Chapitre 2 : Flux d'IDE et cadre d'investissement au
Bénin
A cette étape, il s'agira d'analyser les flux d'IDE dans
certains pays du monde et en particulier le Bénin, et de
présenter le cadre d'investissement au Bénin.
2.1- Analyse des flux d'IDE
Tout d'abord, il sera question d'analyser de façon
spatiale et instantanée la masse d'IDE dans les pays en
développement comparativement à celles des pays
industrialisés. Ensuite, on s'intéressera à
l'évolution des IDE au Bénin. Pour finir, il sera
étudié dans le temps, la part des IDE à destination de
l'Afrique subsaharienne, reçue par le Bénin.
2.1.1- Aperçu sur la répartition des IDE de
par le monde
Les Investissements Directs Etrangers ont connu une croissance
sans précédent au début des années 80. En effet,
à la suite de la récession des années 1981-1982, les flux
mondiaux d'IDE ont augmenté à un taux annuel moyen sans
précédent de près de 30% (FMI).
Graphique 1 : Flux nets de
capitaux privés vers l'ensemble des pays en développement
Source : FMI
Les flux d'IDE ont évolué en moyenne de 25%
pendant la seconde moitié des années 80 et d'environ 13% au
début des années 90, tandis que les exportations de biens ont
augmenté respectivement de 14% puis de 3% en moyenne
annuelle1. Au même moment, les IDE dans les pays en
développement ont suivi la même tendance en atteignant environ le
tiers de leur PIB, alors que pris ensemble, ces flux d'IDE en direction de ces
Etats ne s'établissaient à peine qu'à 10 % des flux totaux
en 1980. Cependant, les inégalités de répartition des IDE
dans les pays en développement et ceux développés se sont
accrues mais cette tendance s'inverse au fur et à mesure que
l'attractivité des pays en développement s'améliore.
Graphique 2:
Destination des flux d'IDE en 2004
Pays en développement 38%
Pays développés 62%
Source: CNUCED
Même au sein des pays en développement, des
inégalités subsistent. Les pays asiatiques tels que la Chine,
l'Inde et la Malaisie qui (au début des années 70) étaient
au même niveau que les pays de l'Afrique ont connu à partir de
1990, des reformes importantes améliorant leur attractivité si
bien que la Chine continentale a reçu en 2004 à elle seule,
près de 46% des IDE entrants dans les pays asiatiques et africains.
1 Markusen & Venables, 1998
Graphique 3 : Evolution des
IDE entrants dans quelques pays asiatiques et africains
Afrique du Nord Chine Chine, Hong Kong RAS
Chine, Macao RAS Chine, Taiwan Province de Inde
Corée, République de Malaisie Afrique
sub-saharienne
-10000
40000
70000
60000
50000
30000
20000
10000
0
Années
Source: CNUCED
Hong Kong, à elle seule, a totalisé 34.035
millions $US tandis que l'Afrique du Nord n'en est qu'à 5.270 et
l'Afrique subsaharienne 12.821 millions $US (CNUCED 2004).
Graphique 4 :
Répartition des flux d'IDE de quelques pays asiatiques et africain en
2004
Afrique du Nord Chine Chine, Hong Kong RAS
Chine, Macao RAS Chine, Taiwan Province de Inde
Corée, République de Malaisie Afrique
sub-saharienne
0%
26%
6%
4%
1%
3%
10%
4%
46%
Source: CNUCED
Analyse des flux d'IDE au Bénin
L'avènement de l'ère Marxiste-Léniniste a
entraîné une vague de nationalisations des entreprises
privées existant jusque là. Ces entreprises sous
contrôle étatique étaient
protégées de toute influence extérieure. C'est ce qui
explique la quasi-inexistence des IDE pendant cette période, et ceci
jusqu'en 1989.
Après la période de la crise politique des
années 80, caractérisée par une extrême maigreur des
flux d'IDE, le Bénin reprit un souffle nouveau.
La chute du géant nigérian et
l'écroulement du cours des matières premières sont autant
de facteurs qui expliquent la crise politico-économique des
années 80 et l'extrême maigreur des flux d'IDE au cours de cette
période. La dégénérescence de la situation
économique béninoise s'est soldée par le changement du
gouvernement pro-marxiste installé et l'avènement de la
démocratie. Une politique de privatisation fut mise en place et des 130
sociétés publiques de 1989, il n'en resta que 27 en 1999 dans le
portefeuille de l'Etat.
En abandonnant le système centralisé du marxisme
pour une économie aux traits libéraux, le Bénin engagea
des réformes aussi bien politiques que structurelles qui
facilitèrent la mise en place d'un environnement favorable aux
investissements privés. Les secteurs effectivement privatisés
pendant les années 90 sont : le tabac, les brasseries, les
huileries/savonneries, les cimenteries, les filatures, la manutention des
conteneurs, les sucreries et le pétrole.
Graphique 5 : Evolution des
flux entrants d'IDE au Bénin
2Période indépendance Période
révolutionnaire Période
démocratique
140
120
100
-20
40
80
60
20
0
Année
Source: CNUCED
En témoigne le volume d'IDE qui était de 6,7
millions $US en 1970, évoluant rapidement à 120,8 millions $US en
1991 du fait de la stabilité et de la libéralisation
nouvelle de l'économie béninoise. Passé
ce cap, l'évolution des IDE fut plutôt mitigée. Ils
refluèrent pour s'établir à 1,4 millions $US en 1993,
reprirent un certain élan franchissant le seuil de 59 millions $US en
2000. Remarquons qu'à cette période, eut lieu la
dévaluation du franc CFA en 1994. Les flux entrants d'IDE repartirent
pour un mouvement baissier en se situant à 13,5 millions $US en 2002. A
partir de cette année, une nouvelle hausse des flux d'investissements
directs étrangers se fit observer jusqu'en 2004 où il a
été constaté 60 millions $US.
Graphique 6:
Evolution des flux d'IDE relatifs au niveau maximal
Bénin IDE flux entrants IDE par rapport au niveau de
1991(%)
140
120
100
-20
40
80
60
20
0
Source: CNUCED 2003
Les différents types d'investisseurs étrangers
sont variés et les secteurs qui sont ciblés par leurs
investissements sont principalement l'agriculture, la production et
transformation du coton, les mines et le pétrole, et enfin le tourisme.
La majeure partie des entreprises qui ont reçu des IDE l'ont
été à travers des privatisations qu'à engagé
l'Etat béninois, à savoir : le Bénin Marina Hôtel,
la SONAPRA, l'OPT (devenu Bénin Telecom S.A. et la Poste du
Bénin), la SBEE (devenu SBEE et SONEB), la SITEX, le COTEB, l'IBB,
l'ONAB, etc.
Tableau 1 :
Présentation des différents investisseurs
étrangers au Bénin par secteur et par pays d'origine
Secteurs
|
Pays d'origine des investisseurs
étrangers
|
Agriculture/Agroalimentaire
|
France, Suisse, Etats-Unis,
Grande Bretagne, Nigeria
|
Production et
transformation du coton
|
Maurice, Inde, Hong Kong, Chine, Sri Lanka, Japon, Nigeria,
Suisse, Mali
|
Mines et pétrole
|
Etats-Unis, GB, Australie,
Russie, Chine, Nigeria
|
Tourisme
|
Etats-Unis, France, Allemande,
Espagne, Grande Bretagne
|
Source: CNUCED 2003
2.1.2- Evolution des flux d'IDE dans certains pays de
l'Afrique subsaharienne
Les pays de l'Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine (UEMOA), comme tous les autres pays en développement, ont
tenté d'augmenter leur attractivité des IDE de diverses
manières : refonte des codes d'investissements, privatisation,
création des centres de promotion des investissements, création
de zones franches, etc. Au niveau sous-régional, la signature du pacte
de convergence, de stabilité et solidarité, l'ouverture
économique, l'harmonisation des droits des affaires furent les
différents actes posés par les membres de l'UEMOA pour favoriser
d'une part l'intégration, mais aussi pour inciter les différents
investisseurs à découvrir l'importance du marché sous
régional et les facilités qu'il pourrait leur offrir.
Graphique 7 :
Répartition des IDE dans les pays de l'UEMOA en 2004
Guinée-Bissau
Burkina Faso
Côte d'Ivoire
Sénégal
Bénin
Niger
Togo
total
Mali
5
20
35
60
60
70
180
Millions $US
360
790
Source: CNUCED 2004
Ces différentes mesures économiques ont eu un
impact positif sur les flux d'IDE comme on peut s'en apercevoir pendant la
période 1995-2000. L'évolution béninoise a
été plutôt inégale, à l'opposé de
celle de l'UEMOA, mais on peut remarquer que la tendance générale
est à la hausse depuis ces cinq (5) dernières années.
Graphique 8 : Evolution des
flux d'IDE
Source: CNUCED World Investment Report 2003
L'évolution contrastée des IDE au Bénin,
amène à jeter un regard rétrospectif sur l'environnement
d'investissement béninois.
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