CHAPITRE 6 : CONTRIBUTION DU BOIS ENERGIE AUX MOYENS
D'EXISTENCE
Dans le souci de sortir de la pauvreté ou de
réduire leur vulnérabilité, plusieurs stratégies
sont développées par les ménages riverains de la RBP.
L'exploitation du bois énergie fait partie de ces stratégies. Le
présent chapitre examine la contribution totale du bois énergie
aux moyens d'existence des ménages. Il présente
premièrement sa contribution au revenu du ménage et à leur
bien-être en quantifiant la part des dépenses des ménages,
la proportion des intrants, l'affectation de la main-d'oeuvre, les revenus et
les coûts attribuables aux activités concernant le bois
énergie. Deuxièmement il présente l'impact de
l'exploitation du bois énergie sur l'allocation du temps productif au
sein du ménage et les conséquences de cette exploitation sur le
capital naturel.
6-1- Contribution du bois énergie au revenu des
ménages
L'exploitation des PFAB est une activité
économique particulièrement importante dans la vie des
ménages riverains de la RBP. Elle contribue à 21,7% du revenu
total du ménage. Plusieurs PFAB sont exploités par la population
riveraine de la RBP. Il s'agit du Néré, du
Karité, de la paille, des perches, du miel, des plantes
médicinales, des légumes sauvages, des produits halieutiques, des
animaux de la faune, des fruits et du bois énergie. . La Figure
6 présente la structure du revenu que les ménages tirent
de la RBP.
Artisanat
0%
Paille 4%
Karité
NC%sp,
ielPerche
0%
bon
Légume sauvage 4%
Source : Enquêtes terrains juillet-octobre
2007
Figure 6 : Structure du revenu issu de
l'exploitation des ressources naturelles
De cette figure, il ressort que si l'on classe les PFAB selon
le niveau de revenu généré annuellement par ménage,
le bois énergie se retrouve en haut de l'échelle Près de
56% du revenu total issu de l'exploitation de la RBP provient du bois
énergie. Elle contribue par le bois de feu à 53% de ce revenu et
par le charbon à 3%. Viennent ensuite l'exploitation du
néré (16%) et du karité (12%). Les contributions des
autres activités ne sont pas non plus négligeables. La
pêche, la paille, la perche contribuent chacun à 4% au revenu du
ménage issu des ressources naturelles. La contribution des autres
produits est subsidiaire.
L'exploitation du bois énergie, pour les ménages
enquêtés, est donc une activité importante au même
titre que les autres activités. En effet avec un revenu annuel moyen de
69795,83 FCFA, le bois énergie procure plus de revenus que le sorgho, le
mil, le manioc et l'arachide qui fournissent annuellement en moyenne aux
ménages respectivement 52.185 FCFA, 42.375 FCFA, 43.285FCFA et
45.860FCFA. Le revenu annuel généré par le bois
énergie correspond au double de celui du riz et de l'élevage. A
lui seul, le bois énergie contribue plus au revenu du ménage que
le soja (10.438 FCFA/an), le niébé (17.724 FCFA/an) et le
voandzou (14.555 FCFA/an) réunisl.
Mais le revenu issu de l'exploitation du BE n'est pas le
même pour tous les ménages. Le Tableau XV
détaille la composition du revenu issu de l'exploitation du
bois énergie selon le niveau de prospérité des
ménages.
Tableau XV : Composition du revenu tiré
de l'exploitation du bois énergie selon le niveau de
prospérité des ménages enquêtés
Niveau de prospérité
|
Effectif
|
Moyenne
|
Revenu Issu du bois énergie Ecart-type Minium
Maximum
|
Très riche
|
18 (15%)
|
61.394,44
|
22.078,91
|
6.000
|
94.500
|
Riche
|
23 (20%)
|
63.286,96
|
30.191,18
|
3.000
|
144.000
|
Prosperité moyenne
|
20 (17%)
|
75.460,00
|
34.911,80
|
30.000
|
152.250
|
Pauvre
|
14 (12%)
|
83.935,71
|
39.133,65
|
35.000
|
164.000
|
Très pauvre
|
42 (36%)
|
70.240,48
|
32.705,63
|
43.500
|
183.000
|
Total
|
117
|
70.043,59
|
32.290,39
|
3.000
|
183.000
|
1 L'Annexe 5 présente le
revenu issu des spéculations agricoles et l'Annexe 6
nous montre que ces différences de revenu sont statistiquement
significatives.
Source : Enquêtes terrains juillet-octobre
2007
De l'analyse du tableau il ressort que l'exploitation du bois
énergie occupe presque tous les ménages enquêtés
(117 ménages sur 120). Ce tableau révèle aussi que ce sont
les ménages très pauvres qui sont les plus nombreux à
exploiter le bois énergie (36% des ménages
enquêtés). Mais avec un revenu moyen annuel de 83935,71 FCFA ce
sont les ménages pauvres qui tirent le plus de revenu de cette
exploitation (Figure 7).
Très riche Riche Prospérité moyenne Pauvre
Très pauvre
Figure 7 : Evolution du revenu moyen annuel
tiré de l'exploitation du BE selon le niveau de prospérité
des ménages enquêtés.
Source : Enquêtes terrains juillet-octobre
2007
Cette figure montre que le revenu moyen annuel augmente de
61.394,44FCFA à 83.935,71 FCFA lorsqu'on passe des très riches au
pauvres pour ensuite diminue à 70.240,48 FCFA pour les très
pauvres Ainsi donc il apparaît que tous les ménages ne tirent pas
les mêmes revenus de l'exploitation du bois énergie. Il existe
donc une différence entre le revenu que les ménages tirent de
cette exploitation selon leur niveau de prospérité. En vue
d'apprécier si les différences de revenu issu du bois
énergie entre les ménages selon leur niveau de
prospérité sont significatives, l'analyse de variance à un
facteur a été effectuée.
Tableau XVI : Comparaison du revenu issu du bois
énergie entre les ménages riverains de la RBP
selon leur niveau de prospérité
Somme des carrés ddl
|
Moyenne des carrés
|
F Signification
|
Inter-
5686790827,573 4 1421697706,893 1,381 0,245 (ns)
groupes
Infra-
115262876864,734 112 1029132829,149
groupes
Total 120949667692,308 116
NB : ddl = degré de liberté ; (ns) = non
significatif
Ce tableau révèle que la différence entre
les revenus que les ménages tirent du bois
énergie selon leur niveau de prospérité
n'est pas significative.
Mais l'inexistence de différence entre le revenu que
les ménages tirent du BE ne signifie pas que l'importance du BE dans la
vie des ménages est identique car ces ménages ne vivent pas
mêmement la pauvreté. Pour apprécier l'importance du revenu
issu de l'exploitation du bois énergie dans la vie des ménages
selon leur niveau de pauvreté il faut évaluer l'évolution
de ce revenu en fonction de l'évolution des revenus tirés des
autres activités.
· BE Elevage
· Transformantion agroalimentaire
Figure 8 : Evolution du revenu agricole moyen
annuel selon le niveau de prospérité des ménages
enquêtés
Source : Enquêtes terrains juillet-
octobre 2007
|
Figure 9 : Evolution des revenus issus du BE,
l'élevage et les transformations agroalimentaires du ménage selon
son niveau de prospérité
Source : Enquêtes terrains juillet-octobre
2007
|
De la Figure 8 nous pouvons noter que le
revenu moyen agricole des ménages baisse lorsqu'on passe des
ménages très riches aux ménages pauvres et ce revenu
augmente des pauvres aux très pauvres mais tout en restant
inférieur au revenu des ménages très riches, riches et
moyennement prospères. Contrairement, la Figure 9 donne
une tendance opposée pour le revenu issu de l'exploitation du BE. Ce
revenu augmente en passant des ménages très riches aux
ménages pauvres et diminue en passant des pauvres aux très
pauvres. Donc moins les ménages tirent de revenus de l'agriculture, plus
ils exploitent le bois énergie. Parallèlement les revenus issus
de l'élevage et de la transformation agroalimentaire baissent en passant
des ménages très riches aux ménages très pauvres.
Tout ceci confirme le rôle important que le BE joue dans la vie des
ménages. Il apparaît donc que les ménages exploitent le
bois énergie pour compenser la baisse de revenus dans les autres
activités.
Ce revenu semble jouer un rôle stratégique dans
la vie des ménages. Quel est donc ce rôle stratégique ?
Quels sont les pôles de dépenses qui poussent les ménages
à exploiter le bois énergie ? Les paragraphes qui suivent
examinent ces questions sous l'angle de la contribution du bois énergie
au bien-être des ménages.
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