II. Investir sur le capital humain
Une main d'Ïuvre qualifiée constitue un facteur de
développement important. Pour maîtriser le développement
des télécommunications, l'Afrique a besoin de main d'Ïuvre
qualifiée afin de réduire les dépendances que ce soit
économique ou technique. Cet investissement sur le capital humain passe
d'abord par une sensibilisation de la population de l'importance de
l'éducation. L'état doit donc investir abondamment sur
l'éducation et favoriser le développement des nouvelles
technologies.
1. Privilégier la main d'Ïuvre locale
L'Afrique est en carence de main d'Ïuvre qualifiée
pour prendre en main son développement et libérer le continent de
ses dépendances de l'extérieur. Tant que le continent noir
comptera sur la main d'Ïuvre étrangère qualifiée pour
développer les secteurs nécessitant des formations
spécifiques, son dépendance de l'extérieur perdurera et le
développement des ses secteurs profitera plus à ceux qui ont
oeuvré pour ça. La faiblesse des réseaux africains est
certes due en partie à une insuffisance d'investissement, mais
également à un manque alarmant de
main d'Ïuvre africaine qualifiée capable de prendre
entièrement la gestion des réseaux. Ce manque de main
d'Ïuvre est le résultat de la faiblesse du système
d'éducation mais aussi et surtout de « l'exode du capital humain
» vers les pays développés. Ce phénomène
communément appelé « fuite des cerveaux» fait partie
des facteurs de sous développement de l'Afrique. La fuite des cerveaux
est définie comme étant le mouvement du personnel qualifié
d'un pays vers un autre. En effet, il se trouve que le sens du mouvement est en
général des pays du Sud vers les pays du Nord. Les pays du Sud en
souffrent énormément et font souvent appel aux pays du Nord pour
leur soutenir presque dans tous les domaines que ce soit économique,
technique ou « intellectuel ». Le paradoxe de ce
phénomène est que les pays du Sud ont plus besoin de main
d'Ïuvre que ceux du Nord. Quelles sont alors les raisons pour lesquelles
les intellectuels des pays sous-développés veulent
déserter leurs pays pour aller servir d'autres pays ? Les organismes
internationaux tels que le Fonds Monétaire International, la Banque
Mondiale, l'Organisation Internationale des Migrations, la Commission
Economique de l'Afrique et les agences des Nations Unis travaillent pour
connaître les causes profondes de l'exode du capital humain de l'Afrique.
Le résultat de leurs travaux révèle des chiffres qui en
disent beaucoup sur la situation inquiétante et qui mérite
réflexion. Un expert de l'Organisation Internationale des Migrations
déclare que plus de 23 000 universitaires et 50 000 cadres
supérieurs et intermédiaires quittent l'Afrique chaque
année à destination des pays du Nord. En plus de 40 000
doctorants africains vivent en dehors de l'Afrique. Des enquêtes ont
révélé des chiffres effarants et inquiétants.
D'après ces enquêtes les médecins sierra léonais qui
travaillent à Chicago, aux Etats-Unis sont plus nombreux que ceux
restés au pays. Alors imaginez-vous les répercussions sur la
santé des populations de ce pays. Le Bénin où les soins
médicaux restent encore un luxe accessible seulement à la
population aisée, fournit au système médical
français plus de professionnels que le pays en possède dans ses
services de santé. Ce problème de la fuite des cerveaux est clair
d'autant plus qu'il appauvrit l'Afrique. L'expert de l'organisation
Internationale des Migrations a indiqué que l'Afrique «
subventionne » les pays
développés à hauteur de 500 millions de
dollars par an, en termes d'investissements dans les ressources humaines qui
finissent dans ces parties les plus développées de la
planète. Ce problème mérite une recherche de solution
rapide. Le renversement de la tendance de la fuite des cerveaux à celui
de « gain de cerveaux » pour parler comme le scientifique
américano-nigérian Philip Emeagwali constitue le défi qui
interpelle l'Afrique et ses partenaires. Les causes de ce départ sont de
toute évidence un manque de sécurité de trouver un travail
après de longues études ou bien le travail correspondant à
ses attentes. Pourtant il existe une main d'Ïuvre étrangère
qui trouve en Afrique ce que les Africains vont chercher dans les pays
développés. Selon les estimations de la Banque Mondiale, pour une
année donnée quelque 70 000 travailleurs Africains
qualifiés émigrent aux Etats-Unis et en Europe à la
recherche d'emplois et de salaires décents. Ces travailleurs
qualifiés qui désertent l'Afrique sont remplacés par
quelques 100 000 travailleurs étrangers venant des pays
développés. Ils sont payés à des salaires
supérieurs à la moyenne européenne. Notons que le salaire
moyen européen permet de vivre décemment en Afrique vu le niveau
moins élevé que celui d'Europe. Il est alors évident qu'il
manque en Afrique des politiques de promotion de l'emploi. Des mesures
d'incitations visant à attirer les Africains vers ces
opportunités d'emploi offerts aux candidats occidentaux. Pourtant au
moment du recrutement il y a des candidats africains restés au bercail
et qui ont la même compétence. L'absence d'un facteur d'attraction
qui empêcherait les africains d'aller chercher du travail est apparente.
Le défit des gouvernements africains est alors de favoriser la
création et la promotion de l'emploi. Comme l'a suggéré M.
Emeagwali lors de la conférence panafricaine sur la fuite des cerveaux
organisée le 24 octobre 2003 à Illinois, aux Etats-Unis «
une combinaison de mesures, dont la création d'emplois high-tech,
l'exploitation des ressources humaines de la diaspora africaine, le
prélèvement de taxes sur l'immigration à payer par les
pays hôtes et la création d'une large classe intellectuelle
moyenne pour réduire les conditions qui mènent aux guerres
civiles et à la corruption, pourraient empêcher le
développement syndrome de la fuite des cerveaux ». Toujours dans le
discours prononcé
par M. Emeagwali, il préconise qu'une démarche
fondamentale pour l'Afrique pourrait être de profiter, à travers
la création d'environ un million d'emplois high-tech sur le continent,
du marché de 3,3 millions d'emplois dont le département
américain du Travail prévoit la perte au profit des pays en voie
de développement, à l'horizon 2015. Parmi les emplois high-tech
figurent les centres d'appels, le service client et les services d'assistance
et tous les moyens possibles et loyales d'attirer les travailleurs africains
vivants à l'étranger. Cela commence par la promotion de l'emploi
auprès des étudiants africains faisant leurs études
à l'étranger. Si les pays riches font la promotion de l'emploi
pour attirer les travailleurs qualifiés, les pays africains devraient
s'engager dans la bataille de promotion de l'emploi. Même les pays
développés font tous pour attirer les travailleurs
qualifiés à l'image du Canada, du Royaume, de la Nouvelle Zealand
et la France ave la politique de l'immigration choisie.
Les pays africains devraient commencer, pour la promotion de
l'emploi, par trouver les principales causes de ces départs. Certaines
causes sont plus évidentes que d'autres mais il est important de les
prendre toutes au sérieux. Pourquoi les africains ne veulent pas rester
chez eux et oeuvrer pour le développement de leur continent ? Parce que
l'Afrique est moins développée que les autres régions du
monde. Telle est la réponse qu'on serait tenter de donner à
première abord. C'est évident. Mais il faut creuser pour trouver
les causes profondes pour mieux apporter les solutions adaptées. Le
facteur économique est la cause principale mais il existe bien d'autres
causes comme l'interaction complexe des forces économiques, politiques,
sociales, culturelles, linguistiques et religieuses. Les gens partent de chez
eux pour aller chercher ailleurs ce qui les manque chez eux ou pour fuir un
mauvais confort chez eux. Des conditions intérieures défavorables
telles que la capacité éducative insuffisante, les bas niveaux de
salaires, les limitations de la technologie, une mauvaise adéquation de
la formation et de l'emploi et l'incertitude du lendemain, le malaise
politique, les conflits armées, l'absence de politiques de main
d'Ïuvre réalistes et l'instabilité économique
poussent les gens hors de leurs pays d'origine. Dans certains pays africains
les gens
sont confrontés à une instabilité politique
à cause des guerres. Cesser le feu devient nécessaire pour
empêcher les gens de partir. Ils sont donc attirés par les pays
où ils espèrent vivre paisiblement et trouver du travail. Dans
une perspective, la motivation fondamentale pour la migration est l'espoir d'un
gain net. Les écarts de salaires constituent un facteur d'attraction
vers d'autres pays et donc des pays du Sud vers les pays du Nord. Il faut quand
même noter que les écarts de salaires n'attirent pas tous les
travailleurs. Ils préféreraient avoir la sécurité
d'avoir un travail. Face à ce phénomène de la fuite des
cerveaux, les gouvernements africains ont les responsabilités de prendre
des mesures qui vont ralentir à court terme et freiner à long
terme les mouvements migratoires vers les pays du Nord. Ils doivent adopter des
politiques et des options stratégiques pour gérer les flux
migratoires vers les pays développés. Cette diaspora africaine
pourrait contribuer au développement de l'Afrique.
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