5.3. THÉORIE DE LA FISSURATION
5.3.1. APPARITIONS SUCCESSIVES DES FISSURES
Aussitôt après l'apparition de la première
fissure, les tractions qui se répartissaient avant fissuration entre le
béton et les armatures sont uniquement transmises par les barres
à travers la fissure.
L'allongement de ces barres par rapport au béton met en
jeu les efforts de liaison et la contrainte de traction du béton, nulle
sur les lèvres de la fissure, croit lorsqu'on s'écarte de
celle-ci. La distance à laquelle cette contrainte atteint la
résistance à la traction du béton est la distance minimale
à laquelle une nouvelle fissure peut se former au voisinage de la
première.
Si deux fissures se sont formées à une distance
inférieure au double de la distance minimale (voir méthodes
d'estimation des ouvertures et de l'espacement de fissures), la contrainte du
béton ne pourra pas atteindre, entre ces deux fissures, une valeur
suffisante pour qu'une autre fissure intermédiaire se produise.
Si la résistance à la traction du béton
et la contrainte de rupture d'adhérence étaient parfaitement
définies, l'espacement entre les fissures varierait entre une et deux
fois l'espacement minimal et l'espacement moyen (moyenne des espacements)
serait égal à 1,5 fois ce dernier. L'irrégularité
naturelle de ces divers facteurs augmente la possibilité de variation de
l'espacement.
5.3.2. FORMULE D'ESTIMATION DES OUVERTURES ET DE
L'ESPACEMENT
DE FISSURES
5.3.2.1. MÉTHODE DE BEEBY
Parmi les formules empiriques, on retrouve celle
proposée par Beeby [48] (British Cément
Association) et qui est adoptée actuellement dans les règlements
Britannique et Australien, elle est basée sur l'hypothèse que
l'ouverture des fissures, nulle au niveau de l'armature, n'existe que sur le
parement du béton, et que la largeur des fissures ne dépend que
des déformation du béton entourant l'armature :
(5.1)
Où :
Cmin : enrobage minimum des aciers tendus
h : hauteur totale de la section
x : profondeur de l'axe neutre, calculée en se
basant sur les hypothèses d'une section fissurée
acr = distance à partir du point
considéré à la surface de la barre la plus proche
= déformation moyenne au niveau où la fissuration est
considérée ; cette déformation est calculée en
tenant compte des effets du fluage
(5.2)
Avec :
: déformation au niveau considéré, calculée
à partir des hypothèses d'une section fissurée
et un module d'élasticité à
long-terme (fluage).
: largeur de la section de béton au niveau des armatures
: distance de la face de compression au point considéré
pour la fissuration
: section d'acier.
Une valeur négative de indique que la section est non fissurée.
Il est intéressant de voir ci-dessous les cas
particuliers d'application de cette formule :
?1er cas : directement au dessous d'une
barre
La distance acr devient égale à
l'enrobage Cmin et l'équation devient :
(5.3)
dans ce cas, on voit comment l'ouverture d'une fissure est
directement proportionnelle à l'enrobage des aciers tendus.
?2ème cas : quand acr
est assez grand devant Cmin (Cmin est négligeable
devant acr).
L'équation devient :
(5.4)
Pour un élément donné, est maximum à la face la plus tendue ; à cet
endroit, si (h-x) est assez petit,les fissures ont moins de chance de
dépasser les limites permises (0,3 mm pour le BAEL). (h-x)
représente approximativement la longeur de la fissure.
Cette expression explique pourquoi une fissuration excessive se produit très
rarement dans les dalles sous les charges de services ; l'épaisseur
des dalles n'excédant pas en général 200 mm, d'où
la faible valeur (h-x) conduisant à une ouverture de fissure assez
réduite.
On constate ainsi, que le cas où la fissure est assez
loin d'une barre, son ouverture est proportionnelle à la longueur de
cette fissure, (h-x).
La distance moyenne retenue entre les fissures est : et
5.3.2.2. MÉTHODE DE GERGELY-LUTZ
Cette méthode [47] est adoptée par
le règlement Américain ACI, elle s'énonce comme
suit :
(5.5).
Avec :
= ; rapport de la distance entre l'axe neutre et la fibre tendue,
et l'axe neutre et le centre de gravité de l'acier (figure 5.1). En
général avoisine 1,2.
: contrainte dans l'acier dû à la charge
appliquée.
: épaisseur de l'enrobage de la face de tension au centre
de la barre la plus étroite (mm).
: section de symétrique de béton avec l'acier
divisée par le nombre de barre.
Figure 5.1 : géométrie des facteurs
de la formule de Gergely-Lutz.
Cette expression a été modifiée par le
comité ACI 224, elle a présentée sous la forme
suivante :
(5.6).
Les recommandations du règlement Américain
concernant les ouvertures maximales des fissures sont résumées
par le tableau ci-dessous :
Condition d'exposition
|
Ouverture de fissure tolérable
|
Air sec ou présence de membrane protectrice
|
0,41mm
|
Humidité, air humide, sol
|
0,3mm
|
Eau de mer, proximité d'eau de mer, cycle ;
humide-sec
|
0,15mm
|
Structures retenant un liquide
|
0,1mm
|
|