SECTION 2 :L'ANALYSE PORTEFEUILLE ET LES TECHNIQUES
MODERNES :
L'analyse portefeuille interne est utilisée pour
limiter les impacts de l'effet de concentration dans un portefeuille de
crédit d'une banque. Elle s'applique sur la base de ratios qui visent
à assurer de la bonne qualité des crédits
distribués par la banque. Il s'agira pour la banque de mesurer le risque
additionnel qui s'ajoute au risque global du portefeuille dans le cadre d'un
octroi de crédit ou de renouvellement d'une ligne de crédit pour
optimiser l'allocation des ressources affectées au crédit.
Cette analyse revêt une importance capitale car
prenant de l'effet de diversification que les banques opèrent dans leurs
activités. Par ailleurs, l'introduction de l'analyse du portefeuille,
répond aux exigences de respect des normes prudentielles relatives
à l'allocation des ressources exigées par le comité de
Bâle.
Dans une optique de performance, les banques ont
emprunté les applications des méthodes du marché
financier pour mesurer le risque de crédit. Ces techniques sont dites
modernes car elles rentrent dans une optique de «
quantification », de détection des risques de crédit et
de mesure de l'impact d'un nouveau crédit sur le portefeuille.
L'analyse quantitative constitue un progrès
important dans les méthodes de gestion du risque et présente les
avantages suivants :
- elle permet de connaître les crédits
générateurs de risque et de quantifier leur risque
- c'est une mesure du risque sur plusieurs crédits, ce
qui autorise des comparaisons
- elle tient compte de la corrélation entre les sources
de risque de crédit, ce qui contribue à donner une indication
synthétique pertinente du risque pris par la banque sur l'ensemble des
ses crédits.
- Elle permet de définir une stratégie claire
vis-à-vis des risques de crédits et vis-à-vis du risque
global (respect des contraintes réglementaires ou de la stratégie
vis-à-vis du risque)
- Elle également une gestion journalière du
risque de crédit sur la base d'information internes (impayés par
exemple) et externe (nouvel entrant dans le secteur par exemple)
Nous allons présenter les techniques les plus
usitées dans le cadre de la gestion interne du risque de
crédit.
I) LE MODELE KMV :
Ce modèle se base sur la recherche
d'explication de l'événement de défaut.
L'explication repose par exemple sur une
modélisation de la valeur de firme. En effet, KMV a émis
l'hypothèse qu'une entreprise s'approche du défaut lorsque la
valeur de ses actifs descend en dessous de la valeur comptable de la dette. La
détermination de la probabilité de défaut s'appuie donc
sur une modélisation de la valeur des actifs, permet ainsi
d'établir une distribution, à chaque instant futur, de
l'écart entre la valeur des actifs et la valeur de dette.
Les auteurs du modèle estiment que sur la base
d'une observation historique, le défaut ne survient que dès que
la valeur des actifs franchit à la baisse le seuil de la valeur
comptable de la dette mais à un niveau plus bas, appelé
« seuil de défaut ». La distribution pertinente
estimée par KMV est en conséquence celle de l'écart entre
la valeur des actifs et le seuil de défaut. La densité de
probabilité attachée aux valeurs négatives de cet
écart est la vraie mesure de la probabilité de défaut.
Ce modèle soulève deux grands types de
questions :
- le paramétrage : comment estimer la valeur des
actifs et sa volatilité ? comment estimer le seuil de
défaut ?
- la modélisation de la constatation du défaut
rend elle correctement de la réalité ?
La valeur des actifs est une variable dominante du
modèle. En fait, l'hypothèse de base est que le défaut se
produit lorsque cette valeur descend en dessous de la valeur comptable de
dette ; à un niveau inferieur appelé seuil de
défaut
Le défaut se produit lorsque :
< 0 ; avec
Seuil de défaut < valeur
comptable de la dette
· valeur des actifs est supposée égale
à la valeur actuelle, calculée sur une durée de vie
infinie des flux opérationnels futurs génèrent par
l'entreprise.
Si l'entreprise n'est pas cotée, l'estimation est
difficile et le paramétrage de son évolution dans le temps ne
peut se faire que sur l'analyse historique.
Le KMV donne une réponse à cette
inquiétude construite sur la théorie des options.
L'hypothèse est qu'une action est assimilée à un call sur
la valeur des actifs d »une firme, dont le prix d'exercice est la
valeur de la dette. Cette équivalence repose sur le fait que les
actionnaires ne sont pas obligés de verser la différence entre la
valeur des actifs liquidés et la valeur de la dette, si elle est
négative. En effet, les actionnaires ont le droit de rembourser les
créanciers et de liquider les actifs de la firme. L'opération
s'accompagne d'un flux (play-off) égale à Max (0, valeur des
actifs - valeur de la dette) c'est-à-dire un pay off strictement
équivalent à celui de l'achat d'un call sur la valeur des actifs,
de prix d'exercice de la valeur comptable de la dette.
La baisse du pay off est donc limitée
à 0, et le gain est illimité, tel celui d'une option
S -------------- (Vt - D) si Vt < D ;
0 si Vt < D
D est le prix du call, donnant le droit d'acheter les actifs
de la firme à la valeur comptable de la dette. Ce qui entraine que le
prix de l'action est celui d'un call de prix d'exercice D, de durée de
vie infinie et dont la valorisation dépend du niveau initial de la
valeur des actifs et de la volatilité3 des ses valeurs.
L'estimation de la valeur des actifs et de sa
volatilité repose sur l'établissement de deux
équations :
(1) exprime une fonction de la volatilité de la
valeur des actifs et de la valeur des actifs elle-même
ó s = f1
(óv , V)
(2) exprime le cours de l'action par la formule
théorique d'un call sur la valeur des actifs, qui dépend de cette
variable et de sa volatilité.
S = f1 (av, V)
Soit ce système qui admet comme couple unique de
solutions (óv et V) qui sont des variables que l'on cherche
à estimer.
Le processus d'évolution des actifs conduit donc
à estimer la Vt, valeur des actifs à l'échéance et
permet d'établir la distribution de la valeur des actifs à une
échéance T et pour un seuil de défaut fixé et
constant. La probabilité de défaut, autrement dit la
probabilité que la valeur des actifs Vt soit inferieure au seuil de
défaut D à une échéance T s'exprime sous la
forme :
P = [ln (D/Vt) + (0,5× ó²×
T)] /ó
Ainsi dans ce modèle, la probabilité de
défaut est une fonction croissante de la volatilité des actifs et
de l'horizon de risque.
II) CREDIT METRICS DE JP MORGAN
Crédit Metrics modélise
l'évolution du spread de chaque crédit en supposant que celui-ci
dépend du niveau de rating de ce crédit. Deux crédits de
même rating mais d'emprunteurs différents, seront supposés
avoir le même spread.
La mise en oeuvre de méthode repose
sur :
- une attribution d'une notation a chaque crédit en
fonction de sa solvabilité présumée. Cette notation peut
être par exemple celle des agences de notation spécialisées
(Standard & Poors Moody s.....) ou une notation interne ;
- la détermination d'une matrice de transition. Cette
matrice consiste à donner pour un crédit auquel on a
attribué un rating actuel, les différents ratings potentiels de
ce crédit à un horizon donné, ainsi que les
probabilités associées de se trouver dans cet état. Cette
matrice peut être obtenue à partir des matrices historiques des
agences ou peut être établie par estimation statistique ;
- à chaque rating, on attribue une courbe des taux en
prenant en compte le risque spécifique de cette catégorie de
rating par rapport à un crédit sans risque de crédit.
Cette courbe des taux peut être déterminée à partir
d'un panel de crédit ayant ce rating ;
- il faut également attribuer à chaque
crédit un taux de recouvrement en cas faillite.
La méthode permet également de se baser
sur l'espérance et la volatilité du taux de recouvrement
correspondant au rating et à la séniorité de la dette
(hiérarchisation fondée sur l'ancienneté dans le
portefeuille).
Présentons la matrice de transition qui est un
outil privilégié d'estimation des probabilités
conditionnelles de défaut sur l'horizon d'un an d'un panel de
crédit :
RATING
|
AAA
|
AA
|
A
|
BBB
|
BB
|
B
|
CCC
|
DEFAUT
|
AAA
|
90,81%
|
8,33%
|
0,68%
|
0,06%
|
0,12%
|
0,00%
|
0,00%
|
0, 00%
|
AA
|
0,70%
|
90,65%
|
7,79%
|
0,64%
|
0,06%
|
0,14%
|
0,02%
|
0,00%
|
A
|
0,09%
|
2,27%
|
91,05%
|
5,52%
|
0,74%
|
0,26%
|
0,01%
|
0,06%
|
BBB
|
0,02%
|
0,33%
|
5,95%
|
86,93%
|
5,30%
|
1,17%
|
0,12%
|
0,18%
|
BB
|
0,02%
|
0,14%
|
0,67%
|
7,73%
|
80,53%
|
8,84%
|
1,00%
|
1,06%
|
B
|
0,11%
|
0,11%
|
0,24%
|
0,43%
|
6,48%
|
83,46%
|
4,08%
|
5,20%
|
CCC
|
0,22%
|
0,00%
|
0,22%
|
1,30%
|
2,38%
|
5,00%
|
64,85%
|
19,79%
|
Notation Initiale Notation potentielle
dans un an Probabilité
AAA............................... 0,02%
AA.................................... 0,33%
A......................................... 5,95%
BBB...................................... 86,93%
BB......................................... 5,30%
B............................................ 1,17%
CCC......................................... 0,12%
D............................................. 0,18%
Si nous prenons le cas d'un crédit noté
initialement BBB après une période d'un an est de 86,93%, celle
de devenir B est de 1,17%, celle de faire défaut est 0,18%.
III) LES SYSTEMES EXPERTS :
L'exemple de la méthode VALUE AT RISK (VAR) :
Elle est une mesure de la perte maximale encourue
sur un horizon donné, assortie d'une probabilité. Ces pertes sont
mesurées sur un horizon pertinent par l'évolution de la valeur
de marché des composants du portefeuille pendant un intervalle de temps
pertinent. L'évolution est fonction de mouvements de diverses sources
appelées facteurs de risque.
Le calcul de la Var, perte potentielle
enregistrée sur le portefeuille en cas de scenario défavorable de
marchés sur un horizon (réglementaire) de dix (10) jours, permet
de disposer d'une représentation agrégée et
instantanée des risques, et de confronter en temps réels le
risque ainsi mesuré à une limite globale ou perte de confiance
donnée.
Le calcul de la VaR répond à un
principe :
« Les pertes futures sont divisées en
deux catégories : les pertes statistiques (moyenne des pertes) qui
sont inévitables à long terme et les déviations possibles
au delà de la moyenne des pertes. La loi des grands nombres indique que
ces pertes surviendront tôt ou tard. Ainsi soit ces pertes sont incluses
dans le capital requis, soit elles sont retranchées des
résultats ».
Il s'agit de déterminer le niveau de :
- pertes moyennes
- pertes futures.
Et le problème est de disposer d'un capital
suffisant qui permet de couvrir les déviations défavorables des
pertes observées au delà de la moyenne. Ce sont donc les
principes de mesure de ces déviations qui constituent ce que l'on
appelle « Valeur à Risque » ou VaR. donc on
procède à une distribution de probabilité pour
définir quel niveau des pertes potentielles ne sera
dépassé que dans une fraction faible des cas. Cette fraction est
appelée Seuil de tolérance pour le risque. Ceci étant,
l'information sur le risque devient la clé de ces mesures.
La VaR d'un crédit pour une durée t et le
niveau de probabilité q, se définit comme un montant noté
VaRq tel que la perte encourue durant l'intervalle [0, t] (10jours
réglementaires) ne dépasse VaR qu'avec une probabilité (1-
q) (les valeurs sont compris 90%, 95%, 99%).
P [Vt > VaRq] = 1-q ou
P [Vt VaRq] = q
Vt étant les différentes pertes
attribuées à ses crédits et les échéances
liées à ses pertes. La variation des montants des pertes ne
dépasse la VaRq (perte encourue durant la même
période) qu'avec une probabilité 1- q
Si ces pertes suivent une loi normale, l'expression
devient :
Vt - E (Vt)
VaRq - E (Vt)
P [----------------
---------------] = q
ó (Vt)
ó (Vt)
|
E (.) : espérance et ó (.) l'écart
type de la loi normale
Le quantile de la loi normale est noté :
VaRq - E (Vt)
Zp = --------------
ó (Vt)
La VaR relative s'écrit : VaRq(V) = E
(Vt) + Z p × ó ( Vt)
Si l'on s'intéresse qu'au risque de perte en
négligeant les anticipations des variations (l'espérance), la
formule se simplifie et donne
VaRq (V) = Z p × ó
( Vt)
Cette dernières dite VaR absolue et est souvent
privilégié car il est très difficile pour une courte
période de prévoir la variation moyenne des crédits de
même que le signe de la variation. Donc l'hypothèse d'une
variation nulle n'est donc pas absurde.
Exemple : pour un portefeuille donné, le montant
des variations des pertes moyennes est de 10000 F par période avec un
écart type de 20000F.
Calculons la VaR absolue et relative à 95%.
Solution
V suit une loi normale N (0,1)
VaR95%
Vt -
E (Vt) VaRq - E
(Vt)
Or q = P [-----------------
----------------- = ZP]
ó
(Vt) ó
(Vt)
Vt - 0
= p [------------------ Z p] =
95%
1
= F (Zq) = 0,95
D'après la table on peut lire pour une
probabilité égale à 0,95 pour Zq <
Vt Zq = 1,65
Or Vt Zq donc Zq est
négative ce qui lui donne la valeur Zq = - 1,65
La valeur relative :
VaR95% = 10000 + Zq 20000 (VaR
relative)
VaR95% = 10000 - 1,65*20000 = - 23000
VaR95% = - 23000 signifie que la banque n'a que 5%
de chance de perdre 23000
La valeur absolue :
VaR95% = -1,65 * 20000 = - 33000
VaR95% = - 33000 signifie que la perte
espérée en fin de période n'a que 5% de chance de
dépasser 33000.
La VaR exigée par le comité de Bâle est
une VaR pour 10jours à 99% avec une VaR de référence. Ce
qui fait que :
Zq99%
VaR99% (Bâle) = v10 ×
--------------- × VaR référence
Z
références.
Prenons l'exemple d'une VaR à 95%
référence de 50000 qui est journalière et calculons
VaR(Bâle) = racine carré 10× (2,33/ 1,65) × 50000 =
222500.
Exemple 2 : une banque détient un
portefeuille de rating A. Les statistiques de défaut associé
à ce rating sont : un taux de défaillance moyen de 1% et une
volatilité annuelle dans le temps de 1,5% et la « la casse
statistique » sera de 1% de l'encours soit 10.
La volatilité des pertes est de 1,5% × 1000 = 15.
Supposons que la perte en cas de défaut est de 100% c'est-à-dire
qu'il n'y a aucune récupération.
L'usage est d'exprimer une perte potentielle comme multiple de
cette volatilité.
La démarche peut être illustrée
comme suit. Nous supposons d'abord que la distribution des pertes est connue ou
estimée. Si cette distribution était
« normale » (la loi des grands nombres), il y aurait
environ 2,5 chances sur 100 pour que dépasse 1,96fois la
volatilité. Dans ce cas, les pertes potentielles au seuil de
tolérance de 2,5%sont de 1,96* 15= 30 environ. Finalement, le capital
économique (qui est la VaR) est de 30s'il ne couvre que les
déviations au delà de la moyenne, la « casse
statistique » étant déduite des revenus. Rappelons que
les fonds propres réglementaires sont de 80 (8%× 1000) pour des
risques privés.
Bien entendu, toute la difficulté réside
dans le choix du multiple, dont la précision peut être illusoire,
surtout si l'on cherche à évaluer des événements
rares. L'accroissement de la richesse des bases existantes et les apports
opérationnels des modèles prennent alors toute leur
importance.
L'application de la méthode VaR pose quatre (4)
problèmes :
§ l'ajustement des performances pour le risque : il
s'agira de voir si le capital économique octroyé à la
perte est couvert par les revenus des dettes (frais généraux +
intérêt + commissions + ...) ;
§ la quantification de l'effet de diversification au
moyen d'une VaR crédit : voir comment mesurer l'économie des
risques (fonds propres) en cas de diversification dans un portefeuille de
credit. Mais, il faut voir que les risques dans un portefeuille ne
s'additionnent pas arithmétiquement et le total des risques est
inferieur à la somme des risques ;
§ la fixation des limites : comment la banque va
redistribuer ses engagements entre les divers crédits dont elle dispose
en tenant compte de la perte potentielle tout en respectant les exigences de
fonds propres (ratio de Cooke) et une rentabilité suffisante ;
§ le sens d'une « optimisation » au
niveau d'un portefeuille de crédit : comment gérer une
optimisation « quantitative » du couple
risque-rentabilité.
En résume, la VaR permet une gestion et un
contrôle intégré des risques de la banque fondée sur
la perte maximale. Le management doit mettre en place ou repenser la
procédure d'allocation du capital pour les différents types de
crédit.
Cette méthode est complète par la RAROC qui
intervient en réponse au problème n°1 soulevé
ci-dessus.
Pour mesurer la performance ajustée pour le
risque de crédit, on utilise un autre ratio qui est connu sous le nom
de RAROC ou « Risk Adjusted Return On Capital ».
IV) RAROC RISK ADJUSTED RETURN ON CAPITAL OU LA
RENTABILITE AJUSTEE DU RISQUE, RAPPORTEE AU CAPITAL REGLEMENTAIRE
Lancé dans les années 80 par la Bankers
Trust (absorbée depuis par la Deutsche Bank), le modèle RAROC est
une méthode d'analyse utilisée maintenant par la plupart des
grands établissements de crédit du monde entier.
L'idée derrière le modèle RAROC
consiste à rapporter un rendement net à un capital
économique alloué et éventuellement comparer cette
performance au coût du capital de la banque. Il s'agira de calculer le
ratio du produit financier sur une mesure du risque.
Revenus - Couts - Perte moyenne
Revenus nets
RAROC = --------------------------- =
---------------------
Fonds propres en risque
Fonds propres en risque
Un crédit n'est accordé que si le
RAROC atteint un niveau supérieur au coutt de capital de la banque. A
défaut d'atteindre ce taux de référence, le chargé
de clientèle doit ajuster les conditions du prêt pour le rendre
plu rentable.
Cette méthode présente les limites
à savoir :
· l'identification exacte des revenus et leurs
actualisations. Ce qui suppose une saisie des flux de qualité et une
structure par terme des spread (marges) pertinente.
· Une allocation des coûts sur chaque
facilité de crédit qui doit être mise en place ;
· La méthode optimale d'allocation d'une quote
part du capital économique à la facilité de crédit
ou un client à partir des données que l'on dispose sur ce dernier
sachant que le capital économique global concerne l'ensemble du
portefeuille de crédit et en tenant compte du risque de
corrélation des défauts ;
· Le problème de la qualité des
informations collectées à partir de la base de données
risque utilisé.
Malgré les insuffisances que soulève cette
méthode, on utilise une application de celui-ci avec « la
durée » pour mesurer le risque.
P = - D p × P × (
R /1+t)
P : unité monétaire du
risque ou montant de la perte
D P : durée du prêt
P : le montant du prêt
R / 1+ t : variation anticipée
de la prime de risque
Prenons l'exemple suivant : soit un prêt de
1 000 000 de francs CFA, calcule la variation de la prime sachant un
taux du marché de 10% et une durée de 2,7 ans :
P = - D p × P ×
( R /1+t)
AN : P = - (2,7)
(1 000 000) × [0,011/ (1+10%)]
= - 27000 F
CFA
Donc avec ce prêt à un montant nominal de
1000000, on peut s'attendre à une perte de 27000 Francs en cas de chute
de la qualité de crédit de l'emprunteur. Cette est appelée
« fonds propres en risque »
Maintenant, pour savoir si ce prêt doit être
accordé ou rejeté, il faut estimer les revenus à
percevoir.
Supposons que :
- Marge actualisée sur le prêt de 0,2%
- Commissions actualisées 0,1%.
Calculons les revenus nets du prêt
Revenus nets sont évalués à : Marge
actualisée + Commissions actualisée
Revenus nets = (0,2%×1000000) + (0,1%×1000000)
Revenus nets = 3000
3000
Le RAROC = --------- = 11,1%
27000
Si le 11,1% est supérieur au RAROC de
référence de la banque, on accorde le prêt. Sinon le
prêt est rejeté et le chargé de la clientèle doit
trouver un moyen d'augmenter les revenus pour faire passer le crédit de
son client auprès du comité du risque.
V) LE SCORING
Cette méthode vise à obtenir rapidement une
première indication sur le degré de vulnérabilité
d'une entreprise appartenant à un secteur donné. Le score
établi pour une entreprise indique une classe de risque de
défaillance dans laquelle elle se situe. En effet, au score on associe
une probabilité de defaillance, de normalité ou de risque. La
fonction score utilisée est fonction discriminante de la forme :
Z = R1 + a2 R2+...+
an Rn +B
Où
- les ai sont des coefficients de pondérations ;
- les Ri sont les valeurs des ratios retenus pour leurs
caractères particulièrement discriminant ;
- B est une constante ;
Par exemple pour une entreprise donnée les ratios
retenus peuvent être :
R1 : frais financiers /
résultat d'exploitation
R2 : couverture des capitaux
investis
R3 : la capacité de
remboursement
R5 : le délai
crédit - fournisseur ...
Les deux premiers à eux seuls peuvent avoir un pouvoir
discriminant d'environ 50%dans toute la fonction Z.
La méthode des scores permet de situer
l'entreprise dans un secteur ou dans un portefeuille vis-à-vis des
risques futurs de dégradation sur plusieurs périodes.
Exemple : Score Conan / Holder se
présente comme suit
5 ratios :
R1 = EBE /
Endettement Global
R2 = Capitaux
permanents / total Bilan
R3 = VRD / Total
Bilan
R4 = Frais
financiers / CAHT
R5 = Frais de
personnel / VA
Score (S) s'exprime:
S = 0,24 R1 + 0,22 R2
+ 0,16 R3 - 0,87 R4 - 0,10 R5
Le calcul du score abouti au diagnostic suivant:
S < 4 : risque élevé
4 < S < 9 : risque à surveiller
S > 9 : bon risque
Ces méthodes mettent l'évidence sur l'importance
des statistiques surtout pour la définition des probabilités de
défaut. Dans notre environnement, il se pose le problème de
statistiques sur les entreprises même au niveau des banques primaires. Ce
qui nous pousse à dire que les techniques modernes sont un peu trop en
avance sur la gestion du risque de crédit faite actuellement dans nos
banques. Néanmoins, la méthode RAROC apparaît comme le plus
adéquat pour notre environnement mais faudrait il que la banque puisse
définir son RAROC de base qui est un seuil en deçà duquel
la banque ne peut accorder de crédit et les difficultés de la
mise en place de ses modèles internes qui sont la
détermination :
· La nature de l'événement de crédit
qui peut être : le défaut, le changement de rating, la
dévaluation etc. il y a en conséquence nécessité de
déterminer la nature du risque couvert par les fonds propres avant de
procéder à la modélisation ;
· L'horizon du risque de crédit : la
réglementation bancaire internationale impose un horizon moyen de dix
jours ouvrés ou la banque estime du risque de crédit ;
· La mesure des probabilités de défaut ou
de changement de rating : qui sont l'une des principales variables
d'entrée des modèles dévaluation du risque de
crédit ;
· Les modalités d'agrégation du risque de
crédit : l'agrégation intervient à deux niveaux sur
les hors bilan et les crédits qui peuvent être juridiquement
compensées cas de défaut
Elle pose également un problème
lié à la modélisation (le choix de facteurs pertinents,
modélisation de l'évolution des facteurs de risque), la
détermination des sensibilités au risque et la mesure du
risque.
Toutes ces méthodes sont elles mures pour
adoptées dans l'environnement bancaire d'aujourd'hui. En fait, elles
posent un problème de confrontation entre une politique commerciale et
une optimisation du portefeuille de prêt. Or, la relation
clientèle implique une stabilité à priori incompatible
avec des calculs purement financiers. A la limite ce qu'il est possible de
faire c'est d'intégrer ses deux fonctions dans l'entreprise pour
créer ce que l'on appelle Gestionnaire de Portefeuille de Crédit
dont le métier sera de gérer les questions relatives au risque de
crédit (coût, niveau de risque, capital à allouer aux
pertes potentielles, ...).
La gestion du risque de crédit variera d'une
banque à l'autre ; toutefois, un programme complet de gestion du
risque de crédit doit prévoir :
· le repérage des risques de crédit
auxquels la banque est exposée, ou pourrait l'être, (au bilan ou
hors bilan) dans le cadre de ses opérations de prêt, de même
que l'élaboration et la mise en oeuvre de politiques visant à
gérer et à contrôler efficacement ces risques ;
· l'élaboration et la mise en oeuvre des
mécanismes efficaces d'octroi de crédit, de préparation
des documents et de recouvrements ;
· l'élaboration et la mise en oeuvre des
mécanismes complets de surveillance et de contrôle de la nature,
des caractéristiques et de la qualité d portefeuille de
crédit ;
· l'élaboration de méthodes de gestion des
risques de crédit.
Pour que la gestion du risque de crédit soit
efficace, il faut d'abord bien circonscrire et évaluer les risques
associés aux opérations de prêt et de placement de la
société ; puis, il faut élaborer, consigner
officiellement par écrit et mettre en oeuvre des politiques claires
énonçant les paramètres nécessaires au
contrôle de ce risque.
Il importe également de toujours respecter
les normes en matière de gestion du risque de crédit,
indépendamment des pressions subies pour accroitre la
rentabilité. Des impératifs du marketing et de l'exercice d'un
milieu financier beaucoup plus complexe.
La gestion du risque de crédit est un
élément fondamental d'une gestion saine et prudente dans
l'activité bancaire. Elle nécessite l'établissement de
politiques et mécanismes afin de gérer avec prudence le rapport
risque / rendement sous divers aspects tels que la qualité, la
concentration, les devises, les échéances, les garanties
réelles et le type de facilité de crédit.
|