UNIVERSITE PARIS III -
SORBONNE NOUVELLE
UFR DIDACTIQUE DU FRANÇAIS LANGUE ETRANGERE
PRATIQUE ET APPRENTISSAGE DU
FRANÇAIS
A TRAVERS L'ANALYSE DES MANUELS ET
L'EVALUATION
DES COMPETENCES LINGUISTIQUES EN MILIEU
SCOLAIRE :
CAS DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE EN R.D.
CONGO
Mémoire de Master 2 Recherche en Didactique du
français et des langues
Présenté et soutenu par
Willy ILUNGA NTUMBA
Sous la direction de M. Georges Daniel VERONIQUE
Professeur des universités
Année universitaire 2005-2006
DEDIDACE
A celui qui s'est éteint mais flamboie dans mon coeur
REMERCIEMENTS
Au seuil de cet exercice d'écriture, je voudrais
vivement exprimer des mots de remerciements à mon Directeur de
recherche, Monsieur Georges Daniel VERONIQUE, qui s'est impliqué avec
justesse et a su me tracer les sentiers qui m'ont conduit à la
finalisation du présent mémoire. A chaque fois qu'un obstacle
s'érigeait devant moi, ses conseils et ses directives m'apportaient
toujours « la solution miracle ».
Je ne peux passer sous silence l'apport incommensurable du
personnel enseignant de l'Université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle ;
je pense spécialement aux professeurs affectés à l'UFR
Didactique du Français Langue Etrangère. Je remercie de vive voix
Monsieur Jean-Paul Narcy-Combes dont le séminaire
d'Epistémologie, que je ne cesse de considérer comme une
leçon d'initiation à la recherche scientifique, m'a aidé
à mettre en place la distanciation nécessaire à une
construction du savoir didactique.
J'exprime toute ma reconnaissance au Gouvernement
français qui, par le truchement de son Ministère des Affaires
étrangères, m'a accordé la bourse d'études qui me
permet d'accomplir ce devoir scientifique. Je dis particulièrement merci
aux autorités de l'Ambassade de la République française
à Kinshasa, à son Attaché culturel, Monsieur Yves JUAN,
ainsi qu'à tous ses collaborateurs. .
Je remercie enfin tous les miens qui me soutiennent d'une
manière ou d'une autre dans tout ce que j'entreprends.
L'auteur
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE 4
CHAPITRE I : POLITIQUES LINGUISTIQUES EDUCATIVES EN
RDC :
LA PART DU FRANÇAIS. 11
I.1. La situation sociolinguistique 11
I.2. La législation congolaise en matière des
langues 13
I.3. Le système éducatif congolais 17
I.4. Les programmes d'enseignement à travers l'histoire
21
CHAPITRE II : L'APPRENTISSAGE DU FRANÇAIS PAR LES
MANUELS SCOLAIRES CONGOLAIS
......................................................................26
II.1. Le processus d'apprentissage et ses corollaires 26
II.2. Les méthodes d'analyse des manuels 32
II.3. L'analyse du manuel de première année 42
II.4. L'analyse du manuel de sixième année primaire
59
CHAPITRE III : L'EVALUATION DES COMPETENCES LINGUISTIQUES
64
III.1. Compétence linguistique vs compétence de
communication 64
III.2. Population d'enquête 66
III.3. Présentation de l'outil d'évaluation et
déroulement du test 68
III.4. Résultats obtenus 71
III.5. Compétences linguistiques et habilités
à l'enseignement 78
CONCLUSION GENERALE 82
ANNEXES 84
BIBLIOGRAPHIE 92
TABLE DES
MATIERES..........................................................................98
INTRODUCTION GENERALE
L'enseignement/apprentissage du français en RDC
(République démocratique du Congo) est une pratique vieille de
plus d'un siècle. En fait, c'est depuis l'époque de la
colonisation belge - avec la création des premières colonies
scolaires vers 1892 - que l'autorité publique a décidé
l'enseignement du et en français au Congo. Dans un contexte où la
constitution lui reconnaît les fonctions officielles de langue de
l'administration (publique et locale), des relations internationales, de
l'enseignement, de la justice, des médias..., le français reste
une langue seconde pour les populations congolaises qui se l'approprient
particulièrement par la scolarisation.
1. Problématique et objet de
l'étude
Comment comprendre le mode d'appropriation du français
des locuteurs congolais et tracer les lignes maîtresses de la pratique de
cette langue en milieu scolaire, telle est la question fondamentale à
laquelle se propose de répondre la présente étude.
Au regard d'une situation sociolinguistique qui se
caractérise par un contact diglossique de plusieurs langues, il appert
naturellement plausible de parler de « français langue
seconde » (Chiss 1997) pour désigner la configuration de la
didactique du français s'inscrivant dans un tel cadre. En effet, les
jeunes Congolais vont à la rencontre de la langue française
lorsqu'ils entament le processus de leur socialisation par l'enseignement, au
moment où ils ont déjà acquis la pratique d'une autre
langue, leur « langue maternelle ». Sachant que s'ils n'ont
pas eu la chance de parler français en famille, ils feront
désormais face à « l'input
compréhensible » (Narcy 2005, p. 171) moins uniquement
scolaire. Car dans une certaine mesure, le français reste présent
dans leur environnement immédiat au travers de divers canaux de sa
diffusion, tels que la presse (écrite et audiovisuelle),
l'édition du livre, le cinéma, l'affichage, etc. Si l'on n'entend
pas parler la langue française chez soi ou dans la rue, on l'entendra
à la radio et à la télévision, on la lira dans des
journaux et des livres, sur des panneaux et des écriteaux...
Le système éducatif congolais a certes la
responsabilité d'enseigner le français en vue de pouvoir
enseigner et/ou apprendre en français. Il se doit aussi de procurer aux
apprenants la « compétence linguistique » requise,
qui serait à même de combler leur besoin de communication, donc la
« compétence de communication » (Moirand 1990).
Cette mission est assurée par le biais de la « didactique
institutionnelle » (Bailly 1997) qui se formalise dans les programmes
et les instructions officiels. William Mackey (1972, p. 158) indique notamment
que « [...] toutes sortes de notions, d'opinions et de dogmes [...]
ont des répercutions sur l'enseignement des langues, par le canal des
programmes généraux, par les manuels, par des directives
pédagogiques et les techniques d'enseignement. »
L'Etat et l'école - chacun en ce qui le concerne -
détiennent le pouvoir d'élaborer et de mettre en oeuvre, de
façon adéquate, le « dispositif »
d'apprentissage qui permette l'accomplissement de ce devoir éducationnel
(Pothier 2003). Il apparaît donc nécessaire de scruter
profondément ses méthodes.
Traditionnellement, l'enseignement reste un rôle
dévolu au maître. Ce dernier est appelé à choisir,
compiler, organiser des connaissances correspondant aux objectifs d'un public
précis, en faciliter l'appropriation, dans l'ultime but de l'aider
à construire son savoir, à acquérir son savoir-faire.
Les apprenants, qui composent ce public, doivent
intégrer des données reçues afin de modifier leur profil.
Ils subissent ainsi l'apprentissage qui est considéré comme
« un processus individuel mis en mouvement et rendu possible par
l'interaction avec un partenaire social » (Bange et al. 2005). Les
protagonistes à ce processus (enseignant et apprenant) ont en commun
l'objet de l'enseignement/apprentissage sur lequel ils agissent et au sujet
duquel ils interagissent, le français en l'occurrence, et l'outil de
conservation de cette matière, la méthode, leur sert de trait
d'union.
A défaut de saisir ici la formation et la
compétence de l'enseignant, et encore moins des éléments
qui caractérisent la motivation et l'aptitude de l'apprenant, nous
centrons notre intérêt sur la méthode parce qu'elle
« détermine ce qu'il faut enseigner en langue et comment on
doit l'enseigner » (Mackey 1972, p. 193). Galisson et Coste (1976) la
définissent comme « une somme de démarches
raisonnées, basée sur un ensemble cohérent de principes
ou d'hypothèses linguistiques, et répondant à un
objectif déterminé ».
Une méthode de langue c'est aussi cet auxiliaire
enseignant qui répertorie les ressources nécessaires à
l'apprentissage et à l'acquisition de ladite langue. En milieu scolaire,
son format papier, appelé « manuel », est un
« ouvrage [...] qui renferme l'essentiel des connaissances relatives
à un domaine donné, [tout spécialement] celles qui sont
exigées par les programmes scolaires » (Choppin 1998, pp.
666-669).
Pour cet auteur, le manuel scolaire, en tant que
« enjeu historique majeur », concourt à la
construction d'une certaine identité nationale. Cette conception
idéologique détermine l'implication irrévocable de l'Etat
dans la conception et la diffusion des manuels scolaires. Car tout projet
éducatif trouve ses repères valorisants à partir de ce
qu'il s'interroge préalablement sur la définition du type de
personne qu'il souhaite former, en prenant en compte les attentes et les
exigences de la société.
Et pourquoi réfléchir sur la nature et la
fonction des manuels scolaires pendant que les nouvelles technologies de
l'information et de la communication ont atteint le point culminant de leur
développement vertigineux ? Au moment où, ayant
dépassé l'ère du cédérom, la méthode
« plus intéressante », l'Internet, ce monde virtuel
des chats et MOOS (Multi-user domain, object-oriented) qui se concrétise
en offrant des situations de communication exolingue en temps réel, peut
jeter le pont entre l'immersion « sans papiers » et le
contexte scolaire, voit le jour (Aimard 2005) ?
En effet, n'ayant pas encore intégré d'autres
supports didactiques dans ce domaine, le système éducatif
congolais fait la part belle aux manuels scolaires dans la réalisation
du projet formatif.
Le rôle du manuel se révèle
indéniable, d'autant que l'enseignement d'une langue s'accompagne
toujours inévitablement de la transmission d'une culture dont les faits
doivent y être consignés (Chartrand et Paret 2005, pp. 174-175).
Il parvient à apporter la solution la plus commode, la moins
coûteuse, la plus ramassée, à la question d'une formation
minimale ciblée. Nous le définissons comme un livre dont le
contenu doit être étudié par l'élève pour
acquérir les connaissances que stipule le programme national
d'enseignement.
Alain Choppin (1992) nous renseigne sur la vieille tradition
du manuel scolaire dans le secteur enseignant ainsi que sur le caractère
séculaire de son contenu qui lui confère une fonction
référentielle de plus en plus importante dans la transmission ou
mieux dans la construction du savoir. Sa fonction est multiple : faciliter
l'appropriation des connaissances, autoriser des lectures plurielles,
évaluer l'acquisition des savoirs et savoir-faire...
L'enseignement/apprentissage du français dans les
premières institutions scolaires qui ont fonctionné en RDC
à l'époque coloniale, s'appuie sur des livres de lecture,
notamment, dans le but de transmettre la doctrine chrétienne, et de
véhiculer en outre la pensée du colonisateur. A l'époque,
les manuels d'apprentissage de la langue française (langue officielle de
la colonie) sont bilingues ; ils comportent des textes et des
activités partant de la langue du milieu pour l'enseignement du
français, usant ainsi de grammaire-traduction. Les auteurs belges de ces
manuels étaient « inépuisables dans l'invention de
stéréotypes louangeurs à l'adresse de Léopold
II » (Vinck 2001). L'auteur écrit à ce sujet :
« En 1908, le livret de lecture des Trappistes
à Bamanya conclut comme suit: "Vous avez appris à lire pour que
vous ayez le moyen de lire le catéchisme" (p.33). [...] L'école
étant confessionnelle, il n'y a pratiquement pas de distinction à
faire entre un livret d'église (livret de prière, Bible,
catéchisme) et d'école (lecture, calcul, etc.). Les livrets
d'église étaient utilisés comme livres de lecture et les
livres de lecture contenaient dans une très large mesure des
instructions religieuses. »
Le choix que nous portons sur l'analyse des manuels scolaires,
se justifie par le fait qu'un manuel, de par son essence, doit
« être posé comme moyen de favoriser un meilleur
enseignement/apprentissage du français » et
« facteur d'évolution des représentations des
maîtres et des pratiques langagières des enfants »
(Verdelhan-Bourgade 2005).
Pareil postulat se décline hypothétiquement de
la manière suivante :
- l'appropriation du français langue seconde
répond aux impératifs d'un cadre où interagissent
constamment l'apprenant, l'enseignant et l'institution ;
- la qualité de l'enseignement est tributaire des
instructions conçues et édictées par l'institution, de la
compétence de l'enseignant à respecter ces instructions, mais
aussi de la capacité de l'apprenant à comprendre et à
reprendre les contenus de l'interaction ;
- regroupées dans le programme, les instructions
institutionnelles se reflètent dans le manuel qui, bien
élaboré et utilisé à bon escient par le
maître, permet à l'élève de construire
véritablement son savoir.
2. Objectifs
Le manuel scolaire de langue est conçu comme un
instrument de transmission des convictions idéologiques, mais
également des faits culturels d'un peuple. Ce principe accompagne
l'usage de ce document de référence depuis l'accession du pays
à l'indépendance jusqu'à nos jours. L'Etat reste le moteur
de cette activité. C'est donc dans cet esprit que la loi-cadre
stipule : « Les manuels et les matériels didactiques
à utiliser [...] doivent être conformes aux normes et programmes
établis [...]. »
La présente étude se fixe en effet le principal
objectif de mesurer la qualité et l'étendue de l'apprentissage
linguistique des élèves, ce processus par lequel on acquiert des
connaissances, on développe des aptitudes et on maîtrise des
habilités. Elle s'inscrit dans une approche didactique qui vise à
étudier ces documents de référence dans un contexte
où leur rôle demeure prépondérant.
Pour vérifier la réalisation de cet objectif
principal, notre étude sera complétée par une recherche de
terrain consacrée à l'évaluation des compétences
linguistiques en français. Car, qualitativement et quantitativement,
l'évaluation est une aide à l'apprentissage et un instrument
d'appréciation ainsi que de mesure. Nous recourons à elle - dans
son « rôle informatif » (Tagliante 2005) - pour
mesurer l'efficacité du dispositif enseignant par rapport à
« l'output » des élèves.
3. Méthodologie
Nous procédons à l'analyse de deux manuels de
langue française utilisés en première et sixième
années de l'école primaire. Une démarche tout aussi
descriptive qui est rendue possible grâce à l'analyse de
contenu1(*) (Bardin 2001 et
Charaudeau et al. 2002).
L'analyse quantitative et qualitative nous fournit des
éléments d'identification et de questionnement des
caractéristiques principales des manuels : leur sélection,
leur gradation, leur présentation et leur répétition
(Mackey 1972). Une description qui ne se limite pas seulement au contenu, mais
prend également en compte le contenant.
A la suite de Germain et al. (2003), nous dénombrons,
d'une part, les activités2(*) qui favorisent l'apprentissage de l'identification des
mots, et de l'autre, celles qui concernent le traitement de sens. Notre
ambition n'est pas de comparer ces deux manuels, mais de tirer le profil de
chacun et de mesurer le niveau de réalisation des objectifs
assignés à l'enseignement au terme de ce curriculum. Nous
analysons ces manuels pour repérer les « contenus »
ainsi que les « modes pédagogiques d'apprentissage à
engager » (Germain et al. 2003, p. 239). Et pour élucider
l'organisation didactique, nous étudions les progressions
d'apprentissage (fréquences des faits [unités] linguistiques,
régularités langue orale vs langue écrite), les textes
supports à l'apprentissage (leur difficulté lexicale et
syntaxique, l'autonomie de décodage offerte), le profil didactique des
activités (orientation des pratiques).
L'évaluation des compétences linguistiques sera
faite sur base de l'outil mis en place dans le cadre du projet
« Modes d'appropriation, types de compétences et supports de
diffusion de langue française dans l'espace francophone »
lancé par le CIRELFA (Conseil International de Recherche et
d'étude en Linguistique Fondamentale et Appliquée) de l'Agence
intergouvernementale de la Francophonie (Chaudenson 1995). Elle permettra de
mesurer la réception ainsi que la production langagières des
élèves, tant au niveau de l'oral que de l'écrit. Le test
concerne les élèves du niveau terminal du primaire
(6ème année) pour des raisons évidentes,
notamment, parce qu'ils sont à la fin du cursus. Ils doivent ainsi
prouver qu'ils ont assimilé les connaissances mises à leur
disposition et s'y sont accommodés. Sa version adulte est
administrée aux élèves du terminal secondaire
(6ème année) de la section
« Pédagogie générale », car ce sont
eux qui sont habilités à enseigner à l'école
primaire selon la législation congolaise en la matière.
Le but poursuivi, quant à la seconde catégorie
des informateurs, est de « mesurer les effets de la connaissance du
domaine sur les résultats » (Narcy-Combes, 2005 : 56). A
cause des contraintes temporelles, nous nous limitons à organiser cette
évaluation dans des écoles de Kinshasa, choisies en fonction des
tendances idéologiques en présence : écoles publique,
privée, conventionnée catholique, conventionnée
protestante, conventionnée kimbaguiste, islamique.
4. Présentation du plan
Pour une articulation correcte, les axes suivants constituent
le fil d'Ariane qui guidera la présentation de notre propos. Hormis
cette introduction et la conclusion qui le boucle, le présent travail
comprend trois chapitres.
Le premier chapitre intitulé « Politiques
linguistiques éducatives en RDC : la part du
français », nous permet de situer l'étude
effectuée dans son contexte spatial. Nous y présentons, entre
autres, des mesures légales prises par l'autorité centrale ou
administrative dans le but de gérer l'utilisation des langues,
particulièrement dans le secteur de l'enseignement. Le débat sur
la gestion des interactions langagières dans un contexte de
multilinguisme « outrancier », c'est une occasion de parler
de la situation sociolinguistique du pays, mais aussi de son système
éducatif, et de relever la place de choix que la langue française
y occupe.
Substance essentielle de cette étude, le
deuxième chapitre, « L'analyse des manuels de français
à l'école primaire », circonscrit les tendances et les
orientations didactiques imprimées au contenu des manuels scolaires qui
véhiculent les formes de la langue française enseignée
et/ou apprise. Son cheminement consiste à dégager l'ampleur des
activités d'apprentissage consignées dans ces manuels, d'en
repérer la progression, de mesurer l'autonomie qu'elles procurent aux
apprenants et de s'interroger sur leur capacité à aider ces
apprenants à acquérir les savoirs et les savoir-faire
escomptés.
Enfin, le troisième chapitre, L'évaluation des
compétences linguistiques, sert à montrer l'impact des
activités d'apprentissage et des faits de langue contenus dans les
manuels sur la mise en place des compétences linguistiques des
apprenants ; lesquelles compétences constituent l'objectif
primordial de tout projet d'enseignement/apprentissage de langues. Il s'agit de
vérifier les habilités et les aptitudes acquises par les
apprenants qui sont arrivés au terme de leur cursus.
CHAPITRE I : POLITIQUES LINGUISTIQUES EDUCATIVES EN
RDC :
LA PART DU
FRANÇAIS.
Scolariser le jeune congolais dans sa langue maternelle et/ou
dans une langue étrangère, voilà les termes du dilemme qui
a toujours caractérisé le choix de la langue d'enseignement en
RDC. Même si de facto le français s'impose à ce
jour comme le seul médium à tous les niveaux de
l'éducation nationale. Ceci appelle une prise en charge
conséquente. Il est en effet question, dans ce premier chapitre, de
passer en revue les politiques linguistiques éducatives qui ont
marqué l'histoire d'un pays qui connaît l'une des situations
sociolinguistiques les plus complexes au monde.
Situer le processus d'enseignement/apprentissage du
français dans son « environnement » vaut son pesant
d'or ; c'est permettre d'évaluer les possibilités d'input et
d'output, d'appréhender le rôle des participants à ce
processus, les attitudes et motivations qui poussent à apprendre la
langue. La présentation de la situation sociolinguistique et des statuts
des locuteurs aide à saisir le discours didactique en présence,
la nature de l'input, ainsi que les stratégies d'apprentissage que les
apprenants peuvent déployer pour atteindre leur objectif qui est de se
performer, d'acquérir le savoir et savoir-faire (Housen 2002). Nous
cherchons à savoir quels sont les mécanismes que ce pays met en
place pour réguler les interactions langagières de ses citoyens.
Nous présenterons au préalable sa situation sociolinguistique
ainsi que la structure de son système d'enseignement.
I.1. La situation sociolinguistique
I.1.1. Le contexte
historico-linguistique
L'histoire retiendra que le territoire de la RDC constitue un
ensemble d'anciens royaumes et empires - organisés
« politiquement » - qui disposaient, chacun, d'une culture
et d'une langue propres à l'époque précoloniale. Les
langues étrangères s'ajoutent à ce moule à partir
du 15ème siècle. Le portugais en premier avec la
découverte de l'embouchure du fleuve Congo par Diego Cao, la langue
arabe avec l'invasion des marchands orientaux, le français et le
néerlandais avec la colonisation des Belges ayant tracé les
frontières actuelles. Environ « 212 langues » y sont
répertoriées (Nsuka-zi-Kabwiku 2003, pp. 35-36).
Sous forme d'une double diglossie langues ethniques/langues
nationales et langues nationales/français, la situation
sociolinguistique nationale s'articule autour des quatre paliers des langues
(Sesep 1987, p. 110) :
1°) Les langues dites vernaculaires qui sont les plus
nombreuses parmi les langues ethniques. Elles servent de moyen de communication
et d'identification entre les membres d'une même ethnie ou d'une
même tribu. Ces langues appartiennent généralement aux
peuplades qui occupent des espaces territoriaux plus restreints (chefferie,
secteur, commune).
2°) Les langues véhiculaires à moindre
échelle, parlées par des tribus aux populations assez nombreuses
qui partagent des frontières géographiques avec plus de deux
autres groupes ethniques, et dont la plupart sont des langues parlées
dans des districts. Quelques unes d'entre elles vont pratiquement devenir des
langues provinciales à la suite de la promulgation de la nouvelle
constitution3(*) (le 18
février 2006).
3°) Les langues véhiculaires à grande
échelle qui sont des langues de contacts interethniques,
débordant les frontières provinciales. Il s'agit de quatre
langues nationales reconnues constitutionnellement (swahili, lingala, kikongo
et tshiluba) qui découpent le pays - suivant son découpage
territorial tel que stipulé dans l'ancienne constitution - en quatre
régions linguistiques :
- la région swahiliphone (Katanga, Maniema, Nord-Kivu,
Province Orientale, Sud-Kivu),
- la région lingalaphone (Equateur, Kinshasa,
nord-ouest de la Province Orientale),
- la région kikongophone(Bandundu, Bas-Congo) et
- la région tshilubaphone (Kasaï-Occidental,
Kasaï-Oriental).
Les langues nationales sont enseignées à
l'école primaire et au niveau supérieur et universitaire
(à la faculté des lettres et dans la section de français
et linguistique africaine des Instituts supérieurs pédagogiques).
Elles se parlent couramment sur les lieux de travail (dans tous les domaines),
s'utilisent dans les médias audiovisuels (animation libre,
émission, journal, théâtre) et servent à la
traduction de certains textes officiels, notamment la constitution. Elles
véhiculent le message religieux (prédication,
évangélisation) depuis la colonisation.
4°) Le français qui est la langue officielle du
pays, médium et matière à tous les niveaux de
l'éducation nationale. Tous les textes officiels et administratifs sont
rédigés et/ou publiés en français. C'est la langue
de la religion, des médias et du multimédia. La langue
française sert de moyen de communication au-delà des
frontières linguistiques susmentionnées. Nkongolo (1997, pp.
113-114) lui attribue essentiellement des fonctions pédagogique,
médiatique, politique, administrative, diplomatique et
unificatrice4(*).
I.1.2. La place du français
face aux langues nationales
C'est par le biais de la colonisation que le français
arrive en RDC, jouissant au départ du prestige de langue du roi
Léopold II de Belgique et de la cour royale. De facto, il
devient la langue officielle de la colonie à partir de 1877 (Faïk
1979) et conserve ce statut jusqu'aujourd'hui.
Langue officielle, le français a un status (l'ensemble
des fonctions d'une langue) plus significatif (87,8 %) que celui des langues
nationales. Considérant son corpus, c'est-à-dire l'ensemble des
paramètres qui déterminent sa pratique tels que le mode
d'appropriation (acquisition et/ou apprentissage), la véhicularisation,
la vernacularisation, la production langagière, la compétence
linguistique..., il apparaît clairement que le français est moins
utilisé que les langues nationales, avec une production
langagière évaluée à 5 %. Répartie sur les
différentes régions linguistiques en présence, la
population congolaise est composée de 41% de swahiliphones, 26% de
lingalaphones, 17% de kikongophones et 16% de tshilubaphones. L'usage du
français est donc conditionné par la scolarisation (population
scolarisée à 69% avec une déperdition de plus de 75%). On
évalue le taux de scolarité complète à 24,7%
(Nyembwe et Ilunga 2005, pp. 139-143).
I.2. La législation
congolaise en matière des langues
I.2.1. Pendant la colonisation
A l'époque de l'EIC (Etat Indépendant du Congo),
les colonisateurs belges se préoccupent notamment de la nature des
interactions langagières à instaurer dans leurs rapports avec les
autochtones.
Le décret royal du 05 mai 1881 relatif à la
procédure devant le Conseil supérieur et l'ordonnance de
l'Administrateur général du 14 mai 1886 (Bayona 1987, p. 163)
officialisent le statut du français langue de l'administration et de la
justice. L'article 21 de cette ordonnance instaurait l'emploi de la langue
française dans l'instruction judiciaire et dans le débat au
tribunal et soulignait le fait que l'arrêt devait être rendu
uniquement dans cette langue (Nkongolo 1997, p. 103). Et pour juguler des
situations conflictuelles de communication au service, l'Administrateur
général de la colonie signe la circulaire du 06 août 1887
qui prescrit des termes du français dans les relations de service avec
les indigènes et les soldats. Par la circulaire signée le
1er juillet 1895, l'Administrateur général rappellera
aux fonctionnaires de l'EIC la nécessité de former des
vocabulaires des dialectes indigènes. Un mois plus tard, il revient
à la charge avec la circulaire du 06 août 1895 fixant les
règles d'orthographe de la toponymie de la colonie.
En 1906 (le 26 mai 1906), le Vatican et l'EIC signent la
convention d'inscrire les langues locales au programme en plus du
français. Mais en pratique, les langues congolaises sont plus
utilisées comme médium : les missionnaires étaient donc
convaincus de la nécessité d'enseigner en langues locales au
niveau élémentaire.
La loi sur le Gouvernement du Congo Belge promulguée le
18 octobre 1908, prône l'emploi facultatif des langues dans
l'administration publique et la justice en vue de « garantir les
droits des Belges et des Congolais ». Cette loi reconnaît le
statut de langue officielle au français et au néerlandais qui
s'inscrit ipso facto au programme de l'enseignement. Elle permet
notamment la promotion des langues congolaises que les représentants de
la métropole sont tenus d'apprendre pour résorber la
difficulté de communication avec les Congolais. C'est ainsi que les
langues congolaises de grande extension ont eu la chance d'être
« véhicularisées ». Le swahili devient la
langue d'instruction des troupes de la Force publique et ce jusqu'à la
fin de la première guerre mondiale. Le lingala s'imposera comme langue
de contact entre les officiers belges, les mercenaires africains et les soldats
autochtones au moment où les ressortissants de l'Equateur deviennent
majoritaires dans les rangs de la Force publique.
A noter qu'en 1918 et 1920, l'administration coloniale a
tenté de « conférer au lingala le statut de langue
officielle de la colonie » (Sesep 1987, p. 114). Mais
contestée de toutes parts, cette décision n'a pas
été appliquée, pour des raisons évidentes. Sur le
plan politique, cette mesure a suscité des mécontentements au
sein des communautés dont les langues aussi représentatives,
voire plus représentatives que le lingala n'avaient pas
été retenues pour ce projet. On s'est interdit de comprendre que
le lingala méritait cette reconnaissance. Il assumait déjà
la fonction de langue de la Force publique, et c'était une langue qui
avait un dictionnaire (bilingue), une grammaire, et des manuels qui lui
permettaient d'être appris en milieu scolaire.
Les langues congolaises sont plus enseignées à
l'école primaire à partir de 1918 et sont utilisées comme
médium au degré élémentaire de 1924 à 1958.
Elles servent (en 1918) de véhicule d'enseignement au secondaire pour
des élèves qui ne dépassent pas le second degré et
qui peuvent devenir moniteurs ou candidats commis, et le français pour
ceux qui s'inscrivent aux noviciats et petits séminaires. A cette
époque, le français est simplement une matière
d'enseignement. Il est officiellement le seul médium pour la section
normale à partir de 1924. Entre 1938 et 1941, le français est
retiré du programme du niveau élémentaire du primaire.
Quelques rudiments du français s'apprennent dès la
quatrième année dans les écoles de grands centres. De 1941
à 1958, le français est intensivement enseigné à
l'année préparatoire à la section moyenne. Il est ensuite
adopté comme médium et matière dès la
troisième année primaire, et les langues nationales aux deux
premières années. L'enseignement supérieur et
universitaire est assuré en français depuis la création de
la première institution (en 1948). Objets de la recherche scientifique,
les langues congolaises sont enseignées à l'université et
dans les instituts pédagogiques, aux départements des
études africaines (linguistique, cultures, lettres et civilisations).
I.2.2. Après
l'indépendance
Les actes légaux en matière de politique
linguistique sont assez timides depuis l'accession du pays à la
souveraineté nationale. Néanmoins, l'Etat congolais prend des
initiatives en organisant des réunions des scientifiques et des
politiques, mais dont les recommandations ne sont parfois pas
respectées.
A titre illustratif, on peut citer :
- les résolutions de la 3ème
conférence des responsables de l'éducation (22-26/8/1966) qui
préconisent le développement et la diffusion d'une langue locale
devant devenir l'unique langue nationale et exercer toutes les fonctions
linguistiques;
- le rapport de la 1ère session de la
commission de réforme de l'enseignement (20/2 - 1er /3/1968)
qui prône le bilinguisme franco-congolais à l'école
primaire;
- le communiqué n° 253/59 (1968) du
Département de la culture et du tourisme décidant la promotion et
la diffusion des 4 langues nationales, mais sans en indiquer les
modalités d'application;
- les résolutions du 1er congrès
ordinaire du MPR (Mouvement populaire de la révolution) (1972) qui
recommandent l'étude et l'apprentissage des langues nationales à
tous les niveaux de l'éducation nationale;
- les actes du 1er séminaire de la
Société nationale des linguistes (Lubumbashi, 22-26/5/1974) qui
suggèrent la réintégration des 4 langues nationales dans
l'enseignement;
- le constat fait au cours du 3ème
congrès ordinaire du MPR (1982) sur l'absence d'une politique en
matière d'utilisation des langues nationales;
- les actes du colloque sur l'utilisation des langues
nationales dans l'éducation et dans la vie socioculturelle (Kinshasa,
11-16/3/1985) qui font des propositions intéressantes pour
l'élaboration d'une politique linguistique appropriée, etc.
L'article 8 de la constitution élaborée en 1964
après l'accession de la RDC à l'indépendance (30 juin
1960) stipule que le français est la seule langue officielle du pays,
mais avec la possibilité, pour chacune des deux chambres du Parlement
d'adopter d'autres langues de travail parmi les langues nationales (kikongo,
lingala, swahili, tshiluba). La constitution actuelle reconnaît en son
article 1er du titre 1er (DES DISPOSITIONS GENERALES), chapitre 1er
(De l'Etat et de la Souveraineté), Section 1ère (De l'Etat) que
le français est la langue officielle de la RDC. « Ses langues
nationales sont le kikongo, le lingala, le swahili et le tshiluba. L'Etat en
assure la promotion sans discrimination. Les autres langues du pays font partie
du patrimoine culturel congolais dont l'Etat assure la
protection. »
Le Congo indépendant estime devoir compenser son
déficit des cadres scolarisés et universitaires. Il se propose
alors d'instaurer un système éducatif entièrement en
français. C'est ainsi que l'ordonnance n° 174 du 17/10/1962
décide la suppression de l'usage des langues nationales dans
l'enseignement. En effet, lorsqu'il accède à
l'indépendance, la RDC ne compte pas suffisamment de cadres. Aussi se
lance-t-elle obstinément dans un projet éducatif
accéléré et vulgarisé, où l'enseignement du
et en français est considéré comme une panacée pour
réparer ce déficit.
A la suite du 1er séminaire des linguistes
congolais (22-26/5/1974), le gouvernement réintroduit les langues
nationales comme matière à l'école primaire
(1ère, 2ème, 3ème et
4ème années) et comme médium en
1ère et 2ème années. Le
français intervient comme matière et médium à
partir de la 3ème année primaire. Ces dispositions non
officiellement abrogées apparaissent dans le programme national
d'enseignement, mais n'ont jamais été sanctionnées par un
arrêté ou une ordonnance de l'autorité publique.
Nous remarquons que la politique linguistique congolaise est
plus orientée vers le choix de la langue ou des langues d'enseignement.
On ne perçoit pas vraiment le désir d'un aménagement
linguistique devant mettre en place des infrastructures de normalisation et de
standardisation des langues locales et gérer véritablement les
interactions langagières dans la vie socioculturelle, en tenant compte
de la réalité complexe qui détermine la situation
sociolinguistique du pays.
I.3. Le système
éducatif congolais
I.3.1. Sa genèse
La volonté de former des
« indigènes » capables de véhiculer le
message de l'évangile est à la base de premières actions
éducatives de la colonisation belge. « La formation des
catéchistes consistait à leur apprendre à lire et à
écrire dans leur langue » (Nzeza 1987, p. 19). Par contre, on
peut considérer que l'école commence à fonctionner au
Congo lorsque les colonisateurs créent vers 1892 des colonies scolaires
destinées à accueillir des orphelins et autres enfants
abandonnés. L'organisation scolaire était alors régie par
des Conventions avec l' Eglise Catholique datant de 1906, 1924/1929, 1938 et
1947 avec une adaptation en 1954, qui stipulaient avec précision le
programme à suivre. Le but de l'enseignement était, dans ses
débuts du moins, la médiation des connaissances religieuses.
Le système d'éducation était
entièrement géré par des missionnaires chrétiens
jusqu'aux années cinquante. Même les rares écoles
créées par l'Etat (Colonies scolaires, Groupes Scolaires) ou par
certaines compagnies étaient, pour leur organisation effective,
confiées aux missionnaires catholiques ou protestants. Ce système
comprenait de petites écoles (2 années primaires) fonctionnant en
réseau sous le label de « chapelles-écoles ».
Le taux de scolarisation était très élevé dans ces
établissements qui sont devenus des écoles rurales à
partir de 1930.
L'enseignement post-primaire était limité aux
écoles de formation de moniteurs, d'auxiliaires de l'administration et
aux écoles professionnelles, toutes de degré inférieur (3
ou 4 années post-primaires). Les quelques petits séminaires
préparatoires aux cycles de formation des candidats au sacerdoce
catholique y faisaient exception. Plusieurs instituts de type d'enseignement
secondaire de 6 ans sont créés entre 1945 et 1950. C'est en 1954
que les premières écoles non confessionnelles sont ouvertes aux
noirs.
A la même année (1954), la première
université (l'Université Lovanium, aujourd'hui Université
de Kinshasa, UNIKIN) voit le jour, alors que la première institution de
l'enseignement supérieur était créée en 1948.
La ruralisation du système éducatif du Congo
s'affiche depuis l'époque coloniale. Elle serait une conséquence
de la prise en charge de ce secteur par des missionnaires appartenant en
majorité à la classe ouvrière, paysanne et moyenne de leur
pays d'origine et dont les « ambitions personnelles étaient
très limitées, parfois estompées » (Vinck 2001).
Ils ne pouvaient donc que léguer ce qu'ils possédaient. Cette
caractéristique d'un enseignement tourné particulièrement
vers le monde rural se manifeste encore à ce jour à travers les
contenus des manuels scolaires dont les thèmes de prédilection
sont : la chasse, la pêche, l'agriculture, la vie de campagne...
Parallèlement à l'enseignement classique, le
Congo a connu l'alphabétisation, assurée à l'époque
coloniale par des religieux (catholiques et protestants) et visant
l'apprentissage de l'écriture et de la lecture en langue locale en vue
de l'utilisation de la bible. A l'indépendance, cette mission est prise
en charge par des particuliers qui aident les analphabètes à
parler français, mais sans programme ni méthodologies
appropriées. Ce mode d'apprentissage a en fait échoué.
A la suite de la conférence mondiale des ministres de
l'Education nationale (Unesco, septembre 1965), le gouvernement s'est
engagé à assurer l'alphabétisation de la population
inculte au travers de la Direction de l'alphabétisation et de
l'éducation des adultes. Cette direction avait reçu entre autres
missions l'élaboration d'un nouveau concept d'alphabétisation
fonctionnelle afin de donner à la masse laborieuse des moyens de
participer au développement socioéconomique du pays.
L'alphabétisation ainsi souhaitée se fait
principalement en langues nationales. Ses acteurs sont formés
d'après un programme arrêté par le gouvernement qui a
dû créer des matériels didactiques à cet effet
(Tshingambu 1987, pp. 91-92).
Des manuels des notions élémentaires de calcul,
d'écriture, de grammaire en langues nationales ont été
rédigés et publiés.
Exemples : Lecture et santé,
Initiation au français, Naissances désirables,
Lecture et soins familiaux, Economie domestique, Culture
maraîchère, Méthode de calcul pour adultes,
Cahier de calcul pour auditeur, Histoire du Zaïre,
Notion sur la technologie, etc.
I.3.2. Sa structure
Le système éducatif congolais est placé
sous la direction de deux départements ministériels : le
ministère de l'enseignement primaire, secondaire et professionnel (EPSP)
et le ministère de l'enseignement supérieur et universitaire
(ESU). Au sein de l'EPSP, fonctionnent deux services clés : la
commission nationale de réforme et la direction des programmes scolaires
et matériels didactiques dans laquelle le centre de recherche et de
diffusion de l'information joue un rôle prépondérant pour
la diffusion des documents scolaires.
L'éducation nationale - c'est-à-dire la fusion
des ministères de l'enseignement primaire, secondaire et professionnel
et de l'enseignement supérieur et universitaire - est régie par
la loi-cadre n° 86-005 du 22 septembre 1986 qui met fin, dans ce domaine,
à une réglementation incomplète et éparse datant de
l'époque coloniale et maintes fois amandée après
l'indépendance.
La loi-cadre définit l'objet et la finalité de
l'enseignement, ses structures, formes et finalités spécifiques,
ainsi que les droits et devoirs de l'Etat, du personnel enseignant, des
parents, des étudiants et élèves. Elle fixe les conditions
de création et d'agrément des établissements
d'enseignement, les modalités de leur fonctionnement, mais
également les compétences en matière d'organisation et de
gestion. Aux termes de cette loi-cadre, l'Etat exerce sa souveraineté
sur les établissements tout en ayant l'obligation d'assurer
l'éducation de la jeunesse et des adultes. Principalement,
l'enseignement congolais, dans un cadre de laïcité
consacrée, vise à la formation harmonieuse du citoyen
responsable, utile à lui-même et à la
société, capable de promouvoir le développement du pays et
la culture nationale. La structure du système éducatif congolais
se présente comme suit :
Ø Enseignement maternel (facultatif à partir de
trois ans) : organisé en un cycle de trois ans
d'études ;
Ø Enseignement primaire (à partir de six
ans) : organisé en trois cycles de deux ans chacun
(élémentaire, moyen et terminal) et dont l'accomplissement est
sanctionné par l'obtention d'un certificat d'études
primaires ;
Ø Enseignement secondaire (à partir de douze
ans) : comprend
- des écoles d'arts et métiers (trois ans
d'études) délivrant à la fin des études un
brevet;
- des écoles normales (quatre ans ou six ans
d'études) délivrant un brevet (pour quatre ans) ou le
diplôme d'Etat (pour six ans) ;
- des écoles professionnelles (cinq ans
d'études) délivrant un brevet ;
- des humanités générales et techniques
(six ans d'études) délivrant le diplôme d'Etat;
Ø Enseignement supérieur : organisé
en deux cycles (graduat, trois ans d'études, et licence, deux ans),
comprend
- des instituts supérieurs techniques qui forment
des ingénieurs techniciens;
- des instituts supérieurs pédagogiques qui
forment des enseignants du secondaire ;
Ø Enseignement universitaire : organisé en
trois cycles (graduat, trois ans d'études, licence, deux ans, et
doctorat) formant des cadres professionnels, des chercheurs et des professeurs
à thèse.
Le conseil de gestion d'un établissement d'enseignement
maternel, primaire et secondaire est composé d'un chef
d'établissement (directeur ou préfet), d'un conseiller
pédagogique, d'un directeur de discipline, d'un représentant des
enseignants et d'un représentant des parents. Le comité de
gestion d'un établissement d'enseignement supérieur et
universitaire est constitué du directeur général (de
l'Institut supérieur) ou du recteur (de l'Université), du
secrétaire général académique, du secrétaire
général administratif et de l'administrateur du budget.
Un corps d'inspecteurs affecté à chaque niveau
assure, au nom de l'Etat, le contrôle pédagogique, administratif,
financier et hygiénique (et/ou sanitaire) des établissements
publics ou privés d'enseignement. A noter que le contrôle
pédagogique dont il est question porte sur les programmes, les
méthodes d'enseignement et d'évaluation ainsi que sur la valeur
pédagogique du personnel enseignant.
Qui est alors habilité à exercer les fonctions
d'enseignant dans ce système ? La mission de former les enseignants
est confiée aux Instituts supérieurs pédagogiques et
à l'Université pédagogique nationale (UPN). Les candidats
qui terminent leurs études dans ces institutions sont qualifiés,
selon leur domaine, pour enseigner au cycle inférieur du secondaire
(deux premières années), pour ceux qui ont fait le graduat. Ceux
qui font la licence enseignent au cycle long (toutes les classes du
secondaire). La section pédagogique du secondaire (6 ans) forme des
candidats à l'enseignement de l'école primaire après avoir
obtenu leur diplôme d'Etat. Mais aujourd'hui, ces candidats sont peu
nombreux du fait que ceux qui terminent ont l'ambition de parfaire les
études supérieures et universitaires. Les quelques candidats qui
se recrutent dans ce secteur, le font parce qu'ils ne sont pas à mesure
de continuer les études, faute de moyens, ou qu'ils veulent trouver les
moyens de se payer ces études. La performance, ou simplement la
compétence faisant défaut, l'on assiste en conséquence
à la baisse du niveau et de la qualité de l'enseignement.
I.4. Les programmes d'enseignement
à travers l'histoire
I.4.1. A l'époque
coloniale
Le « Projet d'organisation de l'enseignement libre
au Congo Belge avec le concours des Sociétés de missions
nationales » de 1925, envisage l'enseignement fondamentale en langue
locale d'après la hiérarchisation des langues
réalisée dans le Rapport Phelps Stockes Found en 1921 :
« La première langue de l'enseignement doit être le
dialecte de la tribu, la deuxième une langue intertribale et la
troisième le français. » Sans difficulté, les 4
grandes langues véhiculaires, intertribales (kikongo, lingala, swahili
et Tshiluba), déclarées par la Commission Franck (1922),
s'imposent à cet effet. L'on a également utilisé des
langues ethniques dont la population locutrice nombreuse justifiait
l'impression des manuels et la formation d'un personnel enseignant. C'est le
cas des langues ci-après : azande, kibemba, kilenda, kinande, kilunda,
kiyombe, lomongo, mashi, otetela, etc. Cette disposition concernait
également les écoles spéciales des moniteurs, des
candidats-commis et autres écoles professionnelles. Le Projet (1925)
précise en effet que « c'est autant que possible dans leur
langue qu'il faut enseigner aux indigènes si l'on veut que
l'enseignement porte des fruits ». Sachant que
« l'enseignement en langue européenne se heurterait à
des objections sérieuses d'ordre pédagogique ».
Tableau 1 : Programme de 1925 : cours de langues par
degré d'études
|
MEDIUM
|
MATIERE
|
Langue
ethnique
|
Langue nationale
|
Français
|
Langue ethnique
|
Langue
nationale
|
Français
|
1er degré du primaire (1ère
et 2ème)
|
- ou +
|
+ ou -
|
-
|
-
|
+
|
-
|
2ème degré (3ème,
4ème et 5ème)
|
-
|
+
|
-
|
-
|
+
|
+
|
Ecole de candidats-commis (3 ans)
|
-
|
+
|
-
|
-
|
+
|
+
|
Ecole de moniteurs (3 ans)
|
-
|
+
|
-
|
-
|
+
|
+
|
Ecole professionnelle (3 ans)
|
-
|
+
|
-
|
-
|
+
|
+
|
N.B. : « - ou + » signifie que la langue
ethnique ne peut être medium que si elle possède une population
locutrice importante. Sinon, c'est la langue intertribale qui doit être
utilisée. Et si la langue ethnique est medium, dans ce cas, la langue
nationale ne servira pas de langue d'enseignement (+ ou -).
Le programme de 1938 s'inspire de la
même philosophie. Il préconise l'emploi des langues locales en
fonction des besoins de la colonie et de l'évolution des
mentalités. Le français est dès lors inscrit comme
matière à partir de la 3ème année
primaire et adopté comme médium à l'école moyenne
dont le cursus est de 3 ans post primaire.
Tableau 2 : Programme de 1938 : cours de langues par
niveau d'études
|
MEDIUM
|
MATIERE
|
Langue
ethnique
|
Langue
nationale
|
Français
|
Langue
ethnique
|
Langue
nationale
|
Français
|
1er degré du primaire (1ère
et 2ème)
|
- ou +
|
+ ou -
|
-
|
-
|
+
|
-
|
2ème degré (3ème,
4ème et 5ème)
|
- ou +
|
+ ou -
|
-
|
-
|
+
|
+
|
Ecole moyenne (3 ans)
|
-
|
-
|
+
|
-
|
+
|
+
|
Ecole normale (3 ans)
|
- ou +
|
+ ou -
|
-
|
-
|
+
|
+
|
Ecole professionnelle (3 ans)
|
-
|
+
|
-
|
-
|
+
|
+
|
Ecole ménagère
|
- ou +
|
+ ou -
|
-
|
-
|
+
|
-
|
N.B. : Les deux programmes de 1925 et 1938
prévoient d'enseigner en langue maternelle, mais n'admettent pas
l'enseignement de ces langues, sauf si c'est une des langues intertribales.
Les programmes d'enseignement diffusés reflètent
les politiques linguistiques éducatives de l'époque coloniale. Le
principe directeur qui oriente cette disposition apparaît clairement dans
le programme de 1948 :
« En ce qui concerne l'enseignement pour
indigènes, la Belgique se défend de manifester des tendances
étroitement assimilatrices. Elle veut créer une civilisation
africaine empruntant ses éléments aussi bien à la
civilisation occidentale qu'à la culture négro-africaine.»
(Encyclopédie du Congo Belge, p.752).
Le programme de 1948, dénommé
« Organisation de l'enseignement libre subsidié pour
indigènes avec le concours des sociétés de missions
chrétiennes », s'assigne les objectifs ci-après :
- amélioration de l'enseignement primaire;
- développement de l'enseignement secondaire et
- création de l'enseignement supérieur.
L'enseignement au degré élémentaire de
l'école primaire (de la 1ère à la
3ème année) se fait à la suite de ce programme
en langue locale. Le français est matière à partir de la
4ème année du 2ème degré
ordinaire ou sélectionné (4ème,
5ème, et 6ème années) et
médium à partir de la 4ème année du
2ème degré sélectionné. Le
néerlandais est admis comme matière à la division latine
et moderne de l'école secondaire en 4ème,
5ème et 6ème années.
Tableau 3 : Programme de 1948 : cours de langues par
degré d'études
|
MEDIUM
|
MATIERE
|
Langue
ethnique
|
Langue
nationale
|
Français
|
Néerlandais
|
Langue
nationale
|
Français
|
1er degree du primaire (1ère -
3ème)
|
- ou +
|
+ ou -
|
-
|
-
|
+
|
-
|
2ème degré ordinaire
(4ème - 6ème )
|
- ou +
|
+ ou -
|
-
|
-
|
+
|
+
|
2ème degree sélectionné
(4ème- 6ème)
|
-
|
+
|
+
|
-
|
+
|
+
|
Ecole secondaire des moniteurs (4 ans)
|
-
|
+
|
-
|
-
|
+
|
+
|
Ecole moyenne (4 ans)
|
-
|
-
|
+
|
-
|
+
|
+
|
Ecole secondaire, division latine
et moderne (1ère - 3ème)
|
-
|
-
|
+
|
-
|
+
|
+
|
Ecole secondaire, division latine
et moderne (4ème - 6ème)
|
-
|
-
|
+
|
+
|
+
|
+
|
N.B. : - Ayant acquis le statut officiel, le
néerlandais est inscrit comme matière à l'Ecole
secondaire, division latine et moderne où il s'enseigne de la
quatrième à la sixième année.
- Il y a bilinguisme langue locale - français au
deuxième degré sélectionné du primaire.
Le « Programme métropolitain » de
1958 garde le même système au primaire et fait fonctionner
l'école secondaire avec le programme de la Belgique où le
français est seul médium et matière d`enseignement.
I.4.2. Après
l'indépendance
Le programme de 1963 est conçu sous l'impulsion de
l'ordonnance n° 174 du 17/101962. Il supprime les langues congolaises dans
le système éducatif. Par conséquent, le français
devait être la seule langue de l'enseignement.
Le programme de 1974 décide dans le cadre du
« recours à l'authenticité » la
réintroduction des langues nationales dans l'enseignement. Elles sont
médium aux degrés élémentaire et moyen du primaire
(1ère, 2ème, 3ème et
4ème années) et matière jusqu'en terminal. Le
français est matière à partir de la 1ère
année primaire et médium à partir du degré terminal
(5ème année primaire). Ce programme crée le
cycle d'orientation et intègre l'anglais en tant que langue
étrangère obligatoire à partir de la
3ème année secondaire.
Tableau 4 : Programme de 1974 : cours de langues par
degré d'études
|
MEDIUM
|
MATIERE
|
Langue
ethnique
|
Langue
nationale
|
Français
|
Anglais
|
Langue
nationale
|
Français
|
1er et 2ème degrés du
primaire (4 ans)
|
-
|
+
|
-
|
-
|
+
|
+
|
Degré terminal du primaire
(5ème - 6èmé)
|
-
|
+
|
-
|
-
|
+
|
+
|
Cycle d'orientation
(1ére et 2ème secondaire)
|
-
|
+
|
-
|
-
|
+
|
+
|
Secondaire cycle long (3ème -
6ème)
|
-
|
+
|
-
|
+
|
+
|
+
|
Le programme de 1980 résulte de la
décision du Bureau politique du MPR Parti-Etat. Il prévoit le
cours de langues nationales jusqu'en 1ère année
secondaire et supprime le cycle d'orientation.
Tableau 5 : Programme de 1984 : cours de langues par
degré d'études
|
MEDIUM
|
MATIERE
|
Langue
ethnique
|
Langue
nationale
|
Français
|
Anglais
|
Langue
nationale
|
Français
|
Ecole maternelle
|
-
|
+
|
-
|
-
|
+
|
-
|
1er et 2ème degré du
primaire
|
-
|
+
|
+
|
-
|
+
|
+
|
Degré terminal du primaire
|
-
|
+
|
-
|
-
|
+
|
+
|
Secondaire (1ère)
|
-
|
+
|
+
|
-
|
+
|
+
|
Secondaire (2ème - 6ème)
|
-
|
-
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Ecole professionnelle
|
-
|
-
|
+
|
-
|
+
|
+
|
Ecole d'arts et métiers
|
-
|
+
|
-
|
-
|
+
|
+
|
N.B. : Certaines écoles de grands centres
urbains proposent des cours d'anglais à partir de la première
année secondaire, parfois au degré terminal du primaire.
Le programme de 1984 se limite à sa phase
expérimentale. Il intensifie l'étude des langues nationales qui
s'enseignent du primaire au secondaire. Celles-ci sont médium à
tous les niveaux du primaire et à l'école secondaire des arts et
métiers au cursus de 2 ans. Ce programme envisage en l'enseignement des
langues nationales jusqu'au niveau supérieur et universitaire.
Le programme de 2000 n'est que l'ombre du programme de 1980,
mais apporte quelques modifications sur le nombre des cours de langue locale et
de français par semaine dans les classes respectives où ils sont
prévus, et préconise l'enseignement en langue locale (langue du
milieu) au degré élémentaire du primaire
(1ère et 2ème années). Mais sur
terrain, sauf dans quelques écoles rurales, cette instruction officielle
n'est pas strictement respectée. Le français s'impose et
certaines écoles privées enseigne l'anglais dès
l'école primaire; certaines autres à partir de la
1ère année secondaire.
Le programme de 2000 prévoit 5h/semaine d'enseignement
des langues nationales en première et deuxième années
primaires, 3h/semaine en troisième et quatrième années,
2h/semaine en cinquième et sixième, soit 20 heures par semaine
contre 39 heures par semaine de français.
En définitive, nous constatons qu'après
l'indépendance le législateur tâtonne dans son action de
politique linguistique éducative. Beaucoup plus parce qu'il n'en dispose
pas de moyens conséquents de mise en application. Il ne sait pas assurer
une large diffusion des programmes mis en oeuvre à travers tout le
territoire national. En conséquence, l'enseignement se fait à
certains endroits sans directives pédagogiques recommandées par
l'autorité. La qualité ne tiendra pas d'être
entamée, et l'on vit d'ores et déjà une déperdition
scolaire croissante.
CHAPITRE II : L'APPRENTISSAGE
DU FRANÇAIS PAR LES MANUELS SCOLAIRES
CONGOLAIS
Après que le premier chapitre a situé le
contexte dans lequel se réalise le projet de
l'enseignement/apprentissage du français, nous présentons dans ce
deuxième chapitre les ressources dont se servent les opérateurs
de cette action pour construire véritablement le savoir
recherché. L'exposé quasi historique du premier chapitre nous est
nécessaire, car on ne peut pas parler du mode d'appropriation d'une
langue sans faire référence aux
« situations », aux « contextes »
d'apprentissage qu'il implique (Véronique 1997, p. 97 et Narcy-Combes
2005, p. 73).
Nous parlerons ici du processus d'apprentissage de la langue
française à travers l'analyse de deux manuels scolaires. A partir
de cette analyse, nous devrions sonder la quantité et la qualité
des activités d'apprentissage, mais aussi des faits linguistiques
consignés dans ces manuels. Sans glisser dans un verbiage
théorique, nous expliquerons d'abord ce que nous entendons par
« apprentissage », ensuite nous présenterons le
corpus de notre étude et enfin nous procéderons à
l'analyse des manuels selon la grille de l'ONL (Observatoire national de
lecture (Germain et al. 2003) et en recourant parfois aux principes de
didactique analytique (Mackey 1972).
II.1. Le processus d'apprentissage
et ses corollaires
Lui donnant formation et instruction comme
synonymes, Le Petit Robert définit l'apprentissage comme
« Le fait d'apprendre un métier manuel ou technique ;
l'ensemble des activités de l'apprenti ». Il ajoute à
ce sens courant celui de la psychologie : « Modifications
durables du comportement du sujet [...] grâce à des
expériences répétées. [...] Processus d'acquisition
des automatismes sensorimoteurs et psychiques. » Trois expressions
(« activités d'apprenti »,
« expériences répétées » et
« automatismes ») retiennent ici notre attention. Elles
constituent en soi le cycle de l'apprentissage au sens que lui donnent les
didacticiens.
Au-delà de ce qu'avait fait Gaonac'h (1988) en
psychologie, Véronique (1997) propose la synthèse de la
considération didacticienne de ce concept (Erlich 1975, Galisson et
Coste 1976, Holec 1980, Krashen 1981, Meirieu 1987, Bange 1992) ; il
souligne : « La didactique aborde le domaine de l'appropriation
des L2 [langues secondes] en accordant plus d'importance aux visées de
l'apprenant, aux modalités d'apprentissage et aux effets des
activités pédagogiques [...] » (Véronique
1997, p. 95).
Nous retenons de cette compilation théorique la
remarque de Meirieu (1987) qui estime que la situation d'apprentissage suppose
l'appui sur une capacité pour permettre l'acquisition d'une
compétence, ou sur une compétence pour permettre l'acquisition
d'une capacité. La réciprocité de reproduction entre
capacité et compétence - l'une pouvant engendrer l'autre, et
vice-versa - que l'auteur met en exergue est un indice d'interactivité.
L'acte d'apprentissage est bien sûr centré sur l'apprenant, mais
celui-ci doit décliner à l'intention de l'enseignant ses besoins,
ses intérêts, ses problèmes psychologiques, ses
stratégies. Conscient de ces aspects particularisants, l'enseignant peut
alors lui proposer des activités rentables pour son fonctionnement
intentionnel, avec « la mise en évidence de
l'input » (Narcy-Combes 2005, p. 48).
A la suite de Holec, Véronique (1997) note que le
processus d'apprentissage implique « la détermination des
objectifs, la définition des contenus et des progressions, la
sélection des méthodes et des techniques, le contrôle du
déroulement de l'acquisition et son évaluation ». Ce
postulat montre en effet qu'il n'est pas possible de parler d'apprentissage
tant que certains préalables qui doivent concourir à
l'aboutissement de l'activité, ne se sont pas encore posés.
Housen (2002) propose une typologie qui nous pousse à
réfléchir sur la forme de l'enseignement/apprentissage du
français qui s'adapterait au contexte congolais. Nous avons vu que dans
la situation sociolinguistique du Congo-Kinshasa, le français n'est pas
statutairement une langue étrangère. Ce qui veut dire que ceux
des Congolais qui ont accès à cette langue, en découvrent
des occasions d'exposition multiples. Est-il alors possible d'envisager un type
d'apprentissage du français et laisser tomber l'autre dans un tel
contexte ? La réponse viendrait de Narcy-Combes (2005, p.43) qui
écrit : « La compréhension des processus de
traitement langagier en ce qui concerne L2 sera donc très utile pour
déterminer un positionnement didactique. »
Au plan de l'enseignement, le français sert de moyen de
transmission des matières scolaires et assume dans cette situation la
fonction de « moyen de communication ». Mais son
enseignement/apprentissage ne peut pas le considérer comme un objet
d'étude subsidiaire. On ne peut pas non plus concevoir, par ailleurs,
que l'enseignement/apprentissage du français vise « le
développement de la fluidité » et
« l'efficacité de la communication » sans impliquer
le caractère approprié de la structure et la complexité de
cette langue. Il n'y a donc qu'une intervention didactique qui peut
améliorer cette « situation de dysfonctionnement
engendrée par un déficit d'information »
(Véronique 1997, p. 96).
L'enseignement/apprentissage devrait être dans ce cas un
continuum de méthodes. Adopter le « focus-on-form
teaching » de Long (1991), dans des classes où l'on ferait
coïncider l'approche linguistique et l'approche communicative, ne
résoudrait pas facilement le problème. Nous optons donc pour un
processus qui partirait d'une approche communicative (ou des approches
communicatives), avec des méthodes adéquates, pour glisser,
à un certain moment du cursus et après évaluation, vers
une approche linguistique qui focalise des efforts sur les formes et les
fonctions de la langue. On apprendrait la langue avec des méthodes de
FLE dans la première étape (à l'école primaire), et
puis on adopterait des méthodes qui ressembleraient à celles de
FLM (Chiss et al. 2005) dans la seconde (à l'école secondaire),
avec des activités d'apprentissage plus profondes (de grammaire, de
registre, de style, de lexique...). Le focus-on-form teaching pourrait
alors intervenir au niveau supérieur et universitaire si
l'évaluation à la fin du secondaire révèle des
insuffisances. Car devenus adultes et après avoir suivi deux cursus de
formation avec des curricula complémentaires, les apprenants seraient
alors capables de combiner les activités linguistiques et
métalinguistiques.
Voilà de quelle façon nous concevons la
didactique du français langue seconde, à la fois
« curriculaire » et
« extra-curriculaire » (Housen 2002). C'est-à-dire
que dans un tel contexte, des dispositions doivent être prises de telle
sorte que les apprenants se retrouvent en apprentissage aussi bien à
l'école qu'en dehors de l'école. Porquier et Vivès (1993)
parlent « d'apprentissage mixte », où toute
situation de communication (avec ses camarades ou ses responsables
éducatifs) devient source « d'interactions
didactiques » (Bange 1992) dont le but est de créer des
conditions propices à l'acquisition. Nous arrivons donc à la
conclusion de Housen qui est de dire qu'il « est imprudent de fonder
des modèles d'apprentissage (guidé) sur des descriptions d'un
éventail limité de contextes d'apprentissage ». Le plus
important c'est de placer les apprenants dans des conditions qui favorisent la
mise en oeuvre de leurs « fonctions psychiques
supérieurs » (Vygotski 1985), caractéristiques qui
influent efficacement sur l'apprentissage : la volonté, la
motivation, l'attention, l'aptitude, la mémoire... qui sont susceptibles
de créer un développement cognitif.
En outre, nous estimons qu'on ne doit pas vouloir une chose et
son contraire. Si l'on a adopté une langue étrangère comme
langue officielle, il faut s'employer pour que son apprentissage et son usage
soient efficients. Ce qui veut dire qu'il faut encourager des attitudes
positives vis-à-vis de cette langue, mais également de sa
culture, tolérer la manière dont cette langue, et pourquoi pas
son locuteur natif, conçoit le monde ainsi que l'activité
humaine. Ce positionnement n'est pas un fait d'aliénation. Car il n'est
pas question ici de réfuter l'apprentissage de sa propre langue, ni de
sa propre culture. Voilà pourquoi, dans pareil contexte, l'adoption
d'une approche contrastive s'avérerait bénéfique pour
l'éclosion de la « compétence
interculturelle » (Byram Gribkova et Starkey 2002).
En complément au processus d'enseignement qui
relève de l'entité enseignante, le processus d'apprentissage
d'une langue caractérise l'activité de l'élève qui
est appelé à user de stratégies, entendons des
opérations didactiques qui puissent lui permettre d'atteindre les
objectifs qu'il poursuit. Pour l'accomplissement de cette tâche, le
milieu scolaire qui est un cadre d'apprentissage guidé, oblige le
fonctionnement en interconnexion de ces deux processus. Une gestion
concertée des méthodes s'impose et demande à chacun de
mobiliser ses ressources en vue d'une action à forte valeur
ajoutée, comme disent les économistes. Aucun partenaire
n'accepterait l'échec d'une entreprise pour laquelle il a consenti des
sacrifices. Cette métaphore résume le sens de l'engagement qui
doit être celui des acteurs de l'enseignement/apprentissage de langue.
Dès lors qu'un individu mobilise de l'énergie
pour acquérir des connaissances, développer certaines aptitudes
et maîtriser certaines habilités, il déclenche un processus
d'apprentissage. Il met en place des mécanismes (stratégies) de
construction du savoir parce qu'il en a l'intérêt. En milieu
scolaire, l'apprenant est aidé dans son processus d'apprentissage par
l'enseignant qui, lui-même, incarne une duplicité de
rôle ; il travaille également au nom d'une institution. Les
deux actants (apprenant et enseignant) ont en commun l'objet de leur action (la
méthode), mais chacun s'en sert après avoir pris l'initiative des
opérations didactiques particulières.
La figure ci-après synthétise notre
considération du processus d'apprentissage en milieu scolaire. Il s'agit
d'une interrelation tripartite que nous retenons de Vygotski (cité par
Amigues et Zerbato-Poudou 1996) selon qui l'apprentissage subordonne tout
« développement cognitif », pendant que les
processus dont il dépend relèvent d'une analyse ternaire des
relations « individu-tâche-alter » au cours
d'interactions de « guidage ». L'apprenant qui s'est
conforté dans son rôle de centre de toute méthode
d'enseignement/apprentissage de langues, se place en tête de la
démarche parce que c'est effectivement lui qui est le
responsable5(*) de ce
processus. En tant que dépositaire du savoir (des activités, des
connaissances), la méthode se situe au centre du processus. L'enseignant
(négociateur, évaluateur, guide, tuteur...) se retrouve en bas,
non pas parce ses fonctions se restreignent, mais parce que c'est sur lui que
le processus repose. Dans son rôle de médiateur, il oriente
l'appropriation des connaissances parce qu'il doit en détenir la
compétence, il est le fondement (le porte-étendard, le
modèle) ; il peut proposer des stratégies parce qu'il en a
l'expérience. Enseigner c'est aussi montrer le savoir à
apprendre.
Figure 1 : Interconnexion constructive du processus
d'apprentissage
APPRENANT
Interactions didactiques
METHODE
Opérations
didactiques
apprenantes
Opérations
didactiques
enseignantes
Evaluation et autoévaluation
ENSEIGNANT
L'action de l'apprenant et celle de l'enseignant se
présentent comme suit. L'apprenant prend conscience de ses objectifs
qu'il fait savoir à l'enseignant par les opérations didactiques
qu'il effectue, en révélant dans la mesure du possible ses
fonctions psychiques supérieures. Son ambition est de payer le prix de
la performance. Il restera dès lors vigilant aux signaux que
l'enseignant lui renverra, quelle que soit leur nature.
Après qu'il a reçu les informations concernant
les objectifs, les aptitudes, les capacités, la motivation... de
l'apprenant, l'enseignant fait la « sélection » des
connaissances à enseigner (Mackey 1972, p. 218), met en place, au moyen
des opérations didactiques en sa possession, des
« progressions6(*) » (Cicurel 2000 et Borg 2000) à
même de produire le développement cognitif de l'apprenant, car
enseigner c'est aussi montrer quel est le savoir à apprendre.
« L'autonomisation de l'apprenant »
(Véronique 1997, 95) devient réalité lorsque ce dernier
est à mesure d'appréhender les opérations didactiques de
l'enseignant, ses stratégies d'enseignement. Dans ce cas, il a la
possibilité de réorienter ses propres stratégies
d'apprentissage pour les adapter aux conditions nouvelles du processus et ainsi
maintenir la stabilité de sa dynamique. Son sens de jugement lui permet
dès lors d'observer l'expérience de l'enseignant, d'identifier
les bonnes et les mauvaises pratiques, et réagir contre les
expériences négatives afin d'en sortir indemne. Aussi peut-il,
à son tour, procéder à la sélection de la
sélection.
La méthode sert de tremplin à l'un et à
l'autre. C'est en effet sur la méthode que les actants dans le processus
d'enseignement/apprentissage exercent et appliquent leurs opérations
didactiques respectives. C'est au travers de la méthode que les
interactions didactiques se réalisent, et l'évaluation et/ou
l'autoévaluation détermineront à quelle proportion et de
quelle manière sont atteints les objectifs d'apprentissage.
Apprenant et enseignant doivent donc estimer les
compétences (savoirs et savoir-faire) mises en place.
Particulièrement dans ces conditions, l'apprenant peut finalement savoir
ce qu'il est « capable de faire dans les langues [la langue] qu'il
connaît ou qu'il étudie » (Debyser 2001, p. 11).
II.2. Les méthodes
d'analyse des manuels
Nous interdisant de nous fier aux apparences que
reflète le secteur d'enseignement congolais, qu'elles soient positives
ou négatives, nous recourons à la technique d'analyse de contenu
qui nous permet de scruter profondément l'objet réel de notre
étude. En effet, les échecs et la déperdition scolaires
nous semblent d'autant plus familiers en RDC que porter un jugement de valeur
à ce sujet sans faire usage d'un outil d'appréciation sûr
nous ferait tomber dans le piège de la « compréhension
spontanée ». Ainsi à la suite de Laurence Bardin
(2001), il est question, pour nous, de « démasquer l'axiologie
sous-jacente à des manuels scolaires », en notant qu'il s'agit
ici d'un cas de « communication duelle », donc du
« dialogue », et ceci dans le but de relever des
données fiables pour une déduction logique non hasardeuse.
« L'analyste a à sa disposition (ou
crée) tout un jeu d'opérations analytiques, plus ou moins
adaptées à la nature du matériau et au problème
qu'il cherche à résoudre. Il peut en utiliser une ou bien
plusieurs en complémentarité pour enrichir les résultats
ou accroître leur validité, et ainsi prétendre à une
interprétation finale fondée. Toute analyse objective a pour
souci d'étayer des impressions, des jugements intuitifs par des
opérations conduisant à des résultats fiables. »
(Bardin : 2001, p. 45).
II.2.1. Présentation du
corpus
Le souci de mesurer le début d'une formation justifie
pourquoi nous avons opté de travailler sur l'enseignement fondamental
qui est un moment crucial du projet éducatif de l'être humain.
Nous ne voudrions pas revenir ici sur le débat qui oppose les
psychologues au sujet de l'âge idéal pour l'apprentissage de L2.
Toujours est-il - et c'est là qu'un consensus peut être
relevé - que les « structures cognitives » qui
déterminent l'appropriation d'une langue (maternelle ou
étrangère) se développent pendant l'enfance (Giacobbe
1992). L'auteur présente à cet effet les points de vue de Klein,
Gaonac'h, Bruner... Le fait de dire, à la manière des
constructivistes, que dans le procès d'appropriation linguistique les
compétences métacognitives ont la primauté sur les
compétences cognitives ne va pas en contradiction avec cette
considération (Houdé 1992). L'enfant est de ce fait
disposé à apprendre une langue étrangère à
l'âge où il entame sa scolarisation. Aucun paramètre
(physique, physiologique, psychique ou psychologique) ne limite ses moyens de
réussite - si ce n'est un handicap révélé -
dès lors qu'il est placé dans des situations d'apprentissage
favorables. C'est tout l'intérêt du présent travail.
Nous avons choisi d'analyser deux manuels scolaires
utilisés dans l'enseignement primaire en République
démocratique du Congo. Nous souhaitions pouvoir étudier les
manuels de l'ensemble du cursus, mais l'abondance des matières à
traiter a décidé à l'encontre de notre désir,
compte tenu du temps que nous avons eu pour finaliser le présent
travail. Aussi l'entrance et le dénouement (pour ne pas dire le terme)
du cursus nous sont-ils apparus susceptibles de refléter l'image ou la
représentation des méthodes adoptées pour
l'enseignement/apprentissage du français dans le contexte congolais.
Notre corpus est donc constitué des manuels utilisés dans les
classes de première et sixième années primaires.
II.2.1.1. Le français en première année.
Livre de lecture
Le manuel de première année primaire est
l'oeuvre d'auteurs étrangers : Pierre Vanstraelen et Henri
Combelles (tous deux Belges). Nous avons analysé sa troisième
édition révisée, publié aux éditions de la
CEEC à Kinshasa et distribuée exclusivement par Médiaspaul
(une librairie du réseau catholique). La première édition
était publiée chez Hatier en 1988. Il est composé d'un
livre du maître et d'un livre de l'élève. Les auteurs le
présente comme une méthode d'apprentissage de la langue
française qui se fixe un double but : enseigner le langage (voir le
livre du maître) et enseigner la lecture.
Nous nous sommes évidemment intéressé au
livre mis à la disposition des élèves parce qu'il contient
les activités d'apprentissage. Le livre du maître contient en plus
de ces activités, des directives didactiques qui ne sont pas à la
portée des élèves. C'est un petit livre (20cm sur 5) de 96
pages, au papier blanc ordinaire de 80 grammages. Pour illustrer (Richaudeau
1979) les actions et autres faits linguistiques, le manuel présente des
dessins en noir et deux couleurs « d'accompagnement »
(rouge et grise). A noter que cette impression en noir sur papier blanc assure
tout de même le contraste visuel.
La structure du manuel est simple. On y trouve 75
leçons sans titre, dont la distinction apparaît dans la table des
matières qui, elle-même, ne porte pas ce titre ; c'est la
liste des « acquisitions » contenues dans le livre. Chaque
leçon reprend soit une lecture globale des mots, soit un, deux, trois,
quatre, parfois cinq graphèmes à étudier, soit une
révision. Au total, on dénombre 15 leçons de
révision qui interviennent après quatre leçons
d'apprentissage graphophonologique. Toutes les leçons sont reprises sur
une page, sauf les révisions dont les trois premières et la
dernière sont sur une page. Les graphèmes à étudier
sont isolés à l'encre rouge ou parfois écrit au
caractère script (le cas des graphèmes simples). Les textes
prévus pour des activités de consolidations et d'apprentissage de
la compréhension, portent des titres et quelques uns n'en ont pas. Ces
textes sont construits autour des thèmes puisés dans la
littérature et la culture locales. Toutes les activités ne sont
pas intitulées ; ce qui oblige un effort à déployer
pour en déterminer les limites. Les consignes apparaissent pour la
première fois dans la troisième leçon de révision
(p. 19) et le premier texte avec titre, sur la vingt-et-unième page
(17ème leçon).
II.2.1.2. A nous l'école
Le manuel de sixième année est une publication
récente (2004) éditée par Afrique éditions à
Kinshasa et financée par le gouvernement belge. Il est l'oeuvre
d'auteurs congolais en collaboration avec l'inspecteur principal du secteur. Il
est imposé aux écoles publiques et conventionnées
religieuses, et quelques écoles privées l'ont adopté parce
qu'il est gratuit. C'est une collection des six niveaux (trois cycles) de
l'enseignement national, mais dont les quatre premiers ne sont pas encore
publiés. Ces niveaux continuent à utiliser la collection
Médiaspaul.
Ecrit sur du papier blanc ordinaire de 80 grammages, le manuel
de sixième a un format de 21cm sur 5 et compte 128 pages. Il est
accompagné d'un livre du maître, une brochure de 16 pages qui
retrace la démarche pédagogique à suivre.
Le livre est structuré en semaines (25 semaines) avec
des activités d'apprentissage présentées sous forme des
rubriques (des leçons) : « as-tu compris
l'histoire ? » et « vocabulaire » pour la
compréhension des textes de lecture ;
« grammaire », « conjugaison »,
« phraséologie »,
« orthographe », « expression
écrite » et « expression orale » pour la
compréhension des fonctions linguistiques du français. Les
leçons sont reprises sur une page, mais cette structure n'est pas
régulière ; certaines leçons dépassent la page
leur réservée.
Une semaine d'évaluation est programmée
après six unités pédagogiques comprenant un texte de
lecture avec des activités de compréhension du sens global du
texte et du vocabulaire, ainsi que d'autres rubriques susmentionnées.
Les trois évaluations formatives prévues et organisées par
trimestre, servent à mesurer la progression des apprenants.
L'iconographie de ce livre est très simple.
Des dessins de couleur noire illustrent des textes
présentés à la lecture, constituant le support des autres
activités.
Au total, hormis 6 pages de notes méthodologiques et de
révision des apprentissages de cinquième, on
dénombre :
- 25 pages de textes de lecture
- 19 pages et compréhension de textes et vocabulaire
- 16 pages de grammaire (plus 4 pages de
synthèse : structures de phrase, nature et fonction de mots...)
- 18 pages d'orthographe
- 16 pages de conjugaison (plus 4 pages de tableau à la
fin du livre)
- 6 pages de phraséologie
- 16 pages d'expression écrite
- 3 pages d'expression orale (récitation, jeu de
rôle, lecture orale).
II.2.2. Présentation de la
grille d'analyse
La présente étude est basée sur
l'application de la grille (mieux des grilles parce qu'il y en a deux :
celle qui traite des activités sur l'identification des mots et celle
concernant l'apprentissage de la compréhension) élaborée
dans le cadre de l'ONL pour éclairer la lanterne des enseignants quant
au choix des manuels de lecture au CP (Cours préparatoire).
Nous nous sommes intéressé à ce
modèle parce que les manuels de CP (Ratus et ses amis en
l'occurrence) présentent l'apprentissage de la lecture de la même
manière que le fait Le français en première
année. Livre de lecture. C'est possible que la philosophie de
l'éditeur ait primé à ce sujet, car les deux
méthodes sont publiées par un même
éditeur (Hatier). Nous l'avons appliqué au manuel de
sixième plus pour ce qui est de l'apprentissage de la
compréhension.
A propos des méthodes de lecture, Bruno Germain (2003,
pp. 109-122) distingue trois types :
- La méthode synthétique (graphophonologique,
phonographique ou alphabétique) qui fonctionne à partir des
graphèmes (à l'écrit) et des phonèmes (à
l'oral) afin de mettre en place des unités linguistiques plus
significatives sur base de la combinatoire de ces unités non
significatives.
- La méthode analytique préconise la formulation
des « hypothèses de fonctionnement » de la
combinatoire à partir des « matériaux
écrits ». En partant des indices contextuels
d'énoncés, l'apprenti lecteur s'évertuera à
déduire le fonctionnement de la combinatoire, mais sans se
référer particulièrement à la langue orale qu'il
doit déjà connaître. L'auteur attire notre attention sur la
différence entre « approche logographique (à la base de
la méthodologie analytique) où le mot est perçu dan son
entier, et une lecture orthographique directe (qui est une dimension de la
lecture synthétique experte).
- La méthode mixte est un mélange
homogène des deux méthodes susmentionnées, qui profite des
points positifs de chacune d'elles.
La démarche que nous adoptons ici consiste à
relever des activités sur l'apprentissage de l'identification des mots
ainsi que celles ayant trait au travail sur la compréhension, à
l'exploitation des textes destinés à l'étude de la langue,
et procéder à organiser des observations de la dimension
didactique des progressions et des activités.
Nous devrions arriver à « la
compréhension des processus de traitement langagier en ce qui concerne
L2 [...] utile pour déterminer un positionnement didactique »
(Narcy-Combes 2005, p. 43). Et de cette manière, nous présentons
la sélection desdits manuels, leur gradation, leur présentation
ainsi que la répétition y consignée s'il faut faire
référence à la terminologie des principes de didactique
analytique (Mackey 1972).
La grille de l'ONL utilise des méthodes d'analyse
quantitative et qualitative. Elle comprend les items suivants :
1°) L'identification des mots
a) Les discriminations
· La discrimination auditive des sons de la langue (les
phonèmes)
- segmenter un mot en syllabes ;
- repérer une rime commune ;
- repérer et localiser un phonème ;
- décomposer un mot en phonèmes ;
- repérer, dans des mots, un groupe de consonnes
identiques ;
· La discrimination visuelle des graphies de l'écrit
(les graphèmes)
- repérer ou discriminer visuellement des mots ou pseudo
mots ;
- repérer ou discriminer visuellement des syllabes dans un
mot ;
- repérer ou discriminer visuellement une ou plusieurs
lettres isolées ou dans un mot ;
- discriminer une lettre ou un mot dans différentes
écritures (cursive, script, capitale, etc.) sans dessin
b) Du principe alphabétique à la fixation
orthographique
· Vers la connaissance du code
- Prononcer une syllabe ;
- compléter un mot avec une lettre (avec dessin) ;
- compléter un mot avec une syllabe simple (avec
dessin) ;
· Vers la maîtrise du code de l'écrit
- reconnaître les graphies les plus simples d'un
phonème ;
- maîtriser la segmentation écrite ;
- discerner les différentes prononciations d'une
lettre ;
· Vers la lecture combinatoire
- lire des syllabes complexes ;
- lire des mots déchiffrables sans dessin ;
- reconstituer des mots (à partir de mots tronqués,
de nuages de lettres, de syllabes, ...) ;
· Vers la fixation orthographique
- mémoriser des mots déchiffrables ;
- retrouver des mots déchiffrables ;
- copier des mots déchiffrables, script/cursive ;
- copier des phrases déchiffrables,
script/cursive ;
- lire des graphies irrégulières ;
c) La reconnaissance globale des mots
- mémoriser des mots non déchiffrables mis en
relief, sans classement ;
- mémoriser des mots non déchiffrables, avec
classement ;
- mémoriser en les copiant des mots non
déchiffrables, script/cursive.
2°) La compréhension
Il s'agit de l'étude des activités qui touchent
les faits linguistiques qui aide à la découverte, à
l'appréhension de l'écrit (le texte, la phrase, le mot)
ainsi que les différents aspects du travail sur la compréhension
et son apprentissage.
Les critères ont été regroupés en
4 indicateurs qui reflètent les principales composantes de la
compréhension. Ils sont organisés de manière à
montrer comment on peut passer d'une réflexion assez
générale sur le texte à une forme d'analyse plus
précise.
Le travail sur le texte : critères 111 à
214 inclus (la construction du sens, la polyvalence des textes, l'endurance de
lecture, la cohérence des textes). Le travail sur la phrase :
critères 221 à 324 inclus (la cohésion des phrases, la
morphologie, la syntaxe). Le travail sur le mot : critères 411
à 413 inclus (le lexique et le vocabulaire).
· Le texte
1 - Le sens général et le sens littéral
du texte
1.1 - La construction du sens
Sur un texte lu par l'enseignant :
- étudier globalement la compréhension d'une
phrase ou d'un texte écrit « lu oralement par l'enseignant
à la classe », et son interprétation.
Sur un texte lu par l'élève :
- donner le sens d'un texte, l'expliquer, en
synthétiser tout ou partie ;
- repérer des informations explicitement
formulées dans le texte (ou une image) ;
- construire les inférences (internes au texte) et
faire appel aux références culturelles et personnelles ;
- reconnaître ou manipuler les changements temporels et
spatiaux ;
- favoriser la construction de représentations ;
créer une image mentale, faire anticiper, faire appel à
l'expérience personnelle.
1.2 - La polyvalence des textes
- travailler sur les différents genres et les divers
types de textes.
1.3 - L'endurance de lecture
- lire des phrases (relire des phrases connues ou en lire de
nouvelles) ;
- lire des textes (relire un texte ou en lire de
nouveaux) ;
2 - Les composantes du sens des textes, et des phrases
2.1 - Le sens des textes
- saisir la continuité d'une histoire, sa chronologie.
Organiser l'ordre des actions dans un texte ou un groupe
d'images ;
- identifier les personnages tout au long du texte ;
- repérer les anaphores entre phrases ;
- étudier l'enchaînement explicite des
actions.
· La phrase
2.2 - Le sens des phrases
- reconstituer des phrases avec des mots ou
des groupes de mots donnés ;
- construire ou compléter des phrases, avec ou sans
mots imposés, avec ou sans image support, à partir ou non d'un
texte connu ;
- expliquer le sens d'une phrase ;
- faire varier le sens localement dans la phrase (en ajoutant
ou choisissant un mot ou un groupe de mots.)
- travailler sur l'enchaînement des actions et l'usage
des anaphores dans la phrase ;
3. Structure de la langue
3.1 - Syntaxe
- observer ou être familiarisé avec les
différents types et formes de phrase ;
- étudier la position des mots et groupes de mots dans
la phrase ;
- manipuler la catégorisation des mots, même
implicitement ;
- travailler sur la ponctuation et les majuscules.
3.2 - Morphologie
- manipuler les verbes et leurs désinences ;
- accorder les mots ou groupes de mots (accords GS - GV -
accords en genre ou en nombre dans le GN, repérage du genre - du
nombre).
· Le mot
4 - Lexique
- enrichir le vocabulaire ;
- travailler sur les bases de mots et leurs
dérivés ;
- travailler sur les champs sémantiques.
3°) Production de textes
Nous dénombrons les activités susceptibles de
développer des habiletés distinctes dans le domaine de la
production d'écrits, habiletés que l'on peut regrouper en trois
indicateurs : le graphisme en tant que motricité fine, l'expression
écrite et la production.
En ce qui concerne la production, nous ne comptabilisons que
les exercices qui s'inscrivent dans la progression collective obligatoire du
manuel.
1 - Graphisme - motricité fine
Il s'agit de relever les exercices qui conduisent les
élèves à la maîtrise des outils scripteurs en terme
de « motricité fine » pour écrire les
lettres, les mots et les phrases selon la norme, dans une espace plus ou moins
délimité, qui va se préciser tout au long de la
progression.
- tracer dans l'espace (en l'air) ;
- suivre un tracé avec guidage (pointillés, sur
des lignes) ;
- reproduire des lettres isolées (minuscules,
majuscules) en différentes graphies, avec ou sans guidage ;
- calligraphier des lettres, des groupes de lettres, des mots
ou une phrase ;
- calligraphier un texte (endurance d'écriture :
durer dans le geste, adapter la régulation tonique à la
longueur des mots ou phrases à écrire).
2 - Ecriture
Les items de ce domaine correspondent à la stimulation
des habiletés de reproduction de l'écrit qui font appel à
la fois à la dextérité du geste graphique et à
l'observation de différents écrits soit par décomposition
grapho-phonémique du code écrit soit par stimulation du lexique
mental. Il y a composition de mots et de phrases qui permet de conduire les
élèves au sens de l'écrit mais les épreuves de ce
domaine sont toujours guidées et accompagnées. Le processus de
traitement engagé par ces épreuves est la copie.
2.1 - Reproduire des mots, phrases et textes
- copier des mots ou groupes de mots déjà
vus ;
- copier une phrase ou un texte avec mots déjà
vus
2.2 - Ecrire des mots isolés
- écrire sous la dictée des
graphies simples et complexes ;
- écrire sous la dictée des mots monosyllabiques
([bol], [sac]...) ;
- écrire sous la dictée des mots
« plurisyllabiques » ;
- écrire des mots (librement choisis par l'enfant) sans
modèle.
2.3. Ecrire des phrases
- écrire, sous la dictée ou de mémoire,
des phrases ou des groupes de mots préparés ;
- écrire, sous la dictée, des groupes de
mots ou des phrases non préparés.
2.4 - Produire des textes « avec
accompagnement »
- poursuivre un texte (phrases à continuer à
partir d'un modèle...) ;
- écrire selon un modèle (« ...à
la manière de... ») différents types ou genres de textes.
3 - Expression
Nous relevons les exercices qui conduisent un message, en
s'éloignant de la simple reproduction de mots pour laisser place
à la compétence finale du
« lire-écrire » en terme d'expression de la
pensée, de structuration des idées.
3.1- Produire des phrases « en autonomie »
- produire des phrases en écriture
tâtonnée ;
- produire des phrases à partir d'un support
d'idées.
3.2- Produire des textes « en autonomie »
- préparer un projet d'écriture ;
- écrire un texte à partir d'un support
d'idées ;
- rédiger sans modèle différents types ou
genres de textes ;
- écrire un texte sur un sujet donné ;
- réécrire son texte pour le corriger.
II.3. L'analyse du manuel de première
année
Le français en première année. Livre
de lecture aborde l'apprentissage de la langue en partant de la
considération que le français est pour les « petits
Congolais une langue étrangère et inconnue ».
Le manuel préconise à cet effet l'emploi de la
méthode directe, comptant sur « la mémoire »
des apprenants quant à l'apprentissage du lexique, utilisant beaucoup la
conjugaison pour situer le sens des actions et aider les apprenants à
nuancer la pensée. Il prévoit que le travail de conversation
précède l'apprentissage de la lecture.
Cette conversation permanente en français (langue
« inconnue ») est possible dans la mesure où
l'enseignant est obligé de montrer l'objet d'étude (gravure,
dessin) - désigné par le mot employé - et prononcer le nom
accompagné de son déterminant de façon distinctive, puis
le faire répéter par les élèves. Les propos de
l'enseignant doivent être suivis de l'agir (actions et gestes) pour la
transmission du « sens ».
Ces activités réservées à
« l'apprentissage d'une langue française pratique »,
selon les auteurs, sont prévues exclusivement pendant les six
premières semaines de l'année scolaire. Elles apparaissent
uniquement dans le livre du maître. 89 séances de leçons
accompagnent l'apprentissage jusqu'à la fin de l'année.
Notons que l'année scolaire compte trente semaines de
cours reparties sur 9 mois (de septembre à juin).
II.3.1. Activités d'apprentissage sur l'identification
des mots dans le manuel de 1ère
Les unités lexicales servent de point de départ
de l'apprentissage. Les mots sont employés dans les phrases, puis
isolés pour permettre la discrimination des graphèmes (ou
phonèmes) à étudier.
On peut donc comprendre qu'il s'agit là de la
méthode synthétique d'apprentissage de la lecture, une
méthode essentiellement syllabique. « On montre les mots, dans
les mots on reconnaît des signes [...], puis on segmente les mots en
[...] syllabes... » (Germain 2003, p. 112). Les lettres sont en
priorité nommées pour consacrer la découverte du
fonctionnement de la langue écrite.
La discrimination orale vient plus tard avec l'étude
des graphèmes complexes et la distinction de différents
phonèmes d'un même graphème. Une séance
d'apprentissage poursuit deux objectifs (une acquisition globale, une
étude de lettre ou de son) et se déroule en quatre
étapes :
- étude de la graphie (ou du son) ;
- composition des syllabes simples avec la graphie
étudiée ;
- acquisition globale ;
- exercice de consolidation.
a) La lecture globale
Ø Lecture logographique
Cette activité permet le traitement des mots comme des
images sans souci réel de connaître ses composantes. Nous
dénombrons 35 activités du genre. 25 activités concernent
les mots (acquis globalement) écrits en gras dans le livre de
l'élève pour favoriser la fixation et la reconnaissance de ces
mots, mais aussi la mémorisation des mots-outils (10
activités).
Ø Copie
12 activités concernent cette activité
d'identification des mots avec dessin et/ou consigne (je devine, je
complète...), à partir des mots écrits en lettres scripts
ou à partir de mots écrits en lettres cursives (ou groupes de
mots). Les exercices de copie se font plus lors des leçons de
révision qui interviennent chaque fois après quatre leçons
d'acquisition des graphies (ou des phonèmes). Ces leçons de
révision constituent une évaluation formative permettant de
vérifier les connaissances.
Ø Closure
4 activités touchent les mots non déchiffrables
à compléter (exercices à trous) à partir d'une
liste proposée. Ces mots non déchiffrables sont donnés
à copier.
b) Repérage ou discrimination
visuelle
Ø Repérer ou discriminer visuellement des
phrases, des mots, des lettres
Le travail sur l'analyse visuelle des traces écrites
apparaît clairement dans le livre du maître avec des consignes
précises. Dans le livre de l'élève, ces activités
sont représentées par le caractère script de quelques
graphies simples, de quelques mots-outils et des phrases en bas de pages. On
dénombre 54 activités de ce type.
c) Repérage ou discrimination
auditive
Ø Repérer le phonème présent, le
phonème commun de différentes graphies
42 activités touchent le repérage des
phonèmes pour distinguer ce que l'on peut entendre de différent
par rapport à ce qui apparaît à l'écrit.
Le travail sur les syllabes est repris dans le manuel du
maître et consiste à retrouver les syllabes contenues dans les
mots ou des syllabes qui se forment avec la graphie (ou le phonème)
étudiée.
d) Mise en relation
phonème-graphème
Ø Sur les syllabes et les phonèmes
Ces activités permettent de percevoir la relation entre
l'écrit et l'oral, la relation qui unit les graphèmes et les
phonèmes.
Nous avons comptabilisé 78 activités du genre
concernant la discrimination syllabe écrite/syllabe orale avec un
support de dessin, la visualisation de la formation des syllabes (27
activités), 14 activités de dictée des syllabes simples
(les consignes n'apparaissent que dans le livre du maître), 29
activités sur la relation image/mot de référence, 7
activités sur des mots à compléter avec une graphie
simple.
Des exercices de dictée des phonèmes simples
(consignes dans le livre du maître) sont signalés. Cette
dictée poursuit la fixation des premiers sons (phonèmes)
étudiés.
Notons qu'à partir de la 32ème
leçon, la procédure de présentation des séquences
d'apprentissage n'est plus détaillée dans le livre du
maître.
Dans le livre de l'élève, on remarque que ce
n'est plus à partir d'une phrase-clé d'où on isole le
mot-clé contenant la graphie à étudier que se
présente la séance. Ce qui laisse supposer la maîtrise
(sinon la compréhension) par les apprenants du principe
alphabétique du français.
e) Découverte et connaissance du
code
Ø Recherche du mot avec la graphie
étudiée, des irrégularités, des
régularités
A la fin du livre, sur trois pages, 41 items demandent aux
apprenants de trouver des mots qui contiennent les graphies proposées
avec support de dessin.
5 exercices concernent le repérage des pièges
(je vois mais je n'entends pas), 8 exercices concernent la lecture des mots
(mots-clés) avec les différentes graphies sans support de dessin
(consignes dans le livre du maître) et 35 items proposent le même
exercice mais avec support de dessin.
On note aussi des exercices de lecture des mots
supposés connus sans dessin (10 occurrences), selon la position du
phonème étudié (15 occurrences), ainsi que des exercices
de compréhension de la relation « j'entends, je
vois » concernant les sons complexes (9 occurrences).
f) Combinatoire
Ø Réaliser des activités sur les mots
Lire des mots déchiffrables par groupes syllabiques
avec la consigne « je devine », à partir des lettres
proposées sans dessin (2 occurrences), avec étayage de dessin et
à partir des groupes vocaliques (6 occurrences) ; des mots
déchiffrables sans dessin et à partir des groupes consonantiques
(3 occurrences), à partir de la position d'un phonème ou d'une
graphie (15 occurrences), à partir des graphies multiples simples ou
complexes (30 occurrences) ; mots isolés avec guide image (25
occurrences) ; lire des syllabes (15 occurrences).
Ce sont des activités qui permettent d'utiliser la
connaissance du code après que les différents graphèmes
qui composent les mots à lire, ainsi que leurs correspondances avec les
phonèmes, ont été appris.
g) Fixation orthographique
Ø lecture orthographique des mots
déchiffrables
Ces activités sont plus rencontrées dans le
livre du maître ; leurs consignes apparaissent rarement dans le
livre de l'élève. Les élèves sont appelés
à rechercher des mots déjà rencontrés qui sont
écrits sur des ardoises, tout mot acquis, toute lettre nouvellement
étudiée. Ils peuvent ensuite recomposer des phrases toutes aussi
déjà rencontrées. Nous avons dénombré 41
occurrences de ces activités dont 25 concernent la lecture des mots mis
en relief, déchiffrables (sans classement) pour constituer un stock et
16 activités consistant à copier ou à compléter des
mots (exercices à trous).
h) Ecriture codage de la langue
Ø Les exercices d'écriture concernent
exclusivement des dictées
Il y a 16 activités de dictée
dénombrées à la fin de chaque leçon et dont les
consignes n'apparaissent que dans le livre du maître sur les
éléments linguistiques étudiés pendant la
séance et des dictées de phrases non préparées
(3 occurrences).
On dénombre également 14 activités
d'écriture des mots déchiffrables à partir de dessins ou
d'un élément syllabique. Ces activités visent à
renforcer la fixation de l'orthographe.
Tableau 6 : Nombre d'activités d'identification
des mots manuel 1ère année
Activités
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Lecture globale
|
82
|
15 %
|
Repérage ou discrimination visuelle
|
54
|
10 %
|
Repérage ou discrimination auditive
|
42
|
8 %
|
Mise en relation phonème-graphème
|
78
|
14 %
|
Découverte et connaissance du code
|
123
|
22 %
|
Lecture de mots (combinatoire)
|
98
|
18 %
|
Fixation orthographique
|
41
|
7 %
|
Ecriture codage de la langue
|
33
|
6 %
|
TOTAL
|
551
|
100 %
|
Graphique 1 : Les activités d'identification des
mots manuel 1ère année
Constatation
Les activités sur la découverte du code sont
plus nombreuses (22 %). Elles sont suivies, en termes d'importance
numérique, par les activités sur la combinatoire (18 %), les
activités de lecture globale (15 %), les activités de mise en
relation phonème-graphème sur le principe alphabétique (14
%). Viennent ensuite les activités de repérage ou discrimination
visuelle (10 %) et de discrimination auditive (activités
renforcées par le livre du maître) (8 %). Les activités de
fixation orthographique (7 %) et celles d'écriture codage de la langue
qui sont dans le livre du maître (6 %). L'ensemble des activités
qui « permettent la prise de conscience du système
d'écriture » du français représentent 32 %
d'activités.
Ces résultats montrent en définitive que le
livre de lecture de 1ère année accorde plus
d'importance à la connaissance du code et de la combinatoire (dont
l'ensemble représente 37 % de toutes les activités). Ceci est
d'autant plus important que les apprenants acquièrent une certaine
autonomie de lecture. Par contre, l'absence des activités de
discrimination auditive dans le livre d'élève s'avère un
handicap pour l'apprentissage de la langue orale. Beaucoup d'efforts sont
demandés à l'enseignant qui doit faire travailler les apprenants
pendant les heures de cours ; ce qui n'est pas évident lorsque la
classe a un effectif élevé d'élèves.
Nous relevons que le travail sur la mémorisation des
mots n'apparaît pas de façon significative dans le manuel alors
que le désir de passer par cette fonction psychique de l'apprenant, avec
l'usage de la méthode directe, est clairement émis dans
l'avertissement du manuel.
II.3.2. Apprentissage de la compréhension dans le
manuel de 1ère année
Après les activités d'apprentissage sur
l'identification des mots, le travail de réflexion sur le texte favorise
l'intégration des structures linguistiques et permet la progression dans
le processus d'apprentissage de la langue. L'application des critères
retenus nous fournit les données comprises dans le tableau suivant.
Tableau 7 : Nombre d'activités sur la
compréhension manuel 1ère
Activités
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Compréhension globale
|
45
|
21 %
|
Inférence dans le texte
|
0
|
0
|
Enchaînements et cohérence
|
0
|
0
|
Sens littéral et sens local
|
75
|
35 %
|
Grammaire (syntaxe)
|
47
|
22 %
|
Lexique
|
0
|
0
|
Morphologie flexionnelle
|
46
|
22 %
|
Production de texte
|
0
|
0
|
Pratiques culturelles de lecture
|
0
|
0
|
Lecture orale
|
0
|
0
|
TOTAL
|
213
|
100 %
|
Graphique 2 : Les activités de
compréhension manuel 1ère année
Constatation
Sur les dix critères d'analyse proposés par la
grille, le manuel de première année primaire n'en présente
que quatre : les activités sur le sens littéral et le sens
local (35 %), sur la grammaire (22 %), sur la morphologie flexionnelle (22 %)
et sur la compréhension globale (21 %). Il n'existe donc pas
d'activités concernant l'inférence dans le texte, les
enchaînements et cohérence, le lexique, la production de texte,
les pratiques culturelles de lecture et la lecture orale.
Le français en première année. Livre
de lecture propose plus des activités sur le sens local et le sens
littéral moins dans les textes que dans les phrases. Beaucoup
d'activités concernent plus la syntaxe et la morphologie des verbes.
Aussi apparaît-il que ce manuel laisse entrevoir la volonté de
travailler l'approche linguistique de l'enseignement/apprentissage du
français.
II.3.2.3. La progression
a) Les fréquences des graphèmes et des
phonèmes
Comme son nom l'indique, Le français en
première année. Livre de lecture doit être
analysé en tant que tel ; sa progression est à
étudier en fonction des graphèmes et des phonèmes qui sont
proposés à l'apprentissage.
A la suite de Serge Borg (2001), nous étudions
« le degré de cohérence progressive » en vue
de reconstituer la sélection, la gradation et la programmation,
composantes sur lesquelles repose le processus d'apprentissage. La
sélection représente « le tri » des faits
linguistiques à enseigner, la gradation renvoie à la
répartition de ces faits sélectionnés et la programmation,
la manière dont la sélection et sa répartition sont
situées dans le temps (moment) d'apprentissage.
Dans un cadre aussi restreint que celui d'analyse des manuels,
il serait superflu de cerner la programmation qui justifierait le contenu en
présence. Nous pourrions par contre reconstituer la sélection des
faits linguistiques proposés à l'apprentissage et retracer leur
gradation.
Le français en première année. Livre
de lecture a choisi d'enseigner toutes les lettres de l'alphabet
français. Dans cette sélection, nous distinguons les
graphèmes simples (correspondant à une lettre) et complexes
(composition de deux lettres ou plus). Un graphème (valeur écrite
d'une lettre) peut représenter un phonème (valeur orale du
graphème) ou plusieurs, tout comme un phonème peut se rapporter
à plusieurs graphèmes.
Le tableau suivant présente ces unités
graphiques selon l'ordre d'apprentissage.
Tableau 8 : Les unités graphiques et leurs
fréquences dans le manuel de 1ère année
Phonèmes
|
Occurrences
|
a
|
2278
|
i
|
1276
|
m
|
911
|
u
|
744
|
e
|
3201
|
n
|
826
|
o
|
592
|
é
|
438
|
è
|
215
|
r
|
588
|
l
|
1693
|
d
|
861
|
p
|
705
|
s
|
779
|
t
|
930
|
b
|
577
|
ê
|
64
|
â
|
24
|
v
|
618
|
on (+6on (= /I/))
|
514
|
om
|
45
|
ou
|
488
|
ez (= é)
|
75
|
ent (= /e/)
|
55
|
c (= /k/)
|
354
|
f
|
309
|
j
|
480
|
g (= /g/)
|
116
|
q
|
217
|
k
|
57
|
oi
|
169
|
oir
|
60
|
ai
|
344
|
ei
|
17
|
au
|
154
|
eau
|
74
|
eu
|
160
|
bl
|
49
|
cl
|
43
|
pl
|
88
|
gl
|
16
|
fl
|
43
|
dr
|
38
|
tr
|
160
|
cr
|
45
|
fr
|
66
|
gr
|
74
|
br
|
96
|
pr
|
94
|
vr
|
54
|
ui
|
96
|
es (= è)
|
37
|
ab
|
6
|
ac
|
22
|
al
|
12
|
ar
|
116
|
ic
|
16
|
il
|
21
|
ir
|
28
|
is
|
22
|
ud
|
4
|
ul
|
14
|
ur
|
70
|
ol
|
8
|
oc
|
23
|
os
|
10
|
or
|
76
|
ge
|
104
|
gi (+ 5 gy)
|
15
|
gu
|
71
|
ce
|
77
|
c'
|
26
|
ci
|
68
|
z
|
29
|
x
|
25
|
s (= /z/)
|
132
|
ch
|
178
|
h
|
55
|
gn
|
46
|
an
|
166
|
am
|
12
|
en (+1en (=/C/))
|
115
|
em
|
10
|
in
|
54
|
im (+ 2 aim)
|
10
|
ain
|
29
|
ein
|
8
|
euf (+ 12 oeuf)
|
20
|
eur (+ 11 oeur)
|
90
|
air
|
7
|
our
|
109
|
oif
|
5
|
eul
|
1
|
er (= é)
|
118
|
et (= é)
|
113
|
est (= é)
|
145
|
ed (= é)
|
10
|
ier
|
18
|
ec
|
42
|
er
|
21
|
el
|
26
|
es
|
6
|
ex
|
22
|
ette
|
16
|
erre
|
19
|
esse
|
17
|
elle
|
164
|
enne
|
2
|
ill
|
55
|
ail (+ aill)
|
39
|
eil (+ eill)
|
44
|
ieil (+ ieill)
|
7
|
euill
|
19
|
ueil
|
4
|
ouill
|
6
|
ien
|
51
|
oin
|
20
|
tion
|
25
|
ph
|
34
|
mp
|
5
|
nd
|
3
|
ng
|
12
|
dj
|
1
|
tsh (= /tH/)
|
3
|
nk
|
1
|
ns
|
1
|
nsh
|
5
|
mb
|
28
|
ç
|
33
|
y (= /i/)
|
40
|
oy
|
5
|
ay
|
9
|
uy
|
2
|
w (= /v/)
|
5
|
w (= /w/)
|
5
|
TOTAL
|
25118
|
Graphique 3 : La progression des 17 premiers graphèmes
Les 17 premiers graphèmes sont simples si on ne
considère pas l'accent qui est un autre signe graphique qui transforme
les trois « e » accentués en graphèmes
complexes. Il apparaît que la gradation (répartition) de ces
éléments va des simples aux complexes. Il s'agit en fait d'une
« gradation linéaire ». « a »
est étudié en premier lieu, mais vient en deuxième
position après « e » qui est le
cinquième graphème étudié ; mais il faut noter
que ce dernier change de nature lorsqu'il est prononcé.
La première consonne proposée à
l'apprentissage « m » (3ème acquisition)
vient après « l » (3ème en termes
des fréquences) qui est étudié au 11ème
rang. A partir de la quinzième leçon, on s'aperçoit que
les fréquences de certains graphèmes diminuent sensiblement. Il y
en a qui n'apparaissent qu'une seule fois dans le manuel (juste lors de leur
présentation, sans apparaître dans un seul texte), tout comme
quelques-uns n'atteignent pas 1 % des fréquences dans l'ensemble.
Quant aux phonèmes discriminés, on peut
remarquer qu'ils rappellent la transcription de l'écrit à l'oral.
/a/, le graphème qui subit moins de transformation en contexte, vient
loin devant. /l/ se retrouve ici en deuxième position, alors que le
premier phonème consonantique étudié /m/ a moins de
fréquences. On peut dès lors se demander pourquoi ce n'est pas
/l/ qui devait être étudié en deuxième lieu sinon en
tête des autres consonnes.
A comparer cette progression au modèle du
« français oral » (Germain et Muroni 2003, p. 244),
nous remarquons une nette irrégularité quant à la
manière en dents de scie qui caractérise la présentation
des phonèmes plus fréquents de la langue. La progression de
référence présente les phonèmes selon une
fréquence décroissante ; du plus fréquent au moins
fréquent.
Sur les neuf phonèmes de ce modèle, seules trois
consonnes (/R/, /l/, /s/) apparaissent au milieu de six voyelles, alors que
Le français en première année. Livre de lecture
aborde l'apprentissage de /m/ et /n/ avant et fait intervenir
/R /, /l/ qui ont une fréquence élevée respectivement
et successivement aux onzième et douzième rangs. /s/ vient au
quinzième rang avec une fréquence bien moindre, et pourtant /t/
qui a une forte fréquence se place en seizième position.
Ce manuel consacre donc beaucoup d'importance à
l'apprentissage des voyelles orales qui sont susceptibles de combiner avec
d'autres phonèmes vocaliques ou consonantiques en vue de la formation
d'autres phonèmes vocaliques. /m/ et /n/ sont justement des consonnes
qui se prêtent à cette combinaison. C'est là une
manière de marquer l'importance de chacun dans l'ordre
acquisitionnel.
Tableau 9 : Les phonèmes et leurs
fréquences dans le manuel de 1ère année
Phonèmes
|
Occurrences
|
/a/
|
2712
|
/i/
|
1547
|
/m/
|
911
|
/u/
|
829
|
/e/
|
234
|
/n/
|
828
|
/o/
|
441
|
/O/
|
488
|
/é/
|
748
|
/è/
|
251
|
/R/
|
1721
|
/l/
|
2178
|
/d/
|
903
|
/p/
|
887
|
/s/
|
299
|
/t/
|
1106
|
/b/
|
728
|
/A/
|
27
|
/v/
|
678
|
/I/
|
584
|
/U/
|
608
|
/k/
|
824
|
/f/
|
477
|
/j/
|
599
|
/g/
|
282
|
/w/
|
264
|
/E/
|
137
|
/F/
|
147
|
/V/
|
98
|
/z/
|
166
|
/H/
|
178
|
/G/
|
46
|
/B/
|
303
|
/C/
|
172
|
/J/
|
291
|
Graphique 4 : La progression des phonèmes selon
leur fréquence dans le manuel
Nous pouvons constater ici que la deuxième série
de phonèmes est composée de consonnes orales qui sont
présentées selon l'opposition au plan de leur mode d'articulation
(/R/, /l/) et leur forme graphique (/d/, /p/) sûrement pour éviter
de les confondre. Puis dans la suite, la progression ne se fonde plus à
rien ; on a l'impression de se retrouver devant une succession des
phonèmes à enseigner pour signaler simplement leur existence.
b) La progression des éléments
lexicaux
Cet aspect de l'étude de la progression dans le manuel
concerne les mots-outils qui sont des éléments essentiels pour la
structuration des textes (Mackey 1972) et permettent le respect de
« la logique de la langue, notamment dans sa construction
syntaxique » (Germain et Muroni 2003, p. 244).
Nous établissons ici une liste de vocables
employés en suivant le modèle des auteurs du manuel afin d'y
percevoir la combinatoire proposée pour « assurer un
apprentissage progressif » dans le sens de l'autonomisation de
l'apprenant. Car c'est le vocable qui, selon Germain et Muroni (2003, p. 245),
« représenterait mieux le système
phonologique » de la langue.
Tableau 10 : La fréquence des mots-outils dans le
manuel de 1ère année
Mots-outils
|
Occurrences
|
de
|
181
|
le
|
258
|
la
|
325
|
et
|
113
|
il
|
161
|
les
|
80
|
à
|
147
|
est
|
145
|
un
|
350
|
l'
|
137
|
en
|
21
|
pas
|
40
|
je
|
263
|
que
|
37
|
des
|
96
|
une
|
236
|
a
|
73
|
tu
|
122
|
c'
|
20
|
se
|
32
|
ne
|
30
|
qui
|
41
|
dans
|
20
|
on
|
5
|
pour
|
24
|
mais
|
10
|
du
|
94
|
elle
|
98
|
au
|
37
|
sur
|
48
|
son
|
30
|
tout
|
0
|
Nous remarquons dans ce tableau une forte présence des
déterminants articles. Cette fréquence élevée
s'explique par le fait que les noms sont souvent présentés dans
un contexte libre. L'objectif étant de travailler de manière
« incidente » l'accord de genre et de nombre. Signalons
aussi l'emploi significatif des pronoms personnels sujets, qui est dû
à la présence de beaucoup d'exercices de conjugaison dans le
manuel. Fait voulu par la méthodologie d'apprentissage adoptée.
Les prépositions « de »,
« à », « dans »,
« pour »... doivent leur forte fréquence à
l'emploi des articles, notamment pour la formation des articles
contractés et partitifs, ainsi que les circonstanciels (lieu, temps,
etc.) Les adverbes sont les moins représentés. Les mots-outils
sont employés parfois de façon massive pour certains, pendant que
d'autres, tout aussi importants, n'apparaissent pas dans le corpus.
Graphique 5 : Les fréquences des mots-outils dans
le manuel de 1ère année
II.3.2.4. Le profil du manuel Le français
en première année. Livre de lecture
L'analyse quantitative des textes servant, dans ce manuel,
à l'apprentissage de la lecture et de la langue fournit des
données ci-après :
ü nombre total de mots : 2435
ü nombre de vocables (en répertoriant les mots
différents sans tenir compte de leurs différentes occurrences
dans les textes) : 736
ü nombre d'hapax (mots n'apparaissant qu'une seule
fois dans les textes) : 450
ü Le pourcentage d'hapax : 18,48 %.
ü Le pourcentage de vocables : 30,22 %.
Ces données permettent d'élaborer le profil du
manuel.
Ainsi discriminé ce profil permet de relever que Le
français en première année. Livre de lecture n'assure
pas beaucoup l'autonomisation visée des apprenants, notamment à
cause du pourcentage élevé des hapax qu'il contient. En effet, il
n'est pas aisé pour un apprenti lecteur de traiter le sens des
unités lexicales qu'il rencontre une seule fois sur plus de
quatre-vingt-dix pages du manuel.
Mais nous pouvons aussi considérer qu'un apprenant
acquiert tout de même la capacité de lecture en fonction du nombre
des mots déchiffrables consignés dans son manuel. Germain et
Muroni (2003, p. 255) notent, en ce qui concerne l'apprentissage de la lecture,
qu'il est possible de devenir autonome lorsqu'on retrouve au moins 51 % de mots
déchiffrables sur une page du manuel.
Il ressort de cette analyse que le pourcentage de mots
déchiffrables dans une leçon va augmentant (une leçon
correspond à une page de lecture jusqu'à la
dix-neuvième) :
1 de 0 à 45,45 % dans les 9 premières
leçons ;
2 de 52,54 à 65,57 % dans les 5 leçons
suivantes ;
3 de 73,68 à 90 % dans les 5 leçons
d'après ;
4 de 92,42 à 100 % dans les 56 dernières
leçons (à partir de la vingtième leçon, les
révisions occupent deux pages de lecture, et la dernière, avant
les textes de lecture libre, en occupe trois).
Nous remarquons que la sélection du manuel peut
favoriser l'apprentissage de la lecture. Cependant, comme nous l'avons
relevé supra, il n'est pas très évident que cette
méthode produise des effets rentables quant à l'apprentissage de
la langue.
Le répertoire des formes attestées dans ce
manuel montre que le nombre des unités linguistiques d'apprentissage est
limité. Les phrases simples y sont 6 fois plus nombreuses que les
phrases complexes. Les formes des verbes simples sont 13 fois plus nombreuses
que les complexes. Ce qui laisse présumer une
« pseudo-simplicité » de la méthode.
Tableau 11 : Le nombre de formes attestées
Formes
|
Occurrences
|
Pourcentage
|
Mots
|
2435
|
|
Pronoms personnels sujets et compléments
|
193
|
7,92 %
|
Adverbes
|
127
|
5,21 %
|
Expansions du nom
|
723
|
29,69 %
|
Verbes
|
490
|
20,12 %
|
Verbes forme simple
|
387
|
15,89 %
|
Verbes forme complexe/nombre de verbes
|
29
|
5,91 % (29/490)
|
Verbes forme complexe/nombre de mots
|
|
1,19 % (29/2435)
|
Phrases
|
310
|
|
Phrases simples ou multiples
|
263
|
84,84 % (263/310)
|
Phrases complexes/nombre de phrases
|
47
|
15,16 % (47/310)
|
Ø Conclusion de l'analyse du manuel de
1ère année :
Le français en première année. Livre
de lecture a été conçu de telle manière que
sur base des unités grapho-phonémiques de la langue
française les élèves apprennent à lire. L'analyse
quantitative du contenu de ce manuel révèle, notamment en ce qui
concerne les activités sur l'identification des mots, que la lecture des
mots déchiffrables est plus exploitée que d'autres
activités. L'approche en présence fonctionne sur la base des
formes isolées.
Le travail de repérage n'est pas suffisamment
renforcé, au-delà des formes, par un traitement de sens efficace
qui compléterait le processus afin que l'acquisition soit remarquable.
Dès lors que la manipulation du sens s'avère insignifiante, la
production individuelle des apprenants (leur output) risque de ne pas
être efficiente (Narcy-Combes 2005, p. 46) quand bien même leur
mémoire peut fonctionner comme le souhaite les auteurs du manuel. C'est
ce que nous essayerons de montrer dans le chapitre suivant.
II.4. L'analyse du manuel de sixième année
primaire
Le manuel de la classe terminale est présenté
essentiellement comme un livre d'apprentissage de langue qui fait usage des
textes de lecture pour véhiculer les faits linguistiques de
l'apprentissage. Appliqué à la grille de l'ONL, ce manuel nous
produit les résultas suivants.
II.4.1. Activités sur
l'identification des mots dans le manuel de 6ème année
Le manuel de sixième année considère que
les élèves ont déjà acquis la compétence de
lecture. Il ne reprend pas toutes les activités de base qui concourent
à la mise en place de cette compétence comme on l'a vu avec le
manuel de première. Ainsi, les activités de lecture globale, de
discrimination visuelle et de discrimination auditive, sur le principe
alphabétique, la connaissance du code, la combinatoire, telles que
définies par les critères de la grille de l'ONL, sont
inexistantes. Tout de même, on y retrouve quelques activités ayant
trait à la fixation orthographique et à l'écriture codage.
Nous relevons des exercices de mémorisation des mots
déchiffrables et de closure pour ce qui est de la fixation
orthographique. Des exercices d'écriture codage, qui sont des exercices
de correction orthographique, concernent l'écriture des mots
déchiffrables à partir d'un élément syllabique, des
dictées de mots, des jeux de mots croisés. Mais ces exercices ne
sont pas vraiment nombreux.
- Mémoriser des mots déchiffrables : 18
occurrences
- Copier des mots déchiffrables
(réinvestissement) : 20 occurrences
- Faire des exercices de closure sur des mots
déchiffrables à copier : 4 occurrences
- Faire des dictées de mots : 2 occurrences
- Ecrire des mots déchiffrables à partir de
dessins ou d'un élément syllabique : 2 occurrences
- Faire des dictées de mots ou de phrases
préparées : 21 occurrences
- Jeux sur des mots déchiffrables : 4
occurrences
Graphique 6 : Les activités sur l'identification
des mots dans le manuel de 6ème année
II.4.2. Apprentissage de la
compréhension dans le manuel de 6ème année
La grille de l'ONL nous semble bien adaptée à
l'analyse de ce fait d'apprentissage. Elle révèle que le manuel
de sixième accorde beaucoup d'importance à cet aspect de
l'apprentissage linguistique, mais se préoccupe moins de la forme orale
de la langue. C'est pourquoi il n'y a pas d'activités sur la
compréhension des textes oraux ou des phrases orales. Nous
dénombrons les activités sur :
ü compréhension générale : 48
occurrences ;
ü inférences dans le texte : 16
occurrences ;
ü enchaînements et cohérence : 10
occurrences ;
ü sens littéral et sens local : 132
occurrences ;
ü grammaire (syntaxe) : 88 occurrences ;
ü lexique : 16 occurrences ;
ü morphologie flexionnelle : 74
occurrences ;
ü lecture orale : 11 occurrences.
Graphique 7 : Les activités de
compréhension dans le manuel de 6ème année
II.4.3. La progression dans le manuel de
sixième
a) Les textes de lecture
Les textes consignés dans le manuel pour aider à
l'apprentissage de la langue se caractérisent comme suit :
ü nombre d'occurrences totales : 28210
ü nombre de formes : 5166
ü nombres d'hapax : 2810
ü fréquence maximale : 873
Le pourcentage d'hapax atteint 54,39 %. Ce pourcentage
très élevé dénote une certaine difficulté
des textes proposés. Ils sont composés des termes susceptibles
d'être oubliés facilement à cause de leur faible
fréquence dans le livre. Ce qui rend peu rentable l'apprentissage du
lexique.
b) La grammaire
Les unités grammaticales sélectionnées
sont : les déterminants (définis, indéfinis,
contractés, partitifs), les déterminants interrogatifs et
exclamatifs, les pronoms relatifs, les pronoms indéfinis, les voies
active et passive, l'adverbe, la préposition, la conjonction de
coordination, la proposition subordonnée conjonctive, la conjonction de
subordination, le sujet inversé, les propositions relatives, les formes
de phrases (phrase emphatique ou d'insistance, phrase simple et phrase
complexe).
c) L'orthographe
Les activités d'orthographe concernent la fixation de
la forme correcte des mots, l'utilisation des signes graphiques (signes de
ponctuation, accents...), les accords en genre et en nombre des
catégories grammaticales variables, les homonymes grammaticaux, la
dictée, l'accord des déterminants interrogatifs et exclamatifs et
des noms, du verbe avec le pronom relatif sujet « qui », du
pronom indéfini, du participe passé, l'emploi des homonymes
c'est/s'est, c'était/s'était, ainsi que l'identification des
paronymes...
d) La conjugaison
Les activités de conjugaison sont consacrées
à la syntaxe des modes et temps verbaux, au respect des
désinences, à l'accord sujet/verbe et à la concordance de
temps. On peut également y dénombrer des exercices sur la
succession verbes conjugués/verbes à l'infinitif, l'opposition
participe présent/adjectif verbal, la conjugaison des verbes pronominaux
et de certains verbes particuliers comme « crier »,
« acheter », « naviguer »,
« éteindre », « coudre »,
« vivre »...
e) La phraséologie
Le travail sur les phrases s'effectue progressivement de la
phrase simple à compléter à la phrase complexe à
formuler : ajout des compléments, transformation des phrases,
imitation des modèles. Il s'agit là principalement d'un cas
éloquent d'exercices structuraux.
f) L'expression écrite
Les activités d'expression écrite concernent la
rédaction des textes en suivant le modèle (type et/ou forme)
appris : rédiger un récit, préparer un questionnaire,
compléter un conte, rédiger un dialogue...
A la suite de Borg (2001), nous notons que cette
présentation configure une gradation « non-linéaire et
cognitiviste » avec une progression en
« spirales » et des approches notionnelles et
fonctionnelles. Les faits linguistiques sont appris selon leur présence
dans le texte de lecture, sans recourir à des critères
d'importance ou de supériorité. Donc, la répartition n'a
pas de motivation particulière.
Ø Conclusion de l'analyse du manuel de
sixième :
Nous constatons ici, par exemple, que l'étude de
l'enchaînement formel des actions qui se fait au moyen des connecteurs
est inexistante. Il n'y a aucun travail sur la continuité
référentielle, c'est-à-dire sur les pronoms de
substitution, les anaphores. Il n'y a pas non plus d'activités sur la
thématisation et la conceptualisation. Le manuel intègre
certaines activités non abordées en première
année : inférences dans le texte, enchaînements et
cohérence, lexique, production des textes, lecture orale, mais dans une
moindre mesure. Il n'y a aucune activité sur les pratiques culturelles
de lecture.
Ce manuel met beaucoup d'accent sur le travail de
l'écriture. Les auteurs écrivent à ce propos :
« Ecrire est essentiel pour communiquer » (Nzeza et al.
2004, p. 119). Les formes des textes qui favorisent ce travail sont : des
récits, des contes (merveilleux, d'ogres et à dilemme), des
portraits, des fables (ou fabliaux). Ces textes de types narratifs,
informatifs, descriptifs, poétiques, argumentatifs, traduisent en
général le vécu quotidien des Africains.
L'unité d'apprentissage, le texte, est lu d'abord
silencieusement, puis des questions de compréhension sont posées
pour retrouver les grandes articulations du texte, déterminer leurs
genres et types, déterminer leurs personnages, espace, temps (ou moment
d'action). La lecture silencieuse est suivie d'une lecture orale pour
travailler la diction, la prononciation, donc des unités aussi bien
phonologiques que prosodiques de la langue.
Les activités sur la forme orale de la langue se font
par la lecture orale des textes, la récitation et le jeu de rôle,
mais ces activités sont très réduites. Ensuite, le travail
sur la langue intervient avec des notions de grammaire (implicite),
d'orthographe et de conjugaison. Ces leçons sont organisées
autour des faits linguistiques rencontrés dans le texte de lecture. Les
activités concernant la phraséologie et la production
écrite qui s'ajoutent aux activités d'orthographe, consacrent le
caractère « scriptocentré » de la
méthode, pendant que les activités de l'oral sont presque
inexistantes.
CHAPITRE III : L'EVALUATION
DES COMPETENCES LINGUISTIQUES
Pour espérer atteindre les objectifs de la
présente étude, nous avons eu à choisir entre deux
possibilités d'agir. Suivre des leçons enseignées par des
professeurs de français pour évaluer la mise en pratique des
manuels et la manière dont celle-ci favorise l'apprentissage et/ou faire
passer un test d'évaluation des compétences linguistiques en vue
de mesurer le « niveau de connaissances »
(Véronique, 1995, p. 32) des élèves, usagers des manuels
scolaires analysés. Le deuxième choix s'est avéré
judicieux d'autant que les apprenants restent, à notre avis, les seuls
maîtres de leur apprentissage. L'analyse des manuels scolaires de langue
est une occasion de s'interroger sur les « compétences
linguistiques » que les apprenants auraient acquises au terme de leur
cursus.
III.1. Compétence
linguistique vs compétence de communication
De façon générique, nous pouvons
définir la compétence comme un savoir acquis qui met en jeu une
ou des capacités dans un champ notionnel ou disciplinaire
déterminé. Ce concept prend en linguistique le sens de
système des règles grammaticales, et des éléments
lexicaux auxquels ces règles s'appliquent, qu'un locuteur intègre
dans sa langue pour devoir former indéfiniment des phrases et en
comprendre celles jamais entendues (Chomsky 1977).
Lorsqu'il parle de « compétence de
communication » Hymes (1991) fait allusion à l'existence des
règles d'emploi d'une langue, sans lesquelles les règles
grammaticales et l'interprétation des énoncés sont
inutiles. Ce sont donc ces règles qui régulent la production et
l'interprétation des énoncés.
Entre « compétence de
communication » telle que définie par Hymes et
« compétence linguistique », nous estimons qu'il
faut lever l'équivoque quant à la terminologie qui
caractérise ici la posture de notre démarche.
Entre compétence linguistique et compétence de
communication, le pont a été jeté par Sophie Moirand
(1990) qui estime que la compétence de communication
« relèverait des facteurs cognitifs, psychologiques,
socioculturels dépendant de la société dans laquelle vit
l'individu et reposerait sur une compétence linguistique (la
connaissance des règles grammaticales du système ou du code), une
compétence psycho-socio-culturelle (la connaissance des règles
d'emploi et la capacité de les utiliser) ».
Nous pouvons donc noter que la compétence de
communication est subordonnée à la combinaison de plusieurs
composantes qui fonctionnent de façon indissociable :
- une compétence linguistique qui implique
l'appropriation des modèles phonétiques, lexicaux et grammaticaux
d'une langue, ainsi que la capacité de les utiliser ;
- une composante discursive qui a trait à la
connaissance des types de discours et de leur organisation en fonction des
paramètres de la situation de communication ;
- une composante pragmatique qui se rapporte à la
capacité de produire et d'interpréter des intentions de
communication et de maîtriser le feed-back ;
- une composante socioculturelle qui concerne la saisie des
règles sociales et des normes qui régissent les
interlocutions.
En effet, nous retenons à la suite de Robert Chaudenson
(1995, pp. 169-212) que l'évaluation des compétences
linguistiques permet de mesurer à quelle proportion un locuteur peut
« se tirer de situations de communication ».
Vraisemblablement, cette évaluation couvre les aspects de la
compétence de communication, c'est-à-dire l'ensemble des
aptitudes que le locuteur d'une langue, le français en l'occurrence, met
en jeu pour satisfaire le besoin de communiquer. Car selon l'auteur, la
« compétence de communication » renvoie à
« la capacité pour un locuteur de choisir dans son
répertoire linguistique les énoncés et plus
généralement les modes d'énonciation qui conviennent aux
situations de communication où il se retrouve
engagé ».
La compréhension de cette dichotomie compétence
de communication vs compétence linguistique sous-tend notre option
d'évaluer les compétences linguistiques des élèves.
Le but étant de mesurer globalement des connaissances linguistiques dans
une situation de communication.
Nous voudrions comprendre la manière dont ces
élèves développent les informations en leur disposition
pour le transformer en message, comprendre comment ils utilisent les
régularités discursives en vue d'une expression libre, une
production personnelle de message. Comme le souligne Charles Hadji (2000, p.
150), désireux d'estimer le plus objectivement possible, nous avons
recherché des « performances mesurables ».
En fait, notre démarche vise à vérifier
les acquis d'une progression, vérifier la capacité de
réutilisation des faits linguistiques appris. Elle devrait dès
lors nous permettre d'estimer le niveau de compétence des
élèves, mais également de situer ces derniers par rapport
au niveau de leur compréhension et de leur production. Notre mission est
donc de livrer l'information y afférente.
III.2. Population
d'enquête
Notre enquête a été menée
auprès de soixante élèves dont trente du primaire et
trente autres du secondaire. Les trente élèves finalistes du
cycle primaire sont les plus directement intéressés parce qu'ils
sont arrivés à la fin du cursus et ont utilisé les manuels
ayant fait l'objet de notre analyse. Par contre, il nous a semblé
nécessaire d'élargir ce champ aux finalistes du secondaire,
particulièrement ceux de la section pédagogique, parce que la
législation congolaise reconnaît à ces derniers la
qualification d'enseigner à l'école primaire à la fin de
cette formation.
L'objectif poursuivi est de nous rendre compte de leurs
capacités d'enseigner le et en français par la mesure des
connaissances linguistiques qu'ils ont acquises.
A la recherche de la
« variété », nous avons interrogé des
élèves selon l'emplacement des écoles dans les
« quatre districts » de la ville de Kinshasa (Funa,
Lukunga, Mont-Amba et Tshangu) ; lequel emplacement met à notre
disposition, sur la base d'un brassage socioculturel, des témoins ayant
profité des mêmes méthodes d'enseignement.
Nous avons été dans sept écoles
différentes (Collège Bonsomi, Complexe scolaire du Mont-Amba,
Complexe scolaire Moanda, Lycée Bolingani, Lycée Matonge,
Institut Kimvula et Institut pédagogique de Ngiri-Ngiri).
Toutes ces écoles visitées sont
gérées selon le titre 4 de la loi-cadre de l'enseignement
national n° 86/005 du 22/09/1986. Cette disposition légale a
été renforcée par les états généraux
de l'Education nationale de janvier 1996 qui ont mis au point un
« partenariat éducatif » où l'Etat, les
entités décentralisées, les confessions religieuses, des
organisations non gouvernementales et les parents d'élèves
doivent intervenir dans la création et/ou la gestion des écoles.
Le système éducatif national étant
dès lors ouvert aux initiatives privées, ce partenariat implique
la signature des conventions de gestion. Aussi distingue-t-on des écoles
publiques, privées, conventionnées catholiques,
conventionnées islamiques, conventionnées kimbaguistes,
conventionnées protestantes et conventionnées salutistes.
Situé dans la commune de Ngiri-Ngiri, district de la
Funa, l'Institut pédagogique de Ngiri-Ngiri est une école
publique. Le Complexe scolaire du Mont-Amba est une école privée
située dans la commune de Lemba (district du Mont-Amba) et placée
sous la responsabilité du comité de gestion de
l'Université de Kinshasa (UNIKIN). Le Complexe scolaire Moanda est une
école conventionnée islamique située dans la commune de
Kinshasa (district de Lukunga). Le Collège Bonsomi situé dans la
commune de N'djili (district de Tshangu) et le Lycée Bolingani
situé dans la commune de Kintambo (district de Lukunga) sont
conventionnés catholiques. L'Institut Kimvula est une école
conventionnée protestante située dans la commune de Kintambo
(district de Lukunga). Le Lycée Matonge est une école
conventionnée salutiste située dans la commune de Kalamu
(district de la Funa).
Si le lingala est la langue nationale parlée à
Kinshasa, il faut noter une diversité linguistique remarquable qui fait
de cette ville-province le reflet de la situation sociolinguistique du Congo,
suite à la présence des autres langues congolaises
généralement utilisées par les originaires de mêmes
tribus ou de mêmes groupes ethniques. Ce qui détermine son
caractère de première ville cosmopolite du pays.
La diversité de Kinshasa est aussi socioculturelle et
provient d'abord de ses quartiers, dont les caractéristiques sont
extrêmement divergentes. Le quartier résidentiel, aux larges et
somptueuses villas, longe la rive sud du fleuve Congo. Dans ce quartier de
Gombé réside l'élite, la classe aisée de la
société congolaise et les expatriés. Limete et quelques
quartiers de Lemba et Ngaliema sont très
hétérogènes car, à côté de quartiers
d'auto-construction, on y retrouve des expatriés et une minorité
de Congolais à haut revenu. Jouxtant ces quartiers
privilégiés, la « Cité », zone
populeuse, est constituée de plus anciens quartiers de Kinshasa devenus
vétustes.
Les sujets interrogés sont tous bilingues : le
lingala et le français (100 %) constituent principalement leur
répertoire linguistique. Selon l'origine des parents, ce
répertoire s'enrichit d'une ou de deux autres langues nationales (35 %)
ou également d'une langue ethnique (lega, kimbala, kimpelende, kiyaka,
kiyombe) (10 %). Quelques élèves du secondaire (25 %)
déclarent parler aussi l'anglais. Un seul élève
possède un répertoire de cinq langues (français, lingala,
swahili, lega et anglais). 75 % de nos témoins affirment avoir appris
à parler français en famille, c'est-à-dire avant le
début de leur scolarisation.
Le choix des témoins est principalement motivé
par les notes obtenues au cours de français. Nous avons
interrogés dans chaque école visitée les
élèves ayant obtenu la première note, la dernière
ainsi que la note moyenne.
III.3. Présentation
de l'outil d'évaluation et déroulement du test
Afin d'évaluer les compétences linguistiques des
élèves congolais en français, nous avons utilisé le
test mis au point par l'Institut d'études créoles et francophones
de l'Université de Provence sous la direction de Robert Chaudenson
(1995, pp. 225-339). Si les autorités de l'Education nationale
astreignent l'école à doter les élèves de
compétences linguistiques, l'Evaluation des compétences
linguistiques en français dans l'espace francophone nous permet de
vérifier dans quelle mesure ces élèves exploitent les
notions apprises pour faire face à leurs pratiques langagières.
Le test présente particulièrement dans le cadre
de la présente étude un double avantage. Non seulement il
représente la synthèse des tests de langue traditionnels et ceux
de type « communicatif », mais intègre aussi et
surtout les aspects socioculturels locaux par les textes et les images
proposés pour mesurer le niveau de compréhension ainsi que la
capacité productive des témoins.
Il touche à la fois la
« maîtrise », le « transfert » et
l' « expression », caractéristiques des
capacités intellectuelles (Tagliante, 2005, 26-27). A la suite de Bloom
et de Landsheere, Christine Tagliante indique que la maîtrise des
connaissances permet à l'élève de faire un choix
« parmi un nombre limité de réponses
prévisibles », alors que le transfert
(« capacités intellectuelles médianes ») lui
permet d'analyser et de synthétiser. L'expression, qui concerne les
« capacités intellectuelles supérieures »,
lui permet par contre d'aller au-delà de simples savoirs et savoir-faire
et de mettre en jeu sa « personnalité » ainsi que sa
« créativité ».
En outre, ce test vise à mesurer les deux pôles
principaux de toute pratique langagière qui sont l'émission
et la réception, tant à l'oral qu'à l'écrit. Il
comprend une fiche signalétique dont les items permettent de construire
le profil socioculturel du témoin.
Pour adapter cette fiche à notre population
d'enquête, nous avons supprimé les mentions
« marié(e) », « études »,
et « profession » et les avons remplacées par
« profession du père », « profession de la
mère », « école » et
« classe ». Ce qui aide à identifier le milieu
d'origine du témoin et à appréhender ses
possibilités d'usage informel de la langue française.
Le test est composé des exercices répartis selon
les quatre niveaux de compétences qui sont : la
compréhension orale, la compréhension écrite, la
production orale et la production écrite.
1°) Exercices de compréhension
orale
Trois parties (A, B, C) constituent l'essentiel de cette
étape de l'évaluation entièrement enregistrée. La
première partie contient dix questions qui, normalement,
complètent la fiche signalétique avec des informations sur le
répertoire linguistique du témoin. Pour des raisons de
conformité, la dixième question a été
reformulée. « Qu'est-ce que vous faites quand vous
n'êtes pas à l'école ? » au lieu de
« Qu'est-ce que vous faites quand vous ne travaillez
pas ? ». Les dix questions de la deuxième partie,
auxquelles le témoin doit répondre par
« vrai » ou « faux », concernent une
image montrant une jeune fille sur une mobylette, une dame (marchande) assise
devant sa bassine de fruits et une petite écolière passant dans
la rue. La troisième partie (cinq questions) est un entretien oral qui
consiste à favoriser l'expression libre du témoin qui doit donner
son avis sur le test, parler de son répertoire linguistique et se
prononcer sur une question d'actualité.
2°) Exercices de production orale
Autant que l'ont été les exercices de la
compréhension orale, cette étape est également
enregistrée. Elle est faite des deux parties (A et B), mais nous n'avons
pris en compte que la partie consistant à raconter l'histoire
présentée par la scène du marché parce que nous ne
disposions pas de consignes données par les cartes. Un exercice pareil
se base sur ce que l'on nomme « fonction iconique de l'approche
globale » qui doit déclencher, d'une part, le travail de la
recherche des termes correspondant aux images, des moments forts du discours
à tenir, son architecture, en faisant intervenir, d'autre part, des
données extralinguistiques ayant trait aux faits socioculturels.
3°) Exercices de compréhension
écrite
La compréhension écrite est
évaluée à partir des deux exercices, le premier (A)
à trous et le second (B) un QCM. L'exercice à trous propose un
texte que le témoin complète en remplissant chacun des blancs par
un terme qu'il doit deviner. Le QCM est posé sur un texte de quelques
cent quatorze mots, auquel le témoin doit trouver un titre et au sujet
duquel il doit répondre aux questions de compréhension en
choisissant la bonne réponse parmi les assertions proposées.
4°) Exercices de production
écrite
Pour évaluer la production écrite, le premier
exercice (A) demande au témoin de raconter une suite
d'événements représentés sur des images qui mettent
en scène l'attaque d'une banque perpétrée par une bande de
bandits dont l'un a été arrêté par la police, et
à laquelle des écoliers ont assisté à travers les
fenêtres, car se produisant près de leur école. Le second
(B) est un exercice à trous et un QCM, d'autant que les expressions
à compléter sont d'ores et déjà proposées et
que le témoin doit choisir la réponse correcte parmi
celles-ci.
Nous avons pris les deux versions du test pour interroger,
avec la version enfants d'une part, les élèves de sixième
année primaire (ceux du niveau terminal) dont la tranche d'âge est
comprise entre douze et quatorze ans, et ceux de sixième année
secondaire (âgés de dix-sept à vingt-trois ans), avec la
version adultes d'autre part. Le tutoiement ou le vouvoiement des sujets
marquent la différence entre elles. En outre, les deux textes qui font
l'objet des exercices de compréhension écrite, sous le même
modèle, abordent des questions différentes :
« l'attaque à la banque » (cent et un mots) pour les
petits et « le travail des femmes » pour les adultes. Des
modifications dues à l'adaptation concernent aussi les exercices de
compréhension orale (A et B).
Le test s'est déroulé totalement en milieu
scolaire. Nous saluons ici l'assistance non moins la moindre des chefs
d'établissements (préfets ou directeurs des écoles), des
directeurs des études et des professeurs qui se sont investis pour la
réussite de cette opération. Nous avons pu obtenir de leur part
même la suppression d'autres cours afin que ce test soit passé
dans le délai qui puisse permettre l'enregistrement de tous les
candidats.
Pour obtenir la copie du test à remettre aux
élèves, nous avons saisi la forme publiée (Chaudenson,
1995) en versions enfants et adultes et avons photocopié ces textes pour
avoir le nombre d'exemplaires voulus. Nous avons aussi photocopié en
autant d'exemplaires les images (l'attaque de la banque) concernant la
production écrite, qui sont reprises dans le livre (op. cit.) afin que
chaque sujet ait sa copie. Les autres images pour la compréhension orale
(la jeune fille à la mobylette) et la production orale (le
marché) ont été photocopiées en un exemplaire que
nous présentions au candidat au moment de l'entretien.
Dans la salle de classe, les élèves
étaient placés de façon à éviter toute
tentative de collaboration entre eux. Chacun recevait sa copie du test et
pouvait répondre progressivement aux questions ayant trait à
l'expression écrite en attendant qu'il soit appelé pour
l'entretien oral. La durée limite de passation était de 90
minutes. Pour enregistrer les témoins qui devaient passer à tour
de rôle, nous avons utilisé un dictaphone à microcassette
de 120 minutes. Pour l'ensemble des entretiens oraux réalisés,
nous avons utilisé 6 microcassettes ; la moyenne du temps
d'enregistrement étant de 12 minutes par témoin. Tous ces
entretiens ont été par la suite transcrits.
III.4. Résultats
obtenus
Tel que présenté dans ce contexte, notre test
relève de l'évaluation « sommative » qui
s'oppose à l'évaluation « formative »
(Véronique, 1995 et Tagliante, 2005). S'il ne vise pas à la
délivrance d'un certificat, il permet tout de même d'avoir des
informations sur la démarche de l'apprentissage, sans aucune vocation
régulatrice. Son but est de « vérifier la
conformité des performances de l'apprenant ». N'empêche
donc que les résultats de cet exercice servent d'indicateurs observables
aux yeux de tous les acteurs de l'enseignement/apprentissage du
français.
Dans la typologie des fonctions de l'évaluation
élaborée par Christine Tagliante (2005, pp. 16-19), pronostic,
diagnostic et inventaire, on notera qu'il s'agit ici d'un test-bilan à
fonction d'inventaire, « concernant le domaine cognitif, qui
évalue les savoirs et les savoir-faire », mais qui n'a pas
l'ambition de classer, ni de sanctionner. L'acquis à contrôler
demeure l'étendue et la qualité des connaissances linguistiques
ainsi que la capacité à organiser et mobiliser ces connaissances
(lexicales, grammaticales, phonétiques, orthographiques, etc.). Le test
englobe toutes les autres composantes (pragmatique, sociolinguistique) d'une
communication réussie, au-delà de la composante linguistique
stricto sensu.
L'auteur de l'outil d'évaluation des compétences
linguistiques en français dans l'espace francophone a mis à notre
disposition une grille de correction à partir de laquelle la
réception et l'émission des témoins, à l'oral comme
à l'écrit, sont mesurées. Un barème de notation est
également arrêté. Il réserve 100 points à
chacune de quatre compétences concernées (Chaudenson, 1995, pp.
241-263).
D'après les critères fixés, nous avons pu
obtenir les résultats suivants pour tous les témoins
interrogés.
a) A l'école primaire
Tableau 12 : Les résultats du primaire
Elèves
|
Comp. or.
|
Comp. écr.
|
Prod. Or.
|
Prod. Écr.
|
Total/400
|
YANNICK
|
92
|
67
|
58
|
44
|
261
|
DEBORAH
|
84
|
93
|
59
|
23
|
259
|
FAREK
|
90
|
63
|
48
|
45
|
246
|
KONGOL
|
76
|
53
|
55
|
37
|
241
|
MUAK
|
88
|
80
|
45
|
26
|
239
|
NADEGE
|
76
|
80
|
48
|
32
|
236
|
MARLEINE
|
80
|
53
|
50
|
47
|
230
|
SONY
|
81
|
83
|
39
|
26
|
229
|
MVIND
|
84
|
81
|
38
|
21
|
224
|
RODDY
|
75
|
73
|
42
|
36
|
221
|
ODETTE
|
80
|
47
|
54
|
35
|
216
|
KIANS
|
71
|
80
|
45
|
20
|
216
|
NYONG
|
82
|
65
|
43
|
24
|
214
|
MULOW
|
80
|
80
|
39
|
13
|
212
|
NEHEMA
|
60
|
73
|
48
|
31
|
212
|
KAPOS
|
80
|
47
|
45
|
26
|
198
|
LAMBERT
|
75
|
47
|
51
|
20
|
193
|
PANZ
|
64
|
55
|
46
|
28
|
193
|
RACHIDI
|
70
|
47
|
43
|
30
|
190
|
KUNDIMB
|
81
|
52
|
45
|
11
|
189
|
HELEINE
|
80
|
50
|
37
|
21
|
188
|
RAMAZANI
|
69
|
58
|
36
|
23
|
186
|
BANZ
|
71
|
63
|
34
|
17
|
185
|
MIAND
|
60
|
53
|
41
|
24
|
178
|
RUTH
|
67
|
62
|
31
|
15
|
175
|
BENEDICTE
|
80
|
47
|
25
|
20
|
172
|
SAFALA
|
65
|
58
|
32
|
14
|
169
|
JOSEPH
|
68
|
47
|
31
|
10
|
156
|
ANGES
|
76
|
13
|
37
|
11
|
137
|
NICKEL
|
50
|
40
|
19
|
06
|
115
|
Ce premier tableau montre qu'aucun témoin n'a
réalisé 100 % de réussite pour avoir le
« SMIC » (Seuil Minimal Individuel de Compétence) du
locuteur francophone recommandé.
La note la plus élevée est de 261/400, soit
65,25 % ; la note plus basse est de 115/400, soit 28,75 %. La
compétence de compréhension (orale et/ou écrite) est plus
développée. En effet, 47 % des témoins ont une
compétence de compréhension orale d'au moins 80/100 et personne
n'a obtenu à ce niveau moins de 50/100. Tandis que 23 % des
témoins ont une compétence de compréhension écrite
égale ou supérieure à 80/100 et 26,67 % (8 personnes) ont
obtenu moins de 50/100.
Par ailleurs, nous remarquons que la compétence de
production écrite se révèle moins développée
par rapport aux autres compétences : tous les témoins ont
moins de 50/100. D'autre part, 20 % des témoins ont une
compétence de production orale d'au moins 50/100 dont la note la plus
élevée est de 59/100.
La moyenne de ces résultats permet de tracer le profil
du locuteur moyen parmi ce public témoin.
Tableau 13 : La moyenne des résultats du
primaire
Comp. Orale/100
|
Comp. Ecrite/100
|
Prod. Orale/100
|
Prod. Ecrite/100
|
Total/400
|
75
|
60
|
42
|
25
|
202
|
Graphique 8 : Le profil du locuteur moyen au primaire dans
l'enquête
Pour le concepteur du Programme national (Ministère de
l'enseignement primaire, secondaire et professionnel 2000), l'école
primaire a la mission de rendre l'élève capable, à la fin
de ce cycle de formation, d'écrire, de lire, de calculer, de comprendre
et de s'exprimer dans les langues congolaises et en français. Aussi
assignent-ils à l'organisation du cours de français, entre autres
objectifs généraux, de conduire l'élève
à :
« - Comprendre un message et y
répondre ;
- s'exprimer avec aisance et de manière
spontanée dans des situations de communications
familières ;
- lire couramment, clairement et correctement un texte
simple et le comprendre ;
- produire des textes simples en situations de
communications réelles ou simulées. »
Cependant, s'il faut respecter strictement les consignes de
notation de ce test, nous relevons que les élèves finalistes du
primaire interrogés n'atteignent pas le SMIC francophone qu'ils
n'approchent même pas. La production (orale et écrite) des
élèves est dépourvue de la cohésion et de la
cohérence - suite à l'absence quasi totale des connecteurs - et
limite ainsi leur performance discursive. Les structures des phrases
n'apparaissent souvent que dans leur forme la plus simplifiée. Les
élèves n'arrivent pas à employer la voie passive, le mode
subjonctif, ni les pronoms personnels objets. Les pronoms personnels sujets
sont employés à une proportion moindre.
La production orale couvre à peine une moyenne de 35 %
du vocabulaire retenu, et certaines expressions comme « lever les
bras », « emporter »,
« s'enfuir » et « rôti », ont
connu un taux d'emploi nul (0 %). Quelques particularités lexicales
(l'emploi excessif de maman et papa pour désigner un homme et une femme)
sont à stigmatiser. Et malgré l'insistance sur les consignes,
rares sont les témoins qui ne se sont pas contentés de commenter
les images plutôt que de raconter l'histoire au moyen des phrases
élaborées montrant qu'il maîtrise les règles et
structures (phonologiques et morphosyntaxiques) de la langue. L'utilisation des
signes de ponctuation est lacunaire à 95 %.
Pourquoi donc ceci est-il possible ? Le manuel de
6ème année primaire analysé accorde une part
importante au travail de l'orthographe, avec 19 « cours »
de 30 minutes sur les 25 semaines de « leçons »
prévues pour l'année scolaire (Lufuma et. al. 2004, p.4). Mais la
production écrite des élèves interrogés ne
reflète pas vraiment cette exigence. Le répertoire des fautes
montre que nos témoins ignorent beaucoup de principes orthographiques
français. Ils réussissent aux questions fermées et QCM,
alors qu'ils éprouvent autant de difficultés à produire
librement (à l'oral comme à l'écrit) des
énoncés corrects sur le plan de la morphosyntaxe que celui du
style.
Le Programme national d'enseignement (2000, p. 134)
édicte des objectifs intermédiaires et spécifiques de
l'enseignement du français à l'école primaire, en plus des
objectifs généraux évoqués supra. Nous
retenons les plus marquants et qui coïncident justement avec les
objectifs de cette évaluation :
« - Conjuguer correctement les verbes d'usage
courant ;
- respecter, au cours de toute activité
d'expression orale, la prononciation, le rythme et l'intonation de la langue
française ;
- orthographier correctement les mots et les textes
précédemment expliqués ou nouveaux ;
- composer des phrases ou de courts textes librement ou
selon des modèles, en situation de communication. »
Les élèves éprouvent des
difficultés majeures dans ces domaines, et pourtant les
prévisions des matières (Ministère de l'éducation
nationale, 2005) donnent de façon exhaustive les titres des
leçons qu'il faut enseigner pendant l'année scolaire.
b) A l'école secondaire
Tableau 14 : Les résultats du secondaire
Elève
|
Comp. or.
|
Comp. écr.
|
Prod. Or.
|
Prod. Écr.
|
Total/400
|
AGUNA
|
100
|
100
|
74
|
58
|
332
|
LIONEL
|
100
|
87
|
65
|
77
|
329
|
ARMAND
|
96
|
93
|
59
|
76
|
324
|
MYRA
|
84
|
100
|
59
|
71
|
314
|
REBECCA
|
96
|
100
|
65
|
50
|
311
|
YANNICK
|
92
|
93
|
57
|
49
|
291
|
KATAY
|
84
|
87
|
51
|
56
|
278
|
MASANG
|
72
|
97
|
54
|
53
|
276
|
ARIDJA
|
80
|
93
|
51
|
51
|
275
|
MULOPO
|
88
|
73
|
61
|
53
|
275
|
ISRAEL
|
84
|
93
|
59
|
35
|
271
|
NANOUCHE
|
88
|
73
|
55
|
54
|
270
|
FRANCIS
|
80
|
80
|
53
|
57
|
270
|
GLORY
|
88
|
73
|
55
|
54
|
270
|
MAMBOU
|
92
|
60
|
58
|
54
|
264
|
NADEGE
|
88
|
73
|
65
|
38
|
264
|
MAN
|
80
|
93
|
45
|
46
|
264
|
ZOLA
|
88
|
83
|
53
|
40
|
264
|
OLIVIER
|
96
|
60
|
57
|
50
|
263
|
RACHEL
|
84
|
67
|
57
|
53
|
261
|
LAMINE
|
80
|
93
|
44
|
44
|
261
|
RODDY
|
72
|
87
|
51
|
51
|
261
|
CATHY
|
85
|
67
|
51
|
57
|
260
|
ILEKO
|
80
|
73
|
57
|
47
|
257
|
MERLINE
|
84
|
87
|
47
|
37
|
255
|
MALKAY
|
88
|
60
|
51
|
56
|
255
|
BAHA
|
88
|
47
|
64
|
49
|
248
|
GLOIRE
|
84
|
67
|
51
|
39
|
241
|
BANI
|
84
|
67
|
55
|
32
|
238
|
GARRY
|
76
|
53
|
60
|
45
|
234
|
Il paraît évident que les résultats au
secondaire se sont améliorés. Cette amélioration
s'explique par le fait que les sujets de ce groupe ont accumulé une
expérience de plus dans leur apprentissage. Leur input présente
en effet des dimensions beaucoup plus considérables. C'est à ce
niveau qu'on constate la maîtrise de certains faits linguistiques non
acquis au primaire :
- l'emploi du subjonctif ;
- l'emploi de la voie passive ;
- l'emploi des éléments anaphoriques (pronoms
personnels sujets et objets, etc.).
La compétence de compréhension orale est d'au
moins 80/100 à 90 %. Aucun sujet n'a obtenu moins de 50/100. Par
contre, la compétence de compréhension écrite
s'évalue au moins à 80/100 pour 53 % des témoins. 3
% des sujets ont moins de 50/100. Quant à la compétence de
production orale, nous constatons que 73 % des élèves ont moins
de 50/100, alors que personne n'a 80/100. La compétence de production
écrite reste plus faible que la compétence de production orale
d'autant que 90 % des témoins ont moins de 50/100, et personne n'a
80/100.
Tableau 15 : La moyenne des résultats du
secondaire
Comp. Orale/100
|
Comp. Ecrite/100
|
Prod. Orale/100
|
Prod. Ecrite/100
|
Total/400
|
86
|
79
|
56
|
51
|
272
|
Graphique 9 : Le profil du locuteur moyen au secondaire
dans l'enquête
Il est donc à noter que la tendance reste presque la
même qu'au primaire. C'est la compétence de compréhension
qui est plus importante, et les difficultés se perçoivent plus
quant à la production, surtout à l'écrit. Aucun sujet n'a
pu obtenir le maximum des notes requis pour détenir le SMIC francophone.
De manière générale, nous relevons des
remarques suivantes dans les énoncés des
élèves :
1°) au plan morphosyntaxique
- le mode indicatif est le plus usité au temps
présent (70 %), à l'imparfait (10 %) et au passé
composé (20 %) ;
- la confusion des désinences (entre
aient, ait et é ou er ;
e et ent) :
« La fille pensée [pensait]
d'être veterinere [vétérinaire] et le
garçon pensé [pensait] d'être un
policier. » ;
- les phrases simples représentent 93 % d'emploi, et
dans quelques phrases complexes présentes, soit la concordance des temps
est souvent incorrecte :
« Il y avait deux enfants en classe qui pensent
à leur aventure. »
« Quand il seras grand, il serait
policier. », soit il y a emploi erroné des pronoms
relatifs :
« C'était dans une salle de classe
dont [où] les élèves étaient à un
temps. » ;
- les phrases déclaratives sont plus fréquentes
(85 %) que d'autres formes de phrases : les phrases interrogatives
apparaissent à 11 %, les exclamatives à 4 % et les phrases
impératives n'apparaissent pas dans le corpus ;
- les phrases affirmatives sont plus nombreuses (87 %) que les
phrases négatives
- l'emploi des adjectifs qualificatifs est curieusement
restreint et personne n'a utilisé leur degré de
comparaison ;
2°) au plan lexical :
- les belgicismes septante et nonante sont
exclusivement utilisés pour soixante-dix et quatre-vingt-dix ;
- les élèves trouvent des mots comme acheter,
vendre, négocier, marchander..., mais leur couverture lexicale par
rapport aux thèmes proposés demeure inférieure à la
moyenne ;
- ils n'ont su trouver des termes précis pour raconter
l'histoire de la banque, à peine ils emploient des mots comme soldat,
élève, maîtresse, classe, arme ;
- les fautes d'orthographe récurrentes (grammaire et
vocabulaire) concernent l'absence d'accents, de signes de ponctuation, la
confusion des homonymes grammaticaux, etc. :
« Certes le problème qui nous
preoccupe [préoccupe] dans cette [ce] marché
ce [c'est] quoi ? »
« Elle serait avec son chien entre [en
train] de joué [jouer]. »
« Il y avait deux enfants qui
été [étaient] en classe. »
« Les élèves étaient en classe
elles étaient à l'heure libre Je pense que le maître
n'était pas là Les élèves étaient seules
Elles étaient entré [en train] d'imaginé
[imaginer]. »
Cet énoncé donne l'impression d'être une
phrase multiple ; aucun signe de ponctuation ne s'y retrouve.
III.5. Compétences
linguistiques et habilités à l'enseignement
Le profil du locuteur moyen du secondaire nous pousse à
nous interroger sur les compétences, tant linguistiques que
professionnelles, que le futur enseignant du primaire doit mettre en oeuvre
pour être à la hauteur de sa tâche. Même si nous nous
permettons de partir d'une étude qui n'est pas longitudinale pour
inférer sur les capacités des élèves finalistes des
humanités pédagogiques à pouvoir enseigner à la fin
de leur cursus. Pour mesurer les habilités dont doivent faire montre les
pédagogues du niveau 6 ans post-primaires afin de pouvoir enseigner
à l'école primaire, nous commençons par établir la
différence entre le profil-type du primaire et du secondaire. Nous
obtenons cette différence par la moyenne des notes de témoins
selon la formule ci-après :
?Note = Note secondaire - Note primaire/Note primaire.
Cette évolution est de 34,65 %.
Ladite moyenne représente l'évolution de la
courbe différentielle entre les compétences du sujet primaire et
celle du sujet secondaire.
Graphique 10 : La moyenne des compétences de deux
types de locuteurs
Cette différence est d'autant plus
compréhensible que la charge horaire, mais aussi et surtout le contenu
des curricula du primaire et du secondaire n'ont pas de commune mesure. La
charge horaire du cours de français à l'école primaire (de
la première à la dernière année) est de 1170
heures. En première année le cours a 4h/semaine, et de
deuxième en sixième, on lui donne 7h/semaine. L'année
scolaire compte plus ou moins 30 semaines. Au secondaire, la charge horaire
augmente en première année pour atteindre 10h/semaine. En
deuxième année, elle est de 8h/semaine. De la troisième
à la sixième année, on accorde 5h/semaine au cours de
français. Ce qui fait un total de 1140 heures.
Pendant les deux années du cycle inférieur,
l'enseignement du français vise à « faire parler
l'élève, l'amener progressivement à corriger ses fautes et
à pratiquer un langage usuel simple » (en première) et
à « [...] développer de front l'expression orale et
l'expression écrite] (en deuxième année). Les manuels de
ce cycle proposent un vocabulaire de 1500 mots (en première) et 2500
mots (en deuxième année) avec une préférence pour
les textes dialogués, narratifs ou descriptifs, oeuvres d'auteurs
africains présentant « des situations plus
familières » aux élèves.
Les instructions officielles insistent sur la
référence au vocabulaire du français fondamental qui doit
être renforcé par le vocabulaire usuel. La grammaire est
essentiellement fonctionnelle et repose sur l'assimilation des structures des
phrases (par des exercices structuraux). Elle est une répétition
des notions abordées à l'école primaire, mais dans un but
de fixation, et demeure implicite sauf pour l'apprentissage de l'accord du
participe passé et de quelques règles grammaticales
nécessitant plus d'explicitation. L'autorité qui édicte
ces instructions est consciente du caractère non maternel de la langue
française pour l'élève congolais et tente, dans la
manière du possible, de lui proposer des ressources efficientes pour la
maîtrise du français « avec sa rigueur, sa richesse et
ses nuances ». Le programme envisage « l'apprentissage du
français langue étrangère », mais avec quelles
méthodes ? (Programme national 1987, p. 19-35).
Au second cycle, l'étude de la langue se construit
toujours autour des textes de lecture qui deviennent plus consistant au plan
lexical, avec une approche d'analyse. En troisième année, on
étudie plus les textes d'auteurs africains (80 %) que de
Français. En quatrième, on recommande l'éclectisme pour
introduire progressivement des classiques français ainsi que ceux de la
littérature étrangère d'expression française, dans
une optique comparative de formes et de styles linguistiques. Le degré
terminal (cinquième et sixième) propose une étude plus
approfondie des textes, visant à faire acquérir la
réflexion et la rigueur de pensée et en rapport avec des centres
d'intérêts bien précis.
C'est donc à ce niveau - avec l'étude de divers
grands courants de pensées - qu'un vrai travail d'ouverture à la
culture étrangère intervient, permettant de comprendre les
attitudes particularisantes de l'autre. Le temps accordé à cet
aspect plus qu'important de l'apprentissage est certainement court et ne peut
pas valablement permettre l'acquisition des compétences performatrices.
L'étude de la grammaire au second cycle s'assigne des
objectifs de consolidation de ce qui a été appris au premier
cycle. Des notions jugées fondamentales (articles, pronoms,
conjonctions, prépositions, syntaxe des modes et temps des verbes,
discours direct et indirect, etc.) sont revisitées en fonction de leur
impact dans la logique des textes de lecture ou leur fonction dans d'autres
activités d'apprentissage. L'enseignement de la grammaire est donc
occasionnel et a un but correctif. Un traitement particulier est
réservé aux notions sémantiques d'expression (but, cause,
condition, comparaison, conséquence, espace, manière, opposition,
temps, etc.). Les structures des phrases sont révisées dans le
cadre des activités de production orale et écrite.
Il sied de souligner ici que la quantité des
matières enseignées ou proposées à l'enseignement
jusqu'à la fin du cursus secondaire, devraient suffire pour qu'un
élève obtienne le maximum des points sinon quatre-vingt-dix pour
cent des points au test que nous avons organisé. Il aurait ainsi obtenu
son SMIC francophone. Mais les résultats de cette étude nous
prouvent le contraire.
La différence existant entre les deux types de
locuteurs que nous avons identifiés n'est donc pas une fin en soi pour
témoigner de la compétence à pouvoir enseigner. En
conséquence, nous estimons qu'il est nécessaire de renforcer les
capacités des élèves qui optent pour la section
pédagogique. Il faudrait pour eux des curricula qui intègrent au
cours de français des activités particulières. Des
tâches de simulation d'enseignement, par exemple, renforceraient les
cours à caractère psychopédagogique inscrits à leur
programme. C'est un cours de français sur objectifs spécifiques
que nous préconisons.
Un tel cours n'aurait d'impact sensible que si à partir
de l'école primaire le projet formatif au niveau national intègre
la « compétence interculturelle » dans
l'enseignement de la langue française. Car « en s'attachant
à la « dimension interculturelle »
de l'enseignement des langues, on vise à faire des apprenants
des locuteurs ou des médiateurs interculturels,
capables de s'engager dans un cadre complexe et un contexte d'identités
multiples [...] » (Bayram, Gribkova et Starkey 2002). En même
temps que la compétence linguistique se met en place, la
compétence interculturelle permet, d'après ces auteurs,
« un dialogue éclairé entre individus ayant des
identités sociales différentes ».
Dans le cas qui est le nôtre, le dialogue
« extra-identitaire » est possible à travers les
manuels scolaires. Ceux-ci ne doivent pas contenir uniquement des faits
culturels locaux, mais incorporer aussi la culture étrangère. De
cette manière, on aiderait les apprenants à ajouter le
« langage adéquat » à leurs connaissances
grammaticales. Nous notons en effet que limiter la sélection des manuels
scolaires aux donnes thématiques de l'environnement des
élèves restreint sensiblement le champ de leur acquisition du
lexique.
Le test d'évaluation des compétences
linguistiques nous a révélé notamment que beaucoup
d'échecs concernant la production orale et écrite, proviennent du
fait que les élèves n'ont pas trouvé les ensembles
lexicaux définis par les thèmes proposés. La couverture
lexicale est, pour la majorité des cas, inférieure à 40 %.
Certains mots culturellement marqués tels que banque,
bureau, dame, étal, gangster,
hold-up, pistolet, rôti..., s'ils ne sont pas
absents, apparaissent rarement dans leurs discours. Par exemple, maman
remplace à 90 % dame. Ceci s'expliquerait par le fait que les
enfants congolais appellent maman toute femme ou toute dame qui en porte
l'âge.
Enseigner une langue et/ou enseigner dans une langue
nécessite donc la mise en oeuvre des compétences
linguistiques ; mais celles-ci doivent fonctionner en synergie avec des
compétences professionnelles afin de créer des habilités,
des attitudes, des capacités qui confèrent la qualification dans
le domaine. Voilà le sens que nous accordons à la
compétence de communication dans ce cas ; une compétence
faite à la fois des savoirs, des savoir-faire, des savoir-être.
CONCLUSION
GENERALE
Le contexte de l'enseignement/apprentissage du français
en République démocratique du Congo détermine les
préoccupations au centre de ce travail de recherche. Pour comprendre ce
contexte, saisir ses caractéristiques, nous avons analysé des
manuels scolaires, seules sources des données d'apprentissage qui
rendent possible l'appropriation de la langue française par les
Congolais.
Parler du contexte d'enseignement/apprentissage c'est aussi
faire allusion aux conditions dans lesquelles se déroule ce processus.
Voilà pourquoi il a été nécessaire de
décrire ce contexte, le situer dans son environnement, avant de
procéder à l'analyse des manuels qui servent de corpus à
cette étude.
Le français, « langue du colonisateur
Belge », évolue au Congo-Kinshasa dans une situation
sociolinguistique complexe. Son statut de langue officiel, sa fonction de
langue de scolarisation, devraient caractériser le choix de ses
méthodes d'enseignement. Le passage en revue de cette situation
sociolinguistique montre que les Congolais, à une grande
majorité, découvrent la langue française à
l'école où à la fois elle est médium et
matière d'enseignement.
Notre but est de comprendre comment se réalise le
processus d'apprentissage dans un contexte formel où seule l'institution
étatique détient le pouvoir de décider de ce qui doit
être enseigné. L'Etat a la responsabilité d'élaborer
des curricula scolaires en vue d'assurer la formation de ses citoyens. Ses
directives sont prépondérantes même dans
l'élaboration des manuels par des tiers.
L'analyse quantitative et qualitative des contenus nous a
permis de récolter des données nécessaires pour
l'aboutissement de cette étude. Le traitement de ces données
s'est réalisé principalement à l'aide de la grille de
l'ONL (Observatoire national de lecture) que nous avons trouvé
adaptée aux objectifs de la présente étude. Cette grille a
été mise au point pour aider l'enseignant à choisir, sur
des bases objectives, le manuel qui répond aux objectifs de
l'enseignement/apprentissage et ainsi pouvoir l'utiliser à bon escient.
Elle est applicable à tout manuel de lecture ou d'apprentissage de
langue, notamment grâce aux critères d'étude
édictés pour « une observation de tendances et
d'orientation ». Elle permet aussi d'étudier, tel est notre
cas, les critères des principes de didactique analytique d'enseignement
de langue dans une approche non comparative.
Nous avons dû recourir aux outils informatiques (Lexico
3, Cordial analyseur, Microsoft Excel, Mk Corpus) pour le traitement
statistique des données quantifiables susceptibles de rendre possible
l'observation des caractéristiques des manuels analysés.
L'étude menée nous renseigne donc sur les activités que
les manuels analysés proposent, sur leur efficacité à
produire des capacités escomptées dans le chef des apprenants.
L'analyse des manuels nous a permis d'identifier la forme de
l'input auquel les élèves sont exposés.
L'évaluation des compétences linguistiques des
élèves en fin de cursus scolaire (primaire et secondaire
pédagogique) complète l'analyse des manuels. Ce deuxième
aspect de la présente étude vise à mesurer le niveau des
capacités acquises par apport aux contenus des manuels utilisés.
Les objectifs généraux et spécifiques que le
système éducatif congolais se fixe sont également pris en
compte.
Les deux aspects de l'étude - c'est-à-dire
l'analyse des manuels et l'évaluation des compétences
linguistiques - permettent de scruter l'apprentissage et la pratique du
français langue seconde en milieu scolaire en R.D. Congo.
L'objectif de l'apprentissage de L2 demeure la mise en place
des compétences (habilités et attitudes), des savoirs et
savoir-faire. Nous retenons de Krashen (1985) que le développement de la
compétence en L2 est conditionné par l'exposition aux
données de la langue cible, à l'input. En milieu scolaire,
l'input auquel les élèves peuvent être exposés
provient des contenus des manuels. Ce sont les activités qu'on
réalise sur cet input conditionné qui favorisent le
déclenchement du procès acquisitionnel.
ANNEXES
EVALUATION DES COMPETENCES LINGUISTIQUES EN FRANÇAIS
DANS L'ESPACE FRANCOPHONE
INSTITUT D'ETUDES CREOLES ET FRANCOPHONES
URA 1041 DU CNRS
UNIVERSITE DE PROVENCE
COPYRIGHT IECF 1995
FICHE SIGNALETIQUE
Nom :
Prénom :
Date et lieu de naissance :
Ecole :
Classe :
Langues pratiquées :
Profession du père :
Profession de la mère :
A. VERSION DU TEST PASSE AU PRIMAIRE
I. COMPREHENSION ORALE
Exercice A
Q1 : Quel âge as-tu ?
Q2 : Tu habites où ?
Q3 : Depuis quand y habites-tu ?
Q4 : Est-ce que tu es allé dans d'autres
villes/villages ?
Q5 : Est-ce que tu aimes l'école ?
Q6 : Qu'est-ce qui te plait (ou pas) à
l'école ?
Q7 : Quel est ton jeu préféré ?
Q8 : Qu'est-ce que tu aimes bien manger ?
Q9 : Qu'est-ce que tu fais pendant les vacances ?
Q10 : Quel travail voudrais-tu faire plus tard ?
Exercice B : Voici une image. On va te
proposer une série de phrase (concernant cette image. A toi de voir si
elles correspondent à cette image. Réponds par vrai ou faux.
Voici un premier exemple : « Il y a un homme et des femmes
sur cette image. » - « Faux ».
P1 : On voit derrière un buisson une petite maison
qui a plusieurs fenêtres.
P2 : La petite fille qui passe porte une jupe et un
chapeau.
P3 : Une jeune fille passe à toute allure sur un
vélo.
P4 : Il y a un arbre et un buisson derrière la
vieille dame qui vend des fruits.
P5 : La vieille marchande de fruits est assise sur un
tabouret.
P6 : La vendeuse accroupie propose des bananes qu'elle a
déposées dans une cuvette.
P7 : La petite écolière qui dit bonjour en
levant le bras marche pieds nus.
P8 : La marchande vend plusieurs sortes de fruits.
P9 : La vendeuse salue l'écolière en lui
adressant un signe de la main.
P10 : La jeune fille à la mobylette achète
des fruits à la marchande.
II. PRODUCTION ORALE
Exercice A : Exécuter les
consignes données par les cartes
Exercice B : Raconter l'histoire
présentée par les images
III. COMPREHENSION ECRITE
Exercice A : Compléter le texte
en proposant un mot et un seul pour chacun des blancs
marqué ..........
Hier, mes parents ont appelé un menuisier pour
réparer une porte qui grinçait mais quand il
est ..............., il s'est aperçu qu'il avait oublié tous
ses .......... chez lui. Alors, il est ............... pour les ...............
Après avoir repris sa boîte, il est revenu chez mes ...........
Mais mon père avait réussi à réparer la ..........
tout .......... Alors, il l'a renvoyé en lui disant qu'il n'avait plus
.......... de lui. De plus, le pauvre menuisier qui s'était
dérangé pour rien, s'est .......... la jambe en tombant.
.......... malchance !
Exercice B : Mettre une croix dans la
case qui correspond
Pendant que Jean se rendait à l'école ce matin,
il y a eu une attaque à la banque. La police est arrivée et on a
commencé à interroger tous les gens qui étaient là.
Il y avait une dame très émue qui criait. Quand le policier a
demandé à Jean ce qu'il avait vu, il a dit qu'il avait
aperçu un homme masqué qui s'enfuyait. Le policier a pris son nom
et son adresse et l'a encouragé à dire toujours la
vérité. La dame criait de plus en plus fort. On lui a
donné un verre d'eau et elle s'est calmée.
Q1 : Donne un titre à ce texte :
? une attaque à la banque
? une attaque à la bijouterie
? un accident devant la banque
Q2 : Le policier a demandé à Jean :
? son sac ? son adresse ? son repas ?
son livre
Q3 : Jean allait à la banque.
? vrai ? faux ? je ne sais
pas
Q4 : La dame criait de joie.
? vrai ? faux ? je n sais
pas
Q5 : Jean a dit au policier qu'il avait vu une femme.
? vrai ? faux ? je ne sais
pas
IV. PRODUCTION ECRITE
Exercice A : Racontez, à partir
des images qui vous sont présentées, les événements
qui se sont produits la semaine dernière. Vous devez essayer de faire
des phrases et de ne pas vous limiter à commenter une à une les
images.
La semaine dernière.
Exercice B : Dans chaque cas, marquer
à l'aide d'une croix, parmi les quatre propositions, celle qui permet de
compléter la phrase.
Q1 : Je trouve dangereux de ..... le plein d'essence en
fumant une cigarette.
? ferai ? faisais
? faire ? fais
Q2 : Si tu dois être opéré, il ne faut
ni boire ...... manger.
? ni ? ne ? pour
? sans
Q3 : J'ai passé toute ..... enfance en Afrique.
? ma ? mon ? son
? leur
Q4 : Si tu as très mal aux dents, il faut vraiment
que tu ..... chez le dentiste.
? vas ? ailles ? iras
? aller
Q5 : J'espère que tu .......... demain.
? pourrais partir ? as pu partir ? pouvais partir
? pourras partir
Q6 : J'ai cueilli plusieurs fruits j' ..... ai donné
deux à mon petit frère.
? en ? lui ? y
? les
Q7 : Je n'ai pas du tout aimé le livre ..... tu m'as
prêté.
? qui ? que ? dont
? où
Q8 : J'ai oublié ..... apporter mes affaires.
? à ? pour ? d'
? lui
Q9 : Ils connaissent bien l'Angleterre parce qu'ils .....
ont vécu pendant dix ans.
? en ? y ? la
? n'
Q10 : L'avion a atterri à Paris ..... 13 heures 31
minutes et il repartira pour Londres vers 16 heures.
? à ? vers ? dans
? jusqu'à
I. COMPREHENSION ORALE (suite)
Exercice C :
Q1 : Qu'est-ce que tu penses du travail qu'on vient de faire
ensemble ?
Q2 : Est-ce que tu parles une autre langue que le
français (quand ? comment ?) ?
Sinon, est-ce que tu connais quelqu'un qui parle une autre
langue ?
Q3 : Quelles émissions de radios tu
préfères ?
Q4 : Le français, c'est facile ou difficile à
ton avis ?
Q5 : Est-ce que tu aimerais apprendre une autre langue que
le français ou l'anglais ?
B. VERSION DU TEST PASSE AU SECONDAIRE
V. COMPREHENSION ORALE
Exercice A
Q1 : Quel âge avez-vous ?
Q2 : Vous habitez où ?
Q3 : Depuis quand y habitez-vous ?
Q4 : Est-ce que vous êtes allé(e) ailleurs
qu'à (réponse de Q2) ?
Q5 : Combien de temps est-ce que vous êtes
allé à l'école ?
Q6 : Est-ce que vous êtes content de
l'école ?
Q7 : Quel métier voudriez-vous faire plus
tard ?
Q8 : Où avez-vous appris le
français ?
Q9 : Vous parlez sûrement d'autres langues que le
français ?
Q10 : Qu'est-ce que vous faites quand vous n'êtes
pas à l'école ?
Exercice B : Voici une image. On va vous
proposer une série de phrase (concernant cette image. A vous de voir si
elles correspondent à cette image. Répondez par vrai ou faux.
Voici un premier exemple : « Il y a un homme et des femmes
sur cette image. » - « Faux ».
P1 : On voit derrière un buisson une petite maison
qui a plusieurs fenêtres.
P2 : La petite fille qui passe porte une jupe et un
chapeau.
P3 : Une jeune fille passe à toute allure sur un
vélo.
P4 : Il y a un arbre et un buisson derrière la
vieille dame qui vend des fruits.
P5 : La vieille marchande de fruits est assise sur un
tabouret.
P6 : La vendeuse accroupie propose des bananes qu'elle a
déposées dans une cuvette.
P7 : La petite écolière qui dit bonjour en
levant le bras marche pieds nus.
P8 : La marchande vend plusieurs sortes de fruits.
P9 : La vendeuse salue l'écolière en lui
adressant un signe de la main.
P10 : La jeune fille à la mobylette achète
des fruits à la marchande.
VI. PRODUCTION ORALE
Exercice A : Exécuter les
consignes données par les cartes
Exercice B : Raconter l'histoire
présentée par les images
VII. COMPREHENSION ECRITE
Exercice A : Compléter le texte
en proposant un mot et un seul pour chacun des blancs
marqué ..........
Hier, mes parents ont appelé un menuisier pour
réparer une porte qui grinçait mais quand il
est ..............., il s'est aperçu qu'il avait oublié tous
ses .......... chez lui. Alors, il est ............... pour les ...............
Après avoir repris sa boîte, il est revenu chez mes ...........
Mais mon père avait réussi à réparer la ..........
tout .......... Alors, il l'a renvoyé en lui disant qu'il n'avait plus
.......... de lui. De plus, le pauvre menuisier qui s'était
dérangé pour rien, s'est .......... la jambe en tombant.
.......... malchance !
Exercice B : Mettre une croix dans la
case qui correspond
On se demande beaucoup actuellement s'il est bon ou mauvais
que les femmes aient un métier. Les avis sont partagés. Les
adversaires du travail des femmes pensent que celui-ci nuit à la
l'éducation des enfants qui risquent d'être mal
élevés si on ne s'occupe pas assez d'eux. De plus, dans un pays
où il y a du chômage, les femmes qui ont une profession peuvent
être accusées de voler le travail des hommes alors que leur place
normale est à la maison. Selon les défenseurs du travail des
femmes, on peut très bien s'organiser pour garder les enfants pendant
que la femme exerce son travail. De plus, la garde d'enfants crée
justement de l'emploi.
Q1 : Donner un titre à ce texte
? La garde des enfants ?
Le chômage ? Le travail des
femmes ? L'éducation
Q2 : Quelle est la phrase qui résume le mieux le
sens du texte ?
? Les adversaires du travail des femmes pensent qu'une
femme qui a un métier élèvera mal ses enfants.
? Les adversaire du travail des femmes pensent qu'une
femme qui a un métier élèvera bien ses enfants.
Q3 : La phrase suivante correspond-elle au sens du
texte ?
Quand il n'y a pas assez de travail dans un pays, certains
souhaitent que les femmes ne travaillent pas.
? oui ? non ?
je ne sais pas
Q4 : La phrase suivante correspond-elle au sens du
texte ?
Tous les hommes pensent que les femmes doivent rester
à la maison.
? oui ? non ? je
ne sais pas
Q5 : La phrase suivante correspond-elle au sens du
texte ?
Tout le monde pense qu'une mère peut faire garder
ses enfants pour pouvoir exercer un métier.
? oui ? non ? je
ne sais pas
VIII. PRODUCTION ECRITE
Exercice A : Racontez, à partir
des images qui vous sont présentées, les événements
qui se sont produits la semaine dernière. Vous devez essayer de faire
des phrases et de ne pas vous limiter à commenter une à une les
images.
La semaine dernière.
Exercice B : Dans chaque cas, marquer
à l'aide d'une croix, parmi les quatre propositions, celle qui permet de
compléter la phrase.
Q1 : Je trouve dangereux de ..... le plein d'essence en
fumant une cigarette.
? ferai ? faisais
? faire ? fais
Q2 : Si tu dois être opéré, il ne faut
ni boire ...... manger.
? ni ? ne ? pour
? sans
Q3 : J'ai passé toute ..... enfance en Afrique.
? ma ? mon ? son
? leur
Q4 : Si tu as très mal aux dents, il faut vraiment
que tu ..... chez le dentiste.
? vas ? ailles ? iras
? aller
Q5 : J'espère que tu .......... demain.
? pourrais partir ? as pu partir ? pouvais partir
? pourras partir
Q6 : J'ai cueilli plusieurs fruits j' ..... ai donné
deux à mon petit frère.
? en ? lui ? y
? les
Q7 : Je n'ai pas du tout aimé le livre ..... tu m'as
prêté.
? qui ? que ? dont
? où
Q8 : J'ai oublié ..... apporter mes affaires.
? à ? pour ? d'
? lui
Q9 : Ils connaissent bien l'Angleterre parce qu'ils .....
ont vécu pendant dix ans.
? en ? y ? la
? n'
Q10 : L'avion a atterri à Paris ..... 13 heures 31
minutes et il repartira pour Londres vers 16 heures.
? à ? vers ? dans
? jusqu'à
V. COMPREHENSION ORALE (suite)
Exercice C :
Q1 : Maintenant qu'on a fini le test, j'aimerais savoir
ce que vous en pensez ?
Q2 : Vous m'avez dit tout à l'heure que vous
parliez plusieurs langues, quand est-ce que vous parlez ces langues ?
Q3 : Est-ce que le français vous semble une langue
facile, difficile ... ?
Q4 : Je pense que vous écoutez la radio.
Aimez-vous les émissions en français ?
Q5 : On dit que bientôt on ne parlera plus le
français en Afrique/Tunisie et qu'il sera remplacé par l'anglais.
Quelle est votre opinion là-dessus ? ou que pensez-vous de
l'enseignement des langues nationales à l'école ?
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(1948).
- Projet d'organisation de l'enseignement libre au Congo
Belge avec le concours des sociétés de Missions nationales,
(1924).
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION GENERALE
4
1. Problématique et objet de l'étude
4
2. Objectifs
7
3. Méthodologie
8
4. Présentation du plan
9
CHAPITRE I : POLITIQUES LINGUISTIQUES EDUCATIVES EN
RDC :
11
LA PART DU FRANÇAIS.
11
I.1. La situation sociolinguistique
11
I.1.1. Le contexte historico-linguistique
11
I.1.2. La place du français face aux langues nationales
13
I.2. La législation congolaise en matière des
langues
13
I.2.1. Pendant la colonisation
13
I.2.2. Après l'indépendance
15
I.3. Le système éducatif congolais
17
I.3.1. Sa genèse
17
I.3.2. Sa structure
19
I.4. Les programmes d'enseignement à travers l'histoire
21
I.4.1. A l'époque coloniale
21
I.4.2. Après l'indépendance
23
CHAPITRE II : L'APPRENTISSAGE DU FRANÇAIS PAR LES
MANUELS SCOLAIRES
CONGOLAIS.......................................................................
26
II.1. Le processus d'apprentissage et ses corollaires
26
II.2. Les méthodes d'analyse des manuels
32
II.2.1. Présentation du corpus
32
II.2.1.1. Le français en première année.
Livre de lecture
33
II.2.1.2. A nous l'école
34
II.2.2. Présentation de la grille d'analyse
35
II.3. L'analyse du manuel de première année
42
II.3.1. Activités d'apprentissage sur l'identification des
mots dans le manuel de 1ère année
43
II.3.2. Apprentissage de la compréhension dans le manuel
de 1ère année
48
II.4. L'analyse du manuel de sixième année primaire
59
II.4.1. Activités sur l'identification des mots dans le
manuel de 6ème année
60
II.4.2. Apprentissage de la compréhension dans le manuel
de 6ème année
61
CHAPITRE III : L'EVALUATION DES COMPETENCES LINGUISTIQUES
64
III.1. Compétence linguistique vs compétence de
communication
65
III.2. Population d'enquête
66
III.3. Présentation de l'outil d'évaluation et
déroulement du test
69
III.4. Résultats obtenus
72
III.5. Compétences linguistiques et habilités
à l'enseignement
79
CONCLUSION GENERALE
83
ANNEXES
85
BIBLIOGRAPHIE
93
* 1 L'analyse de contenu
permet une description objective et systématique du discours. Sous son
aspect quantitatif, elle est fondée sur la fréquence d'apparition
de certains éléments du message, alors que qualitativement, elle
se base sur l'indice de présence de ces éléments dans le
message.
* 2 Par activité, nous
entendons toute procédure de présentation des données
linguistiques d'apprentissage, c'est-à-dire une situation faite des
tâches à accomplir, planifiée par l'enseignant et
proposée à l'élève pour l'aider à atteindre
un objectif d'apprentissage.
* 3 La constitution
adoptée à la suite du référendum populaire de 2006
prévoit la structuration administrative du Congo en 25 provinces plus la
capitale Kinshasa. Cette structuration doit entrer en vigueur trente-six mois
après l'installation des institutions de la troisième
République. C'est le cas de l'omongo à l'Equateur, de l'otetela
à Sankuru, du yaka à Kwilu, du zande à Haut-Uele, etc.
* 4 Pour Nkongolo la langue
française assume la fonction unificatrice parce qu'elle parvient
à jouer le rôle de « facteur d'unité
nationale » au-delà des frontières régionales
à l'absence d'une langue nationale unique.
* 5 La responsabilité
de l'apprenant impose la négociation d'un contrat didactique car
« les enfants, sont désormais, même sans en avoir une
conscience claire, des gens qui se sentent responsables de ce qu'ils attendent
et donc qui ne se laissent pas facilement imposer des choses qu'ils n'ont pas
désirées » (Porcher, 1996, p. 13).
* 6 Selon Francine Cicurel
(2000 : 103), « si une situation d'enseignement a pour but
d'accélérer les processus acquisitionnels, on peut
aisément comprendre qu'une réflexion sur les conditions de la
mise en place d'une progression ordonnée soit centrale en didactique des
langues ». Par conséquent, l'enseignant doit savoir qu'il
« peut jongler, permuter et alterner avec différents types de
centration au lieu de subir le schéma figé du dogmatisme ou de
l'axiomatisation d'une méthode » (Borg, 2000 : 139).