).

La population des Associations étudiées a été divisée en deux (02) groupes à savoir : les Associations affiliées à la FeNAB, donc déclarées et celles non affiliées. Ce choix est important parce que dans le milieu rural, la plupart des Associations ne sont pas déclarées. Au total, nous avons enquêté cent cinquante huit (158) individus répartis comme suit : cent six (106) au cours de la première phase de l'enquête proprement dite et cinquante deux (52) au cours de la deuxième phase de l'enquête proprement dite. La répartition de l'ensemble des individus se présente ainsi qu'il suit.

Au cours de la première phase de l'enquête proprement dite, nous avons dénombré à Kandi I, plus d'une dizaine d'associations d'artisans, mais avons précisément travaillé avec huit (08) d'entre elles. A Kandi II, nous avons travaillé avec deux (2) associations. Au cours de cette phase, nous avons seulement utilisé des questionnaires.

Quant aux autres arrondissements ruraux, le nombre d'associations y est très faible. Pour la plupart, les artisans se regroupent en une seule association souvent non déclarée sans distinction des corps de métiers. Ainsi, dans chaque arrondissement rural, nous n'avons dénombré qu'une seule Association avec laquelle nous avons travaillée. Nous avons pu questionner cent six (106) artisans issus de quatorze (14) Associations réparties sur l'ensemble des arrondissements choisis pour l'enquête

Le détail de notre échantillon se présente comme suit :

Tableau N°I : Récapitulatif de l'échantillon d'étude (Enquête proprement dite : phase n° 1 ; Outil utilisé : questionnaire).

Liste des associations

Effectifs questionnés

Pourcentages

Kandi I

Association des Techniciens, Electriciens et Informaticiens de Kandi (ATEIK)

12

11,32%

Association des Electriciens, Rebobineurs de Kandi (ASERK)

10

09,43%

Association des Dessinateurs de Kandi (ADK)

05

05%

Association Montagne des Couturières de Kandi (AMCK)

09

08,49%

Association des Couturiers, Couturières et Brodeurs de Kandi (ACCK)

05

05%

Association des Constructeurs Bâtiments de Kandi (ACBK)

06

06%

Association des Menuisiers de Kandi (AMK)

05

05%

Union des Mécaniciens Motos de Kandi (AMMK)

06

06%

Kandi II

Association des Tôliers et Peintres de Kandi (ATPK)

04

04%

Association des Soudeurs de Kandi (ASK)

12

11,32%

Kassakou

Association des Artisans de Kassakou (AAK)

10

09,43%

Sonsoro

Association des Artisans de Sonsoro

08

08%

Angaradébou

Association des Artisans de Angaradébou

07

06%

Saah

Association des Artisans de Saah

07

07%

TOTAL

106

100%

Au cours de la deuxième phase de l'enquête proprement dite, nous avons

interviewé à l'aide de guides d'entretien, les membres du bureau directeur du Collectif des Associations, le deuxième adjoint au Maire de la commune de Kandi chargé des affaires culturelles et sportives, le Chef d'arrondissement de Kandi II, certains présidents d'association et Agents du Ministère de l'artisanat.

De plus, nous avons tenu des séances de Focus Group Discussion avec les membres de certaines associations. Les tableaux présentés ci-dessous indiquent la composition de cet échantillon.

Tableau II : Récapitulatif de l'échantillon d'étude (Enquête proprement dite : phase n° 2 ; Outil utilisé : guide d'entretien).

Groupes cibles

Effectifs enquêtés

Pourcentage

Membres du Collectif des Associations

04

25%

Agents de la mairie

02

12,5%

Présidents d'Associations

05

31,5%

Agents du MCAT

05

31,5%

TOTAL

16

100

Tableau III : Récapitulatif de l'échantillon d'étude (Enquête proprement dite : phase n° 2 ; Outil utilisé : guide d'entretien).

Liste des Associations

Effectifs enquêtés

Pourcentage

Association Montagne des Couturières de Kandi (AMCK)

09

25%

Union des Mécaniciens Motos de Kandi (AMMK)

09

25%

Association des Techniciens, Electriciens et Informaticiens de Kandi (ATEIK)

09

25%

Association des Artisans de Sonsoro

09

25%

TOTAL

36

100%

3.3 Les méthodes et techniques utilisées.

Le choix des méthodes et techniques utilisées pour la collecte des données brutes sur le terrain a été fait en tenant compte de la nature de notre étude.

Ainsi, du point de vue quantitatif, nous avons collecté les données à l'aide de questionnaires adaptés à chaque cible.

Il est à remarquer que l'étude de la dynamique associative n'est pas que d'ordre quantitatif. La dynamique associative s'explique aussi par certains facteurs socio-culturels voire environnementaux qui sont eux qualitativement mesurables. A ce titre, des guides d'entretiens ont servi à recueillir des données relevant de croyances, de pratiques ou de logiques paysannes qui sont autant d'éléments qui ne se cernent que par des explications ou comparaisons très souvent d'ordre théorique. La nature très sensible de ces facteurs a requis l'usage de guides d'entretiens. Dans ce cas, il aurait été inadéquat et difficile de collecter les informations par un questionnaire.

Comme technique, nous avons également choisi l'observation participante. Elle nous a permis d'observer quelques faits importants tels que le travail dans les ateliers, l'animation des réunions d'association, le vécu de l'artisanat, l'attitude des artisans en période de culture du coton etc.

Rappelons ici que nos travaux sur les Associations se sont déroulés aussi à l'aide de focus group discussion; ce qui a permis de lever quelques équivoques relatives aux conflits internes aux associations et à l'influence prépondérante de l'agriculture sur le secteur de l'artisanat.

4. Durée de l'enquête

Les investigations concernant le terrain se sont déroulées en deux (02) phases : la phase de pré-enquête, celle de l'enquête proprement dite

4.1 La pré-enquête

La pré-enquête s'est déroulée du 14 septembre au 13 octobre 2004 soit pendant un mois. Durant cette période, nous avons dans un premier temps, pris rendez-vous avec les enquêtés identifiés. Ensuite, nous avons eu des entretiens avec ces derniers et observé des faits qui nous ont permis d'éprouver la pertinence, la clarté et la faisabilité de notre sujet de recherche.

Cette phase a été pour nous l'occasion de commencer la rédaction de notre problématique, de prendre connaissance des divers acteurs impliqués dans le processus de dynamisation des associations d'artisans et par conséquent de diversifier notre échantillon. Elle nous a également permis de confectionner une grille d'observation, des questionnaires et guides d'entretien afférents à chaque catégorie d'enquêtés et enfin de préciser nos hypothèses.

4.2 L'enquête proprement dite

Elle s'est déroulée de manière discontinue et en deux phases que sont :

- Première phase : 20 avril au 25 mai 2005

- Deuxième phase : 15 mai au 17 juin 2006.

En effet, du 20 avril au 25 mai 2005 a eu lieu la première phase de notre enquête. Pendant cette période, nous avons collecté des informations uniquement avec des questionnaires respectivement à :

Arrondissements urbains : Kandi I et Kandi II.

Arrondissements ruraux : Kassakou- Sonsoro- Angaradébou et Saah.

La collecte des données à ce niveau s'est faite suivant l'itinéraire ci-après :

· Kandi I vers Kandi II.

· Kandi I vers Kassakou.

· Kandi I vers Sonsoro.

· Kandi I vers Angaradébou.

· Kandi I vers Saah

A l'issue de cette phase, nous avons collecté des données intéressantes qui nous ont permis de faire le premier jet de la phase rédactionnelle de notre mémoire.

Quant à la deuxième phase, elle a eu lieu du 15 mai au 17 juin 2006. Au cours de cette phase, nous avons approfondi certains aspects des informations collectées à la première phase. A l'aide de guides d'entretien spécifiques, nous avons eu des interviews directes avec certaines personnes ressources et organisé des séances de focus avec certaines Associations.

Au total, les travaux de collecte de données se sont déroulés en soixante neuf (69) jours.

5. Traitement et analyse des données

Ici, une question se pose qui est celle de l'authenticité des résultats obtenus. D'une part, il s'agit pour nous de comparer les résultats obtenus à ceux attendus de nos hypothèses et d'autre part, de les comparer aux résultats d'autres études. Et ceci, en tenant compte des circonstances de notre étude.

Sur un autre plan, le traitement que nous avons fait de nos résultats de terrain n'a pas seulement eu pour but de vérifier significativement ou non les hypothèses que nous avions émises. La question de la généralisation de nos résultats est aussi entrée en ligne de compte dans le processus de discussion de nos résultats. La validité externe de notre travail réside donc dans le fait que nos travaux effectués sur un échantillon limité d'Associations et d'Artisans peuvent être généralisés et permettrent de mieux comprendre le secteur de l'artisanat notamment, sous l'angle de la dynamique associative. Pour ce faire, nos résultats ont été traités en fonction des données recueillies mais aussi en fonction de la méthode ou de la technique de collecte utilisée.

En ce qui concerne les séances de focus avec les Associations, certaines des données recueillies ont été enregistrées sur des bandes magnétiques avant d'être transcrites par la suite sur papier, d'autres ont été directement prises sous forme de notes manuscrites.

Les données recueillies sur la base de guides d'entretien ou de questionnaires ont été elles, directement transcrites sur papier tout en restant fidèle aux exigences en matière de traduction. Ces données ont été regroupées par thèmes et traitées comme telles. Le dépouillement a suivi trois (03) étapes :

1) La constitution des groupes thématiques,

2) Le regroupement des interviews transcrites par groupe thématique sous la forme de corpus,

3) L'analyse et l'interprétation du corpus à partir d'indicateurs et de références spécifiques tels que les conditions socio-économiques, politiques, environnementales, culturelles et les éléments tirés de la recherche documentaire etc. qui ont servi de support à la rédaction du rapport final d'enquête.

6. Difficultés.

Au cours de l'étude, nous avons rencontré de multiples difficultés qui sont à la fois d'ordre théorique et pratique.

Sur le plan théorique, l'une des difficultés rencontrées est liée au choix de notre thème de recherche, plus précisément à son adéquate formulation. En effet, si les problèmes liés à l'artisanat et plus spécifiquement aux associations sont facilement identifiables, leur formulation de sorte à mettre en évidence le rôle prépondérant que jouent ces associations, n'a guère été facile. Il nous a donc fallu nous entretenir à maintes reprises avec des personnes ressources et nous servir d'une documentation spécifique avant de pouvoir choisir en dernier ressort le présent thème.

Sur le plan pratique, nous avons rencontré des difficultés relatives à la dispersion et l'accès difficile aux sites d'enquête.

Par ailleurs, la période au cours de laquelle la pré-enquête a été menée coïncidait avec la saison des champs, ce qui a rendu les premières rencontres un peu difficiles. Cependant, ce fait a été pris en compte dans la suite du travail lorsqu'il a s'agit de mener l'enquête proprement dite.

La plus grande difficulté, mise à part celle de la dispersion de certains sites de recherche, réside dans la quasi indisponibilité d'informations statistiques relatives à l'artisanat par les acteurs eux-mêmes. Le secteur souffre d'une carence en données statistiques, ce qui rend très difficiles toutes analyses ou traitements chiffrés des informations.

Néanmoins, grâce à notre détermination, nous avons pu surmonter ces difficultés et aboutir aux résultats présentés dans la suite de notre travail suivant le plan ci-après.

PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS

V- LE PLAN

La présentation et l'analyse des résultats s'articulent autour de trois parties. Dans la première partie, nous déterminerons en quoi les Organisations Professionnelles d'Artisans (OPA) participent au développement de la commune de Kandi. Cette partie est intitulée : « PARTICIPATION DES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES D'ARTISANS AU PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT A KANDI » et comporte deux chapitres.

Dans une deuxième partie, nous aborderons les différents problèmes auxquels sont confrontées les OPA à Kandi. Cette partie intitulée LIMITES DE LA PARTICIPATION DES OPA AU PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT SOCIAL ET ECONOMIQUE A KANDI comporte également deux chapitres.

Enfin, dans la troisième partie de notre présentation, nous étudierons les tenants et aboutissants de l'exercice à temps partiel de l'activité artisanale à certaine période de l'année. Cette partie intitulée IMPACT DE L'ABANDON DES ATELIERS PAR LES ARTISANS EN PERIODE DE CULTURE DU COTON SUR LE SECTEUR DE L'ARTISANAT comporte également deux chapitres.

PREMIERE PARTIE 

PARTICIPATION DES OPA AU PROCESSUS

DE DEVELOPPEMENT A KANDI

L'artisanat est à la fois un fait de culture et une profession. Au Bénin, il existe trois types d'artisanat d'après la classification retenue dans le code de l'Artisanat : l'artisanat d'art, l'artisanat de production et l'artisanat de service. En tant que fait de culture, l'artisanat est appréhendé comme un vaste champ de productions matérielles et symboliques diverses, étant entendu que, c'est au travers de la culture que les artisans façonnent leurs oeuvres. A ce titre, certaines oeuvres artisanales prennent diverses significations selon les modes de pensée, d'action, de représentation et d'interprétation des acteurs sociaux qui les créent.

Mais en tant que profession, l'artisanat offre à tout individu la possibilité d'apprendre un métier, d'avoir une qualification et de pouvoir exercer le métier appris. Il est un secteur d'activité qui ne doit sa forte représentativité qu'aux multiples associations qui l'animent. En effet, c'est le souci de se développer davantage qui amène les artisans à se constituer en association. L'Association, à priori, apparaît comme un cadre offrant aux artisans la possibilité de se réunir pour défendre et sauvegarder leurs intérêts, assurer la promotion de leurs activités, chercher des opportunités de formation, de recyclage et d'acquisition de nouvelles technologies etc. Dans le souci de mieux appréhender la contribution de ces Organisations Professionnelles Artisanales au processus de développement de la commune de Kandi, nous étudions dans le premier chapitre de ce travail, les OPA en tant qu'acteurs de développement. Ce chapitre est composé des sections suivantes :

Section 1 : La création et la gestion du Groupement Mutualiste d'Epargnes et de Crédits (GMEC) des artisans de la commune de Kandi.

Section 2 : La genèse et la gestion de la mutuelle de santé des artisans de la commune de Kandi

CHAPITRE I : Les OPA : Acteurs de développement

Il n'y a de développement que d'hommes. De part la qualité de leur savoir, savoir être et savoir faire, les hommes contribuent au développement du monde en général et de leur société en particulier. Au-delà des actes individuels que pose chaque homme pour se promouvoir et promouvoir sa profession et/ou sa société, des individus manifestent le besoin de mettre en commun leurs forces pour mieux défendre leurs intérêts et ceux de leur corporation. Ils se mettent ainsi en association. En effet, c'est un fait universel de remarquer que dans presque toutes les corporations ou secteurs d'activités, il existe des associations qui naissent pour diverses raisons. Ces associations sont le signe de la volonté collective des acteurs concernés de se prendre en charge. En tant que telles, elles sont considérées comme acteurs de développement. Dans le présent chapitre, nous essaierons d'appréhender la manière dont les associations d'artisans de la commune de Kandi développent certaines initiatives qui promeuvent leur commune.

Section 1 : La création et la gestion du Groupement Mutualiste d'Epargne et de Crédits (GMEC) des artisans de la commune de Kandi.

L'une des difficultés auxquelles sont confrontés les artisans demeure le difficile accès aux sources de financement et de formation. En effet, les investissements dans ce secteur sont généralement réalisés hors du circuit bancaire classique. Ils sont réalisés en majorité par autofinancement, par prêt familial, avec la tontine ou le concours des Institutions de micro-finance (IMF). Cet accès au financement est encore plus difficile dans la mesure où la plupart des parcelles ne sont pas loties et recasées. Les artisans ne disposant pas de titres de parcelle (Convention de vente de parcelle, Permis d'habiter, titre foncier etc.), sont donc dépourvus de garanties ; ce qui les empêche de recourir aux institutions de financement classiques afin de bénéficier de prêts. Or, la pratique courante dans le secteur de l'artisanat au Bénin est celle de la micro-entreprise unipersonnelle.

Dans le cadre de la promotion de leurs micro-entreprises artisanales, les artisans sont confrontés dans la majorité aux problèmes sus cités. C'est donc pour trouver des solutions à ces difficultés que les artisans à travers leurs Associations et grâce au concours des partenaires au développement, ont initié le Groupement Mutualiste d'Epargnes et de Crédits (GMEC) de la commune de Kandi.

1. La création du GMEC.

A l'instar des OPA de certaines autres communes, celles de la commune de Kandi ont aussi ressenti la nécessité de dynamiser leurs associations en se dotant d'un GMEC.

Les premières initiatives de création du Groupement Mutualiste d'Epargnes et de Crédits des artisans de la commune de Kandi remontent aux années 2002-2003 avec l'appui financier de la Fondation Hanns Seidel. En effet, suite aux multiples demandes en formations exprimées par les artisans de Kandi, la Fondation Hanns Seidel en partenariat avec ces derniers, a financé une formation à eux donnée par La Jeune Chambre Soleil sur la gestion des entreprises en Octobre 2003. Cette formation les a initiés aux différentes procédures administratives, fiscales, juridiques et économiques sous-jacentes à la création d'une entreprise. Mais, c'est au début de l'année 2004 que les artisans, avec l'appui institutionnel de la FeNAB, ont pu porter sur les fonds baptismaux le Groupement Mutualiste d'Epargnes et de Crédits de leur localité.

2. La gestion du GMEC.

Le Groupement Mutualiste d'Epargne et de Crédits des artisans de Kandi se compose de deux (02) organes statutaires à savoir :

1) L'Assemblée Générale :

Elle est l'instance souveraine de décision et de délibération de l'association. Elle a pour attributions de :

i. définir les orientations fondamentales du groupement, examiner le bilan des activités du Bureau Exécutif, examiner et approuver les comptes de résultats du Bureau Exécutif,

ii. délibérer sur l'octroi de micro-crédits aux artisans, définir les tâches à accomplir par le Bureau Exécutif, contrôler la gestion des fonds et du patrimoine du groupement,

iii. définir le programme d'activités annuelles du groupement sur proposition du Bureau Exécutif, élire les membres des différents organes, délibérer sur l'admission de nouveaux membres, les subventions, dons, legs, contrats de partenariat, d'assistance, de prêt etc.

iv. statuer sur la suspension, la déchéance des membres du Bureau Directeur et/ou sur leur remplacement, décider de la dissolution du groupement, délibérer sur toutes questions inscrites à son ordre du jour etc.

Elle se réunit en session ordinaire chaque mois sur convocation du Bureau Exécutif. En cas de non respect de cette périodicité sans raison valable, elle pourra se réunir en session extraordinaire sur pétition signée du tiers (1/3) au moins des membres en règle vis-à-vis du groupement.

2) Le Bureau Exécutif :

Il est l'organe d'exécution des décisions de l'Assemblée Générale. Il anime les travaux individuels et collectifs des membres du groupement, favorise les échanges d'information sur les activités. De même, il exécute le programme d'activités et le budget du groupement.

Il :

i. veille au suivi des objectifs et recommandations de l'Assemblée Générale, examine et juge les contentieux, autorise les dépenses et les activités prévues au budget et dans le programme d'activités,

ii. décide des questions à soumettre à l'Assemblée Générale, enregistre les épargnes des artisans, monte, finalise et présente à l'Assemblée Générale les dossiers des artisans ayant sollicité de prêts, procède au déboursement des crédits et à leur recouvrement etc.

Il assure la permanence au siège du groupement et exécute quotidiennement les activités prévues dans son programme. Tous ces organes jouent un rôle important dans la gestion de la mutuelle.

En effet, l'accès à la mutuelle est subordonné au paiement d'un droit d'adhésion de mille (1000) francs CFA permettant d'avoir une carte de membre. Une somme de deux mille deux cents (2200) francs CFA est payée par chaque membre adhérent à la fin du mois. De cette somme, deux mille (2000) francs CFA sont réservés à la caution pour crédit et deux cents (200) francs CFA pour la participation aux frais de fonctionnement de la mutuelle. Les cotisations versées par les membres sont réparties selon un quota. Le tiers est détenu au siège de la mutuelle et les deux tiers restant sont versés à la CLCAM de la localité. Durant le mois, les membres du Bureau Exécutif étudient les dossiers des artisans demandeurs de crédits qui paient régulièrement leurs cotisations. A la session de l'Assemblée Générale à la fin de chaque mois, ces dossiers sont de nouveau étudiés et les bénéficiaires de crédits retenus. Le délai d'octroi des crédits varie entre une (01) et deux (02) semaines. Les crédits varient de quinze mille (15000) francs CFA à trente mille (30000) francs CFA.

Section 2 : La genèse et la gestion de la mutuelle de santé.

L'artisanat est une profession qui s'exerce généralement au Bénin et plus particulièrement à Kandi dans des conditions très difficiles. La pauvreté et le faible niveau d'instruction des artisans sont entre autres les principales causes d'un tel état de chose. Les artisans sont exposés à toutes sortes de risques ou accidents de travail alors même qu'ils ne sont pas tous professionnellement assurés. A côté de cela, ils sont aussi exposés à des maladies du fait des dures conditions dans lesquelles ils travaillent et des produits parfois toxiques qu'ils manipulent et ce, très souvent, sans précaution. Ayant progressivement pris conscience de ce que sans la santé ils ne peuvent rien faire, ils ont commencé par en faire une priorité. Dans toutes les associations, les questions relatives à la création d'une mutuelle de santé étaient vivement discutées.

1. La genèse de la mutuelle de santé.

Les premières démarches et rencontres entre les artisans et leurs partenaires ont commencé en 2002. Le Service allemand de coopération a apporté un soutien important aux artisans en mettant à leur disposition un Assistant technique. Ce dernier a formé les artisans choisis pour travailler dans la mutuelle aux méthodes de gestion d'une mutuelle de santé. La FeNAB quant à elle s'est occupée des formalités administratives. Une enquête de faisabilité a été faite et a permis de mieux cerner les contours du projet. Un document de projet a été élaboré en collaboration avec les membres du Collectif des artisans. C'est l'hôpital de zone de Kandi qui a été choisi pour prodiguer les soins sanitaires aux artisans qui en manifestent la demande. Ainsi, le 1er janvier 2003, la mutuelle de santé de Kandi a été portée sur les fonds baptismaux.

2. La gestion de la mutuelle de santé.

La mutuelle de santé est administrée par deux (02) organes statutaires à savoir : l'Assemblée Générale et le Bureau Exécutif.

1) L'Assemblée Générale

Elle est l'instance souveraine de décision et de délibération de la mutuelle. Elle a pour attributions de :

i. définir les orientations fondamentales de la mutuelle, examiner le bilan des activités du Bureau Exécutif, examiner et approuver les comptes de résultats du Bureau,

ii. définir les tâches à accomplir par le Bureau Exécutif, contrôler la gestion des fonds et du patrimoine de la mutuelle, définir le programme d'activités annuelles de la mutuelle sur proposition du Bureau Exécutif,

iii. élire les membres des différents organes, délibérer sur l'admission de nouveaux membres, les subventions, dons, legs, contrats de partenariat, d'assistance, de prêt etc.

iv. statuer sur la suspension, la déchéance des membres et/ou sur leur remplacement, décider de la dissolution de la mutuelle, délibérer sur toutes les questions inscrites à son ordre du jour.

Elle se réunit en session ordinaire chaque mois sur convocation du Bureau Exécutif. En cas de non respect de cette périodicité par le Bureau Exécutif sans raison valable, elle pourra se réunir en session extraordinaire sur pétition signée du tiers (1/3) au moins des membres en règle vis-à-vis du groupement.

2) Le Bureau Exécutif

Il est l'organe d'exécution des décisions de l'Assemblée Générale. Il anime les travaux individuels et collectifs des membres de la mutuelle, favorise les échanges d'information sur les activités. De même, il exécute le programme d'activités et le budget de la mutuelle. De façon plus spécifique, il :

i. veille au suivi des objectifs et recommandations de l'Assemblée Générale, autorise les dépenses et les activités prévues au budget et dans le programme d'activités, décide des questions à soumettre à l'Assemblée Générale,

ii. accueille les dossiers des membres en règle vis-à-vis de la mutuelle et veille à leur montage, règle les questions administratives entre l'hôpital et les malades, réceptionne les frais fixés par l'Assemblée Générale, établit un rapport d'activités mensuel etc.

Les adhésions à la mutuelle se font moyennant la somme de cinq cent (500f) francs CFA. Les membres à charges des familles des artisans paient la somme de trois cent quarante cinq (345) francs CFA chaque mois pendant trois mois avant de pouvoir bénéficier des prestations de la mutuelle.

La mutuelle prend en charge toutes les maladies courantes à l'exception des opérations chirurgicales et des maladies virales. La plupart des médicaments sont vendus à la pharmacie de l'hôpital ou dans les pharmacies de quartier retenues par la mutuelle. Ils sont supportés à hauteur de 75% par la mutuelle et le reste par l'intéressé même.

Dans le chapitre qui va suivre, nous étudierons la position que les OPA occupent et le rôle qu'elles jouent dans le sens de la promotion du secteur de l'artisanat et par ricochet, de la commune de Kandi.

CHAPITRE II : ANALYSE DE LA PLACE ET DU ROLE DES OPA DANS LE PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT LOCAL A KANDI.

La commune de Kandi est directement responsable de son développement c'est-à-dire de son progrès économique, social et culturel. Elle a dès lors établi son programme de développement qui fixe les objectifs qu'elle veut atteindre, qui précise les actions qu'elle entend mener et les moyens qu'elle doit mobiliser. Ce programme est le fruit d'un dialogue entre tous les acteurs locaux publics et privés de la commune et s'articule à un programme de développement national. Cet progrès est aussi directement lié à la création de richesse dans la commune, à la gestion de cette richesse et à sa répartition entre tous les acteurs de la commune. Il s'agit autant de richesse financière et économique que de richesse sociale et culturelle. C'est là le premier rôle et l'un des principaux enjeux de la commune de Kandi. Dans ce processus très important où interviennent des acteurs de divers horizons, quelle est la place accordée aux OPA ?

Section 1 : Analyse de la place des OPA dans la commune de Kandi.

La commune de Kandi a des partenaires pour l'aider à mener à bien sa mission de développement. Son premier partenaire est l'Etat. L'Etat a parmi ses nouvelles missions, la tâche d'appuyer et de conseiller la commune. Il organise cet appui d'une manière directe à travers l'administration territoriale et ses services déconcentrés mais aussi, de manière indirecte en gérant l'environnement et le cadre national de la commune. La commune de Kandi n'est pas seule sur le territoire. Elle s'intègre dans un espace national qui lui donne sens et qui la consolide dans le cadre d'un projet national global. De même, la commune de Kandi a d'autres partenaires qu'elle choisit pour mener à bien son programme : des associations ou des entreprises privées à qui elle délègue certaines missions ; d'autres communes (nationales ou étrangères) avec qui elle s'associe en vue de la réalisation de ses projets ; des partenaires au développement avec qui elle conclut des accords de partenariat etc.

Mais, de tous ces partenaires, les associations occupent une place non négligeable quand on se situe dans une perspective endogène.

En effet, le milieu naturel occupé par la commune de Kandi prédispose les habitants à certains types d'activités dont les plus pratiquées sont : l'agriculture, la forge, la chasse, l'élevage etc. Ces activités qui revêtent à la fois un caractère économique et culturel entraînent d'autres types d'activités notamment celles artisanales. Les activités artisanales telles que définies dans l'article 1er du Code de l'artisanat « consistent en l'extraction, la production, la transformation de biens et/ou la prestation grâce à des procédés techniques dont la maîtrise requiert une formation par la pratique »11(*). Aussi comprennent-elles les branches suivantes : « le bâtiment- l'alimentation- les métaux et la construction métallique- les pierres- le bois et les fibres végétales- le textile, l'habillement, le cuir et les peaux- l'art et la décoration- la poterie et la céramique- l'installation, la maintenance, l'entretien, la réparation et les images- l'électronique, l'électricité et le froid- l'hygiène et les soins corporels »11(*). Incontestablement, ces activités sont représentées dans presque tous les domaines de la vie sociale. Les artisans qui exercent ces activités apportent une contribution non négligeable au développement économique, culturel et social de la commune de Kandi surtout quand on s'exprime en terme de production de richesses.

Ces activités constituent un énorme potentiel à l'auto-emploi et à la création d'emplois. Leur exercice permet la valorisation des matières premières locales. De même, l'existence des micros entreprises artisanales permet à la mairie de collecter diverses taxes qui l'aident à exécuter les activités inscrites dans son budget. Cet aspect est très important compte tenu du nombre limité d'usines dont dispose la commune. Par ailleurs, les activités artisanales constituent des cadres de réinsertion professionnelle des victimes de handicap physique.

Dans la même veine, les premières ressources dont dispose la commune sont celles qui ressortent de son cadre territorial. Et l'enrichissement de la commune consiste en la mise en valeur de ses ressources naturelles et humaines. A ce titre, la mairie ne peut intervenir dans un secteur qu'à travers les relations qu'elle entretient avec les acteurs ou les représentants de ce secteur. Dans cette logique, les OPA en tant que cadres de rassemblement des artisans, de dialogue, de conception et de conduite des projets de partenariat sont mieux placées pour représenter, valoriser et défendre les intérêts des artisans car ceux-ci constituent une force économique. Aucun projet de partenariat, de prêt, d'assistance technique, d'amélioration des conditions de travail, de recherche de financement ou de débouchés, de promotion du secteur de l'artisanat ne peut se faire à l'insu et sans la collaboration des OPA. Elles constituent la vitrine des artisans sur les plans local, national et international.

Cependant, si les OPA occupent une place importante parmi les acteurs et partenaires qui oeuvrent pour le développement de la commune de Kandi, il n'en demeure pas moins vrai que cette force qu'elles constituent a pris corps à travers un long processus de changement social, politique, économique et culturel des populations occupant l'espace de la commune. Quelle est donc la genèse des OPA à Kandi ?

1. Genèse des OPA à Kandi.

L'étude de la genèse des OPA à Kandi fait ressortir deux principales périodes.

Premièrement, la création et le développement des OPA étaient tributaires de la liberté dont jouissaient les habitants de ladite commune. En effet, avant l'année 1990, il n'y avait pas d'OPA à proprement parler à Kandi compte tenu des restrictions de liberté d'expression en vigueur à cette période. Cependant, il serait faux d'affirmer qu'on n'observait pas ça et là des initiatives de regroupement des artisans. Si le régime marxiste socialiste qui caractérisait le Bénin à cette époque portait une attention soutenue à la restriction de la liberté d'expression, il n'en demeure pas moins vrai qu'il fut un puissant appareil de regroupement social. A la faveur de son idéologie, s'observait une réelle volonté d'association des citoyens autour des valeurs d'exploitation et de gestion communes des ressources du pays. Ce régime politique avait rigoureusement organisé la société béninoise en général et celle de Kandi en particulier. On peut mettre à son actif certaines initiatives communautaires qui avaient fait école à cette époque. Il s'agit en l'occurrence des coopératives au sein des écoles et des services administratifs qui s'affichaient comme des symboles forts de la ferme croyance de ce régime en une prospérité économique et sociale par l'exploitation agricole. D'un autre côté, il y avait les journées de salubrité au cours desquelles les habitants de chaque quartier se regroupaient pour balayer et débarrasser les ordures.

Cependant, il est à noter que ces initiatives étaient des initiatives globales et n'avaient donc rien de spécifique avec le secteur de l'artisanat.

Plus tard, cette tendance sera infléchie à la faveur de l'avènement du régime du renouveau démocratique.

Deuxièmement, les valeurs et les idées forces en vogue au sein des OPA émanaient des conditions de vie et de travail des artisans. En effet, après l'inédite conférence des Forces Vives de la Nation en février 1990, des efforts de regroupement au sein de la classe artisanale kandienne se feront de plus en plus ressentis. Tous les corps de métiers seront mouvementés par des idées de liberté, de dialogue, de défense des droits et des intérêts afférents aux artisans. Toutes choses qui contribueraient à améliorer leurs conditions de travail et de vie.

Sur le plan national, un nouvel essor dans le secteur de l'artisanat s'observera avec à la clé, la création de divers regroupements que sont :

b. La Fédération des Coopératives de Production Artisanale, Industrielle et de Service (FECOPAS) ;

c. Le Groupement des Associations de Parakou (GAAP) ;

d. Le Regroupement des Artisans de Cotonou (RAC) ;

e. La Fédération Nationale des Artisans du Bénin (FeNAB).

Au niveau de la commune de Kandi, on assistera au même phénomène. En 1992, l'Association des Artisans de Kandi (AAK) a été créée. Deux ans après, les électriciens s'en sépareront pour créer l'Association des Electriciens et Rebobineurs de Kandi (ASERK). Ils seront suivis par les mécaniciens moto qui créèrent l'Union des Mécaniciens Moto de Kandi (UMMK). Cette dynamique sera poursuivie et entretenue jusqu'à nos jours avec la création d'une vingtaine d'associations déclarées et non déclarées sur toute l'étendue de la commune.

2. Les OPA : institutions non lucratives.

La loi exige des associations une gestion désintéressée. Au-delà de la non distribution de bénéfices, l'activité des associations doit pouvoir revêtir un caractère non lucratif. Aussi la loi dispose que : « l'association doit être gérée et administrée à titre bénévole par des personnes n'ayant, elles-mêmes ou par des personnes interposées, aucun intérêt direct ou indirect dans les résultats de l'exploitation »12(*). Ce facteur est très déterminant dans la conception qu'on a des OPA et le rôle qu'elles jouent dans la commune. Les OPA sont des acteurs bénévoles qui n'organisent pas leurs efforts en vue d'en tirer un profit pécuniaire. En d'autres termes, elles ne sont pas des entreprises commerciales. Et c'est précisément à ce niveau que la place qu'elles occupent au sein de la commune est primordiale car, le développement à la base suppose un minimum de bénévolat ou de volontariat de la part même des populations.

Les Organisations Non Gouvernementales (ONG) jouent aussi un rôle non négligeable dans le processus de développement local. Elles interviennent dans divers domaines pour accompagner les efforts des communes. Au-delà du caractère humanitaire et " développementaliste" qui les caractérisent, elles sont très souvent perçues comme un moyen pour drainer des subventions extérieures. Pour certains citoyens, avoir une ONG c'est un moyen sûr pour s'enrichir.

Or, pour ce qui est des Associations, l'idée de regroupement pour un but donné n'est pas sous-tendue par le souci de s'enrichir. La loi va même plus loin en précisant que : « Les membres et leurs ayants droit ne doivent pas être déclarés attributaires d'une part quelconque de l'actif, lorsqu'ils quittent l'association ou en cas de dissolution »13(*). Cela veut dire que les biens de l'association, devront être, à sa dissolution, distribués de façon à toujours rester dans le milieu associatif. A cette occasion, personne ne pourra s'attribuer, ou se faire attribuer par une quelconque instance de l'association, les meubles et divers biens acquis par l'association, non plus, tout ou partie des sommes figurant sur son compte bancaire. Dès lors, presque toutes les conditions sont réunies pour inciter les membres des Associations à avoir une vision basée sur la solidarité et le sacrifice de soi. Un réel développement à la base suppose une telle vision. Et les Associations d'artisans répondent bien aux critères sus cités. Elles peuvent donc être utilisées pour d'une part, insuffler un dynamisme au secteur de l'artisanat et, d'autre part, inciter les autres secteurs à faire pareil.

La non distribution des bénéfices réalisés, le bénévolat des dirigeants, la dévolution des biens acquis par l'association en cas de dissolution, l'égalité entre tous les membres sont des critères essentiels qui confèrent aux OPA un statut particulier dans la commune de Kandi.

Section 2 : Analyse des fonctions des OPA dans la commune de Kandi.

Les caractéristiques identifiées par rapport aux OPA dans la partie précédente nous amènent à dire qu'elles ne peuvent mener que des initiatives à caractère social. En ce sens qu'elles ne sont pas des entreprises commerciales. Les fonctions des OPA sont tributaires des objectifs que cherchent à atteindre les artisans. Ces fonctions varient d'une association à une autre. Cependant, elles concourent toutes à la promotion du secteur. De façon générale, elles consistent à regrouper les artisans d'un même corps de métier, à veiller à l'exécution du métier dans les conditions morales, matérielles et hygiéniques requises. De façon spécifique, elles consistent à améliorer les conditions d'apprentissage et de formation des artisans, à les représenter partout où besoin est etc. Mieux que cela, elles participent à la réduction de la pauvreté qui mine leur profession en développant certaines initiatives.

1. Les OPA en tant qu'instruments de lutte contre la pauvreté.

Le secteur de l'artisanat dans la commune de Kandi est confronté à de multiples problèmes. D'après le rapport Woillet sur le secteur de l'artisanat en 1997,  « la micro-entreprise unipersonnelle est la règle dans l'artisanat comme dans le commerce au Bénin. Les chefs d'entreprises artisanales sont généralement jeunes puisque 1sur 2 est âgé de moins de trente ans. La majorité d'entre eux n'a pas reçu de formation formelle et deux tiers des actifs féminins dans l'artisanat sont sans instruction »14(*).

Souvent, c'est grâce aux tontines ou le concours des Institutions de Micro-finance (IMF) que les artisans parviennent à s'installer. Pour les plus pauvres qui n'ont pas de garanties matérielles, la situation est encore plus grave. Ils sont réduits à l'utilisation de vétustes matériels de travail, ce qui se ressent au niveau de la qualité de leur travail. De même, les situations d'exercice de leurs métiers ne leur permettent pas d'en tirer des gains conséquents.

Face à cette situation et vue les moyens limités de l'Etat, les artisans ont éprouvé la nécessité de se prendre en charge. Les problèmes les plus urgents ont été débattus au sein des associations et compte tenu des forces et opportunités exploitables à court terme, des mesures ad hoc ont été prises. Ainsi, pour pallier l'insuffisance de financement et/ou l'accès difficile aux sources de financement, un Groupement Mutualiste d'Epargne et de Crédit (GMEC) a été créé en 2004. Le premier objectif visé par ce groupement est de faire progressivement asseoir dans le secteur de l'artisanat, la culture de l'épargne. En épargnant, les artisans pourront à long terme disposer d'un capital et par là même contribuer au développement de leur activités voire de leur secteur. Le deuxième objectif poursuivi par le GMEC de Kandi est d'aider les artisans à renforcer leurs activités par l'octroi de micro-crédits. Ces crédits leur permettent de disposer d'un fonds de roulement ou d'équipement. Les crédits varient de dix mille francs (10000) f CFA à trente mille francs (30.000) f CFA. Il s'agit essentiellement de micro-crédits destinés aux artisans les plus pauvres.

A titre illustratif, depuis la création du GMEC en janvier 2004 jusqu'en décembre 2006, le nombre d'artisans inscrits est de quatre cent soixante seize (476) alors que celui des artisans ayant réellement bénéficié de prêts est de deux cent quatre vingt treize (293) soit un pourcentage de 61,55%. Les tableaux et le graphique suivants résument la répartition des bénéficiaires de prêt par arrondissements et par année.

Répartition des bénéficiaires de prêt par arrondissement.

Tableau N°IV

Département

Commune

Arrondissements

Nombre de bénéficiaires

Pourcentage

Alibori

Kandi

Kandi I

80

27,30%

Kandi II

43

14,67%

Kandi III

39

13,31%

Angaradébou

36

12,28%

Kassakou

37

12,62%

Bensèkou

11

3,75%

Sonsoro

17

5,80%

Donwari

16

5,46%

Saah

14

4,77%

TOTAL

293

100%

Source : Atelier de travail avec les membres du Bureau Exécutif du GMEC.

La lecture de ce tableau indique que les bénéficiaires de prêt sont inégalement répartis sur l'ensemble des arrondissements de la commune. Les plus forts pourcentages s'observent dans les arrondissements de Kandi I, II et III (respectivement 27,30; 14,67et 13,31) tandis que, les plus faibles s'observent dans les arrondissements de Saah, Donwari et Sonsoro (respectivement 4,77; 5,46 et 5,80). Sans doute, les arrondissements urbains jouissent d'une représentativité plus prononcée que ceux ruraux. Mais, il est à remarquer que tous les arrondissements sont quand même tous desservis par le GMEC.

Répartition des bénéficiaires de prêt par année et par arrondissement.

Tableau N°V

Années

Communes

2004

2005

2006

TOTAL

Kandi I

20

25

35

80

Kandi II

11

15

17

43

Kandi III

07

11

21

39

Angaradébou

12

14

10

36

Kassakou

12

09

16

37

Bensèkou

02

03

06

11

Sonsoro

06

08

03

17

Donwari

05

05

06

16

Saah

03

05

06

14

TOTAL

78

95

120

293

Source : Atelier de travail réalisé par nous-même avec les membres du Bureau Exécutif du GMEC

La lecture du tableau N°V indique qu'a l'exception de l'arrondissement de Kassakou où le nombre de bénéficiaires a sensiblement décru en 2005, tous les autres arrondissements ont connu une nette progression concernant le nombre de leurs bénéficiaires. Les arrondissements urbains viennent en tête de liste avec les plus forts effectifs suivis des arrondissements ruraux dont les effectifs varient aussi. Sans doute, la densité humaine, l'enclavement de certains arrondissements, la faiblesse de la dynamique associative, l'étroitesse de la ligne de crédits disponibles etc. expliquent à divers niveaux, la différence observée entre les effectifs des bénéficiaires de chaque arrondissement.

Graphique  sur l'évolution des bénéficiaires de prêt par année et par arrondissement.

Source : réalisé par nous-même.

Tableau

L'observation du graphique permet de faire certaines remarques telles que :

Ø au cours des trois années, le nombre total des effectifs au niveau de chaque arrondissement a relativement augmenté, ce qui induit qu'au cours des trois années, le nombre total des effectifs au niveau de l'ensemble des arrondissements a aussi relativement augmenté,

Ø les arrondissements urbains viennent en tête avec une augmentation significative du nombre de leurs bénéficiaires,

Ø l'arrondissement de Bensèkou affiche le plus faible effectif,

Répartition des bénéficiaires de prêt en impayés par année et par commune

Tableau N°VI

Années

Communes

2004

2005

2006

TOTAL

Pourcentage

Kandi I

00

00

05

05

45,45

Kandi II

1

00

02

03

27,27

Kandi III

00

00

00

00

-

Angaradébou

00

00

02

02

18,18

Kassakou

00

00

00

00

-

Bensèkou

00

00

00

00

-

Sonsoro

00

01

00

01

09,09

Donwari

00

00

00

00

-

Saah

00

00

00

00

-

TOTAL

01

01

09

11

100%

Source : réalisé par nous-même.

Le tableau ci-après présente la situation des impayés au niveau de chaque arrondissement. Les arrondissements de Kandi I et II affichent les plus grands taux d'impayés, taux qui ne sont pas d'ailleurs alarmants au regard de l'effectif total des bénéficiaires. Au cours des deux premières années, on observe une constance au niveau du taux d'impayés tandis que ce taux a sensiblement évolué au cours de la dernière année. Les cas d'impayés recensés renvoient aux crédits déboursés mais non recouvrés totalement au-delà d'une période de six (06) mois. La durée de remboursement étant de six (06) mois.

En dehors de la création du GMEC, les artisans ont aussi créé une mutuelle de santé. Tout comme le GMEC, la mutuelle de santé fait l'objet d'une sollicitation plus ou moins forte selon qu'il s'agit de milieu urbain ou rural. Le tableau présenté ci-dessous indique la variation du nombre de bénéficiaires des services de la mutuelle de santé par arrondissement et par année.

Variation du nombre de bénéficiaires des services de la Mutuelle de santé

Tableau N°VII

Années

Communes

2003

2004

2005

2006

TOTAL

Pourcentage

Kandi I

33

52

78

95

258

36,03

Kandi II

18

30

66

82

196

27,37

Kandi III

13

18

31

61

123

17,18

Angaradébou

09

12

07

17

45

06,28

Kassakou

00

08

05

00

13

01,82

Bensèkou

07

10

06

13

36

05,03

Sonsoro

05

03

05

06

19

02,65

Donwari

00

00

00

06

06

0,84

Saah

04

02

05

09

20

02,79

TOTAL

89

135

203

289

716

100

Source : réalisé par nous-mêmes.

Le tableau présenté ci-dessus fournit une statistique sur les effectifs des artisans ayant bénéficié des services sanitaires sous la direction de la mutuelle de santé au niveau de l'ensemble des arrondissements de la commune de Kandi. Lorsqu'on fait un rapprochement Effectif/Arrondissement, on se rend compte que les effectifs les plus élevés se situent au niveau des arrondissements urbains alors que, les effectifs les moins élevés figurent au niveau des arrondissements ruraux. Une question évidente saute du coup à l'esprit. A quoi la différence observée au niveau des arrondissements est-elle due ?

Répondre à cette question amène à dire qu'il existe plusieurs causes explicatives d'une telle situation. L'existence dans l'arrondissement de Kandi I de l'hôpital de zone de la commune explique sans doute le facile accès des artisans dudit arrondissement aux services sanitaires offerts par la mutuelle. C'est d'ailleurs le cas en ce qui concerne les deux autres arrondissements urbains (Kandi II et III) qui affichent aussi de forts effectifs en la matière. En plus de cette cause, on peut aussi citer des causes comme l'enclavement des arrondissements ruraux, l'insuffisance d'information à propos des services et procédures de la mutuelle, la concentration des services de la mutuelle seulement dans les centres urbains, la préférence par certains artisans des services sanitaires traditionnels etc.

D'un autre côté, en faisant un rapprochement Effectif/année, on ne rend compte qu'il y a une nette progression des effectifs par année. Cette augmentation traduit l'adhésion de plus en plus croissante et la réussite progressive de cette initiative sur l'ensemble de la superficie de la commune.

2. LES OPA en tant que cadre de co-régulation du secteur de l'artisanat à Kandi.

Le secteur de l'artisanat est animé par plusieurs acteurs. Il s'agit en effet, des artisans eux-mêmes, des Associations d'artisans, du Collectif des Associations, de la Fédération Nationale des Artisans du Bénin (FeNAB), de l'Etat, des partenaires au développement, de la commune de chaque ville etc.

La régulation du secteur de l'artisanat en général, et plus particulièrement à Kandi, interpelle tous ces acteurs dont au premier chef l'Etat. En effet, à travers ses différents services ministériels et départementaux, l'Etat assure la régulation du secteur de l'artisanat. Le Ministère du Tourisme, de l'Artisanat et du Tourisme est la structure faîtière qui gère sur toute l'étendue du territoire ledit secteur. Cette régulation du secteur se traduit par la création et le fonctionnement des services de l'Etat chargés d'organiser et d'assurer la promotion dudit secteur.

La régulation du secteur de l'artisanat est aussi assurée par la Fédération Nationale des Artisans du Bénin (FeNAB). En effet, la FeNAB est une structure créée et gérée par les artisans eux-mêmes. Elle regroupe en son sein, tous les Collectifs des associations de chaque localité. Elle a pour mission de représenter les artisans auprès de l'Etat et de tous les partenaires, de défendre leurs droits et intérêts et de faire valoir toutes les corporations de ce secteur. Tout comme l'Etat, elle procède à l'enregistrement de toutes les OPA, lequel enregistrement se traduit par l'affiliation de ces OPA auprès d'elle. Pour être plus proche des artisans, elle élit un Comité de gestion qui est composé des représentants des Collectifs de tous les départements. Le rôle de ce Comité est de servir de courroie de transmission entre les artisans à la base et la FeNAB. Par ailleurs, les membres élus dudit Comité dans l'objectif d'atteindre la majorité des artisans se basent sur les OPA pour répercuter depuis le sommet les informations à diffuser ou à collecter. C'est donc à ce niveau que le rôle de co-régulation des OPA se cerne le plus. Ainsi, les Associations constituent à la base les interlocutrices directes des artisans. Plus particulièrement à Kandi, elles interviennent à divers niveaux.

Premièrement, les Associations d'artisans constituent du fait de leur existence même, un cadre d'auto-régulation pour les artisans. En décidant de se mettre en association, les artisans sont désormais conscients que leurs actes ou actions dans le cadre de l'exercice de leur profession seront l'expression des normes définies par l'Association.

Deuxièmement, ce sont les Associations qui définissent les grandes orientations de chaque corps de métier tout en restant fidèles, bien entendu, à la politique nationale de promotion du secteur. Elles interviennent dans la commune de Kandi, au niveau de l'apprentissage depuis la rentrée des apprentis dans les ateliers jusqu'à leur libération. Ce sont elles qui définissent et retiennent la durée des apprentissages. Elles font obligation aux patrons de déclarer à l'Association de leur corps de métier les apprentis qu'ils reçoivent et de payer les droits de ces derniers. Ceci permet aux artisans apprentis d'être reconnus par l'Association et de bénéficier de sa caution lors de leur libération. Cette régulation qu'opèrent les OPA est essentielle car ce sont elles qui organisent et supervisent avec le concours de la mairie de Kandi qui envoie un représentant, les examens devant conduire à la remise de diplôme aux futurs patrons.

Troisièmement, pour les projets de prêt et/ou de financement, la recommandation des Associations s'avère indispensable. Leur rôle à ce niveau, c'est d'étudier dans les moindre détails les dossiers et la moralité des demandeurs de crédits et/ou de financement, de s'assurer que ceux-ci paient régulièrement leur cotisation avant de donner leur avis. Ce faisant, les Associations assainissent leur milieu de travail et offrent à la fois une garantie et une sécurité aux investisseurs.

Quatrièmement, en tant que cadre de concertation, de dialogue, de recherche de solutions alternatives aux problèmes qui minent le secteur de l'artisanat, les OPA sont des instances de co-régulation dudit secteur. Car, la promotion du secteur passe aussi par son adéquate organisation.

3. Conclusion partielle

A la suite de la présentation des résultats de la première partie, il nous semble opportun de procéder à la fois à une analyse et une interprétation de ces résultats. Ils seront donc discutés en référence au problème posé dans notre problématique et à l'hypothèse connexe à la présente partie. Aussi, la discussion sera-t-elle guidée par la question suivante : Quelle est la portée des résultats obtenus et présentés ci-dessus ?

Dans un premier temps, nous dégagerons les variables en jeu, ensuite, nous aborderons la question de la généralisation des résultats et enfin, nous les rattacherons aux travaux d'autres études antérieures pour en apprécier la pertinence.

De la discussion des présents résultats de recherche, il convient de mentionner que la création et la gestion du GMEC et de la Mutuelle de santé par les artisans traduisent la volonté de ces derniers de trouver des solutions concrètes aux problèmes récurrents qui minent leur secteur d'activités. Ces problèmes ont entre autres pour noms : l'absence ou l'insuffisance de fonds de roulement et/ou d'équipement, la précarité des conditions de travail, l'inexistence de sécurité sociale, l'insuffisance de débouchés, l'insuffisance de formations etc. Ces problèmes reflètent le sous développement de ce secteur tandis que les initiatives prises par les artisans pour y trouver des solutions reflètent quant à elles, un effort de développement. Vu dans ce sens, la discussion des résultats met en jeu deux variables dont il urge ici, de faire ressortir l'interdépendance.

Tout d'abord, la précarité des conditions de travail des artisans apparaît comme une variable très importante en ce sens qu'elle sert de cadre référentiel pour décrire et circonscrire le sous- développement du secteur.

A l'opposé de cette variable, on peut distinguer les efforts que fournissent les artisans pour infléchir la tendance. Ces efforts ont pour signes manifestes, les initiatives de création et de gestion du GMEC et de la Mutuelle de santé.

En décidant de s'unir pour trouver des solutions à leurs problèmes, les artisans manifestent la volonté de se prendre eux-mêmes en charge. Cette volonté des artisans revêt selon nous, une double signification. Premièrement, elle indique que les artisans ont une vision : ils veulent se développer par eux-mêmes, en rompant avec la courante " habitude de mains tendues ". Deuxièmement, elle répond au principe fondamental même des Associations qui sont, par définition, des organisations constituées librement. De la mise en évidence de ces variables, on peut retenir que les problèmes caractérisant le secteur de l'artisanat sont identifiés, évalués et traités par les OPA qui tentent d'y trouver elles-mêmes des solutions. Ce lien est fondamental car, il rend compte de la relation qui lie et nourrit les deux variables. Pourquoi les associations naissent-elles ? Quels rôles ou fonctions jouent-elles?

En analysant la relation entre les deux variables, on s'aperçoit que les artisans à travers les associations oeuvrent pour une prise en charge personnelle de part leurs diverses initiatives. Mieux, celles-ci constituent pour ces artisans des instances d'élaboration de stratégies de réduction de la pauvreté qui caractérise leur secteur. Il serait judicieux ici, de faire observer que ces initiatives engagent les artisans et plus précisément les OPA dans un processus d'action sociale. En s'unissant, les artisans posent des actes qui n'ont plus une portée individuelle mais bien plutôt collective. Et ces initiatives que nous pouvons qualifier d'action sociale obéissent à une certaine logique où normes, valeurs, symboles s'imbriquent pour guider les actes individuels. On pourrait dire à la suite de Solomon Asch, cité par Guy Rocher dans le tome 1 de son Essai L'action sociale que, ces initiatives en tant qu'action sociale revêtent la forme d'une « interaction structurée » en ce sens qu'elles poursuivent un objectif dont l'atteinte impose aux artisans une certaine organisation. Cet aspect nous semble très important à souligner car, comme le note Alain Touraine, « toute sociologie est étude de l'action sociale, dans ses orientations, ses formes et ses expressions »15(*).

Sur un tout autre plan, les artisans, par ces initiatives expérimentent avec plus ou moins de succès l'approche de Développement Conduit par les Communautés (DCC). A travers ce processus, les OPA contribuent au développement de leur corporation et par ricochet de leur commune. Elles constituent des acteurs locaux de développement car les stratégies qu'elles initient pour lutter contre la pauvreté sont conçues par elles mêmes et pour elles-mêmes et donc, sont adaptées à leurs réalités. Ces stratégies sont déployées sur la base de leurs propres efforts et ne sont pas imposées par des acteurs externes. C'est fort de cela que, la Coopération Allemande au Développement (GTZ) s'est proposée d'encourager les fédérations d'artisans du Mali, du Bénin et de la Guinée à s'impliquer au processus participatif de la mise en oeuvre du Document de Stratégies de Réduction de la Pauvreté (DSRP). « Ainsi, pendant les six derniers mois les organisations d'artisans et leurs initiatives décentralisées ont élaboré des plans d'actions adaptés au secteur de l'artisanat et destinés à être soumis aux commissions nationales du DSRP afin de bénéficier des moyens financiers disponibles dans la phase de mise en oeuvre du DSRP »16(*).

DEUXIEME PARTIE 

LES LIMITES DE LA PARTICIPATION DES OPA AU PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT SOCIAL ET ECONOMIQUE A KANDI

La mission des OPA telle que développée plus haut est de trouver non seulement des solutions aux différents problèmes qui minent le secteur de l'artisanat mais aussi, de participer au processus de développement de la commune de Kandi. Cependant, dans leur participation au processus de développement de la commune de Kandi, les OPA sont confrontées à certaines difficultés internes. C'est l'ensemble de ces difficultés que nous nous proposons d'étudier dans cette deuxième partie de notre mémoire. Nous étudierons donc les diverses difficultés auxquelles sont confrontées les OPA, leur manifestation, leurs causes et gestion.

Cette partie est composée de deux chapitres comportant chacune deux sections.

Le premier chapitre est intitulé : Les limites liées à la structure et au fonctionnement des OPA et comprend les sections suivantes :

§ Section N° 1 : Les conflits internes aux OPA.

§ Section N° 2 : Les conséquences des conflits.

Le deuxième chapitre est intitulé : La gestion des conflits au sein des OPA. Il comprend aussi deux sections que sont :

§ Section N° 1 : Les organes de gestion au sein des OPA.

§ Section N° 2 : Les étapes de gestion des conflits au sein des OPA.

CHAPITRE III : LES LIMITES LIEES A LA SRUCTURE ET AU FONCTIONNEMENT DES OPA.

Les associations en général et celles d'artisans en particulier, sont confrontées à plusieurs types de difficultés. Ces difficultés varient d'une association à une autre. Au nombre de ces difficultés, on note la naissance et la persistance des conflits qui sont des types de difficultés le plus souvent liés à la structure et au fonctionnement des associations. En effet, dans la commune de Kandi, les conflits constituent pour les OPA un handicap réel.

Dans le cadre du présent chapitre, nous verrons les différents types de conflits qui minent les OPA, leur manifestation, leurs causes et conséquences.

Section 1 : Les conflits internes aux OPA.

Les conflits sont une réalité consubstantielle à toute vie associative. Partout où il y a rassemblement d'hommes issus de divers milieux sociaux, il se pose toujours des questions de divergence de points de vue, d'application de procédures, d'interprétation d'actes, d'incompatibilité d'humeur etc. Il en est de même pour les OPA. En effet, au sein des Associations, les artisans sont souvent opposés sur des questions sensibles qui débouchent parfois sur des conflits.

1. Les différents types de conflits et leur manifestation.

Les conflits auxquels sont confrontés les membres des OPA sont multiples et multiformes. D'une part, ils différent d'une OPA à une autre et d'autre part, quand bien même ils sont du même type, ils ne se manifestent pas de la même façon.

1.1 Les conflits d'attribution

Ces conflits se retrouvent au niveau des responsables d'association. Ils interviennent notamment pour trois (03) raisons :

· ignorance des attributions respectives,

· rivalités d'accès et de contrôle des biens de l'association,

· crise de leadership.

1.2 Les conflits entre lettrés et illettrés.

Il arrive que parfois les membres lettrés de certaines OPA développent un complexe de supériorité vis-à-vis des illettrés. Ils donnent l'impression de tout savoir, de détenir la vérité et sous-estiment les autres.

1.3 Les conflits entre leaders formels et informels.

Dans certains cas, les responsables légaux des OPA manquent d'initiatives. Ils ne font pas preuve de compétence dans l'exercice de leur fonction. Par contre, il y a de simples membres qui sont très clairvoyants et mettent en évidence les insuffisances des leaders formels. Il se pose dès lors un problème de leadership. Cette situation se retrouve parfois au sein du Bureau Directeur où le Président bien qu'ayant un niveau d'instruction supérieur par rapport aux autres membres du Bureau manque d'initiatives.

1.4 Les conflits entre autochtones et allogènes.

Au sein de certaines OPA, notamment dans les corps de métiers où il y a une forte population d'allogènes, il arrive que pour des questions de leadership, les artisans originaires de la localité s'opposent à ceux venus d'autres localités du Bénin. Parfois, les artisans venus d'ailleurs sont plus dynamiques que les autochtones qui revendiquent les premiers rôles.

1.5 Les conflits ethniques.

Parfois, au sein des Associations, le réflexe ethnique s'installe et se transforme en rapport de force. Cette situation s'observe au cours des divergences de point de vue, de la prise de décisions, des élections etc.

1.6 Les conflits liés à l'appartenance à différents partis politiques.

Les élections (présidentielles, législatives, communales, au Conseil Economique et Social) sont souvent des sources de rivalités sur le terrain, entre les membres d'une même association. Ces rivalités électorales perdurent au-delà des périodes électorales et provoquent des clivages au sein des associations soit par le comportement des perdants ou l'arrogance des gagnants. Le conflit politique intervient également, lorsque certains esprits malins de l'Association rusent à l'utiliser à des fins politiques. Dans cette situation, ils ont en face, ceux qui s'y opposent conformément aux dispositions statutaires qui fixent le caractère apolitique et non lucratif de toute association régie par la loi du 1er juillet 1901.

1.7 Les conflits de générations.

Dans la manière de régler certains problèmes, on observe aisément un clivage entre jeunes et anciens. Les anciens de tendance conservatrice s'opposent aux jeunes qui s'inscrivent pour leur part dans la logique du changement.

2. Les causes des conflits associatifs.

Les conflits associatifs ne naissent pas ex nihilo. Ils constituent la somme ou le résultat d'un certain nombre de situations ou facteurs sous-jacents. Il est donc erroné de croire qu'un conflit n'a pas de causes. Si on admet qu'un conflit a des conséquences, il va sans dire qu'il a aussi des causes. Et c'est l'ensemble des facteurs qui expliquent l'avènement d'un conflit que nous qualifions de causes. Le conflit étant un élément central, il est rattaché à des causes et conséquences.

Dans l'optique de mieux rendre compte des causes des conflits que nous avons étudiés, nous les classerons par catégories. Ainsi, nous pouvons distinguer les causes internes et les causes externes.

2.1 Les causes internes.

La recherche des causes des conflits associatifs conduit à un certain niveau vers des causes internes c'est-à-dire un ensemble de facteurs provenant de l'intérieur même des associations et pouvant provoquer ou rendre compte de l'avènement d'un conflit. Les causes internes aux conflits associatifs peuvent être étudiées à trois niveaux :

a) au niveau individuel :

À ce niveau, les conflits associatifs s'expliquent par des facteurs psychologiques propres à chaque membre. Il s'agit notamment des sentiments personnels, des humeurs, des émotions ou des préjugés des membres d'une association. C'est par exemple le cas des conflits de génération qui sont provoqués par l'opposition entre les considérations d'ordre éducatif, moral, esthétique etc. propres à chaque génération ou individu.

b) au niveau structurel :

Ici, les facteurs explicatifs des conflits se retrouvent dans la structure même des Associations. Comme le souligne si bien Dahrendorf cité par Guy ROCHER dans son essai Le changement social,  « c'est dans la structure de l'organisation sociale, dans son mode de fonctionnement, qu'il faut retrouver la source permanente qui provoque et alimente les conflits »17(*).

D'un point de vue structurel, ce sont les associations regroupant plusieurs corps de métiers qui sont le plus concernées. Souvent, dans ces genres d'Association, les membres éprouvent beaucoup de difficultés à maintenir une structure tangible. Issus de différents corps de métiers et aspirant tous à une représentativité au sein des instances de gestion de l'Association, ils s'opposent assez souvent sur les questions d'élection de représentants et même de leadership. C'est d'ailleurs la multiplicité des mésententes et conflits au sein des Associations communes qui conduit à la dissolution de celles-ci au profit de la création d'Associations spécifiques à chaque corps de métiers.

c) au niveau fonctionnel :

Le mode de fonctionnement des Associations constitue aussi une cause de conflits. A priori, toute association normalement constituée dispose en son sein d'un certain nombre de dispositions définissant son fonctionnement et sa gestion. Il s'agit notamment des statuts et du règlement intérieur qui définissent et précisent les attributions de chaque organe, les rôles et tâches incombant à chaque membre ainsi que les dispositions afférentes à la tenue des réunions, le remplacement des bureaux, la déchéance et l'admission de nouveaux membres etc. Cependant, malgré ces dispositions, on note des conflits qui naissent de la mauvaise application de celles-ci. En effet, une association est comme une équipe de jeu. Et en tant que telle, chaque personne ou instance joue un rôle bien déterminé. Lorsqu'une personne manque de jouer comme il le faut ses rôles, cela se ressent au niveau du résultat. La survie et le progrès de l'association ne tiennent qu'à la synergie et à la complémentarité entre les rôles de chaque membre.

Au sein des associations étudiées, beaucoup sont les artisans qui ne savent pas concrètement en quoi consistent leurs rôles au sein de l'association. Cet état de chose a souvent conduit à des conflits de rôles.

Pour comprendre davantage ce phénomène, nous avons expérimenté deux (02) tests au cours de nos travaux avec les membres du Bureau Directeur de certaines Associations.

TEST N°1 :

Le premier test a pour but de mesurer la compréhension que les principaux membres du bureau directeur ont de leurs rôles respectifs. Ce test a consisté à faire subir à chacun des membres du bureau directeur une épreuve. Ladite épreuve consistait à faire dire à chaque membre le contenu de ses rôles au sein de l'Association. Les propos de chaque membre ont été minutieusement recueillis et confrontés plus tard à ce qui figure dans les textes de l'Association.

RESULTAT :

Le résultat obtenu à partir de ce test a révélé que la majorité des membres du bureau directeur des différentes associations étudiées éprouvaient des difficultés à dire avec exactitude en quoi consistent leurs rôles. Soit, ils ne citent qu'une partie de leurs rôles soit, ils les confondent aux rôles des autres membres.

Le deuxième test a pour but de renseigner sur une question fondamentale qui naît du résultat issu du premier test. Qu'est-ce qui explique la non maîtrise de leurs rôles respectifs  par certains membres des associations?

TEST N°2

Il consiste à faire lire et expliquer par chaque membre, la partie des textes statutaires qui concerne ses fonctions au sein de l'association. Cet exercice a été complété par un autre qui a consisté à faire dire aux membres interviewés le nombre de fois qu'ils lisent les textes réglementaires de leur Association par mois.

RESULTAT :

Le résultat du deuxième test a permis de se rendre compte que sept membres sur dix en moyenne ne parviennent pas à lire et expliquer correctement la partie des textes de l'Association qui indique leurs rôles. Leur niveau d'instruction ne leur permet pas de lire et expliquer sans difficultés les phrases des textes souvent écrites avec un français plus ou moins soutenu. Le constat se faisait net que ce n'est pas les membres de l'Association eux-mêmes qui ont élaboré les textes.

Le deuxième exercice a permis de constater que certains membres des Associations ne se soucient guère de relire la partie des textes qui stipule leurs rôles quoiqu'ils sont conscients de ne pas maîtriser véritablement la langue dans laquelle ces textes ont été écrits.

Il ressort des résultats des deux tests que l'incapacité de certains membres du Bureau Directeur des associations à pouvoir définir avec précision le contenu réel de leurs attributions et la confusion qui s'en suit, sont à la base des conflits d'attribution. Le problème fondamental mis en évidence ici étant l'analphabétisme.

En dehors du faible niveau d'instruction, d'autres facteurs liés au fonctionnement des Associations expliquent aussi la naissance des conflits associatifs.

Il s'agit du non respect du délai de la tenue des réunions ordinaires des Associations. En effet, pour des raisons diverses dont en l'occurrence, le labour des champs, les réunions sont très souvent décalées ou annulées. Ce fait s'observe le plus au cours de la saison des pluies et provoque une indignation de la part des membres qui ne s'adonnent pas aux travaux champêtres et qui sont très respectueux des textes associatifs. Ces derniers estiment que les absences répétées de certains membres empêchent les organes auxquels ils appartiennent de bien jouer leurs rôles et ternissent l'image de l'Association.

2.2 Les causes externes.

Les conflits associatifs sont aussi dus à des causes externes. Par causes externes, nous désignons tous les facteurs extérieurs aux Associations et susceptibles de provoquer des conflits au sein de ces dernières.

L'étude des causes externes des conflits associatifs met en exergue les diverses influences que subissent les Associations ou leurs membres de la part de l'environnement socio-politique, économique et culturel qui les caractérise. Il est évident que les Associations ne vivent pas en vase clos. Leur progrès est le résultat de leur dynamique interne et de leurs divers partenariats. Cependant, les relations que nourrissent les Associations avec le monde extérieur ne sont pas toujours apaisées ; parfois, elles sont sources de discordes entre les membres. De façon synthétique, nous étudierons les causes externes des conflits associatifs sur trois plans : sur les plans socio-politique, culturel et économique.

Sur le plan socio-politique, les candidats aux diverses élections (présidentielles, législatives, communales, municipales, au Conseil Economique et Social) manipulent les membres des Bureaux Directeurs des Associations qui à leur tour tentent de conquérir les autres membres à leurs convictions politiques. Or, les Associations dans leur essence même sont des organisations apolitiques dont les membres en dépit de leurs convictions politiques ne doivent pas afficher leur appartenance ou leur soutien à tel ou tel candidat. Le non respect de ce principe par certains membres, candidats ou parents de candidats aux élections crée des tensions au sein des Associations. D'un autre côté, les rivalités électorales perdurent au-delà des périodes électorales et provoquent des clivages au sein des Associations soit, par le comportement des mauvais perdants soit, par l'arrogance des gagnants. C'est le cas par exemple des conflits liés à l'appartenance à différents partis politiques (cf. Chapitre I Section 1).

Sur le plan culturel, les conflits naissent du choc des us et coutumes entre membres allogènes et autochtones. Issus de divers milieux culturels, les artisans s'opposent parfois sur des questions relatives à l'éthique, à la vie en communauté, aux jugements de valeurs, etc. Le choc des cultures occasionné par les divergences culturelles entrave l'intégration de nouveaux membres, rend difficile la synergie entre les générations et fragilisent les moyens de coopération entre les membres.

L'environnement économique crée aussi des tensions au sein des Associations. Ici encore, le manque de financement, l'insuffisance de débouchés, l'inexistence d'un centre commercial artisanal etc. constituent autant de facteurs qui poussent les artisans à s'investir dans d'autres secteurs. Si cela est considéré par certains comme un pis aller, pour d'autres, il s'agit visiblement d'un manque de professionnalisme. Cette cause quoique apparemment banale témoigne de l'existence au sein de la classe artisane de deux (02) tendances. Celle de certains artisans soutenant que malgré les problèmes auxquels sont confrontés les artisans, ceux-ci doivent être solidaires et s'investir davantage dans le secteur afin de le promouvoir. A l'opposé de ceux-là, existent les artisans pour qui, la recherche d'autres activités génératrices de revenus permet d'atténuer les effets économiques néfastes engendrés par les problèmes du secteur.

Section 2 : Les conséquences des conflits associatifs.

Les conflits associatifs ne sont pas sans conséquences sur les Associations. En effet, selon leur durée et ampleur, ils entraînent des conséquences multiformes sur les Associations et leurs membres. Dans la présente section, nous étudierons l'effet de ces conflits sur les membres des Associations ainsi que sur les Associations elles-mêmes.

1. Les conséquences des conflits associatifs sur les membres des associations.

Les conflits sont omniprésents dans toute vie associative et prennent des formes extrêmement variées. Sans chercher à faire une classification systématique des conséquences des conflits, on peut quand même établir un lien étroit entre les causes des conflits et leurs conséquences.

En effet, les conflits associatifs entraînent souvent deux types de conséquences sur les membres. On note d'une part, les conséquences qui participent à l'évolution des membres et d'autre part celles qui retardent leur évolution.

Les conséquences qui participent à l'évolution des membres sont celles qui resserrent les liens de collaboration entre ceux-ci. En effet, les conflits ayant connu un aboutissement heureux présentent une issue normale et aident les membres à se comprendre davantage. Ils ont donc pour conséquences de renforcer les liens de collaboration entre ceux-ci et d'accroître leurs expériences sur la vie associative de façon générale. Mieux, par ces conséquences, les membres acquièrent de nouvelles connaissances en matière de gestion de conflits associatifs. Sur le plan individuel, chaque membre se sent soulagé de l'aboutissement heureux du conflit en même temps qu'il en tire des leçons pour le futur. De façon collective, les membres se félicitent du résultat obtenu et de l'efficacité des stratégies utilisées en même temps qu'ils en tirent les leçons convenables pour la gestion de leur Association.

Cependant, certains conflits ont pour conséquences de retarder l'évolution des membres au sein des Associations. Il s'agit en l'occurrence des conflits dont le règlement ne connaît pas un aboutissement heureux. Dans ce cas, les membres se divisent davantage et la collaboration entre eux devient très difficile. A un moment où il faudrait s'efforcer de faire converger les ressources de l'organisation vers les buts fixés, un conflit peut entraîner un gaspillage de ces mêmes ressources, notamment en temps et en argent. Les conflits générateurs de ces conséquences ne participent guère au changement positif de l'Association. Les conflits ethniques, entre autochtones et allogènes et les conflits de générations ont souvent ces genres de conséquences à cause des considérations culturelles et idéologiques qui les sous-tendent. Lorsque les conflits perdurent sans qu'il ne soit possible de leur trouver une solution, les membres concernés sont déchus dans certains cas afin de permettre à l'Association de pouvoir bien fonctionner.

2. Les conséquences des conflits associatifs sur le fonctionnement des Associations.

Les effets des conflits associatifs sur les membres entraînent par voie de conséquences d'autres impacts sur le fonctionnement des Associations. Les différents enjeux autour desquels se cristallisent les conflits créent une atmosphère de tension. C'est par exemple le cas des conflits d'attribution. En effet, l'ignorance des attributions respectives et les enjeux liés à l'accès et au contrôle des biens de l'Association poussent certains membres simples ou certains responsables de l'Association au conflit. Ce phénomène s'observe le plus au sein des Associations rurales où les responsables en sont très souvent les membres fondateurs. De ce fait, ils considèrent l'Association comme une propriété privée et n'hésitent pas à faire pression sur les membres sollicitant le renouvellement du Bureau. Dans la plupart des cas étudiés et d'après les informations recueillies, les OPA au sein desquelles ces conflits sont survenus, ont traversé une période morte à cause de la paralysie des organes de gestion, en l'occurrence, du Bureau Directeur. C'est le cas par exemple de l'Association des Artisans de Angaradébou (AAA).

D'un autre côté, l'incapacité des membres à régler les conflits liés au genre crée à la longue des clivages au sein des Associations. La création de l'Association Montagne des Couturières de Kandi (AMCK) illustre à plus d'un titre ce fait. En effet, les femmes de cette association se sentant régulièrement reléguées à l'arrière plan par les hommes ont décidé de créer leur propre association. Leur objectif se faisant est de prouver aux hommes qu'elles sont à même de créer et gérer une association au même titre qu'eux et de promouvoir aussi la gente féminine à avoir confiance en ses propres capacités.

CHAPITRE IV- LA GESTION DES CONFLITS AU

SEIN DES OPA.

Tout ce qui a été dit jusqu'ici permet d'entrevoir les Associations comme des creusets où interviennent des acteurs ayant en partage les mêmes objectifs mais opposés aussi sur certains plans. L'atteinte des objectifs communs suppose l'existence de relations professionnelles entre les acteurs qui animent la vie des Associations. Cette vie en association impose des attentes réciproques. Cependant, la réalité est plus complexe que ce à quoi on pourrait s'attendre. Sur le plan individuel, ces acteurs sont issus de différents milieux sociaux, ils n'ont pas reçu la même éducation et ne disposent pas de la même capacité d'internalisation des normes associatives et de leur mise en pratique. Le jeu des influences réciproques des acteurs les uns sur les autres associées aux exigences de la vie associative créent progressivement un système d'interactions normal mais aussi conflictuel qui se structure et évolue à mesure que l'Association grandit. Ainsi, au-delà de tout ce que la vie associative engendre comme normes ou codes de conduite, il faut reconnaître qu'elle n'est pas pour autant à l'abri des situations conflictuelles. Autrement dit, même si les dispositions contenues dans les Statuts et les normes stipulées dans le Règlement intérieur des Associations constituent des formes de contrat auxquelles adhèrent les membres, il est à noter que les Associations ne sont pas des sommes d'individus liés entre eux rien que par ces normes. Il faut par ailleurs tenir compte de la multiplicité de leurs interactions, de leur personnalité et de la différenciation culturelle qui les caractérise.

Le chapitre précédent nous a permis d'étudier le conflit dans ses diverses manifestations et en tant que réalité consubstantielle à toute vie associative. Dans le présent chapitre, nous étudierons les organes dont disposent les OPA pour gérer les conflits qui les minent et les étapes que ces organes empruntent dans le processus de règlement de ces conflits.

Section 1 : Les organes de gestion des conflits au sein des Associations.

L'existence de conflits au sein des OPA est doublée de la volonté des artisans d'y trouver une solution. Deux notions sont résolument à prendre en compte : d'une part, la notion de `Conflits' et d'autre part, celle de `Règlement de conflits'. Le règlement de conflits constitue une tâche capitale dans le fonctionnement d'une Association. La survie de l'Association et la cohésion entre ses membres en dépendent en partie. Aussi, dans le souci de sauvegarder cette cohésion, les artisans désignent-ils des responsables ou organes pour régler les cas de conflits.

1. Le Chargé du contentieux.

Le Chargé du contentieux est la personne qui s'occupe du règlement des litiges, des contestations et des conflits au sein des OPA. Il a pour rôles de prévenir et de gérer les conflits.

Il est élu par l'Assemblée Générale et ce, en considération de ses qualités ou aptitudes à régler les conflits. Très souvent, le Chargé du contentieux est une personne d'un certain âge, jouissant d'une certaine audience et connu comme un homme de paix et de dialogue.

Mais le Chargé du contentieux échoue parfois dans sa mission de règlement de conflits. Dans ce cas, il fait recours à l'Assemblée Générale qui constitue l'instance suprême de délibération et de décision de l'Association.

2. L'Assemblée Générale.

L'Assemblée Générale est constituée de tous les membres en règle vis-à-vis de l'Association. Elle coiffe tous les autres organes de l'Association et dispose du pouvoir suprême de décision. Elle est aussi un organe de règlement des conflits associatifs mais, à un second degré. Car elle récupère les cas de conflits non réglés par le Chargé du contentieux auxquels elle tente de trouver à son tour une solution. De même qu'elle délibère sur l'admission de nouveaux membres au sein de l'Association, de même, elle délibère sur le règlement des conflits survenus au sein de l'Association et sur la possible suspension ou déchéance des protagonistes. Cet aspect de règlement de conflits au niveau de l'Assemblée Générale est d'autant plus important que les conflits qui dépassent la compétence du Chargé du contentieux sont d'une certaine ampleur que si on ne les réglait pas, l'Association risque d'en souffrir dans son fonctionnement.

Cependant, si nous tenons pour évidence que le conflit est une entorse à la cohésion et la dynamique associative et par suite, qu'il peut être considéré comme négatif dans ses manifestations ou même comme symptôme d'une mauvaise régulation, il faut admettre que le règlement du conflit contribue de façon constructive à une régulation d'ensemble de l'Association. La complexité même du conflit fait que son règlement est progressif et appréhendé comme une suite d'étapes. Dans la section qui va suivre, nous étudierons les différentes étapes que suivent le Chargé du contentieux et l'Assemblée Générale dans le règlement des conflits associatifs.

Section 2 : Les différentes étapes de gestion des conflits au sein des OPA.

Le règlement des conflits associatifs ne peut se faire sans la prise en compte des étapes d'évolution des conflits. Dans l'évolution d'un conflit, trois étapes sont souvent distinguées par les artisans à savoir : sa genèse- son déroulement- sa fin. Les processus de règlement des conflits tiennent compte de ces trois étapes tout en insistant sur des aspects tels que les émotions des protagonistes, leurs stratégies et motivations etc.

Quelles sont alors les étapes suivies par les organes de gestion des conflits associatifs dans le secteur de l'artisanat à Kandi?

1. Les étapes suivies par le Chargé du contentieux.

Dans sa mission, le Chargé du contentieux suit les étapes suivantes :

· Au niveau de la prévention :

ü Attirer l'attention des membres sur les situations qui peuvent être sources de conflits,

ü Apprécier la qualité des rapports entre les membres de l'Association,

ü Tirer rapidement au clair les malentendus.

· Au niveau du déroulement des conflits :

ü Définir sa mission et préciser ses objectifs,

ü Ecouter les parties en cause,

ü Rechercher les tenants et les aboutissants du conflit,

ü Evaluer les dommages.

· Au niveau du règlement des conflits :

ü Préconiser des solutions en tenant compte des intérêts ou enjeux des protagonistes,

ü Informer les protagonistes de ces solutions et chercher à avoir leur adhésion,

ü Mettre fin au conflit par la réconciliation des protagonistes

2. Les étapes suivies par l'Assemblée Générale

L'Assemblée Générale constitue l'instance de récupération des cas de conflits non solutionnés par le Chargé du contentieux. Elle suit les étapes suivantes dans le processus de règlement des conflits dont elle traite :

· Au niveau du déroulement des conflits :

ü Définir sa mission et préciser ses objectifs,

ü Ecouter les parties en cause,

ü Rechercher les tenants et les aboutissants du conflit,

ü Evaluer les dommages et ceci, sous la direction d'un comité ad hoc.

· Au niveau du règlement des conflits :

ü Préconiser des solutions en tenant compte des intérêts ou enjeux des protagonistes,

ü Informer les protagonistes de ces solutions et chercher à avoir leur adhésion,

ü Mettre fin au conflit par la réconciliation des protagonistes.

En cas d'échec de toutes les tentatives de règlement des conflits, le comité ad hoc mis sur pied pour la circonstance informe lors d'une plénière l'Assemblée Générale qui prend acte et avise souverainement. Ce compte rendu du comité ad hoc se met en marge des démarches individuelles menées par divers membres pour calmer les protagonistes. Cependant, il est à noter que les personnes enquêtées ont fait très peu cas de conflits réglés par l'AG.

3. Conclusion partielle

L'étude des conflits associatifs pose des questions d'ordre théorique auxquels nous ne saurions nous soustraire.

Le conflit en tant que phénomène social a été abordé par plusieurs auteurs à travers une riche et ancienne littérature. Pour les fins de la présente analyse, nous emprunterons la démarche suivante : nous discuterons les résultats présentés dans la présente partie en nous référant au problème posé dans la problématique et à l'hypothèse connexe à la présente partie. Aussi, la discussion sera-t-elle guidée par les questions suivantes :

- Au regard de la définition de la notion de conflit que nous avons donnée dans la clarification conceptuelle, comment le conflit peut-il être appréhendé du point de vue des résultats recueillis et des courants sociologiques ?

- Quels changements les conflits identifiés ont-ils significativement apportés dans le secteur de l'artisanat à Kandi ?

En réponse à la première question, nous pouvons dégager trois façons dont le conflit peut être appréhendé sur la base des résultats de la présente recherche.

Tout d'abord, les conflits associatifs constituent une réalité consubstantielle aux OPA. En effet, les OPA sont en permanence confrontées à des situations de conflits. Ainsi, en tant que réalités sociales animées par des acteurs sociaux, les OPA n'échappent guère à la loi du conflit : les conflits sont inhérents à la nature et au fonctionnement de celles-ci.

Ensuite, les conflits associatifs en tant que conflits sociaux, mettent en opposition deux catégories d'acteurs : ceux qui ont une position donnée et les autres qui ont une position contraire. Nous entendons par acteur, tout membre d'association qui agit, qui est engagé dans un processus d'actions sociales avec ses paires ou d'autres acteurs. De fait, les conflits sont appréhendés comme une sorte de contradiction, d'opposition mettant en jeu des acteurs ayant des sentiments, des intérêts ou des idées divergentes.

Enfin, les conflits associatifs peuvent être considérés comme des facteurs engendrant le progrès des Associations. En dehors des facteurs exogènes qui entraînent un changement au niveau des OPA, on note également l'action des facteurs endogènes tels que les conflits, la collaboration entre les membres, le fonctionnement des OPA etc. En tant que facteurs endogènes, les conflits peuvent être considérés comme des forces à cause de la particularité qu'ils possèdent d'entraîner des changements au sein des OPA. Paraphrasant Karl Marx, cité par Ralf Darhendorf dans le Changement social de Guy Rocher, nous pouvons affirmer que c'est une caractéristique des organisations sociales que leur fonctionnement crée les forces qui les transforment. Ce troisième aspect nous sert de transition pour aborder la deuxième question relative à la mise en exergue des changements significatifs provoqués par les conflits au sein des OPA.

Les changements provoqués par les conflits associatifs sont de deux ordres. On note les changements qu'on pourrait qualifier de positifs et ceux qu'on pourrait qualifier de négatifs. Mais avant toutes choses, qu'entendons-nous par changements ? Pour les fins de notre analyse, nous désignons par changement, toute modification ou transformation fut-elle favorable ou défavorable engendrée par un conflit et pouvant être identifiée comme la conséquence de ce conflit.

Le premier changement positif qu'on pourrait mettre à l'actif des conflits associatifs réside dans la dissolution de l'association commune des artisans de Kandi au profit d'Associations spécifiques à chaque corps de métier. Il est évident que cette dissolution a aussi été occasionnée par d'autres facteurs tels que l'élaboration du Code de l'artisanat et la création de la Fédération Nationale des Artisans du Bénin. Cependant, les conflits associatifs en sont une cause fondamentale en ce sens qu'ils ont favorisé la prise de conscience des couches artisanales. Mais comment cette dissolution peut-elle être appréhendée de façon théorique?

Théoriquement, nous baserons l'explication de cette dissolution sur une partie du modèle théorique de Darhendorf. En effet, nos recherches empiriques sur le terrain confirment à l'analyse la thèse de « l'inégale répartition de l'autorité » chère à Darhendorf. Qu'entendons-nous par autorité ?

Nous empruntons notre définition de l'autorité à Max Weber qui la conçoit comme « la probabilité qu'un ordre ayant un certain contenu spécifique entraînera l'obéissance d'un groupe donné de personnes ». En effet, l'Association commune étant un conglomérat de corps de métiers, les artisans avaient souvent du mal à s'accorder sur des questions d'intérêt spécifique. De façon concrète, un menuisier peut-il valablement représenter le corps des forgerons ou celui des maçons et défendre convenablement leurs intérêts alors même que ceux-ci aspirent aussi à un contrôle de l'Association ? Toute la question réside là, car tous les leaders de chaque corps de métiers aspiraient à une certaine représentativité au niveau des instances de gestion de l'Association. Ainsi, l'impossibilité pour certains leaders d'accéder à des postes de contrôle a très vite conduit à l'expression de conflits d'intérêt, conflits relevant de la « distribution dichotomique de l'autorité ».

Un autre changement positif qui peut être mis à l'actif des conflits associatifs réside dans la dotation de certaines Associations d'un Chargé du contentieux. On peut par exemple citer le cas de l'Association des Coiffeurs et Coiffeuses de Kandi (ACCK), de l'Association des Mécaniciens Motos de Kandi (AMMK), de l'Association des Menuisiers de Kandi (AMK) etc. La création d'un tel poste peut être perçue comme un progrès provoqué par les conflits associatifs devenus pour la circonstance inquiétants pour les artisans eux-mêmes. Cet aspect nous semble si important à souligner du fait même que de nos jours, le concept de

" conflit "est secondé par l'expression " règlement de conflit ".

Par ailleurs, les conflits associatifs ont aussi engendré d'autres types de conflit. Ces conflits que nous qualifions de négatifs consistent en la démission de certains membres pourtant très dynamiques. En effet, la persistance des conflits constitue pour certains membres un réel indice d'inconfort. Ces membres `'fatigués'' de toujours être en mésentente avec leurs paires finissent par quitter leur Association malgré le fait qu'ils soient porteurs de bonnes idées. C'est par exemple le cas de l'Association Montagne des Couturières de Kandi (AMCK) qui est née par suite de plusieurs mésententes entre les hommes, toujours portés à occuper les premiers postes et les femmes qui se sentent du coup lésées. Cette association ne dispose en son sein que des femmes et n'entend associer pour n'importe quelles raisons les hommes par peur d'éventuels conflits.

Un autre changement réside dans le manque de synergie entre les initiatives des membres. En effet, certains conflits ayant connu une forte intensité créent chez les protagonistes de vifs sentiments qui peuvent contre toute attente résister à l'usure du temps. Ainsi, les intéressés mus par des sentiments tout à fait opposés ne ratent aucune occasion de se torpiller ou évitent de coopérer.

TROISIEME PARTIE 

INCIDENCE DE L'ABANDON DES ATELIERS EN PERIODE DE CULTURE DU COTON SUR LE SECTEUR DE L'ARTISANAT A KANDI

D'une région à l'autre et selon leurs conditions et cadre d'existence, les hommes exercent des activités adaptées à leur milieu de vie et à leurs besoins. La commune de Kandi est caractérisée par des sources d'eau, un sol ferrugineux et très fertile, une forêt claire et des montagnes. Cet environnement a permis le développement d'un certain nombre d'activités notamment : la chasse, la fonte, la forge mais surtout l'agriculture. Plus de la moitié de la population s'adonnent à la culture des champs qui est pratiquement une activité traditionnelle. En effet, quand vient le moment des travaux champêtres, toute la famille est mobilisée à cause du besoin pressant de mains d'oeuvre et d'organisation du travail. Dans les villes et campagnes, toutes les autres activités tournent au ralenti. L'artisanat aussi n'est pas épargné car beaucoup sont les artisans qui ferment leurs ateliers définitivement ou temporairement pour aller cultiver la terre. Certains apprentis, à défaut de rejoindre leurs parents au village, suivent leurs patrons pour aller au champ.

Dans la présente partie, nous étudierons l'incidence qu'une telle pratique engendre sur le développement du secteur de l'artisanat à Kandi.

Cette partie est structurée autour d'un seul chapitre. Ce chapitre est intitulé : L'abandon des ateliers en période de labour. Il est subdivisé en trois sections que sont :

§ Section N° 1 : Les causes de l'abandon des ateliers.

§ Section N° 2 : Les conséquences de l'abandon des ateliers.

§ Section N° 3 : Analyse.

CHAPITRE V : L'ABANDON DES ATELIERS EN PERIODE DE LABOUR.

La commune de Kandi, comme d'ailleurs toute la région septentrionale du Bénin est caractérisée sur le plan climatique par deux saisons : une saison sèche allant du mois d'octobre au mois d'avril et une saison pluvieuse allant du mois de mai au mois de septembre. Chacune de ces saisons constitue pour les paysans une période cruciale. La culture des champs, en l'occurrence, celle du coton suppose certaines préparations de la terre et tout un dispositif de mains d'oeuvre et de matières premières pouvant s'échelonner sur l'ensemble des deux périodes. A côté des traditionnelles cultures agricoles, la culture du coton constitue un réel atout pour les agriculteurs. Les revenus qui en découlent sont plus consistants. Ce qui fait que cette activité n'est plus le seul apanage des agriculteurs devenus pour la plupart cotonculteurs.

En effet, tous ceux qui disposent de terres, à défaut de les cultiver eux-mêmes, engagent de la main d'oeuvre pour les mettre en valeur. Les artisans non plus ne se font pas prier. Selon les périodes, ils sont mobilisés à faire le débroussaillage, la préparation du sol avec de l'engrais, la semence, le suivi de l'évolution des plantes, la récolte, l'acheminement du coton brut dans les usines d'égrenage, le suivi du tonnage et la vente du coton après son égrenage. Toutes ces opérations demandent du temps surtout si la surface emblavée est vaste et une réelle présence sur le terrain. Les ateliers des artisans " cotonculteurs " sont, soit temporairement, soit définitivement fermés. Les mois d'octobre à janvier pour la saison sèche et de mai à juillet pour la saison des pluies sont des mois de forte mobilisation.

Quelles sont alors les principales causes de ce départ massif des artisans de leurs ateliers ?

Section 1 : Les causes.

L'abandon des ateliers par les artisans en période de culture du coton est un phénomène cyclique d'une part, et revêtant un caractère collectif d'autre part. Deux causes principales ont été identifiées pour expliquer ce phénomène. Il s'agit en l'occurrence des causes économiques et culturelles.

1. Les causes économiques.

La fermeture temporaire ou définitive des ateliers par les artisans est en partie due à certaines causes économiques. En effet, pour beaucoup d'artisans, c'est la pauvreté caractérisant le secteur de l'artisanat qui les pousse à s'adonner à l'agriculture. Cette pauvreté se traduit par l'insuffisance de sources de financement, de débouchés, l'inconsistance des commandes, le manque de fonds de roulement et d'équipement etc. Dans la majorité des cas, les artisans n'ont pas de garanties à pourvoir auprès des institutions financières pour bénéficier de prêts. Leurs investissements sont généralement réalisés par autofinancement, par prêt familial ou avec la tontine.

Par ailleurs, ces derniers manquent de débouchés pour écouler facilement et rapidement leurs produits. Très souvent, les montants des commandes ne suffisent pas à couvrir toutes leurs charges. Ils manquent de fonds propres pour mener leurs activités ou acquérir des équipements. Tous ces facteurs expliquent la fermeture des ateliers en période de culture du coton. Comparativement à l'artisanat, la culture du coton offre beaucoup plus de ressources. Les revenus tirés de cette culture sont investis dans d'autres domaines ou secteurs. Mieux, ils aident les artisans à renforcer leurs fonds de roulement et à équiper leurs ateliers.

2. Les causes culturelles.

Le fait que les artisans s'adonnent à la culture des champs s'explique aussi par des causes culturelles.

En effet, sur les dix (10) arrondissements que compte la commune de Kandi, sept sont ruraux. Les autres arrondissements qualifiés d'urbains ne répondent pas scrupuleusement aux critères de définition d'une ville. Le volume humain qui occupe l'espace de ces arrondissements n'est pas assez dense, l'urbanisation n'est pas profonde, le niveau des échanges commerciaux est faible, les moyens de communication et les bâtiments administratifs ne sont pas bien répartis géographiquement etc. Tous ces facteurs dénotent de la faible complexité de la vie à l'intérieur de ces arrondissements. De fait, la prégnance de la culture dans les habitudes est encore très forte. Les relations que les paysans ont avec la terre sont très prononcées car la terre en tant qu'élément physique, occupe une place centrale dans leur culture. Non seulement, elle fournit les éléments nécessaires à la satisfaction des besoins des paysans, mais elle constitue également le cadre d'exercice de différentes activités religieuses, économiques, culturelles etc. pour ces derniers. Diverses cérémonies sont faites par les paysans en direction de la terre à certaines périodes de l'année pour des buts bien définis ; soit, c'est pour symboliquement rendre la terre plus fertile, soit c'est pour remercier les dieux de la terre qui ont gratifié d'une abondante récolte.

Fortement moulés dans leur culture, certains artisans ne peuvent se soustraire à ces us et coutumes. Quand vient le moment indiqué, ils quittent les villes vers les villages pour sacrifier à la tradition et cultiver la terre. Plus qu'une nécessité économique, le retour à la terre constitue un devoir culturel ; en quelque sorte un fait social.

Section 2 : Les conséquences.

Si le retour à la terre en période de culture du coton constitue pour les artisans un moyen de lutter contre la pauvreté qui mine leur corporation, il n'en demeure pas moins vrai que cette pratique engendre des conséquences multiples. Au nombre de celles-ci, on peut noter le manque de cohésion et de synergie au sein des Associations et par ricochet, la fragilisation de la dynamique associative.

1. Le manque de cohésion et de synergie au sein des associations.

Une association est un regroupement de plusieurs personnes acquises à la même cause et unissant librement tous les moyens dont elles disposent pour la réalisation de celles-ci. Cette définition présente la particularité de souligner entre autres caractéristiques d'une association, l'uniformité des objectifs à atteindre par les membres et l'union de leurs moyens en vue d'atteindre ces objectifs. D'une part, l'uniformité des objectifs crée une certaine stabilité au sein de l'association ; stabilité qui est à la base de la cohésion qui existe ou devrait exister entre les membres. D'autre part, l'atteinte des objectifs communs suppose une complémentarité entre les tâches et rôles de chaque membre étant entendu qu'un seul membre ne peut à lui seul exécuter toutes les tâches relevant du fonctionnement de l'association.

Cependant, les données empiriques collectées sur le terrain indiquent avec une forte évidence que l'abandon provisoire des ateliers en période de culture du coton engendre d'énormes problèmes de cohésion et de synergie au sein des OPA.

En quels termes se posent alors ces problèmes ?

En effet, l'abandon provisoire des ateliers entraîne la mise en veilleuse de certains métiers durant une période donnée. Période qui peut s'étendre un semestre environ surtout si les activités champêtres à exécuter sont multiples ou sont transversales aux deux saisons. Cette absence prive donc les populations du bénéfice de certaines prestations relevant des métiers concernés. Or, il s'avère parfois que ces services sont d'une utilité quotidienne.

Par ailleurs, les premiers acteurs qui sont supposés animés la vie associative sont les artisans eux-mêmes. Ce sot eux qui créent les Associations, initient des réunions au cours desquelles ils discutent de leurs problèmes et y entrevoient des solutions. Mais la pratique de la culture du coton, empêche certains artisans de réellement participer à la vie associative. En conséquence, la mise en oeuvre des décisions et initiatives communes souffrent de l'absence des ressources humaines concernées. Dans ces conditions, les autres membres disposent-ils toujours des moyens nécessaires (coercition- communication- intermédiation- dissuasion- sanctions etc.) pour obliger leurs paires à respecter les dispositions statutaires en matière de présence et de participation ?

Sur un tout autre plan, cette double vacation des maîtres artisans et/ou des apprentis affecte et modifie sérieusement les calendriers d'apprentissage de ces derniers. Cela pose la problématique de la qualité de l'apprentissage reçu étant donné que l'apprenti qui est admis dans un atelier sur la base d'un contrat de cinq (05) ans pleins par exemple, passe en définitive près ou même plus de la moitié de l'année à s'occuper de travaux champêtres. En conséquence, il s'ensuit une stagnation voire une régression des connaissances acquises. L'apprentissage étant d'abord observation et imitation (regarde ce que je fais et fais comme moi), la progression de l'apprenti est soumise aux obligations de la production au sein de l'atelier.

2. La fragilisation de la dynamique associative.

Le phénomène de l'abandon des ateliers par les artisans en période de culture du coton présente également pour conséquence, la fragilisation de la dynamique associative.

En effet, la dynamique associative est perçue comme le mouvement ascendant le progrès ou l'évolution que connaît une association ou une organisation sou l'effet de ses propres activités et partenariats. Ici, par le terme d'activités, nous désignons l'utilisation à des fins de fonctionnement des moyens (humains- financiers- matériels) qui sont mis à la disposition des membres d'une association. Au niveau du secteur de l'artisanat à Kandi, les premiers acteurs contribuant à la dynamisation des associations sont les artisans eux-mêmes. Ce sont eux qui créent les associations, les animent exécutent diverses initiatives, définissent les cadres réglementaires de réalisation des apprentissages, fixent les dates et les conditions de déroulement des examens de fin de formation, recherchent des partenaires pour la réalisation de diverses formations ou un appui financier etc. Toutes ces activités exigent pour réalisation un lourd investissement tant sur les plans humain, financier que matériel. Mais plus toute autre chose, elles exigent de la disponibilité et une forte mobilisation. Or, la pratique de la culture du coton par les artisans `'cotonculteurs'' crée une certaine démobilisation au sein du secteur de l'artisanat. Ce facteur met en évidence certains aspects importants à analyser.

En effet, les champs destinés à la culture du coton sont situés à plusieurs dizaines de kilomètres du centre ville pour ce qui est des artisans citadins. La pratique de ces distances ne permet pas aux artisans de revenir se si tôt sur leurs lieues de travail. De m^me, l'utilisation d'outils traditionnels tes que la houe, la daba etc. rend les travaux plus lents ce qui occasionne une absence plus ou moins prolongée des artisans concernés. Cette absence s'observe tant au niveau de l'atelier qu'à celui de l'association. Au niveau de l'atelier, cette absence crée de graves conséquences sur la formation des apprentis qui encourent le risque de désapprendre et d'être démotivés. Au niveau de l'association, elle crée un vide du fait de la non participation des artisans concernés aux réunions statutaires et à l'abandon des valeurs cardinales qui fondent la réunion des artisans en association. Dans ces conditions, on est tenté de se poser la question de savoir quels artisans pour quelles associations ?

Section 3 : Analyse.

L'analyse du phénomène de l'abandon des ateliers par les artisans en période de culture du coton et de ses implications apparaît non comme la mise en exergue de simples liens mécaniques expliquant un phénomène mais plutôt comme la recherche d'un faisceau de variables répondant à une logique propre. Du fait de l'existence et de l'imbrication de certaines variables telles que la culture, l'économie, le social etc., nous procéderons à l'analyse du phénomène sous deux angles. L'angle de l'analyse structurale et l'angle de l'analyse fonctionnelle.

Partant de l'analyse structurale, nous identifions le phénomène de l'abandon des ateliers comme un produit de ce que nous pouvons appeler le système social ou l'organisation sociale de l'ensemble des communautés de la commune de Kandi.

D'après les données empiriques collectées sur le terrain, les fondements de la structure de la société `'kandienne'' sont étroitement liés à la culture de ses communautés. En effet, les secteurs tels que la santé, l'éducation, l'économie, la politique  étaient organisés d'après des pratiques culturelles très anciennes. Les savoirs relevant de ces secteurs étaient transmis suivant un modèle donné et surtout dans le cadre familial. C'est ainsi qu'on pouvait noter des castes de forgerons, d'agriculteurs, de guérisseurs, de tisserands etc. L'organisation sociale était telle qu'il était demandé voire exigé de tout membre de la famille d'apprendre le métier de son père ou de sa mère. Il était donc aisé de mettre en apprentissage tout membre auprès de sa propre famille. La famille étant identifiée comme le lieu où l'enfant pouvait non seulement apprendre un métier mais recevoir une éducation. Education et apprentissage constituaient donc deux éléments transversaux aux différents secteurs et matérialisaient le choix culturel adopté par ces communautés. Ces choix constituent l'échafaudage même de ce que Ruth Bénédict désigne par « cultural pattern ».18(*) De nos jours, cette organisation sociale a toujours force de loi du fait de la prégnance des valeurs, modèles et symboles culturels dans la conscience collective des communautés. En conséquence, aller cultiver la terre, c'est honorer à un devoir culturel voire familial.

L'avènement de la culture du coton s'affiche comme une porte de sortie pour les communautés ayant déjà des relations très fortes avec la terre. Mais au delà des enjeux culturels que revêt cette pratique, on note l'amorce d'une transition économique. Il s'agit en l'occurrence du passage d'une économie de subsistance à une économie de marché. Contre toute attente, cette transition renforce la structure de la société qui voit la majorité de ses membres replongés dans le conformisme culturel. Intellectuels, analphabètes, commerçants etc., tout le monde manifeste désormais un regain d'intérêt pour un secteur qui procure assez de revenus et permet de rompre d'avec le cercle vicieux de la pauvreté.

D'un point de vue fonctionnaliste, la présente analyse consistera à faire ressortir les processus théoriques que soulève le problème à l'étude. En posant le phénomène de l'abandon des ateliers comme la variable dépendante à expliquer par d'autres variables que nous appelons ici, variables indépendantes, il nous reviendra d'identifier parmi ces dernières, celles qui ont un impact plus immédiat sur la variable dépendante. Ainsi, nous pouvons retenir comme première variable l'économie. En effet, c'est à partir du moment où l'économie de la commune de Kandi a cessé d'être une économie de subsistance pour devenir une économie de marché, grâce à l'introduction du coton comme culture agricole, que le phénomène a pris encore plus d'ampleur. La recherche des revenus plus importants que génère cette culture agricole et qui permet d'améliorer significativement les conditions de vie des agriculteurs, incite d'autres catégories d'acteurs dont les artisans, à s'y adonner.

En dehors de l'économie, on peut aussi citer la culture. En effet, la culture constitue « un ensemble lié de manières de penser, de sentir et d'agir plus ou moins formalisées qui, étant apprises et partagées par une pluralité de personnes, servent, d'une manière à la fois objective et symbolique, à constituer ces personnes en une collectivité particulière et distinctes »19(*). A ce titre, la culture du coton n'est pas seulement assujettie à la recherche de revenus économiques, mais elle participe aussi de la culture des communautés kandiennes en ce qu'elle constitue une sorte de pratique formalisée donc, apprise et partagée par une pluralité de kandiens. Cet aspect nous paraît essentiel à souligner car il ressort à la fois du fonctionnalisme et du culturalisme. Fonctionnalisme parce que, la culture du coton assure certaines fonctions précises dans la vie des communautés de Kandi et culturalisme en ce sens que cette pratique relève d'une conscience collective transmise de générations en générations et partagée par une pluralité de personnes.

De même, tout comme l'économie et la culture, la pauvreté qui caractérise le secteur de l'artisanat constitue une variable indépendante explicative du phénomène à l'étude. En effet, l'insuffisance de débouchés, de financement, la précarité des conditions de travail dans le secteur constituent autant de raisons qui poussent les artisans à s'adonner à la culture des champs au détriment de leur profession.

En somme, les trois variables indépendantes sues identifiées exercent chacune en ce qui la concerne, une action non négligeable sur la variable dépendante. Il serait lacunaire à notre avis, de prioriser une variable indépendante par rapport à l'autre. Toutes, expliquent à divers niveaux la manifestation du phénomène et permettent d'en avoir une large compréhension sur la base des facteurs intégratifs de la société kandienne.

VERIFICATION DES HYPOTHESES.

« L'hypothèse est un énoncé affirmatif écrit au présent, déclarant formellement les relations prévues entre deux variables ou plus.... La formulation d'hypothèse implique la vérification d'une théorie ou précisément de points de vue. L'hypothèse demande à être confirmée, à être infirmée ou nuancée par la confrontation des faits »20(*).

En vertu de cette exigence scientifique, il nous revient, après avoir confronté les résultats aux énoncés contenus dans notre problématique, de dire si nos hypothèses sont confirmées ou infirmées.

Pour ce qui est de la première hypothèse qui est formulée ainsi qu'il suit : Les organisations professionnelles d'artisans développent certaines initiatives qui accompagnent le développement local à Kandi, nous pouvons dire à la lumière de nos résultats qu'elle est confirmée. Les initiatives des OPA identifiées sont le GMEC et la mutuelle de santé. Ces différentes initiatives contribuent au développement du secteur de l'artisanat en ce sens qu'elles constituent à la fois des indicateurs de performance et des acquis du secteur. De même, accompagnent-elles le développement de la commune de Kandi du fait qu'elles sont localement pris en compte lors du processus d'élaboration du Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP).

Quant à la deuxième hypothèse ainsi libellée : Les conflits internes aux associations ne permettent pas aux artisans d'atteindre facilement les objectifs de développement qu'ils se sont fixés, nous pouvons également affirmer qu'elle est confirmée. La collecte des données empiriques nous a permis d'identifier certains conflits internes aux associations et d'en exprimer la manifestation. De même, les données empiriques, expriment comment les conflits internes inhibent la collaboration entre les membres et détournent certains efforts de leur but.

La troisième hypothèse quant à elle, énonce que : L'abandon des ateliers par les artisans en période de culture du coton constitue un frein pour une réelle dynamisation des OPA. Les données recueillies sur le terrain confirment l'existence du phénomène et permettent de faire ressortir que l'absence des artisans des ateliers et au sein des associations freine l'atteinte de certains objectifs organisationnels et dépouille le secteur de ses bras valides. Comme pour les autres hypothèses, nous pouvons affirmer que celle-ci est également confirmée.

CONCLUSION GENERALE

Conclure ce travail de recherche, c'est tenter de répondre finalement à la question soulevée par notre thème : La dynamique associative dans le secteur de l'artisanat à Kandi : un enjeu de développement ? Nous pensons avoir à présent suffisamment d'éléments pour faire une telle tentative. Et sur la base de la présentation et de l'analyse des résultats de la présente recherche, nous pouvons répondre à cette question fondatrice du sujet de ce mémoire par l'affirmative et la négative. Mais avant, peut-on réellement parler de dynamique associative dans le secteur de l'artisanat à Kandi ?

Les résultats collectés sur le terrain indiquent que le secteur de l'artisanat à Kandi jouit d'une dynamique certaine. Ladite dynamique s'apprécie à travers le nombre d'associations qu'on dénombre au sein du secteur. En effet, de nos jours, le secteur compte environ une trentaine d'associations réparties sur toute l'étendue du territoire de la commune et dans presque tous les secteurs d'activité. Cela dénote de la mobilisation plus ou moins forte des artisans autour des questions de développement du secteur et de leur volonté de s'unir pour trouver des solutions aux problèmes qui minent leur corporation. La dynamique au sein du secteur peut aussi s'apprécier au regard des initiatives collectives entreprises par les associations. La création du GMEC et de la mutuelle de santé en sont des initiatives probantes. La première initiative vient amoindrir les effets néfastes engendrés par le manque de financement et l'incapacité de certains artisans à accéder aux services financiers du système bancaire classique. La deuxième initiative quant à elle, allège les peines des artisans et de leur famille e matière de santé en leur offrant la possibilité de se soigner à moindre coût. Nous pensons que sur la base de ces facteurs, on peut reconnaître au secteur une certaine dynamique. L'important étant de savoir si cette dynamique constitue un enjeu de développement.

Dans un premier temps, nous pouvons affirmer sur la base des données empiriques recueillies que cette dynamique constitue un enjeu de développement. Mais alors dans quelle mesure ?

L'effervescence observée au sein des associations et les diverses initiatives dont elles sont porteuses s'inscrivent dans un cadre local précis : la commue. Parler de commune, c'est évoquer la notion de décentralisation ; laquelle notion désigne le « système dans lequel une collectivité ou un service technique s'administrent eux-mêmes sous le contrôle de l'Etat »21(*). Or, les premières ressources dont dispose la commune sont celles qui ressortent de son cadre territorial. Dans ce sens, la dynamique associative apparaît comme un important creuset de création d'emploi et d'incitation à la l'auto-emploi. Mais plus que cela, elle constitue une source de valorisation des ressources locales en même temps qu'elle permet à la mairie de collecter les taxes pouvant lui permettre de réaliser les activités inscrites dans son plan de développement. De plus, les élus locaux peuvent drainer des financements extérieurs dans le cadre de la valorisation de domaines liés au secteur. On peut par exemple citer la formation, la recherche de financement, l'organisation de salons et foires etc.

Dans un deuxième temps, la dynamique associative ne constitue pas un enjeu de développement. Les conséquences négatives engendrées par les conflits associatifs, ajoutées au phénomène de l'abandon des ateliers en période de culture du coton, amènent à entrevoir le secteur comme un secteur de second plan. De fait, le développement de l'artisanat trébuche parce que les premiers acteurs qui sont supposés rehausser le niveau du secteur manquent d'y consacrer le temps et les ressources qu'il faut. En réalité, on n'assiste pas à une optimisation de la gestion du temps dans la résolution des problèmes du secteur. Dans ce contexte, les investisseurs seront-ils intéressés par le secteur ? L'artisanat dans son état actuel peut-il déboucher un jour sur une révolution industrielle quand on sait que la révolution industrielle qu'à connu l'Occident a en partie été l'oeuvre de simples artisans soutenus par des investisseurs ?

BIBLIOGRAPHIE

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D/ Mémoire

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N'DA Paul, Méthodologie de la recherche : de la problématique à la discussion des résultats. Comment réaliser un mémoire ou une thèse en Sciences sociales et en Education ? Côte d'Ivoire, PUCI, 2000, 131p

NOUATIN Guy, Cours de méthodologie de la recherche non publié, Institut International de Management, Cotonou, 2006, 98p

F/ Dictionnaire

BOUDON Raymond. BOURRICAUD François, Dictionnaire critique de la sociologie, Quadrige, PUF, 2004, 714p.

TABLE DES MATIERES

Pages

Dédicace ...........................................................................

2

Remerciement .....................................................................

3

Sommaire ..........................................................................

 

Liste des sigles et acronymes ...................................................

6

Citation ............................................................................

8

Résumé ............................................................................

9

Introduction générale ............................................................

12

I- Problématique ..................................................................

16

1- Problème ........................................................................

17

2- Hypothèses .....................................................................

20

3- Objectifs ........................................................................

20

4- Clarification conceptuelle ...................................................

22

II- Revue critique de littérature et état de la question ........................

26

III- Justification du choix du thème et du cadre de l'étude .................

31

1- Justification du choix du thème .............................................

31

1.1 Raison subjective ............................................................

31

1.2 Raison objective ..............................................................

32

2- Raisons du choix du cadre de l'étude .......................................

32

IV- Approche méthodologique .................................................

34

1- Délimitation du cadre de recherche..........................................

36

2- Recherche documentaire .....................................................

39

2-1 Les sources documentaires ................................................

39

2-2 Les sources orales .............................................................

41

3- La population d'étude ........................................................

42

3-1 Le groupe cible ...............................................................

42

3-2 L'échantillonnage ............................................................

44

3-3 Les méthodes et techniques utilisées ......................................

48

4- Durée de l'enquête ............................................................

49

4-1 La pré-enquête................................................................

49

4-2 L'enquête proprement dite..................................................

50

5- Traitement et analyse des données ..........................................

51

6- Difficultés ......................................................................

52

Présentation et analyse des données............................................

54

V- PLAN ...........................................................................

55

 
 

PREMIERE PARTIE : PARTICIPATION DES OPA AU PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT A KANDI ........................

56

 
 

CHAPITRE I- LES OPA : ACTEURS DE DEVELOPPEMENT ........

58

 
 

Section 1 : La création et la gestion du GMEC ..............................

58

1- La création du GMEC.........................................................

59

2- La gestion du GMEC .........................................................

60

Section 2 : La genèse et la gestion de la mutuelle de santé .................

62

1- La genèse de la mutuelle de santé...........................................

62

2- La gestion de la mutuelle de santé...........................................

63

 
 

CHAPITRE II- ANALYSE DE LA PLACE ET DU ROLE DES OPA DANS LE PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT LOCAL A KANDI.

66

 
 

Section 1 : Analyse de la place des OPA dans la commune de Kandi ...

66

1- Genèse des OPA à Kandi ...................................................

69

2- Les OPA : institutions non lucratives.......................................

71

Section 2 : Analyse des Fonctions des OPA dans la commune de Kandi

72

1- Les OPA en tant qu'instruments de lutte contre la pauvreté ............

73

2- Les OPA en tant que cadre de co-régulation du secteur de l'artisanat à Kandi..............................................................................

80

3- Conclusion partielle ...........................................................

82

 
 

DEUXIEME PARTIE : LES LIMITES DE LA PARTICIPATION DES OPA AU PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT SOCIAL ET ECONOMIQUE A KANDI .....................................................

87

 
 

CHAPITRE III - LES LIMITES LIEES A LA STRUCTURE ET AU FONCTIONNEMENT DES OPA .............................................

89

 
 

Section 1 : Les conflits internes aux OPA.....................................

89

1- Les types de conflits et leur manifestation .................................

89

2- Les causes de conflits associatives ..........................................

92

Section 2 : Les conséquences des conflits associatifs .......................

98

1- Les conséquences des conflits associatifs sur les membres des associations........................................................................

98

2- Les conséquences des conflits associatifs sur le fonctionnement des associations .......................................................................

99

 
 

CHAPITRE IV : LA GESTION DES CONFLITS AU SEIN DES OPA

101

 
 

Section 1 : Les organes de gestion des conflits au sein des associations .

102

1- Le chargé du contentieux ....................................................

102

2- L'Assemblée Générale ......................................................

103

Section 2 : Les différentes étapes de gestion des conflits au sein des OPA ................................................................................

104

1- Les étapes suivies par le Chargé du contentieux ..........................

104

2- Les étapes suivies par l'Assemblée Générale ..............................

105

3- Conclusion partielle ..........................................................

106

 
 

TROISIEME PARTIE : INCIDENCES DE L'ABANDON DES ATELIERS EN PERIODE DE CULTURE DE COTON SUR LE SECTEUR DE L'ARTISANAT A KANDI ..................................

111

 
 

CHAPITRE V- L'ABANDON DES ATELIERS EN PERIODE DE LABOUR ..........................................................................

113

 
 

Section 1 : Les causes .............................................................

114

1- Les causes économiques .....................................................

114

2- Les causes culturelles .........................................................

115

Section 2 : Les conséquences

116

1- Le manque de cohésion et de synergie au sein des associations ........

116

2- La fragilisation de la dynamique associative ..............................

118

Section 3 : Analyse ...............................................................

119

 
 

Vérification des hypothèses .....................................................

124

Conclusion générale ..............................................................

126

 
 

BIBLIOGRAPHIE ...............................................................

129

 
 

ANNEXES ........................................................................

i

* 1 - Document de partenariat bénino-danois_ Stratégie de la coopération de 2004 à 2008, Deuxième version p.6

* 2 -Document de partenariat bénino-danois_ Stratégie de la coopération de 2004 à 2008, Deuxième version. p 6

* 3- Comlan Cyr DAVODOUN, Renforcement des capacités en gestion des Organisations Professionnelles d'Artisans au Bénin, Cotonou, Editions ruisseaux d'Afrique, 2003, p11.

* 4 -Comlan Cyr DAVODOUN, op. Cit. p. 11

* 5 - Comlan Cyr DAVODOUN, op. Cit. p.12

* 6 - Claude VALLON, Associations : Mode d'emploi, DUNOD, Paris, 2001, p. 5.

* 7 - Antonin S. DOSSOU ; Narcisse S. TOMETY, La pratique de l'apprentissage au Bénin : réalités et perspectives, BIT, Cotonou, 1991, p.5

* 8 - Guy NOUATIN, Cours de méthodologie de la recherche non publié, Institut International de Management, Cotonou, 2006, p.37

* 9 - Paul N'DA, Méthodologie de la recherche : de la problématique à la discussion des résultats. Comment réaliser un mémoire, une thèse en Sciences sociales et en Education, Côte d'Ivoire, PUCI, 2000, p.39

* 10 - Blanchet, Alain et Gotman, Anne, L'enquête et ses méthodes : l'entretien, Ed. Nathan, Paris, 1992, p50.

* 10 - Ministère de la Culture, de l'Artisanat et du Tourisme, Code de l'Artisanat, 2001, p2

* 11 - Ministère de la Culture, op. cit. p.3

* 12 - Claude VALLON, Associations : Mode d'emploi, DUNOD, Paris, 2001, p. 5.

* 13 - Claude VALLON, op. cit., p.6.

* 14 - Rapport WOILLET, 1997, p.7.

* 15 - Alain Touraine, Sociologie de l'action, paris, Editions du Seuil, 1965, p.104

* 16 - Dieter GAGEL, Rapport de mission 2, Appui aux organisations d'artisans au Mali, Bénin et en Guinée pour des mesures génératrices de l'emploi dans le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP/DSRP), mai 2002, p 1.

* 17 - Guy ROCHER, Le changement social, Ltée, Editions HMH, 1968, p 196.

* 18 - Ruth BENEDICT, Echantillons de civilisation, Edition Gallimard, Paris, 1950, p36

* 19 - Guy ROCHER, Introduction à la sociologie générale, 1. L'action sociale, Editions HMH, 1968, p.111

* 20 - Paul N'DA, Méthodologie de la recherche : de la problématique à la discussion des résultats, PUCI, 2000, p.34

* 21 - Dictionnaire universel HACHETTE Edicef, AUF, 4è Edition, 2002, p.320








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