1.3.1- La spécification du modèle
Du fait qu'on désire observer les comportements des
investisseurs à travers l'évolution des IDE et que pour ce faire,
ils décident du niveau d'investissement en se basant sur les
performances antérieures des économies considérées,
les variables internes seront retardées (Ecole « pull-push
»).
En s'inspirant du cadre théorique d'étude des
déterminants des flux des capitaux privés proposé par
l'école « push-pull », on retient l'équation de base
IDEt = a + 13 PLt-a + Ô
PSt pour expliquer l'entrée des Investissements Directs
Etrangers au Bénin ; avec « t » l'année
courante et « a » le nombre de périodes
antérieures (retards). On opte donc pour un modèle
linéaire, en ce qui concerne la forme mathématique du
phénomène ici étudié. Le nombre de retards de
chaque variable a été retenu compte tenu de sa
significativité dans un intervalle de trois ans (t, t-1,
t-2).
Dans le cadre de cette étude, le vecteur des facteurs
internes est formé par les variables CR, PNB/HBT01, RISQUE_P, T_ALPHA,
T_OUV01, T_CROIS,
T INFL et D S01. Celui des facteurs externes est constitué
des variables VTIFR et _ _
PIB_IND.
La forme mathématique du modèle explicatif de
l'entrée des IDE au Bénin ainsi obtenu est le suivant :
IDE_ENTRt = a + P1
CRt-2 + P2 PNB/HBT01t-1 + P3 RISQUE_Pt-2
+
P4 T_ALPHAt-1 + P5 T_OUV01t-1 +
P6 T_CROISt-2 + P7 T_INFLt-1 +
P8 D_S01+ S1 VTIFRt + S2
PIB_INDt + Et
|
A partir de cette description mathématique du
phénomène étudié, les valeurs numériques des
coefficients du modèle d'estimation seront déterminés.
1.3.2- L'estimation des paramètres du
modèle
Pour la réussite de cette phase on testera d'abord la
stationnarité de toutes les séries. Ensuite, il sera
procédé au test de cointégration. En effet, la
présence de plusieurs variables macroéconomiques souvent
stationnaires en première différence, fait soupçonner une
éventuelle relation de long terme entre ces dernières. Enfin, on
construira le modèle à correction d'erreur après avoir
justifié l'existence d'une telle relation.
a) Le test de stationnarité des variables
Le test de stationnarité utilisé est celui de
Dickey Fuller Augmenté (ADF) avec les hypothèses suivantes :
H0 : présence de racine unitaire (série non
stationnaire)
H1 : absence de racine unitaire (série
stationnaire)
La règle de décision est :
Si ADF calculé < ADF
théorique alors l'hypothèse H1 est
vérifiée. La variable est donc stationnaire ;
-(>- Si ADF calculé = ADF théorique alors
l'hypothèse H0 est vérifiée et la variable est non
stationnaire.
Encadré 3 : Principe du test de Dickey
Fuller Augmenté (ADF)
Les tests ADF permettent de mettre en évidence le
caractère stationnaire ou non d'une série temporelle par la
détermination d'une tendance déterministe ou stochastique. Ces
tests sont fondés sur l'estimation par les MCO des trois
équations suivantes :
Avec Et i.i.d. et p peut être
déterminé selon les critères d'information (de
Akaiké ou de Schwartz) ou en estimant un modèle avec une valeur
suffisamment élevée de p et en éliminant progressivement
le dernier terme jusqu'à ce qu'il soit significatif (sous Eviews, p=0
correspond au test de Dickey-Fuller simple).
L'hypothèse nulle du test est H0 : p = 0 . Si
dans l'un de ces modèles (celui retenu pour le calcul de la statistique
de test) on ne peut pas rejeter H0, cela équivaut à l'existence
d'une racine unité et par suite au caractère nons-tationnaire de
la série étudiée.
La statistique de test - ADF - est analogue à la
statistique usuelle t de Student. En fait, cette statistique est égale
à l'opposé du t de Student pour la significativité du
coefficient p [Gourieroux, C. et Monfort, A.(1995) (p.535). La loi limite de
cette statistique sous H0 est tabulée et est indépendante du
choix de p. Enfin, la région
valeurs critiques.
critique du test s'écrit comme {t?
< ttabulé
ñ
p
[1] Axt =p xt-1 - ö
Axt-j+1 + Et
j
[2] Ax t =p xt-1 -
[4] Axt = p xt-1 -
j=2
öj Axt-i+ 1 c Et
j
p
j
p
2
2
öjAxt-i+1+ c + bt +
Et
} et EViews donne automatiquement les
Tableau 6 : Stationnarité
des variables
VARIABLE
|
EN NIVEAU
|
EN DIFFERENCE PREMIERE
|
Lag
|
Tend
|
Const
|
ADFC
|
ADFL
|
Décision
|
Lag
|
Tend
|
Const
|
ADFC
|
ADFL
|
Décision
|
IDE_ENTR
|
1
|
N
|
N
|
-1,65
|
-1,95
|
H0
|
0
|
N
|
N
|
-5,72
|
-1,95
|
I(1)
|
PIB_IND
|
3
|
N
|
O
|
-4,75
|
-2,96
|
I(0)
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
RISQUE_P
|
1
|
O
|
O
|
-2,24
|
-3,55
|
H0
|
0
|
N
|
N
|
-4,21
|
-1,95
|
I(1)
|
T_ALPHA
|
3
|
O
|
N
|
-3,78
|
-3,56
|
I(0)
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
VTIFR
|
0
|
N
|
N
|
-7,50
|
-1,95
|
I(0)
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
PNB_HBT01
|
1
|
N
|
O
|
-2,59
|
-2,95
|
H0
|
0
|
N
|
N
|
-3,97
|
-1,95
|
I(1)
|
T_INFL
|
0
|
N
|
O
|
-4,55
|
-2,95
|
I(0)
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
T_OUV01
|
1
|
O
|
O
|
-3,51
|
-3,55
|
H0
|
0
|
N
|
N
|
-4,80
|
-1,95
|
I(1)
|
CR
|
1
|
O
|
O
|
-1,75
|
-3,55
|
H0
|
0
|
N
|
N
|
-7,04
|
-1,95
|
I(1)
|
NB :
? Tend : Tendance ; Const : Constance ; ADFC : ADF
Calculée ; ADFL : ADF Lue à 5% ; O : Oui ; N : Non
? H0 : La variable est non stationnaire ; I(0) : la variable est
stationnaire en niveau ; I(1) : la variable est stationnaire en première
différence
A l'analyse du tableau, on note que les variables IDE_ENTR,
RISQUE_P, PNB_HBT01, T_OUV01 et CR sont intégrées d'ordre 1 et
que le reste est stationnaire en niveau. Lorsque les variables sont
intégrées de même ordre un risque de cointégration
existe. Pour vérifier l'existence de la cointégration entre les
variables I(1), il faut exécuter le test de cointégration de
Johansen, puis en cas de cointégration, passser à l'estimation
d'un modèle à correction d'erreur.
Encadré 4 :
Définition de la
cointégration
Plusieurs séries xit (i allant de 1 à k) sont dites
cointégrées si ces deux conditions sont vérifiées
:
- Elles sont affectées d'une tendance stochastique de
même ordre d'intégration d : xit
4 I(d) ;
- Il existe un vecteur de cointégration a = [ai , a2 ,
a3 , ... ak ] de dimension (k, 1) ; tel que aXt 4 I(d - b). En d'autres terme
une combinaison linéaire de ces séries permet de ce ramener
à une série d'ordre d'intégration inférieur. On
note Xt 4 CI(d, b) avec Xt = rx x x
L--it , --2t , --3t , ... .,
xkt ] et b>0.
NB : CI signifie cointégrées.
b) Le test de cointégration
Encadré 5 : Principe du test de la
relation de cointégration de Johansen
Soit A la matrice à k
variables et de rang r ,associée à
l'équation du modèle.
-%- Si les éléments de la matrice
A sont tous nuls alors le rang de la matrice est égal
à zéro (r = 0) et on élimine la
possibilité d'une spécification à correction d'erreur ;
Si le rang de la matrice A est égal
à k (r = k), alors toutes les variables sont
stationnaires en niveau et il n'y a pas risque de cointégration ;
Si le rang de la matrice A est compris entre
1 et k-1, (1 = r = k-1), alors il existe r relations de cointégration et
la représentation à correction d'erreur est valide.
Le test élaboré par Johansen fait
référence aux vecteurs propres correspondant aux valeurs propres
les plus grandes de la matrice A. La statistque ainsi
calculée suit une distribution tabulée par Johansen et Juliesus
(1990) et est :
Itrace = -n
la matrice A, k le nombre de variables et
r le rang de la matrice.
Le test de Johansen fonctionne par exclusion d'hypothèses
alternatives. Les hypothèses utilisées sont : H0 : r =
k-1 et H1 : r = k.
La règle de décision est la suivante : Si la
statistique calculée est supérieure à la valeur critique
lue dans la table, alors on rejette l'hypothèse nulle car le rang de la
matrice A est k et il n'existe pas de relation de cointégration. Si non,
la procédure est arrêtée et le rang de la matrice
A est k-1
i=r+
k
1
ln(1-ë) i
avec n le nombre d'observations, ëi
la ième valeur propre de
NB : Le logiciel fournira directement les
résultats du test du nombre de relations de cointégration de
Johansen(cf. annexe n°1).
Tableau 7 : Résultats
du test de la trace sur les variables
HYPOTHESES NULLES
|
VALEURS PROPRES
|
TRACES STATISTIQUES
|
VALEURS CRITIQUES (5%)
|
VALEURS CRITIQUES (1%)
|
R=0
|
0,808664
|
106,3302
|
68,52
|
76,07
|
R= 1
|
0,507311
|
51,75722
|
47,21
|
54,46
|
R=2
|
0,479565
|
28,39727
|
29,68
|
35,65
|
R= 3
|
0,172808
|
6,845292
|
15,41
|
20,04
|
R= 4
|
0,017558
|
0,584577
|
3,76
|
6,65
|
Source : Résultats sous Eviews
4.1
Tableau 8 : Résultats
du test de la valeur propre maximale
HYPOTHESES NULLES
|
VALEURS PROPRES
|
STATISTIQUES DE LA VALEUR PROPRE
|
VALEURS CRITIQUES
|
VALEURS CRITIQUES
|
|
|
MAXIMALE
|
(5%)
|
(1%)
|
R=0
|
0,808664
|
54,57295
|
33,46
|
38,77
|
R< 1
|
0,507311
|
23,35996
|
27,07
|
32,24
|
R< 2
|
0,479565
|
21,55197
|
20,97
|
25,52
|
R< 3
|
0,172808
|
6,260715
|
14,07
|
18,63
|
R<4
|
0,017558
|
0,584577
|
3,76
|
6,65
|
Source : Résultats sous Eviews
4.1
L'observation des résultats du test de la trace sur les
variables montre qu'à R=0 et R< 1 la trace statistique
calculée est supérieure au seuil retenu : on rejette
l'hypothèse nulle Ho de cointégration à 5%. Par contre, on
accepte l'hypothèse nulle selon laquelle il existe au plus deux (2)
relations de cointégration (R< 2) entre les cinq (5) variables. En
effet, d'après la troisième ligne du tableau N°7, la
statistique de la trace relative à la troisième valeur propre est
inférieure à la valeur critique au seuil de 5% (28,39727<
29,68). Mais, notons qu'au seuil de 1%, l'hypothèse Ho est
acceptée dès la deuxième valeur propre soit R< 1
(51,75722< 54,46). L'objectif de l'étude n'étant pas
d'explorer le nombre de relations de cointégration entre les variables,
on considère qu'en réalité il n'existe qu'une seule
relation de cointégration entre toutes les séries I(1) (le seuil
de 1% est ainsi retenu). En effet, on s'intéresse surtout à
l'explication des Investissements Directs Etrangers au Bénin par des
variables pertinentes. De plus le test de la valeur propre maximale confirme
bien ce choix (tableau N°8). En conclusion, les séries I(1) sont
cointégrées et il existe une seule relation de
cointégration. Il sera alors fait recours à l'estimation d'un
modèle à correction d'erreur.
c) Estimation du Modèle à Correction
d'Erreur
Encadré 6 : Le
principe de
l'estimation du
modèle à
correction d'erreur
Selon le nombre de relations de cointégration la
procédure diffère.
9 S'il n'existe qu'un seul vecteur de cointégration, on
utilise la méthode de Engle et Granger, que voici :
1 ère étape: C'est
l'estimation de la relation de long terme, par la méthode des Moindres
Carrés Ordinaires (MCO) et le calcul du résidu :
et = yt - â0 - â1 x1t - - âk
xkt
2ème étape : C'est l'estimation
de la relation du modèle de court terme (dynamique). On n'a :
A yt = a1 A x1t +
a2 A x2t + ..... +
ak A xkt +
Y1 et-1 + Pt
Avec Y1 < 0 (force de
rappel vers l'équilibre) .
-:- Sinon, on fait appel à la représentation
vectorielle à correction d'erreur : VECM (Vector Error Correction
Model).
Présentation des résultats de
l'estimation de la relation de long terme La forme fonctionnelle
de la relation de long terme est :
IDE_ENTRt = P0 + P1
CRt-2 + P2 PNB/HBT01t-1 + P3 RISQUE_Pt-2 +
P4 T_OUV01t-1 + P5 D_S01 +
Et
|
L'estimation du modèle de long terme a permis d'obtenir
les résultats suivants :
Tableau 9 : Présentation des
résultats de la relation de long terme
C -72,948 -3,278 22,252 0,002*
RISQUE_P(-2) 17,324 7,464 2,321 0,000*
PNB_HBT(-1) 0,170 3,822 0,044 0,000*
T_OUV01(-1) -26,042 -4,226 6,162 0,000*
D_S01 58,872 5,390 10,922 0,000*
CR(-2) -1,634 -3,478 0,470 0,001*
Observations 1972 - 2004
R2 ajusté 0,79
Probabilité de la F statistique 0,000000
Durbin Watson 2,12
Erreur standard 13,64
Variable explicative Coefficient
estimé student
Statistique de
Erreur standard
Probabilité
* :significatif à 1% ; ** :significatif à 5% ;
significatif à 10% ; significatif à + de 10%.
Source : Résultats sous Eviews
4.1
Compte tenu des résultats obtenus, on peut écrire
:
IDE_ENTRt = -72,94864 - 1,633553.CRt-2 +
0,169759.PNB/HBT01t-1 + 17,32444.RISQUE_Pt-2 - 26,04223.T_OUV01t-1 +
58,87205.D_S01
|
Le R2 de 0,82 et la probabilité de la
statistique de Fischer (0,0000) indiquent que le modèle semble
être de bonne qualité. Les variables retenues dans le
modèle sont toutes significatives, mais on observe cependant des signes
inattendus.
L'observation du corrélogramme des résidus
(annexe n°6) nous laisse supposer de leur stationnarité. En effet,
les valeurs du corrélogramme simple et partiel sont contenus dans
l'intervalle de confiance, mais on ne saurait conclure définitivement
à ce stade car il ne s'agit que de simples présomptions. Pour
ôter tout doute, le test de racine unitaire de Dickey-Fuller sera
utilisé.
Tableau 10 : Test ADF sur les
résidus de long terme
Variable
|
Niveau de différence
|
Tend ance
|
Constante
|
Niveau de confiance
|
Valeur critique
|
T-Statistique ADF
|
Probabilité
|
Résidu
|
0
|
Non
|
Non
|
5%
|
-1,95
|
-6,15
|
0,0000
|
Source : Résultats sous Eviews
4.1
Compte tenu de la non significativité de la tendance et
de la constante, le test de racine unitaire a été
exécuté sans tendance ni constante. Ce test a
révélé l'absence de racine unitaire dans la série
des résidus. En effet, la probabilité associée à la
statistique (0,0000) est inférieure à 5%. Le résidu issu
de la relation de long terme est donc stationnaire ; ce qui confirme bien
l'existence de la cointégration précédemment
vérifiée par le test de Johansen.
Pour des raisons de qualité du modèle
général de court terme, ont été retirées les
variables stationnaires en niveau qui dégradent l'estimation. A l'issue
de cette phase, le modèle retenu se présente sous la forme
suivante :
Tableau 11 : Présentation des
résultats de l'estimation de la relation de court terme
C 8,067 2,009 4,025 0,057***
D(RISQUE_P(-2)) 20,342 6,648 3,060 0,000*
D(PNB_HBT01(-1)) 0.228 3,408 0,067 0,002*
D(T_OUV01(-1)) -22,753 -3,371 6,751 0,002*
D_S01 3,547 0,807 4,397 o,428****
D(CR(-2)) -2.431 -3,982 0,611 0,000*
D(IDE_ENTR(-1) 0,135 1,345 0,100 0,192****
RES(-1) 0,769 -3,736 0,206 0,001*
T_INFL(-1) 0,440 -1,899 0,231 0,070**
T_CROIS(-2) -1,559 -2,293 0,680 0,031**
Observations 1973 - 2004
R2 ajusté 0,80
Probabilité de la F statistique 0,000000
Durbin Watson 2,17
Erreur standard 10,97
Variable explicative Coefficient
Erreur
estimé de student standard
Statistique
Probabilité
* :significatif à 1% ; ** :significatif à 5% ;
significatif à 10% ; significatif à + de 10%.
Source: Résultats sous Eviews
4.1
La lecture des résultats ci-dessus permet d'écrire
la relation de court terme suivante :
D(IDE_ENTRt) = 8,087408+ 0,134897.D(IDE_ENTRt-1) +
20,34211.D(RISQUE_Pt-2) + 0,228213.D(PNB_HBT01t-1) - 0,439958.T_INFLt-1 -
22,75344.D(T_OUV01t-1) - 2,431436.D(CRt-2)
- 1,558758.T_CROISt-2 + 3,546720.D_S01 -
0,769192.RESt-1
|
Etant donné que l'ACP a permis de pallier au
problème de multicolinéarité, l'exécution d'un test
de multicolinéarité n'est plus opportune. De plus, l'objectif
principal de l'étude est d'expliquer le phénomène
d'entrée des IDE et non d'élaborer un modèle de
prévision économétrique.
Après estimation des modèles, la validation de ces
modèles sera exécutée.
|