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Les causes de la persistance des conflits géostratégiques an Afghanistan


par Celine Prevost, Raphaelle Faure et Aurelie Hoarau-Michel
IEP Toulouse
Traductions: Original: fr Source:

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IEP de Toulouse

Celine Prevost

Raphaelle Faure

Aurelie Hoarau-Michel

Les causes de la persistance des conflits
geostrategiques en Afghanistan

L'intervention américaine de 2001

Serninaire Socio!ogle de Fa conflictualite
M. Bernard LABATUT
Mai 2008

Introduction

Historiquement situé en Asie, entre l'Europe, la Chine et l'Inde, l'Afghanistan a toujours occupé une place centrale dans les rivalités géopolitiques entre grandes puissances. Agissant comme carrefour où se fixent les tensions internationales comme régionales, ce pays est un espace stratégique majeur. Si l'on considère que le conflit na»t de la rencontre entre des activités, des intérêts et des flux divergents, la crise afghane, qui dure depuis plus de 25 ans, en est naturellement un exemple flagrant. De la guerre des moudjahiddins contre l'URSS à celle engagée par les Etats-Unis et la coalition occidentale à l'automne 2001, en passant par la guerre civile des années 1990, l'Afghanistan est avant tout une terre de conflits géostratégiques qui, variant en intensité et en nature, résultent pourtant tous d'un enchevêtrement de rivalités, de luttes d'influence et d'interventions de puissances étrangères. En conséquence, actions militaires, terrorisme, trafics de drogue et d'armes continuent de créer une <<zone afghane de conflits >> qui s'étend de l'Afghanistan au Cachemire en passant par le Pakistan. Aujourd'hui encore, l'ombre fondamentaliste des talibans liée au terrorisme d'Al-Qaida représente une menace internationale que combat toujours l'OTAN.

C'est la prise de Kaboul du 27 décembre 1979 par les Soviétiques qui projette ce pays d'Asie centrale, très indépendant et d'ancienne culture musulmane, au devant de la scène internationale. Assimilée selon certains à une <<troisième guerre mondiale >>, le soulèvement des moudjahiddins contre l'occupant qui s'en est suivi, vivement appuyé par Washington via ses alliés pakistanais et arabes saoudiens, marque la naissance du concept de <<guerre sainte>> ou jihad. Ces révoltes radicalistes, organisées des campagnes afghanes contre l'invasion des << infidèles>> (kefir), poussent à la retraite de l'Armée Rouge en 1989 laissant un pays dévasté par dix ans de guerre anti-coloniale aux mains des << combattants de la liberté >>, idéologiquement dispersés et politiquement rivaux. La disparition de l'ennemi commun communiste provoque une double division au sein des moudjahiddins, qui se fissure en différents groupes d'intérêt selon les ethnies et les tendances religieuses. Ces luttes entre factions intégristes mènent à une guerre civile sanglante1 pour le contrôle du pouvoir et de la capitale. Les luttes de pouvoir se réalisent par pays interposés, chacun apportant son aide à une ethnie. Mais très vite, le soutien pakistanais aux étudiants en religion (talibans) change la donne, leur permettant de conquérir rapidement les places fortes du pays et de prendre Kaboul en décembre 1996. Cependant, les talibans ne parviennent pas à unifier le pays, butant sur la résistance organisée par le commandant Massoud dans le Nord-est. Pour terrasser militairement l'Alliance du Nord, les Pakistanais durent s'en remettre à l'organisation des volontaires zélés de Ben Laden. L'objectif est de faire de l'Afghanistan une base islamiste inexpugnable et de forcer les Etats-Unis à envahir le pays. Avec les attentats anti-américains du 7 aoüt 1998 à Nairobi et de Dar es-Salaam, le régime est ouvertement accusé de former et d'abriter des terroristes, ce qui lui vaut d'être condamné par l'ensemble de la communauté internationale.

Les attentats du 11 septembre 2001 changent une nouvelle fois la donne en Afghanistan, imposant une relecture géopolitique de toute la zone. Frappés cruellement sur leur territoire dans les symboles mêmes de leur puissance, les Etats-Unis, qui avaient favorisé l'occupation des 4/5émes de l'Afghanistan par les talibans, s'efforcent ensuite de détruire leur pouvoir par une action militaire, destinée autant à punir l'agresseur qu'à restaurer leur prestige mondial. Accusés de protéger le responsable des attentats et chef de file d'Al-Qaida, les talibans sont devenus une

cible matérielle et concrète sur un territoire délimité, pour une opération de guerre classique. L'intervention armée en Afghanistan est placée sous le sceau de "la guerre contre le terrorisme", dont les att entats du 11 septembre sont devenus le nouveau Pearl Harbor, et mobilise de nombreux pays occidentaux autour des États-Unis, incluant la France. Toutefois si l'on adopte la pensée orientale, la lutte contre le terrorisme qu'ont lancé les Etats-Unis en bombardant l'Afghanistan, n'est qu'une façade pour atteindre des objectifs hégémoniques et intervenir militairement là où leur intérêt l'exige. Mais, comme il serait simpliste de s'arrêter à ces explications, il est nécessaire de s'interroger sur les multiples causes qui conduisent à l'intervention américaine en territoire afghan.

Comment différentes confrontations, propres à ce carrefour géostratégique, ont-elles conduit à l'explosion en 2001 des tensions anciennes et nouvelles?

En premier lieu, c'est l'articulation entre les rivalités ethniques et les pressions croissantes exercées par les puissances étrangères qui rend impossible l'émergence d'un Etat uni et conduit à l'avènement du régime taliban (I). Par la suite, ce régime fondamentaliste se radicalise jusqu'à soutenir le terrorisme international d'Al-Qaida, considéré par l'ensemble de la communauté internationale comme une menace mondiale (II). Les attentats du 11 septembre agissent alors comme un catalyseur et propulsent l'Afghanistan au centre de la Çglobal war on terrorÈ déclarée par le Président Bush (III).

La guerre en Afghanistan découle en partie d'un conflit local, fondé sur des oppositions tribales et ethniques, et sur le jeu des puissances régionales (avec le Pakistan au premier plan, mais aussi l'Iran linde et l'Arabie Saoudite) dont le jeu complexe a sous-tendu la politique intérieure du pays. Plusieurs ethnies composent le tissu social du pays, ce qui complique la vie politique depuis plusieurs années2. Au début des années 1990, privés d'un ennemi commun, la résistance organisée contre l'URSS se fissure entre les partisans d'un Islam traditionnel, les fondamentalistes, les chiites pro-iraniens et les sunnites pro-pakistanais. Le pouvoir des Pachtounes, ethnie traditionnellement majoritaire dans le pays, est désormais concurrencé par d'autres ethnies minoritaires mais dont les chefs victorieux des Soviétiques, ont établi des fiefs territoriaux indépendants (Tadjiks persophones sunnites, les Ouzbeks ou les Hazaras chiites). Chaque ethnie essaye alors de se mettre en avant pour obtenir un morceau de pouvoir et recherche une certaine autonomie dans la province où elle réside. Les espaces ethniques sont en compétition les uns avec les autres et empéchent ainsi la construction d'un État afghan. Chacu n cherche à légitimer ses propres demandes politiques en se fondant sur un sentiment d'appartenance ethnico-spatial. La translation d'une segmentation ethnique en une segmentation politique contribue au caractère interminable de la guerre, car il n'y a pas de victoire décisive d'un groupe sur l'autre, puisque le groupe ne correspond jamais à une entité politique apte à prendre et à exercer le pouvoir.

Les puissances régionales jouent elles aussi un rôle prépondérant dans la prolongation des conflits. Le Pakistan tient à contrôler tout ou partie du futur Afghanistan islamique pour s'assurer une profondeur stratégique face à linde. Depuis des siècles, le commerce pakistanais dépend de la route vers l'Asie centrale. Pour s'imposer et maintenir l'ouverture de cette voie stratégique vers les richesses de cette région, le Pakistan a tissé, gr%oce à des accords de coopération

économique, sa toile avec les Républiques d'Asie centrale. En juin 1995, le Pakistan, le Turkménistan, la compagnie américaine Unocal et la Delta Oil négocient la construction d'un gazoduc. L'exploitation des matières premières nécessitant un état de non-guerre en Afghanistan, il semble donc essentiel de s'assurer le contrôle des territoires traversés par le futur gazoduc. Pour cela, il fallait donc créer un mouvement national cohérent fort au nom d'un islam rassembleur qui permettrait de "pacifier" suffisamment l'Afghanistan. Le Pakistan, l'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis, apportent donc leurs soutiens au mouvement des talibans, qui appara»t seul capable à leurs yeux de stabiliser le pays.

L'Iran, affaibli par la guerre du Golfe, cherche alors, pour s'affirmer comme puissance régionale, à garder le contrôle des minorités chi'ites dans la région, voire à conserver une influence chez les persophones (Tadjiks afghans et soviétiques). L'Iran chiite accuse en ce sens les talibans sunnites de salir le nom de l'islam par leur extrémisme et refuse de reconna»tre le gouvernement en poste dans la capitale afghane. Téhéran reconna»t l'ancie n président afghan, Burhanuddin Rabbani3, destitué par les talibans, comme chef de l'Etat légitime et accueille à cette période environ 1 million de réfugiés.

Les Russes et les ex-républiques soviétiques ne veulent pas quant à eux, d'un affrontement entre communistes et islamistes, ni de l'arrivée au pouvoir des intégristes qui menaceraient la stabilité de la région. Outre la Russie, l'Inde, engagée dans un profond conflit avec le Pakistan, collabore avec les Russes

pour renforcer la coalition anti-taliban.

Quant aux Etats-Unis, ils poursuivent eux aussi des objectifs stratégiques, militaires et économiques en Afghanistan. Il s'agit à la fois d'empêcher le régime iranien d'étendre son influence au-delà de ses frontières, d'arrêter l'expansionnisme soviétique en armant les maquis afghans et d'éviter l'émergence (ou la reconstitution) d'une puissance majeure à l'Est. En outre, les intérêts américains nécessitent d'ouvrir la voie aux républiques d'Asie centrale pour fournir des bases arrières stratégiques dans la région.

En 1994, l'émergence des talibans4 ou << étudiants en religion >> va bouleverser

à nouveau le pays

et changer la donne du <<jeu afghan>> pour nombre d'acteurs internationaux. Né dans les écoles coraniques (madrasas) et camps de réfugiés pakistanais, le mouvement politico-militaire des talibans est d'abord caractérisé par son extrême intégrisme, hérité de son fondateur le mollah Omar5. En se transformant en régime islamiste radical prônant le retour aux sources de l'islam le plus traditionnel, le pouvoir taliban se construit en rupture avec la communauté internationale. En effet, l'islamisation liberticide de l'Afghanistan ainsi que son soutien avéré au réseau terroriste d'Al-Qaida vaudra au pays d'être la cible de condamnations et d'opérations militaires diverses des puissances étrangères qui, en réponse aux attentats du 11 septembre et sous la coupe des Etats-Unis, y mèneront une << guerre totale >> contre le terrorisme.

Fulgurants vainqueurs (d'origine pachtoune) de la plupart des autres factions afghanes et gr%oce à des aides extérieures massives - soutien militaire du Pakistan, aide économique de l'Arabie et connivence des Etats-Unis - les troupes des talibans conquièrent sans difficulté les deux tiers du

3 Fondateur et chef du parti politique Jamiat Islami, un des partis de la résistance afghane contre les Soviétiques, d'inspiration islamiste et rassemblant surtout (mais pas exclusivement) des Tadjiks du Nord. Le commandant Ahmed Chah Massoud était responsable de la branche militaire de ce parti.

4 tâlebân

5 mollah Mohammad Omar Akhunzadah

pays (le sud et l'ouest), avant d'entrer dans Kaboul le 26 décembre 1996. Mettant à profit leurs appuis politico-religieux islamistes et l'épuisement de la population après une décennie de guerre et de retournements d'alliances fréquents, les talibans écrasent la résistance de l' <<Alliance du Nord >>, organisée par le commandant Tadjik Massoud dans le nord-est du pays avec l'appui de la Russie, l'Iran et parfois aussi l'Occident. Ils instaurent leur nouveau régime islamique qui

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ramène la société afghane à la misère et l'archa
·sme absolu. La char»'ah (la loi islamique) originelle est appliquée au sens le plus strict et érigée en norme ultime de tous les comportements humains et sociaux. Intolérant et ultra fondamentaliste, le régime islamique des talibans établit tout ce qui est licite (ou pas) en fonction de la <<vraie religion >> et a contrario de l'impiété. Le régime impose diverses restrictions discriminatoires, notamment envers les femmes et les <<Infidèles >>. Premières victimes de l'islamisation à outrance du régime, les femmes doivent se couvrir entièrement d'une <<burka >>7 sous peine d'être battues, et ont interdiction formelle de travailler, d'étudier, ou même de circuler non accompagnées. Toute forme de culture qui ne serait pas strictement religieuse (musique, danse, photographie, littérature) ou rassemblement populaire est proscrit. La peine de mort est de rigueur, notamment par lapidation. Mais l'instrument essentiel du pouvoir tâleb reste la police religieuse qui, sous l'autorité du << ministère de l'ordre du bien et de l'interdiction du mal >>, traque tout adepte d'une religion autre que l'Islam avec une hostilité particulière au christianisme et au juda
·sme. Sur le plan international, le régime engage une lutte à mort contre l'Occident, accusé d'entraver le plein épanouissement du règne d'Allah sur terre, et entra»ne plus ou moins ouvertement sur le sol afghan les << soldats de la foi>> d'Al-Qaida pour lutter contre les Etats-Unis et leurs alliés, Isra`l et les pays d'Europe de l'Ouest. Enfin pour financer leur régime, les talibans utilisent à leur profit la production et la commercialisation de drogue, faisant du pays un des principaux exportateurs de pavot et produits dérivés (opium, héro
·ne)8.

Non reconnu par la communauté internationale, leur régime va peu à peu s'enfoncer dans la marginalité: à partir de mai 1996, ils donnent asile à Oussama Ben Laden, accusé d'avoir organisé les attentats contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie en aoüt 1998. En refusant l'extradition, formulée par les Etats-Unis, du numéro un d'Al-Qaida alors que pèse sur lui un mandant d'arrêt international, le régime taliban se voit infliger des sanctions par les Nations Unies à partir de juillet 1999. En mars 2001, les statues géantes des bouddhas de Bâmyân, classées patrimoine commun de l'humanité, sont intégralement détruites sous l'ordre du mollah Omar. Suscitant l'indignation générale, et condamné à plusieurs reprises à la fois par les Nations Unies et la communauté internationale dans son ensemble, le régime des talibans appara»t néanmoins déterminé dans sa volonté d'anéantir toute trace de religion autre que l'IslamÉ et d'attirer sur lui l'attention mondiale. La coordination de l'assassinat du commandant Massoud le 9 septembre 2001 par des terroristes d'Al-Qaida et des terribles attentats commandités par Ben Laden deux jours plus tard aux Etats-Unis, mettront en lumière l'extrême dangerosité du régime taliban pour le monde entier, faisant de l'Afghanistan une cible privilégiée pour une action américaine de guerre classique.

Le caractère hautement symbolique des cibles des attentats 11 septembre et l'hypothèse d'un terrorisme spectaculaire par effets de destructions massives a conduit les États-Unis à engager la << Global War on Terror >>, une nouvelle forme de guerre prolongée conduite en mode intégral sur les théâtres intérieurs comme extérieurs.

La justification de la guerre représente un devoir d'ordre moral pour les États-Unis. Cependant, les origines de l'intervention en Afghanistan en 2001 ne sauraient se réduire à cela, il convient pour une compréhension globale des causes de l'intervention américaine, d'examiner les facteurs économiques, politiques et idéologiques propres aux États-Unis.

Ces attentats nous le du terme9

comme rappelle l'étymologie ont <<attenté>> sur les Américains une double violence. Mais au-delà du dommage physique, cette violence, brève, et préméditée, a attenté au principe politique d'autorité et à la légitimité des États-Unis : ils ont bouleversé pour un temps le rapport de force entre << forts>> et << faibles >>. La première puissance mondiale s'est vue humiliée, jugée, et violée sur son sol tandis que l'autre camp, celui des terroristes s'est senti encouragé, éclairé, vengé et solidaire. Cette <<pratique sporadique de la violence >>10offre au terroriste l'effet escompt é : la panique, le discrédit voire la paralysie de l'ennemi. Selon R. Aron l'acte terroriste recherche << un effet psychologique supérieur à ses effets physiques >>. Puis, elle est caractérisée par le secret qui l'entoure : les auteurs se cachent avant et tentent de dispara»tre après. Enfin, un attentat peut n'être que le premier d'une série, il provoque ainsi un effet d'attente et l'affolement de l'adversaire.

Les attentats du 11 Septembre ont marqué le début d'une forme de guerre nouvelle qui se distingue par son caractère asymétrique en opposant des réseaux terroristes à la première puissance militaire mondiale: des logiques différentes et une profonde disparité des moyens humains, logistiques et économiques. Les <<faibles>> se sont servis de la menace terroriste et ont exploité les vulnérabilités physiques et psychologiques des États-Unis. Face à cette menace et du fait des différences transcendantes entre les deux bords, la seule solution pour résoudre la confrontation avec cet ennemi est sa destruction physique puisque sa nature et son existence même constituent une menace. Et quand bien même elle n'est pas imminente, elle reste potentielle et implique donc la nécessité d'agir de manière préemptive, ce qui va provoquer une redéfinition profonde de la doctrine de sécurité américaine. Celle-ci se double d'une simplification des termes qui débouche sur une conception manichéenne du monde : G.W. Bush qualifie l'ennemi comme << ceux qui ha
·ssent la liberté>> ou encore les <<evildoers >>1 1 . Le déclenchement de l'opération Liberté Immuable permet aux Etats-Unis d'ouvrir un nouveau front dans leur guerre contre le terrorisme12 .

Aux prémisses du mandat de G.W. Bush, la dissuasion occupa une place importante dans la définition des tenants de la politique étrangère des Etats-Unis. En Janvier 2000, Condoleeza Rice était claire : la dissuasion constituera un des piliers de la politique étrangère de Bush (Voir Annexe 2 §1). Pourtant l'année d'après, les États-Unis déclarent la guerre à l'Afghanistan. Ce revirement illustre la perte d'influence des <<réalistes pragmatiques>> et de leurs recommandations dans l'administration Bush après les attentats du 11 Septembre 2001. De plus,

9 Étymologiquement attentat est l'action qui tente quelque chose contre, qui agit de manière à détruire.

10 << C'est la pratique sporadique de la violence armée par des groupes clandestins visant des cibles symboliques à des fins politiques >> http://www.huyghe.fr/actu_440.htm le site de Francois-Bernard Huyghe).

11 Mot qui signifie à peu près << ceux qui font le mal>> et est parfois employé dans les contes enfantins anglo-saxons pour désigner les Méchants.

12 <<Nous avons ouvert un nouveau front dans notre guerre contre le terrorisme >>. Porte-parole de la MaisonBlanche 7 octobre 2001.

G.W. Bush a pratiqué une assimilation des rogues States (États voyous) aux groupes terroristes qui ne peuvent être dissuadés, étant décentralisés et non-territorialités. Dans les discours du Président américain et du Secrétaire d'Etat Colin Powell, et dans plusieurs documents officiels (voir Annexe 2 §2) définissant la politique américaine, le choix unilatéraliste est clairement énoncé. Inutile de rappeler l'influence de Donald Rumsfeld et du PNAC13 (voir Annexe 2 §3) dans la définition de la doctrine américaine en vue d'asseoir la domination mondiale des ÉtatsUnis au XXIe siècle.

L'OTAN avait déclaré le 11 septembre 2001 que les attentats contre les États-Unis constituaient <<une attaque contre tous les États membres >> (voir annexe 2 §4), leur octroyant ainsi son soutien. Pourtant G. W. Bush n'a même pas utilisé cet appui pour légitimer l'intervention en Afghanistan. Le mépris du gouvernement américain est clairement révélé. La réponse des États-Unis fut même de déclencher l'état d'exception c'est-à-dire, la capacité dans certaines circonstances à désigner l'ennemi public.

L'érosion progressive du rapp ort entre ordre interne et affaires internationales a conduit à l'importation de la logique de guerre à l'intérieur. Ainsi les États-Unis se sont arrogés la capacité de suspendre les règles de droit international pour lutter contre un ennemi intérieur. Mais l'intérieur possède ici des limites floues dessinées par l'hégémonie américaine où le monde entier devient le contenant de ce qui est intérieur. Tout en considérant leur souveraineté comme inviolable, les États-Unis s'octroient le droit, au nom de condition d'exception, d'intervenir dans les affaires d'autres États, voire d'opérer des changements de régime au nom du devoir Wilsonien de <<mission américaine>> et de promotion des valeurs démocratiques. Ils imposent aux autres États de se soumettre à un Droit International remodelé sans s'y contraindre eux-mêmes gr%oce à une légitimation forte : la guerre contre le terrorisme. C'est sous couvert d'une guerre juste que les États-Unis s'illustrent dans une logique impérialiste inavouée. Du point de vue idéologique,

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en dénoncant un empire du mal, Bush Junior se place très proche de Ronald Reagan.

À travers l'intervention militaire, les États-Unis cherchent bien plus que la défaite des réseaux de Ben Laden mais l'enracinement de la << victoire >> américaine dans la zone marquée par la chute de l'Union soviétique et les succès de la stratégie américaine en Irak en 1990, face au possible renouvellement d'anciennes formes de concurrence entre grandes puissances (Russie, l'Inde et la Chine).

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