UNIVERSITE D'ABOMEY CALAVI
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FACULTE DES LETTRES, ARTS ET SCIENCES
HUMAINES
(FLASH)
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Département de
Sociologie-Anthropologie
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Mémoire de Maîtrise
LA DYNAMIQUE ASSOCIATIVE DANS LE SECTEUR DE
L'ARTISANAT A KANDI :
UN ENJEU DE DEVELOPPEMENT ?
Présenté par :
Sous la direction
de :
Hugues Tayé ADJOVI
Dr. Elisabeth FOURN
Maître Assistant
Président du jury : Mr AGOSSOU
Christian
Rapporteur : Mme FOURN Elisabeth
Membre : Mme HEDIBLE
Note : 16/20
Année Académique
2006-2007DEDICACE
A
Vous Claude ASSABA, pour votre contribution à
notre formation et à la réalisation de ce travail.
Toi Miguel Précieux Médéssè
ADJOVI et ta maman Ninon Sylvestra ADIFFON, pour tout l'amour et la joie que
vous m'apportez.
REMERCIEMENTS
Que tous les Enseignants qui ont contribué
à notre formation, en l'occurrence, ceux du Département de
Sociologie-Anthropologie ;
Notre Maître de Mémoire qui a su,
au-delà de ses multiples occupations, consacrer le temps et l'attention
nécessaires pour la réalisation de ce travail ;
Nos parents qui ont assumé de façon
honorable leur responsabilité et encouragé notre
sensibilité à la sociologie ;
Notre chère fiancée dont la patience et
la tolérance furent d'une précieuse
utilité ;
Nos frères et soeurs dont la chaleur
fraternelle nous a revigoré tout au long de ce
travail ;
Les enquêtés pour leurs respectives
contributions ;
Nos amis, camarades et tous ceux qui, de près
ou de loin, nous ont aidé ;
Trouvent ici l'expression de notre profonde et
sincère gratitude.
SOMMAIRE
Pages
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES
..........................................
|
6
|
CITATION
...........................................................................
|
8
|
RESUME
..............................................................................
|
9
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|
|
INTRODUCTION GENERALE
....................................................
|
12
|
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|
I- Problématique
.....................................................................
|
16
|
II- Revues critiques de littérature et état de la
question ........................
|
26
|
III- Justification du choix du thème et du cadre de
l'étude ....................
|
31
|
IV- Approche méthodologique
.......................................................
|
34
|
V- PLAN
..............................................................................
|
55
|
|
|
Première partie : LA PARTICIPATION DES OPA AU
PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT A KANDI
...................................................
|
56
|
|
|
CHAPITRE I : LES OPA : ACTEURS DE DEVELOPPEMENT
............
|
58
|
|
|
CHAPITRE II : ANALYSE DE LA PLACE ET DU ROLE DES OPA DANS LE
PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT LOCAL A KANDI......
|
66
|
|
|
Deuxième partie : LES LIMITES DE LA
PARTICIPATION DES OPA AU PROCESSUS DU DEVELOPPEMENT SOCIAL ET ECONOMIQUE A
KANDI
.............................................................................
|
87
|
|
|
CHAPITRE III : LES LIMITES LIEES A LA STRUCTURE ET AU
FONCTIONNEMENT DES OPA .................................................
|
89
|
|
|
CHAPITRE IV : LA GESTION DES CONFLITS AU SEIN DES
OPA.....
|
101
|
|
|
Troisième partie : INCIDENCES DE L'ABANDON
DES ATELIERS EN PERIODE DE CULTURE DU COTON SUR LE SECTEUR DE
L'ARTISANAT A KANDI
.......................................................
|
111
|
|
|
CHAPITRE V : L'ABANDON DES ATELIERS EN PERIODE DE LABOUR
..............................................................................
|
113
|
|
|
Conclusion générale
................................................................
|
126
|
Bibliographie
........................................................................
|
129
|
Annexes
...............................................................................
|
i
|
Table des matières
..................................................................
|
135
|
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES
AAA
|
Association des Artisans de Angaradébou
|
AAK
|
Association des Artisans de Kandi
|
AAK
|
Association des Artisans de Kassakou
|
AAS
|
Association des Artisans de Saah
|
ACCBK
|
Association des Couturiers, Couturières et Brodeurs de
Kandi
|
ADK
|
Association des Dessinateurs de Kandi
|
AMCK
|
Association Montagne des Couturières de Kandi
|
AMK
|
Association des Menuisiers de Kandi
|
ASERK
|
Association des Electriciens et Rebobineurs de Kandi
|
ASK
|
Association des Soudeurs de Kandi
|
ATPK
|
Association des Tôliers et Peintres de Kandi
|
ATEIK
|
Association des Techniciens, Electroniciens et Informaticiens de
Kandi
|
BAA
|
Bureau d'Appui aux Artisans
|
BIT
|
Bureau International du Travail
|
CA
|
Chef d'Arrondissement
|
CCF
|
Centre Culturel Français
|
CFAD
|
Centre pour la Formation et l'Appui au Développement
à la Base
|
CLCAM
|
Caisse Locale de Crédits Agricoles Mutuels
|
DCC
|
Développement Conduit par les Communautés
|
DNA
|
Direction Nationale de l'Artisanat
|
DSRP
|
Document de Stratégies de Réduction de la
Pauvreté
|
FeNAB
|
Fédération Nationale des Artisans du
Bénin
|
FMI
|
Fonds Monétaire International
|
GMEC
|
Groupement Mutualiste d'Epargnes et de Crédits
|
IMF
|
Institution de Micro Finance
|
IDH
|
Indicateur de Développement Humain
|
INSAE
|
Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique
|
MCAT
|
Ministère de la Culture, de l'Artisanat et du Tourisme
|
ONG
|
Organisation Non Gouvernementale
|
OPA
|
Organisation Professionnelle d'Artisans
|
PDC
|
Plan de Développement Communal
|
UMMK
|
Union des Mécaniciens Motos de Kandi
|
« La société n'est point
une simple agglomération d'êtres vivants dont les actions,
indépendantes de tout but final, n'ont d'autre cause que l'arbitraire
des volontés individuelles ni d'autre résultat que des accidents
éphémères ou sans importance ; la
société, au contraire, est surtout une véritable machine
organisée dont toutes les parties contribuent d'une manière
différente à la marche de
l'ensemble ».
Saint - Simon
RESUME
Ces dernières décennies, le secteur de
l'artisanat a connu au Bénin, un regain d'intérêt. A la
faveur du processus stratégique de réduction de la
pauvreté enclenché par le Bénin depuis bientôt une
décennie et des initiatives promotionnelles engagées par les
partenaires au développement, le secteur bénéficie d'une
structuration et d'une représentativité certaines qui concourent
à le sortir de l'informel. Cependant, l'analyse de la littérature
montre que la conception d'un cadre stratégique de lutte contre la
pauvreté et le partenariat multilatéral ne sont pas à eux
seuls suffisants pour expliquer l'évolution actuelle du secteur. Il est
donc nécessaire pour cerner tous les contours, de questionner aussi la
dynamique associative et les changements induits par le processus de la
décentralisation. Le présent mémoire
intitulé : La dynamique associative dans le secteur de l'artisanat
à Kandi : un enjeu de développement ? Se propose de
réfléchir sur la problématique de la valorisation des
ressources locales artisanales par les élus locaux.
Pour conduire à bien ce travail de recherche, nous
avons formulé trois hypothèses de recherche pour répondre
provisoirement à la question de recherche que nous nous sommes
posée. De même, nous avons formulé trois objectifs
décrivant de façon précise les actes que nous nous
proposons de poser sur le terrain en vue d'atteindre les résultats
escomptés dans le cadre de ce travail.
Une fois l'étape de formulation des hypothèses
et objectifs achevée, le cadre méthodologique de la recherche a
été présenté en indiquant tout d'abord qu'il s'agit
ici, d'une recherche à la fois qualitative et quantitative. Elle
s'inscrit dans le domaine de la sociologie des organisations et des conflits et
peut être soutenu théoriquement par des approches telles que le
structuralisme, le fonctionnalisme, le culturalisme etc. L'approche
méthodologique nous a également permis de délimiter le
cadre géographique de l'étude, de donner des informations sur les
orientations de la recherche documentaire, le contenu et la répartition
de la population cible, les méthodes et techniques de collecte
utilisées, la durée de l'enquête sur le terrain, l'approche
adoptée pour le traitement des données et les difficultés
rencontrées.
Les données collectées sur le terrain ont
permis d'étudier le phénomène sous plusieurs angles.
Ainsi, dans une première partie, il a été
procédé à l'étude des Organisations
Professionnelles d'Artisans en tant qu'acteurs de développement de la
commune de Kandi. Les résultats obtenus à ce niveau permettent de
conclure qu'en créant un groupement mutualiste d'épargnes et de
crédits et une mutuelle de santé, les artisans participent au
développement de leur commune. Au niveau de la deuxième partie,
les données recueillies ont permis de comprendre que les conflits
associatifs sont une réalité permanente aux Associations
d'artisans. Et que ces conflits pour la plupart du temps, détournent les
efforts fournis par les artisans des objectifs qu'ils poursuivent.
Les données recueillies au niveau de la
troisième et dernière partie ont permis de comprendre comment se
manifeste le phénomène de l'abandon des ateliers par les artisans
en période de culture du coton à travers, ses causes et
conséquences sur la dynamique associative.
INTRODUCTION
Depuis l'aube des temps, les communautés humaines ont
toujours pris à coeur les questions liées à leur
développement. Au point où, les civilisations actuelles peuvent
être perçues comme des produits améliorés d'une
très vieille et progressive transformation de simples peuplades. Ce
souci des hommes est encore plus prononcé à notre ère
où on parle de développement planétaire, durable,
technologique, communautaire etc. Autant d'expressions qui traduisent le
progrès des sociétés humaines ou ce à quoi elles
aspirent.
Cependant, il est à noter que toutes les
sociétés humaines ne sont pas développées de la
même manière. Il existe entre elles une énorme fracture que
les plus développées tentent davantage de creuser et les moins
développées de rattraper. Pays développés et en
voie de développement sont des expressions qui traduisent le mieux cette
fracture.
Le Bénin quant à lui appartient à la
classe des pays en voie de développement. En effet, d'après une
récente classification des Nations Unies, « le Bénin
est classé 159ème sur les 175 pays figurant dans
l'Indicateur de Développement Humain1(*) ». Cette place qu'occupe le Bénin
montre qu'il fait partie des pays les plus pauvres et les moins
développés du monde. Beaucoup d'indicateurs sociaux indiquent que
le Bénin accuse encore un énorme retard notamment dans les
domaines de la santé, de l'éducation, de l'emploi, de la
sécurité et bien d'autres encore. Les faiblesses de
l'économie béninoise illustrent davantage cette situation :
l'insuffisance d'usines, la désaffection du secteur cotonnier, la
corruption et les diverses difficultés liées aux initiatives de
micro-entreprises sont autant de facteurs qui expliquent cet état de
chose. Même si au cours des dix dernières années le
Bénin a connu « une croissance économique annuelle de
l'ordre de 5% »2(*), on ne note pas un réel décollage du
pays. La stabilisation de l'économie a été une
réussite, mais les réformes structurelles n'ont pas
profité à l'agriculture qui demeure, jusqu'ici l'un des secteurs
les plus pourvoyeurs de richesse.
Face à ce sinistre profil et sur l'initiative de la
Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International (FMI), le
Bénin s'est lancé dans un processus de réduction de la
pauvreté qui se traduit par l'opérationnalisation de plusieurs
stratégies. L'élaboration du Document Stratégique de
Réduction de la Pauvreté (DSRP) d'une part, et du Document
national de perspective de développement à long terme d'autre
part, aide le Bénin à se doter d'une vision en terme de
développement. Le contenu de ces documents expose, eu égard au
diagnostic fait, les différents enjeux ainsi que les politiques
générales et sectorielles envisagées. Mais plus
décisif encore est le processus de décentralisation
enclenché par le Bénin depuis l'an 2004.
En effet, par la décentralisation, le Bénin
renforce ses acquis démocratiques et confère à ses
stratégies de réduction de la pauvreté un profil plus
participatif. Les populations à la base peuvent désormais
être davantage mises à contribution dans la gestion des ressources
locales et même exiger des comptes rendus. Mais l'aspect le plus
important de cette participation demeure la réelle capacité de
ces populations à se prendre en charge et à
s'auto-développer. Cela passe nécessairement par la mise en
valeur des ressources naturelles locales, mais aussi par la formation des
ressources humaines et leur dynamisation dans des cadres bien précis.
L'avènement de la décentralisation aide le Bénin à
renforcer l'exploitation de ses ressources locales et donc à être
plus économiquement compétitif.
Les secteurs de l'éducation, de la santé, de la
culture, du tourisme etc. sont des secteurs qui emploient beaucoup de main
d'oeuvre et qui, compte tenu de leur importance, exigent des réformes
appropriées.
Le secteur de l'artisanat est, par exemple, l'un des secteurs
qui emploient le plus de personnes de par sa capacité de production tant
sur le plan de la fabrication des produits artisanaux, de la transformation des
produits alimentaires que celui des services. En effet, la couture, la
teinture, la boulangerie, la vannerie, la mécanique, la menuiserie, la
soudure, la coiffure etc. sont des activités ou professions dont nous
avons presque quotidiennement besoin. Les acteurs de ces professions jouent
ainsi un rôle prépondérant dans la satisfaction de certains
besoins élémentaires. Ayant pour la plupart précocement
abandonné les études, ils n'ont eu pour seul recours que de se
lancer dans une activité artisanale. Activité qui, à
l'ère de la mondialisation connaît une évolution qu'ils
n'arrivent pas à rattraper faute de formations ou de perfectionnements
complémentaires. Pourtant, ce secteur malgré son état
actuel, contribue pour beaucoup à la croissance économique du
pays de même qu'il crée beaucoup d'emplois.
Ces problèmes qui minent le secteur de l'artisanat
connaissent depuis un certain nombre d'années des solutions grâce
à la coopération multilatérale entre le Bénin et
ses partenaires au développement. Des structures de Coopération
internationales et nationales ont joué un rôle non
négligeable dans le processus de dynamisation de ce secteur. Les
différentes actions promotionnelles engagées par ces
dernières ont permis, dans un certain sens, la mise sur pied et le suivi
des Organisations Professionnelles d'Artisans (OPA) qui, à un niveau
primaire, sont des cadres de concertation, de dialogue, d'identification
des problèmes qui minent le secteur et de recherche de propositions
alternatives. Ces associations constituent également des outils de
négociation et de lobbying, un creuset d'analyse et de réflexion.
Par ailleurs, elles représentent des instances d'élaboration de
stratégies communes d'apprentissage et d'application des principes
démocratiques élémentaires et surtout de mise en oeuvre
d'instruments de lutte contre la pauvreté.
Comme tout document scientifique rigoureusement
établi, le présent mémoire est échafaudé par
un plan. Ce plan permet de suivre la progression des idées, la
succession des différentes parties et leur lien et enfin, la
démarche utilisée pour aborder le sujet de recherche. Ainsi, sur
la base des hypothèses et objectifs de recherche, de la question de
recherche et du type de recherche, nous avons adopté le plan suivant
pour ce travail :
· Dans une première partie, nous étudierons
la participation des Organisations Professionnelles d'Artisans (OPA) au
processus de développement à Kandi. Deux chapitres permettront
d'aborder et de discuter cette question.
· Une deuxième partie sera consacrée aux
limites de la participation des OPA au processus de développement social
et économique à Kandi. A travers les deux chapitres de cette
partie, nous étudierons les différents aspects
révélant les limites de la participation des OPA au
développement de la commune de Kandi.
· Enfin, une troisième partie nous permettra
d'évaluer l'incidence de l'abandon des ateliers par les artisans en
période de culture du coton sur le secteur de l'artisanat. Un seul
chapitre nous permettra ici, d'explorer les méandres de cette
question.
I-
PROBLEMATIQUE
Vouloir étudier le phénomène associatif
en milieu artisan, c'est poser et aborder de façon indirecte une partie
de l'histoire et de la structure des associations de ce secteur. Au
Bénin, le phénomène revêt un caractère tout
particulier du fait même de l'environnement fragile où s'exercent
les activités et métiers artisanaux. De fait, l'artisanat est
devenu un secteur où la règle est l'auto-emploi. Car, les
initiatives individuelles ont été insuffisantes en ce qu'elles
n'ont pu apporter des solutions durables aux problèmes qui minent la
corporation. La création des Organisations Professionnelles d'Artisans
(OPA) était donc devenue une condition sine qua non. «Ces
associations sont pour ces femmes et hommes de métier, des cadres de
concertation, de dialogues et d'échanges, des moyens de sauvegarde et de
défense de leurs intérêts ».3(*)
Historiquement, le mouvement associatif en milieu artisan au
Bénin a connu deux périodes d'évolution. La
première période s'étend de 1960 à 1989. Au cours
de cette période, l'organisation des artisans en association n'avait
point connu un développement florissant. La première initiative
de regroupement des artisans au Bénin remonte aux années 1950
avec les tentatives de mise en association des photographes de Cotonou. C'est
bien des années plus tard et précisément à partir
des années 1980 que d'autres professions telles que les habilleurs, les
coiffeurs et les électroniciens ont manifesté un
intérêt à s'organiser en association. La deuxième
période quant à elle s'étend de 1990 à nos jours.
En effet, le mouvement associatif en milieu artisan a connu un
véritable essor seulement à partir de l'inédite
Conférence des Forces Vives de la Nation. Les artisans ont dès
lors éprouvé le besoin de tirer profit de l'ère
démocratique pour organiser leur milieu de travail. Ainsi, en novembre
1992 naquit l'Union Nationale des Plombiers du Bénin (UNPB) suivie en
1993, de la Fédération Nationale des Artisans du Bénin
(FeNAB). Par la suite, l'appui technique et financier dans le cadre de certains
programmes et projets de coopération sur les plans bilatéral et
multilatéral a permis au secteur de se structurer davantage. On a
assisté dans la deuxième moitié des années 1990
à l'émergence de nombreuses associations d'artisans. Le droit
à la liberté d'association que garantit la nouvelle constitution
était largement exploité. «Déjà en 2000, le
secteur de l'artisanat au Bénin comptait plus de 500 associations
à but non lucratif ».4(*)
La Commune de Kandi qui est ici notre cadre d'étude
n'est pas restée en marge de cette dynamique.
1. Le problème.
A Kandi, comme dans la plupart des autres communes
du pays, les toutes premières initiatives de mise en association des
artisans n'ont pas tenu compte de la séparation entre les corps de
métiers. L'inexistence du code de l'artisanat faisant défaut.
C'est plus tard, avec les contraintes afférentes à la
défense des droits de certains corps de métiers et le besoin de
visibilité au niveau de la gestion de la grande association commune que
la création des organisations professionnelles spécifiques
à chaque corps de métiers a été rendue possible.
La publication en 2001 du document sur la Nomenclature des
corps de métiers du secteur artisanal au Bénin par la Direction
Nationale de l'Artisanat (DNA) sous l'égide de l'Institut National de la
Statistique et de l'Analyse Economique (INSAE), a également
constitué un facteur concourant dans le processus d'individualisation
des associations.
Ainsi, dans la commune de Kandi, les artisans, après
être restés plusieurs années au sein de l'Association des
Artisans de Kandi (AAK) créée en 1992, s'en sont
séparés pour constituer leurs propres associations selon leur
appartenance professionnelle. Plus tard en 1994 les électriciens
créèrent l'Association des Electriciens et Rebobineurs de Kandi
(ASERK). Ils seront suivis un an plus tard par les mécaniciens moto qui
créèrent également leur propre association
dénommée l'Union des Mécaniciens
Moto de Kandi (UMMK). Ensuite vinrent l'Association des Couturiers,
Couturières et Brodeurs de Kandi (ACCBK) créée en 2001,
celle des Techniciens, Electroniciens et Informaticiens de Kandi (ATEIK)
créée en 2004 etc.
Cependant, toutes ces associations créées dans
diverses conditions sont confrontées à de nombreux
problèmes liés notamment à un déficit en gestion et
à un défaut d'exploitation des opportunités d'affaires et
de coopération. L'analphabétisme est considéré
comme un fléau dans l'ensemble du pays. Et au niveau des artisans, cet
analphabétisme est un facteur limitant à la fois pour
l'apprentissage de certains cours de perfectionnement technique et pour
l'utilisation d'outils de gestion : cela justifie ce besoin d'un programme
d'alphabétisation.
En effet, « les artisans associés sont mal
préparés voire, mal outillés pour assumer les tâches
qui leur incombent dans la gestion de leurs organisations. Ces acteurs
souffrent à la fois d'un manque de maîtrise du processus de
création des associations et aussi d'un déficit dans la gestion
des Organisations Professionnelles d'Artisans »5(*). La plupart des responsables
d'association s'étant adaptés aux fonctions de responsables sans
un minimum de formation au préalable, gèrent très
difficilement les ressources humaines qu'ils ont à leur charge.
De même, les projets de partenariat
élaborés avec la collaboration de la mairie dans le cadre de la
coopération décentralisée, faute de ressources humaines
qualifiées et de moyens suffisants sont jusqu'à présent
inexécutés. A cela, il faut ajouter l'impact
prépondérant de la culture du coton sur l'économie de la
région qui fait que beaucoup d'artisans en période de pluies
ferment leurs ateliers, soit temporairement, soit définitivement pour
aller cultiver la terre. Cela a une incidence non négligeable sur la
durée et la qualité de l'apprentissage et modifie les calendriers
des rencontres au sein des associations. Il se pose donc aux associations un
problème à la fois d'autonomie et de professionnalisation
lié à un conditionnement culturel et économique.
Au regard de tous ces constats, une question centrale se
pose : la dynamique associative en milieu artisan dans un contexte de
décentralisation constitue t-elle un enjeu de développement dans
la commune de Kandi ?
Pour trouver une réponse à cette question, il
s'impose à nous, avec la force de l'évidence
méthodologique, la formulation de quelques hypothèses.
2. Les
hypothèses.
Elles constituent des réponses anticipées
à la question de recherche posée plus haut.
· Hypothèse globale :
Les associations d'artisans participent au processus de
changement social et économique.
· Hypothèses
spécifiques :
1- Les Organisations Professionnelles d'Artisans
développent certaines initiatives qui accompagnent le
développement local à Kandi.
2- Les conflits internes aux associations ne permettent pas aux
artisans d'atteindre facilement les objectifs de développement qu'ils se
sont fixés.
3- L'abandon des ateliers par les artisans en période de
culture du coton constitue un frein pour une réelle dynamisation des
OPA.
3. Les
objectifs.
· Objectif global :
Etudier la participation des OPA au processus de
développement local et les problèmes auxquels elles sont
confrontées.
· Objectifs spécifiques :
1- Analyser les différentes initiatives que
développent les OPA pour accompagner à la base le
développement de la commune de Kandi.
2- Identifier les différents obstacles liés
à la structure et au fonctionnement des OPA.
3- Déterminer les causes de l'abandon des ateliers par les
artisans à certaines périodes de l'année et mesurer son
incidence sur la dynamisation des OPA.
.
4. Clarification conceptuelle.
La présente recherche s'articule autour de
quelques concepts essentiels. La définition du contenu de ces concepts
nous permet de mieux circonscrire leur cadre sémantique et ce faisant,
d'éviter toutes équivoques. C'est donc à cet exercice que
nous nous attellerons dans cette partie.
Le terme «dynamique
associative« nous paraît très essentiel dans la
compréhension de notre travail. Mais avant de définir à
proprement parler ce terme, nous voudrions d'abord délimiter le cadre
sémantique des concepts association et
dynamique.
L'association, tout comme l'école, la
famille, l'entreprise économique constitue une institution sociale ayant
une place donnée et jouant un rôle précis dans le
système social. Le développement d'une association repose en
partie sur une division interne et une complémentarité des
tâches dévolues à chacune de ses entités. A l'instar
d'une équipe de jeu, chaque membre occupe une place précise et
joue un rôle bien défini. Jusqu'à nos jours, la
définition la plus précise et la plus citée qu'on a du mot
association est celle énoncée dans
l'article I de la loi du 1er juillet 1901 en vigueur dans le
système de droit béninois.
D'après cette loi, une
association est définie comme « une
convention par laquelle, deux ou plusieurs personnes mettent en commun d'une
façon permanente, leurs connaissances ou leurs activités dans un
but autre que celui de partager des bénéfices. Elle est
régie, quant à sa validité, par les principes
généraux du droit applicables aux contrats et
obligations »6(*). De cette définition, on peut retenir les
éléments suivants :
· pour créer une association, il faut au moins
deux (02) personnes,
· Le but ou l'objet de l'association doit avoir un
caractère permanent,
· les personnes concernées doivent accepter et
décider librement de se mettre ensemble, de mettre en commun leurs
activités ou connaissances,
· L'association est une institution à but non
lucratif,
· l'association doit être déclarée
Cependant, nous n'avons pas tenu grand compte de ce dernier
facteur dans le choix des associations avec lesquelles nous avons
travaillées étant entendu qu'en milieu rural les associations
sont confrontées à d'énormes problèmes
afférents à l'enregistrement des procès verbaux de
réunions constitutives et à la conception de statuts ainsi que de
règlements intérieurs. Hormis cet aspect, tous les regroupements
de personnes de même corporation dont la constitution répond aux
critères sus cités sont qualifiés d'Associations ou
d'Organisations Professionnelles d'Artisans (OPA) dans le cadre de notre
étude.
Si nous établissons donc que l'association
est un regroupement hiérarchisé de personnes acquises
à la même cause et unifiant toutes leurs énergies, savoirs
et savoir-faire afin d'atteindre les objectifs qu'ils se sont fixés,
nous pouvons donc considérer l'association comme un système dont
les éléments font un tout et sont interdépendants.
Par le concept de dynamique nous
désignons le mouvement ascendant qu'engendre une chose sous l'effet de
sa propre force. Plus précisément, il s'agit de l'action
conjointe d'éléments formant un tout organisé concourant
au même résultat et dont l'interaction augmente le potentiel.
Sur la base de ces préalables, nous désignons
par dynamique associative, le mouvement, le progrès
engendré sur les plans social, économique, politique, culturel,
sanitaire, écologique, technologique etc. par les actions
concertées et coordonnées de tous les membres d'une association.
Il s'agit donc d'un déploiement de forces à l'interne par les
membres de l'association eux-mêmes. Cependant, cette définition de
la dynamique associative serait incomplète si on l'entrevoyait seulement
sur le plan interne. L'association est impliquée par ailleurs dans un
réseau de relations avec d'autres associations ou partenaires externes
sans lesquels le fruit de ses actions serait presque imperceptible.
Dans le cadre de ce travail, nous n'entrevoyons donc pas
étudier la dynamique associative sous un angle quantitatif en
procédant par exemple à une étude et explication de
l'évolution des effectifs des OPA avec lesquelles nous avons
travaillées ou en quantifiant le nombre d'associations
créées sur une période donnée.
Contrairement à cette démarche, nous nous
occuperons plutôt de l'étude des initiatives que
développent ces OPA et les difficultés qu'elles rencontrent dans
le sens de la lutte contre la pauvreté aussi bien au niveau des
dispositions prévues dans le Document Stratégique de
Réduction de la Pauvreté (DSRP) qu'au niveau du Plan de
Développement Communal (PDC) de leur localité.
Et c'est précisément à ce niveau
qu'apparaît toute l'importance du concept d'enjeu. Car
dans ses divers partenariats avec les autres, l'association doit susciter des
intérêts. Mais, il est à noter que ces
intérêts ne doivent en aucun cas signifier profits
pécuniaires ou bénéfices, ce qui serait juridiquement
contraire à la nature même de l'association (Article
1er Loi 1901).
Nous désignons donc par enjeu, tout ce
que l'association dans ses rapports avec les autres est susceptible de
générer en terme d'intérêts à la fois pour
les autres et pour elle-même. Ce n'est dans ce contexte
d'équilibre mutuel que le développement est possible. En
choisissant d'intégrer une association, l'artisan concerné est
d'abord conscient de toute la responsabilité du choix qu'il effectue et
de sa volonté de participer au développement de son secteur
d'activité.
Par le concept de développement, nous entendons,
l'extension sur les plans économique, social, politique,
environnemental, culturel, technologique etc. que connaît une
institution, un pays ou encore une chose. Cette définition
appliquée à la commune de Kandi désigne le progrès
que connaît ladite commune dans les domaines sus cités par la
synergie des actions et stratégies de ses différentes composantes
sociales et de ses partenaires au développement. Autrement dit, nous
désignons par développement local, le processus traduisant le
progrès économique, social et culturel d'une commune ou
région. Ce progrès est directement lié à la
création de richesse dans la commune, à la gestion de cette
richesse et à sa répartition entre tous les acteurs.
Un autre concept très important
à définir est celui de conflit. En effet, le concept de conflit
est un concept difficile à définir parce qu'il revêt de
nombreuses formes et survient dans des cadres différents. Il semble que
le conflit soit, par essence, un désaccord, une contradiction ou une
incompatibilité. Pour notre part, nous retiendrons dans le cadre de ce
travail, que le conflit désigne `'toute situation dans laquelle se
trouvent des individus ou des groupes dont les objectifs, les cognitions ou
les émotions sont incompatibles et les conduisent à s'opposer''.
De cette définition, nous pouvons alors retenir trois types de
conflits :
§ les conflits d'objectifs qui sont des situations
dans lesquelles les buts ou les issues préférées par les
parties semblent incompatibles.
§ Les conflits cognitifs qui sont des situations dans
lesquelles les idées ou les pensées respectives des parties sont
perçues comme opposées.
§ Les conflits affectifs qui sont des situations dans
lesquelles les sentiments ou émotions respectives des parties sont
incompatibles.
II. REVUE CRITIQUE DE LITTERATURE ET ETAT DE LA
QUESTION
Il existe des travaux de sociologues, de géographes,
d'historiens et d'économistes ayant traité des questions
artisanales. Les auteurs de ces différents écrits n'ont cependant
pas abordé la question de manière uniforme en ce qui concerne les
contenus.
Dans cette partie consacrée à
la revue critique de littérature et à l'état de notre
sujet de recherche, nous adopterons la démarche ci-après :
dans un premier temps, nous exposerons les ouvrages d'ordre
général ayant abordé d'une façon ou d'une autre
certaines des réalités du monde artisan ou celui des travailleurs
et dans un deuxième temps, nous aborderons les ouvrages
spécifiques ayant traité de l'artisanat au Bénin. Ce
deuxième volet de notre démarche nous servira de transition pour
montrer l'insuffisance des différents travaux
référencés et en même temps justifier
l'originalité et la pertinence de notre travail.
C'est ainsi que dans le cadre des ouvrages
généraux lus, se trouve celui de l'historien africain Joseph
KI-ZERBO intitulé, A quand l'Afrique ? Cet
ouvrage pose et aborde à travers des interviews données par
l'auteur, la problématique du réel développement d'une
l'Afrique sortie épuisée de la colonisation, en quête de
son identité socioculturelle et perpétuellement en proie aux
pièges du néocolonialisme et de la mondialisation. La lecture de
cet ouvrage présente l'avantage de faire connaître la façon
dont les grandes figures de l'histoire africaine posent les problèmes
liés au développement du continent.
Toujours dans le cadre des ouvrages généraux,
nous avons lu Guy ROCHER, Introduction à la sociologie
générale, Tome I. L'action sociale ; Tome II.
L'organisation sociale et le Tome III. Le changement social. La
lecture de ces trois essais nous a aidé à nous familiariser avec
les concepts, théories et démarches courantes de la sociologie. A
la suite de ces essais, nous en avons lu un autre de Alain TOURAINE,
intitulé, Sociologie de l'action. Cet essai nous a permis de
prendre connaissance des grands problèmes auxquels sont
confrontées les sociétés industrielles tels que
l'organisation du travail, des classes sociales, de la bureaucratie, le
mouvement ouvrier, la démocratie, la culture de masse etc. Le choix de
cet essai est fait à dessein, car le traitement de nos données
doit être assorti de propositions conséquentes. Toujours dans la
même veine, nous avons consulté les ouvrages suivants : De
la division du travail social de Emile DURKHEIM ; The structure of
society de Marion J. LEVY ; Anthropologie
structurale de Claude LEVI-STRAUSS, Echantillons de civilisations de
Ruth Benedict et enfin, Traité de sociologie
générale de Pareto VILFREDO. Ces différents ouvrages
présentent l'avantage de nous renseigner utilement sur les notions,
théories et concepts clés du fonctionnalisme, du structuralisme,
du culturalisme et du système social. Autant de pistes et
d'éléments qui nous permettront de mieux appréhender les
problèmes théoriques que soulève notre étude.
Cependant, si les ouvrages généraux
présentent l'avantage de conférer une certaine ouverture au
chercheur, ils ne posent pas les problèmes liés à la
recherche dans leur spécificité. C'est donc pour pallier une
telle insuffisance que nous avons recouru à des ouvrages
spécifiques.
Au Bénin, le secteur de l'artisanat connaît
depuis quelques années un regain d'intérêt. A ce titre, le
secteur a jouit d'un certain nombres d'actions promotionnelles aussi bien sur
le plan institutionnel que financier. La loi n° 98-037 du 22 novembre 2001
portant création du code de l'artisanat en République du
Bénin en son article 10 a structuré le secteur de l'artisanat en
11 branches d'activités. L'édition de ce code a non seulement
aidé à mieux organiser le secteur mais a également
favorisé l'émergence des OPA spécifiques à chaque
corps de métiers. De même, l'élaboration du Document de
Politique Nationale de l'Artisanat (DPNA) en 2002 a-t-elle permis
de doter le secteur d'un instrument officiel de référence.
La question de l'artisanat est aussi au centre des
débats et demeure une préoccupation des structures de
coopération et institutions internationales. La Coopération
suisse de même que celle allemande apportent une contribution non
négligeable au secteur notamment, sur les plans organisationnel,
associatif, financier, formatif etc. Cet appui peut être perçu
comme le fruit d'une série de travaux et rencontres sous-jacentes. Dans
ce cadre, on peut citer l'étude commanditée par le BIT en
1991 ; étude réalisée par DOSSOU S. Antonin et TOMETY
S. Narcisse. Intitulée Pratique et apprentissage au
Bénin : Réalités et perspectives, cette
étude révèlera que « l'apprentissage dans les
ateliers artisanaux constitue pratiquement une institution dans la mesure
où, par la pratique et les coutumes, l'entrée, les conditions de
travail et la sortie des apprentis sont pratiquement codifiées, sans
tenir compte outre mesure de la réglementation
officielle »7(*).
C'est aussi dans une perspective semblable que s'inscrit le colloque tenu
à Cotonou les 13, 14 et 15 décembre 1994 par l'Université
de TOURS (Paul BACHELARD) et l'Université de Cotonou (Denis
AMOUSSOU-YEYE et Amédée ODUNLAMI) portant sur le thème,
Apprentissage en Afrique Noire francophone et Madagascar : comment
améliorer et valoriser les pratiques de transmission des savoirs
manuels ? Ce colloque qui revêt une portée à la
fois nationale et internationale a étudié à travers des
thèmes variés les réalités économiques et
sociales de l'apprentissage en Afrique Noire francophone. Les sous
thèmes débattus lors de ces assises ont été
assortis de recommandations pratiques de sorte à permettre l'amorce dans
les différents pays de l'Afrique Noire francophone d'un apprentissage de
développement prenant en compte les enjeux de l'emploi et de la
modernisation.
Par ailleurs, dans le cadre de la dynamique associative, notre
travail n'est pas nouveau. C'est là, une continuité d'autres
travaux de recherche qui ont montré l'importance des OPA dans le
développement du secteur de l'artisanat.
Ainsi, dans le cadre de notre étude, plusieurs
documents nous ont permis d'approfondir nos recherches et nos connaissances.
Plusieurs auteurs ont abordé ce sujet. Au nombre de ceux-ci, on peut
citer :
Comlan Cyr DAVODOUN, dans son ouvrage
intitulé La dynamique associative dans le secteur de l'artisanat au
Bénin : Eléments d'informations statistiques,
présente le secteur de l'artisanat dans sa
généralité et fait le point sur la situation des OPA au
Bénin. Le point fait par l'auteur intègre des données
statistiques sur les Associations d'artisans affiliées à la
Fédération Nationale des Artisans du Bénin (FeNAB), celles
qui sont proches de la FeNAB et enfin, celles qui n'appartiennent pas à
la FeNAB et qui n'en sont pas proches. Ces données ont été
fournies par branches d'activités, par nombre et effectifs des
Associations. Toujours dans le même ouvrage, l'auteur fournit des
informations sur les Associations du système FeNAB à
l'échelle de chaque département et sur les diverses
activités que mènent celles-ci.
Dans un autre ouvrage écrit par le même auteur et
intitulé Le secteur de l'artisanat au Bénin :
développement de Pôles de Solidarité Economique, la
dynamique associative a été étudiée sous l'angle
des initiatives économiques interprofessionnelles. S'étant
basé sur un certain nombre de cas étudiés, l'auteur a
successivement mis l'accent sur leur historique, justification, objectifs,
activités, impacts, organisation et fonctionnement de même que sur
leurs perspectives et contacts.
Un troisième ouvrage toujours du même auteur et
intitulé Renforcement des capacités en gestion des
Organisations Professionnelles d'Artisans, aborde l'épineuse
question des insuffisances et limites liées à la gestion des
Associations d'artisans pour aboutir à un développement des
profils et fonctions des responsables d'une association à travers les
tâches et rôles qui leur sont dévolus. D'autres ouvrages
écrits par l'auteur mettront en exergue le rôle
économiquement important que jouent les OPA à travers les GMEC.
Cependant, si l'auteur a le mérite d'attirer
l'attention du lecteur de façon générale sur l'importance
de la dynamique associative dans le secteur de l'artisanat, et de façon
spécifique, sur le rôle économique que jouent les artisans
à travers leurs différentes initiatives, il n'a pas, à
notre avis, su mettre en évidence les vrais enjeux que peut induire
cette dynamique. Ces enjeux consistent en la discussion de la dynamique
associative en tenant compte de la décentralisation et de la perspective
qu'offre un secteur d'activités dont la majorité des auteurs sont
encore sous le poids culturel et économique de l'agriculture, en
l'occurrence, la culture du coton. L'originalité de notre travail
réside donc dans le fait que nous traitons la problématique de la
dynamique associative dans le secteur de l'artisanat en référence
aux deux aspects précédemment énoncés.
III. JUSTIFICATION DU CHOIX
DU THEME ET DU CADRE DE L'ETUDE.
1. Justification du choix du
thème.
Le choix de ce thème de recherche se
justifie par deux raisons fondamentales : une première qu'on
pourrait qualifier de subjective et une deuxième d'objective.
1.1 Raison
subjective.
Le choix du présent thème de
recherche est motivé par une étude de prospection que nous avions
réalisée pour le compte d'une institution de micro-finance
dénommée Centre pour la Formation et l'Appui au
Développement à la Base (CFAD-BENIN). Cette institution ayant
gagné un appel d'offre lancé par le gouvernement béninois
dans le cadre du projet Fonds d'Appui aux Artisans en début de
l'année 2004, a diligenté une étude de prospection au
cours du mois de mars de la même année pour cerner de plus
près les réalités socio-économiques et
professionnelles du secteur de l'artisanat et les zones d'implantation de ses
agences d'octroi de services financiers aux artisans. C'est au cours du
déroulement de cette étude de prospection dans les
départements du Borgou, de l'Alibori, de la Donga et de l'Atacora,
qu'est né cet intérêt que nous manifestons pour le secteur
de l'artisanat et plus précisément la dynamique associative.
1.2 Raison objective
La formation reçue en Sociologie- Anthropologie
permet de lire la réalité sociale avec une certaine
objectivité. Et en vertu de cette capacité, nous ne sommes pas
restés indifférents à certains problèmes
constatés dans le secteur de l'artisanat. L'abord de ces
problèmes d'un point de vue scientifique, pensons-nous, permettra de
mieux comprendre le mode de fonctionnement et de gestion des OPA. De plus, la
présente étude s'inscrit dans le cadre d'une recherche-action.
Les résultats qui en découleront doivent contribuer à une
amélioration significative de l'action. Il ne s'agit donc pas d'une
recherche fondamentale dont les résultats permettent de nourrir les
débats théoriques concernant une discipline scientifique
donnée. Ainsi, par la présente étude, nous pensons
conférer à ce mémoire une base pratique et mieux nous
rapprocher de la sociologie des organisations laquelle peut nous permettre de
comprendre davantage les raisons qui poussent les hommes à se mettre en
association, comment ils le font, quelle forme de socialisation cela
revêt, quels impacts cela a sur l'évolution de leur
société etc.
2. Raisons du choix du cadre de l'étude.
La recherche est réalisée dans la commune de
Kandi parce qu'au moment où nous réalisions l'étude de
prospection pour le compte du CFAD-BENIN en mars 2004, la commune de Kandi
était la seule commune où le secteur de l'artisanat
présentait un statut particulier. En effet, à notre descente sur
le terrain à Kandi, nous avions eu beaucoup de mal à contacter
les responsables des associations et du collectif des associations car ils
étaient partis dans les champs situés à des dizaines de
kilomètres du centre ville pour la culture du champ.
Il nous a fallu attendre longtemps avant de les voir.
D'ailleurs, les ateliers pour la majorité étaient fermés.
Les apprentis et les patrons ayant rejoint leurs parents au village pour
cultiver les champs. Cet état de chose ne nous a pas laissé
indifférent. Contrairement aux autres localités visitées,
la commune de Kandi présentait un environnement tout particulier. Ces
constats constituent autant d'éléments déterminant le
choix de notre cadre d'étude. Nous voudrions par ce choix,
étudier beaucoup plus en profondeur l'environnement
socio-économique, culturel et politique de ce cadre d'étude en
relation avec la dynamique associative dans le secteur de l'artisanat.
IV. APPROCHE METHODOLOGIQUE.
La présente étude présente à la
fois un caractère qualitatif et quantitatif. Qualitatif, parce que,
certaines des données collectées sont d'une nature purement
descriptive. Les variables ou les paramètres constituant ces
données sont cernés seulement à partir des croyances, des
points de vue, des sentiments ou autres éléments d'ordre
théorique relatifs aux acteurs concernés. Quantitatif, parce que,
l'étude de la dynamique associative suppose la collecte et l'analyse de
données relatives au flux des effectifs au sein des OPA, des mutuelles
de santé, du Groupement mutualiste d'épargne et de crédit
et bien d'autres encore. Il est à noter que ces données
permettent de faire une analyse et une interprétation chiffrées
des informations disponibles. C'est donc en fonction de la nature de notre
étude que nous avons choisi notre approche méthodologique.
Elle nous permettra de présenter les
différentes étapes aussi bien théoriques que pratiques
qui sous-tendent l'étude. Nous aborderons également les questions
relatives à la démarche méthodologique suivie lors de
l'enquête ainsi que les phases pratiques de l'enquête sur le
terrain. De même, cette partie représente pour nous le lieu
d'indiquer et de justifier l'emploi de nos outils de collecte de
données. L'ensemble de ces processus se trouve résumés
dans la figure ci-après.
Figure 1 : Principales étapes de la
démarche méthodologique suivie.8(*)
1. Délimitation du cadre de
recherche
La recherche s'est déroulée au Bénin.
Elle a eu pour cadre spécifique d'analyse certains des arrondissements
urbains et ruraux de la commune de Kandi située dans le
département de l'Alibori au nord-est du Bénin.
En effet, la commune de Kandi couvre une superficie de
3.421Km2 et est délimitée au nord par la commune de Malanville,
au sud par la commune de Gogounou, à l'est par la commune de
Ségbana et à l'ouest par la commune de Banikoara. Elle compte une
population totale de 90.640 habitants dont 52.192 habitants en milieu rural
soit 58% contre 38.448 habitants en milieu urbain soit 42% d'après les
données démographiques contenues dans l'Atlas Monographique
des Communes du Bénin édité en 2001. Elle abrite une
pluralité d'ethnies parmi lesquelles on note les Adja (0,6%); les Fon
(2,3%) ; les Bariba (32,2%) ; les Dendi (10,4) ; les Peulh
(30,3) ; les Yoruba (20,4) etc.
On y dénombre la religion traditionnelle (4,6%), le
catholicisme (12,2%), le protestantisme (1,3%), l'islam (72,5%) etc. La
commune de Kandi compte au total 10 arrondissements dont trois urbains à
savoir : Kandi I, Kandi II et Kandi III et sept ruraux que
sont : Angaradébou, Bensèkou, Donwari, Kassakou, Sam,
Sonsoro, Saah. Elle est caractérisée par des sources d'eau, un
sol ferrugineux, la végétation claire et des chaînes
montagneuses. Cet environnement a permis le développement d'un certain
nombre d'activités notamment : la chasse, la fonte,
l'élevage, le commerce, la forge, l'artisanat et surtout l'agriculture
(maïs, coton, arachide, mil). La recherche a eu lieu respectivement dans
les arrondissements urbains et ruraux suivants qui ont été
retenus sur la base d'un choix probabilisé afin de donner à tous
les arrondissements d'avoir la même chance d'être
tiré:
Arrondissements urbains : Kandi I et Kandi II.
Arrondissements ruraux : Angaradébou- Kassakou-
Sonsoro et Saah.
La situation géographique de la commune de Kandi et de
ses arrondissements se trouve présentée sur les cartes
ci-après.
KANDI
SOURCE : ATLAS MONOGRAPHIQUE DES COMMUNES DU
BENIN (2004)
2.
SOURCE : ATLAS MONOGRAPHIQUE DES COMMUNES DU
BENIN (2004)
CARTE GEOGRAPHIQUE DE LA COMMUNE DE
KANDI
2. La recherche documentaire.
Il est devenu une pratique courante de recourir à une
revue de littérature dans le cadre de la rédaction du document de
recherche d'un mémoire ou d'une thèse. Le caractère
routinier que revêt une telle pratique empêche parfois de percevoir
la portée combien significative qu'elle possède. Cependant,
l'exigence d'une telle pratique tient au fait que la production d'un travail de
recherche sérieux et scientifique participe de l'utilisation
adéquate des oeuvres scientifiques d'autres chercheurs que l'on
complète par ses propres idées et rend exploitables à
d'autres personnes. Dans cette optique, « faire la recension des
écrits, c'est faire le bilan critique de ce qui a été
produit dans le domaine de recherche concerné....La recherche
documentaire est donc nécessaire pour l'exploration du sujet. En se
situant dans l'ensemble des études et travaux antérieurs sur un
sujet donné, le chercheur se donne les moyens de circonscrire et de
délimiter son problème de recherche et de cerner les concepts
à l'étude ».9(*)
2.1 Les sources de documentation.
Commencée depuis mai 2004, la recherche documentaire a
consisté en une étude des ouvrages dans les bibliothèques
et centres de documentation. Ainsi, à la Direction Nationale de
l'Artisanat (DNA), nous avons pu lire : le Document de Politique
Nationale de Développement de l'Artisanat au Bénin. Bien
qu'étant à sa phase provisoire, ce document qui apparaît
comme un outil très important, présente le secteur de l'artisanat
dans sa généralité, ses forces et faiblesses de même
que les différentes stratégies que l'Etat béninois entend
mettre en oeuvre pour mieux le structurer et le promouvoir. Toujours à
la DNA, nous avons lu le Document provisoire du Code de l'artisanat. Ce
document-ci, définit ce que c'est que l'artisanat, précise les
normes et les termes en lesquels il peut s'exercer et énumère les
différents corps de métiers qui le composent.
Au Bureau d'Appui aux Artisans (BAA), nous avons
étudié certains ouvrages dont la richesse nous a permis de mieux
circonscrire notre thème de recherche. Il s'agit notamment de
l'ouvrage du socio-économiste Comlan Cyr DAVODOUN,
intitulé Renforcement des Capacités en Gestion des
Organisations Professionnelles d'Artisans au Bénin. Toujours au BAA,
nous avons pu lire aussi du même auteur, Le Secteur de l'artisanat
au Bénin : développement de pôles de solidarité
économiques.. Notre recherche documentaire s'est achevée
au BAA par la consultation d'un dernier ouvrage toujours du même auteur
et intitulé, La Dynamique associative
dans le secteur de l'artisanat au Bénin. La lecture de cet
ouvrage nous a permis d'avoir une idée plus large de ce que c'est que la
dynamique associative et la façon dont elle se manifeste notamment dans
le milieu artisan.
A la bibliothèque du Centre Culturel Français
(CCF), nous avons lu l'ouvrage de l'historien africain Joseph KI-ZERBO
intitulé, A quand l'Afrique. Cet
ouvrage d'ordre général pose et aborde à travers des
entretiens faits par l'auteur, la problématique du réel
développement d'une Afrique sortie épuisée de la
colonisation, en quête de son identité socioculturelle et
perpétuellement en proie aux pièges du néocolonialisme et
de la mondialisation.
Toujours dans le cadre des ouvrages généraux,
nous avons lu Guy ROCHER, Introduction à la sociologie
générale, Tome I. L'action sociale ; Tome II.
L'organisation sociale et le Tome III. Le changement
social. La lecture de ces trois essais nous a aidé à nous
familiariser avec les concepts, théories et démarches courantes
de la sociologie. A la suite de ces essais, nous en avons lu un autre de Alain
TOURAINE intitulé Sociologie de l'action. Cet
essai nous a permis de prendre connaissance des grands problèmes
auxquels sont confrontés les sociétés industrielles tels
que le travail, les classes sociales, la bureaucratie, le mouvement ouvrier, la
démocratie, la culture de masse etc.
Notre recherche documentaire s'est achevée par la
consultation du sens de certains mots clés de notre étude dans le
Dictionnaire critique de la sociologie de
Raymond Boudon et François Bourricaud et par la lecture des ouvrages
méthodologiques suivants : Quivy (R.), et Van Campenhoudt (L.),
Manuel de recherche en sciences sociales; Caplow (T.),
L'enquête sociologique; Paul N'DA, Méthodologie de la
recherche (De la problématique à la discussion des
résultats).
Cependant, les sources d'information auxquelles nous avons
eues recours ne sont pas que documentaires, elles sont aussi orales.
2.2 Les sources
orales.
Nos sources orales sont constituées d'entretiens que nous
avons eus avec des personnes ressources s'occupant à divers niveaux du
secteur de l'artisanat. Ces personnes sont entre autres, le Coordonnateur du
Bureau d'Appui aux Artisans (BAA), le Directeur national de l'artisanat, le
Président du Collectif des Associations de Kandi, le Chef
d'Arrondissement (CA) de Kandi I, le deuxième adjoint au Maire de la
commune de Kandi chargé des affaires culturelles et sportives, certains
membres des associations étudiées ainsi que les Gérants
des Caisses Locales de Crédits Agricoles Mutuels (CLCAM) de Gogonou,
Kandi I et Banikoara.
A partir de leurs expériences et connaissances, ces
personnes nous ont fourni des éléments d'information sur la
pertinence, les enjeux et les problèmes que soulève le
thème que nous avons choisi d'étudier.
3. La population d'étude
La présente étude vise à cerner les
contraintes de tout genre qui entravent une réelle dynamique des OPA
à Kandi et les opportunités qu'exploitent ces dernières
pour mieux contribuer au développement de leur commune. Pour cette
raison, nous avons estimé intéressant que soient
interviewés tous les acteurs qui, d'une manière ou d'une autre,
interviennent dans le secteur de l'artisanat et qui sont en mesure de se
prononcer utilement sur la question.
Les artisans quant à eux, ont été choisis
en fonction de leur degré de d'apprentissage dans le secteur et de leur
capacité à pouvoir apporter des éclairages significatifs
sur les problèmes mis en cause. Les critères qui nous ont permis
de constituer notre population sont les suivants :
a. La qualité d'artisan,
b. L'appartenance à une association pour certains
artisans,
c. La reconnaissance comme un acteur intervenant dans le
secteur,
d. La capacité à pouvoir fournir des
informations pertinentes.
e. Avoir la charge ou être impliqué dans la
gestion d'un service afférent au secteur.
3.1 Le groupe cible
Définir le groupe cible,
c'est « sélectionner les catégories de personnes
que l'on veut interroger et à quel titre, déterminer les acteurs
dont on estime qu'ils sont en position de produire les réponses aux
questions que l'on pose ».10(*)
Fort de cette affirmation, nous nous sommes basée sur
la recherche de la qualité des réponses aux questions sur notre
thème et notre objectif principal pour choisir notre groupe cible.
Ainsi, nous distinguons cinq (5) catégories de groupes
cibles que sont :
· Les autorités municipales. Il s'agit de ceux
qui, dans les structures formelles décentralisées ont en charge
la gestion des arrondissements composant la mairie. Dans le cadre de notre
étude, nous en avons enquêté trois (03).
· Les agents ministériels. Il s'agit des
fonctionnaires en service dans les directions déconcentrées du
pouvoir central. Pour les fins de notre étude, nous en avons
enquêté cinq (05).
· Les agents de la FeNAB. Il s'agit du personnel choisi
par les artisans eux-mêmes pour administrer leur structure
faîtière. Dans le cadre de notre étude, nous en avons
enquêté quatre (04).
· Les partenaires au développement. Il s'agit des
acteurs externes qui interviennent dans le secteur par le canal de la
coopération. Pour la circonstance, nous avons interviewé le
Coordonnateur du Bureau d'Appui aux Artisans (BAA) à Cotonou.
· Les artisans eux-mêmes pris individuellement et
collectivement. Pour les fins de notre étude, nous avons
questionné cent (100) artisans et interviewé trente six (36) lors
de nos séances de Focus Group.
· Les responsables du Collectif des artisans de Kandi. Il
s'agit des membres du comité de gestion des associations au niveau
local. Pour la circonstance, nous en avons enquêté deux (02) et
interviewé également deux (02).
· Les responsables des Associations. Il s'agit des
artisans élus au sein des Associations et ayant à charge, la
direction des Associations. Dans le cadre de notre étude, nous en avons
enquêté (02) et interviewé (03).
· Les agents d'Institutions de Micro-finance (IMF). Il
s'agit des employés des IMF opérant dans la commune de Kandi.
Pour la circonstance, nous avons interviewé le gérant de la
Caisse Locale de Crédits Agricole Mutuelle (CLCAM) de Kandi.
Au total, certains de nos outils de collecte de données
seront administrés à cent cinquante neuf (159)
enquêtés selon une double répartition individuelle et
collective.
3.2 L'échantillonnage
La présente étude est à la fois
qualitatif et quantitatif. Cela a beaucoup compté dans le choix des
individus de l'échantillon. Dans le souci de mieux circonscrire la
variété des données à recueillir, il a
été procédé à un choix raisonné des
différents individus de notre échantillon.
Les artisans questionnés ont été choisis
en fonction de leur corps de métiers, leur appartenance à une
association et aussi leur qualification (métier).
La population des Associations étudiées a
été divisée en deux (02) groupes à savoir :
les Associations affiliées à la FeNAB, donc
déclarées et celles non affiliées. Ce choix est important
parce que dans le milieu rural, la plupart des Associations ne sont pas
déclarées. Au total, nous avons enquêté cent
cinquante huit (158) individus répartis comme suit : cent six (106)
au cours de la première phase de l'enquête proprement dite et
cinquante deux (52) au cours de la deuxième phase de l'enquête
proprement dite. La répartition de l'ensemble des individus se
présente ainsi qu'il suit.
Au cours de la première phase de
l'enquête proprement dite, nous avons dénombré à
Kandi I, plus d'une dizaine d'associations d'artisans, mais avons
précisément travaillé avec huit (08) d'entre elles. A
Kandi II, nous avons travaillé avec deux (2) associations. Au cours de
cette phase, nous avons seulement utilisé des questionnaires.
Quant aux autres arrondissements ruraux, le nombre
d'associations y est très faible. Pour la plupart, les artisans se
regroupent en une seule association souvent non déclarée sans
distinction des corps de métiers. Ainsi, dans chaque arrondissement
rural, nous n'avons dénombré qu'une seule Association avec
laquelle nous avons travaillée. Nous avons pu questionner cent six (106)
artisans issus de quatorze (14) Associations réparties sur l'ensemble
des arrondissements choisis pour l'enquête
Le détail de notre échantillon se
présente comme suit :
Tableau N°I :
Récapitulatif de l'échantillon d'étude (Enquête
proprement dite : phase n° 1 ; Outil utilisé :
questionnaire).
Liste des
associations
|
Effectifs questionnés
|
Pourcentages
|
Kandi I
|
Association des Techniciens, Electriciens et Informaticiens de
Kandi (ATEIK)
|
12
|
11,32%
|
Association des Electriciens, Rebobineurs de Kandi (ASERK)
|
10
|
09,43%
|
Association des Dessinateurs de Kandi (ADK)
|
05
|
05%
|
Association Montagne des Couturières de Kandi (AMCK)
|
09
|
08,49%
|
Association des Couturiers, Couturières et Brodeurs de
Kandi (ACCK)
|
05
|
05%
|
Association des Constructeurs Bâtiments de Kandi
(ACBK)
|
06
|
06%
|
Association des Menuisiers de Kandi (AMK)
|
05
|
05%
|
Union des Mécaniciens Motos de Kandi (AMMK)
|
06
|
06%
|
Kandi II
|
Association des Tôliers et Peintres de Kandi (ATPK)
|
04
|
04%
|
Association des Soudeurs de Kandi (ASK)
|
12
|
11,32%
|
Kassakou
|
Association des Artisans de Kassakou (AAK)
|
10
|
09,43%
|
Sonsoro
|
Association des Artisans de Sonsoro
|
08
|
08%
|
Angaradébou
|
Association des Artisans de
Angaradébou
|
07
|
06%
|
Saah
|
Association des Artisans de Saah
|
07
|
07%
|
TOTAL
|
106
|
100%
|
Au cours de la deuxième phase de l'enquête
proprement dite, nous avons
interviewé à l'aide de guides d'entretien, les
membres du bureau directeur du Collectif des Associations, le deuxième
adjoint au Maire de la commune de Kandi chargé des affaires culturelles
et sportives, le Chef d'arrondissement de Kandi II, certains présidents
d'association et Agents du Ministère de l'artisanat.
De plus, nous avons tenu des séances de Focus
Group Discussion avec les membres de certaines associations. Les tableaux
présentés ci-dessous indiquent la composition de cet
échantillon.
Tableau II : Récapitulatif de
l'échantillon d'étude (Enquête proprement dite : phase
n° 2 ; Outil utilisé : guide
d'entretien).
Groupes cibles
|
Effectifs enquêtés
|
Pourcentage
|
Membres du Collectif des Associations
|
04
|
25%
|
Agents de la mairie
|
02
|
12,5%
|
Présidents d'Associations
|
05
|
31,5%
|
Agents du MCAT
|
05
|
31,5%
|
TOTAL
|
16
|
100
|
Tableau III : Récapitulatif de
l'échantillon d'étude (Enquête proprement dite :
phase n° 2 ; Outil utilisé : guide
d'entretien).
Liste des Associations
|
Effectifs enquêtés
|
Pourcentage
|
Association Montagne des Couturières de Kandi (AMCK)
|
09
|
25%
|
Union des Mécaniciens Motos de Kandi (AMMK)
|
09
|
25%
|
Association des Techniciens, Electriciens et Informaticiens de
Kandi (ATEIK)
|
09
|
25%
|
Association des Artisans de Sonsoro
|
09
|
25%
|
TOTAL
|
36
|
100%
|
3.3 Les méthodes et
techniques utilisées.
Le choix des méthodes et techniques utilisées
pour la collecte des données brutes sur le terrain a été
fait en tenant compte de la nature de notre étude.
Ainsi, du point de vue quantitatif, nous avons collecté
les données à l'aide de questionnaires adaptés à
chaque cible.
Il est à remarquer que l'étude de la dynamique
associative n'est pas que d'ordre quantitatif. La dynamique associative
s'explique aussi par certains facteurs socio-culturels voire environnementaux
qui sont eux qualitativement mesurables. A ce titre, des guides d'entretiens
ont servi à recueillir des données relevant de croyances, de
pratiques ou de logiques paysannes qui sont autant d'éléments qui
ne se cernent que par des explications ou comparaisons très souvent
d'ordre théorique. La nature très sensible de ces facteurs a
requis l'usage de guides d'entretiens. Dans ce cas, il aurait été
inadéquat et difficile de collecter les informations par un
questionnaire.
Comme technique, nous avons également choisi
l'observation participante. Elle nous a permis d'observer quelques faits
importants tels que le travail dans les ateliers, l'animation des
réunions d'association, le vécu de l'artisanat, l'attitude des
artisans en période de culture du coton etc.
Rappelons ici que nos travaux sur les Associations se sont
déroulés aussi à l'aide de focus
group discussion; ce qui a permis de lever quelques
équivoques relatives aux conflits internes aux associations et à
l'influence prépondérante de l'agriculture sur le secteur de
l'artisanat.
4. Durée de l'enquête
Les investigations concernant le terrain se sont
déroulées en deux (02) phases : la phase de
pré-enquête, celle de l'enquête proprement dite
4.1 La pré-enquête
La pré-enquête s'est déroulée du
14 septembre au 13 octobre 2004 soit pendant un mois. Durant cette
période, nous avons dans un premier temps, pris rendez-vous avec les
enquêtés identifiés. Ensuite, nous avons eu des entretiens
avec ces derniers et observé des faits qui nous ont permis
d'éprouver la pertinence, la clarté et la faisabilité de
notre sujet de recherche.
Cette phase a été pour nous l'occasion de
commencer la rédaction de notre problématique, de prendre
connaissance des divers acteurs impliqués dans le processus de
dynamisation des associations d'artisans et par conséquent de
diversifier notre échantillon. Elle nous a également permis de
confectionner une grille d'observation, des questionnaires et guides
d'entretien afférents à chaque catégorie
d'enquêtés et enfin de préciser nos hypothèses.
4.2 L'enquête proprement
dite
Elle s'est déroulée de manière
discontinue et en deux phases que sont :
- Première phase : 20 avril au 25 mai 2005
- Deuxième phase : 15 mai au 17 juin 2006.
En effet, du 20 avril au 25 mai 2005 a eu lieu la
première phase de notre enquête. Pendant cette période,
nous avons collecté des informations uniquement avec des questionnaires
respectivement à :
Arrondissements urbains : Kandi I et Kandi II.
Arrondissements ruraux : Kassakou- Sonsoro-
Angaradébou et Saah.
La collecte des données à ce niveau s'est faite
suivant l'itinéraire ci-après :
· Kandi I vers Kandi II.
· Kandi I vers Kassakou.
· Kandi I vers Sonsoro.
· Kandi I vers Angaradébou.
· Kandi I vers Saah
A l'issue de cette phase, nous avons collecté des
données intéressantes qui nous ont permis de faire le premier jet
de la phase rédactionnelle de notre mémoire.
Quant à la deuxième phase, elle a eu lieu du 15
mai au 17 juin 2006. Au cours de cette phase, nous avons approfondi certains
aspects des informations collectées à la première phase. A
l'aide de guides d'entretien spécifiques, nous avons eu des interviews
directes avec certaines personnes ressources et organisé des
séances de focus avec certaines Associations.
Au total, les travaux de collecte de données
se sont déroulés en soixante neuf (69) jours.
5. Traitement et analyse des
données
Ici, une question se pose qui est celle de
l'authenticité des résultats obtenus. D'une part, il s'agit pour
nous de comparer les résultats obtenus à ceux attendus de nos
hypothèses et d'autre part, de les comparer aux résultats
d'autres études. Et ceci, en tenant compte des circonstances de notre
étude.
Sur un autre plan, le traitement que nous avons fait de nos
résultats de terrain n'a pas seulement eu pour but de vérifier
significativement ou non les hypothèses que nous avions émises.
La question de la généralisation de nos résultats est
aussi entrée en ligne de compte dans le processus de discussion de nos
résultats. La validité externe de notre travail réside
donc dans le fait que nos travaux effectués sur un échantillon
limité d'Associations et d'Artisans peuvent être
généralisés et permettrent de mieux comprendre le secteur
de l'artisanat notamment, sous l'angle de la dynamique associative. Pour ce
faire, nos résultats ont été traités en fonction
des données recueillies mais aussi en fonction de la méthode ou
de la technique de collecte utilisée.
En ce qui concerne les séances de focus avec les
Associations, certaines des données recueillies ont été
enregistrées sur des bandes magnétiques avant d'être
transcrites par la suite sur papier, d'autres ont été directement
prises sous forme de notes manuscrites.
Les données recueillies sur la base de guides
d'entretien ou de questionnaires ont été elles, directement
transcrites sur papier tout en restant fidèle aux exigences en
matière de traduction. Ces données ont été
regroupées par thèmes et traitées comme telles. Le
dépouillement a suivi trois (03) étapes :
1) La constitution des groupes thématiques,
2) Le regroupement des interviews transcrites par groupe
thématique sous la forme de corpus,
3) L'analyse et l'interprétation du corpus à
partir d'indicateurs et de références spécifiques tels que
les conditions socio-économiques, politiques, environnementales,
culturelles et les éléments tirés de la recherche
documentaire etc. qui ont servi de support à la rédaction du
rapport final d'enquête.
6.
Difficultés.
Au cours de l'étude, nous avons rencontré de
multiples difficultés qui sont à la fois d'ordre théorique
et pratique.
Sur le plan théorique, l'une des difficultés
rencontrées est liée au choix de notre thème de recherche,
plus précisément à son adéquate formulation. En
effet, si les problèmes liés à l'artisanat et plus
spécifiquement aux associations sont facilement identifiables, leur
formulation de sorte à mettre en évidence le rôle
prépondérant que jouent ces associations, n'a guère
été facile. Il nous a donc fallu nous entretenir à maintes
reprises avec des personnes ressources et nous servir d'une documentation
spécifique avant de pouvoir choisir en dernier ressort le présent
thème.
Sur le plan pratique, nous avons rencontré des
difficultés relatives à la dispersion et l'accès difficile
aux sites d'enquête.
Par ailleurs, la période au cours de laquelle la
pré-enquête a été menée coïncidait avec
la saison des champs, ce qui a rendu les premières rencontres un peu
difficiles. Cependant, ce fait a été pris en compte dans la suite
du travail lorsqu'il a s'agit de mener l'enquête proprement dite.
La plus grande difficulté, mise à
part celle de la dispersion de certains sites de recherche, réside dans
la quasi indisponibilité d'informations statistiques relatives à
l'artisanat par les acteurs eux-mêmes. Le secteur souffre d'une carence
en données statistiques, ce qui rend très difficiles toutes
analyses ou traitements chiffrés des informations.
Néanmoins, grâce à notre
détermination, nous avons pu surmonter ces difficultés et aboutir
aux résultats présentés dans la suite de notre travail
suivant le plan ci-après.
PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS
V- LE PLAN
La présentation et l'analyse des résultats
s'articulent autour de trois parties. Dans la première partie, nous
déterminerons en quoi les Organisations Professionnelles d'Artisans
(OPA) participent au développement de la commune de Kandi. Cette partie
est intitulée : « PARTICIPATION DES
ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES D'ARTISANS AU PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT A
KANDI » et comporte deux chapitres.
Dans une deuxième partie, nous aborderons les
différents problèmes auxquels sont confrontées les OPA
à Kandi. Cette partie intitulée LIMITES DE LA
PARTICIPATION DES OPA AU PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT SOCIAL ET ECONOMIQUE A
KANDI comporte également deux chapitres.
Enfin, dans la troisième partie de notre
présentation, nous étudierons les tenants et aboutissants de
l'exercice à temps partiel de l'activité artisanale à
certaine période de l'année. Cette partie intitulée
IMPACT DE L'ABANDON DES ATELIERS PAR LES ARTISANS EN PERIODE DE CULTURE
DU COTON SUR LE SECTEUR DE L'ARTISANAT comporte également deux
chapitres.
PREMIERE PARTIE
PARTICIPATION DES OPA AU PROCESSUS
DE DEVELOPPEMENT A KANDI
L'artisanat est à la fois un fait de
culture et une profession. Au Bénin, il existe trois types d'artisanat
d'après la classification retenue dans le code de l'Artisanat :
l'artisanat d'art, l'artisanat de production et l'artisanat de service. En tant
que fait de culture, l'artisanat est appréhendé comme un vaste
champ de productions matérielles et symboliques diverses, étant
entendu que, c'est au travers de la culture que les artisans façonnent
leurs oeuvres. A ce titre, certaines oeuvres artisanales prennent diverses
significations selon les modes de pensée, d'action, de
représentation et d'interprétation des acteurs sociaux qui les
créent.
Mais en tant que profession, l'artisanat offre à tout
individu la possibilité d'apprendre un métier, d'avoir une
qualification et de pouvoir exercer le métier appris. Il est un secteur
d'activité qui ne doit sa forte représentativité qu'aux
multiples associations qui l'animent. En effet, c'est le souci de se
développer davantage qui amène les artisans à se
constituer en association. L'Association, à priori, apparaît comme
un cadre offrant aux artisans la possibilité de se réunir pour
défendre et sauvegarder leurs intérêts, assurer la
promotion de leurs activités, chercher des opportunités de
formation, de recyclage et d'acquisition de nouvelles technologies etc. Dans le
souci de mieux appréhender la contribution de ces Organisations
Professionnelles Artisanales au processus de développement de la commune
de Kandi, nous étudions dans le premier chapitre de ce travail, les
OPA en tant qu'acteurs de développement. Ce
chapitre est composé des sections suivantes :
Section 1 : La création et la gestion du
Groupement Mutualiste d'Epargnes et de Crédits (GMEC) des artisans de la
commune de Kandi.
Section 2 : La genèse et la gestion de la
mutuelle de santé des artisans de la commune de Kandi
CHAPITRE I : Les OPA : Acteurs de
développement
Il n'y a de développement que d'hommes. De part la
qualité de leur savoir, savoir être et savoir faire, les hommes
contribuent au développement du monde en général et de
leur société en particulier. Au-delà des actes individuels
que pose chaque homme pour se promouvoir et promouvoir sa profession et/ou sa
société, des individus manifestent le besoin de mettre en commun
leurs forces pour mieux défendre leurs intérêts et ceux de
leur corporation. Ils se mettent ainsi en association. En effet, c'est un fait
universel de remarquer que dans presque toutes les corporations ou secteurs
d'activités, il existe des associations qui naissent pour diverses
raisons. Ces associations sont le signe de la volonté collective des
acteurs concernés de se prendre en charge. En tant que telles, elles
sont considérées comme acteurs de développement. Dans le
présent chapitre, nous essaierons d'appréhender la manière
dont les associations d'artisans de la commune de Kandi développent
certaines initiatives qui promeuvent leur commune.
Section 1 : La création et la gestion du
Groupement Mutualiste d'Epargne et de Crédits (GMEC) des artisans de la
commune de Kandi.
L'une des difficultés auxquelles sont
confrontés les artisans demeure le difficile accès aux sources de
financement et de formation. En effet, les investissements dans ce secteur sont
généralement réalisés hors du circuit bancaire
classique. Ils sont réalisés en majorité par
autofinancement, par prêt familial, avec la tontine ou le concours des
Institutions de micro-finance (IMF). Cet accès au financement est encore
plus difficile dans la mesure où la plupart des parcelles ne sont pas
loties et recasées. Les artisans ne disposant pas de titres de parcelle
(Convention de vente de parcelle, Permis d'habiter, titre foncier etc.), sont
donc dépourvus de garanties ; ce qui les empêche de recourir
aux institutions de financement classiques afin de bénéficier de
prêts. Or, la pratique courante dans le secteur de l'artisanat au
Bénin est celle de la micro-entreprise unipersonnelle.
Dans le cadre de la promotion de leurs micro-entreprises
artisanales, les artisans sont confrontés dans la majorité aux
problèmes sus cités. C'est donc pour trouver des solutions
à ces difficultés que les artisans à travers leurs
Associations et grâce au concours des partenaires au
développement, ont initié le Groupement Mutualiste d'Epargnes et
de Crédits (GMEC) de la commune de Kandi.
1. La création du GMEC.
A l'instar des OPA de certaines autres communes, celles de la
commune de Kandi ont aussi ressenti la nécessité de dynamiser
leurs associations en se dotant d'un GMEC.
Les premières initiatives de création du
Groupement Mutualiste d'Epargnes et de Crédits des artisans de la
commune de Kandi remontent aux années 2002-2003 avec l'appui financier
de la Fondation Hanns Seidel. En effet, suite aux multiples demandes en
formations exprimées par les artisans de Kandi, la Fondation Hanns
Seidel en partenariat avec ces derniers, a financé
une formation à eux donnée par La Jeune Chambre Soleil sur la
gestion des entreprises en Octobre 2003. Cette formation les a initiés
aux différentes procédures administratives, fiscales, juridiques
et économiques sous-jacentes à la création d'une
entreprise. Mais, c'est au début de l'année 2004 que les
artisans, avec l'appui institutionnel de la FeNAB, ont pu porter sur les fonds
baptismaux le Groupement Mutualiste d'Epargnes et de Crédits de leur
localité.
2. La gestion du GMEC.
Le Groupement Mutualiste d'Epargne et de Crédits des
artisans de Kandi se compose de deux (02) organes statutaires à
savoir :
1) L'Assemblée Générale :
Elle est l'instance souveraine de décision et de
délibération de l'association. Elle a pour attributions
de :
i. définir les orientations fondamentales du groupement,
examiner le bilan des activités du Bureau Exécutif, examiner et
approuver les comptes de résultats du Bureau Exécutif,
ii. délibérer sur l'octroi de micro-crédits
aux artisans, définir les tâches à accomplir par le Bureau
Exécutif, contrôler la gestion des fonds et du patrimoine du
groupement,
iii. définir le programme d'activités annuelles du
groupement sur proposition du Bureau Exécutif, élire les membres
des différents organes, délibérer sur l'admission de
nouveaux membres, les subventions, dons, legs, contrats de partenariat,
d'assistance, de prêt etc.
iv. statuer sur la suspension, la déchéance des
membres du Bureau Directeur et/ou sur leur remplacement, décider de la
dissolution du groupement, délibérer sur toutes questions
inscrites à son ordre du jour etc.
Elle se réunit en session ordinaire chaque mois sur
convocation du Bureau Exécutif. En cas de non respect de cette
périodicité sans raison valable, elle pourra se réunir en
session extraordinaire sur pétition signée du tiers (1/3) au
moins des membres en règle vis-à-vis du groupement.
2) Le Bureau Exécutif :
Il est l'organe d'exécution des décisions de
l'Assemblée Générale. Il anime les travaux individuels et
collectifs des membres du groupement, favorise les échanges
d'information sur les activités. De même, il exécute le
programme d'activités et le budget du groupement.
Il :
i. veille au suivi des objectifs et recommandations de
l'Assemblée Générale, examine et juge les contentieux,
autorise les dépenses et les activités prévues au budget
et dans le programme d'activités,
ii. décide des questions à soumettre à
l'Assemblée Générale, enregistre les épargnes des
artisans, monte, finalise et présente à l'Assemblée
Générale les dossiers des artisans ayant sollicité de
prêts, procède au déboursement des crédits et
à leur recouvrement etc.
Il assure la permanence au siège du groupement et
exécute quotidiennement les activités prévues dans son
programme. Tous ces organes jouent un rôle important dans la gestion de
la mutuelle.
En effet, l'accès à la mutuelle est
subordonné au paiement d'un droit d'adhésion de mille (1000)
francs CFA permettant d'avoir une carte de membre. Une somme de deux mille deux
cents (2200) francs CFA est payée par chaque membre adhérent
à la fin du mois. De cette somme, deux mille (2000) francs CFA sont
réservés à la caution pour crédit et deux cents
(200) francs CFA pour la participation aux frais de fonctionnement de la
mutuelle. Les cotisations versées par les membres sont réparties
selon un quota. Le tiers est détenu au siège de la mutuelle et
les deux tiers restant sont versés à la CLCAM de la
localité. Durant le mois, les membres du Bureau Exécutif
étudient les dossiers des artisans demandeurs de crédits qui
paient régulièrement leurs cotisations. A la session de
l'Assemblée Générale à la fin de chaque mois, ces
dossiers sont de nouveau étudiés et les
bénéficiaires de crédits retenus. Le délai d'octroi
des crédits varie entre une (01) et deux (02) semaines. Les
crédits varient de quinze mille (15000) francs CFA à trente mille
(30000) francs CFA.
Section 2 : La genèse et la gestion de la
mutuelle de santé.
L'artisanat est une profession qui s'exerce
généralement au Bénin et plus particulièrement
à Kandi dans des conditions très difficiles. La pauvreté
et le faible niveau d'instruction des artisans sont entre autres les
principales causes d'un tel état de chose. Les artisans sont
exposés à toutes sortes de risques ou accidents de travail alors
même qu'ils ne sont pas tous professionnellement assurés. A
côté de cela, ils sont aussi exposés à des maladies
du fait des dures conditions dans lesquelles ils travaillent et des produits
parfois toxiques qu'ils manipulent et ce, très souvent, sans
précaution. Ayant progressivement pris conscience de ce que sans la
santé ils ne peuvent rien faire, ils ont commencé par en faire
une priorité. Dans toutes les associations, les questions relatives
à la création d'une mutuelle de santé étaient
vivement discutées.
1. La genèse de la mutuelle de
santé.
Les premières démarches et rencontres entre les
artisans et leurs partenaires ont commencé en 2002. Le Service allemand
de coopération a apporté un soutien important aux artisans en
mettant à leur disposition un Assistant technique. Ce dernier a
formé les artisans choisis pour travailler dans la mutuelle aux
méthodes de gestion d'une mutuelle de santé. La FeNAB quant
à elle s'est occupée des formalités administratives. Une
enquête de faisabilité a été faite et a permis de
mieux cerner les contours du projet. Un document de projet a été
élaboré en collaboration avec les membres du Collectif des
artisans. C'est l'hôpital de zone de Kandi qui a été choisi
pour prodiguer les soins sanitaires aux artisans qui en manifestent la demande.
Ainsi, le 1er janvier 2003, la mutuelle de santé de Kandi a
été portée sur les fonds baptismaux.
2. La gestion de la mutuelle de
santé.
La mutuelle de santé est administrée par deux
(02) organes statutaires à savoir : l'Assemblée
Générale et le Bureau Exécutif.
1) L'Assemblée Générale
Elle est l'instance souveraine de décision et de
délibération de la mutuelle. Elle a pour attributions
de :
i. définir les orientations fondamentales de la
mutuelle, examiner le bilan des activités du Bureau Exécutif,
examiner et approuver les comptes de résultats du Bureau,
ii. définir les tâches à accomplir par le
Bureau Exécutif, contrôler la gestion des fonds et du patrimoine
de la mutuelle, définir le programme d'activités annuelles de la
mutuelle sur proposition du Bureau Exécutif,
iii. élire les membres des différents organes,
délibérer sur l'admission de nouveaux membres, les subventions,
dons, legs, contrats de partenariat, d'assistance, de prêt etc.
iv. statuer sur la suspension, la déchéance des
membres et/ou sur leur remplacement, décider de la dissolution de la
mutuelle, délibérer sur toutes les questions inscrites à
son ordre du jour.
Elle se réunit en session ordinaire chaque mois sur
convocation du Bureau Exécutif. En cas de non respect de cette
périodicité par le Bureau Exécutif sans raison valable,
elle pourra se réunir en session extraordinaire sur pétition
signée du tiers (1/3) au moins des membres en règle
vis-à-vis du groupement.
2) Le Bureau Exécutif
Il est l'organe d'exécution des décisions de
l'Assemblée Générale. Il anime les travaux individuels et
collectifs des membres de la mutuelle, favorise les échanges
d'information sur les activités. De même, il exécute le
programme d'activités et le budget de la mutuelle. De façon plus
spécifique, il :
i. veille au suivi des objectifs et recommandations de
l'Assemblée Générale, autorise les dépenses et les
activités prévues au budget et dans le programme
d'activités, décide des questions à soumettre à
l'Assemblée Générale,
ii. accueille les dossiers des membres en règle
vis-à-vis de la mutuelle et veille à leur montage, règle
les questions administratives entre l'hôpital et les malades,
réceptionne les frais fixés par l'Assemblée
Générale, établit un rapport d'activités mensuel
etc.
Les adhésions à la mutuelle se font moyennant
la somme de cinq cent (500f) francs CFA. Les membres à charges des
familles des artisans paient la somme de trois cent quarante cinq (345) francs
CFA chaque mois pendant trois mois avant de pouvoir bénéficier
des prestations de la mutuelle.
La mutuelle prend en charge toutes les maladies courantes
à l'exception des opérations chirurgicales et des maladies
virales. La plupart des médicaments sont vendus à la pharmacie de
l'hôpital ou dans les pharmacies de quartier retenues par la mutuelle.
Ils sont supportés à hauteur de 75% par la mutuelle et le reste
par l'intéressé même.
Dans le chapitre qui va suivre, nous étudierons la
position que les OPA occupent et le rôle qu'elles jouent dans le sens de
la promotion du secteur de l'artisanat et par ricochet, de la commune de Kandi.
CHAPITRE II : ANALYSE DE LA PLACE ET DU ROLE DES
OPA DANS LE PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT LOCAL A KANDI.
La commune de Kandi est directement responsable de son
développement c'est-à-dire de son progrès
économique, social et culturel. Elle a dès lors établi son
programme de développement qui fixe les objectifs qu'elle veut
atteindre, qui précise les actions qu'elle entend mener et les moyens
qu'elle doit mobiliser. Ce programme est le fruit d'un dialogue entre tous les
acteurs locaux publics et privés de la commune et s'articule à un
programme de développement national. Cet progrès est aussi
directement lié à la création de richesse dans la commune,
à la gestion de cette richesse et à sa répartition entre
tous les acteurs de la commune. Il s'agit autant de richesse financière
et économique que de richesse sociale et culturelle. C'est là le
premier rôle et l'un des principaux enjeux de la commune de Kandi. Dans
ce processus très important où interviennent des acteurs de
divers horizons, quelle est la place accordée aux OPA ?
Section 1 : Analyse de la place des OPA dans la
commune de Kandi.
La commune de Kandi a des partenaires pour l'aider à
mener à bien sa mission de développement. Son premier partenaire
est l'Etat. L'Etat a parmi ses nouvelles missions, la tâche d'appuyer et
de conseiller la commune. Il organise cet appui d'une manière directe
à travers l'administration territoriale et ses services
déconcentrés mais aussi, de manière indirecte en
gérant l'environnement et le cadre national de la commune. La commune de
Kandi n'est pas seule sur le territoire. Elle s'intègre dans un espace
national qui lui donne sens et qui la consolide dans le cadre d'un projet
national global. De même, la commune de Kandi a d'autres partenaires
qu'elle choisit pour mener à bien son programme : des associations
ou des entreprises privées à qui elle délègue
certaines missions ; d'autres communes (nationales ou
étrangères) avec qui elle s'associe en vue de la
réalisation de ses projets ; des partenaires au
développement avec qui elle conclut des accords de partenariat etc.
Mais, de tous ces partenaires, les associations occupent une
place non négligeable quand on se situe dans une perspective
endogène.
En effet, le milieu naturel occupé par la commune de
Kandi prédispose les habitants à certains types
d'activités dont les plus pratiquées sont : l'agriculture,
la forge, la chasse, l'élevage etc. Ces activités qui
revêtent à la fois un caractère économique et
culturel entraînent d'autres types d'activités notamment celles
artisanales. Les activités artisanales telles que définies dans
l'article 1er du Code de l'artisanat « consistent en
l'extraction, la production, la transformation de biens et/ou la prestation
grâce à des procédés techniques dont la
maîtrise requiert une formation par la pratique »11(*). Aussi comprennent-elles les
branches suivantes : « le bâtiment- l'alimentation- les
métaux et la construction métallique- les pierres- le bois et les
fibres végétales- le textile, l'habillement, le cuir et les
peaux- l'art et la décoration- la poterie et la céramique-
l'installation, la maintenance, l'entretien, la réparation et les
images- l'électronique, l'électricité et le froid-
l'hygiène et les soins corporels »11(*). Incontestablement, ces
activités sont représentées dans presque tous les domaines
de la vie sociale. Les artisans qui exercent ces activités apportent une
contribution non négligeable au développement économique,
culturel et social de la commune de Kandi surtout quand on s'exprime en terme
de production de richesses.
Ces activités constituent un énorme potentiel
à l'auto-emploi et à la création d'emplois. Leur exercice
permet la valorisation des matières premières locales. De
même, l'existence des micros entreprises artisanales permet à la
mairie de collecter diverses taxes qui l'aident à exécuter les
activités inscrites dans son budget. Cet aspect est très
important compte tenu du nombre limité d'usines dont dispose la commune.
Par ailleurs, les activités artisanales constituent des cadres de
réinsertion professionnelle des victimes de handicap physique.
Dans la même veine, les premières ressources
dont dispose la commune sont celles qui ressortent de son cadre territorial. Et
l'enrichissement de la commune consiste en la mise en valeur de ses ressources
naturelles et humaines. A ce titre, la mairie ne peut intervenir dans un
secteur qu'à travers les relations qu'elle entretient avec les acteurs
ou les représentants de ce secteur. Dans cette logique, les OPA en tant
que cadres de rassemblement des artisans, de dialogue, de conception et de
conduite des projets de partenariat sont mieux placées pour
représenter, valoriser et défendre les intérêts des
artisans car ceux-ci constituent une force économique. Aucun projet de
partenariat, de prêt, d'assistance technique, d'amélioration des
conditions de travail, de recherche de financement ou de
débouchés, de promotion du secteur de l'artisanat ne peut se
faire à l'insu et sans la collaboration des OPA. Elles constituent la
vitrine des artisans sur les plans local, national et international.
Cependant, si les OPA occupent une place importante parmi
les acteurs et partenaires qui oeuvrent pour le développement de la
commune de Kandi, il n'en demeure pas moins vrai que cette force qu'elles
constituent a pris corps à travers un long processus de changement
social, politique, économique et culturel des populations occupant
l'espace de la commune. Quelle est donc la genèse des OPA à
Kandi ?
1. Genèse des OPA à Kandi.
L'étude de la genèse des OPA à Kandi
fait ressortir deux principales périodes.
Premièrement, la création et le
développement des OPA étaient tributaires de la liberté
dont jouissaient les habitants de ladite commune. En effet, avant
l'année 1990, il n'y avait pas d'OPA à proprement parler à
Kandi compte tenu des restrictions de liberté d'expression en vigueur
à cette période. Cependant, il serait faux d'affirmer qu'on
n'observait pas ça et là des initiatives de regroupement des
artisans. Si le régime marxiste socialiste qui caractérisait le
Bénin à cette époque portait une attention soutenue
à la restriction de la liberté d'expression, il n'en demeure pas
moins vrai qu'il fut un puissant appareil de regroupement social. A la faveur
de son idéologie, s'observait une réelle volonté
d'association des citoyens autour des valeurs d'exploitation et de gestion
communes des ressources du pays. Ce régime politique avait
rigoureusement organisé la société béninoise en
général et celle de Kandi en particulier. On peut mettre à
son actif certaines initiatives communautaires qui avaient fait école
à cette époque. Il s'agit en l'occurrence des
coopératives au sein des écoles et des services
administratifs qui s'affichaient comme des symboles forts de la
ferme croyance de ce régime en une prospérité
économique et sociale par l'exploitation agricole. D'un autre
côté, il y avait les journées de
salubrité au cours desquelles les habitants de chaque quartier
se regroupaient pour balayer et débarrasser les ordures.
Cependant, il est à noter que ces initiatives
étaient des initiatives globales et n'avaient donc rien de
spécifique avec le secteur de l'artisanat.
Plus tard, cette tendance sera infléchie à la
faveur de l'avènement du régime du renouveau démocratique.
Deuxièmement, les valeurs et les idées forces
en vogue au sein des OPA émanaient des conditions de vie et de travail
des artisans. En effet, après l'inédite conférence des
Forces Vives de la Nation en février 1990, des efforts de regroupement
au sein de la classe artisanale kandienne se feront de plus en plus ressentis.
Tous les corps de métiers seront mouvementés par des idées
de liberté, de dialogue, de défense des droits et des
intérêts afférents aux artisans. Toutes choses qui
contribueraient à améliorer leurs conditions de travail et de
vie.
Sur le plan national, un nouvel essor dans le secteur de
l'artisanat s'observera avec à la clé, la création de
divers regroupements que sont :
b. La Fédération des Coopératives de
Production Artisanale, Industrielle et de Service (FECOPAS) ;
c. Le Groupement des Associations de Parakou (GAAP) ;
d. Le Regroupement des Artisans de Cotonou (RAC) ;
e. La Fédération Nationale des Artisans du
Bénin (FeNAB).
Au niveau de la commune de Kandi, on assistera au même
phénomène. En 1992, l'Association des Artisans de Kandi (AAK) a
été créée. Deux ans après, les
électriciens s'en sépareront pour créer l'Association des
Electriciens et Rebobineurs de Kandi (ASERK). Ils seront
suivis par les mécaniciens moto qui créèrent l'Union des
Mécaniciens Moto de Kandi (UMMK). Cette dynamique sera poursuivie et
entretenue jusqu'à nos jours avec la création d'une vingtaine
d'associations déclarées et non déclarées sur toute
l'étendue de la commune.
2. Les OPA : institutions non
lucratives.
La loi exige des associations une gestion
désintéressée. Au-delà de la non distribution de
bénéfices, l'activité des associations doit pouvoir
revêtir un caractère non lucratif. Aussi la loi dispose
que : « l'association doit être gérée et
administrée à titre bénévole par des personnes
n'ayant, elles-mêmes ou par des personnes interposées, aucun
intérêt direct ou indirect dans les résultats de
l'exploitation »12(*). Ce facteur est très déterminant dans
la conception qu'on a des OPA et le rôle qu'elles jouent dans la commune.
Les OPA sont des acteurs bénévoles qui n'organisent pas leurs
efforts en vue d'en tirer un profit pécuniaire. En d'autres termes,
elles ne sont pas des entreprises commerciales. Et c'est
précisément à ce niveau que la place qu'elles occupent au
sein de la commune est primordiale car, le développement à la
base suppose un minimum de bénévolat ou de volontariat de la part
même des populations.
Les Organisations Non Gouvernementales (ONG) jouent aussi un
rôle non négligeable dans le processus de développement
local. Elles interviennent dans divers domaines pour accompagner les efforts
des communes. Au-delà du caractère humanitaire et "
développementaliste" qui les caractérisent, elles sont
très souvent perçues comme un moyen pour drainer des subventions
extérieures. Pour certains citoyens, avoir une ONG c'est un moyen
sûr pour s'enrichir.
Or, pour ce qui est des Associations, l'idée de
regroupement pour un but donné n'est pas sous-tendue par le souci de
s'enrichir. La loi va même plus loin en précisant que :
« Les membres et leurs ayants droit ne doivent pas être
déclarés attributaires d'une part quelconque de l'actif,
lorsqu'ils quittent l'association ou en cas de dissolution »13(*). Cela veut dire que les biens
de l'association, devront être, à sa dissolution,
distribués de façon à toujours rester dans le milieu
associatif. A cette occasion, personne ne pourra s'attribuer, ou se faire
attribuer par une quelconque instance de l'association, les meubles et divers
biens acquis par l'association, non plus, tout ou partie des sommes figurant
sur son compte bancaire. Dès lors, presque toutes les conditions sont
réunies pour inciter les membres des Associations à avoir une
vision basée sur la solidarité et le sacrifice de soi. Un
réel développement à la base suppose une telle vision. Et
les Associations d'artisans répondent bien aux critères sus
cités. Elles peuvent donc être utilisées pour d'une part,
insuffler un dynamisme au secteur de l'artisanat et, d'autre part, inciter les
autres secteurs à faire pareil.
La non distribution des bénéfices
réalisés, le bénévolat des dirigeants, la
dévolution des biens acquis par l'association en cas de dissolution,
l'égalité entre tous les membres sont des critères
essentiels qui confèrent aux OPA un statut particulier dans la commune
de Kandi.
Section 2 : Analyse des fonctions des OPA dans la
commune de Kandi.
Les caractéristiques identifiées par rapport
aux OPA dans la partie précédente nous amènent à
dire qu'elles ne peuvent mener que des initiatives à caractère
social. En ce sens qu'elles ne sont pas des entreprises commerciales. Les
fonctions des OPA sont tributaires des objectifs que cherchent à
atteindre les artisans. Ces fonctions varient d'une association à une
autre. Cependant, elles concourent toutes à la promotion du secteur. De
façon générale, elles consistent à regrouper les
artisans d'un même corps de métier, à veiller à
l'exécution du métier dans les conditions morales,
matérielles et hygiéniques requises. De façon
spécifique, elles consistent à améliorer les conditions
d'apprentissage et de formation des artisans, à les représenter
partout où besoin est etc. Mieux que cela, elles participent à la
réduction de la pauvreté qui mine leur profession en
développant certaines initiatives.
1. Les OPA en tant qu'instruments de lutte contre la
pauvreté.
Le secteur de l'artisanat dans la commune de Kandi est
confronté à de multiples problèmes. D'après le
rapport Woillet sur le secteur de l'artisanat en 1997, « la
micro-entreprise unipersonnelle est la règle dans l'artisanat comme dans
le commerce au Bénin. Les chefs d'entreprises artisanales sont
généralement jeunes puisque 1sur 2 est âgé de moins
de trente ans. La majorité d'entre eux n'a pas reçu de formation
formelle et deux tiers des actifs féminins dans l'artisanat sont sans
instruction »14(*).
Souvent, c'est grâce aux tontines ou le concours des
Institutions de Micro-finance (IMF) que les artisans parviennent à
s'installer. Pour les plus pauvres qui n'ont pas de garanties
matérielles, la situation est encore plus grave. Ils sont réduits
à l'utilisation de vétustes matériels de travail, ce qui
se ressent au niveau de la qualité de leur travail. De même, les
situations d'exercice de leurs métiers ne leur permettent pas d'en tirer
des gains conséquents.
Face à cette situation et vue les moyens
limités de l'Etat, les artisans ont éprouvé la
nécessité de se prendre en charge. Les problèmes les plus
urgents ont été débattus au sein des associations et
compte tenu des forces et opportunités exploitables à court
terme, des mesures ad hoc ont été prises. Ainsi, pour pallier
l'insuffisance de financement et/ou l'accès difficile aux sources de
financement, un Groupement Mutualiste d'Epargne et de Crédit (GMEC) a
été créé en 2004. Le premier objectif visé
par ce groupement est de faire progressivement asseoir dans le secteur de
l'artisanat, la culture de l'épargne. En épargnant, les artisans
pourront à long terme disposer d'un capital et par là même
contribuer au développement de leur activités voire de leur
secteur. Le deuxième objectif poursuivi par le GMEC de Kandi est d'aider
les artisans à renforcer leurs activités par l'octroi de
micro-crédits. Ces crédits leur permettent de disposer d'un fonds
de roulement ou d'équipement. Les crédits varient de dix mille
francs (10000) f CFA à trente mille francs (30.000) f CFA. Il s'agit
essentiellement de micro-crédits destinés aux artisans les plus
pauvres.
A titre illustratif, depuis la création
du GMEC en janvier 2004 jusqu'en décembre 2006, le nombre d'artisans
inscrits est de quatre cent soixante seize
(476) alors que celui des artisans ayant réellement
bénéficié de prêts est de deux cent
quatre vingt treize (293) soit un pourcentage de
61,55%. Les tableaux et le graphique suivants résument
la répartition des bénéficiaires de prêt par
arrondissements et par année.
Répartition des bénéficiaires de
prêt par arrondissement.
Tableau N°IV
Département
|
Commune
|
Arrondissements
|
Nombre de bénéficiaires
|
Pourcentage
|
Alibori
|
Kandi
|
Kandi I
|
80
|
27,30%
|
Kandi II
|
43
|
14,67%
|
Kandi III
|
39
|
13,31%
|
Angaradébou
|
36
|
12,28%
|
Kassakou
|
37
|
12,62%
|
Bensèkou
|
11
|
3,75%
|
Sonsoro
|
17
|
5,80%
|
Donwari
|
16
|
5,46%
|
Saah
|
14
|
4,77%
|
TOTAL
|
293
|
100%
|
Source : Atelier de travail avec les
membres du Bureau Exécutif du GMEC.
La lecture de ce tableau indique que les
bénéficiaires de prêt sont inégalement
répartis sur l'ensemble des arrondissements de la commune. Les plus
forts pourcentages s'observent dans les arrondissements de Kandi I, II et III
(respectivement 27,30; 14,67et 13,31) tandis que, les plus faibles s'observent
dans les arrondissements de Saah, Donwari et Sonsoro (respectivement 4,77;
5,46 et 5,80). Sans doute, les arrondissements urbains jouissent d'une
représentativité plus prononcée que ceux ruraux. Mais, il
est à remarquer que tous les arrondissements sont quand même tous
desservis par le GMEC.
Répartition des bénéficiaires de
prêt par année et par arrondissement.
Tableau N°V
Années
Communes
|
2004
|
2005
|
2006
|
TOTAL
|
Kandi I
|
20
|
25
|
35
|
80
|
Kandi II
|
11
|
15
|
17
|
43
|
Kandi III
|
07
|
11
|
21
|
39
|
Angaradébou
|
12
|
14
|
10
|
36
|
Kassakou
|
12
|
09
|
16
|
37
|
Bensèkou
|
02
|
03
|
06
|
11
|
Sonsoro
|
06
|
08
|
03
|
17
|
Donwari
|
05
|
05
|
06
|
16
|
Saah
|
03
|
05
|
06
|
14
|
TOTAL
|
78
|
95
|
120
|
293
|
Source : Atelier de travail
réalisé par nous-même avec les membres du Bureau
Exécutif du GMEC
La lecture du tableau N°V indique qu'a l'exception de
l'arrondissement de Kassakou où le nombre de bénéficiaires
a sensiblement décru en 2005, tous les autres arrondissements ont connu
une nette progression concernant le nombre de leurs
bénéficiaires. Les arrondissements urbains viennent en tête
de liste avec les plus forts effectifs suivis des arrondissements ruraux dont
les effectifs varient aussi. Sans doute, la densité humaine,
l'enclavement de certains arrondissements, la faiblesse de la dynamique
associative, l'étroitesse de la ligne de crédits disponibles etc.
expliquent à divers niveaux, la différence observée entre
les effectifs des bénéficiaires de chaque arrondissement.
Graphique sur l'évolution des
bénéficiaires de prêt par année et par
arrondissement.
Source : réalisé par
nous-même.
Tableau
L'observation du graphique permet de faire certaines remarques
telles que :
Ø au cours des trois années, le nombre total des
effectifs au niveau de chaque arrondissement a relativement augmenté, ce
qui induit qu'au cours des trois années, le nombre total des effectifs
au niveau de l'ensemble des arrondissements a aussi relativement
augmenté,
Ø les arrondissements urbains viennent en tête
avec une augmentation significative du nombre de leurs
bénéficiaires,
Ø l'arrondissement de Bensèkou affiche le plus
faible effectif,
Répartition des bénéficiaires
de prêt en impayés par année et par commune
Tableau N°VI
Années
Communes
|
2004
|
2005
|
2006
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Kandi I
|
00
|
00
|
05
|
05
|
45,45
|
Kandi II
|
1
|
00
|
02
|
03
|
27,27
|
Kandi III
|
00
|
00
|
00
|
00
|
-
|
Angaradébou
|
00
|
00
|
02
|
02
|
18,18
|
Kassakou
|
00
|
00
|
00
|
00
|
-
|
Bensèkou
|
00
|
00
|
00
|
00
|
-
|
Sonsoro
|
00
|
01
|
00
|
01
|
09,09
|
Donwari
|
00
|
00
|
00
|
00
|
-
|
Saah
|
00
|
00
|
00
|
00
|
-
|
TOTAL
|
01
|
01
|
09
|
11
|
100%
|
Source : réalisé par
nous-même.
Le tableau ci-après présente la situation des
impayés au niveau de chaque arrondissement. Les arrondissements de Kandi
I et II affichent les plus grands taux d'impayés, taux qui ne sont pas
d'ailleurs alarmants au regard de l'effectif total des
bénéficiaires. Au cours des deux premières années,
on observe une constance au niveau du taux d'impayés tandis que ce taux
a sensiblement évolué au cours de la dernière
année. Les cas d'impayés recensés renvoient aux
crédits déboursés mais non recouvrés totalement
au-delà d'une période de six (06) mois. La durée de
remboursement étant de six (06) mois.
En dehors de la création du GMEC, les artisans ont
aussi créé une mutuelle de santé. Tout comme le GMEC, la
mutuelle de santé fait l'objet d'une sollicitation plus ou moins forte
selon qu'il s'agit de milieu urbain ou rural. Le tableau présenté
ci-dessous indique la variation du nombre de bénéficiaires des
services de la mutuelle de santé par arrondissement et par
année.
Variation du nombre de bénéficiaires
des services de la Mutuelle de santé
Tableau N°VII
Années
Communes
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
TOTAL
|
Pourcentage
|
Kandi I
|
33
|
52
|
78
|
95
|
258
|
36,03
|
Kandi II
|
18
|
30
|
66
|
82
|
196
|
27,37
|
Kandi III
|
13
|
18
|
31
|
61
|
123
|
17,18
|
Angaradébou
|
09
|
12
|
07
|
17
|
45
|
06,28
|
Kassakou
|
00
|
08
|
05
|
00
|
13
|
01,82
|
Bensèkou
|
07
|
10
|
06
|
13
|
36
|
05,03
|
Sonsoro
|
05
|
03
|
05
|
06
|
19
|
02,65
|
Donwari
|
00
|
00
|
00
|
06
|
06
|
0,84
|
Saah
|
04
|
02
|
05
|
09
|
20
|
02,79
|
TOTAL
|
89
|
135
|
203
|
289
|
716
|
100
|
Source : réalisé par
nous-mêmes.
Le tableau présenté ci-dessus fournit une
statistique sur les effectifs des artisans ayant bénéficié
des services sanitaires sous la direction de la mutuelle de santé au
niveau de l'ensemble des arrondissements de la commune de Kandi. Lorsqu'on fait
un rapprochement Effectif/Arrondissement, on se rend compte que les effectifs
les plus élevés se situent au niveau des arrondissements urbains
alors que, les effectifs les moins élevés figurent au niveau des
arrondissements ruraux. Une question évidente saute du coup à
l'esprit. A quoi la différence observée au niveau des
arrondissements est-elle due ?
Répondre à cette question amène à
dire qu'il existe plusieurs causes explicatives d'une telle situation.
L'existence dans l'arrondissement de Kandi I de l'hôpital de zone de la
commune explique sans doute le facile accès des artisans dudit
arrondissement aux services sanitaires offerts par la mutuelle. C'est
d'ailleurs le cas en ce qui concerne les deux autres arrondissements urbains
(Kandi II et III) qui affichent aussi de forts effectifs en la matière.
En plus de cette cause, on peut aussi citer des causes comme l'enclavement des
arrondissements ruraux, l'insuffisance d'information à propos des
services et procédures de la mutuelle, la concentration des services de
la mutuelle seulement dans les centres urbains, la préférence par
certains artisans des services sanitaires traditionnels etc.
D'un autre côté, en faisant un rapprochement
Effectif/année, on ne rend compte qu'il y a une nette progression des
effectifs par année. Cette augmentation traduit l'adhésion de
plus en plus croissante et la réussite progressive de cette initiative
sur l'ensemble de la superficie de la commune.
2. LES OPA en tant que cadre de co-régulation
du secteur de l'artisanat à Kandi.
Le secteur de l'artisanat est animé par plusieurs
acteurs. Il s'agit en effet, des artisans eux-mêmes, des Associations
d'artisans, du Collectif des Associations, de la Fédération
Nationale des Artisans du Bénin (FeNAB), de l'Etat, des partenaires au
développement, de la commune de chaque ville etc.
La régulation du secteur de l'artisanat en
général, et plus particulièrement à Kandi,
interpelle tous ces acteurs dont au premier chef l'Etat. En effet, à
travers ses différents services ministériels et
départementaux, l'Etat assure la régulation du secteur de
l'artisanat. Le Ministère du Tourisme, de l'Artisanat et du Tourisme est
la structure faîtière qui gère sur toute l'étendue
du territoire ledit secteur. Cette régulation du secteur se traduit par
la création et le fonctionnement des services de l'Etat chargés
d'organiser et d'assurer la promotion dudit secteur.
La régulation du secteur de l'artisanat est aussi
assurée par la Fédération Nationale des Artisans du
Bénin (FeNAB). En effet, la FeNAB est une structure créée
et gérée par les artisans eux-mêmes. Elle regroupe en son
sein, tous les Collectifs des associations de chaque localité. Elle a
pour mission de représenter les artisans auprès de l'Etat et de
tous les partenaires, de défendre leurs droits et intérêts
et de faire valoir toutes les corporations de ce secteur. Tout comme l'Etat,
elle procède à l'enregistrement de toutes les OPA, lequel
enregistrement se traduit par l'affiliation de ces OPA auprès d'elle.
Pour être plus proche des artisans, elle élit un Comité
de gestion qui est composé des représentants des Collectifs
de tous les départements. Le rôle de ce Comité est de
servir de courroie de transmission entre les artisans à la base et la
FeNAB. Par ailleurs, les membres élus dudit Comité dans
l'objectif d'atteindre la majorité des artisans se basent sur les
OPA pour répercuter depuis le sommet les informations
à diffuser ou à collecter. C'est donc à ce niveau que le
rôle de co-régulation des OPA se cerne le plus. Ainsi, les
Associations constituent à la base les interlocutrices directes des
artisans. Plus particulièrement à Kandi, elles interviennent
à divers niveaux.
Premièrement, les Associations d'artisans constituent
du fait de leur existence même, un cadre d'auto-régulation pour
les artisans. En décidant de se mettre en association, les artisans sont
désormais conscients que leurs actes ou actions dans le cadre de
l'exercice de leur profession seront l'expression des normes définies
par l'Association.
Deuxièmement, ce sont les Associations qui
définissent les grandes orientations de chaque corps de métier
tout en restant fidèles, bien entendu, à la politique nationale
de promotion du secteur. Elles interviennent dans la commune de Kandi, au
niveau de l'apprentissage depuis la rentrée des apprentis dans les
ateliers jusqu'à leur libération. Ce sont elles qui
définissent et retiennent la durée des apprentissages. Elles font
obligation aux patrons de déclarer à l'Association de leur corps
de métier les apprentis qu'ils reçoivent et de payer les droits
de ces derniers. Ceci permet aux artisans apprentis d'être reconnus par
l'Association et de bénéficier de sa caution lors de leur
libération. Cette régulation qu'opèrent les
OPA est essentielle car ce sont elles qui organisent et
supervisent avec le concours de la mairie de Kandi qui envoie un
représentant, les examens devant conduire à la remise de
diplôme aux futurs patrons.
Troisièmement, pour les projets de prêt et/ou de
financement, la recommandation des Associations s'avère indispensable.
Leur rôle à ce niveau, c'est d'étudier dans les moindre
détails les dossiers et la moralité des demandeurs de
crédits et/ou de financement, de s'assurer que ceux-ci paient
régulièrement leur cotisation avant de donner leur avis. Ce
faisant, les Associations assainissent leur milieu de travail et offrent
à la fois une garantie et une sécurité aux
investisseurs.
Quatrièmement, en tant que cadre de concertation, de
dialogue, de recherche de solutions alternatives aux problèmes qui
minent le secteur de l'artisanat, les OPA sont des instances de
co-régulation dudit secteur. Car, la promotion du secteur passe aussi
par son adéquate organisation.
3. Conclusion partielle
A la suite de la présentation des résultats de
la première partie, il nous semble opportun de procéder à
la fois à une analyse et une interprétation de ces
résultats. Ils seront donc discutés en référence au
problème posé dans notre problématique et à
l'hypothèse connexe à la présente partie. Aussi, la
discussion sera-t-elle guidée par la question suivante : Quelle est
la portée des résultats obtenus et présentés
ci-dessus ?
Dans un premier temps, nous dégagerons les variables
en jeu, ensuite, nous aborderons la question de la généralisation
des résultats et enfin, nous les rattacherons aux travaux d'autres
études antérieures pour en apprécier la pertinence.
De la discussion des présents résultats de
recherche, il convient de mentionner que la création et la gestion du
GMEC et de la Mutuelle de santé par les artisans traduisent la
volonté de ces derniers de trouver des solutions concrètes aux
problèmes récurrents qui minent leur secteur d'activités.
Ces problèmes ont entre autres pour noms : l'absence ou
l'insuffisance de fonds de roulement et/ou d'équipement, la
précarité des conditions de travail, l'inexistence de
sécurité sociale, l'insuffisance de débouchés,
l'insuffisance de formations etc. Ces problèmes reflètent le sous
développement de ce secteur tandis que les initiatives prises par les
artisans pour y trouver des solutions reflètent quant à elles, un
effort de développement. Vu dans ce sens, la discussion des
résultats met en jeu deux variables dont il urge ici, de faire ressortir
l'interdépendance.
Tout d'abord, la précarité des conditions de
travail des artisans apparaît comme une variable très importante
en ce sens qu'elle sert de cadre référentiel pour décrire
et circonscrire le sous- développement du secteur.
A l'opposé de cette variable, on peut distinguer les
efforts que fournissent les artisans pour infléchir la tendance. Ces
efforts ont pour signes manifestes, les initiatives de création et de
gestion du GMEC et de la Mutuelle de santé.
En décidant de s'unir pour trouver des solutions
à leurs problèmes, les artisans manifestent la volonté de
se prendre eux-mêmes en charge. Cette volonté des artisans
revêt selon nous, une double signification. Premièrement, elle
indique que les artisans ont une vision : ils veulent se développer
par eux-mêmes, en rompant avec la courante " habitude de mains tendues ".
Deuxièmement, elle répond au principe fondamental même des
Associations qui sont, par définition, des organisations
constituées librement. De la mise en évidence de ces variables,
on peut retenir que les problèmes caractérisant le secteur de
l'artisanat sont identifiés, évalués et traités par
les OPA qui tentent d'y trouver elles-mêmes des solutions. Ce lien est
fondamental car, il rend compte de la relation qui lie et nourrit les deux
variables. Pourquoi les associations naissent-elles ? Quels rôles ou
fonctions jouent-elles?
En analysant la relation entre les deux variables, on
s'aperçoit que les artisans à travers les associations oeuvrent
pour une prise en charge personnelle de part leurs diverses initiatives. Mieux,
celles-ci constituent pour ces artisans des instances d'élaboration de
stratégies de réduction de la pauvreté qui
caractérise leur secteur. Il serait judicieux ici, de faire observer que
ces initiatives engagent les artisans et plus précisément les OPA
dans un processus d'action sociale. En s'unissant,
les artisans posent des actes qui n'ont plus une portée individuelle
mais bien plutôt collective. Et ces initiatives que nous pouvons
qualifier d'action sociale obéissent à
une certaine logique où normes, valeurs, symboles s'imbriquent pour
guider les actes individuels. On pourrait dire à la suite de Solomon
Asch, cité par Guy Rocher dans le tome 1 de
son Essai L'action sociale que, ces
initiatives en tant qu'action sociale revêtent la forme d'une
« interaction structurée » en ce sens qu'elles
poursuivent un objectif dont l'atteinte impose aux artisans une certaine
organisation. Cet aspect nous semble très important à souligner
car, comme le note Alain Touraine, « toute sociologie est
étude de l'action sociale, dans ses orientations, ses formes et ses
expressions »15(*).
Sur un tout autre plan, les artisans, par ces initiatives
expérimentent avec plus ou moins de succès l'approche de
Développement Conduit par les Communautés (DCC). A travers ce
processus, les OPA contribuent au développement de leur corporation et
par ricochet de leur commune. Elles constituent des acteurs locaux de
développement car les stratégies qu'elles initient pour lutter
contre la pauvreté sont conçues par elles mêmes et pour
elles-mêmes et donc, sont adaptées à leurs
réalités. Ces stratégies sont déployées sur
la base de leurs propres efforts et ne sont pas imposées par des acteurs
externes. C'est fort de cela que, la Coopération Allemande au
Développement (GTZ) s'est proposée d'encourager les
fédérations d'artisans du Mali, du Bénin et de la
Guinée à s'impliquer au processus participatif de la mise en
oeuvre du Document de Stratégies de Réduction de la
Pauvreté (DSRP). « Ainsi, pendant les six derniers mois les
organisations d'artisans et leurs initiatives décentralisées ont
élaboré des plans d'actions adaptés au secteur de
l'artisanat et destinés à être soumis aux commissions
nationales du DSRP afin de bénéficier des moyens financiers
disponibles dans la phase de mise en oeuvre du DSRP »16(*).
DEUXIEME PARTIE
LES LIMITES DE LA PARTICIPATION DES OPA AU PROCESSUS DE
DEVELOPPEMENT SOCIAL ET ECONOMIQUE A KANDI
La mission des OPA telle que développée plus
haut est de trouver non seulement des solutions aux différents
problèmes qui minent le secteur de l'artisanat mais aussi, de participer
au processus de développement de la commune de Kandi. Cependant, dans
leur participation au processus de développement de la commune de Kandi,
les OPA sont confrontées à certaines
difficultés internes. C'est l'ensemble de ces difficultés que
nous nous proposons d'étudier dans cette deuxième partie de notre
mémoire. Nous étudierons donc les diverses difficultés
auxquelles sont confrontées les OPA, leur manifestation, leurs causes et
gestion.
Cette partie est composée de deux chapitres comportant
chacune deux sections.
Le premier chapitre est intitulé : Les
limites liées à la structure et au fonctionnement des OPA
et comprend les sections suivantes :
§ Section N° 1 : Les conflits internes aux OPA.
§ Section N° 2 : Les conséquences des
conflits.
Le deuxième chapitre est intitulé :
La gestion des conflits au sein des OPA. Il
comprend aussi deux sections que sont :
§ Section N° 1 : Les organes de gestion au sein
des OPA.
§ Section N° 2 : Les étapes de gestion
des conflits au sein des OPA.
CHAPITRE III : LES LIMITES LIEES A LA SRUCTURE ET AU
FONCTIONNEMENT DES OPA.
Les associations en général et
celles d'artisans en particulier, sont confrontées à plusieurs
types de difficultés. Ces difficultés varient d'une association
à une autre. Au nombre de ces difficultés, on note la naissance
et la persistance des conflits qui sont des types de difficultés le plus
souvent liés à la structure et au fonctionnement des
associations. En effet, dans la commune de Kandi, les conflits constituent pour
les OPA un handicap réel.
Dans le cadre du présent chapitre, nous verrons les
différents types de conflits qui minent les OPA, leur manifestation,
leurs causes et conséquences.
Section 1 : Les conflits internes aux OPA.
Les conflits sont une réalité consubstantielle
à toute vie associative. Partout où il y a rassemblement d'hommes
issus de divers milieux sociaux, il se pose toujours des questions de
divergence de points de vue, d'application de procédures,
d'interprétation d'actes, d'incompatibilité d'humeur etc. Il en
est de même pour les OPA. En effet, au sein des Associations, les
artisans sont souvent opposés sur des questions sensibles qui
débouchent parfois sur des conflits.
1. Les différents types de conflits et leur
manifestation.
Les conflits auxquels sont confrontés
les membres des OPA sont multiples et multiformes. D'une part, ils
différent d'une OPA à une autre et d'autre part, quand bien
même ils sont du même type, ils ne se manifestent pas de la
même façon.
1.1 Les conflits d'attribution
Ces conflits se retrouvent au niveau des responsables
d'association. Ils interviennent notamment pour trois (03) raisons :
· ignorance des attributions respectives,
· rivalités d'accès et de contrôle
des biens de l'association,
· crise de leadership.
1.2 Les conflits entre
lettrés et illettrés.
Il arrive que parfois les membres lettrés de certaines
OPA développent un complexe de supériorité
vis-à-vis des illettrés. Ils donnent l'impression de tout savoir,
de détenir la vérité et sous-estiment les autres.
1.3 Les conflits entre leaders formels et
informels.
Dans certains cas, les responsables légaux des OPA
manquent d'initiatives. Ils ne font pas preuve de compétence dans
l'exercice de leur fonction. Par contre, il y a de simples membres qui sont
très clairvoyants et mettent en évidence les insuffisances des
leaders formels. Il se pose dès lors un problème de leadership.
Cette situation se retrouve parfois au sein du Bureau Directeur où le
Président bien qu'ayant un niveau d'instruction supérieur par
rapport aux autres membres du Bureau manque d'initiatives.
1.4 Les conflits entre autochtones
et allogènes.
Au sein de certaines OPA, notamment dans les corps de
métiers où il y a une forte population d'allogènes, il
arrive que pour des questions de leadership, les artisans originaires de la
localité s'opposent à ceux venus d'autres localités du
Bénin. Parfois, les artisans venus d'ailleurs sont plus dynamiques que
les autochtones qui revendiquent les premiers rôles.
1.5 Les conflits
ethniques.
Parfois, au sein des Associations, le réflexe ethnique
s'installe et se transforme en rapport de force. Cette situation s'observe au
cours des divergences de point de vue, de la prise de décisions, des
élections etc.
1.6 Les conflits liés
à l'appartenance à différents partis
politiques.
Les élections (présidentielles,
législatives, communales, au Conseil Economique et Social) sont souvent
des sources de rivalités sur le terrain, entre les membres d'une
même association. Ces rivalités électorales perdurent
au-delà des périodes électorales et provoquent des
clivages au sein des associations soit par le comportement des perdants ou
l'arrogance des gagnants. Le conflit politique intervient également,
lorsque certains esprits malins de l'Association rusent à l'utiliser
à des fins politiques. Dans cette situation, ils ont en face, ceux qui
s'y opposent conformément aux dispositions statutaires qui fixent le
caractère apolitique et non lucratif de toute association régie
par la loi du 1er juillet 1901.
1.7 Les conflits de
générations.
Dans la manière de régler certains
problèmes, on observe aisément un clivage entre jeunes et
anciens. Les anciens de tendance conservatrice s'opposent aux jeunes qui
s'inscrivent pour leur part dans la logique du changement.
2. Les causes des conflits associatifs.
Les conflits associatifs ne naissent pas ex nihilo. Ils
constituent la somme ou le résultat d'un certain nombre de situations ou
facteurs sous-jacents. Il est donc erroné de croire qu'un conflit n'a
pas de causes. Si on admet qu'un conflit a des conséquences, il va sans
dire qu'il a aussi des causes. Et c'est l'ensemble des facteurs qui expliquent
l'avènement d'un conflit que nous qualifions de causes. Le conflit
étant un élément central, il est rattaché à
des causes et conséquences.
Dans l'optique de mieux rendre compte des causes des conflits
que nous avons étudiés, nous les classerons par
catégories. Ainsi, nous pouvons distinguer les causes internes et les
causes externes.
2.1 Les causes
internes.
La recherche des causes des conflits associatifs conduit
à un certain niveau vers des causes internes c'est-à-dire un
ensemble de facteurs provenant de l'intérieur même des
associations et pouvant provoquer ou rendre compte de l'avènement d'un
conflit. Les causes internes aux conflits associatifs peuvent être
étudiées à trois niveaux :
a) au niveau individuel :
À ce niveau, les conflits associatifs s'expliquent par
des facteurs psychologiques propres à chaque membre. Il s'agit notamment
des sentiments personnels, des humeurs, des émotions ou des
préjugés des membres d'une association. C'est par exemple le cas
des conflits de génération qui sont provoqués par
l'opposition entre les considérations d'ordre éducatif, moral,
esthétique etc. propres à chaque génération ou
individu.
b) au niveau structurel :
Ici, les facteurs explicatifs des conflits se retrouvent dans
la structure même des Associations. Comme le souligne si bien Dahrendorf
cité par Guy ROCHER dans son essai Le changement social,
« c'est dans la structure de l'organisation sociale, dans son
mode de fonctionnement, qu'il faut retrouver la source permanente qui provoque
et alimente les conflits »17(*).
D'un point de vue structurel, ce sont les associations
regroupant plusieurs corps de métiers qui sont le plus
concernées. Souvent, dans ces genres d'Association, les membres
éprouvent beaucoup de difficultés à maintenir une
structure tangible. Issus de différents corps de métiers et
aspirant tous à une représentativité au sein des
instances de gestion de l'Association, ils s'opposent assez souvent sur les
questions d'élection de représentants et même de
leadership. C'est d'ailleurs la multiplicité des mésententes et
conflits au sein des Associations communes qui conduit à la dissolution
de celles-ci au profit de la création d'Associations spécifiques
à chaque corps de métiers.
c) au niveau fonctionnel :
Le mode de fonctionnement des Associations constitue aussi
une cause de conflits. A priori, toute association normalement
constituée dispose en son sein d'un certain nombre de dispositions
définissant son fonctionnement et sa gestion. Il s'agit notamment des
statuts et du règlement intérieur qui définissent et
précisent les attributions de chaque organe, les rôles et
tâches incombant à chaque membre ainsi que les dispositions
afférentes à la tenue des réunions, le remplacement des
bureaux, la déchéance et l'admission de nouveaux membres etc.
Cependant, malgré ces dispositions, on note des conflits qui naissent de
la mauvaise application de celles-ci. En effet, une association est comme une
équipe de jeu. Et en tant que telle, chaque personne ou instance joue un
rôle bien déterminé. Lorsqu'une personne manque de jouer
comme il le faut ses rôles, cela se ressent au niveau du résultat.
La survie et le progrès de l'association ne tiennent qu'à la
synergie et à la complémentarité entre les rôles de
chaque membre.
Au sein des associations étudiées, beaucoup
sont les artisans qui ne savent pas concrètement en quoi consistent
leurs rôles au sein de l'association. Cet état de chose a souvent
conduit à des conflits de rôles.
Pour comprendre davantage ce phénomène, nous
avons expérimenté deux (02) tests au cours de nos travaux avec
les membres du Bureau Directeur de certaines Associations.
TEST N°1 :
Le premier test a pour but de mesurer la compréhension
que les principaux membres du bureau directeur ont de leurs rôles
respectifs. Ce test a consisté à faire subir à chacun des
membres du bureau directeur une épreuve. Ladite épreuve
consistait à faire dire à chaque membre le contenu de ses
rôles au sein de l'Association. Les propos de chaque membre ont
été minutieusement recueillis et confrontés plus tard
à ce qui figure dans les textes de l'Association.
RESULTAT :
Le résultat obtenu à partir de ce test a
révélé que la majorité des membres du bureau
directeur des différentes associations étudiées
éprouvaient des difficultés à dire avec exactitude en quoi
consistent leurs rôles. Soit, ils ne citent qu'une partie de leurs
rôles soit, ils les confondent aux rôles des autres membres.
Le deuxième test a pour but de renseigner sur une
question fondamentale qui naît du résultat issu du premier test.
Qu'est-ce qui explique la non maîtrise de leurs rôles
respectifs par certains membres des associations?
TEST N°2
Il consiste à faire lire et expliquer par chaque
membre, la partie des textes statutaires qui concerne ses fonctions au sein de
l'association. Cet exercice a été complété par un
autre qui a consisté à faire dire aux membres interviewés
le nombre de fois qu'ils lisent les textes réglementaires de leur
Association par mois.
RESULTAT :
Le résultat du deuxième test a permis de se
rendre compte que sept membres sur dix en moyenne ne parviennent pas à
lire et expliquer correctement la partie des textes de l'Association qui
indique leurs rôles. Leur niveau d'instruction ne leur permet pas de lire
et expliquer sans difficultés les phrases des textes souvent
écrites avec un français plus ou moins soutenu. Le constat se
faisait net que ce n'est pas les membres de l'Association eux-mêmes qui
ont élaboré les textes.
Le deuxième exercice a permis de constater que
certains membres des Associations ne se soucient guère de relire la
partie des textes qui stipule leurs rôles quoiqu'ils sont conscients de
ne pas maîtriser véritablement la langue dans laquelle ces textes
ont été écrits.
Il ressort des résultats des deux tests que
l'incapacité de certains membres du Bureau Directeur des associations
à pouvoir définir avec précision le contenu réel de
leurs attributions et la confusion qui s'en suit, sont à la base des
conflits d'attribution. Le problème fondamental mis en évidence
ici étant l'analphabétisme.
En dehors du faible niveau d'instruction, d'autres facteurs
liés au fonctionnement des Associations expliquent aussi la naissance
des conflits associatifs.
Il s'agit du non respect du délai de la tenue des
réunions ordinaires des Associations. En effet, pour des raisons
diverses dont en l'occurrence, le labour des champs, les réunions sont
très souvent décalées ou annulées. Ce fait
s'observe le plus au cours de la saison des pluies et provoque une indignation
de la part des membres qui ne s'adonnent pas aux travaux champêtres et
qui sont très respectueux des textes associatifs. Ces derniers estiment
que les absences répétées de certains membres
empêchent les organes auxquels ils appartiennent de bien jouer leurs
rôles et ternissent l'image de l'Association.
2.2 Les causes externes.
Les conflits associatifs sont aussi dus à des causes
externes. Par causes externes, nous désignons tous les facteurs
extérieurs aux Associations et susceptibles de provoquer des conflits au
sein de ces dernières.
L'étude des causes externes des conflits associatifs
met en exergue les diverses influences que subissent les Associations ou leurs
membres de la part de l'environnement socio-politique, économique et
culturel qui les caractérise. Il est évident que les Associations
ne vivent pas en vase clos. Leur progrès est le résultat de leur
dynamique interne et de leurs divers partenariats. Cependant, les relations que
nourrissent les Associations avec le monde extérieur ne sont pas
toujours apaisées ; parfois, elles sont sources de discordes entre
les membres. De façon synthétique, nous étudierons les
causes externes des conflits associatifs sur trois plans : sur les plans
socio-politique, culturel et économique.
Sur le plan socio-politique, les candidats aux diverses
élections (présidentielles, législatives, communales,
municipales, au Conseil Economique et Social) manipulent les membres des
Bureaux Directeurs des Associations qui à leur tour tentent de
conquérir les autres membres à leurs convictions politiques. Or,
les Associations dans leur essence même sont des organisations
apolitiques dont les membres en dépit de leurs convictions politiques ne
doivent pas afficher leur appartenance ou leur soutien à tel ou tel
candidat. Le non respect de ce principe par certains membres, candidats ou
parents de candidats aux élections crée des tensions au sein des
Associations. D'un autre côté, les rivalités
électorales perdurent au-delà des périodes
électorales et provoquent des clivages au sein des Associations soit,
par le comportement des mauvais perdants soit, par l'arrogance des gagnants.
C'est le cas par exemple des conflits liés à l'appartenance
à différents partis politiques (cf. Chapitre I Section 1).
Sur le plan culturel, les conflits naissent du choc des us et
coutumes entre membres allogènes et autochtones. Issus de divers milieux
culturels, les artisans s'opposent parfois sur des questions relatives à
l'éthique, à la vie en communauté, aux jugements de
valeurs, etc. Le choc des cultures occasionné par les divergences
culturelles entrave l'intégration de nouveaux membres, rend difficile la
synergie entre les générations et fragilisent les moyens de
coopération entre les membres.
L'environnement économique crée aussi des
tensions au sein des Associations. Ici encore, le manque de financement,
l'insuffisance de débouchés, l'inexistence d'un centre commercial
artisanal etc. constituent autant de facteurs qui poussent les artisans
à s'investir dans d'autres secteurs. Si cela est considéré
par certains comme un pis aller, pour d'autres, il s'agit visiblement d'un
manque de professionnalisme. Cette cause quoique apparemment banale
témoigne de l'existence au sein de la classe artisane de deux (02)
tendances. Celle de certains artisans soutenant que malgré les
problèmes auxquels sont confrontés les artisans, ceux-ci doivent
être solidaires et s'investir davantage dans le secteur afin de le
promouvoir. A l'opposé de ceux-là, existent les artisans pour
qui, la recherche d'autres activités génératrices de
revenus permet d'atténuer les effets économiques néfastes
engendrés par les problèmes du secteur.
Section 2 : Les conséquences des conflits
associatifs.
Les conflits associatifs ne sont pas sans conséquences
sur les Associations. En effet, selon leur durée et ampleur, ils
entraînent des conséquences multiformes sur les Associations et
leurs membres. Dans la présente section, nous étudierons l'effet
de ces conflits sur les membres des Associations ainsi que sur les Associations
elles-mêmes.
1. Les conséquences des
conflits associatifs sur les membres des associations.
Les conflits sont omniprésents dans toute vie
associative et prennent des formes extrêmement variées. Sans
chercher à faire une classification systématique des
conséquences des conflits, on peut quand même établir un
lien étroit entre les causes des conflits et leurs conséquences.
En effet, les conflits associatifs entraînent souvent
deux types de conséquences sur les membres. On note d'une part, les
conséquences qui participent à l'évolution des membres et
d'autre part celles qui retardent leur évolution.
Les conséquences qui participent à
l'évolution des membres sont celles qui resserrent les liens de
collaboration entre ceux-ci. En effet, les conflits ayant connu un
aboutissement heureux présentent une issue normale et aident les membres
à se comprendre davantage. Ils ont donc pour conséquences de
renforcer les liens de collaboration entre ceux-ci et d'accroître leurs
expériences sur la vie associative de façon
générale. Mieux, par ces conséquences, les membres
acquièrent de nouvelles connaissances en matière de gestion de
conflits associatifs. Sur le plan individuel, chaque membre se sent
soulagé de l'aboutissement heureux du conflit en même temps qu'il
en tire des leçons pour le futur. De façon collective, les
membres se félicitent du résultat obtenu et de
l'efficacité des stratégies utilisées en même temps
qu'ils en tirent les leçons convenables pour la gestion de leur
Association.
Cependant, certains conflits ont pour conséquences de
retarder l'évolution des membres au sein des Associations. Il s'agit en
l'occurrence des conflits dont le règlement ne connaît pas un
aboutissement heureux. Dans ce cas, les membres se divisent davantage et la
collaboration entre eux devient très difficile. A un moment où il
faudrait s'efforcer de faire converger les ressources de l'organisation vers
les buts fixés, un conflit peut entraîner un gaspillage de ces
mêmes ressources, notamment en temps et en argent. Les conflits
générateurs de ces conséquences ne participent
guère au changement positif de l'Association. Les conflits ethniques,
entre autochtones et allogènes et les conflits de
générations ont souvent ces genres de conséquences
à cause des considérations culturelles et idéologiques qui
les sous-tendent. Lorsque les conflits perdurent sans qu'il ne soit possible de
leur trouver une solution, les membres concernés sont déchus dans
certains cas afin de permettre à l'Association de pouvoir bien
fonctionner.
2. Les conséquences des
conflits associatifs sur le fonctionnement des Associations.
Les effets des conflits associatifs sur les membres
entraînent par voie de conséquences d'autres impacts sur le
fonctionnement des Associations. Les différents enjeux autour desquels
se cristallisent les conflits créent une atmosphère de tension.
C'est par exemple le cas des conflits d'attribution. En effet, l'ignorance des
attributions respectives et les enjeux liés à l'accès et
au contrôle des biens de l'Association poussent certains membres simples
ou certains responsables de l'Association au conflit. Ce
phénomène s'observe le plus au sein des Associations rurales
où les responsables en sont très souvent les membres fondateurs.
De ce fait, ils considèrent l'Association comme une
propriété privée et n'hésitent pas à faire
pression sur les membres sollicitant le renouvellement du Bureau. Dans la
plupart des cas étudiés et d'après les informations
recueillies, les OPA au sein desquelles ces conflits sont survenus, ont
traversé une période morte à cause de la paralysie des
organes de gestion, en l'occurrence, du Bureau Directeur. C'est le cas par
exemple de l'Association des Artisans de Angaradébou (AAA).
D'un autre côté, l'incapacité des membres
à régler les conflits liés au genre crée à
la longue des clivages au sein des Associations. La création de
l'Association Montagne des Couturières de Kandi (AMCK) illustre à
plus d'un titre ce fait. En effet, les femmes de cette association se sentant
régulièrement reléguées à l'arrière
plan par les hommes ont décidé de créer leur propre
association. Leur objectif se faisant est de prouver aux hommes qu'elles sont
à même de créer et gérer une association au
même titre qu'eux et de promouvoir aussi la gente féminine
à avoir confiance en ses propres capacités.
CHAPITRE IV- LA GESTION DES CONFLITS AU
SEIN DES OPA.
Tout ce qui a été dit jusqu'ici permet
d'entrevoir les Associations comme des creusets où interviennent des
acteurs ayant en partage les mêmes objectifs mais opposés aussi
sur certains plans. L'atteinte des objectifs communs suppose l'existence de
relations professionnelles entre les acteurs qui animent la vie des
Associations. Cette vie en association impose des attentes réciproques.
Cependant, la réalité est plus complexe que ce à quoi on
pourrait s'attendre. Sur le plan individuel, ces acteurs sont issus de
différents milieux sociaux, ils n'ont pas reçu la même
éducation et ne disposent pas de la même capacité
d'internalisation des normes associatives et de leur mise en pratique. Le jeu
des influences réciproques des acteurs les uns sur les autres
associées aux exigences de la vie associative créent
progressivement un système d'interactions normal mais aussi conflictuel
qui se structure et évolue à mesure que l'Association grandit.
Ainsi, au-delà de tout ce que la vie associative engendre comme normes
ou codes de conduite, il faut reconnaître qu'elle n'est pas pour autant
à l'abri des situations conflictuelles. Autrement dit, même si les
dispositions contenues dans les Statuts et les normes stipulées dans le
Règlement intérieur des Associations constituent des formes de
contrat auxquelles adhèrent les membres, il est à noter que les
Associations ne sont pas des sommes d'individus liés entre eux rien que
par ces normes. Il faut par ailleurs tenir compte de la multiplicité de
leurs interactions, de leur personnalité et de la différenciation
culturelle qui les caractérise.
Le chapitre précédent nous a permis
d'étudier le conflit dans ses diverses manifestations et en tant que
réalité consubstantielle à toute vie associative. Dans le
présent chapitre, nous étudierons les organes dont disposent les
OPA pour gérer les conflits qui les minent et les étapes que ces
organes empruntent dans le processus de règlement de ces conflits.
Section 1 : Les organes de gestion des conflits au
sein des Associations.
L'existence de conflits au sein des OPA est doublée de
la volonté des artisans d'y trouver une solution. Deux notions sont
résolument à prendre en compte : d'une part, la notion de
`Conflits' et d'autre part, celle de `Règlement de conflits'. Le
règlement de conflits constitue une tâche capitale dans le
fonctionnement d'une Association. La survie de l'Association et la
cohésion entre ses membres en dépendent en partie. Aussi, dans le
souci de sauvegarder cette cohésion, les artisans désignent-ils
des responsables ou organes pour régler les cas de conflits.
1. Le Chargé du
contentieux.
Le Chargé du contentieux est la personne qui s'occupe
du règlement des litiges, des contestations et des conflits au sein des
OPA. Il a pour rôles de prévenir et de gérer les
conflits.
Il est élu par l'Assemblée
Générale et ce, en considération de ses qualités ou
aptitudes à régler les conflits. Très souvent, le
Chargé du contentieux est une personne d'un certain âge, jouissant
d'une certaine audience et connu comme un homme de paix et de dialogue.
Mais le Chargé du contentieux échoue parfois
dans sa mission de règlement de conflits. Dans ce cas, il fait recours
à l'Assemblée Générale qui constitue l'instance
suprême de délibération et de décision de
l'Association.
2. L'Assemblée
Générale.
L'Assemblée Générale est
constituée de tous les membres en règle vis-à-vis de
l'Association. Elle coiffe tous les autres organes de l'Association et dispose
du pouvoir suprême de décision. Elle est aussi un organe de
règlement des conflits associatifs mais, à un second
degré. Car elle récupère les cas de conflits non
réglés par le Chargé du contentieux auxquels elle tente de
trouver à son tour une solution. De même qu'elle
délibère sur l'admission de nouveaux membres au sein de
l'Association, de même, elle délibère sur le
règlement des conflits survenus au sein de l'Association et sur la
possible suspension ou déchéance des protagonistes. Cet aspect de
règlement de conflits au niveau de l'Assemblée
Générale est d'autant plus important que les conflits qui
dépassent la compétence du Chargé du contentieux sont
d'une certaine ampleur que si on ne les réglait pas, l'Association
risque d'en souffrir dans son fonctionnement.
Cependant, si nous tenons pour évidence que le conflit
est une entorse à la cohésion et la dynamique associative et par
suite, qu'il peut être considéré comme négatif dans
ses manifestations ou même comme symptôme d'une mauvaise
régulation, il faut admettre que le règlement du conflit
contribue de façon constructive à une régulation
d'ensemble de l'Association. La complexité même du conflit fait
que son règlement est progressif et appréhendé comme une
suite d'étapes. Dans la section qui va suivre, nous étudierons
les différentes étapes que suivent le Chargé du
contentieux et l'Assemblée Générale dans le
règlement des conflits associatifs.
Section 2 : Les différentes étapes
de gestion des conflits au sein des OPA.
Le règlement des conflits associatifs ne peut se
faire sans la prise en compte des étapes d'évolution des
conflits. Dans l'évolution d'un conflit, trois étapes sont
souvent distinguées par les artisans à savoir : sa
genèse- son déroulement- sa fin. Les processus de
règlement des conflits tiennent compte de ces trois étapes tout
en insistant sur des aspects tels que les émotions des protagonistes,
leurs stratégies et motivations etc.
Quelles sont alors les étapes suivies par les organes
de gestion des conflits associatifs dans le secteur de l'artisanat
à Kandi?
1. Les étapes suivies par le
Chargé du contentieux.
Dans sa mission, le Chargé du contentieux suit les
étapes suivantes :
· Au niveau de la prévention :
ü Attirer l'attention des membres sur les situations qui
peuvent être sources de conflits,
ü Apprécier la qualité des rapports entre
les membres de l'Association,
ü Tirer rapidement au clair les malentendus.
· Au niveau du déroulement des conflits :
ü Définir sa mission et préciser ses
objectifs,
ü Ecouter les parties en cause,
ü Rechercher les tenants et les aboutissants du
conflit,
ü Evaluer les dommages.
· Au niveau du règlement des conflits :
ü Préconiser des solutions en tenant compte des
intérêts ou enjeux des protagonistes,
ü Informer les protagonistes de ces solutions et chercher
à avoir leur adhésion,
ü Mettre fin au conflit par la réconciliation des
protagonistes
2. Les étapes suivies par
l'Assemblée Générale
L'Assemblée Générale constitue l'instance
de récupération des cas de conflits non solutionnés par le
Chargé du contentieux. Elle suit les étapes suivantes dans le
processus de règlement des conflits dont elle traite :
· Au niveau du déroulement des conflits :
ü Définir sa mission et préciser ses
objectifs,
ü Ecouter les parties en cause,
ü Rechercher les tenants et les aboutissants du
conflit,
ü Evaluer les dommages et ceci, sous la direction d'un
comité ad hoc.
· Au niveau du règlement des conflits :
ü Préconiser des solutions en tenant compte des
intérêts ou enjeux des protagonistes,
ü Informer les protagonistes de ces solutions et chercher
à avoir leur adhésion,
ü Mettre fin au conflit par la réconciliation des
protagonistes.
En cas d'échec de toutes les tentatives de
règlement des conflits, le comité ad hoc mis sur pied pour la
circonstance informe lors d'une plénière l'Assemblée
Générale qui prend acte et avise souverainement. Ce compte rendu
du comité ad hoc se met en marge des démarches individuelles
menées par divers membres pour calmer les protagonistes. Cependant, il
est à noter que les personnes enquêtées ont fait
très peu cas de conflits réglés par l'AG.
3. Conclusion partielle
L'étude des conflits associatifs pose des questions
d'ordre théorique auxquels nous ne saurions nous soustraire.
Le conflit en tant que phénomène social a
été abordé par plusieurs auteurs à travers une
riche et ancienne littérature. Pour les fins de la présente
analyse, nous emprunterons la démarche suivante : nous discuterons
les résultats présentés dans la présente partie en
nous référant au problème posé dans la
problématique et à l'hypothèse connexe à la
présente partie. Aussi, la discussion sera-t-elle guidée par les
questions suivantes :
- Au regard de la définition de la notion de conflit
que nous avons donnée dans la clarification conceptuelle, comment le
conflit peut-il être appréhendé du point de vue des
résultats recueillis et des courants sociologiques ?
- Quels changements les conflits identifiés ont-ils
significativement apportés dans le secteur de l'artisanat à
Kandi ?
En réponse à la première question, nous
pouvons dégager trois façons dont le conflit peut être
appréhendé sur la base des résultats de la présente
recherche.
Tout d'abord, les conflits associatifs constituent une
réalité consubstantielle aux OPA. En effet, les OPA sont en
permanence confrontées à des situations de conflits. Ainsi, en
tant que réalités sociales animées par des acteurs
sociaux, les OPA n'échappent guère à la loi du
conflit : les conflits sont inhérents à la nature et au
fonctionnement de celles-ci.
Ensuite, les conflits associatifs en tant que conflits
sociaux, mettent en opposition deux catégories d'acteurs : ceux qui
ont une position donnée et les autres qui ont une position contraire.
Nous entendons par acteur, tout membre d'association qui agit, qui est
engagé dans un processus d'actions sociales avec ses paires ou d'autres
acteurs. De fait, les conflits sont appréhendés comme une sorte
de contradiction, d'opposition mettant en jeu des acteurs ayant des sentiments,
des intérêts ou des idées divergentes.
Enfin, les conflits associatifs peuvent être
considérés comme des facteurs engendrant le progrès des
Associations. En dehors des facteurs exogènes qui entraînent un
changement au niveau des OPA, on note également l'action des facteurs
endogènes tels que les conflits, la collaboration entre les membres, le
fonctionnement des OPA etc. En tant que facteurs endogènes, les conflits
peuvent être considérés comme des forces à cause de
la particularité qu'ils possèdent d'entraîner des
changements au sein des OPA. Paraphrasant Karl Marx, cité par Ralf
Darhendorf dans le Changement social de Guy Rocher, nous pouvons
affirmer que c'est une caractéristique des organisations sociales que
leur fonctionnement crée les forces qui les transforment. Ce
troisième aspect nous sert de transition pour aborder la deuxième
question relative à la mise en exergue des changements significatifs
provoqués par les conflits au sein des OPA.
Les changements provoqués par les conflits associatifs
sont de deux ordres. On note les changements qu'on pourrait qualifier de
positifs et ceux qu'on pourrait qualifier de négatifs. Mais avant toutes
choses, qu'entendons-nous par changements ? Pour les fins de notre
analyse, nous désignons par changement, toute modification ou
transformation fut-elle favorable ou défavorable engendrée par un
conflit et pouvant être identifiée comme la conséquence de
ce conflit.
Le premier changement positif qu'on pourrait mettre à
l'actif des conflits associatifs réside dans la dissolution de
l'association commune des artisans de Kandi au profit d'Associations
spécifiques à chaque corps de métier. Il est
évident que cette dissolution a aussi été
occasionnée par d'autres facteurs tels que l'élaboration du Code
de l'artisanat et la création de la Fédération Nationale
des Artisans du Bénin. Cependant, les conflits associatifs en sont une
cause fondamentale en ce sens qu'ils ont favorisé la prise de conscience
des couches artisanales. Mais comment cette dissolution peut-elle être
appréhendée de façon théorique?
Théoriquement, nous baserons l'explication de cette
dissolution sur une partie du modèle théorique de Darhendorf. En
effet, nos recherches empiriques sur le terrain confirment à l'analyse
la thèse de « l'inégale répartition de
l'autorité » chère à Darhendorf.
Qu'entendons-nous par autorité ?
Nous empruntons notre définition de l'autorité
à Max Weber qui la conçoit comme « la
probabilité qu'un ordre ayant un certain contenu spécifique
entraînera l'obéissance d'un groupe donné de
personnes ». En effet, l'Association commune étant un
conglomérat de corps de métiers, les artisans avaient souvent du
mal à s'accorder sur des questions d'intérêt
spécifique. De façon concrète, un menuisier peut-il
valablement représenter le corps des forgerons ou celui des
maçons et défendre convenablement leurs intérêts
alors même que ceux-ci aspirent aussi à un contrôle de
l'Association ? Toute la question réside là, car tous les
leaders de chaque corps de métiers aspiraient à une certaine
représentativité au niveau des instances de gestion de
l'Association. Ainsi, l'impossibilité pour certains leaders
d'accéder à des postes de contrôle a très vite
conduit à l'expression de conflits d'intérêt, conflits
relevant de la « distribution dichotomique de
l'autorité ».
Un autre changement positif qui peut être mis à
l'actif des conflits associatifs réside dans la dotation de certaines
Associations d'un Chargé du contentieux. On peut par exemple citer le
cas de l'Association des Coiffeurs et Coiffeuses de Kandi (ACCK), de
l'Association des Mécaniciens Motos de Kandi (AMMK), de l'Association
des Menuisiers de Kandi (AMK) etc. La création d'un tel poste peut
être perçue comme un progrès provoqué par les
conflits associatifs devenus pour la circonstance inquiétants pour les
artisans eux-mêmes. Cet aspect nous semble si important à
souligner du fait même que de nos jours, le concept de
" conflit "est secondé par l'expression "
règlement de conflit ".
Par ailleurs, les conflits associatifs ont aussi
engendré d'autres types de conflit. Ces conflits que nous qualifions de
négatifs consistent en la démission de certains membres pourtant
très dynamiques. En effet, la persistance des conflits constitue pour
certains membres un réel indice d'inconfort. Ces membres
`'fatigués'' de toujours être en mésentente avec leurs
paires finissent par quitter leur Association malgré le fait qu'ils
soient porteurs de bonnes idées. C'est par exemple le cas de
l'Association Montagne des Couturières de Kandi (AMCK) qui est
née par suite de plusieurs mésententes entre les hommes, toujours
portés à occuper les premiers postes et les femmes qui se sentent
du coup lésées. Cette association ne dispose en son sein que des
femmes et n'entend associer pour n'importe quelles raisons les hommes par peur
d'éventuels conflits.
Un autre changement réside dans le manque de synergie
entre les initiatives des membres. En effet, certains conflits ayant connu une
forte intensité créent chez les protagonistes de vifs sentiments
qui peuvent contre toute attente résister à l'usure du temps.
Ainsi, les intéressés mus par des sentiments tout à fait
opposés ne ratent aucune occasion de se torpiller ou évitent de
coopérer.
TROISIEME PARTIE
INCIDENCE DE L'ABANDON DES ATELIERS EN PERIODE DE
CULTURE DU COTON SUR LE SECTEUR DE L'ARTISANAT A KANDI
D'une région à l'autre et selon leurs
conditions et cadre d'existence, les hommes exercent des activités
adaptées à leur milieu de vie et à leurs besoins. La
commune de Kandi est caractérisée par des sources d'eau, un sol
ferrugineux et très fertile, une forêt claire et des montagnes.
Cet environnement a permis le développement d'un certain nombre
d'activités notamment : la chasse, la fonte, la forge mais surtout
l'agriculture. Plus de la moitié de la population s'adonnent à la
culture des champs qui est pratiquement une activité traditionnelle. En
effet, quand vient le moment des travaux champêtres, toute la famille est
mobilisée à cause du besoin pressant de mains d'oeuvre et
d'organisation du travail. Dans les villes et campagnes, toutes les autres
activités tournent au ralenti. L'artisanat aussi n'est pas
épargné car beaucoup sont les artisans qui ferment leurs ateliers
définitivement ou temporairement pour aller cultiver la terre. Certains
apprentis, à défaut de rejoindre leurs parents au village,
suivent leurs patrons pour aller au champ.
Dans la présente partie, nous étudierons
l'incidence qu'une telle pratique engendre sur le développement du
secteur de l'artisanat à Kandi.
Cette partie est structurée autour d'un seul chapitre.
Ce chapitre est intitulé : L'abandon des ateliers en
période de labour. Il est subdivisé en trois sections
que sont :
§ Section N° 1 : Les causes de l'abandon des
ateliers.
§ Section N° 2 : Les conséquences
de l'abandon des ateliers.
§ Section N° 3 : Analyse.
CHAPITRE V : L'ABANDON DES ATELIERS EN PERIODE DE
LABOUR.
La commune de Kandi, comme d'ailleurs toute la région
septentrionale du Bénin est caractérisée sur le plan
climatique par deux saisons : une saison sèche allant du mois
d'octobre au mois d'avril et une saison pluvieuse allant du mois de mai au mois
de septembre. Chacune de ces saisons constitue pour les paysans une
période cruciale. La culture des champs, en l'occurrence, celle du coton
suppose certaines préparations de la terre et tout un dispositif de
mains d'oeuvre et de matières premières pouvant
s'échelonner sur l'ensemble des deux périodes. A
côté des traditionnelles cultures agricoles, la culture du coton
constitue un réel atout pour les agriculteurs. Les revenus qui en
découlent sont plus consistants. Ce qui fait que cette activité
n'est plus le seul apanage des agriculteurs devenus pour la plupart
cotonculteurs.
En effet, tous ceux qui disposent de terres, à
défaut de les cultiver eux-mêmes, engagent de la main d'oeuvre
pour les mettre en valeur. Les artisans non plus ne se font pas prier. Selon
les périodes, ils sont mobilisés à faire le
débroussaillage, la préparation du sol avec de l'engrais, la
semence, le suivi de l'évolution des plantes, la récolte,
l'acheminement du coton brut dans les usines d'égrenage, le suivi du
tonnage et la vente du coton après son égrenage. Toutes ces
opérations demandent du temps surtout si la surface emblavée est
vaste et une réelle présence sur le terrain. Les ateliers des
artisans " cotonculteurs
" sont, soit temporairement, soit
définitivement fermés. Les mois d'octobre à janvier pour
la saison sèche et de mai à juillet pour la saison des pluies
sont des mois de forte mobilisation.
Quelles sont alors les principales causes de ce départ
massif des artisans de leurs ateliers ?
Section 1 : Les causes.
L'abandon des ateliers par les artisans en période de
culture du coton est un phénomène cyclique d'une part, et
revêtant un caractère collectif d'autre part. Deux causes
principales ont été identifiées pour expliquer ce
phénomène. Il s'agit en l'occurrence des causes
économiques et culturelles.
1. Les causes économiques.
La fermeture temporaire ou définitive des ateliers par
les artisans est en partie due à certaines causes économiques. En
effet, pour beaucoup d'artisans, c'est la pauvreté caractérisant
le secteur de l'artisanat qui les pousse à s'adonner à
l'agriculture. Cette pauvreté se traduit par l'insuffisance de sources
de financement, de débouchés, l'inconsistance des commandes, le
manque de fonds de roulement et d'équipement etc. Dans la
majorité des cas, les artisans n'ont pas de garanties à pourvoir
auprès des institutions financières pour bénéficier
de prêts. Leurs investissements sont généralement
réalisés par autofinancement, par prêt familial ou avec la
tontine.
Par ailleurs, ces derniers manquent de
débouchés pour écouler facilement et rapidement leurs
produits. Très souvent, les montants des commandes ne suffisent pas
à couvrir toutes leurs charges. Ils manquent de fonds propres pour mener
leurs activités ou acquérir des équipements. Tous ces
facteurs expliquent la fermeture des ateliers en période de culture du
coton. Comparativement à l'artisanat, la culture du coton offre beaucoup
plus de ressources. Les revenus tirés de cette culture sont investis
dans d'autres domaines ou secteurs. Mieux, ils aident les artisans à
renforcer leurs fonds de roulement et à équiper leurs
ateliers.
2. Les causes culturelles.
Le fait que les artisans s'adonnent à la culture des
champs s'explique aussi par des causes culturelles.
En effet, sur les dix (10) arrondissements que compte la
commune de Kandi, sept sont ruraux. Les autres arrondissements qualifiés
d'urbains ne répondent pas scrupuleusement aux critères de
définition d'une ville. Le volume humain qui occupe l'espace de ces
arrondissements n'est pas assez dense, l'urbanisation n'est pas profonde, le
niveau des échanges commerciaux est faible, les moyens de communication
et les bâtiments administratifs ne sont pas bien répartis
géographiquement etc. Tous ces facteurs dénotent de la faible
complexité de la vie à l'intérieur de ces arrondissements.
De fait, la prégnance de la culture dans les habitudes est encore
très forte. Les relations que les paysans ont avec la terre sont
très prononcées car la terre en tant qu'élément
physique, occupe une place centrale dans leur culture. Non seulement, elle
fournit les éléments nécessaires à la satisfaction
des besoins des paysans, mais elle constitue également le cadre
d'exercice de différentes activités religieuses,
économiques, culturelles etc. pour ces derniers. Diverses
cérémonies sont faites par les paysans en direction de la terre
à certaines périodes de l'année pour des buts bien
définis ; soit, c'est pour symboliquement rendre la terre plus
fertile, soit c'est pour remercier les dieux de la terre qui ont
gratifié d'une abondante récolte.
Fortement moulés dans leur culture, certains artisans
ne peuvent se soustraire à ces us et coutumes. Quand vient le moment
indiqué, ils quittent les villes vers les villages pour sacrifier
à la tradition et cultiver la terre. Plus qu'une nécessité
économique, le retour à la terre constitue un devoir
culturel ; en quelque sorte un fait social.
Section 2 : Les conséquences.
Si le retour à la terre en période de culture
du coton constitue pour les artisans un moyen de lutter contre la
pauvreté qui mine leur corporation, il n'en demeure pas moins vrai que
cette pratique engendre des conséquences multiples. Au nombre de
celles-ci, on peut noter le manque de cohésion et de synergie au sein
des Associations et par ricochet, la fragilisation de la dynamique
associative.
1. Le manque de cohésion et de synergie au sein
des associations.
Une association est un regroupement de plusieurs personnes
acquises à la même cause et unissant librement tous les moyens
dont elles disposent pour la réalisation de celles-ci. Cette
définition présente la particularité de souligner entre
autres caractéristiques d'une association, l'uniformité des
objectifs à atteindre par les membres et l'union de leurs moyens en vue
d'atteindre ces objectifs. D'une part, l'uniformité des objectifs
crée une certaine stabilité au sein de l'association ;
stabilité qui est à la base de la cohésion qui existe ou
devrait exister entre les membres. D'autre part, l'atteinte des objectifs
communs suppose une complémentarité entre les tâches et
rôles de chaque membre étant entendu qu'un seul membre ne peut
à lui seul exécuter toutes les tâches relevant du
fonctionnement de l'association.
Cependant, les données empiriques collectées
sur le terrain indiquent avec une forte évidence que l'abandon
provisoire des ateliers en période de culture du coton engendre
d'énormes problèmes de cohésion et de synergie au sein des
OPA.
En quels termes se posent alors ces
problèmes ?
En effet, l'abandon provisoire des ateliers entraîne la
mise en veilleuse de certains métiers durant une période
donnée. Période qui peut s'étendre un semestre environ
surtout si les activités champêtres à exécuter sont
multiples ou sont transversales aux deux saisons. Cette absence prive donc les
populations du bénéfice de certaines prestations relevant des
métiers concernés. Or, il s'avère parfois que ces services
sont d'une utilité quotidienne.
Par ailleurs, les premiers acteurs qui sont supposés
animés la vie associative sont les artisans eux-mêmes. Ce sot eux
qui créent les Associations, initient des réunions au cours
desquelles ils discutent de leurs problèmes et y entrevoient des
solutions. Mais la pratique de la culture du coton, empêche certains
artisans de réellement participer à la vie associative. En
conséquence, la mise en oeuvre des décisions et initiatives
communes souffrent de l'absence des ressources humaines concernées. Dans
ces conditions, les autres membres disposent-ils toujours des moyens
nécessaires (coercition- communication- intermédiation-
dissuasion- sanctions etc.) pour obliger leurs paires à respecter les
dispositions statutaires en matière de présence et de
participation ?
Sur un tout autre plan, cette double vacation des
maîtres artisans et/ou des apprentis affecte et modifie
sérieusement les calendriers d'apprentissage de ces derniers. Cela pose
la problématique de la qualité de l'apprentissage reçu
étant donné que l'apprenti qui est admis dans un atelier sur la
base d'un contrat de cinq (05) ans pleins par exemple, passe en
définitive près ou même plus de la moitié de
l'année à s'occuper de travaux champêtres. En
conséquence, il s'ensuit une stagnation voire une régression des
connaissances acquises. L'apprentissage étant d'abord observation et
imitation (regarde ce que je fais et fais comme moi), la progression de
l'apprenti est soumise aux obligations de la production au sein de
l'atelier.
2. La fragilisation de la dynamique
associative.
Le phénomène de l'abandon des ateliers par les
artisans en période de culture du coton présente également
pour conséquence, la fragilisation de la dynamique associative.
En effet, la dynamique associative est perçue comme le
mouvement ascendant le progrès ou l'évolution que connaît
une association ou une organisation sou l'effet de ses propres activités
et partenariats. Ici, par le terme d'activités, nous désignons
l'utilisation à des fins de fonctionnement des moyens (humains-
financiers- matériels) qui sont mis à la disposition des membres
d'une association. Au niveau du secteur de l'artisanat à Kandi, les
premiers acteurs contribuant à la dynamisation des associations sont les
artisans eux-mêmes. Ce sont eux qui créent les associations, les
animent exécutent diverses initiatives, définissent les cadres
réglementaires de réalisation des apprentissages, fixent les
dates et les conditions de déroulement des examens de fin de formation,
recherchent des partenaires pour la réalisation de diverses formations
ou un appui financier etc. Toutes ces activités exigent pour
réalisation un lourd investissement tant sur les plans humain, financier
que matériel. Mais plus toute autre chose, elles exigent de la
disponibilité et une forte mobilisation. Or, la pratique de la culture
du coton par les artisans `'cotonculteurs'' crée une certaine
démobilisation au sein du secteur de l'artisanat. Ce facteur met en
évidence certains aspects importants à analyser.
En effet, les champs destinés à la culture du
coton sont situés à plusieurs dizaines de kilomètres du
centre ville pour ce qui est des artisans citadins. La pratique de ces
distances ne permet pas aux artisans de revenir se si tôt sur leurs
lieues de travail. De m^me, l'utilisation d'outils traditionnels tes que la
houe, la daba etc. rend les travaux plus lents ce qui occasionne une absence
plus ou moins prolongée des artisans concernés. Cette absence
s'observe tant au niveau de l'atelier qu'à celui de l'association. Au
niveau de l'atelier, cette absence crée de graves conséquences
sur la formation des apprentis qui encourent le risque de désapprendre
et d'être démotivés. Au niveau de l'association, elle
crée un vide du fait de la non participation des artisans
concernés aux réunions statutaires et à l'abandon des
valeurs cardinales qui fondent la réunion des artisans en association.
Dans ces conditions, on est tenté de se poser la question de savoir
quels artisans pour quelles associations ?
Section 3 : Analyse.
L'analyse du phénomène de l'abandon des
ateliers par les artisans en période de culture du coton et de ses
implications apparaît non comme la mise en exergue de simples liens
mécaniques expliquant un phénomène mais plutôt comme
la recherche d'un faisceau de variables répondant à une logique
propre. Du fait de l'existence et de l'imbrication de certaines variables
telles que la culture, l'économie, le social etc., nous
procéderons à l'analyse du phénomène sous deux
angles. L'angle de l'analyse structurale et l'angle de l'analyse
fonctionnelle.
Partant de l'analyse structurale, nous identifions le
phénomène de l'abandon des ateliers comme un produit de ce que
nous pouvons appeler le système social ou l'organisation sociale de
l'ensemble des communautés de la commune de Kandi.
D'après les données empiriques
collectées sur le terrain, les fondements de la structure de la
société `'kandienne'' sont étroitement liés
à la culture de ses communautés. En effet, les secteurs tels que
la santé, l'éducation, l'économie, la politique
étaient organisés d'après des pratiques culturelles
très anciennes. Les savoirs relevant de ces secteurs étaient
transmis suivant un modèle donné et surtout dans le cadre
familial. C'est ainsi qu'on pouvait noter des castes de forgerons,
d'agriculteurs, de guérisseurs, de tisserands etc. L'organisation
sociale était telle qu'il était demandé voire exigé
de tout membre de la famille d'apprendre le métier de son père ou
de sa mère. Il était donc aisé de mettre en apprentissage
tout membre auprès de sa propre famille. La famille étant
identifiée comme le lieu où l'enfant pouvait non seulement
apprendre un métier mais recevoir une éducation. Education et
apprentissage constituaient donc deux éléments transversaux aux
différents secteurs et matérialisaient le choix culturel
adopté par ces communautés. Ces choix constituent
l'échafaudage même de ce que Ruth Bénédict
désigne par « cultural pattern ».18(*) De nos jours, cette
organisation sociale a toujours force de loi du fait de la prégnance des
valeurs, modèles et symboles culturels dans la conscience collective
des communautés. En conséquence, aller cultiver la terre, c'est
honorer à un devoir culturel voire familial.
L'avènement de la culture du coton s'affiche comme une
porte de sortie pour les communautés ayant déjà des
relations très fortes avec la terre. Mais au delà des enjeux
culturels que revêt cette pratique, on note l'amorce d'une transition
économique. Il s'agit en l'occurrence du passage d'une économie
de subsistance à une économie de marché. Contre toute
attente, cette transition renforce la structure de la société qui
voit la majorité de ses membres replongés dans le conformisme
culturel. Intellectuels, analphabètes, commerçants etc., tout le
monde manifeste désormais un regain d'intérêt pour un
secteur qui procure assez de revenus et permet de rompre d'avec le cercle
vicieux de la pauvreté.
D'un point de vue fonctionnaliste, la présente analyse
consistera à faire ressortir les processus théoriques que
soulève le problème à l'étude. En posant le
phénomène de l'abandon des ateliers comme la variable
dépendante à expliquer par d'autres variables que nous appelons
ici, variables indépendantes, il nous reviendra d'identifier parmi ces
dernières, celles qui ont un impact plus immédiat sur la
variable dépendante. Ainsi, nous pouvons retenir comme première
variable l'économie. En effet, c'est à partir du moment où
l'économie de la commune de Kandi a cessé d'être une
économie de subsistance pour devenir une économie de
marché, grâce à l'introduction du coton comme culture
agricole, que le phénomène a pris encore plus d'ampleur. La
recherche des revenus plus importants que génère cette culture
agricole et qui permet d'améliorer significativement les conditions de
vie des agriculteurs, incite d'autres catégories d'acteurs dont les
artisans, à s'y adonner.
En dehors de l'économie, on peut aussi citer la
culture. En effet, la culture constitue « un ensemble lié
de manières de penser, de sentir et d'agir plus ou moins
formalisées qui, étant apprises et partagées par une
pluralité de personnes, servent, d'une manière à la fois
objective et symbolique, à constituer ces personnes en une
collectivité particulière et distinctes »19(*). A ce titre, la culture du
coton n'est pas seulement assujettie à la recherche de revenus
économiques, mais elle participe aussi de la culture des
communautés kandiennes en ce qu'elle constitue une sorte de pratique
formalisée donc, apprise et partagée par une pluralité de
kandiens. Cet aspect nous paraît essentiel à souligner car il
ressort à la fois du fonctionnalisme et du culturalisme. Fonctionnalisme
parce que, la culture du coton assure certaines fonctions précises dans
la vie des communautés de Kandi et culturalisme en ce sens que cette
pratique relève d'une conscience collective transmise de
générations en générations et partagée par
une pluralité de personnes.
De même, tout comme l'économie et la culture, la
pauvreté qui caractérise le secteur de l'artisanat constitue une
variable indépendante explicative du phénomène à
l'étude. En effet, l'insuffisance de débouchés, de
financement, la précarité des conditions de travail dans le
secteur constituent autant de raisons qui poussent les artisans à
s'adonner à la culture des champs au détriment de leur
profession.
En somme, les trois variables indépendantes sues
identifiées exercent chacune en ce qui la concerne, une action non
négligeable sur la variable dépendante. Il serait lacunaire
à notre avis, de prioriser une variable indépendante par rapport
à l'autre. Toutes, expliquent à divers niveaux la manifestation
du phénomène et permettent d'en avoir une large
compréhension sur la base des facteurs intégratifs de la
société kandienne.
VERIFICATION DES HYPOTHESES.
« L'hypothèse est un énoncé
affirmatif écrit au présent, déclarant formellement les
relations prévues entre deux variables ou plus.... La formulation
d'hypothèse implique la vérification d'une théorie ou
précisément de points de vue. L'hypothèse demande à
être confirmée, à être infirmée ou
nuancée par la confrontation des faits »20(*).
En vertu de cette exigence scientifique, il nous revient,
après avoir confronté les résultats aux
énoncés contenus dans notre problématique, de dire si nos
hypothèses sont confirmées ou infirmées.
Pour ce qui est de la première hypothèse qui est
formulée ainsi qu'il suit : Les organisations professionnelles
d'artisans développent certaines initiatives qui accompagnent le
développement local à Kandi, nous pouvons dire à la
lumière de nos résultats qu'elle est confirmée. Les
initiatives des OPA identifiées sont le GMEC et la mutuelle de
santé. Ces différentes initiatives contribuent au
développement du secteur de l'artisanat en ce sens qu'elles constituent
à la fois des indicateurs de performance et des acquis du secteur. De
même, accompagnent-elles le développement de la commune de Kandi
du fait qu'elles sont localement pris en compte lors du processus
d'élaboration du Document Stratégique de Réduction de la
Pauvreté (DSRP).
Quant à la deuxième hypothèse ainsi
libellée : Les conflits internes aux associations ne permettent
pas aux artisans d'atteindre facilement les objectifs de développement
qu'ils se sont fixés, nous pouvons
également affirmer qu'elle est
confirmée. La collecte des données empiriques nous a permis
d'identifier certains conflits internes aux associations et d'en exprimer la
manifestation. De même, les données empiriques, expriment comment
les conflits internes inhibent la collaboration entre les membres et
détournent certains efforts de leur but.
La troisième hypothèse quant à elle,
énonce que : L'abandon des ateliers par les artisans en
période de culture du coton constitue un frein pour une réelle
dynamisation des OPA. Les données recueillies sur le terrain
confirment l'existence du phénomène et permettent de faire
ressortir que l'absence des artisans des ateliers et au sein des associations
freine l'atteinte de certains objectifs organisationnels et dépouille le
secteur de ses bras valides. Comme pour les autres hypothèses, nous
pouvons affirmer que celle-ci est également confirmée.
CONCLUSION GENERALE
Conclure ce travail de recherche, c'est tenter de
répondre finalement à la question soulevée par notre
thème : La dynamique associative dans le secteur de
l'artisanat à Kandi : un enjeu de développement ?
Nous pensons avoir à présent suffisamment
d'éléments pour faire une telle tentative. Et sur la base de la
présentation et de l'analyse des résultats de la présente
recherche, nous pouvons répondre à cette question fondatrice du
sujet de ce mémoire par l'affirmative et la négative. Mais avant,
peut-on réellement parler de dynamique associative dans le secteur de
l'artisanat à Kandi ?
Les résultats collectés sur le terrain
indiquent que le secteur de l'artisanat à Kandi jouit d'une dynamique
certaine. Ladite dynamique s'apprécie à travers le nombre
d'associations qu'on dénombre au sein du secteur. En effet, de nos
jours, le secteur compte environ une trentaine d'associations réparties
sur toute l'étendue du territoire de la commune et dans presque tous les
secteurs d'activité. Cela dénote de la mobilisation plus ou moins
forte des artisans autour des questions de développement du secteur et
de leur volonté de s'unir pour trouver des solutions aux
problèmes qui minent leur corporation. La dynamique au sein du secteur
peut aussi s'apprécier au regard des initiatives collectives entreprises
par les associations. La création du GMEC et de la mutuelle de
santé en sont des initiatives probantes. La première initiative
vient amoindrir les effets néfastes engendrés par le manque de
financement et l'incapacité de certains artisans à
accéder aux services financiers du système bancaire classique. La
deuxième initiative quant à elle, allège les peines des
artisans et de leur famille e matière de santé en leur offrant la
possibilité de se soigner à moindre coût. Nous pensons que
sur la base de ces facteurs, on peut reconnaître au secteur une certaine
dynamique. L'important étant de savoir si cette dynamique constitue un
enjeu de développement.
Dans un premier temps, nous pouvons affirmer sur la base des
données empiriques recueillies que cette dynamique constitue un enjeu de
développement. Mais alors dans quelle mesure ?
L'effervescence observée au sein des associations et
les diverses initiatives dont elles sont porteuses s'inscrivent dans un cadre
local précis : la commue. Parler de commune, c'est évoquer
la notion de décentralisation ; laquelle notion désigne
le « système dans lequel une collectivité ou un
service technique s'administrent eux-mêmes sous le contrôle de
l'Etat »21(*).
Or, les premières ressources dont dispose la commune sont celles qui
ressortent de son cadre territorial. Dans ce sens, la dynamique associative
apparaît comme un important creuset de création d'emploi et
d'incitation à la l'auto-emploi. Mais plus que cela, elle constitue une
source de valorisation des ressources locales en même temps qu'elle
permet à la mairie de collecter les taxes pouvant lui permettre de
réaliser les activités inscrites dans son plan de
développement. De plus, les élus locaux peuvent drainer des
financements extérieurs dans le cadre de la valorisation de domaines
liés au secteur. On peut par exemple citer la formation, la recherche de
financement, l'organisation de salons et foires etc.
Dans un deuxième temps, la dynamique associative ne
constitue pas un enjeu de développement. Les conséquences
négatives engendrées par les conflits associatifs,
ajoutées au phénomène de l'abandon des ateliers en
période de culture du coton, amènent à entrevoir le
secteur comme un secteur de second plan. De fait, le développement de
l'artisanat trébuche parce que les premiers acteurs qui sont
supposés rehausser le niveau du secteur manquent d'y consacrer le temps
et les ressources qu'il faut. En réalité, on n'assiste pas
à une optimisation de la gestion du temps dans la résolution des
problèmes du secteur. Dans ce contexte, les investisseurs seront-ils
intéressés par le secteur ? L'artisanat dans son état
actuel peut-il déboucher un jour sur une révolution industrielle
quand on sait que la révolution industrielle qu'à connu
l'Occident a en partie été l'oeuvre de simples artisans soutenus
par des investisseurs ?
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NOUATIN Guy, Cours de méthodologie de la recherche
non publié, Institut International de Management, Cotonou, 2006,
98p
F/ Dictionnaire
BOUDON Raymond. BOURRICAUD François, Dictionnaire
critique de la sociologie, Quadrige, PUF, 2004, 714p.
TABLE DES MATIERES
Pages
Dédicace
...........................................................................
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2
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Remerciement
.....................................................................
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3
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Sommaire
..........................................................................
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Liste des sigles et acronymes
...................................................
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6
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Citation
............................................................................
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8
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Résumé
............................................................................
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9
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Introduction générale
............................................................
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12
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I- Problématique
..................................................................
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16
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1- Problème
........................................................................
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17
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2- Hypothèses
.....................................................................
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20
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3- Objectifs
........................................................................
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20
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4- Clarification conceptuelle
...................................................
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22
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II- Revue critique de littérature et état de la
question ........................
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26
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III- Justification du choix du thème et du cadre de
l'étude .................
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31
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1- Justification du choix du thème
.............................................
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31
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1.1 Raison subjective
............................................................
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31
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1.2 Raison objective
..............................................................
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32
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2- Raisons du choix du cadre de l'étude
.......................................
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32
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IV- Approche méthodologique
.................................................
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34
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1- Délimitation du cadre de
recherche..........................................
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36
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2- Recherche documentaire
.....................................................
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39
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2-1 Les sources documentaires
................................................
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39
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2-2 Les sources orales
.............................................................
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41
|
3- La population d'étude
........................................................
|
42
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3-1 Le groupe cible
...............................................................
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42
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3-2 L'échantillonnage
............................................................
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44
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3-3 Les méthodes et techniques utilisées
......................................
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48
|
4- Durée de l'enquête
............................................................
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49
|
4-1 La
pré-enquête................................................................
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49
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4-2 L'enquête proprement
dite..................................................
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50
|
5- Traitement et analyse des données
..........................................
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51
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6- Difficultés
......................................................................
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52
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Présentation et analyse des
données............................................
|
54
|
V- PLAN
...........................................................................
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55
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PREMIERE PARTIE : PARTICIPATION DES OPA AU PROCESSUS DE
DEVELOPPEMENT A KANDI ........................
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56
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CHAPITRE I- LES OPA : ACTEURS DE DEVELOPPEMENT ........
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58
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Section 1 : La création et la gestion du GMEC
..............................
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58
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1- La création du
GMEC.........................................................
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59
|
2- La gestion du GMEC
.........................................................
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60
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Section 2 : La genèse et la gestion de la mutuelle de
santé .................
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62
|
1- La genèse de la mutuelle de
santé...........................................
|
62
|
2- La gestion de la mutuelle de
santé...........................................
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63
|
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|
CHAPITRE II- ANALYSE DE LA PLACE ET DU ROLE DES OPA DANS LE
PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT LOCAL A KANDI.
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66
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Section 1 : Analyse de la place des OPA dans la commune de
Kandi ...
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66
|
1- Genèse des OPA à Kandi
...................................................
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69
|
2- Les OPA : institutions non
lucratives.......................................
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71
|
Section 2 : Analyse des Fonctions des OPA dans la commune de
Kandi
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72
|
1- Les OPA en tant qu'instruments de lutte contre la
pauvreté ............
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73
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2- Les OPA en tant que cadre de co-régulation du secteur
de l'artisanat à
Kandi..............................................................................
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80
|
3- Conclusion partielle
...........................................................
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82
|
|
|
DEUXIEME PARTIE : LES LIMITES DE LA PARTICIPATION DES OPA
AU PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT SOCIAL ET ECONOMIQUE A KANDI
.....................................................
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87
|
|
|
CHAPITRE III - LES LIMITES LIEES A LA STRUCTURE ET AU
FONCTIONNEMENT DES OPA .............................................
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89
|
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Section 1 : Les conflits internes aux
OPA.....................................
|
89
|
1- Les types de conflits et leur manifestation
.................................
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89
|
2- Les causes de conflits associatives
..........................................
|
92
|
Section 2 : Les conséquences des conflits associatifs
.......................
|
98
|
1- Les conséquences des conflits associatifs sur les
membres des
associations........................................................................
|
98
|
2- Les conséquences des conflits associatifs sur le
fonctionnement des associations
.......................................................................
|
99
|
|
|
CHAPITRE IV : LA GESTION DES CONFLITS AU SEIN DES OPA
|
101
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|
Section 1 : Les organes de gestion des conflits au sein des
associations .
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102
|
1- Le chargé du contentieux
....................................................
|
102
|
2- L'Assemblée Générale
......................................................
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103
|
Section 2 : Les différentes étapes de gestion
des conflits au sein des OPA
................................................................................
|
104
|
1- Les étapes suivies par le Chargé du contentieux
..........................
|
104
|
2- Les étapes suivies par l'Assemblée
Générale ..............................
|
105
|
3- Conclusion partielle
..........................................................
|
106
|
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|
TROISIEME PARTIE : INCIDENCES DE L'ABANDON DES ATELIERS EN
PERIODE DE CULTURE DE COTON SUR LE SECTEUR DE L'ARTISANAT A KANDI
..................................
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111
|
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|
CHAPITRE V- L'ABANDON DES ATELIERS EN PERIODE DE LABOUR
..........................................................................
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113
|
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|
Section 1 : Les causes
.............................................................
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114
|
1- Les causes économiques
.....................................................
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114
|
2- Les causes culturelles
.........................................................
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115
|
Section 2 : Les conséquences
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116
|
1- Le manque de cohésion et de synergie au sein des
associations ........
|
116
|
2- La fragilisation de la dynamique associative
..............................
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118
|
Section 3 : Analyse
...............................................................
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119
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|
Vérification des hypothèses
.....................................................
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124
|
Conclusion générale
..............................................................
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126
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BIBLIOGRAPHIE
...............................................................
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129
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|
ANNEXES
........................................................................
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i
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* 1 - Document de partenariat
bénino-danois_ Stratégie de la coopération de 2004
à 2008, Deuxième version p.6
* 2 -Document de partenariat
bénino-danois_ Stratégie de la coopération de 2004
à 2008, Deuxième version. p 6
* 3- Comlan Cyr DAVODOUN,
Renforcement des capacités en gestion des Organisations Professionnelles
d'Artisans au Bénin, Cotonou, Editions ruisseaux d'Afrique, 2003,
p11.
* 4 -Comlan Cyr DAVODOUN,
op. Cit. p. 11
* 5 - Comlan Cyr DAVODOUN,
op. Cit. p.12
* 6 - Claude VALLON,
Associations : Mode d'emploi, DUNOD, Paris, 2001, p. 5.
* 7 - Antonin S. DOSSOU ;
Narcisse S. TOMETY, La pratique de l'apprentissage au Bénin :
réalités et perspectives, BIT, Cotonou, 1991, p.5
* 8 - Guy NOUATIN, Cours de
méthodologie de la recherche non publié, Institut
International de Management, Cotonou, 2006, p.37
* 9 - Paul N'DA,
Méthodologie de la recherche : de la problématique à
la discussion des résultats. Comment réaliser un mémoire,
une thèse en Sciences sociales et en Education, Côte d'Ivoire,
PUCI, 2000, p.39
* 10 - Blanchet, Alain et
Gotman, Anne, L'enquête et ses méthodes : l'entretien, Ed.
Nathan, Paris, 1992, p50.
* 10 - Ministère de la
Culture, de l'Artisanat et du Tourisme, Code de l'Artisanat, 2001, p2
* 11 - Ministère de la
Culture, op. cit. p.3
* 12 - Claude VALLON,
Associations : Mode d'emploi, DUNOD, Paris, 2001, p. 5.
* 13 - Claude VALLON, op. cit.,
p.6.
* 14 - Rapport WOILLET, 1997,
p.7.
* 15 - Alain Touraine,
Sociologie de l'action, paris, Editions du Seuil, 1965, p.104
* 16 - Dieter GAGEL, Rapport de
mission 2, Appui aux organisations d'artisans au Mali, Bénin et en
Guinée pour des mesures génératrices de l'emploi dans le
cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP/DSRP), mai
2002, p 1.
* 17 - Guy ROCHER, Le
changement social, Ltée, Editions HMH, 1968, p 196.
* 18 - Ruth BENEDICT,
Echantillons de civilisation, Edition Gallimard, Paris, 1950, p36
* 19 - Guy ROCHER, Introduction
à la sociologie générale, 1. L'action sociale, Editions
HMH, 1968, p.111
* 20 - Paul N'DA,
Méthodologie de la recherche : de la problématique à
la discussion des résultats, PUCI, 2000, p.34
* 21 - Dictionnaire universel
HACHETTE Edicef, AUF, 4è Edition, 2002, p.320
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