CHAPITRE 2
Routage dans les réseaux Ad hoc
2.1 Introduction
Le routage est une méthode d'acheminement des
informations vers la bonne destination à travers un réseau de
connexion donnée, il consiste à assurer une stratégie qui
garantit, à n'importe quel moment, un établissement de routes qui
soient correctes et efficaces entre n'importe quelle paire de noeud appartenant
au réseau, ce qui assure l'échange des messages d'une
manière continue. Vu les limitations des réseaux ad hoc, la
construction des routes doit être faite avec un minimum de contrôle
et de consommation de la bande passante.
Dans ce qui suit, nous décrirons brièvement la
difficulté de routage dans les réseaux ad hoc et les
différents mécanismes de routages apparus pour la
résolution de ce problème.
2.2 La difficulté du routage dans les
réseaux Ad hoc
De fait qu'un réseau ad hoc est un ensemble de noeuds
mobiles qui sont dynamiquement et arbitrairement éparpillés d'une
manière ou l'interconnexion entre les noeuds peut changer à tout
moment. Il se peut qu'un hôte destination soit hors de la portée
de communication d'un hôte source, ce qui nécessite l'emploi d'un
routage interne par les noeuds intermédiaires afin de faire acheminer
les paquets de message à la bonne destination.
En effet, la topologie évoluant constamment en
fonction des mouvements des mobiles, Le problème qui se pose dans le
contexte des réseaux ad hoc est l'adaptation de la méthode
d'acheminement utilisée avec le grand nombre d'unités existant
dans un environnement caractérisé par de modestes
capacités de calcul et de sauvegarde.
D'ailleurs dans la pratique il est impossible qu'un hôte
puisse garder les informations de routage concernant tous les autres noeuds,
dans le cas où le réseau serait volumineux.
2.3 Les contraintes de routages dans les réseaux
ad hoc
L'étude et la mise en oeuvre d'algorithmes de routage
pour assurer la connexion des réseaux ad hoc au sens classique du terme
(tout sommet peut atteindre tout autre ), est un problème complexe.
L'environnement est dynamique et évolue donc au cours du temps, la
topologie du réseau peut changer fréquemment. Il semble donc
important que toute conception de protocole de routage doive étudier les
problèmes suivants :
· Minimisation de la charge du réseau
: l'optimisation des ressources du réseau renferme deux autres
sous problèmes qui sont l'évitement des boucles de routage, et
l'empêchement de la concentration du trafic autour de certains noeuds ou
liens.
· Offrir un support pour pouvoir effectuer des
communications multi-points fiables : Le fait que les chemins
utilisés pour router les paquets de données puissent
évoluer, ne doit pas avoir d'incident sur le bon acheminement des
données. L'élimination d'un lien, pour cause de panne ou pour
cause de mobilité devrait, idéalement, augmenter le moins
possible les temps de latence.
· Assurer un routage optimal : La
stratégie de routage doit créer des chemins optimaux et pouvoir
prendre en compte différentes métriques de coûts (bande
passante, nombre de liens, ressources du réseau,... etc.). Si la
construction des chemins optimaux est un problème dur, la maintenance de
tels chemins peut devenir encore plus complexe, la stratégie de routage
doit assurer une maintenance efficace de routes avec le moindre coût
possible.
· Le temps de latence : La qualité
des temps de latence et de chemins doit augmenter dans le cas où la
connectivité du réseau augmente [1].
2.4 Classification des protocoles de routage
Vue la difficulté de routage dans les réseaux ad
hoc, les stratégies existantes utilisent une variété de
techniques afin de résoudre ce problème. Suivant ces techniques,
plusieurs classifications sont apparues, parmi lesquelles nous allons citer
:
2.4.1 Routage hiérarchique ou plat :
Le premier critère utilisé pour classifier les
protocoles de routage dans les réseaux ad hoc concerne le type de vision
qu'ils ont du réseau et les rôles qu'ils accordent aux
différents mobiles.
y' Les protocoles de routage à plat :
considèrent que tous les noeuds sont égaux (FIG 2.1). La
décision d'un noeud de router des paquets pour un autre dépendra
de sa position. Parmes les protocoles utilisant cette technique, on cite
l'AODV ( Ad hoc On Demand Distance Vector).
FIG 2.1 Routage à plat
I Les protocoles de routage hiérarchique :
fonctionnent en confiant aux mobiles des rôles qui varient de
l'un à l'autre. Certains noeuds sont élus et assument des
fonctions particulières qui conduisent à une vision en plusieurs
niveaux de la topologie du réseau. Par exemple, un mobile pourra servir
de passerelle pour un certain nombre de noeuds qui se seront attachés
à lui. Le routage en sera simplifié, puisqu'il se fera de
passerelle à passerelle, jusqu'à celle directement
attachée au destinataire. Un exemple est donné sur la figure (FIG
2.2), où le noeud N3 passe par les passerelles P1, P2 et P3 pour
atteindre N7. Dans ce type de protocole, les passerelles supportent la majeure
partie de la charge du routage (les mobiles qui s'y rattachent savent que si le
destinataire n'est pas dans leur voisinage direct, il suffit d'envoyer à
la passerelle qui se débrouillera) [6]. ]. Un exemple de protocole
utilisant cette stratégie est l' OLSR (Optimized Link State
Routing)
FIG 2.2 Routage Hiérarchique
2.4.2 Le routage à la source et le routage saut
par saut :
y' Le routage à la source : le routage
à la source ou « source routing » consiste à indiquer
dans le paquet routé l'intégralité du chemin que devra
suivre le paquet pour atteindre sa destination. L'entête de paquet va
donc contenir la liste des différents noeuds relayeur vers la
destination. Le protocole le plus connu basant sur cette classe est :
DSR3.
y' Le routage saut par saut : le routage saut
par saut ou «hop by hop» consiste à donner uniquement à
un paquet l'adresse du prochain noeud vers la destination. AODV fait partie des
protocoles qui utilisent cette technique.
2.4.3 Etat de lien et Vecteur de distance :
Autres classification, hérité du monde filaire,
est possible pour les protocoles de routage : les protocoles basé sur
l'état des liens et se basé sur le vecteur de distance. Les deux
méthodes exigent une mise à jour périodique des
données de routage qui doivent être diffusées par les
différents noeuds de routage du réseau. Les algorithmes de
routage basés sur ces deux méthodes, utilisent la même
technique qui est la technique des plus courts chemins, et permettent à
un hôte donné, de trouver le prochain hôte pour atteindre la
destination en utilisant le trajet le plus court existant dans le
réseau.
y' Les protocoles basés sur l'état de
lien : La famille des protocoles à état de liens se base
sur les informations rassemblées sur l'état des liens dans le
réseau. Ces
3Dynamic Source Routing
informations sont disséminées dans le
réseau périodiquement ce qui permet ainsi aux noeuds de
construire une carte complète du réseau. Un noeud qui
reçoit les informations concernant l'état des liens, met à
jour sa vision de la topologie du réseau et applique un algorithme de
calcul des chemins optimaux afin de choisir le noeud suivant pour une
destination donnée. En générale ces algorithmes se basent
sur le principe de l'algorithme de Djikstra [8] pour calculer les chemins les
plus courts entre un noeud source et les autres noeuds du réseau. . Les
principaux protocoles de routage dans les réseaux ad hoc qui
appartiennent à cette classe sont les suivants : TORA4
, OLSR et TBRPF5.
y' Les protocoles basés sur le vecteur de
distance : Les protocoles à vecteur de distance se basent sur
un échange, entre voisins, des informations de distances des
destinations connues. Chaque noeud envoie à ses voisins la liste des
destinations qui lui sont accessibles et le coût correspondant. Le noeud
récepteur met à jour sa liste locale des destinations avec les
coûts minimums. Le processus de calcul se répète, s'il y a
un changement de la distance minimale séparant deux noeuds, et cela
jusqu'à ce que le réseau atteigne un état stable. Les
calcules des routes se basé sur le principe de l'algorithme
distribué de Bellman-Ford [9] (DBF). les protocoles de routage
basés sur le vecteur de distance les plus connus pour les réseaux
ad hoc sont : DSR, DSDV6 et AODV.
2.4.4 L'inondation :
L'inondation ou la diffusion pure, consiste à
répéter un message dans tout les réseaux .Un noeud qui
initie l'inondation envoie le paquet à tous ses voisins directe, de
même si un noeud quelconque de réseau reçoit le paquet pour
la première fois, il le rediffuse à tous les voisins, Ainsi de
proche en proche le paquet inonde le réseau (FIG 2.3).
FIG 2.3 Le mécanisme d'inondation
4Temparally- Ordered Routing Algorithm.
5Topology Dissemi nation Based On Reverse Path
Forwardi ng. 6Desti nation-Sequenced DistanceVector.
Notons que les noeuds peuvent être anienes appliques
(durant l'inondation) certain traitement de contrôle dans le but
d'éviter certains problèmes, tel que le bouclage et la
duplication des messages, Le mécanisme d'inondation est utilisé
généralement dans la première phase du routage plus
exactement dans la procédure de découverte des routes, et cela
dans le cas où le noeud source ne connaît pas la localisation
exacte de la destination.
2.4.5 Le concept de groupe :
Dans la communication de groupe, les messages sont transmis
à des entités abstraites ou groupes, les émetteurs n'ont
pas besoin de connaître les membres du groupe destinataire. La gestion
des membres d'un groupe permet à un élément de se joindre
à un groupe, de quitter ce groupe, se déplacer ailleurs puis
rejoindre le même groupe. C'est en ce sens que la communication de groupe
assure une indépendance de la localisation, ce qui la rend parfaitement
basées sur les groupe. Le concept de groupe facilite les taches de la
gestion du routage (telles que les transmissions des paquets, l'allocation de
la bande passante etc.) et cela en décomposant le réseau en un
ensemble de groupes connecté.
FIG 2.4 La décomposition du réseau en groupe
2.4.6 Protocoles uniformes et non-uniformes :
Certains protocoles de routage n'utilisent pas tous les noeuds
d'un réseau pour faire transiter les messages, au contraire ils en
sélectionnent certains, en fonction du voisinage ou pour former des
cellules. Ces protocoles sont dits non-uniformes. Ceux qui utilisent tous les
noeuds du réseau capables de router sont appelés protocoles
uniformes. [1]
2.4.7 La classification de MANET :
C'est la classification qui nous intéresse et qu'on
maintient pour la suite de ce chapitre. Suivant la manière de
création et de maintenance de routes lors de l'acheminement
des données, les protocoles de routage peuvent être
séparés en : Proactif, Réactif et
Hybride.
2.4.7.1 Les protocoles de routage proactifs :
Les protocoles de routage proactifs essaient de maintenir les
meilleurs chemins existants vers toutes les destinations possibles (qui peuvent
représenter l'ensemble de tous les noeuds du réseau) au niveau de
chaque noeud du réseau, Les routes sont sauvegardées même
si elles ne sont pas utilisées. La sauvegarde permanente des chemins de
routage, est assurée par un échange continu des messages de mise
à jour des chemins, Le plus abouti de ces protocoles est OLSR.
Avantages et les inconvénients des
protocoles proactifs :
Avec un protocole proactif, les routes sont disponibles
immédiatement, ainsi l'avantage d'un tel protocole est le gain de temps
lors d'une demande de route. Le problème est que, les changement de
routes peuvent être plus fréquents que la demande de la route et
le trafic induit par les messages de contrôle et de mise à jour
des tables de routage peut être important et partiellement inutile, ce
qui gaspille la capacité du réseau sans fi l. De plus, la taille
des tables de routage croit linéairement en fonction du nombre de
noeud.
De ce fait, un nouvel type de protocole a apparu, il s'agit des
protocoles de routage réactifs.
2.4.7.2 Les protocoles de routage réactifs
:
Les protocoles de routage réactifs (dits aussi:
protocoles de routage à la demande), représentent les protocoles
les plus récents proposés dans le but d'assurer le service du
routage dans les réseaux sans fils.
La majorité des solutions proposée pour
résoudre le problème de routage dans les réseaux ad hoc,
et qui sont évaluées actuellement par le groupe de travail MANET
(Mobile Ad Hoc Networking working Groupe) de l'IETF (Internet Engineering Task
Force), appartiennent à cette classe de protocoles de routage
[2].
Les protocoles de routage appartenant à cette
catégorie, créent et maintiennent les routes selon les besoins.
Lorsque le réseau a besoin d'une route, une procédure de
découverte globale de routes est lancée, et cela dans le but
d'obtenir une information. Actuellement, le plus connu de ces
protocoles est AODV.
Avantages et les inconvénients des
protocoles réactifs:
A l'opposé des protocoles proactifs, dans le cas d'un
protocole réactif, aucun message de contrôle ne charge le
réseau pour des routes inutilisées ce qui permet de ne pas
gaspiller les ressources du réseau. Mais la mise en place d'une route
par inondation peut être coûteuse et provoquer des délais
importants avant l'ouverture de la route et les retards dépassent bien
souvent les délais moyens admis par les logiciels, aboutissant à
une impossibilité de se connecter alors que le destinataire est bien
là.
De ce fait, un nouvel type de protocole a apparu, il s'agit des
protocoles de routage hybrides.
2.4.7.3 Les protocoles de routage hybrides :
Dans ce type de protocole, on peut garder la connaissance
locale de la topologie jusqu'à un nombre prédéfini- a
priori petit- de sauts par un échange périodique de trame de
contrôle, autrement dit par une technique proactive. Les routes vers des
noeuds plus lointains sont obtenues par schéma réactif,
c'est-à-dire par l'utilisation de paquets de requête en diffusion
[10]. Un exemple de protocoles appartenant à cette famille est DSR
(Dynamic Source Routing), qui est réactif à la base mais qui peut
être optimisé s'il adopte un comportement proactif.un autre
exemple est le protocole ZRP (Zone Routinier Protocol).
Avantages et inconvénient des protocoles
hybrides :
Le protocole hybride est un protocole qui se veut comme une
solution mettant en commun les avantages des deux approches
précédentes en utilisant une notion de découpe du
réseau.
Cependant, il rassemble toujours quelques inconvénients
des deux approches proactives et réactives.
2.5 Conclusion
Dans ce chapitre nous avons abordé la notion et les
problèmes de routage dans les réseaux Ad hoc.
Comme nous avons vu, le problème de routage est loin
d'être évident dans cet environnement, où ce dernier
impose de nouvelles limitations par rapport aux environnements classiques.
Les
stratégies de routage doivent tenir compte des changements
fréquents de la topologie, de la consommation de la bande passante qui
est limitée, ainsi d'autres facteurs.
Finalement, nous avons présenté vue
classification de protocole de routage dans les environnements mobiles, avec
quelques exemples pour les protocoles de routage proactif et réactif qui
ont été conçu pour les réseaux Ad hoc,
Dans le chapitre suivant nous allons se détailler sur le
fonctionnement de deux protocoles qui sont les plus avancés sur la voie
d'une normalisation [4]. AODV et OLSR font l'objet de chapitre suivant.
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