Université Blaise Pascal
IUP de Commerce International de
Clermont-Ferrand
MEMOIRE DE MASTER 1
ANNEE UNIVERSITAIRE 2006/2007 ETUDIANT: Cheikh
Mbengue
DIRECTEUR DE MEMOIRE: Mme Brassier
COMMENT LES OPERATEURS OUEST AFRICAINS DE
TELECOMMUNICATIONS POURRAIENT-ILS MODIFIER LEUR STATUT DE FILIALES DES
MULTINATIONALES EUROPEENNES POUR REDUIRE LEUR DEPENDANCE ET MIEUX PROFITER DE
LA REFORME DES TELECOMMUNICATIONS?
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont
contribué à la réalisation de ce travail. Je remercie mon
directeur de mémoire Mme Brassier, tout d'abord, pour avoir
accepté d'être le directeur mais également son soutien pour
la rédaction du mémoire. Je remercie également mon
père pour ses encouragements et son soutien.
SOMMAIRE
Partie 1 : La réforme des Télécommunications
en Afrique de l'Ouest
I. L'impact de la réforme des
Télécommunications en Afrique de l'Ouest
1. Dérèglement, privatisation et
libéralisation
2. Etat des lieux des privatisations en Afrique de l'Ouest
3. L'exemple du Sénégal, une privatisation
réussie?
II. Néocolonialisme ou ouverture mal
maîtrisée à l'international?
1. La partie africaine, un partenaire à part
entière ou un simple suiveur dans la négociation
2. Dépendance économique ou perte
d'identité
Partie 2 : Quelles stratégies les entreprises ouest
africaines pourraient-elles adopter pour tirer profit du secteur des
Télécommunications?
I. Solutions alternatives ou parallèles aux
privatisations
1. Remise en cause des financements actuels
2. Des regroupements régionaux pour une
intégration régionale réussie
3. La synergie entre les réseaux africains
4. Harmonisation réglementaire
II. Investir sur le capital humain
1. Privilégier la main d'Ïuvre locale
2. Promouvoir le retour des migrants africains
Conclusion
Bibliographie
Glossaire
Annexes
Table des matières
INTRODUCTION
«Dans le monde entier seulement cinq personnes sur mille
sont en ligne et profitent pleinement des technologies de l'information et de
la communication (TIC) ». Telles sont les propos du représentant
régional de l'UNESCO en Afrique. Sans aucun doute, cette infime partie
est bien
polarisée dans les pays su Nord laissant l'Afrique loin
dernière eux, séparés par un énorme fossé
plus connu sous le nom de « fracture numérique ». Les pays du
Nord semblent être convaincus que seules de nouvelles formes de
gouvernance peuvent sortir d'Afrique de ce gouffre. Pour ce faire ils ont
imposé aux gouvernements africains des politiques d'ajustements
structurels et des models de bonne gouvernance propres aux pays du Nord.
S'agit-il du nouveau plan Marshall pour l'Afrique qui prend une nouvelle
tournure ? Autrement dit l'avenir de l'Afrique passera t-il par les Nouvelles
Technologies de l'Information et de la Communication? Quelle place l'Afrique
occupe t-elle dans cette société de l'information? Il faut noter
que c'est une société qui repose essentiellement sur l'usage de
l'informatique, les télécommunications et l'audiovisuel. Cette
société de l'information a des caractéristiques
particulières du fait des inégalités qui y règne.
Quelques régions du monde bénéficient inégalement
des potentialités qu'offre la société de l'information au
détriment des autres. Ces inégalités creusent le «
fossé numérique » qui sépare les pays Nord de ceux du
Sud. Il est communément appelé fracture numérique. Elle
est définie comme étant «un phénomène de
déséquilibre, une cloison, un gap énorme entre d'une part,
ceux qui exploitent pleinement à leur profit les potentialités
des TIC dans un contexte de globalisation, et d'autres part ceux qui ne sont
pas à même de bénéficier des TIC, faute
d'accès aux matériel informatique, ou pis encore, à cause
d'un manque d'éducation, à l'usage de
l'informatique ». Notre travail se focalise sur les
télécommunications. L'Afrique accuse un important retard dans les
télécommunications en comparaison avec les autres régions
du monde. Rappelons en passant
l'évolution du secteur des
télécommunications dans le monde et en Afrique en particulier.
Ces dernières années, le secteur des
télécommunications a connu un essor remarquable. Mais cette
évolution est beaucoup plus visible dans la téléphonie
mobile qui est en plein boom. Dans le monde, 2,7 milliards de personnes avaient
un portable en 2006, soit 4 personnes sur 10. Par exemple en Italie il y a plus
d'abonnés que d'habitants. Mais cette croissance ne vient que de
commencer d'autant plus que le leader mondial fabricant de
téléphones annonce que ce chiffre atteindra le cap des 3
milliards en 2007. La croissance de la téléphonie mobile est
nettement plus rapide et supérieure à celle de la
téléphonie fixe. Il aura fallu 125 ans pour franchir le milliard
de personnes ayant accès à une ligne fixe, alors qu'il a fallu
seulement 21 ans pour atteindre le milliard de personnes ayant accès au
téléphone portable. Les télécommunications
africaines sont en plein boom depuis les années 2000. Il enregistre l'un
des meilleurs taux de progression. Il était de + 67% en 2005 et a connu
une progression de +48% entre septembre 2005 et septembre 2006. Même si
l'Afrique occupe une place faible au niveau mondial, la rapidité de la
croissance de son taux de pénétration le placera parmi les
meilleurs à l'avenir. Certains analystes prévoient le tassement
du taux de la progression. En effet, plusieurs raisons permettent d'affirmer
que cette progression ne vient que de commencer. Le taux de
pénétration (la télédensité) est encore
faible, la marge de progression est donc importante. En Afrique, le taux moyen
de pénétration est inférieur à 20%, ce qui permet
d'enregistrer entre 2005 et 2006, des progressions record dans certains pays
africains. Le Tchad a enregistré un taux de progression de 100 %,
l'Ethiopie +142 %, la Guinée +257%, la Libye + 405%, ou encore la
Somalie +150%. Selon le leader sud africain MTN, la progression suivit son
cours dans les années à venir d'autant plus qu'elle
prévoit un taux de pénétration de l'ordre de 28% dans
l'ensemble du continent, soit un réservoir de 80 millions
d'abonnées à l'horizon 2010.
Les raisons de ce décollage s'expliquent du fait que la
corrélation entre le niveau de vie des pays africains et la progression
exponentielle du téléphone portable est infime en Afrique. Une
autre raison est que moins un pays est équipé en
téléphones fixes, plus les téléphones portables
se
multiplient. Avec le téléphone portable, les
africains apaisent leur soif de communication dont ils sont victimes depuis de
nombreuses années. Ils sont même prêts à
dépenser cher pour apaiser cette soif de communication qui a
été mesurée. Selon le cabinet américain Gartner,
les ménages africains sont prêts à dépenser cinq
fois plus que leurs homologues des pays développés pour des
besoins en communication. Autres conditions au développement des
portables sont la libéralisation des télécommunications et
la présence des concurrents sur le marché prévus par la
réforme des télécommunications. Cette réforme est
issue des décisions des organismes financiers internationaux comme la
FMI, la Banque Mondiale. Les réformes sont donc engagées partout
dans le monde ouvrant le capital public au privé. C'est alors que les
multinationales, particulièrement européennes se ruent vers
l'Afrique pour tenter de compenser les parts de marchés perdues dans
leurs territoires à cause de l'ouverture du secteur à la
concurrence. Les conséquences de ces réformes se traduisent par
la privatisation de beaucoup d'opérateurs publics africains. Les
partenaires stratégiques sont choisis parmi les multinationales
européennes de télécommunications qui vont devenir
repreneurs de certains opérateurs africains. Certaines deviennent
majoritaires et contrôlent les opérateurs concernés. C'est
alors que quelques opérateurs africains sont devenus des filiales des
multinationales européennes comme la société nationale des
télécommunications (Sonatel), l'opérateur historique du
Sénégal. Ce
statut de filiales de multinationales réussit-il à
tous les opérateurs africains privatisés ? Les opérateurs
africains sont-ils condamnés à n'être que des filiales des
multinationales européennes pour survivre et profiter du secteur des
télécommunications? Ce nouveau statut est t-il meilleur que celui
d'avant? Est-il porteur de dépendance technique et économique ou
de perte d'identité ? Les opérateurs africains de
télécommunications sont- ils capables de jouer leur rôle
dans la nouvelle société de l'information, livrés à
eux seuls ? Telles sont des questions qu'il serait intéressant de
trouver des réponses pour mieux cerner la relation entre les
multinationales européennes de télécommunications et leurs
filiales africaines. Les réponses à ces questions permettront
également de
comprendre les stratégies adoptées par les
multinationales pour explorer ou même exploiter le marché africain
des télécommunications et celles adoptées par les
entreprises africaines pour tirer profit de la réforme des
télécommunications. Une fois ces questions sont répondues
il sera possible de prédire la voix que les entreprises africaines de
télécommunications doivent emprunter pour tirer profit des
potentialités du secteur des télécommunications.
Notre travail va être composé de deux parties. La
première nous permettra de dégager un panorama de la
réforme des télécommunications en Afrique Subsaharienne.
Cette partie évoluera l'impact de la réforme des
télécommunications sur la région subsaharienne en essayant
de dresser un bilan de la privatisation des télécommunications en
Afrique de l'ouest. Elle nous permettra également de comparer l'effet du
contrôle de certains opérateurs africains par les multinationales
européennes pour voir si ces vagues de privatisations sont comparables
à un retour du néocolonialisme ou une ouverture mal
maîtrisée à l'international.
La deuxième partie va être consacrée à
une analyse critique des stratégies des opérateurs ouest
africains de télécommunications pour ensuite procéder
à une évaluation des stratégies correctrices que les
opérateurs africains pourraient adopter pour avoir plus d'autonomie afin
de faire profiter le contient de l'essor des télécommunications.
Elle permettra également d'élaborer des pistes à explorer
pour arriver à cette fin telles que l'intégration
régionale et l'investissement sur le capital humain.
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